[RP Libre][La Déchirure] Seule, loyale au Roi-Phénix...

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Depuis la Déchirure jusqu'à la création de l'Empire et de la Bretonnie, revivez ces âges passés de légendes.

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Ilahîn Alysante Esdalân
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Message par Ilahîn Alysante Esdalân »

Elle ne voyait plus rien depuis longtemps, bercée par un roulement lointain. Le dernier changement dont elle parvenait à se souvenir dans ce vide cotonneux était une chute sur quelque chose de doux et humide, frais, presque froid. Dormir, dormir et mourir, ce serait si facile, se laisser aller dans cette douce étreinte oublieuse de tout. Elle frissonna et une sourde douleur irradia de son flanc. La dague, son ventre, l’évasion ratée. Ilahîn émergea lentement. Un cheval hennit doucement à proximité, son cheval, Talime, Telame ? Non, son nom était Telume, oui c’était ça, Telume. Le hennissement se fit plus pressant, paniqué, et ne s’arrêta que pour faire place au bruit de l’acier sur la chair et le son mat d’une lame se plantant dans la terre.

La jeune elfe se redressa d’un coup, armes à la main, tanguant amplement de ce mouvement brusque, laissant l’entraînement prendre le pas sur la faiblesse et la douleur. Deux elfes, en tenue de forestier, deux lourdes haches mais pas de signe d’appartenance à l’un ou l’autre des camps. Le plus petit des deux avait son arme plantée dans la gorge de Telume, encore écumant. Ils devaient appartenir aux traîtres de Malekith, des éclaireurs, elle en était sûre. Il s’était écoulé moins de trois battements de cœur. Les larmes aux yeux la fidèle à Bel-Shanaar passa à l’attaque.

La pointe de la lance se dirigea droit vers le plus grand des deux elfes qui la coinça entre son torse et le manche de son arme avant de pivoter, l’arrachant proprement des mains de la noble. Qu’à cela ne tienne, ivre de rage et encore engourdie, cette dernière fit varier sa prise sur l’épée familiale dans le but de frapper celui qui avait osé abattre son fidèle Telume. Une bien piètre tentative que le boucher se contenta d’esquiver d’un pas sur le côté avant de lui enfoncer violemment le manche de sa hache dans l’estomac. L’épée glissa des mains d’Ilahîn qui s’effondra au sol, sonnée. Elle tenta bien de se saisir de sa dague elfique, mais celui qui l’avait déjà désarmé écrasa du pommeau de hache le poignet gauche de la jeune elfe, cette fois-ci proprement assommée par la douleur. Les deux forestiers, une fois la menace écartée, tinrent un rapide conciliabule quant au devenir qu’ils devaient réserver à cette étrange furie couverte de son propre sang dont la monture mourante s’était effondrée devant eux...
Ilahîn Alysante Esdalân, Voie du noble
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Ilahîn Alysante Esdalân
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À nouveau la jeune elfe ne sentait rien d’autre qu’une douceur cotonneuse. Cela devenait une habitude, mais au moins cette fois-ci elle ne reposait pas sur quelque chose de froid. C’était déjà ça. Elle se rendormit, bercée par des rêves de radiances chaudes. La sensation suivante, même si il lui était impossible de dire si elle vint quelques instants après la chaleur ou plusieurs heures voire plus encore, fut nettement moins agréable. Un grattement aiguisé, une forme musclée et mouvante qui pétrissait sa plaie au flanc. Ilahîn se redressa soudainement, rejetant sa fine couverture qui finit avec un bruit sourd en boule au pied d’un lit finement ouvragé.

Palpant sa plaie pour tenter de percevoir la chose qui s’acharnait sur ses blessures, la noble en fuite mit quelques secondes à remarquer que la couverture, toujours au sol, bougeait comme agitée de spasmes et miaulait bruyamment d’indignation devant ce traitement inique. Elle libéra un chaton gris clair de sa prison de tissu, qui, tout plein de noblesse féline, lui griffa la main pour l’avoir si durement traité. Puis il s’en fut par la fenêtre ouverte sous le regard intriguée de l’Esdalân, qui désinfecta à l’eau claire d’une carafe la petite plaie d’où perlait une goutte de sang. Sa situation n’était pas des plus enviables, n’ayant aucune idée de où elle était, capturée par qui, et le rapide coup d’œil passé sur la riche chambre qui lui servait de geôle confirma ce qu’elle supposait déjà. Aucune de ses armes ou de ses affaires n’étaient là, en fait il ne lui restait là que ses vêtements, soigneusement pliés et raccommodés, sa précieuse broche toujours accrochée à sa tunique.

Elle résolu donc de s’habiller un peu plus décemment, moins par pudeur que par volonté de ne plus voir les bandages et surtout les zébrures qui, bien que se résorbant plus rapidement qu’elles ne le devraient, marbraient un peu trop son corps à son goût. Si la fenêtre était accessible, l’ensemble de bâtiment dans lequel elle se trouvait, une résidence de chasse selon toute vraisemblance, était solidement gardé par des forestiers du même type que ceux qui l’avaient malmenée. Elle soupira, quitte à être prisonnière des servants du traître, autant essayer de faire le maximum de dégâts. Pour la seconde fois en moins d’un mois elle se retrouvait encore enfermée et pour la seconde fois elle s’était décidée à le faire payer à ses geôliers.

Cette fois-ci, la jeune noble n’eut pas à attendre plusieurs jours, mais seulement une demi-heure, le temps que deux gardes, très polis au demeurant, l’emmenèrent voir le maître des lieux sans la brusquer, l’escortant jusqu’à la grand salle comme il l’aurait fait pour une invité de marque. Le maître des lieux était de toute évidence un noble, richement vêtu mais portant au moins autant de bandages qu’elle, ce qui la surprit quelque peu, mais à cheval donné, un elfe ne regarde pas les dents. Le héraut allait annoncer le nom de son hôte, mais la noble ne perdit pas une seconde de plus.

Échappant à ses gardes, elle bondit vers celui qui lui faisait face et enserra sa gorge avec colère :


-« Pour Bel-Shanaar ! »

Moins de trois minutes plus tard, elle était de retour dans sa chambre, enchaînée, avec comme seule et piètre satisfaction le fait d’avoir craché au visage du noble qui avait trahi son véritable roi...
Ilahîn Alysante Esdalân, Voie du noble
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Ilahîn Alysante Esdalân
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Ils la laissèrent là, seule, pendant une petite dizaine de minutes, l’acier frottant sans ménagement contre sa peau, observant les patrouilles qui s’intensifiaient dans le parc bordant sa cellule dorée, empêchant la simple idée de fuir par ce chemin là. Elle avait échoué, ce chien qui servait Malekith avait survécu malgré les marques rouges et les dix petites plaies qui parsemaient désormais sa gorge pâle. Ça et le glaire sanglant qu’elle avait pu lui décocher au visage, quasiment certaine d’avoir au moins touché un des deux yeux du noble, pour ce que ça pouvait bien changer maintenant.

Trois forestiers et le héraut de la grande salle entrèrent et la mirent sommairement à genoux, pesant sur son dos, leurs lames sous la gorge de la jeune femme, ses mains toujours enchaînées derrière elle. Alors seulement le héraut dégaina sa propre lame, une épée longue et sobre avec une garde dans le style du sud, plus soignée que la moyenne, étrange, les habitants de Caledor ne s’aventuraient que peu en dehors de chez eux. L’elfe ne reporta son regard dans les yeux, nettement plus haut mais aussi chaleureux que la lame, du héraut que lorsque celui-ci appuya la pointe d’acier sur la gorge de la prisonnière.


 Voici donc la furie de la futaie. Quel est ton nom, quel est ton maître et pourquoi as-tu tenté d’assassiner ton seigneur et ceux qui t’ont sauvé ? »
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Dans sa fierté contrainte, la jeune noble se redressa autant que faire se peut, toujours maintenue en respect par ses fers et la lame contre sa peau, faisant au passage perler une goutte de sang qui roula le long de sa gorge.

-« Je suis Ilahîn Alysante Esdalân, fille d’Hiswelinda et de Celusse de Chrace, dernière fidèle de la maison Esdalân. Je n’ai pour seuls maîtres les dieux et le successeur légitime du Roi-Phénix Bel-Shanaar. Quant à toi, chien de l’imposteur, je te voue aux Cytharai avec Malekith le Parjure ! »

Il y eut un silence. D’abord bref, il s’étira pendant une trentaine de secondes, plus longues encore pour la noble déchue et sa morgue blessée, avant que le héraut ne rengaine sa longue lame droite qui tremblait légèrement pour se pincer l’arrête du nez et se frotter les yeux comme en proie à une profonde migraine, sa manche retombante révélant son bras bandé. Il inspira profondément avant de s’accroupir devant la jeune femme, plantant à nouveau son regard ambré dans celui de la prisonnière.

-Dame Esdalân, quel est le nom du seigneur qui vous accueillit et vous soigna ?

-Euh, la noble murmura rapidement pour elle même, je suis partie vers le nord de nuit et vous m’avez capturé le lendemain ou le surlendemain donc logiquement, elle reprit plus distinctement, vous servez Dorendil de Ferial, un des roquets d’Aica et ses chasseurs ont tué Telume !

Ce dernier souvenir était remonté brusquement à sa mémoire, sa voix se brisant sur le nom de son fidèle coursier, lui amenant les larmes aux yeux. Le héraut eut un petit sourire triste devant le visage décomposé de la jeune femme. Les chasseurs dont elle parlait chassait une proie bien particulière quand ils étaient tombés sur une cavalière gravement affaiblie, délirante et son cheval agonisant qu’ils avaient choisi respectivement de sauver et achever. Et Salendal, l’aîné des chasseurs, lui avait assez bien décrit le sursaut d’énergie de la fuyarde mais surtout son état, qui pour lui provenait de plusieurs jours de chevauchée sans repos ainsi que d’une blessure infectée sur son flanc.

-Vous n’êtes pas sur les terres de Dorendil, à vrai dire elle sont à plus de cent lieues de ce pavillon tout comme cette Aica que vous évoquez. Votre coursier était condamné après plusieurs jour de chevauchée avec une plaie gangrenée à l’épaule et Salendal n’a fait que mettre fin à ses souffrances.

-Mais-

-Mais vous avez pris ces chasseurs pour des ennemis et tenté de les tuer. De la même façon, après avoir été soignée et nourrie, vous avez tenté d’occire votre hôte sans même chercher à savoir de qui il s’agissait, ni même vous interroger sur son état.

N’osant plus rien dire Ilahîn rougissait furieusement devant une exposition froide des manquements causés par son impulsivité. Ce n’était certes pas la première fois que cela lui arrivait mais à quinze ans comme à quatre-vingt-dix, ce n’étaient jamais des moments agréables. Certes le noble avait l’air mal en point mais elle se pensait en territoire ennemi alors elle avait juste cherché à éliminer un traître. La jeune femme se rendit compte que son esprit avait dérivé et que pendant un temps elle avait cessé d’écouter les reproches du héraut.

-Quant à l’identité que vous revendiquez, vous êtes soit d’une rare franchise confinant à la stupidité soit l’assassin le plus mauvais que Malekith et ses sbires aient jamais utilisé. Jusqu’à l’éclaircissement de cette question, considérez-vous comme en séjour surveillé, les forestiers cessèrent de peser sur elle et commencèrent à défaire ses fers tout en gardant leurs mains sur la poignées de leur hache, mais privée de toutes vos armes et possessions. Maintenant si vous permettez…

Il tendit les doigts pour dégrafer la broche de la noble qui recula brusquement, bien vite maintenue par ses gardes, en enserrant le bijoux entre ses mains. Le son qui jaillit de la noble gorge était plus proche du feulement que du refus distingué, rendu encore plus pathétique par ses yeux encore humides. Le héraut soupira en retirant sa main, sentant que la prisonnière s’y raccrochait pour ne pas s‘effondrer et perdre le peu de dignité qui lui restait.

-Maluien, assurez-vous que sa broche soit toujours visible, qu’elle ne puisse s’en servir si je fais erreur quant à son nom. Vous pouvez la raccompagner à ses appartements, merci pour l’aide que vous nous apportez.

À peine le groupe sorti, en sautillant légèrement pour la noble qui s’était prise le pied dans ses anciens fers, l’elfe à la lame du sud se dirigea vers la chambre de son seigneur, la jeune noble ayant confirmé dans cet interrogatoire superficiel ce qu’il avait déjà pu déduire de ses possessions et des savoirs, bien plus étendus que ce pouvait bien penser les courtisans, que lui conférait sa position de héraut. La fille de Celusse et Hiswelda. Les Esdalân était historiquement liés à Malekith et voilà que leur fille unique se révélait loyale au Roi-Phénix, ce pion étant trop précieux, et de trop mauvaise qualité si il se fiait aux rumeurs des cours, pour cacher un assassin déguisé. Il y avait sans doute un usage à tirer de la furie de la futaie dans la période sanglante qui s’annonçait...
Ilahîn Alysante Esdalân, Voie du noble
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Libérée de ses fers par ses captifs, puisqu’elle ne se faisait aucune illusion quand à son statut en ces lieux, la jeune femme suivit sans résister les deux chasseurs, les mains blanches à force de serrer sa broche. La petite plaie à son cou la piquait encore légèrement même si ce n’était rien par rapport à sa fureur vis à vis de sa situation. Certes elle avait tenté de tuer un loyaliste, mais c’était un accident et quand bien même, était-ce une raison pour l’enchaîner comme on enchaînerait un animal ? La noble soupira profondément, faisant se retourner brusquement celui que le héraut avait appelé Maluien la main sur le pommeau d’une dague, oui, c’était probablement une raison suffisante et suffisante même pour la faire exécuter sans autre forme de procès à vrai dire si elle n’avait pas attiré l’attention du calédorien à cause de sa revendication lors de la tentative de meurtre. Toute à ses pensées, elle sursauta lorsque Maluien lui rappela les règles de l’hospitalité au seuil de sa chambre.

-« Nous vous laisserons seule dans vos quartiers mais vous serez abattue à vue si vous tentez d’en sortir sans une escorte d’au moins trois personnes. Des questions ?

-Non, enfin si, enfin... »

Elle laissa un petit temps passer, le temps de ravaler sa fierté encore une fois :

-« Qui est le seigneur de ces lieux ? »

Nouveau silence, plus surpris que pensif, plus gêné aussi.

-« Alors ce n’était pas une simple question rhétorique de Nár Tercáno, vous n’aviez vraiment aucune idée de qui vous avez attaqué ? Vous vous en êtes pris à Imrik de Caledor, désormais prince de l’Échine du Dragon. »

Ilahîn hocha diligemment la tête devant la révélation et tout en fermant la porte et souhaitant une agréable soirée à ses gardes. Imrik de Caledor, ce nom ne lui disait pas grand-chose, vaguement que c’était le frère ou le fils du précédent prince mort lors du conclave mais ça n’expliquait pas vraiment le nombre de gardes et de chasseurs de Chrace autour de la demeure et de ses dépendances ou même ses blessures, même en prenant en compte le fait qu’il soit loyaliste. Elle s’effondra sur les draps sans même chercher à réfléchir plus avant, trop d’émotions pour la noble en une seule journée. La dernière chose qu’elle entendit avant de s’endormir fut le ronronnement du chaton, heureux de pouvoir se lover contre une nouvelle source chaleur.

Les rayons du soleil achevèrent de réveiller la noble, tardivement vu sa hauteur dans le ciel. Elle bailla, se rafraîchissant le visage dans la bassine d’eau froide et manqua de se faire transpercer par une lance en sortant sans prévenir les elfes de Maluien, évitant de justesse la pointe en bondissant en arrière.

-« Bonjour aussi, oui je sais je n’ai pas le droit de sortir sans escorte mais vous pourriez au moins attendre que je sois dehors avant de tenter de me tuer par Asuryan. Enfin, maintenant que vous êtes là, vous pouvez m’accompagner non, il serait dommage qu’une noble soit laisser aux affres de l’ennui n’est-ce pas ? »

Et sans plus attendre, elle commença à se diriger vers la sortie, restant proche des chasseurs à la lance facile pour éviter d’autres incidents impliquant sa potentielle mort, et soupira d’aise lorsque l’air frais et la chaleur du soleil purent enfin caresser son visage. Avant de repartir au pas de charge vers le terrain d’entraînement au dam croissant de ses trois gardes, qui espéraient sans doute s’en tirer en accompagnant une noble capricieuse dans une balade quelconque, ignorants de la petite réputation qu’elle s’était malheureusement faite depuis son arrivée. Une fois sur place, elle prit en main une épée de bois dans la main droite et une courte dague de même facture dans la gauche en se tournant tout sourire vers le garde de gauche, celui qui avait manqué de la transpercer quelques minutes plus tôt.

-« Ce ne sont pas mes armes et vous êtes trois ici, j’ai donc tout à fait le droit de m’entraîner non ? Et puis vous n’avez pas d’ordre me l’interdisant n’est-ce pas ? »

Toujours en battant des cils, elle lança une autre épée factice à ses pieds et se mit en garde.
Pour le prochain post, j’essaierai de passer à la première personne pour voir l’effet que ça donnera donc il risque de ressortir vis à vis des autres ^^
Le jet de charisme servira au post prochain (enfin il a déjà servi mais les effets seront plus visibles.
Ilahîn Alysante Esdalân, Voie du noble
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Bon, il fallait bien l’admettre mais c’était autant, si ce n’est plus, par volonté de me défouler sur quelque chose que j’ai proposé, imposé plutôt, cet entraînement surprise. Le fait que ce soit tombé précisément sur le garde qui avait manqué de me tuer en sortant n’était que pur hasard et c’est par ce même hasard que je pris immédiatement la posture la plus provocante et hautaine de mon répertoire, refusant à mon cher ami la possibilité de se défiler. On n’a pas idée de s’en prendre à une jeune femme sans défense par les dieux.

Soit, mais n’allez pas vous plaindre auprès de sire Nár Tercáno si vous deviez être vaincue.

-Cela ne me viendrait pas à l’esprit de regretter un échange que j’ai si ardemment recherché. »

Une petite lueur de doute s’afficha dans son regard quant à mes véritables intentions à la suite de ma réponse et je lui offris en retour mon plus beau sourire, révélant légèrement plus de dents que nécessaire. Nos épées se croisèrent, l’échange de saluts, la mise en garde. Inspiration et expiration, l’adrénaline commençait à courir dans mes veines. La dague en parade, le temps de jauger du niveau de mon garde favori, c’est par l’épée que je lançais l’assaut. Le claquement sec de la lame de bois sur son épaule me procura un plaisir coupable, assouvissant la petite rancune de la matinée. Il m’accorda la première passe et le premier sang, façon de parler, même si pour le coup il n’avait pas vraiment d’autre choix. L’échange suivant fut plus intéressant, le garde ayant le réflexe de détourner mon épée avec la sienne mais toujours trop lent pour éviter le manche de dague, et mon poing, qui s’enfonça dans son ventre, lui coupant le souffle.

Nous nous étions à peine remis en position pour le troisième échange que déjà je grimaçais. Pour l’amour d’Isha, sa garde était trop basse, ses jambes trop écartées et pire que tout, il hésitait, il hésitait à attaquer. Asuryan m’en soit témoin, si grand-père voyait ça, il ferait bastonner le jeune elfe. Je me mordis la joue, ne pas penser à lui, si père et mère avaient pris parti pour le Traître, son camp n’avait jamais été en doute puisqu’il s’opposait déjà à Bel-Shanaar quand ce dernier était encore en vie.

Et je dus reculer en hâte, mon partenaire venant d’essayer de m’enfoncer sa lame dans le ventre. Rester concentrée et ne penser qu’à la musique, les pas et les gestes, le combat est comme une danse disait mes précepteurs, et si je n’étais pas une danseuse exceptionnelle, je pouvais encore me débrouiller avec des armes. Cette dernière passe s’avéra encore plus brutale que les précédentes et avec toujours le même résultat, le pommeau de ma dague trouvant la tempe du garde qui s’effondra au sol. Lâchant mes armes, je me précipitais sur lui :

-« Isha, est-ce que ça va ? Je suis désolé, je pensais que vous l’esquiveriez. »

Et je le pensais sincèrement, c’était une chose de lui donner une petite leçon mais je ne voulais pas pour autant le tuer ou même faire couler le sang. À mon grand soulagement, il se redressait déjà alors que je m’agenouillais à ses côtés et je ne sentis aucune pointe de lance me pénétrer dans le dos, signe que ses amis ne m’en voulaient pas trop, ou qu’ils étaient trop loin pour me tuer tout de suite. Dans les deux cas ça m’allait. Quant au blessé, il tenta bien de me porter un coup avec sa lame, il ne l’avait pas lâchée je ne pouvais pas lui enlever ça, mais j’étais trop proche pour que ça laisse un bleu.

-« Sérieusement, vous vous en prendriez à nouveau à une dame désarmée ? »

J’obtins un grognement comme seule réponse mais cela suffisait à me rassurer un peu. Le héraut, Tár quelque chose, ne pourrait pas me reprocher d’avoir trop esquinté un des elfes qu’il avait placé autour de moi. J’entendis un long soupir derrière moi, suffisamment identifiable pour envoyer un frisson, visible à mon grand dam, courir dans mon dos. Il fallait qu’il soit arrivé pile au moment où un garde sensé me surveiller gisait au sol, enfin assis désormais.

-« Dame Ilahîn Alysante Esdalân... »

Je me tournais lentement vers lui, essayant de lui faire comprendre que je n’y étais pour rien, enfin si j’étais complètement responsable mais ça restait un accident, et était-ce ma faute si les accidents m’impliquant engageaient des armes ou la nécessité d’aller voir un guérisseur ? Vu son visage, je devais surtout ressembler à une enfant prise la main dans le pot de confiture par l’un des cuisiniers d’Elthrai Aroth.

-« Je ne vous demanderais pas pourquoi Arundel est au sol en se tenant la tête et je ne veux pas le savoir.

-C’était juste un entraînement un peu trop motivé.

-J’ai dit que je ne souhaitait pas le savoir », sa voix changea, devenant plus grave et rythmée, « Aux vues des informations que vous avez fournies et après en avoir délibéré avec ses conseillers, le prince Imrik de Caledor, prétendant légitime des princes au trône de Roi-Phénix accepte de vous accorder une audience demain à l’aube pour clarifier aux yeux de tous votre allégeance. »

Il y eut un blanc et je sentis le sang quitter mon visage. Prétendant légitime ? J’avais tenté de tuer le successeur désigné de Bel-Shanaar en pensant qu’il s’agissait d’un laquais de Malekith, par les dieux j’entendais rire Loec d’ici. Et plus je réalisais la portée de mes actes, plus le héraut souriait. Même le regard noir que je lui lançais ne fit que l’accentuer. Comble de l’insulte, il me lança mon épée de bois :

-« En attendant que nous vous préparions dignement pour demain, pourquoi ne pas continuer cet entraînement amical ? »

Nous avons pu consacrer une demi-heure de plus à des passes d’armes et au tir à l’arc avant qu’il ne s’en aille retourner à ses devoirs les plus pressants, me laissant plus endolorie que lui et, si il fallait être honnête, légèrement vexée par la différence de niveau. Le misérable.
Ilahîn Alysante Esdalân, Voie du noble
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Pour l’amour d’Isha, il aurait pu me prévenir plus tôt, ou au moins me faire expliquer plutôt que de se contenter de paroles cryptiques pendant l’interrogatoire. Et il devait certainement se gausser en songeant à l’effet de ses manigances. Ou plus probablement, il es avaient déjà mises de côté, une simple corvée effectuée et oubliée, ce qui quelque part était encore plus vexant. À cause de ce qui était pour lui une petite annonce, je venais de passer un après-midi entier à ressasser en permanence à ce que je pourrais bien dire si le seigneur Caledor m’adressait la parole, surtout par rapport à l’incident de notre première rencontre. C’est finalement en m’occupant d’une jument à l’écurie que j’arrivais enfin à me calmer, un travail simple et éreintant pour m’empêcher de penser à autre chose.

La lune n’avait pas encore atteint son zénith lorsque je me réveillais. L’inverse aurait été une bonne surprise, mais je dormais toujours mal avant un événement de cour. Et le fait de me présenter publiquement devant un noble que j’avais tenté de tuer par erreur comptait définitivement comme un événement de cour. Inutile d’espérer me rendormir, autant se reposer autrement. M’étirant, je me dirigeais vers la porte en prenant bien soin de frapper l’huis avant d’ouvrir, pour éviter un nouveau malheureux accident.

-« Je sors chercher de l’eau, suivez-moi si vous le devez, mais de grâce, arrêtez d’essayer de m’ignorer aussi fort, c’est insultant. »

Cette dernière remarque s’adressait surtout au plus jeune des deux gardes qui essayait manifestement de détourner ses yeux le plus loin possible de moi, là où son aîné gardait les yeux sur moi sans s’égarer un instant, professionnel jusqu’au bout. Par les flammes d’Asuryan, je n’étais pas nue et la tunique blanche que je portais par dessus mes bottes de chasse était largement assez ample pour ne pas attirer l’attention. Il ne me prendrait tout de même pas pour l’un de ces oiseaux de cour qui s’offusquent du moindre regard porté par un elfe n’appartenant pas aux cercles nobles, si ? Je soupirais et les guidait jusqu’au bout du couloir avant de m’arrêter brusquement.

« Toi, peux-tu nous guider jusqu’aux communs, je n’ai aucune idée d’où ils sont. »
, le jeune garde me regarda suspicieusement, bon au moins il arrivait à me regarder maintenant, « Hé, je ne cherche pas à m’évader d’accord, juste des seaux et ensuite le petit ruisseau près du terrain d’entraînement pour les remplir. »

Vu le regard atterré du jeune garde, j’étais définitivement classée comme une courtisane excentrique. Son comparse restait égal à lui même mais, devant le silence qui s’éternisait, finit par soupirer à son tour et nous guida au lieu recherché. Là je m’emparais de la anse de quatre gros seaux que nous remplîmes au ruisseau pour les ramener aux appartements qui m’étaient attribués avec l’aide du cadet à qui j’avais collé d’office deux des lourds contenants avant de prendre les deux autres moi-même. À vrai dire, si j’étais certaine qu’ils refuseraient d’avoir tous les deux les mains prises par les seaux, leur mission première restait de me surveiller et de m’abattre si besoin, je n’étais pas au delà d’utiliser certaines astuces d’Aica pour obtenir ce que je voulais. Enfin, sans les incitations les plus physiques, ma méthode consistait simplement à à supporter le même fardeau seule que eux à deux, laissant toujours un garde alerte et me transformant en cible plus facile à toucher et surtout, faire ça et repartir avant qu’ils n’aient eu le temps d’y réfléchir. Après réflexion, cette sorcière se serait sans doute arrangée pour qu’ils portent les seaux pour elle ou avec sa maudite magie.

De retour dans les quartiers qui m’étaient assignés, j’eus droit à la surprise devant la porte d’un petit paquet contenant des huiles parfumées et la robe qui m’avait été confisquée. Le message était malheureusement clair, même si il était probablement prévu pour attendre le matin. En versant l’eau froide dans le bassin dédié, je ne pouvais que grommeler intérieurement. Prétendant légitime ou non, il avait fallu que le prince de Caledor soit un de ces nobles du sud qui ne vivait que pour les belles tenues, les beaux parfums et les joies des cours emplies de courtisans.

-« Pardonnez-moi dame Esdalân, mais êtes-vous consciente que l’eau est fraîche ?

-Oui, je sais que c’est souvent ce qui arrive quand on puise de l’eau au milieu de la nuit et qu’on la verse dans une baignoire sans la faire chauffer auparavant. »

Je grimaçais en entendant la remarque sarcastique sortir de ma bouche. Il essayait de bien faire ce jeune garde, enfin jeune c’était une façon de parler il devait sans doute être plus âgé que moi, pas d’être insultant. Je soupirais, faisant un petit geste contrit de la main avant de les remercier de leur aide. Après vérification du retour des gardes à leur poste, je pouvais enfin profiter du produit de cette sortie nocturne. Ôtant bottes et tunique, je me plongeais avec délectation dans ce bain glacé. On avait du sang de Chrace ou on n’en avait pas. Soupirant d’aise, je m’abandonnais temporairement à la torpeur.

Le ciel commençait à s’éclaircir alors que j’achevais de me peigner. Grognant, je me préparais à la curée, la cour n’avait jamais été mon élément, et lavée, ointe et apprêtée, je faisais les cents pas en attendant l’heure dite, contrastant avec l’apparence raffinée de ma toilette, tournant comme un blanc de Chrace en cage. Nár Tercáno finit par arriver, avec deux autres gardes et après m’avoir observé de haut en bas, le héraut se contenta d’acquiescer :

-« Bien, je vous remercie de nous avoir évité une nouvelle scène et de ne pas avoir cherché à cacher d’autres armes sur vous que votre broche »

Facile à dire pour lui, vêtu simplement mais d’habits de la meilleure qualité sous un solide plastron, et avec son épée au côté, il ressemblait plus à un noble partant en guerre qu’au courtisan qu’il était. Sauf que nous étions en guerre.

-« Rassurez-moi héraut, je ne serai tout de même pas la seule en tenue de bal dans un camp qui se prépare à partir en campagne, n’est-ce pas ? »

Bon, l’acidité de ma question avait sans doute un peu ruiné l’effet de mon papillonnement de cils, mais quand même. Je détestais cordialement les cours nobiliaires, mais si en plus c’était pour être à nouveau l’objet de leurs moqueries abjectes...

-« Vous la serez, mais non pas pour la raison à laquelle vous semblez penser.

-Et quelle serait cette raison alors, si ce n’est pas trop indiscret bien sûr ? »

Voilà, garder la voix douce, égale, rester maîtresse de ses émotions et ne rien laisser paraître. Père disait toujours que les courtisans agissaient comme des loups, en meute et s’attaquant toujours aux plus faibles dont ils pouvaient sentir la peur. Le souvenir me fit grimacer intérieurement, père avait rejoint les loups maintenant, et projetait de déchiqueter Ulthuan.

-« Une simple question de praticité je vous assure. » Devant mon air interrogatif, il se sentit de continuer : « Il est plus difficile de s’élancer pour étrangler quelqu’un en robe qu’en tenue de chasse. »

Mes joues brûlèrent sous la remarque, plus moqueuse que cinglante mais dont le fond de vérité faisait tout de même mal. Flammes d’Asuryan, il aurait pu éviter de retourner aussi sauvagement le couteau dans la plaie avec sa maudite langue. C’était mérité mais tout de même.

-« Et un conseil, essayez de vous maîtriser, si vous êtes aussi simple à lire au combat qu’en société, c’est un miracle que vous soyez encore en vie. »

Le flot de malédictions aux divinités chthoniennes réussit à faire pâlir le quatuor de garde. Visiblement, grandir dans un château ou passaient régulièrement des vétérans d’Ænarion avait au moins cet avantage. Jugeant le moment venu, le héraut nous donna le signal de départ et nous nous dirigeâmes vers la grand salle avant de nous arrêter à nouveau juste devant la porte close.

-« Une dernière chose, dame Esdalân. Si vous veniez à tenter quoi que ce soit contre le seigneur Imrik, je vous trancherai personnellement la gorge avant que vous n’ayez fait deux pas. »

Sa voix n’avait pas changé et le ton était égal, mais ses yeux tenaient un autre discours. Un regard froid et dur, suffisamment pour faire courir un frisson de peur le long de mon dos nu. Tandis qu’il poussait les battants pour annoncer notre venue, je réussis de justesse à faire taire la petite voix qui me hurlait de fuir et j’entrais dans la salle avec la certitude qu’au moindre malentendu, ma tête roulerait sur le sol avant même que mes jambes n’aient bougé.

-« Dame Ilahîn Alysante du clan Esdalân, héritière d’Elthrai Aroth et noble de Nagarythe, invitée du Seigneur Imrik de Caledor, prétendant légitime au trône du Roi Phénix. »
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Inspirant profondément, je pris le temps d’observer la grand salle cette fois-ci, ne comptant me jeter à la gorge de personne, surtout avec la menace de Nár Tercáno qui planait au dessus de ma tête. Une salle longue et étroite, peut être un peu plus de cinquante pieds de long pour une vingtaine de large, entièrement en bois et finement sculptée. Il y avait même un fin balcon qui en épousait la forme à une dizaine de pieds de haut. Et sur ce fin balcon, il y avait au moins une dizaine d’archer avec des flèches déjà encochées en plus, probablement, d’autres que je ne voyais pas. Je déglutis le plus discrètement possible. D’accord, ma précédente entrée avait été dûment notée.

Je reportais mon regard sur le dais central au fond de la salle. C’était bien le même elfe que la dernière fois, en meilleur état et en armure complète. Avec le gorgerin apparent, le message était clair. C’était une armure dragon, d’après les motifs stylisés, ou que ma main se racornisse à l’instant si ce n’était le cas. Il y avait aussi une petite cinquantaine de nobles dans la salle, surtout des caledoriens d’après les couleurs. Ça et les symboles de flammes un peu partout. Eux aussi étaient en armes. L’assemblée ressemblait plus à un conseil de guerre qu’à une cour princière. Et au milieu de toutes ces armures, je faisais particulièrement tâche dans ma longue robe blanche. L’ironie me fit tristement sourire, d’habitude c’était dans l’autre sens que je détonais, en entrant dans les salles de réception en tenue de chasse ou la lance à la main.

Fendant la foule, le héraut alla se placer à sa droite, les mains croisées dans le dos, attentif. Mes gardes et moi avançâmes peu après et je mis un point d’honneur à toujours marcher un peu devant eux, préférant avoir l’air d’une noble escortée que d’une prisonnière surveillée. Ça ne duperait personne, mais c’était une question de fierté et dussé-je mourir ici, je le ferai la tête haute.

Face au trône, je renonçais à tenter de faire la révérence, n’en ayant jamais maîtrisé les arcanes, pour simplement poser genou à terre et incliner la tête. Le silence pesa quelques secondes.

-« Ainsi donc, voici l’héritière rebelle des Esdalân. Dites-moi chère enfant, votre famille n’est-elle pas liée par serment à Malekith ? Et n’êtes-vous pas vous même contrainte par de tels serments ? »

Vu la provenance de la voix, il devait s’agir du prince Imrik. Deux questions simples en apparence, à qui allait ma fidélité et étais-je une parjure. Je manquais peut être de contrôle mais je n’étais pas stupide pour autant, il y avait bien longtemps que ma fidélité était fixée et même si les Dieux éventraient le monde, elle ne changerait pas.

-« N’avez-vous pas tenté de prendre la vie de votre seigneur légitime ici-même devant témoin ? Dites-nous donc, pourquoi devrions-nous croire en un tel revirement, surtout lorsque nous vous tenons comme prisonnière ? »

Tercáno ? Je ne comprenais plus, d’accord il venait de me menacer de mort, mais c’est lui qui s’était chargé de mon interrogatoire et qui avait donné les ordres pour que je ne sois pas abattue sur place. Pour l’amour d’Isha, j’étais même persuadé que c’était de son fait si je me trouvais dans cette salle aujourd’hui. Il avait prévu de me jeter aux lions depuis le début ?

-« Je suis en effet Ilahîn, héritière des Esdalân et oui, ma famille est lié à Malekith. En remerciement pour l’aide qu’il apporta jadis à mes parents, mon clan lui jura fidélité. Oui j’ai prêté ce serment et je ne m’en parjurerai pas. Avec mon clan nous avons, à la suite du Noble, prêté serment d’être loyaux au Roi-Phénix. Et aujourd’hui encore, j’honore ce serment même si mon seigneur Malekith s’est parjuré, même si les miens se sont parjurés. Héraut, tu m’as demandé pourquoi me croire alors que je suis prisonnière, alors dis-moi, étais-je libre à mon arrivée ici ? Étais-je libre lorsque j’ai choisi d’abattre celui que je prenais à tort pour Dorendil de Ferial ? Je suis peut être seule, isolée de mon clan, je suis peut être prisonnière. Mais d’eux je suis seule, loyale au Roi-Phénix. »

Ma petite tirade m’avait laissée essoufflée et sur la fin, elle ressemblait plus à une harangue furieuse qu’à une réponse posée et mesurée. Droit comme une lance sur le dais, Tercáno continuait de me toiser, mais de moins haut qu’après ses piques acerbes. Face à moi, les gardes s’étaient crispés sur leurs lances. Ah, je m’étais visiblement relevée sans m’en rendre compte sous le coup de l’affront. Qui sème le vent, récolte la tempête, si ils voulaient que je garde mon calme, ils auraient du y réfléchir à deux fois avant de me provoquer. Regardant le traître droit dans les yeux, j’inspirais profondément et me mordis l’intérieur de la joue pour ne pas commencer à l’insulter. J’étais seule et désarmée au milieu d’une assemblée en armes et après réflexion si je me laissais aller à la colère, ce n’était pas eux qui allaient en payer le prix.

-« Paix dame Esdalân. La question de mon héraut était légitime et nombreux sont ceux qui ici se la posaient sans oser la formuler. »

Une langue de froid passa dans mon dos et remis immédiatement le genou à terre, la tête basse. J’avais complètement oublié le prince sur son trône mais vu le regard acéré qu’il posait sur la scène, lui n’avait pas perdu de vue son objectif, quel qu’il soit. Il laissa peser le silence quelques secondes avant de reprendre avec le même ton posé :

-« Si j’en crois les paroles de mes conseillers, vous êtes reconnue pour votre... âme et votre franchise parmi vos pairs. Force est de constater que cette réputation n’est pas usurpée. »

Était-ce un trait commun chez les calédoriens que de me décrire avec maint politesses à quel point j’étais incapable de me tenir dans la bonne société ? À croire qu’ils s’étaient passés le mot en amont ces oiseaux de cour. J’arrivais à tenir ma langue, au prix du goût cuivré du fer qui commençait à se répandre dans ma bouche. Par les flammes d’Asuryan, il avait continué de parler pendant que je l’insultais copieusement mentalement, qu’est-ce qu’il avait bien pu raconter ? Dans le doute garder respectueusement la tête courbée et ne pas se faire remarquer plus que nécessaire.

Je pouvais sentir son regard fixé sur moi, démentant complètement le ton doux de son discours jusque là. Ce prince était bien plus effrayant que ce qu’avait pu dire ou faire Tercáno et il tenait pourtant un rôle de seigneur magnanime en sa cour. Pour l’amour d’Isha, les calédoriens portait bel et bien la flamme de la fureur des dragons dans leurs yeux. La furie ou la folie martiale d’un peuple.


« Nous entrons dans une ère où les belles paroles n’ont plus leur place, où les langues d’argent n’ont plus cour et où le feu révèle si les serments d’antan sont d’acier ou de velours. Vous aurez l’occasion de prouver votre loyauté dame Esdalân, de prouver que vos serments sont autre chose que de belles paroles et cette occasion, vous l’aurez l’arme en main.

Mais souvenez-vous de ces mots, nous sommes prince de Caledor et prétendant Roi-Phénix, nous protégeons et récompensons nos alliés et nos vassaux mais les parjures ne recevront de nous que notre feu et notre acier. »


La clameur des armes contre les plastrons remplaça en un instant le silence feutré. Ce n’était pas une audience, ni même un conseil stratégique. C’était la déclaration d’un âge de lutte et de massacre. Rejetant les atours de la paix pour embrasser de nouvelles couleurs plus guerrières. Loin des douceurs nobiliaires, c’était une cour princière sur le sentier de la guerre.
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La déclaration du seigneur du royaume de feu avait déclenché quelque chose. Dans la demeure de chasse, tous bouillaient d’une étrange ferveur martiale. Pour l’amour d’Isha, il y avait moins de deux cents elfes ici et pourtant il me fallut presque une journée complète pour mettre la main sur un armurier capable de me fournir un bouclier convenable et non l’un de ces jouets utilisés pour s’entraîner. Enfin seulement une demi-journée mais j’ai dû insister tout l’après-midi pour qu’il accepte de peindre ce bouclier à mes couleurs, celles des Esdalân, et c’est seulement quand j’ai menacé de le faire moi-même en piochant dans ses réserves qu’il a cédé. Foutue obstination, si il avait accepté tout de suite, j’aurai pu profiter de mon après-midi pour m’entraîner un peu plus. À la place, je partis voir si il y avait possibilité de récupérer un arc, nous étions dans une demeure de chasse après tout, et quelques flèches pour faire bonne mesure. Le temps que j’obtienne tout ça, la nuit commençait à tomber mais au moins, j’étais prête à partir. Après une bonne nuit de sommeil, par Asuryan, il avait fallu que je sois traînée dans une cour nobiliaire et c’est dans ce genre de situation qu’à défaut d’un peu de vin, les bras de Lileath sont d’un divin réconfort.

Visiblement j’avais même le droit de ne plus avoir de gardes en armes devant ma porte, progrès non négligeable si il en était. Je soupirai en posant la main sur la poignée, songeant déjà à m’effondrer dans les draps, avant de la retirer vivement. La porte était déverrouillée et entrouverte. Quelqu’un était dans mes quartiers. Je portais vivement la main à la hanche pour ne rien y trouver, mes armes ne m’avaient toujours pas été rendues. Cendres et flammes. Je me rabattais prestement sur deux des flèches, les serrant fort entre mes doigts et refusant de me laisser tuer, peut être, sans lutter, avant d’entrer avec une arme improvisée dans chaque main, prête à faire face à l’imprudent impudent.

Je me figeais devant Tercáno, sentant la colère monter et le héraut continua de siroter son verre de vin tranquillement assis à côté de la table basse supportant la carafe, me rendant mon regard sans se laisser démonter le moins du monde.

-« Que faites-vous dans mes appartements, héraut ? »

D’accord, mon ton était plus sec que ce que la politesse demandait ceci dit, pour ma défense, il venait de tenter de me faire exécuter le matin-même. Enfin pas directement exécuter mais l’intention était là en mettant en doute ma parole devant une cinquantaine de nobles belliqueux et en armes.

-« Bonsoir, Dame Esdalân, belle soirée n’est-il pas ? Navré de n’avoir pris le temps d’annoncer ma venue dans les quartiers que sa majesté vous a gracieusement attribué et, de grâce, rangez donc ces flèches avant que l’un de nous ne soit blessé. Après tout, je ne suis venu ici qu’en paix. »

Il se releva les mains écartées tout en parlant, laissant son verre sur la table et révélant que si il était venu en paix, l’acier d’une cotte de mailles brillait sous ses manches amples. En paix mais pas sans défense, n’est-ce pas ? Je grimaçais, rangeais les flèches dans leur carquois et me plaçais de l’autre côté du meuble, me saisissant au passage de son vin en en avalant une gorgée. Si il n’avait pas amené de second verre, c’était là son problème désormais. Un acte certes mesquin mais cela me mit un peu de baume au cœur. Pour toute réponse, il haussa un simple sourcil dubitatif avant de reprendre :

-« Bien, tout d’abord je tenais à vous féliciter pour votre petite prestation de ce matin même si il faudrait réellement songer à apprendre à maîtriser ce caractère si particulier.

-Vous avez tenté de convaincre le Prince de Caledor que j’étais une sorte d’assassin manqué, une parjure qui change de lige comme de tunique. Pour l’amour d’Isha! Et vous vous attendiez à ce que je le prenne bien ?

-Non et ce n’est d’aucune importance. Je manquais de m'étrangler sur ce commentaire ou, pire, de tenter de l'étrangler lui. Votre manque de connaissance dans les arcanes de la cour fait de vous une proie et un danger. Ma présence ici vise uniquement à vous empêcher de présenter un danger pour les intérêts de Caledor, du Roi-Phénix et d’Ulthuan et à vous faire comprendre votre rôle. Avez-vous si piètre opinion des autres nobles que vous n’avez songé à ce que les doutes que j’exprimais devant tous puissent-être partagés par d’autres ? Ou bien étiez-vous persuadée que tous verraient le monde tel que vous ?

-J’ai dit la vérité par la Flamme !

-Vous êtes jeune, à peine plus qu’une enfant et tout aussi aveugle. Que vous viviez ou mourrez n’importe que peu dans la toile qui se tisse. Ilahîn n’est qu’une noble parmi d’autres au service de notre cause, et contrairement à eux, vous êtes déchue et reniée par votre famille. Dépossédée du soutien que d’autres clans peuvent apporter aux nôtres. La raison pour laquelle j’ai conseillé il y a plusieurs jours au Prince d’accepter votre serment en public n’a rien à voir avec vous, seulement avec le symbole que vous êtes et pouvez devenir.

-Attendez, il y a plusieurs jours ? De quel symbole parlez-vous ?

-Voyons Dame Esdalân : fille d’un des compagnons de Malekith et d'une mage puissante, petite-fille de l’un des généraux d’Ænarion et l'un des plus fidèles soutiens au traître. Un clan notoirement connu pour sa loyauté absolue à l’usurpateur et sa cause avant même l’attaque du temple. Et pourtant, l’unique héritière prend parti pour le candidat légitime contre les siens. »

Le sourire du héraut se fit plus dur et ses yeux plus calculateurs, exsudant d’une d’efficacité froide. Pour l’amour d’Isha, combien de masques Tercáno portait-il ? Son Prince et lui avait organisé cette mascarade en amont juste pour un symbole que je ne comprenait pas, me bernant sans effort même si ce n’était pas vraiment là un exploit, mais aussi et surtout une partie de sa propre cour.

-« Votre histoire circulera, s’amplifiera et se déformera, celle d’une noble ayant tout sacrifié pour faire ce qui est juste plutôt que de servir un parjure, rejoignant le Roi-Phénix légitime et lui prêtant allégeance le jour où il proclama une nouvelle ère. Comprenez bien que je ne vous porte aucune animosité et, en toute honnêteté, votre franchise est particulièrement agréable, mais dans cette histoire même votre mort au combat servirait encore la cause des loyalistes.

Enfin, il se fait tard et je ne vous ai que trop dérangé. Vos armes vous ont été rendues et déposées au pied de votre lit. Puisse la déesse de la lune veiller sur vous. »


Et sans attendre la moindre réponse, il prit congé et la carafe d’un même mouvement avant de disparaître dans une élégante révérence. Finissant son, mon désormais, verre encore choquée par son petit discours, je ne pouvais plus que parvenir à ce constat : les eaux troubles dans lesquelles je nageais désormais étaient bien plus profondes que prévu.
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Nuit noire, réveil à l’aube sous le regard d’Asuryan. Déjà que mon temps de sommeil avait été court, le fait d’avoir ressassé encore et encore les paroles de ce maudit héraut ne pouvait vraiment que nuire encore à mon repos. Le jour de la mise en mouvement de l’assemblée, l’entrée en guerre des Asurs contre les usurpateurs. Je voyais l’histoire s’écrivait devant moi et surtout des cernes se dessiner dans l’argent poli du miroir. Encore ensommeillée, je me figeais en sentant quelque chose frôler mon mollet, retenant de justesse le coup de pied réflexe à fin de, pour une fois, vérifier ce que c’était avant de frapper. Grand bien m’en prit, surtout pour le petit chaton gris qui commença à ronronner en se frottant contre moi, ignorant tout de la seconde expérience du vol à laquelle il venait d’échapper. Je soupirais, le monde pouvait bien basculer mais aujourd’hui comme dans dix siècles, un chat reste un chat. Je le caressais jusqu’à ce que son excellence se lasse et, plein de petite dignité, s’en alla se rouler en boule sur le lit à peine refait.

Hâtant ma toilette, je m’aspergeais d’eau fraîche et préparais rapidement mon paquetage, m’assurant de l’état des cordes de l’arc avant de les ranger dans leur étui et de passer à l’épaule mon bouclier. Isha en soit témoin, il n’y avait plus de retour en arrière possible. L’épée ceinte, la dague dissimulée, la lance à la main et l’esprit encore plein des paroles de Tercáno, je ne pouvais plus que rejoindre le reste de la maisonnée et des nobles dans la cour centrale.

Nous étions un peu moins de deux cents au total, donc les cinquante nobles à cheval. Je ne put m’empêcher d’avoir un coup au cœur devant cette vision, Telume étant désormais parti galoper dans les plaines éternelles de Kurnous et de cavalière j’étais devenue dame du rang. Les yeux embués, je n’écoutais pas vraiment le discours du Prince Imrik, le regard dans le vide. Les nobles chevaucheraient en petits groupes pour avertir les seigneurs locaux et les rallier à la cause loyaliste là où Caledor, comme les asurs commençaient déjà à l’appeler, avancerait accompagné par une garde de chasseurs vers le temple. Les domestiques et autres devraient ratisser routes et forêts, attaquant les messagers et harcelants les forces de l’usurpateur. Un devoir sans réelle gloire mais je doutais de plus en plus que cette guerre au sein des elfes en apporte à qui que ce soit, tout était si différent des histoires que me lisait jadis mon père.

Toujours est-il que l'assemblée se dispersa et que la petite troupe à laquelle j’appartenais quitta rapidement la cour, en route pour longer une voie menant vers les passes au nord d'Avelorn. Onze elfes, douze avec moi, à pied et sans soutien. En regardant les autres groupes partir à leur tour, je sus que nombre des deux-cents ne reviendrait jamais...
Ilahîn Alysante Esdalân, Voie du noble
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