[Période des Trois Empereurs][Iméris-Konrad] A la recherche de l'indépendance

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Depuis la Déchirure jusqu'à la création de l'Empire et de la Bretonnie, revivez ces âges passés de légendes.

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Anton
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[Période des Trois Empereurs][Iméris-Konrad] A la recherche de l'indépendance

Message par Anton »

Premier Post d'introduction au concours Mordheim des Trois Empeureurs. Le descriptif du scénario est toujours disponible par ici.
***
Terre-Noire, 2492
Anton

« Cesse de t’agiter mon garçon. Tu crois que les Adeldoch sont devenus des nobles en s’agitant de tous les côtés comme cela ? ECOUTE ! »

Le petit garçon se figea. Il avait compris depuis longtemps que l’indulgence que les autres membres de la forteresse –son père excepté- voulaient bien lui témoigner s’arrêtait à la porte de cette vieille dame redoutable, toute habillée de noir et calfeutrée dans ses appartement, que monsieur son père appelait « Maman ».

Il était assis à même le sol, ses jambes soigneusement repliées sous lui dans la posture droite que la voix acerbe et cassée lui avait enseignée dès qu’il avait été en mesure de comprendre les remontrances. Jamais elle ne l’avait frappé ; elle n’en avait pas besoin. Anton était à la fois trop effrayé et trop fasciné pour ignorer longtemps les ordres de sa grand-mère.

Elle se tenait assise dans un fauteuil à la trame usée, sentant le camphre et le vieux jonc. Ses doigts secs agrippés comme des serres sur les accoudoirs sculptés, sculptés mais dans une forme que le bois antique ne laissait plus guère deviner, à l’exception de deux paires d’orbites creusées profondément et qui avaient traversé le temps.

« Écoute ! Tu n’es pas digne de tes ancêtres. Pas encore. Peut-être le seras-tu un jour, sinon de ton grand-père, au moins de ton père. Écoute ! Le respect des anciens, rejeton des Adeldoch, tout part de cela. Le sais-tu au moins ? »

Captivé, le jeune noble n’eut même pas la présence d’esprit d’acquiescer. Il sentait, comme à chaque fois qu’il se trouvait devant sa grand-mère, sa gorge se serrer, ses yeux se mouiller, et son cœur battre un peu plus rudement à chaque « ÉCOUTE ! » ; et il observait ces signaux internes s’accroître avec un peu de plaisir et de frayeur.

Coup violent sur l’accoudoir.

« ÉCOUTE ! Tu ne sais rien du tout ! Qui est ton premier ancêtre ! Dis-le-moi ! Maintenant ! »

De cela au moins il connaissait la réponse. Et il savait aussi qu’il lui fallait temporiser pour éviter trop tôt le déclenchement des larmes.

« Le comte électeur Eldred du Solland est mon ancêtre, par Helios Adlhoch, son fils illégitime. »

Reniflement.

« Au moins tu sais cela. Tout n’est pas pourri en toi. »

Et elle le scruta, s’arrêtant brusquement.

Que cette vieille femme finisse une phrase sur un compliment était une entière nouveauté pour Anton. Sous le regard bleu acier de cette vieillarde, il ne sut quelle contenance adopter. Après un instant d’hésitation, il eut un rictus, un sourire.

« Silence ! Pour qui te prends-tu ? Tu penses tout savoir ? Tu crois que je n’ai rien à t’apprendre ? »

Elle se leva, terrifiante. Le petit garçon, du haut de ses sept ans, tenta tant bien que mal de contenir les sanglots de panique qui lui vinrent brusquement.

« Dis-moi alors, toi qui sait si bien l’histoire de tes ancêtres… Qui a bâti cette Forteresse ? Dis-moi donc, petit insolent, qui fut le premier Seigneur de Terre-Noire ? »


***
Terre-Noire, 2515
Clément

« Imeris-Konrad Adeldoch. C’est le nom du tout premier Seigneur Terre-Noire mon cousin, un nom que vous retiendrez j’espère car nous serons amenés à en reparler ensemble. Veiller à la mémoire des hauts faits de ses ancêtres est une partie importante des devoirs d’un noble véritable. J’espère vous serez sur ce point à la hauteur de votre nom. »

Assis à un pupitre de bois, le jeune Clément Von Adeldoch faisait semblant de prendre des notes pour la leçon donnée par son cousin le baron. Dans la salle d’étude aménagée loin du bruit incessant des travaux de modernisation de la Forteresse, le Seigneur de Terre-Noire et son futur héritier tentaient tant bien que mal de se plier à la règle qu’ils s’étaient imposés d’une leçon particulière par semaine.

Le baron, d’un naturel pressé, ne goûtait guère à ce temps perdu à ses affaires, quand bien même il comprenait la nécessité de telles entrevues. Le jeune Clément, lui, était tout simplement beaucoup trop agité pour se plier au cérémonial sérieux voulu par le baron, qui malgré son aura, son accoutrement et ses trente ans, n’en restait pas moins son cousin...

« Cousin, je connais le nom ! Il est sur le fronton de la Grande Salle ! Mais vous ne m’avez jamais raconté son histoire et ma sœur continue de dire que c’est à vous de me la narrer ! Est-ce qu’aujourd’hui ne serait pas le moment pour cela ? »

Le baron eut un soupir. La leçon du jour devait être axée sur le respect de leur dignité de noble, pas sur la généalogie et les légendes familiales… de son temps, on ne se serait jamais permis d’interrompre comme cela un aîné…

Mais les temps n’étaient plus tout à fait les mêmes. Et naturellement, le jeune noble eut rapidement gain de cause.

« Au XXIe siècle, lors de la guerre des Trois Empereurs, un rapide coup d’œil au hochement de tête assuré de Clément informa le baron qu’au moins la leçon d’histoire avait porté ses fruits, la famille Adeldoch n’était encore qu’une famille riche de Cardigan parmi les autres. Nous étions certes les héritiers du Comte Eldred, et les édiles de Cardigan et des villages alentours étaient certes choisis dans nos rangs, mais la famille n’en avait pas moins aucun titre de noblesse officiel.

Cependant notre gouvernement était réputé pour être juste et bénéfique aux affaires. Sous la gouverne des Adeldoch, cette partie du Solland prospérait, et les fruits de la prospérité allaient aussi bien aux paysans qu’aux notables et qu’à notre famille. Les Adeldoch étaient donc riches.

Imeris-Konrad Adeldoch, fils du bourgmestre de l’époque, était d’un naturel bon ; fils dévoué à son père, il cherchait par tous les moyens à offrir à celui qu’il aimait profondément le titre de noblesse que ses origines justifiaient de droit. Lorsque la terrible armée des morts, menée par le Comte Von Carstein, marcha sur l’Empire,
nouveau coup d’œil inquisiteur, mais il semblait que le jeune garçon était également au fait des Guerres Vampiriques, Imeris-Konrad vit là une chance de servir son père, son pays, et le camp du Bien : il se hâta vers Altdorf, et s’enrôla dans l’armée régulière. Cependant ses dons naturels, ainsi que sa haine pour la violence, le destinèrent à devenir infirmier. Il était doué pour ce sacerdoce, et la légende rapporte que tous les corps d’armée le connaissaient sous un surnom, flatteur pour un infirmier : « Toubib ». »

Clément était enfin assis calmement au bord de sa chaise. Toubib, Toubib. Un surnom chaleureux. Il imaginait à présent cet ancêtre un peu mieux. Un grand sourire, une main secourable.

« Lors du siège décisif d’Altdorf, Toubib se trouvait sur un rempart au chevet d’un blessé, invisible dans un bric-à-brac de munitions et de charpie, lorsqu’une ombre noire passa en un éclair par-dessus la muraille. Intrigué, il se pencha : un homme vêtu de noir, une lame à la main, venait d’apparaître sous lui, sur le chemin de ronde inférieur. Un regard lui apprit qu’à cet instant précis, l’Empereur lui-même (ou plutôt le grand prince Ludwig, puisqu’alors de nombreux prétendants étaient en conflit pour le trône) se lançait dans une ronde. Dans quelques instants le bestial assassin allait porter le fer contre le chef de leur armée, le blesser, ou le tuer peut-être à la merci de l’effet de surprise ! »

Anton lui-même s’échauffait, se prenait au jeu. Il vivait la scène, mimait le vampire armant son coup, la langue balayant ses longues canines d’abomination démoniaque, et la ronde de l’Empereur sur ce rempart, suivi de tout son État-major ! Clément n’en perdait pas un mot, pas un souffle.

« Toubib ne pense même pas. Il se jette sur la silhouette, vingt pieds en-dessous. La chance, ou plutôt les Dieux, veulent qu’il ne manque pas son coup, et qu’il atterrisse en plein sur sa cible, qui va au sol à sa suite. Dans la mêlée qui s’ensuit, Toubib est dégagé d’un coup de pied immédiat, surpuissant, inhumain ! Notre ancêtre va buter contre les pierres, mais son devoir est fait : à travers le filet de sang de son crâne légèrement ouvert, il distingue l’Empereur qui broie d’un revers de son divin marteau la tête du suppôt ennemi. »

« Ensuite, Iméris-Konrad se releva. Il avait sauvé la vie d’un Empereur qui était à la fois généreux, calculateur et profondément superstitieux : le souverain garda son infirmier porte-bonheur à ses côtés pour le reste de la bataille. Apprenant par la suite l’histoire des Adeldoch, et très intéressé de s’attacher le Sud de l’Empire dans la guerre contre les autres Prétendants au trône impérial, il lui offrit la dignité de baron, et lui enjoignit de bâtir une forteresse aux marges de son Empire, en lui avançant des fonds. C’était Terre-Noire, qui, lorsque le grand prince Ludwig fut reconnu Empereur par le Wissenland après sa victoire sur les morts-vivants, devint officiellement une baronnie. La première pierre de la Forteresse fut posée peu après. »


Clément sourit, pour manifester sa joie encore un peu enfantine à l’issu d’une belle histoire. Et il compléta, pour se montrer lui aussi à la hauteur de la mémoire de ses ancêtres !

« Oui, en 2020 ! C’est ce que dit l’inscription sur la pierre, au-dessus de la Grande Salle ! Celle que vous avez faite dégager l’année dernière pendant les travaux !»

Anton cessa de s’agiter, et repris soudain son air sérieux. Il félicita son cousin et, rapidement, le lança sur un autre sujet. Il lui déplaisait souverainement d’achever à haute voix la pensée qui lui était venue.

Celle qui insinuait que, puisque Vlad Von Carstein n’avait été vaincu qu’en 2050 à Altdorf, si la pierre marquée de la Grande Salle était authentique, alors Terre-Noire datait d’avant les guerres vampiriques… Donc qu’Iméris-Konrad n’avait peut-être pas été anobli pour service rendu au Grand Prince du Reikland dans le cadre de ses héroïques faits d'armes d’infirmier.

Anton n’était pas sûr de beaucoup aimer les questions que cela soulevait.


***
Alentours de Mordheim, Hivers 2010
Josef

« Eh, l’Etrangleur, ramène-toi un peu par ici ! Ya ce gros fumier qui s’imagine qu’il va nous faire raquer pour dormir dans ses sacs à vomi !»

Josef Eseiberg, dit l’Etrangleur, ramena une de ses deux immenses mains depuis le poil de sa monture pour aller frotter lentement l’extrémité de son crâne chauve, selon une mimique que ses camarades avaient appris à connaître. Avec regret, il délaissa son cheval, à moitié bichonné, s’empara d’une main de son paquetage et s’engagea d’un pas lourd dans le boyau qui s’ouvrait dans le mur de l’écurie pour déboucher dans la grande salle blafarde de l’auberge.

Un cercle s’était formé autour du tenancier, un cercle de tristes mines et de regards sauvages, desquels Romain « La Taupe », celui qui avait interpellé Josef depuis la porte de l’écurie.
Le grand homme grisâtre qui possédait les lieux ne semblait pas très à l’aise. Au regard en coin qu’il jeta à Josef, on comprit bien vite qu’il avait sans doute méjugé du nombre de la bande. L’arrivée de l’immense carcasse, surmontée de l’air triste et violent qu’adoptait toujours l’Etrangleur en de telles situations, ajoutait à l’équation de l’aubergiste un nouveau terme somme toute assez négatif.

La salle n’était guère peuplée. Un ou deux groupes de silhouettes, dont quelques-unes s’étaient déjà éclipsées hors de la salle, s’attablaient seuls aux dizaines de tablées disponibles. Les quelques luminaires et le foyer assourdi n’éclairaient que par spasme les murs rongés par l’humidité, le sol boueux, le mobilier terne. L’Etrangleur avisa un troisième groupe, probablement des gros bras, qui s’approchaient tranquillement du lieu de l’agitation. Malgré leur air déterminé et les armes qui pendaient à leur côté, Josef ne les imaginait guère réjouis par la situation.

« Comprenez-nous, Mein Herr. Votre standing n’est simplement pas à la hauteur du prix que vous exigez. Gardons-nous, face à la détresse des voyageurs, d’offenser les lois de l’hospitalité que nous dicta Sigmar…»

Fred, « Le Diplomate ». De son vrai nom Frederik Von Der Wyvern, un noble tout ce qui se faisait de plus juste en matière de civisme et de raffinement. Il impressionnait beaucoup Josef, par sa voix et ses manières. Il avait un véritable talent pour causer. C’était lui qui faisait l’intermédiaire avec tous les éléments étrangers au groupe. Il possédait une tournure de phrase, un geste, un sens de l’expression tous tellement aristocratiques que bien souvent l’interlocuteur devait refaire une ou deux fois le point sur le personnage pour pouvoir bien le cerner. Il faut dire qu’outre ses balafres et sa moustache soignée, il possédait à sa ceinture les coutelas les plus vicelards que Josef ait vus en vingt-cinq ans de carrière. Un élément diplomatique important. Morr seul savait combien Josef avait vu de coutelas vicelards dans sa carrière.

« Vous comprenez bien, Mein Herr, que ce que vous proposez est impossible. Nous n’avons pas une telle somme sur nous, ce serait d’ailleurs trop dangereux pour de simples voyageurs. D’ordinaire, nous logeons à la belle étoile, mais enfin vous avez vu que l’orage menace et… »

« L’orage menace et on a pas envie de se geler les couilles, alors on radine dans ton trou à rat. Point. Du coup pas question de payer pour pieuter dans son taudis de merde. »


Il ne connaissait pas celui qui venait d’ouvrir sa gueule et contemplait, tout content, la trogne de l’aubergiste. Ca faisait partie des soudards de merde que Loki avait récupéré lors de leur remonté vers la Forêt Noire, du genre qui l’ouvre sans discontinuer et qui se fait trucider direct quand les choses chauffent un peu. Josef fit irruption dans le cercle, pour lui intimer de fermer sa boîte à clapet pendant les causeries de Fred, mais déjà l’arrivée des gros bras de l’aubergiste défaisait le groupe et opposait deux camps. L’Étrangleur avait déjà trop vu de ce genre de situation pour ne pas comprendre ce qui allait se passer.

Il reprit un peu de recul, choisissant sa cible et analysant un peu la situation. A gauche de l’espace dégagé devant le foyer, Fred tentait encore sans grande conviction, de déployer des trésors de courtoisie à un aubergiste qu’un des soudards de Loki tenait toujours par la couenne. Deux gros bras s’approchaient, il le lâcha.

A priori aucune arme de tir dans l’autre bande, juste une demi-douzaine de types patibulaires. De son côté La Taupe s’était mis en retrait et se rapprochait pied par pied de leur barda où se trouvait Bébé, une arbalète vicieuse à point. Quelques chaises au milieu de la zone, un des soudards parmi les plus stupides, avait déjà un long couteau en pogne. Le reste de la clientèle semblait s’être esbigné.

Comme d’habitude Le Diplomate ouvrit le bal avec ses foutus coutelas. Avant même que le type en face ait compris d’où venait la menace, il avait déjà trois pouces de ferraille enfoncé dans la couenne et autant qui lui retaillaient une silhouette sur le flanc. Un vrai démon celui-là. Josef avait beaucoup de respect pour lui. N’aurait pas aimé avoir à s’occuper d’une plaie dans son genre.

Le reste de la troupe avança plus ou moins en ordre dispersé. Un des gorilles fit deux pas pour aider son copain et se retrouva nez-à-nez avec Loki, qui encaissa une estafilade pour lui expédier un coup de boule comme il en avait le secret. Deux autres gros bras allèrent se coltiner les soudards du nordique, chacun arborant ses plus beaux rictus et des lames aux tailles et aux lignes variables. Déjà un des mecs ramassait ses entrailles au sol, même si dans l’obscurité il était difficile de dire à quel camp il appartenait.

Josef n’aimait pas trop ce genre de situation. Trop restreint, trop hâtif, trop dangereux. Même le meilleur combattant du monde pouvait crever comme le dernier des blancs-becs dans un accrochage comme ça, en intérieur. Il attendit, dansant d’un pied sur l’autre, qu’un adversaire passe à sa portée.

Curieusement, la chose n’arriva pas aussi vite qu’escomptée. Un groupe de fond de la salle, probablement des habitués, décida brusquement de se mêler de la conversation générale au profit du patron, et les mouvements des différents protagonistes éloignèrent un instant Josef du lieu de l’affrontement. Il se rapprocha avec un juron, envoyant valdinguer les chaises, pour découvrir dans la pénombre que le soudard qui ouvrait tant sa gueule tout à l’heure rampait à présent au sol devant un colosse de six pieds de haut, qui agitait une sorte de casse-tête avec un sourire mauvais.

Un claquement. La Taupe venait de perforer le type bien proprement, manquant au passage de faire un joli trou dans l’habit et la peau de l’Étrangleur. Le tir était habile, compte tenu des conditions de visibilité, mais c’était quelque chose dont il faudrait qu'ils discutent ensemble posément, une fois la situation sous contrôle. Le grand guerrier n'était pas très fan de l'encadrement au viroton, même tirés depuis son camps.

Le soudard au sol eut un râle de douleur, et Josef se pencha vers lui pour checker son état. Genoux explosé. D’expérience, trois semaines sans bouger, et encore. Un coup d’œil alentours ; les silhouettes des guerriers continuaient leur danse mystérieuse sans se préoccuper du reste du monde. Josef attendit qu'une ombre s'éloigne, se pencha davantage comme pour aider le blessé, et lui tordit le cou très souplement, dans le même geste, avant même que l’autre n’ait compris ce qu’il lui arrivait. Josef le laissa retomber au sol, inerte, et se déplaça vers sa prochaine cible.

C’était un vrai bordel. A vue de nez, même s’ils n’étaient pas dans leur élément, les alliés de Josef avaient le dessus. Le diplomate venait de massacrer un nouveau bougre. Loki n’était pas loin, à en juger par les cris alentours. L’Etrangleur envoya une table sur deux silhouettes qui bataillaient au couteau, et alla écraser le crâne de celui des deux qui, au sol, ressemblait le plus à un adversaire. De façon générale, il n’était pas inquiété ; les protagonistes évitaient la grande silhouette, espérant sans doute qu’elle ne s’occuperait pas d’eux.

Josef se demanda un instant pourquoi les gros bras se battaient. Ils étaient peut-être intéressés au chiffre de l’établissement. Ou bien c’était une bande qui avait placé le groupe de taudis du secteur sous sa «protection», et qui exerçait un racket sur toutes les transactions de la zone. Dans tous les cas, c’était idiot de s’être attaqué à eux. Leur bande était prête à perdre tous les seconds couteaux qu’il faudrait pour économiser trois couronnes. Et ça n’était certainement pas des types comme ces gorilles qui allaient inquiéter les gros poissons, comme Le Diplomate ou Loki.

Nouveau claquement, suivi d’un beuglement de douleur. Par les couilles de Myrmydia, La Taupe n’avait pas intérêt à arroser les petits gars de l’équipe, sinon il aurait des problèmes avec les patrons. Ou avec lui, Josef. Il n’aimait pas beaucoup La Taupe. Un style un peu trop causant à son goût. Avec un grognement, il repartit en quête d’une victime. Un gros bras à l’air idiot lui faisait face, un fendoir à bûche à la pogne. La cible rêvée. Sauf qu’il lui manquait l’autre bras, découpé avec une précision toute chirurgicale et qui pendait à présent sur le côté, rattaché au corps par deux bouts de chair inutile. L’air benêt du gars s’expliquait. Un coup venu du dos le mis sur les genoux, avant qu’il ne s’effondre définitivement.

L’Étrangleur passa sa main disponible sur le sommet de son front, et articula de sa voix toute douce quelques mots qui disparurent dans le brouhaha, avec un air contrit à destination de la silhouette qui lui faisait maintenant face.

« Bonjour Toubib. J’avais pas vu que vous étiez déjà revenu. J’aurais su, on aurait nettoyé tout ça un peu plus vite. »

Imeris-Konrad Adeldoch s’assura du cadavre d’un coup de pied, puis esquissa un sourire et hocha la tête. Ça n’avait pas vraiment d’importance : ce n’était plus guère qu’une question de minutes à présent.

Ils se remirent au travail.


***
Grande Bibliothèque d'Altdorf, printemps 2520
Anton

Le baron s’engagea dans la salle suivante des archives à la suite du vieil érudit. Les vieilles salles poussiéreuses semblaient s’étendre sans fin dans les sous-sols de la bibliothèque impériale. Rangée après rangée, des monceaux de parchemins et d’in-folio poussiéreux s’accumulaient dans les casiers des bibliothèques, çà et là attaqués par les rats et les souris, la moisissure ou la simple humidité. Des torches, implantées à intervalle régulier et scellées au mur à hauteur raisonnable pour limiter les incidents, donnaient à ce domaine fantomatique et oublié une allure de mausolée.

« L’ouvrage que vous recherchez, s’il existe toujours, devrait se trouver par ici. Nous avons beaucoup de chance d’abriter un tel trésor, les années des Trois Empereurs ont été réellement bénéfiques pour la Grande Bibliothèque. Songez un peu qu’à présent la majorité des archives se trouvent à Nuln ! Inconcevable. L’Empereur est très mal conseillé sur de telles questions. Au moins, toutes les traces de cette époque sont ici, où nous en prenons grand soin. »

Un rat fila avec un couinement devant les pas des deux hommes. Le baron ne disait plus grand-chose. Il s’était décidé pour cette expédition après diverses recherches infructueuses par des universitaires de sa connaissance à Nuln, puis à Pfeifdorf. Même le temple de Véréna ne conservait pas de copie des délibérations du Conseil des Nobles de la période. Le baron avait peu d’espoir, mais la détermination avait payé : les archives de la première moitié du XXIe siècle avaient le bon goût de n’avoir jamais été détruites par la guerre, les rats ou la moisissure, du moins pas à la connaissance des vieux croutons de la Grande Bibliothèque. Restait à trouver ce qu’il cherchait, et cela pouvait prendre un bon moment, à condition que la pièce désirée soit même encore lisible.

« Voilà, c’est ici. Je dois dire que c’est pour nous un plaisir de voir la noblesse se soucier de notre travail et des archives véritables de notre Empire. Nos racines sont ici après tout, et je pense qu’il est dommage que… »

« Ça ira. Merci de votre aide, je trouverai le chemin. »


Sans plus se préoccuper de l’archiviste aux lèvres soudain pincées, le baron fit face à la montagne de documents, et soupira. Il allait certainement y passer quelques nuits.

Maudit soit sa curiosité. Et son aïeul.

Il commença à lire.


***
Alentours de Mordheim, Hivers 2010
Kurt

Trois jambons, un sac de choux.
Quatorze bouteilles de vin.
Deux sacs de farine.
Deux tonneaux d’hydromel, scindés en seize tonnelets.
Un coffre de gros sel.
Cinq grosses miches.
Un


« Kurt ? »

L’homme aux longs cheveux gras reposa sa plume grossière avec un regard las. L’inventaire n’était jamais une affaire facile. La bande de crasseux que Konrad avait choisie pour écumer l’Averland et le Stirland n’était pas composée que d’éléments d’élites. Des notions élémentaires comme le rationnement, ou encore l’anticipation, manquaient clairement dans la grille d’analyse de certains d’entre eux. Si on pouvait vraiment parler de grille d’analyse.

« Quoi ? Ça ne se voit pas que je bosse ? »

« Toubib voudrait que tu passes le voir après l’inventaire. »


Kurt fusilla le coupe-jarret d’un regard noir, sans daigner répondre, et se replongea dans ses chiffres. Une bande de demeurés sans cervelle. Tous complétement ingérables, sans bon sens ni discipline. Le fouet ne serait pas de trop pour arriver à faire rentrer dans leurs crânes épais bousillés par l’alcool et la consanguinité deux grammes de bon sens. Il ne comprenait pas pourquoi on s’embarrassait encore de ces traîne-misère.

Enfin si, la théorie, il la comprenait. Konrad n’était pas tout à fait le dernier des idiots, il savait très bien ce qu’il faisait. « On ratisse large, ils ramènent le blé; ils se font tuer pour nous, on encaisse l’oseille. Simple non ? » Simple, drôlement simple. Il n’arrivait jamais à paraître aussi distingué que lorsqu’il parlait de grisbi, Konrad. Mais n’empêche. Pas moyen de se faire à la méthode. Sans compter tous les emmerdements de l’intendance.

C'est bien simple, il n'arrivait même plus à savoir le nombre de connards embauchés par Loki depuis le printemps. Il avait complètement cessé de tenir les registres du petit personnel. De toute façon, en un mois, la moitié était crevée, et il fallait tout recommencer.

Tiens, rien qu'au début, combien ils étaient à Pfeifdorf par exemple ? Quatre-vingt ? Cent ? Même lui, qui était censé connaître les chiffres, il ne s’y retrouvait plus. Au moins cinq bandes de quinze, plus la principale, ça devait bien compter dans la centaine, facilement. Une grosse centaine à quitter le Sud. Et encore, eux, c’était l’élite. De l’ex-milices Sudenlandaises, démilitarisée après la fin du soutien à l’autre pouffiasse de Marienburg là, euh, Maritta, Magritta. Bref, du briscard, le genre vétéran en campagne, pas le genre à casser les bonbons avec les rations de bouffe ou la nuit passée à attendre le gogo au détour d'un chemin. Mais après… pfffff… entre ceux qui s’étaient tirés, les mecs qui s’étaient fait chopper par la régulière ou les prévôts, les trous-du-culs recrutés en Averland, à l’arrache avec la thune des pillages… Combien ils étaient maintenant ? Cent, deux cent ? Même pas moyen de connaître le retour sur investissement.

Enfin si, théoriquement… théoriquement, ça marchait plus ou moins selon les plans de Konrad. Les mecs étaient suffisamment cons pour se pointer après leurs raids au point de rendez-vous. Ils versaient leur blé, et ils repartaient. Certaines bandes étaient même assez malines pour effectuer deux versements. Ça payait largement les quelques piécettes investies en alcool et en équipement de base. Avec une jolie épée et une pinte de bière frelatée, Loki pouvait convaincre n’importe quel gogo de partir jouer les pirates pour les beaux yeux de l’indépendance et de son propre portefeuille, à l'autre bout du monde. Et à peu près une fois sur six, ce tout nouvel « indep » -comme on les appelait dans le jargon- revenait avec de l’argent. Ça payait d’autres gogos, un peu d’équipement pour la bande principale. De la bouffe aussi.

Mais ça finançait clairement pas l’indépendance.

« Tu devrais pas le faire attendre, tu sais »

Pas plus de réponse de Kurt. C’était inutile, mais usant tout de même, ce genre de remarque. Celui-là, averlander ou pas, il était gratiné. Il fallait souhaiter que Josef lui tombe rapidement dessus un soir de mauvaise humeur et que l’autre lui fasse une petite blagounette sur ses parents. Histoire de rire un peu et de se trimballer un inutile de moins. Typiquement le genre d’imbécile que Kurt pouvait pas blairer en plus : le style avec une gueule énorme qui l’ouvre que pour bâfrer et pour dire de la merde. Le classique en ce moment. Les postulants pour le job n’étaient pas exactement la crème de la crème depuis quelques temps et les indépendantistes faisaient une consommation importante de recrues. Notamment parce qu’elles ne duraient pas vraiment.

Cet inventaire était désespérant en tout cas. Quelle région pourrie. Tu pilles une auberge grosse comme un château et tu te retrouves à retourner les poches des cadavres pour gratter dans la boue les piécettes que les autres baltringues ont pas déjà chipées. Dire que vingt ans plus tôt, y avait à quelques milles la deuxième ville de l’Empire… jolie leçon d’humilité. 4

« Dis Kurt… »


Dans un très joli mouvement rotatif, le torse de Kurt se retrouva soudain face à celui de son interlocuteur, tandis que son poing allait lui enfoncer le nez avec un craquement sonore. Le type se retrouva allongé de tout son long dans la boue et le sang, la figure rouge. Il y eut un léger brassement alentours, dans les visages anxieux, rieurs ou crispés qui avaient suivi la scène, mais rien ne se formalisa. Personne n'était assez stupide pour l'ouvrir dans une situation comme celle-là. Toubib avait déjà « opéré » un indep’ qui avait eu l’idée saugrenue de tenir tête à Kurt. La nouvelle avait tournée dans toutes les bandes. La tête aussi.

Il remballa son matériel d’écriture sans plus d’attention pour le camarade couché au sol. Un ou deux membres de la bande l’aidaient à se relever lentement. Kurt se leva, désignant d’un geste les paquets à répartir au sein de la troupe, puis s’engagea dans les couloirs de l’auberge.

Il n’avait pas besoin qu’on le guide pour deviner où Konrad avait pris ses quartiers. C’était la chambre au bout du couloir, celle qu’on pouvait défendre facilement contre l’ennemi de l’extérieur, mais surtout venu de l’intérieur. Et qui donnait sur le grand large pour prendre si besoin la poudre d’escampette. Kurt connaissait son Konrad jusqu’au bout des doigts. Mais il aurait toujours pu identifier la porte au moustachu voûté qui se tenait devant. Un bonhomme immense, très maigre, la main toujours à la longue hache tête posée au sol et parsemée d'encoches.

Ce type était un mystère. Malgré l’immense intimité dans laquelle Konrad tenait Kurt, celui-ci n’était jamais parvenu à savoir ce que celui-là avait fait à Helmut pour qu’il lui soit fidèle au point de se comporter jour et nuit en chien de garde devant sa porte. Kurt était un fidèle parmi les fidèles ; dévoué corps et âme à Konrad ; mais pas au point de fanatisme où en était arrivé Helmut. Lui, c’était autre chose. Il le salua, avec autant de respect que de dérision pour l'air impassible de la grande asperge, puis entra.

Dans la chambre aménagée spartiatement, une arbalète chargée sur la table de nuit et un gros coffre de voyage au pied du lit, Konrad regardait d’un air fasciné un petit coffret de cuivre incrusté, dans lequel miroitait des reflets verdâtres. Il s’approcha.

« Ah, ma belle, vient voir un peu ce que les premiers indep que j’ai envoyé dans cette pute de ville m’ont ramené. »

Kurt s’approcha, circonspect. Il n’était pas rare de voir Konrad sourire, et ce n’était pas nécessairement d’ailleurs un très bon signe. Mais il était rare qu’il aborde un air aussi satisfait.

Dans le coffret, une pierre étrange scintillait. Ses sens lui disaient qu’elle était noire, et pourtant elle brillait d’une lueur verte, malsaine, dont elle baignait le coffret et ses alentours. Un frisson le parcouru. Les yeux de Konrad étaient fixés sur lui, et ses mains, crispés sur le coffret, semblaient prises de petits spasmes d’excitation. Lui considérait la pierre avec un intérêt mêlé de répulsion. Un vieux réflexe sigmarite lui fit esquisser un geste rituel qui le soulagea un instant.

« C’est un putain de caillou magique Konrad, c’est ça ? Ce dont on a entendu parler ? Eh ben ça ne me plaît pas. Je ne vois pas ce qu’on va en foutre. Ça m’a tout l’air d’apporter la poisse, ou du moins le genre de saloperies magiques dont tout honnête citoyen ferait bien de ne pas s’occuper. »

Le chef de la bande des indépendantistes eut un petit rire faux.

« Ne t’inquiète pas Kurt, ça n’est pas pour nous. Ça veut juste dire que les rumeurs étaient vraies et qu'on a bien fait de pousser jusque dans le coin. On va en récupérer ce qu’il faut pour se financer une vraie expédition, et envoyer tout ce qu’on trouve à notre grand ami le grand prince Siegfried, à Altdorf. Il paye chaque gramme rubis sur l’ongle. Et s’il s’empoisonne avec, tant mieux pour nous. »

Kurt leva un sourcil interrogateur, mais ne répondit rien. Il avait appris à ne pas mettre en doute les plans de son ami et seigneur de guerre. Simplement, les choses ne se révélaient parfois pas aussi faciles qu’escomptées.

« J’ai fait passer le mot aux bandes avec lesquelles nous sommes encore en contact. Nous devrions avoir assez de monde pour explorer tout un coin de la ville, et rafler les ressources que personne n’a encore eu le cran ou les moyens de récupérer. Ce hameau miteux fera un excellent QG, on est assez loin de Mordheim pour ne pas se le faire disputer et assez prêt pour que personne ne vienne se soucier des habitants. »

Il dressait des plans, assis sur son matelas comme s’il s’agissait déjà d’un monceau d’or. Kurt se surprit à sourire.

« Ahahah tu souris vieux brigand. Je sais que tu vois ce que je vois. Un tapis d’or. Avec cette pierre Kurt, je bâtirai mon royaume. Avec cette pierre, je bâtirai Terre-Noire. »


***
Grande Bibliothèque d'Altdorf, printemps 2520
Anton

Le baron jura. Au milieu de la poussière et des parchemins ruinés par ses efforts pour en tirer quelque chose de compréhensible, il venait de trouver, enfin, ce qu’il avait mis tant d’années à chercher. Un bout de parchemin mangé des mites, mais où l’encre pluri centenaire marquait encore assez pour être lisible aux yeux fatigués d’Anton.
… Grand Prince Siegfried et Empereör Légitime de l’Empyre, … Iméris-Konrad Adeldoch est faict … Baron de Terre-Noire
...et luy accordons jouyssance ad vitam eternam desdites terres … et celui de ses héritiers au service de notre Grand Empyre.
Cela … de très-grands et très-importants services par lui rendus.
… des Nobles … Sigmarzeit 2009

Suivait la contre-nomination du Conseil des Nobles, entérinant l’accession des Adeldoch au rang de la noblesse du Sudenland. Tous ces documents, datés de 2009. Et contresignés par le « Grand Prince Siegfried », ce qui excluait toute erreur de datation.

Anton von Adeldoch se senti bien seul. Un pan de son histoire personnelle s’écroulait avec le mythe fondateur d’Iméris-Konrad. Mais peut-être pouvait-on trouver d’autres informations sur son sujet, ailleurs, chez d’autres sources ? La question méritait d’être posée : qu’avait bien pu faire le Toubib au Grand Prince pour accéder à la noblesse impériale et obtenir les prêts suffisants pour lancer la construction d’une Forteresse démentielle sur 500 ans ? Anton s'imaginait mal repartir sans réponse à une telle question, à l'heure où lui-même tentait l'impossible pour se tailler une place parmi les grands de l'Empire.

Mais surtout, ce que voulait découvrir le baron, c’était pourquoi on avait jugé bon de truquer la légende familiale, pour la rendre si rutilante. Et il craignait fort de découvrir que la réalité n'avait pas été aussi simple que les jolies histoires racontées à son cousin...

Il était temps d'en découvrir davantage sur la vie de cet illustre ancêtre.
.
Modifié en dernier par Anton le 19 avr. 2020, 03:10, modifié 3 fois.
Anton von Adeldoch, Noble du Sudenland, lien vers l'aventure en cours: http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 380#p97380
Profil de combat :
FOR 9/ END 11/ HAB 7/ CHAR 11/ INT 11/ INI 9/ ATT 11/ PAR 8/ TIR/ 9/ PV 75/75, bonus de l'équipement inclus avec -2 Par/Hab à l'adversaire, -1 armure de l'adversaire et parade 10, protection tête/bras/torse de 9.

Détails permettant d'arriver à ce profil:
Profil: FOR 8/ END 10/ HAB 8/ CHAR 11/ INT 11/ INI 9/ ATT 10/ PAR 9/ TIR/ 9/ PV 75/75
Compétences: Monte, Arme de prédilection (rapière +1 Att)
armes: Arc court (dégâts:26+1d8, malus -2/16m) ; "fleuret estalien" (rapière, dégâts:14(+8)+1d8, parade 10, rapide (-2Par/Hab de l'adversaire pour parer/esquiver), perforant (1) (ignore 1 point d'armure adverse))
Protections: mailles. Torse, dos et bras, protection de 9, encombrement de -1 HAB, ATT et PAR
Talisman de Gork : +1 For Att et END
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Re: [Concours/Iméris-Konrad] A la recherche de l'indépendanc

Message par [MJ] XVI »

Le texte est très long pour le format que je comptais donner à cet exercice. Très, mais pas trop, chacun étant libre d’écrire la quantité qu'il souhaite. Je rappels quand même que la quantité n'est pas toujours synonyme de qualité, les participants qui désirent écrire moins, voir vraiment moins ne serons pas pénaliser.

Cette précision faite voila mon avis sur le fond: Pour moi il y a tous ce qui faut. Un ordre d'idée de l'effectif, quelques individualités, un objectif, une contextualisation, etc...J'aime beaucoup.

Le texte étant le premier posté, il servira d'étalon: l’expédition pléthorique d'Adeldoch se voit pourvu d'un potentiel de 3D6

Puisse le futur premier seigneur de Terre-noire, trouver un destin enviable dans les ruines de la ville maudite.

-- 06 Nov 2015, 21:53 --
Image
[align=]Les théologiens s'affrontent souvent pour savoir à quel calendrier se réfèrent les prophéties, il est donc difficile de savoir si celle de Niklaus le fou était précise, mais en cet hiver de l'année 2010, la terre trembla à Mordheim. Les secousses sismiques n'étaient pas rares dans la cité des damnés, mais cette nuit-là, la puissance ressentie était exceptionnelle, un impressionnant nuage de cendre se mêla à l'atmosphère déjà chargé de la ville, se propageant sur les faubourgs et les hameaux des alentours. Cette poussière, éclairait par les incendies surnaturels de l'agglomération, prit une teinte ardente et dans son épaisseur des silhouettes tournoyantes se détachèrent. Un son de trompe succéda aux grondements et toutes les abominations des rues hululèrent en réponse. Dans le ciel, le ballet des apparitions s'harmonisa avec la musique et pris un rythme effréné. Avec une joie malsaine d'autres créatures se joignirent aux farandoles et autres cercles, pour que finalement dans une grande répétition de la nuit du jugement dansent ensemble morts, démons, bêtes et hommes. Au paroxysme de cette virevolte impie, le sol trembla de nouveau, brouillant puis dissipant l'image. Seules les trompes résonnaient encore. Un splendide hôtel particulier apparu dans le brouillard incandescent, à l'intérieur une cour décomposée de fêtard bariolés entouré un monarque, le front pourrissant ceint d'une couronne miroitante. Un puissant craquement se fit entendre et de très nombreuses pierres ou structures de la cité s'élevèrent lentement dans les airs, voletèrent au grès de vents imaginaires, avant de brutalement s'effondrer et se ré-enchâsser au sol.

En une nuit les quelques cartes tracées par les explorateurs devinrent obsolètes, déformant les distances et les perspectives la rue des marchands s'intercala entre les docks et les quartiers nobles, elle réapparue aussi inexplicablement qu'elle avait disparu, encore toute décoré pour la fête fatale, mais l'impact de la comète n'avait pas épargné ses très nombreux occupants. Changés, Vides, enragés et obéissants à l'homme qui les avaient sacrifiés pour échapper à la colère des dieux, les anciens débauchés sortirent de leurs stases pour bousculer le rapport de force dans les rues. A leur tête, l'enveloppe qui avait contenu l'âme du comte d'Ostermark procédant les symboles du vieux pouvoir revendiqua son ancien titre.

Les très nombreux aventuriers qui peuplaient les faubourgs, tentèrent leurs chances dès le surlendemain, une fois la poussière retombées. Les cartes avaient été rebattues, la fortune souriraient à qui serait assez fort ou rusé pour l'arracher à des mains chancelante.


Tour un (Jusqu’au 21 Novembre) : première exploration dans la ville après la réapparition de la prospère rue des marchands
[/align]

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Anton
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Re: [Concours/Iméris-Konrad] A la recherche de l'indépendanc

Message par Anton »

***
Nuln, 2515
Anton
Au très noble Seigneur de Terre-Noire,

Cher comte et ami,

Vous ne pouvez imaginer le plaisir que me causa votre requête. Je n'ai pas réussi, malgré l'expérience dont je me targue après ces longues et longues années sur notre planète, à me cuirasser tout à fait contre les trop nombreux compliments de votre missive.[...]

Il m'a bien fallu baisser les armes et l'avouer, une pointe de cramoisi aux pommettes: vos flatteries ont si bien fait mouche que je me suis mis à l'instant en campagne, enthousiasmé par l'idée de me hisser à la hauteur de vos divagations laudatives. Vous êtes indiscutablement un divin meneur d'homme [...].

Je vous passe les détails de la quête insensée dans laquelle je me suis lancé à votre service. Ma mémoire n'est plus ce qu'elle était, et j'ai du faire appel à bien des amis, et aussi, par amour pour vous, à bien des ennemis pour arriver à mes fins. [...]

Je joins donc au courrier ce précieux vitrail, dans un coffre d'ébène dont le porteur répond sur sa vie. J'ignore comment Monseigneur mit jamais la main dessus, lui qui ne comprend l'art que lorsqu'on le pointe du doigt [...]. Vous remarquerez comme moi qu'Iméris-Konrad, si l'on admet qu'il s'agit bien de lui, porte, outre la fameuse clef de Terre-Noire comme dans les autres représentations que nous lui connaissons, une couronne d'or sur son chef. [...]

Je ne sais si vous prêterez attention aux élucubrations d'un vieux fou, mais enfin, puisque vous m'avez demandé de "tout dire", j'ajouterai que cette couronne est des plus curieuse, puisqu'elle ne correspond pas du tout aux représentations habituelles que l'on fait de la couronne du Comte Eldred. Or on ne peut raisonnablement penser, au vu de la finesse du travail sur ce vitrail, qu'il s'agisse d'une faute grossière de l'artiste. Q'est-ce donc que cette couronne, pourquoi est-elle là ? Est-elle le symbole de sa victoire ? D'autre chose ? [...]. Mais enfin, cette couronne intrigue. Elle semble si belle, nimbée d'or... presque magique n'est-ce pas ?

Vous trouverez les manuscrits forts bien conservés pour l'époque, c'est-à-dire illisibles. J'ose croire que vous tiendrez un vieil ami un peu curieux au courant des avancées de votre enquête [...].

Meilleurs sentiments, et que les Dieux vous gardent mon cher Comte, et notre divin Sudenland avec.

Tendrement,

Altaric von Neigern

Anton referma la lettre et jeta un regard intrigué au lourd coffre renforcé de cantinières. Les lueurs des bougies jouaient des reflets d'acier, captivant l’œil las du baron.

Qu'est-ce que c'était encore que cette histoire de couronne ?

***
Mordheim, aux abords du quartier marchand
Hank

Au milieu de la grisaille, devant le feu de camp qui nimbait la poussière en suspension d'un hale rouille, Hank jouait les taiseux. Il n'était pas vraiment à son aise, ici, à Mordheim.

Ça n'était pas tant les bestioles qui l'emmerdaient.

Depuis tout petit, Hank cognait les animaux. Écharpait les chats au couteau, pour s'occuper. Éclatait les crapauds au maillet, pour le bruit. A sept ans, il avait décapité la chienne du voisin avec la hache de bucheron de son papa. Il avait un système du tonnerre pour asphyxier les carpes, avec un beau canal creusé pour l'occasion, qu'il vidait petit à petit juste pour le plaisir de les voir frétiller à l'air libre. A quatorze ans, il était parti du village après un raid dans les fermes alentours, la mule bardée de bestioles diverses. Il en avait bouffé la plupart le long de la route qui l'avait menée à Talabheim, mais il lui restait deux coqs. Il passa les six années suivantes à organiser des combats dans les bas-fonds des pires quartiers de la ville, autant pour le plaisir du sport que pour l'argent qu'il s'y faisait.

Non, ce n'était pas vraiment un problème de trucs à poils ou à quatre pattes. Ça, il maîtrisait bien. Même dans cette ville où les bestiaux avaient un peu tendance à virer à la tentacule et aux mâchoires disproportionnées, un rat, il a beau causer, il reste un rat. Un loup reste un loup. Une putain de chauve-souris buveuse de sang, ben... c'est toujours une chauve souris quoi. Juste un peu plus duraille.

Le grand problème de Hank à Mordheim, c'était plutôt les gens. Le style bipède, vaguement causant. Pour tout dire franchement, les gens avaient toujours mis Hank mal à l'aise. Mais ici...

Il avait fallu se rendre à l'évidence. Impossible de croiser un seul type dans cette ville qui n'ai pas envie de buter et/ou de faire les poches de son voisin. Ça c'était la première leçon, la leçon fondamentale de Mordheim. Tout le monde est pourri jusqu'à l'os.

Parce qu'il ne connaissait pas encore cette leçon, toute l'équipe d'Hank avait failli y passer dès le deuxième jour. Direct, comme ça. Parce que leur foutu guide payé à prix d'or dans les quartiers extérieurs était en fait un putain de sectateur d'un quelconque dieu maniaque. Grâce à un coup de bol monstrueux, ils s'en étaient tiré sans mal: le même jour ils étaient aussi tombés sur Toubib, avec son équipe, en reconnaissance dans les quartiers extérieurs. Une sacrée veine pour le coup.

En fait, ce qu'il fallait lui reconnaître au boss, c'était la touche pédagogique. Il leur avait appris les précautions d'usage. La leçon. Les méthodes. "Jamais tu fais confiance. Tu commence toujours par foutre ton guide à poil. Et tu vérifies ses malformations et ses tatouages." Pas con hein ? Mais il fallait de la matière grise ou pas mal de cadavres pour arriver à des réflexes comme ça. "Ensuite tu lui poses des questions" avait-il reprit. "Puis tu lui arraches une main. Ensuite tu lui re-poses des questions."

Du toubib tout craché ça. C'était un peu sa méthode, la main. Il l'avait déjà appliquée à l'époque de la contre-insurrection, à Pfeildorf. On tique un peu au début, mais on s'habitue vite au raisonnement. Imparable. "Et après ? Ben, si le gars donne encore les mêmes réponses à tes questions, tu sais qu'il était réglo. Simple non ?". Simple, oui. Un peu violent, mais simple. De fait, l'expérience avait donné raison au Toubib. Hank n'avait aucune idée de ce que réglo voulait dire à Mordheim, mais dans la foulée des confessions du fanatique, il s'était pas contenté de lui arracher que la main. Sans Toubib, ils y seraient tous passés.

Le truc, c''était que tous les gens de Mordheim semblaient cinglés jusqu'au bout des tentacules. Et ce genre de problème structurel, Hank n'allait certainement pas pouvoir le régler en arrachant une par une toutes les mains qui passaient à sa portée. Même si ça aidait de trier les manchots réglos des manchots ordures.

Mais l'autre problème, bien sûr, c'était sa propre équipe.

Lorsque Loki avait recruté Hank, il l'avait baratiné sévère. Hank se souvenait d'avoir été méchamment saoul, et d'avoir cru un peu tout ce qu'on lui promettait. Il s'y était fait. Trucider les bourgeois au grand air, ça n'était pas non plus un sport désagréable; une fois la surprise passée de savoir qu'on avait signé pour une cause totalement inconnue, on pouvait organiser des combats de chiens, ou de vipères, avec les copains, pendant les camps. On se baladait, on écoutait des chansons sur l'indépendance, la liberté, tout ça. Hank s’accommodait plutôt bien de son sort.

Les vrais ennuis étaient plutôt arrivés au moment où la régulière leur était tombée dessus, pendant qu'ils attendaient patiemment un Marienburger qui ne s'était jamais pointé. Deux escadrons de cavaliers, plus la piétaille en accompagnement, c'était pas joli joli. Le chef et la plupart des indep' y étaient passés. Hank avait eu du pot, enfin il le croyait. Lorsqu'il avait appris qu'il était nommé chef à son tour, il avait un peu balisé. Quand il avait reçu l'ordre de bouger pour venir à Mordheim et renflouer son équipe, il avait bien tiqué. Mais quand il avait vu l'équipe que lui avait préparé Loki...

Le grand problème de Hank à Mordheim, c'était plutôt les gens.

***
Alentours de Mordheim, Quartier Général des indépendantistes
Rudolf

Le jeune homme se lissa nerveusement la moustache, en se dandinant sur la chaise de paille trop courte pour ses longues jambes squelettiques. Face à lui, dos à la porte, Helmut le regardait avec insistance, sans dévier le regard. Il l'observait comme ça depuis environs une dizaine de minutes, et elles comptaient sans doute parmi les minutes les plus longues de la vie du jeune indépendantiste. L'air décharné, les immenses moustaches de croc tombantes et la hache double du garde du corps personnel de Toubib inspiraient d'ordinaire un peu plus que le respect. Depuis qu'il se trouvait sur cette chaise, Rudolf sentait peu à peu ce respect se transformer en frousse totale.

Des bruits de voix indistincts perçant à travers la porte lui annoncèrent bientôt la fin de son supplice. Un instant, un autre, craquement du bois et crissement des gonds L'immense guerrier s'effaça de l'ouverture, laissant Kurt passer la tête et faire signe à Rudolf d'entrer. Avec un soupir de soulagement, le jeune homme quitta sa chaise, et s'exécuta.

La chambre de Toubib était étonnamment luxueuse. Des tapis épais et colorés, des tentures brodées, au moins trois coffres et une table immense toute vernie occupaient la majeur partie de l'espace. Rudolf se senti impressionné, malgré lui. C'était la première fois qu'il rencontrait Herr Adeldoch en personne depuis son engagement dans les indépendantistes, six semaines plus tôt. Face à tant de richesses, il senti une fois encore la chance qu'il avait de pouvoir échanger en personne avec un homme au destin et au rang aussi prestigieux.

Toubib était une légende dans le groupe où Rudolf opérait; toutes sortes de rumeurs courraient sur son compte, le genre d'histoires qui se colportent au coin du feu, lorsqu'au hasard des routes et des raids, deux bandes d'indep' viennent à se croiser le temps d'une soirée. A en croire les plus anciens, c'était un héros. A en croire les plus fanatiques, c'était un dieu. Rudolf n'avait pas d'avis tranché sur la question. Et il contemplait sans oser trop laisser paraître sa curiosité Imeris Konrad Adeldoch, chevalier-servant du Solland, qui semblait plongé entièrement dans ses pensées, trois cartes miteuses étalées devant lui.

Finalement, Herr Adeldoch s'ébroua. Comme ramené à la vie, il fixa brutalement son regard sur le jeune homme mal à l'aise, qui le supporta sans rien dire. Kurt, qui s'affairait derrière le duo, poussa un grognement de satisfaction, et vint poser sur la table une quatrième carte. Les yeux de Toubib ne quittaient pas Rudulf.

"Je savais bien que nous en avions une,"annonça Kurt. Comme je te le disais, la rive nord n'a rien à voir avec toute cette histoire. La rue des marchands a totalement disparu. On la voit encore sur cette vieille carte, là, mais rien sur les nouveaux dessins qu'on a pu récupérer depuis la catastrophe. Là, regarde."

Sans prêter attention au doigt de Kurt écrasant un point mystérieux de la carte, Herr Adeldoch secoua la tête.

"Tes cartes peuvent être incomplètes...."

Kurt pris la mouche.

"Sauf ton respect, Konrad, ça ne risque pas sur un sujet comme ça. La rue des marchands était clairement une cible prioritaire pour les premiers pillards. Mais ils n'ont jamais réussi à mettre la main sur l'or qui s'y trouvait. Si elle n'est pas sur nos cartes, pas sur les cartes qu'on a piqué, et que personne en a entendu parler en dix ans, c'est que cette rue a juste disparu, crois-moi. Le quartier tout entier a été éclaté par la comète de toute façon."

Kurt conclut son propos d'un haussement d'épaule, qui sembla plonger Herr Adledoch dans la perplexité. Rudolf, lui, entreprit de se composer un air digne et valeureux, en redressant le torse, dans le cas où le Chevalier-Servant déciderait de s'adresser à lui.

"Mais tu as entendu les rapports comme moi. Tous nos indics sont nerveux. Il y a des regains d'activité anormaux, deux détachements sont arrivés de Nuln hier. Ils ne sont pas venus pour profiter du beau temps, quelque chose les a attiré ici, Kurt. Quelque chose qui les attire tous. Devant le mustisme de Kurt, Herr Adeldoch reprit, acerbe : Et la bande de Geihmer ? Son camp près du Stir a été saccagé par une branlée de pirates fluviaux qui cherchaient des cartes. Des putains de pirates Kurt! Tu peux me dire ce qu'ils veulent foutre avec les cartes de Geihmer ?"

Un silence.

"J"en sais rien. Du tourisme ?"

Regard assassin de part et d'autre. Cela semblait dégénérer ; Rudulf, un peu perdu, retint son souffle sans même s'en rendre compte.

"Te fout pas de ma gueule Kurt, ça prend pas avec moi. Je sais très bien que tu es pas plus tranquille que moi. Sourire moqueur. Sinon tu aurais pas envoyé ce taré de Hank fureter autant au nord."

Exclamation étouffée. A l'air soudain morose de Kurt, Rudulf comprit qu'il ne s'attendait pas à ce que son chef soit au courant de cette information. Il se creusa un peu les méninges pour tenter de comprendre un peu la conversation. Est-ce qu'on parlait du gros Hank là, celui qui se baladait toujours avec une ceinture de plumes de coq en bandoulière ? Rudulf l'avait croisé dans les tous premiers jours de son engagement. Mais à l'époque, il opérait au sein d'une bande assez nombreuse, basée pas loin de Talabheim non? En tout cas, Hank ne lui avait pas fait l'effet d'un type très sain...

"Avoue que toi aussi tu y penses. Septième jour de la septième lune. Et on a jamais autant crevé de faim dans toute la ville."

"Tout ça c'est des conneries Konrad. J'ai envoyé Hank parce que je voulais pas qu'il me zigouille nos trois derniers poulets, et aussi parce que sa bande de débiles mentaux me pesaient sur le système. Tout le reste, c'est des conneries."


A présent Herr Adeldoch prenait un air franchement amusé. Rudolf était complétement perdu, mais faisait de son mieux pour paraître tout à fait au courant de ce qui se disait. Il hochait discrètement la tête à chaque mot, selon ce qu'il imaginait être l'attitude parfaite du subordonné intelligent mais qui sait où est sa place.

"Ben voyons. Et tu as choisi la destination au hasard, bien sûr."

Le jeune homme, croyant saisir un peu d'ironie dans la voix de Herr Adeldoch, risqua un sourire entendu.

"C'est pas la question."

La tête de Rudolf se secoua négativement.

"Non, la question c'est de savoir comment te faire avouer que malgré ton pessimisme sordide tu renifles de l'or dans cette histoire aussi bien que moi."

Hochements de tête frénétiques. Herr Adoldoch contempla un moment l'air buté de Kurt, puis lâcha avec un grand sourire, lui assénant une claque dans le dos:

"Foutue mule!"


Rudolf ne comprit guère que cette insulte dans toute la conversation, mais cela lui sembla suffisant pour se lancer dans un petit ricanement complice. Peut-être un rien trop bruyant.

Les deux autres le regardèrent soudain avec détachement, comme on le ferait d'une pièce de viande froide sur un plateau. Il y avait même dans l'expression de Herr Adeldoch un air un peu perdu, comme s'il ne savait plus vraiment ce que le jeune homme faisait là.

Mais il se reprit rapidement.

"Ah ! Bien sûr ! Mes excuses mon cher... bref regard sur une note posée sur le bureau, mouvement que le jeune homme, tout à son émotion, ne remarqua pas Rudolf. Rudolf, vous êtes un bon soldat. Les gars vous apprécient. Si toutes nos troupes étaient composés de soldats comme vous, l'indépendance serait l'affaire d'une semaine ! Le jeune homme se redressa d'orgueil, tandis que Kurt prenait un air vague, comme s'il n'écoutait plus vraiment ce qui se disait. L'Empire est un pays magnifique Rudolf. Vous ne trouvez pas ? Il mérite qu'on se batte pour lui...

Il serait difficile à Rudolf de se souvenir de la suite. Lorsqu'il allait tenter, plus tard, de revenir à ce sentiment de félicité, à cette douce béatitude, il ne parviendrait jamais tout à fait à se souvenir de ce que Herr Adeldoch lui dit ce soir-là. Quelques mots; comme "honneur", "charge", "devoir", "fierté". Quelques promesses, d'or, d'amour, de gloire. Il ne lui reviendrait qu'une seule chose, cette poignée de main de Herr Adeldoch, ferme, pleine de non-dits et de certitudes. Ça, et le grognement de Kurt au moment où Herr Adeldoch avait posé une question très particulière.

"Et mon cher Rudolf, puisque vous avez une mémoire si extraordinaire... vous pourriez sans doute me redire ce que vous avez raconté à Kurt au sujet de cette fameuse prophétie ? Lors de votre dernière soirée de permission... vous savez bien, cette histoire de couronne ?

Rudolf ne savait pas vraiment ce qui pouvait intéresser Herr Adeldoch dans les divagations d'un vieillard sénile. Mais tout heureux de servir, il s’exécuta.

Deux heures plus tard, alors qu'il racontait avec des étoiles dans les yeux à ses petits camarades son entrevue avec Herr Adeldoch, debout sur une table de l'auberge, Rudolf se blessa assez sérieusement en tombant brutalement au sol. Les premiers chocs sismiques venaient de commencer. Ils allaient durer toute la nuit. Et couvrir la ville tout entière d'un manteau de poussière impénétrable... du moins dans un premier temps.


***
Mordheim, aux abords du quartier marchand
Hank

Hank plongea et replongea son couteau dans le dos du fils de pute couché au sol, qui hurla deux ou trois fois avant de se taire. Les coups saccadés de la longue lame ouvraient de larges déchirures dans ses chaires, attaquant indifféremment corps et tissu. Dans la brume épaisse de poussière, il était malaisé de distinguer les autres silhouettes qui se battaient dans l'immense hall de ce qui avait du être autre fois un vaste hôtel particulier.

Mais lorsqu'il se redressa, Hank poussa une gueulante qui mit peu à peu fin aux derniers affrontements. Seul un couple de duelliste continuait leur danse funeste à trois couteaux, empêchant quiconque de s'approcher par la rapidité de leur ballet. A tâtons, Hank se rapprocha de l’arbalétrier du groupe, lui arracha son arme des mains, et sans même se donner la peine de viser, s'avançant à quelques mètres, flanqua un vireton dans l'abdomen du combattant le plus proche qui s'affaissa dans un bruit sourd en gémissant.

Hank s'approcha et lui éclata la tête avec une lourde pierre déchaussée. Le silence le plus total régnait à présent dans la salle, et tous les combattants regardaient avec un air terrifié, à travers le brouillard, leur chef. Le second duelliste, debout devant le cadavre en bouillie de son ex-adversaire, avait un air hagard et les bras ballants.

"Ecoutez-moi bien bande de saloperies.

Ici, il n'y a qu'un seul chef. C'est celui que Toubib a nommé chef. Si y en a toujours qui pensent, comme le fils de pute que j'ai étendu là-bas, que Toubib s'est trompé en me nommant chef, et qu'en disanr "Hank" il voulait dire "Franz", ou je ne sais pas qui d'autre, il faut me le dire maintenant. J'aime bien discuter avec les gens qui se pensent plus malins que Toubib."


Les figures, en cercle autour de l'imposant chef de l'expédition, restaient muettes, toujours plongées dans l'ombre. Toux et gémissements s'échappaient ça et là des blessés. Hank reprit.

"Lorsque j'ai vu la bande de déchets qu'on m'a assigné, j'ai été à deux doigts de cracher à la gueule de Loki. Et puis je me suis dit qu'il y avait une raison. Lorsqu'on m'a envoyé pousser une reconnaissance à deux coudées d'un quartier qui la nuit change de gueule et où des putains de maisons apparaissent du néant, j'ai failli me tirer. Puis je me suis dit qu'il y avait une raison. Hier, quand Karl, Karl Tempel que tous ici connaissaient, s'est fait baiser par je ne sais pas quel sorcier de merde qui n'avait que ça à foutre de flinguer nos éclaireurs, j'ai rien dit, on l'a laissé là-bas comme on fait toujours, et puis j'ai continué.

Mais je me suis dit: pourquoi moi ? J'ai jamais su être un chef. Je comprends pas ce qu'il faut faire pour que les mecs se battent bien. Je ne sais pas ce que je dois dire pour les motiver quoi. Loki sait. Toubib sait. Moi, tout ce que je sais faire, c'est les animaux. Ça je gère bien."


Quelques agitations, regards inquiets. Ils ne comprenaient pas où il venait en venir. C'était la première fois qu'on entendait Hank parler autant. Cinq minutes plus tôt, il assassinait un type et là ... Avant qu'on puisse croire qu'il se mettait à débloquer, Hank reprit.

"Mais... mais maintenant que je vous ai vu flipper comme des morveux pour trois secousses et un peu de poussière, maintenant que je vus ai vu vous manger des arcades sur la têtes parce que trop cons pour vous mettre en sécurité, maintenant que j'ai vu les pires raclures de l'Averland, des violeurs, des tueurs, des putains de nécrophiles pisser dans leur froc en voyant voler des cailloux, je sais. Je sais pourquoi c'est moi que Toubib a nommé chef de cette expédition. Je sais comment il voulait que je gère les fils de pute comme ce Franz qui pisse le sang, là, derrière moi, et qui veulent faire preuve d'initiative.

Je les gèrerai comme des animaux, parce que c'est ce que vous êtes. Tous.

A partir de maintenant, je vais procéder comme à la bonne époque, à ma manière. Vous êtes des putains de chiens de combat. Donc je vais vous traiter comme des chiens. Vous perdez le combat, je vous butte. Vous perdez un membre? Je vous butte. Vous discutez? Je vous frappe. Vous résistez? Je vous pèle le dos avec mon couteau. Je veux que la haine que vous sentez monter en vous, la haine et la peur, vous la mettiez dans votre volonté de survivre et d'éclater quiconque se pointe en face de vous. Vous êtes des tueurs assoiffés de sang. Et pour ça, je vais vous aimer. Tant que vous gagnerez, vous serez mes chouchous. Et cette bande va devenir la plus efficace de toutes les putains de bandes de cette ville.

Butez-moi les blessés. Allez pisser sur Franz et ses idées originales de "faut se tirer Mordheim" et autres conneries. Et ensuite je vous promet de faire de vous des vainqueurs."


Hank n'attendit pas longtemps. Un blessé tenta de protester, et son voisin l’attrapa et lui trancha la gorge, sauvagement. Cinq autres cadavres allèrent rejoindre le sol, tandis que trois silhouettes s'approchaient de la mare de sang ou baignait le corps de Franz.

Il évalua la taille de son groupe. Douze, peut-être treize. Il avait donc perdu en trois jours et une mutinerie matinale la moitié des hommes que Toubib lui avait confié. L'homme d'affaire qu'était Hank jugea que, au vu des progrès fulgurant que faisaient les survivants, il se retrouvait en dernière analyse avec une meilleure équipe qu'au départ. Il ne restait plus qu'à attendre que la poussière se disperse pour le vérifier sur le terrain.

***
Alentours de Mordheim, Quartier Général des indépendantistes
Fred

Le Diplomate contempla les nuages de poussière qui retombaient lentement sur Mordheim, dans le lointain. Debout sur le toît de l'ex-taverne et à présent Quartier Générale de leur épopée, et d'humeur joyeuse à la pensée de cette nouvelle journée qui s'annonçait, il se lança avec d'infinies précautions dans un dialogue avec le Comte du Sudenland.

"Dites-moi Comte, j'ai cru comprendre que nous avions une équipe sur place là-bas, quand ça a bougé... des nouvelles peut-être ?"

A ses côtés, Iméris-Konrad Adeldoch, Comte du Sudenland, contemplait lui aussi avec un grand intérêt les murs décrépis de la ville qui émergeaient peu à peu des nuées. Il répondit toutefois d'un air assez morne.

"Hank. Il y avait Hank. Avec les Averlandais."

"Les Averlandais ? reprit Fred avec un air intrigué. Je ne vois pas qui est... Il s'arrêta brusquement. Il venait de comprendre. LES Averlandais, Comte ? Vous voulez dire... mais enfin, des bons gars, certainement. Certains un peu primitifs, il faut bien l'avouer. Je ne sais pas si Hank saura..."

"Hank saura ou ne saura pas. Nous n'avons aucun moyen de le prédire. Selon toute probabilité il est déjà mort tué par la poussière, les tremblements de terre ou Sigmar seul sait quelle abomination. Si ces taulards de l'Averland ne l'ont pas croqué au petit déjeuner. On verra bien."

Le Diplomate prit un air circonspect. "On verra bien"? Il commençait à connaître le Comte, et avança prudemment.

"Hank a beaucoup de potentiel et un grand sens de l'initiative. Je suis sûr qu'il saura gérer ses troupes avec finesse et doigté. Comment verra-t-on au juste ce qu'il en est ?"

"Sur place. Nous partons demain pour les quartiers nord. Il paraît que le quartier marchand a refait surface pendant la nuit. Vous venez avec nous, bien entendu, baron."


L'air gracieux du Diplomate ne parvint pas tout à fait à dissimuler sa surprise. Un quartier qui refait surface... vraiment?

"Réapparu ? D'où tenez-vous cette information Comte ? Une source sûre ? Risquer notre État-major dans les quartiers nord pourrait s'avérer une couteuse tactique."

Le Comte eut un sourire étrange, et se tourna vers le baron. Ses yeux brillaient follement, comme toujours. Et ses dents dessinaient une commissure des lèvres mi-charmeuse, mi carnassière. Fred se surprit à trouver une fois encore l'héritier du trône du Sudenland dangereusement beau. Le genre de beauté à vous mener dans les pires enfers.

"Je le sais, Fred, c'est tout. Ça devrait nous suffire, non ?"

Fred le considéra un court instant, puis s'inclina gracieusement dans un geste qui donnait tout à la fois sa confiance et sa soumission.

"Comme toujours Comte. Comme toujours."
Modifié en dernier par Anton le 22 nov. 2015, 17:46, modifié 2 fois.
Anton von Adeldoch, Noble du Sudenland, lien vers l'aventure en cours: http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 380#p97380
Profil de combat :
FOR 9/ END 11/ HAB 7/ CHAR 11/ INT 11/ INI 9/ ATT 11/ PAR 8/ TIR/ 9/ PV 75/75, bonus de l'équipement inclus avec -2 Par/Hab à l'adversaire, -1 armure de l'adversaire et parade 10, protection tête/bras/torse de 9.

Détails permettant d'arriver à ce profil:
Profil: FOR 8/ END 10/ HAB 8/ CHAR 11/ INT 11/ INI 9/ ATT 10/ PAR 9/ TIR/ 9/ PV 75/75
Compétences: Monte, Arme de prédilection (rapière +1 Att)
armes: Arc court (dégâts:26+1d8, malus -2/16m) ; "fleuret estalien" (rapière, dégâts:14(+8)+1d8, parade 10, rapide (-2Par/Hab de l'adversaire pour parer/esquiver), perforant (1) (ignore 1 point d'armure adverse))
Protections: mailles. Torse, dos et bras, protection de 9, encombrement de -1 HAB, ATT et PAR
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Re: [Concours/Iméris-Konrad] A la recherche de l'indépendanc

Message par [MJ] XVI »

Bon et bien mon cher Anton je m'incline. C'est très long, mais vu la qualité pas trop. Je comprends que tu me demande deux semaines par tour...Je suis dépassé.


Je vais te donner 4D6 tu est donc a 7D6 de potentiel.

-- 23 Nov 2015, 18:18 --
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La fosse s'anima. De la douleur, la rage et la folie qui en saturait le fond, émergea brièvement une conscience malade. Un but obnubilant la motivait : s'emparer du symbole de souveraineté. Pâle reflet d'un objet tant convoité, mais inaccessible, il lui revenait de droit. Il était le maître et tous l'apprendraient.

Son esprit se tendit, s'extrayant avec peine hors de sa prison et toucha une statue difforme qui réagit violemment à ce contact, son corps de pierre rua comme sous l'effet d'une violente douleur. Les pages du codex chevillé à son dos s'animèrent, défilèrent pour s'arrêter au feuillet quarante-sept, le livre dégagea une forte odeur de soufre avant de s'embrasser sans se consumer. Les multiples visages de l'effigie minéral s'animèrent, se tordirent sous l'effet apparent d'un profond inconfort et une bouche sembla vouloir crier. Tous dans la physionomie de la créature évoquait un hurlement, mais aucun son sortait de son orifice, au contraire un lourd silence en sortit pour éteindre les bruits de la ville. L'énorme fragment de pierre magique qui animait l'abomination se consuma lentement en alimentant le sortilège.

La conscience démoniaque perdit de sa subsistance, s'effrita, mais parvient à se fragmenter. Les lambeaux échouèrent dans une dizaine de corps dont l'âme avait été chassée il y a bien longtemps. Les dernières parcelles de désir réveillèrent les entités enragées qui y étaient enfermées et subliminalement leurs donnèrent un but.

Poussant des hurlements silencieux et inaudibles malgré les pavés se brisant sous leurs sabots, onze possédés se ruèrent dans les rues pour accomplirent les souhaits de leur maître brisé.

Damnés, nul espoir. Même vos cris d'effrois vous sont volés.
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Tour 2: affrontement entre bande. Fin le 6 décembre

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Anton
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Re: [Concours/Iméris-Konrad] A la recherche de l'indépendanc

Message par Anton »

Mieux vaut tard que jamais, j'avais envie de la continuer. Spéciale dédicace à Puppet du coup, merci pour l'attente.
***
Mordheim, quelque part dans les quartiers nords
Arnold

Ma très chère mère,


Je vous écris pour vous dire que mon voyage se passe au mieux.

La caravane dans laquelle j'opère suit un chemin inattendu afin de décourager les traquenards et les embuches. Cette ruse m'empêche toutefois de vous indiquer précisément où vos réponses pourraient me trouver, ne faites donc pas de retour à cette missive. Je prends auprès des voyageurs des nouvelles du pays, et je pense bien à vous et à père, qui me manquez beaucoup.

Ce voyage reste passionnant, et je pense le prolonger un peu ; repartir avec la caravane pour un nouveau voyage. Ne vous en attristez pas je vous en conjure! C'est une décision bien pesée, qui me permettra de me faire de précieuses connaissances pour devenir le meilleur médecin que l'on ait vu en province; je caresse même l'espoir d'avoir les moyens ensuite de m'établir à Nuln. Oh quelle joie ce sera que de vous savoir si fiers de moi !

La caravane nous a entrainé non loin de Mordheim et je n'ai pu résister à l'envie d'aller voir ma sœur. Je sais vous me diriez que c'était folie ! Mais j'ai profité d'une halte pour m'aventurer dans la ville avec quelques connaissance. Mère, Lucia va bien: j'ai croisé une Mère Supérieure qui me l'a confirmé en personne. Comme ma sœur a fait vœux de confinement, elle ne lit ses courriers ni ne reçoit de visiteurs, il est donc inutile d'écrire au couvent, mais vous pouvez vous tranquilliser: vos deux enfants vont bien, et ils sont heureux!

Je tâcherai de vous faire parvenir au plus vite une nouvelle lettre, même si le voyage en rend l'écriture difficile. Ne vous en faites surtout p...


Arnold essuya une larme du revers de sa main, tachant légèrement de sa plume son pourpoint froissé. Dans la chambre défoncée où il avait pris place, les rayons du soleil grisâtre de la ville maudite perçaient à travers les fissures des murs et du plafond, et éclairaient d'une lumière trouble le parchemin posé sur une planche de fortune. La couche sur laquelle une pauvre couverture était jetée crissait sous les petits mouvements du jeune docteur. Incapable de continuer sa lettre, il contempla fixement le mur lézardé qui lui faisait face. Combien de temps avait passé depuis qu'il n'avait écrit honnêtement à ses parents ? Il avait perdu le compte. Des semaines. Des mois...

Un craquement sur le palier annonça un pas qu'il reconnaissait entre mille. Vivement, il dissimula son matériel d'écriture -sous sa paillasse- et sa lettre -sous son pourpoint. Sa sœur entra d'un pas mesuré. Il leva les yeux sur elle.

Lucia était belle. Elle avait une chevelure longue, noire, qu'elle attachait vers sa nuque et flattait le haut de ses épaules à chacun de ses gestes. Elle avait un sourire blanc, étincelant, un nez mignon, fripon, des mimiques d'enfant sur un corps de femme. Il y avait une beauté guerrière aussi, dans son armure, élégante et marquée du symbole de la comète, et dans son marteau pendant au côté. Dans cette lumière, elle ressemblait aux illustrations des saintes guerrières de la légende familiale, ces femmes mythiques qui avaient donné toute petite à Lucia l'envie de rejoindre les Sœurs de Sigmar.

Les deux yeux gris d'acier, qui bien souvent parlaient en place de la voix un peu rauque de sa sœur, scintillèrent en se posant sur lui.

Elle s'avança rapidement et pointa du doigt une tache d'encre à la naissance du poignet droit de son frère, bien identifiable. Arnold eu un regard coupable, et baissa la tête, résigné; il attendait des reproches qui ne vinrent pas. A la place, sa sœur haussa les épaules et s'écarta pour laisser la place à un second visiteur. Arnold eut un frisson et releva les yeux: il connaissait ce second bruit de pas mieux encore que le précédent. Le démon entrait dans la pièce à la suite de Lucia.

« Bonjour Arnold. »

Il ne répondit pas. A quoi bon ? Dans son cœur la haine le disputait à la lassitude. Cela faisait longtemps qu'il ne se battait plus.

« Je vais avoir besoin de tes services Arnold. Il y a eu un accrochage, une poignée de mes hommes ont besoin de soins. Josef notamment. Tu vas descendre, et il y a en bas un gars nommé Rudolf qui te conduira. Arrange-toi pour les sauver tous, Arnold, Mordheim est un nid de démons et je ne veux pas prendre le risque de recruter dans le secteur.»

Arnold inspira. Pourquoi venir en personne ? Il sentait en cela l'intention de lui faire mal. Ordinairement, des larbins venaient transmettre les ordres. En venant, cet homme souhaitait simplement de lui faire sentir encore à quel pouvoir il lui était soumis. C'était caractéristique des maniaques. Convoquer sa sœur était simplement un ajout gratuit à cette souffrance. Il se força à répondre.

« Josef est lui-même un démon, Konrad. La seule chose que je peux raisonnablement faire pour lui, c'est de lui offrir un peu de Malpierre au petit déjeuner en espérant que ça le requinque. »

L'autre lui décolla un coup de genou dans la poitrine. Sa tête alla cogner le mur sous le choc.

« Josef est précieux. J'ai besoin de lui. »

Le jeune homme se redressa péniblement sur sa paillasse.

« Et que puis-je y faire ? Arnold senti les larmes venir à ses yeux et brouiller sa vision. Sous la douleur, la résignation déjà laissait la place au dégoût, qui l'envahit d'un bloc, lui arrachant un sanglot. S'il doit mourir il mourra non ? Qu'est-ce que je peux y faire, hein ? Écoute Konrad, je n'en peux plus. Pitié. Il baissa la tête. Tue-moi. Je n'en peux plus...»

Il avait joué le jeu aussi longtemps que possible, mais la phrase lui échappait à présent. Ça ne pouvait plus durer. Combien de temps encore sinon faudrait-il subir cette folie ? Depuis des mois, il jouait les médecin pour ce fou et sa bande de brute, obéissant à chacun de leurs ordres, prisonnier d'un malade qu'il avait un jour considéré comme son camarade de classe... Il fallait en finir, d'une manière ou d'une autre. Le bruit caractéristique d'une lame sur le cuir le soulagea. Soulagé, il se frotta les yeux, prêt à recevoir son destin. Et revint à la réalité.

Le démon se plaçait derrière sa sœur, et dessinait lentement sur sa peau d’albâtre des volutes de la pointe de son poignard. Lucia, les yeux fermés comme en extase, tendait son cou aux jeux du sadique. Une pointe de sang perla, qu'il lécha doucement du bout de sa langue avant d'appuyer franchement le tranchant contre la gorge de sa victime. Arnold contempla sans un mot la scène, qui lui semblait s'étirer infiniment dans le temps. Il y avait assurément quelque chose d'obscène dans la posture, dans la façon dont les mains de sa sœur allaient à la rencontre des flancs de celui qui s’apprêtait à l'égorger purement et simplement, dans son corps cambré capturé par ce bras menaçant qui se levait doucement au rythme des palpitations, par la bouche torve du sadique tout contre l'oreille de la jeune femme.

« J'ai besoin de toi Arnold. Les yeux du fou étaient fixés sur le jeune médecin, qui lui n'avait d'yeux que pour sa soeur. Tu es un excellent médecin. Rappelles-toi ce que disait Herr Meilhoff... "un étudiant hors norme", il t'appelait, tu te rappelles ? Le meilleur d'entre nous... on enviait tous ton talent, tu sais. Mais il y a quelque chose que je ne comprends pas: si tu es si intelligent, pourquoi est-ce que tu m'obliges à chaque fois à recommencer les mêmes discours ? Pourquoi faut-il que tu mettes chaque fois ta sœur en danger ? Tu me crois peut-être incapable de tenir mes promesses? »

Arnold eu un frisson de dégoût. Pas de danger pour ça. Il savait que ce malade n'hésiterait pas une seule seconde à honorer sa parole: la livrer à ses hommes, la torturer, l'éventrer, lui assurer la plus douloureuse des agonies... La liste des engagements était longue, et odieusement gravée dans la mémoire du jeune médecin : un soir où Arnold avait laissé mourir un des hommes de Konrad, le fou était entré dans une rage folle et avait entrepris de lui montrer qu'il ne plaisantait pas. Une jeune fille, serveuse de taverne, avait hurlé toute la nuit en l'appelant à l'aide, lui contraint de voir sans pouvoir agir. Des cauchemars qui lui ôtaient le peu de sommeil qu'il prenait encore. Tout ça ne lui serait pas arrivé si tu avais eu plus de discipline Arnold. Tu es responsable de sa mort, tu m'y as obligé. Ne m'oblige pas à le faire à Lucia...

Mais ce n'était pas le pire bien sûr. Le pire était que Lucia avait renchérit. Ne l'oblige pas grand frère. Ça serait tellement horrible pour lui de devoir me faire ça... sois raisonnable. Ne l'oblige pas ! Le choc avait été terrible. Depuis, Lucia avait changé encore davantage.

« Soigner des gens, c'était pas ça que tu voulais faire ? Alors arrête un peu de pleurnicher! Les indépendantistes ne sont peut-être pas assez bien pour toi Arnold ? Tu préférerais soigner des bourgeoises à Nuln ? En tout cas pendant que tu fais la fine bouche, eux se battent pour sauver l'Empire. Sois un homme Arnold. J'ai honte de toi.»

Oh oui, changé. L'air passionné de sa sœur coupa court à ses réflexions. Il n'y avait rien à faire, excepté mourir tous les deux, et jamais le démon ne les laisserai s'en aller autrement que dans un océan de souffrance. La mort de Lucia aurait pu aussi les libérer, car Arnold n'aurait plus eu qu'à se tuer à son tour. Mais il n'était pas le seul à l'avoir compris. Prévenue par ce fou, sa sœur se méfiait désormais de lui davantage encore que des soudards de Konrad.

De toutes les forfanteries du démon, avoir convaincu Lucia que son propre frère pourrait essayer de la tuer pour se libérer de la situation était peut-être celle qui avait le plus ravagé Arnold. Il n'y avait pour lui ni échappatoire, ni réconfort.

La mort dans l'âme, il se leva, s'empara du lourd sac posé au pied de sa paillasse, et quitta la pièce sans même leur jeter un regard. Avec amusement, Konrad le regarda claquer la porte avant de faire pivoter sa victime, la lame toujours contre la gorge offerte. Les deux visages se retrouvèrent tout proche.

« Merci. Tu trouves toujours les mots pour le convaincre Lucia. Il est borné, mais il t'aime tellement! Ce n'est que pour ça que je l'aime comme un frère. Il lui caressa les cheveux de sa seconde main. Un frère ingrat. Je déteste qu'il nous fasse constamment du mal comme cela. »

« C'est un fou, et je ne le comprends pas. Je sais moi ce que tu fais pour nous deux, et pour tout l'Empire, et il devrait considérer comme un honneur d'aider la cause...
Chuchotements. Promet-moi que, si un jour tu dois me tuer pour qu'il continue à sauver des vies de soldat, tu n'hésiteras pas... »

Pour toute réponse, Konrad accrocha de ses lèvres la bouche de la jeune femme, qui lui rendit passionnément son baiser. Le poignard toujours contre sa peau, il l'allongea sur la couche de son frère.


***
Mordheim, un peu plus tôt près du quartier marchand
Siris

« Arrête tes craques Goud'. J'ai des yeux qui marchent, et une mémoire infaillible pour les gens qui ont failli avoir ma peau. Je te dis que c'est la même. »

Gouda ne tourna pas la tête pour répondre, semblant concentré sur le sol irrégulier et marchant rapidement pour ne pas être semé par la petite ligne de combattants qui s'acheminait devant eux le long de la rue. Mais il ne tarda pas à répliquer d'une voix assourdie:

« Et alors ? Quand bien même ce serait elle ? Tu vas faire quoi ? Aller demander à Toubib ? "Salut boss, on se demandait, jusque comme ça: Soeur Lucia, elle aurait pas un rapport l'enlèvement d'y a un an ? Je me souviens de la tête de la fille, rapport qu'elle avait failli me planter joliment au moment où je lui avait mis la pogne dessus, elle se ressemblent pas mal non ? Pause. Moi ça me parait une sacrée bonne idée. Ensuite tu pourras lui demander si il est vraiment héritier du Solland, et puis pourquoi pas tu en profiteras pour lui demander si c'est vrai l'histoire sur les parents de Josef, dans la foulée, comme ça tu seras tranquille... »

« Va pas foutre Josef là-dedans imbécile.
Un regard furtif leur apprit que que l'énorme crâne chauve se trouvait à une trentaine de mètres devant, discutant avec le Diplomate. Mais par précaution, Siris baissa encore d'un ton. Moi je dis que si c'est la même fille, ce genre d'info, ça peut avoir une certaine importance. A la place de Toubib, si j'avais des mecs avec une aussi bonne mémoire, capable de comprendre que la sœur de Sigmar en est pas forcément une, je pourrais tout à fait leur donner des responsabilités à la hauteur de leurs compétences. Tu vois. »

Cette fois, Siris récolta un regard incrédule.

« Attends, attends. Tu veux faire chanter Toubib ? Non mais tu déconnes complet là Sir'. Sans réponse, sa voix se fit plus aigüe. Déconne pas avec ça. Rien que d'y penser ça me fout les frissons.

Il le saisit par le bras:

« Le boss sait très bien qu'on est toujours collé ensemble. Et si lui le sait pas, cet enculé de Loki le saura. J'ai pas envie de finir mes jours dans un bocal juste parce que ta ...»

Siris se dégagea vivement et chuchota tout aussi rapidement.

« Quand es-tu devenu une lavette ? Tu imagines la thune que brasse le boss ? On pourrait prendre nos retraites direct. Et il serait temps de toute façon.

- Nos retraites, nos retraites définitives oui !

- Lavette.

- Je te préviens Siris, fais pas le con avec ça !

- Sinon ? Tu as les couilles qui vont avec le reste de ta phrase peut-être ? De toute façon je n'ai pas besoin de toi, je te l'ai proposé par amitié.

- Je n'arrive même pas à croire que tu puisses sérieusement...

- Un problème messieurs ? »


Si problème il y avait, les mots du Diplomate venaient visiblement de le dissiper; Siri et Gouda s'éloignèrent brusquement l'un de l'autre en baissant les yeux et en marmonnant des choses à propos d'un pari, rien d'important Monsieur, inutile de vous déranger. Le chef de l'expédition les contempla un instant puis immédiatement, comme s'il ne s'était rien passé, reprit la marche sans ajouter un mot, tandis que les deux hommes s'échangeaient des regards en coins pleins de rancœur.

« Bon, hé bien voilà les dernières traces connues de Hans. A partir de ce feux de camp, messieurs, c'est l'inconnu. 10mn de pause, et une prime pour tout indice quant à la direction qu'aurait pu suivre son groupe. Inutile de vous recommander de ne pas vous éloigner. »

La petite troupe investit aussitôt la ruine, certains se posant pour grignoter leur ration, d'autres furetant ça et là pour essayer de gagner la prime du Diplomate. Josef se dressait, immense, sur une pierre, et scrutait les environs. Siris s'approcha de compère Lukas, et entreprit une conversation rapide et à voix basse à laquelle tous deux semblèrent bientôt prendre grand plaisir. Gouda, à quelques mètres de cela, n'en perdait pas un geste: Lukas avait lui aussi fait parti de l'expédition de capture de la jeune beauté qui ressemblait de façon si troublante à Soeur Lucie, la servante de Sigmar attachée aux pas de Toubib en ces terres maudites. Il était également réputé pour être un parfait crétin.

C'est donc avec un gémissement étouffé que Gouda accueillit la poignée de main échangée par Lukas et Siris et leurs sourires satisfaits. Mais il n'eut pas le temps de s'exprimer davantage.

« La pause est terminée messieurs. Josef a repéré un bâtiment encore intact qui nous donnera une vue dégagée sur le quartier, ce sera votre premier objectif. Messieurs Hörnisson et Walmer, respectivement flanc gauche et flanc droit. Guthart, à vous l'arrière-garde. »

Les hommes se regroupèrent aussitôt, à l'exception de Siris Hörnisson et Lukas Walmer -si tant est que ce fussent leurs vrais noms- qui s'éloignèrent pour suivre les ordres. Le groupe se mit en marche sans un mot, tandis que Gouda fermait la marche, en serrant les dents. Ils se dirigèrent rapidement vers un étrange clocher visible dans le lointain. En marchant d'un bon pas, Siris se surprit à siffloter aux immenses perspectives qui s'ouvraient devant lui.


***
Mordheim, devant l'hôtel au clocher, quelques instants plus tard
Fred

Un coup d'oeil mesuré permis au Diplomate de se faire une idée générale assez complète de la situation.

Devant lui, et donc devant leur objectif, une curieuse troupe hétéroclite en armes, visiblement menée par une jeune fille remarquablement tournée. Parmi les effectifs réduits, la présence notable et indéniable d'un Tueur nain rendait la rencontre à la fois plus critique et plus inattendue encore. Visiblement ce groupe avait investi l'hôtel particulier au clocher, mais ne précédait sa propre équipe que de quelques minutes ; Fred et ses hommes avaient donc toute légitimité à demander accès au lieu.

C'est du moins en substance ce qu'il avait essayé de faire comprendre aux excités qui lui faisaient face, mais en dépit de la bonne volonté manifeste de la charmante personne, l'attitude sans équivoque du Tueur créait une tension certaine, peu aisée à dissiper. Quel dommage que le Comte ait préféré scinder leurs forces à la recherche de Hank ! Ils se trouvaient fort peu nombreux à présent pour l'affrontement à venir...

C'est donc avec le plus grand regret, tout en intimant du regard à ce crétin de Gouda -quel surnom stupide !- de laisser son arbalète tranquille, qu'il ramena négligemment ses mains vers ses coutelas, attendant le signal du carnage.

Mais rien ne vint. Avec une surprise non feinte, il fut forcé de constater que l'ensemble du champ de bataille était privé de son, de bruit. Œuvre démoniaque, sans aucun doute, une pierre de plus au grand édifice du délire qu'avaient édifié les dieux dans cette cité. Pas instant il ne lui vint l'idée qu'il put s'agir d'une machination de l'adversaire: la jeune fille avait l'air de toute façon beaucoup trop troublée pour qu'il s'agisse d'un de ses artifices. Et ils n'avaient pas l'air de sorciers.

Raisonnement qui en revanche échappa complétement au nain qui avec toute la fougue de son espèce alla percuter le dénommé Gouda, l'envoyant au sol d'un puissant coup d'épaule, dans le plus grand des silences. Tout en dégainant, Fred ne put s'empêcher de penser que l'homme avait eu bien de la chance d'arriver à esquiver le fer de la hache, mais que ça ne le sauverait probablement pas des coups suivants... Il était navrant que l'escarmouche commence alors que ni Hörnisson ni Walmer n'aient eu le temps de quitter leur poste de couverture pour joindre la mêlée.

C'est à ce moment précis que Hörnisson apparu sur le champ de bataille, les épaules en sang et poursuivi par 3... squelettes ?

Sans davantage se troubler, Fred pivota et se prépara à affronter le véritable danger. Il était assez curieux de voir ce que pouvait donner une bataille dans le silence.


***
Mordheim, devant l'hôtel au clocher, au cœur de la bataille
Siris

Il rampa lentement pour se placer derrière l'immense bouclier humain que constituait Josef, puis leva la tête pour observer la lutte inhumaine que soutenait son sauveur. Blessé, il se sentait peu à peu gagné par un curieux détachement. Il en vint à s'étonner de la vigueur que mettait toujours Josef à défendre ses camarades, alors même qu'ils n'étaient pas particulièrement en bons termes tous les deux. Qu'est-ce que cela disait sur son lui profond ? Une volonté de rédemption, un esprit de meute, une bêtise profonde ?

Une brusque douleur dans l'épaule le ramena aux contingences matérielles. Autour de lui des squelettes par dizaines se derversaient sur ses compagnons dont l'immense chauve constituait l'avant-garde. Ils allaient être dépassés en nombre, c'était certain. Non loin de lui, il aperçu un rouquin se relever avec difficulté. Ce vieux Gouda. Toujours l'arbalète en pogne, mais il avait sorti son sacré coutelas. Il allait en avoir besoin... Siris ferma les yeux un instant.

Quand il les rouvrit, un nabot roux et sa hache immense dégageaient Josef des cadavres ambulants qui le lardaient de coups. Le colosse saignait abondamment mais cognait toujours, c'était bon signe ! D'ailleurs une autre silhouette avait profité du répit offert par le Tueur pour s'approcher de lui. Ce vieux Gouda !

« Toujours vivant mon vieux ? »

La voix était curieuse, comme s'il avait une côte enfoncée. Siris sourit, et se força à sortir de l'épais brouillard qui envahissait son cerveau le temps d'un rapide inventaire.

« Je crois, c'est que le dos. Mais j'ai plus la force de me relever, et j'ai un vilain coup dans la jambe. Rien de mortel vieux camarade, si on arrive à sortir d'ici !

- T'inquiète pas pour ça, va. »


Gouda entreprit de le relever et lui enfonça son coutelas dans le ventre. La douleur voila les yeux de Siris.

« Josef, je ne peux pas le porter, aide-moi ! Il faut qu'on se replie dans le bâtiment ! »

Le géant se détourna en grognant du combat et s'empara délicatement du corps de Siris, qu'il posa sur son épaule. La troupe se repliait plus ou moins en bon ordre jusque dans le bâtiment. A travers le noir qui envahissait ses yeux, brinquebalé sur l'épaule d'un géant, Siris put voir Lukas se faire tailler en pièce par deux squelettes, un éclair de lucidité lui montrant seul le vireton d'arbalète fiché dans la jambe de son ancien compagnon d'arme. A gauche de Josef, Gouda ferraillait dur pour couvrir le groupe. A droite, c'était le Diplomate et une jeune fille qui combattaient pied à pied contre les abominations. Avec philosophie, Siris se dit qu'une journée où l'on trouve une astuce pour devenir millionnaire, se fâche avec son meilleur ami, découvre des squelettes qui marchent et observe une jeune beauté du haut de l'épaule d'un géant n'est pas tout à fait une mauvaise journée pour mourir à la gloire de l'Empire.

Les portes de l'hôtel particulier se refermèrent avec fracas sur les deux troupes, leurs blessés, et la vie de Siris.

***
Mordheim, dans les quartiers nords, à la tombée du jour
Arnold

Le jeune medecin lava ses mains pleines de sang dans une bassine d'eau sous le regard respectueux du jeune garde qui lui était attaché. Quel était le nom de cet imbécile déjà ? Rudolf, Rudulf ? Peu importait finalement. Il n'était qu'un pion, qu'un fanatique de plus aux ordres du démon.

Devant lui, sur plusieurs longues tables de l'ancienne taverne, les blessés étaient étendus, pour la plupart en train de gémir, ou ronflant sous l'effet du lait de pavot. Seul un attroupement au fond rompait l'étrange harmonie de la salle, toute blanche, rouge et ébène. Un groupe se tenait autour d'une table, à distance respectueuse des deux personnages qui y officiaient.

Sans même se hausser sur la pointe des pieds, Arnold sut qu'il s'agissait du vieux soudard coriace qu'il avait pansé en second après l'arrivée du groupe, juste après Josef. Il l'avait pensé du mieux qu'il put, quand bien même il savait d'expérience que la blessure au ventre ne risquait pas de guérir de sitôt; visiblement son pronostique s'était révélé exact tandis qu'il se trouvait au chevet d'autres patients. Mais il l'avait soigné tout de même; le démon l'exigeait, et Arnold n'avait pas envie de souffrir pour épargner des douleurs à d'autres. Il avait recousu et pansé la plaie, et maintenant l'homme était mort: bon débarras. Une vermine de moins.

Au centre du groupe rassemblé autour de la dépouille de celui qu'on appelait Siris, Lucia ferma solennellement les yeux du mort tandis que Konrad prononça les quelques mots de circonstance. Ses yeux brillaient de leur lueur habituelle; mais Arnold savait pertinemment que si Josef avait été couché sur la table en lieu et place de cet obscure larbin, cette lueur aurait été tournée vers lui, fixement, haineusement. Et il ne comprenait toujours pas pourquoi le reste de cette expédition ne voyait pas, toujours pas, qu'elle était menée par un fou furieux que partout ailleurs on aurait fait interner ou exécuter.

Il ne comprenait pas pourquoi tous ces gens, y compris sa sœur, confondaient cette lueur maligne avec celle du génie.
Anton von Adeldoch, Noble du Sudenland, lien vers l'aventure en cours: http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 380#p97380
Profil de combat :
FOR 9/ END 11/ HAB 7/ CHAR 11/ INT 11/ INI 9/ ATT 11/ PAR 8/ TIR/ 9/ PV 75/75, bonus de l'équipement inclus avec -2 Par/Hab à l'adversaire, -1 armure de l'adversaire et parade 10, protection tête/bras/torse de 9.

Détails permettant d'arriver à ce profil:
Profil: FOR 8/ END 10/ HAB 8/ CHAR 11/ INT 11/ INI 9/ ATT 10/ PAR 9/ TIR/ 9/ PV 75/75
Compétences: Monte, Arme de prédilection (rapière +1 Att)
armes: Arc court (dégâts:26+1d8, malus -2/16m) ; "fleuret estalien" (rapière, dégâts:14(+8)+1d8, parade 10, rapide (-2Par/Hab de l'adversaire pour parer/esquiver), perforant (1) (ignore 1 point d'armure adverse))
Protections: mailles. Torse, dos et bras, protection de 9, encombrement de -1 HAB, ATT et PAR
Talisman de Gork : +1 For Att et END
Les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereux que les mensonges
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Anton
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Re: [Période des Trois Empereurs][Iméris-Konrad] A la recherche de l'indépendance

Message par Anton »

Cette chronique a pris fin du fait du départ de [MJ] XVI.

Néanmoins un épilogue a été réalisé, dans un autre concours, afin de ne pas laisser ce scénario inachevé.

Il est disponible à cette adresse.

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