[Déchirure][Vladek & Dreynass & Erylth'ith] Servir et survivre

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Depuis la Déchirure jusqu'à la création de l'Empire et de la Bretonnie, revivez ces âges passés de légendes.

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Vladek
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Re: [Vladek & Dreynass & Erylth'ith] Servir et survivre

Message par Vladek »

Bouger... Marcher... Le convalescent marmonna faiblement dans son sommeil, pris du désir narcissique de ne pas demeurer alité trop longtemps. Mû par cette petite fierté personnelle, l'elfe ouvrit les yeux, bien décidé à laisser derrière lui cette affreuse blessure au crâne, et à s'en aller déambuler à l'extérieur. Oublier toute cette lassitude qui lui plombait les membres, toute cette douleur qui paralysait ses mouvements... Oublier jusqu'à ce ... contact rugueux des cordes autour de ses poignets ?!

Vladek ouvrit les yeux, définitivement bien réveillé, cette fois. Que faisait-il ici ? Il ne se souvenait pas d'y être venu, on avait dû l'y porter après sa perte de conscience, sur le chemin du campement. Ah, les fourbes loyalistes... Ils s'étaient permis de fouiller dans ses affaires, qui gisaient là, étalées en désordre sur le sol. Et les fouineurs avaient tout découvert, et les grimoires semblaient avoir trahi leur propriétaire. Pour déchiffrer pareilles inscriptions, il avait fallu aux loyalistes un magicien... Vladek pesta intérieurement contre sa malchance chronique de ces derniers jours : depuis l'incident avec les démons, rien, absolument rien ne s'était passé comme il aurait fallu. Le jeune sorcier en vint presque à penser qu'il s'agissait d'une forme de vengeance d'outre-tombe de son défunt frère Ixion : le sort, la fatalité, le monde entier œuvrait contre lui ! Et pour couronner le tout, son fou de frère spirituel adoptait une attitude très discrète : Vladek ne sentait plus sa présence.

Soudainement, le jeune elfe prit conscience du fait qu'il n'était pas seul dans la pièce : une elfe, plutôt mignonne, dont la robe de mage la désignait comme une praticienne des arcanes aethyriques, se tenait devant son lit, et semblait attendre qu'il reprenne ses esprits. Ses grimoires étaient posés non loin, elle devait être la fouineuse à qui il devait l'épineuse situation dans laquelle il se trouvait à présent. Un feu ardent naquit aussitôt dans son bas-ventre, se répandant rapidement dans tout son corps, enflammant ses veines d'un désir soudain : elle était vraiment jolie. Décidant qu'il n'avait aucune chance de sauver sa vie en avouant qui il était et qui il soutenait, Vladek résolut de jouer une nouvelle fois la carte du mensonge : c'était quitte ou double, il n'avait aucune chance de s'en sortir, mais il devait tenter, car cela constituait encore sa meilleure chance de survivre à cette aventure. Mêlant à son discours tout le charme dont il était capable dans la disgracieuse position qui était la sienne, le sorcier tenta d'engager la conversation, et de feindre l'amnésie, le temps de trouver une meilleure option.


"Ne vous trompez pas sur mes intentions, mais je ne peux pas faire face à une aussi jolie femme sans que mon corps ne me rappelle combien il manque encore de discipline. Je vous dirais bien bonjour, jeune demoiselle, mais vous allez aussitôt m'accuser de brûler les étapes...

Au fait, que suis-je censé faire ici ? Je ne me souviens pas..."
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Erylth'ith Saëldar
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Re: [Vladek & Dreynass & Erylth'ith] Servir et survivre

Message par Erylth'ith Saëldar »

"Misère", songeai-je en marchant d'un air morne vers l'endroit que nous désignait le héraut du prince. Son masque d'impassibilité se fendait sous les remarques acerbes de Dreynass, et c'était bien la seule qualité que je pouvais trouver à sa manie de provoquer ceux détenant notre vie entre leurs mains manucurées. C'était avec un certain dégoût intérieur que je n'avais pu m'empêcher de promener mes yeux sur ces soldats efflanqués portant la bannière galopante d'Ellyrion. Bien évidemment, la crasse n'était pas une vertu et encore moins un plaisir, mais je trouvais dans le soin des uniformes et des corps une sorte de propreté précieuse, puérile, un peu comme si les gardes du prince menaient une guerre d'apparat. C'était un jugement douteux, surtout lorsque je me remémorais la bataille qu'ils avaient livrée à la manticore ; mais rien que ce souvenir me conduisait à, finalement, les haïr. J'avais redouté la bête et pourtant, je regrettais sa mort. Plus j'y pensais, et plus je réalisais que le monstre avait été beau et admirable : né pour régner dans les airs, du haut de son ombre planante et assassine ; né pour régner sur la terre, au sommet de ses pattes prédatrices, à même de déchiqueter l'écorce des arbres comme le métal de nos armures. Pourrais-je un jour oublier cette crinière de fauve ? L'allonge de ces griffes ?
C'était comme si la nature avait décidé de dresser une nouvelle loi en donnant naissance à une telle chose : seuls les loups peuvent dominer. Décider. Survivre.

Ces elfes à la bonne conscience qui m'entouraient... avaient-ils vraiment l'étoffe des chasseurs ? Non, on aurait plutôt dit des moutons qui se rebelleraient subitement. Un jour, ils craindront mes crocs. Un jour, ma destinée embraserait le ciel.
C'était un serment farouche, celui que peut lancer un aigle une seconde à peine avant de prendre son envol, lorsqu'il pousse son cri perçant à la face des vallées qu'il surplombe.

Un chuchotement me tira de mes réflexions comme je venais de m'allonger, et j'eus à peine le temps de m'étonner qu'on ne nous eût pas pris nos armes. Je tendis prudemment l'oreille pour écouter l'échange entre Kohrir et le dénommé Granak, Dreynass ne pouvant évidemment s'empêcher d'ajouter quelques notes sardoniques de son cru.
Le sorcier avait été saisi ? Il fallait avouer que son apparence était des plus singulières, et peut-être plus significative que je ne l'avais pensé - du moins pour les Asurs plus versés que moi dans les arts de la Tour Blanche, ce qui risquait de représenter la très large majorité du campement, étant donné ma répulsion de ces choses. Un enfant plus curieux que la moyenne aurait probablement été capable de discourir plus longtemps que moi au sujet de la magie...

Je gardais le silence, me contentant de, toujours allongé, renverser la tête dans la direction d'où venait la voix du partisan, histoire d'avoir une chance de le dévisager au cas où il ne se serait pas dissimulé. Dans le même temps, je pesais le pour et le contre ; le sorcier était un atout magistral dans une bande prétendument dissidente comme la nôtre... mais par ailleurs, nous formions un groupe aussi hétéroclite qu'il était possible de l'être. Quel intérêt avais-je à m'inquiéter de son sort ? Gagner la faveur de Kohrir, et à travers lui, faire un pas en direction de plus hautes instances ? Je n'oubliais pas que Granak l'avait appelé "capitaine", et il semblait relativement connu au sein des elfes de Malékith. Toutefois, venir en aide à un mage noir au sein des lances Asurs revenait à se jeter sur leur fer acéré. J'aimais le risque, mais seulement lorsqu'il laissait une chance rieuse de s'en sortir.

Une chance... rieuse... Ces mots faisaient rêver mon coeur, d'un songe d'adrénaline et de désespoir. Je me rendis compte qu'une faim dévorante de cracher à la face du destin me tenaillait. Une inestimable fringale, parant l'existence de mille saveurs inoubliables.


- Un sorcier est comme une boule bourdonnante de magma confinée dans la roche,
murmurai-je avec un rictus proche de la jouissance. Une secousse peut le faire exploser et briser toute une montagne, aussi solide soit-elle. Pouvons-nous abandonner une telle lame aux mains de n'importe qui ?

C'était une réelle question. Peut-être surestimais-je les pouvoirs d'un pratiquant des arcanes. Peut-être pas.
Parallèlement, je prenais bonne note de la familiarité qu'employait l'interlocuteur de Kohrir.


- J'imagine que pour détenir cette information, il a fallu jeter un oeil de près à l'intéressé... combien de choses encore une ombre insidieuse comme vous a pu découvrir, Granak ?
lançai-je dans un souffle, avec un sourire acéré.

Ce sourire, c'était celui que j'offrais avec prodigalité et libération à mes pairs. C'était un sourire sincère, un sourire chaud comme la braise, un sourire qui pouvait couper comme un rasoir. Le sourire d'un elfe qui aimait la vie comme il aimait la mort, profitant sans vergogne de l'une comme de l'autre, abusant de tous les plaisirs et de toutes les hontes. Je me sentais prêt à commettre toutes les folies, à braver tous les interdits, parce que quelque part m'attendait ma destinée. Un joyau inégalable me narguant, susurrant les mots de gloire, promettant l'immortalité.
Un vent fougueux et dément soufflant dans mes veines. Pour quelques minutes ou pour cent ans, qui aurait pu le dire ? Personne, et je m'en fichais.

C'était ainsi que j'aimais vivre. Je n'aurai échangé cette démence ou cette sagesse pour rien au monde.
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    • Ils disaient "Nous sommes les purs"... J'ai rétorqué "Vous l'étiez"...
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"Je suis un fils de Nagarythe. La terre qui m'a vu naître tremble encore de la colère des fiers guerriers qui se battirent hier contre les légions démoniaques, et mon sang charrie ce souvenir brûlant par la malédiction d'Aenarion. Mes pas s'enfoncent inlassablement dans les ténèbres, sans remord ni détour."

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[MJ] Le Sombre Garde
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Re: [Vladek & Dreynass & Erylth'ith] Servir et survivre

Message par [MJ] Le Sombre Garde »

Kohrir jeta un regard dégoûté à Dreynass. Il parla à Granak, toujours sans se retourner.

"Je le laisserais bien mourir mais cet abruti est capable de révéler qui l'on est si on l'interroge. Amène nous à sa tente."

Les trois compagnons virent arriver devant eux l'informateur : c'est un elfe de taille moyenne, aux cheveux bruns et à la face commune. Bref, un physique passe partout. Ses vêtements étaient de même : bleu délavé et blanc sale, reprenant les couleurs du camp.

"Suivez moi et essayez de ne pas vous faire remarquer. On n'a vraiment pas b'soin de ça."

Les quatre elfes se glissèrent dans le camp. La vie continuait pour les Asurs qui y vivaient : des archers fabriquaient des flèches, des palefreniers prenaient soin des chevaux, des jeunes recrues s'entrainaient sous l'oeil avisé d'elfes vétérans. Un camp militaire en temps de guerre.

Finalement, ils arrivèrent à la bonne tente.

"C'est là que se trouve votre copain. Voyez vous même comme ça va être facile."

La tente était de petite taille, mais elle était entourée de dix lanciers qui surveillaient les alentours si attentivement qu'une souris n'aurait pas pu passer entre eux sans se faire remarquer.

"Vous avez un plan capitaine ?"

Kohrir grogna en réponse à la question railleuse.
***
La jeune elfe magicienne se trémoussa comme si elle était en situation inconfortable.

"Ne me parlez pas. Ils m'ont prévenu que vous tenteriez de me corrompre avec votre voix de démon. Vous faites exprès de paraitre faible, mais si je baissais ma garde, vous vous empresseriez de prendre mon âme."

Elle ne paraissait toutefois pas convaincu par ses propres mots.
N'attendez pas que Kohrir vous livre un plan tout cuit, faites travaillez vos méninges :P
Viens dans ma clairière petit PJ : http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopic.php?f=2&t=3552

Homo homini lupus, Plaute

Mère disait qu'il y avait bien pire que des loups dans les bois. Comme elle avait tort !

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Vladek
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Re: [Vladek & Dreynass & Erylth'ith] Servir et survivre

Message par Vladek »

Vladek cherchait toujours, intérieurement, à retrouver la trace de la voix réconfortante de Dekh dans son esprit, mais en vain : le bougre semblait avoir disparu, le laissant dans son embarrassante situation. Mais il serait toujours temps de pester à son encontre plus tard : pour l'heure, le magicien avait mieux à faire ; tenter de sauver sa peau, pour commencer. En effet, ces chiens de loyalistes avaient incité la mignonne magicienne à se montrer méfiante et prudente en lui parlant. Si elle refusait de l'écouter, son unique chance, si infime soit-elle, de s'échapper, allait s'envoler. Il était fait comme un rat. A moins que... Était-ce une trace de trouble intérieur que le sorcier venait d'entrevoir, au détour d'un regard fugitif de sa belle gardienne ? Serait-il possible que tout ne soit pas encore perdu ? La jeune femme ne semblait pas entièrement convaincue de ce qu'elle disait : c'était comme si elle récitait une leçon, apprise par cœur avant le réveil de Vladek. Au fond d'elle, elle ne devait pas être encore totalement convaincue de la culpabilité de son interlocuteur. En un instant, Vladek réalisa qu'il tenait peut-être sa chance avec cette faiblesse qui semblait poindre chez cette enchanteresse. Et il se prit à imaginer l'impression qu'il pouvait donner à un regard extérieur un tant soit peu candide : pour elle, était-il... Un étranger, sensiblement de son âge, dont on disait du mal sans qu'il soit possible de le vérifier au premier regard ? Un confrère magicien, dont les curieux tatouages intriguaient au plus au point ? Un elfe amnésique, assez séduisant, dont le visage juvénile exprimait en égale mesure perplexité et incompréhension ? Tout cela à la fois ? Autre chose encore ? De ces différentes possibilités, Vladek choisit finalement la dernière, car il ne lui était pas possible de jouer sur les trois à la fois. En avant, donc, pour son numéro du petit chien loyaliste lambda, fils de famille noble d'après ses maigres souvenirs, mais incapable de se remémorer quoi que ce soit d'autre que des visages, et en grand besoin de réconfort.

Le sorcier s'efforça alors d'adopter une expression anxieuse, ce qui n'était guère difficile, sans inquiétude étant bien réelle. Il s'appliqua à ne pas trop en faire, mais à conserver un visage aussi détendu que possible. Il ne fallait surtout pas qu'il paraisse crispé : bien au contraire, il comptait sur ses traits juvéniles (qui lui conférait naturellement une expression assez énigmatique) pour faire le plus gros du travail. S'il en faisait trop, la magicienne le remarquerait, et tout était fini : il n'aurait pas de seconde chance s'il accordait finalement à son interlocutrice une raison de se défier de lui. C'est donc de son air le plus innocent que le jeune mage noir répondit, désireux de se donner un air vulnérable et pitoyable, parlant par à-coups, glissant volontairement dans sa voix des tremblements voulus angoissés :


"Je... Je ne comprends pas. Pourquoi parlez-vous de démons ? Et pourquoi suis-je attaché ? Je n'ai rien fait de mal... Enfin, je crois...

Je ne me souviens de rien... Il y avait cet elfe en noir, sur la plage... Aidez-moi, s'il vous plaît ! Quel est cet endroit ? Que va-t-on faire de moi ?"


Silence appuyé. A force d'employer ce ton larmoyant, Vladek n'eut guère de difficultés à émettre un sanglot étouffé, dans la foulée. Mais il ne parvint pas immédiatement à se forcer à verser des larmes factices : il n'était pas encore assez dans son personnage. Ses grands yeux gris, en revanche, auraient pu exprimer une réelle détresse alors qu'il renchérissait, comme pris d'une soudaine angoisse :

"J'ai froid... Si froid...

Je vous en prie, aidez-moi ! Ils vont revenir me chercher !

J'ai si peur..."
Modifié en dernier par Vladek le 11 oct. 2015, 19:31, modifié 1 fois.
Vladek, Sorcier Renégat Druchii (Déchirure)
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Dreynass Veladorn
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Re: [Vladek & Dreynass & Erylth'ith] Servir et survivre

Message par Dreynass Veladorn »

  • Je tirai mon plus beau rictus à Kohrir, mais mon expression railleuse ne tarda pas à laissa la place à une autre, bien plus sombre et perplexe. Aller à la tente de l’autre sorcier alors qu’il venait de se faire découvrir comme tel ? Et pourquoi pas gueuler ici-même de quel camp nous faisons partis ? Secouant la tête et ne sachant que faire, je suivis cependant ces trois zigotos qui semblaient tellement pressés de mettre un terme à leur existence. Le dénommé Granak mena la marche, connaissant le campement bien mieux que nous autre. Si j’en profitais pour l’étudier, je ne pus en retirer grand-chose. Tout à fait banal, l’elfe, autant de par ses traits que par sa vêture ordinaire, quoiqu’aux bon tons des Asurs. Le genre de type tout désigné pour faire office d’espion.

    Nous louvoyâmes tranquillement entre les tentes, indifférents à tout ce qui pouvait bien se tramer autour de nous. Nous étions des Asurs vaquant à nos occupations, tâchant de nous rendre dans un certain endroit connu de nous seuls et dont, de toute façon, personne d’autre ne voulait en saisir l’emplacement. Ces elfes-là avaient beau s’enorgueillir de leur propreté et de leur prédisposition à tout bien mettre en ordre, n’empêche, un campement militaire restait un campement militaire, et dans tout ce bordel aurais-je bien été en peine de trouver tout seul mon chemin.
    Toujours fut-il que l’on parvint, à en croire Granak, à la tente du sorcier.

    « Euh… Ouais, y sont sûrs qu’ils en ont mis assez, des gardes, là, ou y en a-t-il encore dix de plus à l’intérieur ? » J’hallucinais proprement du nombre de types qu’ils avaient collé pour surveiller un mourant. « Moi aussi, je le laisserai bien mourir », lançai-je à Kohrir, en faisant écho à ses propres paroles.

    « Un sorcier est comme une boule bourdonnante de magma confinée dans la roche. Une secousse peut le faire exploser et briser toute une montagne, aussi solide soit-elle », avait murmuré Eryl’. Je ruminais en silence ses paroles. Ouais, et là, en l’occurrence, ladite boule de magma va juste nous péter bien comme il faut à la gueule.

    « Oui, on le laisse crever, repris-je pour eux, cette fois-ci. Je ne vois pas ce qu’un mourant, et encore moins un mort, pourrait révéler sur notre compte. Et même s’ils sont parvenus à le soigner, je ne sais comment, eh bien, qu’importe ? Nous, comme je l’ai dit, nous sommes de simples Asurs, et on a tenté de sauver un type en galère, c’est tout, point barre. On savait pas qui il était, et on voulait pas le savoir. Qu’il se soit révélé être un mage noir, ça n’était pas de notre ressort, et encore moins de notre faute, on a juste fait notre devoir. Je ne pense pas qu’il nous balancera, et, même s’il le fera, vu le coup qu’il s’est mangé dans la tronche, je doute fortement qu’il n’y ait pas quelques séquelles. »

    Je marquai une petite pause, les détaillant l’un après l’autre, l’œil sombre et renfrogné.

    «Je ne suis pas un candidat au suicide, loin de là. Dix lanciers, rien que ça. On ne pourra pas les dégommer, et se lancer dans un plan foireux pour aller le délivrer ne fera que véritablement confirmer que l’on savait qui il était véritablement. Il y a des choses qu’on ne peut pas contrôler, il faut juste savoir l’accepter. Ce n’est pas de la frousse, ou un manque d’honneur ; simplement de la lucidité et du pragmatisme. Et encore, l’honneur, je m’en contrefous, je ne suis pas comme ces putains de pédants d’elfes qui ne jurent que par ça, crachai-je. Quant à la frousse, ouais, j’aurais éventuellement peur de mourir pour rien de plus que ce que je ne possède actuellement, mais qui serait assez con pour ne pas l’être ?
    Bref, on attend qu’on nous refile une mission ou je ne sais pas quoi, et on se casse vite fait bien fait d’ici. Trois types vivants seront toujours plus utiles à Malekith que quatre morts. C’est malheureux, mais c’est comme ça
    »

    Résolu, je me campai là et croisai les bras, attendant leur verdict.
Dreynass Valendorn, Ombre Elfe Noir.
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