[Naissance des Nations] [Tristepanse] La meilleure des vies (Westermark)

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Depuis la Déchirure jusqu'à la création de l'Empire et de la Bretonnie, revivez ces âges passés de légendes.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Naissance des Nations] [Tristepanse] La meilleure des vies (Westermark)

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

En voyant un tas de choses être posé devant lui, un bric-à-brac de bibelots et de quincaillerie probablement en toc chapardé sur les étagères, la première réaction de l’immense rouquin fut de retirer ses pieds aux bottes crottées de la table. Il attrapa au hasard un petit bracelet qui faisait du bruit, à cause des cailloux colorés attachés dessus. Il la tint par le bout, comme s’il examinait sa marchandise, et soudain, il se leva en ricanant.

« Héhé ! Ça veut acheter ou négocier ? C’est pas tout à fait pareil ma petite dame. »

Il avait un grand rictus de canaille, un air plutôt sympathique malgré son immense taille — Susi lui arrivait à la hanche, maintenant qu’il était debout. Il avait des dents sales, et sa mise n’était pas soignée. Pourtant, malgré son œil borgne, ses tatouages et sa grosse barbe rousse, il n’était pas couvert de cicatrices, il ne portait pas d’armes ni de haubert. Et si sa grosse voix qui tonnait comme si son torse était une caisse résonnante pouvait paraître impressionnante, il s’exprimait avec un son affable.

« Hé bien hé bien, petite dame, pourquoi que vous rougissez ? Je pensais pas vous avoir donné une raison pour ! Ah, mais ça peut s’arranger, si tu veux…
C’est de jolies choses que tu m’as prises, on peut en piailler un peu, je suis sûr que je peux te faire un joli prix. »


Il contourna la table, et, à présent devant les deux Halfelins, il s’assit à moitié dessus en croisant les bras.

« Je la connais, Zaniab. Enfin… ça dépend de ce que t’entends par connaître, ça veut dire quoi au fond connaître quelqu’un ? Enfin réponds pas à cette question, j’ai connu un Tiléen qui répondait à des questions par des questions de ce genre ça à de quoi filer des maux de tête !
Bon, vois plutôt les choses comme ça : Baerenthal, y a plein de monde dedans ses murs, mais c’est parce qu’on est encore en hiver. En hiver les moutons c’est frileux alors ça aime pas rester dans les montagnes, et t’as dû voir que des montagnes, bah… Putain, on a que ça partout, dans toute la région. Du coup tous les bergers de tout le Westermark qui ramènent leurs fesses ici avec leurs marmots et leurs familles, et ça passe une bonne saison à se réchauffer ensemble.
Je suis bloqué ici depuis l’Ulriczeit dernier. J’ai pas à me plaindre : les gens sont chaleureux, l’eau est merveilleuse, et l’année a été riche, la laine s’est bien exportée entre les jambes de la Dame Grise, donc je vis très agréablement. Mais du coup, forcément, moi je suis qu’un gentil garçon grégaire : j’parle à des gens, plein d’gens, et deux Arabéennes qui se planquent ici, en plein milieu du Westermark, bah au bout d’un moment tout le monde en ville les a remarquées, qu’elles viennent de Mariusbourg ou pas.
Les deux se sont ramenées ici y a pas longtemps en plus. Genre… Dix… Dix jours ? Elles ont voyagé en plein hiver, rien que ça c'est un peu bizarre. C'est dangereux les passes de Parravon quand ça gèle, même si c'est vrai qu'on a eu un dernier mois plutôt clément.
Maintenant ce que je peux te dire sur elle… Bon, c’est un peu privé, tu penses pas ? »


Il recommença sa grimace, avant de tirer la langue comme une fripouille.

« Sa fille m’adore ! Elle est venue jouer aux cartes et aux dés avec moi, plusieurs soirs, et on a pas mal papoté, une très charmante gamine. Mais j’étais étonné, pour une gosse qui a grandi à Mariusbourg, on avait l’impression qu’elle en connaissait rien — elle a confondu l’Île au Trésor avec l’Île du Croissant, parce qu’tu vois Mariusbourg c’est une dizaine d’îles les unes à côté des autres — et quelqu’un qui confond deux îles ça peut provoquer d’la rude bagarre ! M’enfin.
En tout cas, la Zaniab m’a prise en grippe. Ça fait trois jours qu'on s'est pas revus, à cause de l’interdiction de sa mère. Je t’avoue que j’étais déçu — elle me semblait pourtant pas être le genre de gamine à sa maman. »


Alors qu’ils discutaient entre eux, le roux se redressa en posant ses mains sur ses hanches.

« Aetulff, c’est mon nom. Aetulff Reginar, du Kruiesmurr.
Tu veux t’acheter des choses ? On va voir pour t’acheter des choses. »


Il se tourna. Il y avait d’autres clients dans la tente. Il siffla un jeune homme qui était en train de vider une caisse de poteries qu’il plaçait sur ses étagères, juste à côté.

« Kom hier, zoon. Ji gaat mij helpen, ja ? »
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Le jeune homme était aussi roux qu’Aetulff, mais avec des cheveux beaucoup plus court, et bien moins de barbe. Surtout, il lui manquait pas mal de tatouages — il avait lui aussi quelques traits et une tête de mort sur le dos de la main, mais rien sur son visage ou sa tête. Il avait un très joli sourire, et lui et le tenancier de la tente échangèrent quelques paroles dans leur langue Jutone hachée, qui ressemblait à un dialecte reikspiel où il fallait bien se concentrer pour comprendre qu’est-ce qu’ils se disaient.

« C’est mon fiston, Warin. Oui, j’ai ramené pas mal d’gens de ma famille ici, Warin, dit bonjour à… »

Il pointa du doigt les deux Halfelins pour qu’ils se présentent. C’est alors que Aetulff remarqua un peu plus le comparse — alors que jusqu’ici il n’avait d’yeux que pour Susi, le voilà qui fit un signe de tête au saltimbanque.

« Assmus Bonchardon, dit Folbouffon, pour vous servir.
– Ja, Folbouffon, tu mérites bien ton nom ?
– Il faudra venir au cirque pour le vérifier, honorable maître ! »

Warin hocha de la tête, et s’approcha de Susi pour regarder sa main.

« Une paire de gant, vous voulez ? Oh, ça va être compliqué de trouver des gants à votre taille…
…Quoi que, on a des gants d’enfants… »


Et alors commença un subtil jeu à quatre. Chacun échangea, montra ce qui l’intéressait, et, après une petite conversation entre Aetulff et son mioche, voilà qu’ils parvenaient à se fixer sur un prix, soi-disant selon la disponibilité, ou la rareté de la matière, ou des stocks qui leur restaient…
Ils étaient fort sympathiques, les deux roux. Très gentils, rigolards, ponctuant toujours leurs phrases par des petits sous-entendus que Susi avait du mal à parfaitement interpréter — est-ce qu’ils faisaient du gringue simplement pour mieux vendre ? Il fallait se méfier des merciers. Mais ils sont probablement les marchands les plus aimés de Ranald…
Assmus, lui, arrivait derrière pour désamorcer la situation, tergiverser sur des prix, rappeler qu’un Halfelin n’est pas très épais, et que ça serait bien de faire un petit prix d’ami… Et tout le monde riait, rediscutait, et après un petit jeu entre Susi et Folbouffon, où ils feignaient tous les deux l’hésitation et la froideur, les Mariusbourgeois concédaient à un rabais.

« Ah ? Tu veux une robe ? Ah, comme la Zaniab ?
Tu vois à quoi elle ressemble, Zaniab ?

– Oh, pas tant que ça, j’en ai pas une idée récente, mais sa fille… Quand on la voit au marché, oui, y a de quoi tourner le regard !
– Tu crois que c’est de la laine, ou de la toile ?
– De la toile — mais de la toile spéciale, très fine, et en même temps très solide…
– Oui, tu as bon œil, mon fils — on en trouve à Mariusbourg, de la toile comme ça. Du chanvre, certainement. Hélas, on a surtout du lin ! Les Bretonnis de Parravon sont moins raffinés que les nomades des plateaux d’Arabie…
– Mais on peut trouver de quoi tricher ! Du lin de très bonne qualité, magnifiquement teint… oh, c’est un peu cher, mais regarde un peu ces couleurs, Susi…
…Il faut que t’essayes. Tiens, je vais appeler ma sœur, elle sait coudre, elle va te couper un morceau et tu vas juste voir ce que ça donne ? À moins que tu veuilles qu’elle te fasse toute la robe elle-même, elle peut aussi, et pour pas très cher !

– Oui, je vais l’appeler.
Serilda ! Kom hier ! »


Ils la pressaient, gentiment, mais avec de quoi la forcer un peu quand même ; généralement, c’est dur de dire non à une étoffe dans laquelle on vient d’être enroulé.


Argent donné à Assmus ; il apprécie, c’est cool de soutenir la famille.

Argent donné à Ranald : Tu gagnes 1+(1d3:3) = 4 PdC de Ranald. Le Dieu des voleurs (Et pas que) apprécie ta sympathique dévotion, et le fait de t’être souvenue de tes commandements.


Let’s go pour le génial RP d’achat-vente, je sais que c’est ce dont tu as toujours rêvé.

Le mercier est un commerçant qui vend de tout, et surtout n’importe quoi. Il est facile de trouver de tout chez lui, mais le désavantage est que le mercier est également un arnaqueur qui gagne sa vie en augmentant artificiellement les prix. C’est avec ce genre de marchands que les compétences commerciales sont importantes, mais c’est des compétences de base alors même sans Susi peut jouer à son jeu.

Jet de charisme du mercier : 18. Il n’est pas un commerçant qui met à l’aise…
Jet d’évaluation de Susi : 15, très large échec. Ça va être difficile de savoir la valeur de certaines choses.

Jet de charisme du mercier : 3, large réussite.
Évaluation : 14, échec.

Charisme : 3, grosse réussite
Évaluation : 14, échec

Globalement, le mercier arrive à bien t’emballer.

Assmus vient à ton aide.

Jet de charisme d’Assmus : 7, pas mal
Résistance mentale du mercier : 17, échec.

Le mercier est empapaouté par ton compagnon. Ses prix baissent légèrement par rapport à ce qu’il proposait au départ.

Voilà les prix qu’il te propose de pratiquer :

— Une paire de gants en cuir : Il t’en propose 3 pistoles 6 sous (Soit 42 sous du système décimal normal du forum). Assmus parvient à négocier pour réduire ce prix à 3 pistoles (Soit 36 sous décimaux). Tu as l’impression que c’est un prix assez correct.

— Il te dit qu’il n’a pas d’huile d’olive, mais te propose de la super huile de lin au prix de quatre pistoles (Soit 48 sous décimaux) la pinte (Soit un peu plus d'un demi-litre métrique). Tu as l’impression que ça coûte plus cher qu’à Ubersreik, et qu’en plus il veut te vendre une grosse quantité pour se débarrasser de marchandise.

— Un rouleau de lin coloré : le lin est une matière souple et légère, et malheureusement fort fragile. C’est utilisé pour du linge de maison, des couvertures ou des sous-vêtements. Il t’en propose assez pour te confectionner une petite robe de Halfeline, au prix de 16 pistoles et 8 sous (200 sous décimaux). Assmus parvient à négocier pour faire passer le prix à 16 pistoles (192 sous décimaux). Tu as l’impression que c’est un prix un petit peu élevé par rapport à Ubersreik, mais ça reste de la très jolie matière.

— De la quincaillerie :
Il te propose une broche qui a une couleur d’argent à une pistole (12 sous décimaux) qui irait très bien selon lui avec ta nouvelle tenue.
Il te propose aussi deux colliers de chevilles et six de poignets faits de fleurs, d’osselets et de petites pierres brillantes que tu ne reconnais pas mais qui ont pas du tout l’air précieuses. Il te propose de te faire un prix d’ami pour le lot complet à une pistole six sous (18 sous décimaux).
Il te propose un joli bandana en toile pour faire une sorte de voile, à huit sous.


Je te laisse te débrouiller avec tout ça.
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Susi Tristepanse Bonchardon
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Re: [Naissance des Nations] [Tristepanse] La meilleure des vies (Westermark)

Message par Susi Tristepanse Bonchardon »

Aetulff Reginar a pas l'air de vouloir me noyer pour mes questions, alors j'arrive à respirer un grand coup et à reprendre un peu contenance, même si je transpire toujours beaucoup. Après tout, je veux acheter des choses, j'ai de l'argent pour, et lui c'est un marchand, ça lui ferait pas très bonne renommée s'il se mettait à se débarasser de sa clientèle dès qu'elle se montre un peu indiscrète. Et puis même s'il me regarde avec un sourire matois et un oeil torve, n'empêche qu'il ne semble pas vraiment antipathique, bien au contraire : je pense que je l'amuse plus que je ne l'agace, et qu'il joue un peu de sa carrure pour me taquiner.

Ce qu'il m'apprend sur Zaniab et Sirrah ne fait que conforter mon opinion. Aetulff aussi avait trouvé étrange que Sirrah manque à ce point de connaissances sur des lieux dans lesquels elle avait pourtant vécu des années : ne pas avoir vu de halfelin à Mariusbourg c'était déjà bizarre, mais se tromper sur le nom des îles ça l'était encore plus. Néanmoins, je ne peux pas jeter la pierre à Zaniab d'avoir interdit à sa fille de visiter le mercier : déjà qu'elle n'aime pas que sa fille cotoie des fidèles de Ranald, c'est normal de vouloir la protéger de ceux qui prient de méchantes divinités comme Olovald.

"Pourquoi veux-tu libérer Sirrah ?"

Je tremble en repensant à ma discussion avec Mori, et décide une nouvelle fois de fuir ces pensées : j'étais là pour faire des emplettes, pas pour me prendre la tête ! Surtout que je dois prendre plein de décisions compliquées : le jotune et son fils, ils ont des centaines de marchandises géniales à me vendre, et plein d'incroyables affaires à me proposer pour des prix qu'ils promettent vraiment compétitifs - moi j'y connais rien, mais ça se voit dans leur voix et leur enthousiasme qu'ils sont très sincères et honnêtes. Et puis quand j'essaie les habits et les bijoux qu'ils vendent, ils font plein de sous-entendus pour manifester le désir que je leur inspire dans leur pantalon quand ils me regardent, ce qui me fait beaucoup sourire même si je me doute que c'est pas vraiment vrai. Du coup, quand Assmus intervient pour faire baisser les prix, j'ai un peu honte de mon cousin - c'est pas très poli comme démarche de demander des réductions sur des marchandises proposées à des prix défiant déjà toute concurrence, à des gens qui malgré leur apparence un peu effrayante, ont le bon gout de me trouver séduisante.

Bon, l'huile de lin, je vais pas la prendre : Sirrah m'a bien dit qu'il fallait de l'huile d'olive, alors si c'est pour utiliser un substitut, du saindoux fera tout autant l'affaire. De même, je préfère ne pas prendre le foulard, parce que j'ai pas vu Sirrah en porter et je pense que j'aurais l'air bête avec ça. Par contre, j'arrive pas à résister à la broche et à tous les petits bracelets : je me doute bien que c'est un peu de la camelote, mais c'est quand même très joli à l'oeil nu et à part ma boucle d'oreille en or, tous mes précédents bijoux ont été chapardé par les cousines. Je prend aussi mes gants en cuir : tonton Drido a raison, mes doigts j'en ai besoin pour porter des bagues, alors ça serait bête qu'un patou les confonde avec des saucisses.

Au fur et à mesure de mes achats, je suis si absorbée par toutes ces jolies choses qui me tendent les bras et la gentillesse des jutones que j'en oublie totalement mes peurs au sujet d'Olovald - après tout, on peut surement prier des dieux sanguinaires et avoir des gouts très surs en terme d'habits et de femmes.

- C'est vrai qu'il est de bon aloi ce lin ! Et puis il est tout doux, c'est fou comme c'est doux, on dirait les fesses de Calvin, tu as vu Assmus ? Je suis sure que je serais trop jolie drapée là-dedans, ça ressemble à ce que portait Sirrah mais un peu différent quand même, j'aime vraiment beaucoup ! Oui, oui ça m'intéresserait beaucoup que vous fassiez la couture à ma taille, parce qu'au cirque c'est surtout Mémé Ida qui coud, mais depuis qu'elle perd la tête elle a tendance à oublier des détails, comme faire le trou pour la tête dans les chemises. Vous arriveriez à le faire pour ce soir ? Je vais en avoir besoin pour ma représentation, il faut que ça soit parfait ! Ah, et puis il faudra quand même prévoir une poche discrète sur la tenue, pour que je puisse y mettre ma patte de taupe, je peux pas faire mon numéro sans, sinon il va mal se dérouler c'est sûr ! Et puis, je, euh... faut vraiment que ça me rende jolie et que ça me mette en valeur, parce que la cousine Alice va forcément vouloir se moquer. Sa tenue de scène pour quand elle fait une danse du ventre elle est très sensuelle, alors c'est important que même si j'ai pas ses attributs, les garçons ils bandent plus dur pour moi que pour elle vous voyez ? Vous viendrez me voir, vous, hein ? Si la tenue et les bijoux rencontrent le franc succès que je convoite, je serais une petite halfeline très reconnaissante c'est sur !

Leurs sous-entendus grivois me mettent en confiance, du coup je peux pas m'empêcher de surenchérir dessus pour les impressionner, même si je serais évidemment incapable d'assumer mes propos - j'aurais trop peur de finir en sacrifice. Je rayonne de joie, si bien que j'en ai presque oublié mes crampes d'estomac. Mes répétitions de la veille se sont bien déroulées, je vais pouvoir porter un costume de scène absolument sublime grâce à Ranald et la famille Reginar, et puis Zaniab et Assmus m'aidaient pour le rabattage : tous les auspices semblaient favorables à ma réussite !

Ne restait désormais plus qu'à s'occuper de mes petits loisirs : le chapardage à domicile pour Sirrah. Equipée de mes nouveaux gants en cuir et prête à dégainer mon morceau de jambon contre tout canidé un peu sauvage, j'étais prête à aller au manoir du sigmarite en compagnie d'Assmus.

- On fait comme j'ai dit alors cousin ? On frappe au heurtoir, et tu me montres tes astuces de rabatteur pour convaincre ces gens de venir au cirque ?
Susi Tristepanse Bonchardon, Voie de la voleuse, rang 2.

Profil : For 7 | End 7 | Hab 14 | Cha 12 | Int 9 | Ini 9 | Att 8 | Par 7 | Tir 9 | NA 1 | PV 50/50

États temporaires :
-

Compétences :
- Roublardes : Acrobaties, Contorsionnisme, Crochetage, Déplacement silencieux, Évasion, Vol à la tire,
- Intellectuelles : Acuité visuelle, Langage secret - Jargon des voleurs
- Martiales : Esquive, Résistance accrue, Résistance à la magie(2)
- Divers : Chance, Cuisine, Vision Nocturne

Équipement :
Porté :
- Bolas
- Grenades assourdissantes
- Grappin
- Outils de crochetage
- Boucle d'oreille en or
- Couteau à beurre
- Gibecière
- Lait du Moot

Équipement de voyage (pas systématiquement porté) :
- Costume de scène
- Tenue de Monte-En-l'Air
- Miroir maudit
- Stocks de tabac
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Naissance des Nations] [Tristepanse] La meilleure des vies (Westermark)

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

« Pour ce soir ?
Oh pour ce soir ça va être compliqué, oh, c’est pressé pour ce soir… »


Le mercier avait beau ne pas être le couturier, il semblait se tenir au courant de qui dans sa famille s’en occupait — ou bien il faisait exprès de se répandre en salamalecs comme tout bon marchand de sa trempe savait faire.

« Ah mais si c’est pressé, si c’est pour le cirque, on peut dire à Serilda de se dépêcher…
– Oui, oui, si c’est pour une représentation, je suis sûr elle peut se dépêcher !
Serilda ! Kom hier ! »


Il répétait le nom de sa fille, qui se décida bien finalement à entrer dans la grande tente qui servait de commerce. Son père sembla la rouspéter dans son faux-reikspiel parlé à toute vitesse, et elle-même répondit en agitant les mains, imitant le bec du canard avec sa main. Pivotant à 90°, elle fit face à la petite Halfeline, et si ça continuait comme ça, peut-être que c’est toute la famille Reginar qui allait débarquer d’ici un quart d’heures.
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Au moins elle n’était pas la fille du vaguemestre. Comme son frère et son père, elle était bien rousse, avec les taches de rousseur sur ses joues. Toute petite, Susi lui arrivait en bas de sa poitrine, ce qui était déjà une nette amélioration vu la hauteur moyenne des êtres humains. Serilda posa ses poings sur ses hanches, détailla Tristepanse des pieds à la tête, et fit un grand sourire.

« Elle veut une robe la demoiselle ?
Oh ça va être facile de faire une robe ; je vais prendre les mesures d’abord, tu vas me dire comment tu veux l’ajuster, et je me dépêcherai de couper tout de suite.

– Oui, mais… Tu as d’autres commandes… Fit Warin en posant une main sur son épaule.
– Ah ?
Ah mais oui, oui oui c’est vrai… mais… Bon… Si c’est pressé… Nous on sait rendre service… Les Jutones, ça rend toujours service. »


Elle entraîna Susi avec elle derrière la tente. Dans une sorte de « pièce » construite sous un chapiteau, avec des gros pans de bois, et plein de draps de toutes les tailles et de toutes les couleurs empilés sur des chaises et un tréteau, elle demanda à la Halfeline de retirer sa pelisse grise et sa cotte, pour rester juste avec sa chemise et ses braies. Puis, Serilda ouvrit un tiroir rempli de bazar, d’épingles et de ciseaux, et elle en sorti un tout petit couteau et un lot de bandelettes.

« Alors, de combien de verges elle a besoin la demoiselle ?
Moi je pense qu’une verge ça suffit. Ça te va bien une verge ? »


Et elle commença à nouer ses bandelettes un peu partout, autour de ses bras, de ses cuisses, de son ventre. Le couteau parfois dans la bouche, entre ses dents, elle ne le sortait que pour faire une petite entaille dans la bandelette et marquer la bonne taille. Et voilà qu’elle assenait Susi de questions, tout en prenant au hasard un drap pelucheux et poussiéreux pour lui poser sur elle et montrer ce qu’elle voulait dire.

« Et la robe je l’ajuste comment ? Plutôt lâche ou qui marque bien la taille ? Et je l’échancre quelque part ? Et les épaules, dénudées ou pas ? Et les jambes ? C’est mieux si les jambes sont un peu libres quand même, oui… Oh je peux faire ça plus court, faut pas que ça prenne la poussière. Ou alors au contraire je peux laisser un peu plus long, mais faudra la brosser plus souvent… »

Mine de rien, toute cette entreprise mit un certain temps. Mais finalement, Susi parvint à passer commande, et elle put se rhabiller et retourner dans la tente, où elle découvrait Assmus en train de saouler Warin de questions, tandis que le papa-mercier était en train de faire ses comptes sur la table.

« Ah, c’est bon, elle a choisi ce qu’elle voulait la Halfeline ?
– Oui papa, je vais me mettre au travail.
– Oui.
Mais par contre… On paye d’avance. »


Il avait dit ça avec un grand sourire, mais à voir comment il s’était bien redressé sur son séant, en mettant bien ses épaules en arrière, on ne pouvait pas s’empêcher de découvrir le fidèle d’Olovald qui transpirait à nouveau dans sa physionomie.

« Ma cousine elle espère quand même que la robe sera prête bien vite. Et bien belle tout comme elle veut.
– Mais oui, mais oui ; Les Jutones ont qu’une parole.
D’ailleurs, Warin et Serilda y vont aller au cirque. Bah tiens ! Comme ça Serilda pourra vous l’apporter en personne ! Ça serait pas bien ça, hein ? »


Les deux gosses roux approuvèrent de vifs hochements de tête.

« Vous n’avez pas envie de venir vous-même, mon bon maître ?
– Bwaaaah… J’aimerais beaucoup, mais j’ai tellement d’trucs à faire…
T’façon vous restez à Baerenthal un moment, hein ? Bon, bah, je promets que je passerai à un moment ou à un autre ! »




Enfin sortie de chez le mercier, Susi n’eut pas à aller bien loin pour retrouver le manoir du prêtre. C’était toujours la même maison, avec la même clôture, les mêmes jolis murs en marbre bien durs, et non en torchis comme presque toutes les autres habitations du gros bourg.
Dans le jardin, le linge étendu hier avait été rentré. En revanche, la niche était aujourd’hui occupée, et Susi pouvait un peu plus voir à quel molosse elle aurait affaire…

La description de Sirrah avait été plutôt réaliste. Le canidé qui était en train de dormir dans le jardin était un gros monstre, aussi musclé que haut. Si pour l’instant il dormait paisiblement, sa grosse gueule allongée comme celle d’un loup, couplée avec son corps large, laissait penser que c’était un vrai chien de garde, un qui savait mordre et qui était bie adopté pour défendre son manoir.

Assmus se dirigea vers la porte. Il frappa au heurtoir, et, le temps que quelqu’un vienne ouvrir, il refit rapidement sa mise : il défroissa son doublet en tirant dessus, remit son mantel en place, et cracha dans le creux de sa main pour pouvoir plaquer ses cheveux avec un trait de salive.

La porte s’ouvrit, et, les mains sur ses vêtements, il se redressa malgré sa toute petite taille pour commencer son petit numéro :

« Bonjour à vous, ma jolie dame ! Comment allez-vous en ce Festag ? »

La dame qui avait répondu était la même lavandière que hier. Une femme assez commune, qui devait avoir la quarantaine, peut-être un peu plus. Elle était grassouillette, plutôt jolie, avec des cheveux blonds longs, assez secs, qu’elle nouait dans son dos.
En revanche, ce qui était plus remarquable, c’est comment elle était bien mieux habillée qu’hier. Avec une grande robe couleur vert, des petites bagues aux doigts, et ses yeux qui étaient marqués par des traits noirs. Elle était habillée comme beaucoup d’humains aimaient bien se faire beau pour le Festag, généralement parce qu’ils se réunissaient tous à un Temple et, après la cérémonie, mangeaient en famille ou entre amis.

« Heu… Très bien, merci… ?
– Je serai bref ! Je ne vous dérange pas, j’espère ?
– Heu… Si, en fait… Vous vendez quelque chose ?
– Oh non, non, je ne suis pas colporteur ! Non, je me présente — Assmus Folbouffon, du cirque Bonchardon, et ceci est ma cousine ! Nous sommes tout juste arrivés à Baerenthal, et comme vous l’êtes — je l’espère — déjà au courant, nous appartenons à un cirque itinérant qui vient tout droit du Reikland !
Je serais ravi de pouvoir vous inviter, madame…

– Ottilia, répondit-elle après avoir deviné qu’il laissait un suspens pour obtenir une réponse.
– Oh ! Ottilia ! C’est un joli prénom ça. J’espère que vous avez la chance de bien le porter.
– Hm ?
– En vieux Reikspiel, ça veut dire, celle qui est très riche ! »

Beaucoup de gens pressés auraient été rendus impatients par le moulin à paroles qu’était Folbouffon, et ça aurait été probablement le moment où ils auraient eu l’idée de lui claquer la porte à la figure.
Mais, peut-être était-ce à cause de sa sympathie, ou d’un charme naturel, ou Ranald-sait-quoi encore, Ottilia se mit à sourire, de telle sorte que de ses joues apparurent des petites fossettes.

« Enfin, croyez-moi que ce n’est pas pour votre prénom que je vous propose ça, mais je serais ravi d’avoir votre visite ! Dès ce soir, on mettra en place des numéros — des contes, des blagues, un cracheur de feu, et une contorsionniste qui est capable de s’échapper d’une cage
– Oh, c’est… C’est très bien tout ça, mais je suis très pressée, comme je vous l’ai dit. Je dois me rendre au Temple, où-
Ma loutre, qui est à la porte ?! Tu veux bien lui dire que tu es pressée ?! »

Une grosse voix d’homme de l’autre bout du manoir venait de tonner. Assmus pencha la tête avec exagération, avant de ricaner.

« Ma loutre, en voilà un surnom peu commun ! Un homme très chanceux de vous avoir ? »

La lavandière se mit à devenir toute rouge en une poignée de secondes à peine.

« Heu, vi, mais, heu… Je suis très pressée, comme j’ai dis, et, heu, oui, voilà quoi, et… »

C’est super dur pour moi de trouver des images de chiens alors je te montre la page wikipédia d’une sculpture d’un vrai molosse de l’Antiquité :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jennings_Dog

En gros c’est un boerbull, ou un bullmastiff — un molossoïde qui est pas fait pour être mignon.
Tu achètes :
– La robe que tu demandes à Serilda de coudre (+10 % au prix)
– Les gants
– Des bijoux qui sont de la camelote
– Une broche
Coût total : 1 Co, 3/2 (Ou 278 pour parler en sous). Il te reste 4/4 (Ou 52 sous)

Modifications effectuées sur la fiche.


Jet de charisme de Assmus : 1, réussite critique

Jet de perception de Susi : 19, échec
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Re: [Naissance des Nations] [Tristepanse] La meilleure des vies (Westermark)

Message par Susi Tristepanse Bonchardon »

Désormais seule avec la petite rouquine dénommée Serilda, je me détend tout à fait tandis que je me déshabille afin qu'elle prenne mes mesures. A l'instar de son frère Warin, elle est plutôt avenante, comme on pouvait l'attendre d'une commerçante en fait : c'est à se demander comment Aetulff faisait pour ne pas terrifier toute sa clientèle avec son apparence, m'est avis que il fallait bien au moins qu'il accueille chez lui un temple dédié au Mystificateur pour que ses affaires marchent convenablement.

- C'est très gentil à toi de me faire passer avant tes autres commandes ! la remerciai-je tandis qu'elle entourait ma taille avec une bandelette. Oui, tu vois bien, je ne suis pas bien large alors j'ai pas besoin de beaucoup, une seule verge ça suffira amplement à mon bonheur je pense !

Et voilà qu'elle m'assène de questions sur l'aspect exact du costume que je souhaite. En réalité, je n'y avais pas vraiment réfléchi - j'espérais que "quelque chose qui ressemble aux habits de Sirrah et Zaniab" suffirait, mais la petite jutone connait son affaire et chaque interrogation soulevée guide ma propre réflexion pour que naturellement, j'arrive à sculpter l'habit dans ma tête au fur et à mesure.

- Tu sais, mon numéro c'est du contorsionnisme alors ça impose des règles vestimentaires un peu particulières. Tu n'as pas forcément déjà vu de numéro comme le mien mais tu connais l'idée : je me plie dans tous les sens sous les yeux des gens qui peuvent pas faire pareil. C'est un art qui me rend à la fois séduisante et effrayante, et c'est parce que les humains n'arrivent jamais à dénouer cette contradiction qu'ils se retrouvent hypnotisés, incapables de détourner le regard. Ils ont pas l'habitude de voir un corps bouger comme ça, selon ces angles, et ça leur évoque plein de trucs cochons : forcément, les hommes ils peuvent pas s'empêcher de penser des positions rigolotes. Et en même temps, ça met un peu mal à l'aise parce que dans l'imaginaire collectif, aucune personne normale ne devrait pouvoir faire ça : aussi c'est fréquent qu'on me qualifie de monstre ou de sorcière, pour pouvoir expliquer avec des mots ce qui n'est que le fruit d'un travail de souplesse et de douleur.

Bref.

Que ce soit par dégout ou par attirance, mon art exige qu'on puisse observer mes formes, que le costume laisse apparent plusieurs de mes articulations, soit par absence de tissu soit en étant très moulant : si je suis dans quelque chose de trop ample, l'habit dissimulera ce qui fait la nature même de l’intérêt de mon spectacle. Je pense que ça sera mieux si mon ventre reste dénudé, parce que c'est ce qui est le plus impressionnant à regarder. A un moment j'enfile une camisole très serrée qui recouvre mes bras et ma poitrine - il ne faut surtout pas que les manches soient bouffantes ou elles risquent de me gêner - il faut quelque chose de très coloré, mais bien serré ! Pour les épaules, on pourrait faire un entre-deux, les habiller mais laisser une fine entaille qui les découvrent partiellement lors de certains mouvements, qu'on puisse entrapercevoir mes articulations tendues ? Pour mes jambes, tu as raison Serilda, j'ai besoin qu'elles soient le plus libres possibles, donc le tissu ne doit jamais m'entraver, il faut du volume ! Pour la longueur, c'est important qu'on voie bien mes chevilles quand je suis assise et que mes pieds dépassent de part et d'autre quand je fais un grand écart, et aussi faut qu'elle retombe bien quand je suis en équilibre sur mes bras : j'aurais l'air trop bête si ça recouvre ma tête dans ces moments-là ! D'ailleurs pour ça aussi, faudra pas oublier de bien prévoir les deux couches de tissu, la longue qui fait les plis de la jupe, mais aussi la courte en dessous qui cache mes attributs même à l'envers : pour voir ma lanterne, faut me séduire après le spectacle, pas pendant hein !


Je me rend compte que j'ai été plus concentrée que d'habitude pendant cet échange. La contorsion, c'est l'essentiel de ma vie, je me suis entrainée presque tous les jours depuis que j'ai douze ans, alors c'est important à mes yeux, c'est pas un sujet où j'aime trop rigoler parce que j'y ai investi toute mon énergie. J'aime toujours pas me produire devant des gens, mais c'est génial de le faire juste pour moi quand je suis seule. Ça a été mon acte de rébellion, après ma maladie : faire un spectacle qui utilisait ma maigreur à bon escient. Au début, je profitais juste de mon très faible poids pour marcher sur les mains, et puis petit à petit je me suis rendue compte que j'étais particulièrement flexible alors j'ai appris mes premiers tours. Voir ma famille dégoutée et horrifiée lorsqu'elle apercevait mes côtes saillantes et mes articulations bien visibles se tordre derrière ma chair toute fine était une récompense en soi, une façon d'affirmer ma différence : je voulais leur montrer que malgré ma difformité, je pouvais à ma façon bien à moi contribuer au cirque. C'est pas un travail facile, ça demande de supporter beaucoup de douleur parce qu'il faut toujours chercher à repousser les limites de ses muscles, mais ça vaut le coup, parce que c'est quelque chose qui m'appartient à moi et rien qu'à moi.

Au final, on passe un long moment toutes les deux avec Serilda : le temps qu'elle prenne toutes les mesures, qu'elle écoute mes commentaires et remarques, qu'elle me propose des idées sur lesquelles je dois réfléchir un peu avant de répondre. Mais forcément, quand elle est concentrée et que des silences naissent, je peux pas m'empêcher d'en profiter pour tenter de faire connaissance même si elle a un couteau en bouche et qu'elle pourra répondre qu'en mâchant des syllabes.

- Au fait, je m'appelle Susi, Susi "Tristepanse" Bonchardon, je suis enchantée de te connaitre Serilda ! Alors vous aussi vous voyagez en famille ? Ça te plait d'être couturière pour ton papa ? D'ailleurs heureusement qu'il y a la couleur de cheveux pour te donner un air de famille parce que vous avez vraiment pas le même gabarit ! Enfin je me moque pas hein, ça serait l'hospice shalléen qui se foutrait de la charité, c'est qu'au contraire je m'identifie un peu, même si moi c'est plus la largeur que le hauteur le facteur déterminant. Je sais pas si t'as déjà vu beaucoup de halfelins, mais ils sont pas vraiment taillés pareil.

Je suis trop curieuse, je le sais, mais vu qu'on est que toutes les deux et qu'elle me fait moins peur que son papa, je peux pas m'empêcher de baisser de quelques tons tandis que je prend le visage avenant des confidences :

- Et, euh... ton frère et toi vous priez aussi Olovald alors ? T'as déjà noyé tes ennemis dans des marais toi ? Ça compte les étangs et les tourbières, ou c'est toujours des marais, parce que quand on est nomade y a pas toujours des marais partout ça doit pas être évident. Moi j'avoue que je préfère plutôt remercier le Rôdeur Nocturne pour ses bienfaits : les piécettes c'est plus facile à offrir que les sacrifices humains, mais c'est que mon avis de petite personne insignifiante pas du tout jutone, je veux pas être irrespectueuse sur vos coutumes hein. Au cirque, les miens ils prient surtout Esmeralda, c'est une déesse halfeline de la famille et du foyer, et pour l'honorer on fait majoritairement des tourtes, notamment la première semaine de Erntezeit. Tu crois que Olovald il aime les tourtes ? Si vous passez au cirque, je pourrais demander à maman de vous en faire une, elle a une super recette au poulet et aux champignons. Tu aimes les tourtes rassure-moi ?



***



Bon, ça pour un chien-chien, c'était un très gros chien-chien. Il était plus gros que moi, je pense que s'il ouvrait sa gueule il pourrait y mettre ma tête toute entière sans même se décrocher la mâchoire. Quand bien même je sentais les poils de ma nuque se hérisser juste en le regardant dormir, ça ne me décourageait pas pour autant : hier le molosse était absent, donc il le serait peut-être encore à l'avenir. Et le cas échéant, j'étais certaine que la tactique du sacro-saint jambon saurait vaincre cet obstacle - franchement, si j'étais un canidé, entre un bon jambon bien gras ou une petite halfeline toute osseuse, mon choix aurait été vite fait.

Je me met un peu en retrait par rapport à Assmus tandis qu'on attend derrière la porte que quelqu'un vienne répondre. Comme lui, j'arrange un peu mon aspect : j'arrange ma cotte, puis je crache au sol le tabac que j'étais en train de chiquer, et enlève avec l'ongle de mon doigt le morceau coincé entre mes dents. La lavandière qui ouvre à la porte s'est elle aussi faite toute jolie : ça se voit qu'on est Festag et qu'elle a enfilé ses plus jolis atours. Je peux pas m'empêcher de loucher vers les jolies bagues à ses doigts : ça brille au soleil, et ça me rappelle qu'il y a bien plus qu'une lampe arabéenne à récupérer dans ce manoir.

Mon cousin est royal. Ça a toujours été un bon matois, c'est impossible de ne pas l'apprécier quand il utilise son bagout. Très souvent quand des conflits éclatent entre le cirque et les communautés auprès desquelles on s'installe, Assmus était l'un des premiers à savoir désamorcer les situations les plus épineuses. Il a toujours les bons mots, la bonne répartie, son visage transmet les bonnes émotions au bon moment : il a un truc pour se faire aimer et devenir populaire partout où il passe.
La lavandière qui se présenta sous le nom d'Ottilia, toute incommodée était-elle de cette visite inopinée de son domicile, fut incapable d'éconduire ce si sympathique halfelin - c'était évident qu'il la baratinait, et pourtant grâce à son magnétisme, elle ne put s'empêcher de sourire et de le laisser poursuivre, ses maigres tentatives de couper court à la conversation se montrant finalement bien peu convaincantes.

C'est alors qu'une voix masculine venant des tréfonds du manoir la rappela à l'ordre. Tout comme Assmus, le surnom qui fut attribué à Ottilia m'interpela. Pour l'appeler ainsi, la voix d'homme ne pouvait appartenir qu'à son amant. Si celui-ci était officieux, alors il n'aurait pas pris le risque de crier à travers tout le manoir sans savoir qui se tenait à la porte : on pouvait donc déduire sans mal que je venais d'entendre le prêtre de Sigmar à qui appartenait ce manoir, et qui entretenait donc une relation avec la femme devant moi.

Quoiqu'il en soit, il était inutile de retenir plus longtemps que ça la lavandière si le sigmarite souhaitait leur départ pour le temple, bien au contraire.

- Et on ne voudrait surtout pas vous mettre en retard sur la route de l'Est ma dame ! Notre seul désir était de vous informer, que vous puissiez garder à l'esprit que le cirque des Bonchardon vous tend les bras pour vous faire découvrir monts et merveilles de divertissement alors n'hésitez pas à en glisser deux mots à votre très chanceux compagnon, vous ne le regretterez pas j'en suis sure ! Et s'il ne souhaite pas faire le bonheur de sa chère et tendre en l'amenant passer une soirée inoubliable en couple, n'hésitez pas à venir seule ou avec d'autres membres de votre famille, l'hospitalité des Bonchardon vous laissera quoiqu'il en soit pantoise ! Passez une très bonne journée ma dame, nous espérons vous revoir dès ce soir !

La porte fermée, je m'éloigne un peu avec Assmus, puis me met à parler à toute vitesse.

- Merci beaucoup cousin, ce fut très instructif ! Je pense j'ai bien saisi le truc, comment tu arrives à conserver l'attention des gens pour jouer ton air même s'ils n'avaient pas envie d'écouter au début, t'es vraiment très fort ! Du coup, je pense qu'on peut se séparer - j'ai encore deux trois choses de fille à faire à Baerenthal avant de rentrer, on se retrouve pour nos numéros ce soir !

Une fois que je me suis débarrassée du cousin, je peux agir librement. Si la lavandière et le prêtre quittent le domicile, c'est le moment ou jamais d'approfondir mes repérages. Premièrement, surveiller le manoir pour les voir partir de mes yeux : c'est important que je sache qu'ils emmènent l'enfant qui vit ici aussi ou non, ainsi que le chien. Pour ce dernier, je le vois mal entrer au temple donc je pense qu'il va rester là : l'occasion pour moi de tenter un premier contact avec la grosse bête. La main un peu tremblante, je vérifie que mes gants en cuir sont bien serrés pour protéger mes petits doigts, je sors ma patte de taupe pour l'embrasser trois fois, puis je me saisis du gros jambon dans ma gibecière, avant de m'avancer lentement vers lui, présentant en avant mon morceau de viande et tentant de l'amadouer en parlant doucement.

- Allez viens mon gros, viens voir cousine Susi, elle est de la famille lointaine, tu la vois pas souvent, tu l'as peut-être oubliée, mais en vrai tu l'adores parce qu'elle te ramène toujours à manger... elle ferait surement mieux de s'occuper de son jardin que de venir dans le tien au risque d'aller visiter celui du Veilleur, mais tu lui pardonneras bien sa témérité en échange du meilleur jambon de tout Baerenthal, pas vrai ?

Putain j'entends cliqueter les dés. Hors de question de m'approcher à portée de crocs : dès lors qu'il se réveille de sa sieste, je jette doucement le jambon devant moi, et observe sa réaction : s'il choisit le jambon, c'est qu'on peut devenir copains, mais s'il l'ignore, alors il va être temps de faire un record au cent mètres haie pour sauter par-dessus la clôture et filer d'ici à toute vitesse.
Susi Tristepanse Bonchardon, Voie de la voleuse, rang 2.

Profil : For 7 | End 7 | Hab 14 | Cha 12 | Int 9 | Ini 9 | Att 8 | Par 7 | Tir 9 | NA 1 | PV 50/50

États temporaires :
-

Compétences :
- Roublardes : Acrobaties, Contorsionnisme, Crochetage, Déplacement silencieux, Évasion, Vol à la tire,
- Intellectuelles : Acuité visuelle, Langage secret - Jargon des voleurs
- Martiales : Esquive, Résistance accrue, Résistance à la magie(2)
- Divers : Chance, Cuisine, Vision Nocturne

Équipement :
Porté :
- Bolas
- Grenades assourdissantes
- Grappin
- Outils de crochetage
- Boucle d'oreille en or
- Couteau à beurre
- Gibecière
- Lait du Moot

Équipement de voyage (pas systématiquement porté) :
- Costume de scène
- Tenue de Monte-En-l'Air
- Miroir maudit
- Stocks de tabac
Awards \o/
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Re: [Naissance des Nations] [Tristepanse] La meilleure des vies (Westermark)

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Alors qu’elle s’affairait avec les épingles et les brosses, alors qu’elle sortait des bandelettes et gardait le couteau dans la bouche, Serilda semblait être toute attentive aux laïus de Susi. Elle n’arrêtait pas de hocher la tête, d’approuver par des « Huh-hun » ou d’autres onomatopées, lorsque sa bouche était occupée.

« Ventre dénudé, c’est noté — faut qu’je prenne d’autres mesures, mais je vais essayer de faire de mon mieux.
Épaules entaillées, c’est noté — bonne idée.
Deux couches de tissus pour les jambes, c’est noté — Faut vraiment que ce soit tout prêt pour ce soir ? Rah là là, tu me devras une faveur, Healmling ! »


Finalement, les deux parvinrent à s’en sortir, et Serilda put s’installer sur un tabouret pour souffler, tandis que la verge de tissu attendait sur la table, truffée de petites épingles, tel le dos d’un hérisson. Loin de se presser de partir, Susi se mit à tailler le bout de gras (Métaphoriquement) avec la jeune fille, qui ricana à sa première question.

« C’est normal, c’est la faute à mon père — il a deux femmes mais elles donnent toutes des gamins roux, quoi qu’elles font ! »

La polygamie : voilà un autre usage très bizarre des Jutones que les prêtres de Sigmar s’efforçaient de supprimer. Mais interdire les sacrifices humains devait être un chantier plus urgent.

« Mais oué, j’avais r’marqué pour la taille, mais j’ai pas osé faire de remarques. C’est pas du tout bon pour une couturière de critiquer ses clients, même si je suis pas la plus raffinée de Baerenthal.
Hé, si ça peut te rassurer, ton corps tout menu il porte bien les vêtements, tu seras bien jolie dedans.
J’ai déjà cousu pour quelqu’un qui avait quasiment pas de cou, figure-toi, on aurait dit une tortue ! »


Susi n’avait jamais vu une tortue de sa vie, et imaginait seulement l’animal à cause des récits de Beauconteur. Pour éviter le quiproquo, Serilda s’amusa à rentrer sa tête dans ses épaules, avant d’éclater d’un petit rire fluet.

« Toute ma famille est pas ici. Papa, Warin, la maman de Warin, puis y a un tonton et sa fille à lui… Grosse partie de ma famille elle est à Mariusbourg ou Reikdorf — enfin on dit Altdorf maintenant, plus Reikdorf ?
Ma maman à moi elle vit avec mon frère de l’autre côté, chez les Bretonnis. Bastogne que leur ville s’appelle. C’est pratique parce que qu’on aille d’un côté ou de l’autre des montagnes on a toujours forcément quelqu’un pour nous accueillir sous son toit. J’ai entendu dire que c’est un peu pareil pour les Healmling, c’est ça ? »


Elles papotèrent de choses sans trop de controverse, jusqu’à ce que Susi se mette à prononcer le nom d’Olovald. Alors, le sourire de Serilda se figea, dans une sorte de grimace qui suintait le mal-être. Puis alors qu’elle partait en réflexions sur la méthode de faire des sacrifices humains, ce sourire mua pour que la rousse cesse de montrer ses dents. Même la discussion sur les tourtes ne sembla pas trop la détendre.

« Ccchhhhh, Susi — je t’appelle Susi ou Tristepanse ? ‘fin…
Chuuut. Olovald il aime beaucoup qu’on parle de lui, mais, comment dire, comment dire…
Disons que c’est le genre de Dieu qui aime un peu trop qu’on parle de lui, et qu’on l’oublie pas. Il est puissant, et très intelligent, mais… Mais il fout les jetons, quoi. »


Elle pianota sur ses genoux, observa le bout de la tente, et reprit avec une voix toute basse, comme si Olovald attendait juste à côté et ne pouvait pas l’entendre si elle modulait le volume de ses cordes vocales.

« Autrefois les prêtres et prêtresses d’Olovald ils étaient très riches, très aimés, et très respectés — ils avaient les femmes ou les maris qu’ils voulaient, on leur offrait des bijoux et des pierres précieuses, et les Rois des Jutones ne pouvaient rien faire sans être conseillés par eux.
Mais les Rois des Jutones sont devenus les Barons du Westerland, à cause des fidèles du Dieu-au-Marteau. Et maintenant, les prêtres d’Olovald, bah ils sont toujours très respectés, mais pas parce qu’ils inspirent l’amour. Parce qu’ils inspirent la peur.
Je sais pas comment t’as fait pour deviner que mon papa prie Olovald, mais il joue avec ça. Il aime qu’on le devine, qu’il mette cette idée dans les gens, un peu pour les provoquer. Mais il le dit pas à voix haute, parce que, bah, c’est un Dieu qui fait très peur.
Oui, c’est un Dieu puissant, Olovald, mais j’espère que j’aurai jamais à être forcée de le prier. Il peut maudire tes ennemis, les torturer dans leur sommeil, couler leurs navires… Mais ce qu’il demande en retour, c’est toujours très gros. On a plein de comptines et d’histoires Jutones sur tout ce qu’il peut faire quand il sent qu’on l’a escroqué. Ou quand on finit pas le repas que maman nous a préparé… »


Elle reprit une voix normale après s’être dégagée la gorge.

« C’est sûr que des tourtes c’est plus sympa.
C’est des tourtes à quoi, en général ? »

Assmus salua sa copine avec un grand sourire.

« Au plaisir.
Traîne pas trop surtout, sinon Alice va devoir couvrir pour toi, et si elle doit danser trois heures elle va finir par s’effondrer. »


Il roula un peu de tabac qu’il plaça contre ses molaires pour se mettre à chiquer, et s’éloigna à pas de Halfelin.


Susi avait à présent tout loisir d’attendre, un peu discrètement, de l’autre côté de la rue. Dissimulée par sa petite taille derrière un tonneau, elle eut juste à zieuter la porte d’entrée. Comme Ottilia était pressée, la porte ne mit pas longtemps à se rouvrir, et trois personnes en sortirent.
Il y avait la lavandière, qui visiblement était bien plus qu’une simple domestique. Il y avait un jeune homme — pas un enfant, mais pas un adulte non plus, il avait cette bouille juvénile sur un corps en train de pousser, avec une demi-douzaine de poils qui sont en bataille sur son menton, et des cheveux gras.
Et puis il y avait le troisième bonhomme, qui était bien habillé avec tout le costume sacerdotal qu’on attendait chez un Sigmarite.
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C’était un homme d’un certain âge, les cheveux pas encore grisonnants, mais avec de gros sillons marqués sur son front et autour de son nez. Il était grand, plutôt mince avec les joues creuses, pas aussi musclé que ce qu’on aurait pu imaginer à la description de Sirrah, mais il est vrai qu’à voir la cicatrice qui lui barrait un œil, on devinait qu’il n’avait pas eut une vie studieuse au milieu de livres.
Il était vêtu d'une imposante robe rouge, qui descendait jusqu’à ses chevilles. Il portait une amulette de marteau, dorée et argentée, et plein de bagues à ses doigts. À sa main gauche, il tenait un grand marteau de guerre, autant une arme qu’un symbole de sa fonction, et il avait calé sous le bras un gros bouquin relié, qui semblait faire la hauteur du buste de Susi. Et avec son bras droit, il attrapa Ottilia, comme un bon époux qui savait respecter sa dame.
C’était rare de voir des prêtres de Sigmar aussi… Tactiles ? Les Sigmarites ne font pas vœu de chasteté ou de célibat, et il était un secret de polichinelle dans tous les villages du Reikland que nombre d’entre eux entretenaient des compagnes ; mais enfin, leur franche discipline personnelle, leur goût pour la pureté, la droiture et le service, tout ça ne leur donnait pas envie de laisser l’impression qu’ils pouvaient fonder et élever une famille.
Lui en revanche, non seulement il prenait une femme à son bras en plein jour et en pleine rue, mais en plus, il lui souriait, et semblait lui parler gentiment en hochant la tête.
Il semblait détenir un certain rang. Il ne devait pas être le Lecteur du Westermark non plus, il aurait probablement eu une escorte et un palais bien mieux gardé, mais il n’était pas non plus le dernier des sous-diacres pastoraux du coin. Un curé bien établi, avec des bijoux et un certain prestige.

Il laissa sa maison quasiment sans surveillance.

Susi attendit qu’une patrouille de sentinelles passent la rue, pour traverser la chaussée boueuse et aller jusqu’au jardin. Elle enjamba le parapet, et tomba dans le-dit jardin. Elle passa sous la ligne de fil à étendre le linge (Mais sans linge aujourd’hui), et alla tout droit vers la niche.

La réaction ne se fit pas attendre. Le toutou qui somnolait leva le museau et ouvrit grand ses yeux. Il tapa ses pattes sur l’herbe, et dit un mot :

« Wouf. »

Il se souleva en grognant. Et là, Susi put bien évaluer de très près la taille de la bestiole.
Son museau arrivait peu ou prou à la hauteur de sa tête, et son poitrail rivalisait bien avec la panse creuse de la Halfeline. C’était un chien géant. Le truc devait être capable de faire peur à un loup, peut-être à un ours. Il n’aurait qu’à ouvrir la bouche pour la dévorer, en quelques becquées.
Il grogna fort, et répéta la phrase qu’il venait de prononcer :

« Wouf ! »

Elle agita le maigre morceau de jambon qu’elle avait acheté plus tôt dans la journée.
Le chien éleva son museau. Le fit pulser alors qu’il humectait l’air.

Il s’approcha en trottant, et ouvrit grand la bouche. Peut-être que, une fraction de seconde, Susi devait remercier Drido de l’avoir conseillée d’acheter des gants…
…Le cabot attrapa le jambon et lui arracha des mains. Il le fit tomber à terre, et il mangea ce qui rentrait dans une assiette en même pas quatre bouchées qu’il avala la bouche pleine.

Cette fois-ci, il employa un ton un peu plus accort.

« Ouaf ! »

Il ouvrit grand sa bouche et déroula sa langue, en respirant avec cet air qu’ont les chiens de Drido quand ils sont contents.
Il s’approcha de Susi, et commença à lui renifler les manches.

Peut-être qu’il reconnaissait l’odeur de la ménagerie au papa d’Assmus ?

Passage avec Serilda :
Jet de charisme : 3, smooth Susi
Jet d’intelligence : 18, je te donne pas plus d’infos que ce qu’il y a dans la narration

Puis plus tard :
Susi tente de corrompre le gros molosse.
Jet de charisme de Susi : (Malus : -6, aucune compétence liée aux animaux. Bonus : +3, tu as pensé à lui amener un pot-de-vin) : 5, réussite de 2
Jet d’intelligence du Molosse : (Bonus : +4. Tu es un chien de garde. Wouf, wouf. Chien garder maison. Wouf.) : 18, large échec.

Corruption réussie. Tu fais la connaissance de monsieur Nonos. Il est très beau et très poilu.
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Susi Tristepanse Bonchardon
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Re: [Naissance des Nations] [Tristepanse] La meilleure des vies (Westermark)

Message par Susi Tristepanse Bonchardon »

Ca percute à la cadence d'un cheval au triple galop dans ma poitrine. Je suis là, à tendre mon dérisoire petit morceau de jambon à ce molosse gigantesque qui m'adresse de terribles "wouf" entre deux grondements sortant de derrière ses crocs dévoilés jusqu'aux gencives. Je trouille tellement, ça cogite plus droit du tout dans ma caboche. J'ai le bras qui tremble comme une feuille, le cœur qui cogne tellement que son vacarme résonne dans ma tête, et mes pieds semblent vissés au sol - si le chien charge, je suis pas sure que j'arriverais à me déraciner tant je me sens tétanisée. "Met des gants" qu'il disait le Drido, tu parles d'un conseil, ça sera super quand il restera sur le sol de la petite Susi que ses os et ses mains bien protégées. Ranald contre Ulric, c'est pas un combat équitable, c'est une mise à mort.

Il s'approche la bouche grande ouverte, et je suis pas assez courageuse pour la suite. Le jambon tendu en avant dans ma main droite, je serre de toutes mes forces ma patte de taupe sous ma chemise avec la senestre, tandis que je laisse échapper un petit cri de terreur. Instinctivement, tous mes muscles se crispent, et je ferme les yeux par peur de la suite, comme un enfant croyant devenir ainsi invisible.

Quand je sens que le jambon m'est arraché des mains, je sursaute mais ai le réflexe de le lâcher immédiatement. Rouvrant à moitié mes paupières, j'ai peine à croire en ma bonne étoile : mon plan a fonctionné. L'énorme mastiff protégeant la demeure des intrus n'a pas plus qu'un garde devant quelques pistoles brillantes, su résister à un bon vieux graissage de patte. Il ne lui fallut pourtant qu'une poignée de secondes pour dévorer l'amuse-gueule que je lui avais apporté, mais cela sembla lui suffire pour fraterniser : son aboiement devint bien moins menaçant, les crocs qui sortaient de ses babines retroussées furent remplacées par une langue pendue, et ses oreilles qui tiraient vers l'arrière de son crâne étaient revenues à leur position normale. Quand son museau vint se frotter à ma manche, je suis restée interdite quelques secondes avant de trouver le courage de lui offrir quelques timides caresses.

- Oui, voilà, tu l'aimes la cousine Susi, oui, tu ne vas pas la mordre non, elle sent bon les copains patous, elle ramène du jambon, et puis elle ne ferait pas un très bon repas menue comme elle est. Tu... tu veux une gratouille, je peux, tu... ? Bon, euh, derrière l'oreille, t'aimes bien, comme Futé ? Gigot il préfère le ventre, mais tu me pardonneras, on se connaît pas très bien, on va se limiter aux papouilles des premiers rendez-vous, d'accord ?

Il appuie fort avec son museau, pour me renifler ou m'inciter à le gratouiller, je sais pas trop, mais il a tellement de force qu'à chaque poussée je menace de tomber à la renverse. Je suis pas sure de savoir si le risque que j'ai pris ici était bien considéré, mais l'important c'est que ça aie fonctionné : Le Rôdeur doit vraiment m'avoir à la botte, il doit vraiment approuver mon désir de chapardage chez ce sigmarite.

Je regarde la porte en coin, et j'hésite. J'avais dit à Sirra qu'on ferait le coup ensemble, mais là j'ai une occasion qui se présente. Le molosse semble amadoué, toute la famille s'est absentée, j'ai le champ libre pour opérer. Je pourrais faire rouler les dés dès à présent.

Je secoue la tête en grommelant. Ranald il aime les petites chapardeuses futées, pas les fonceuses qui mettent leur flamberge au vent. Je suis pas du genre à cracher dans la soupe, mais un minimum de prudence est quand même nécessaire si je veux pas finir dans les geôles de la cage. Déjà, j'ai personne pour surveiller mes arrières : ça serait pas la première fois que je chaparde en solitaire, mais c'est bête de me mettre en danger à cause de mon impatience. Ensuite, on est en plein jour, et les aboiements du chien ont peut-être éveillé la curiosité des voisins. Je pourrais justifier ma présence dans le jardin parce que je venais faire du rabattage et que le molosse m'a surprise, mais ça serait plus compliqué d'expliquer pourquoi je suis en train de faire tourner deux crochets dans la serrure de la porte d'entrée. Même si j'ai de la chance, qu'aucun voisin ne regarde ni qu'aucun roturier ne décide de passer devant le manoir pour aller au marché, rien ne dit que mon nouveau copain plein de dents ne tolère ma témérité plus que nécessaire : on a déjà franchi une belle étape tous les deux, inutiles de brûler les suivantes au risque de provoquer un incendie. J'ai tout le temps de l'amadouer un peu plus dans les jours à venir au prix de quelques jambons.

Je rebrousse donc chemin, marchant tranquillement à travers Baerenthal pour rejoindre les portes de la ville. Je pense au prêtre : vu que Sirrah ne m'avait parlé de lui, je m'étais imaginée... autre chose. Ce devait être un genre de méchant fanatique zélé, qui arrache des mains d'une aveugle ses biens précieux pour les garder dans sa tanière maléfique. L'homme que j'ai vu quitter sa demeure semblait être un bon père, un mari prévenant, et un homme gentil. Je sais que les humains sont parfois compliqués, qu'ils peuvent se montrer bons avec certains et détestables avec d'autres. Je sais que je peux pas me fier à l'impression qu'il donne pour le juger, mais je suis pas sure de pouvoir non plus le faire avec la seule parole de Sirrah.

Je m'arrête au milieu du chemin, et j'hésite. Je pourrais aller au temple de Sigmar pour en apprendre un peu plus sur ce prêtre, mais je peux pas faire ça, parce que déjà c'est pas sur qu'on me laisse rentrer, et aussi parce que sa femme va me reconnaître, elle va forcément se dire que je l'ai suivie, et faut pas que j'attire de méfiance de la part de cette famille. Je pourrais aller voir Sirrah aussi, pour discuter un peu plus sur notre affaire, pour l'inciter à venir au cirque ce soir. Je lui ai proposé plusieurs fois mais contrairement à Warin et Serilda, elle n'a jamais ouvertement répondu. Si j'en crois Mori, Aetulff, et ma propre intuition, Zaniab est pas du genre à trop la laisser sortir.

Repenser à Mori fait surchauffer ma petite tête de halfeline.


« Sirrah a le corps d’une femme adulte, mais elle a encore l’esprit d’un enfant. Elle a voyagé, et pourtant elle a très peu vu le monde. Elle connaît des Dieux, mais elle ne les a jamais honorés. Elle prononce des mots, et n’entend pas les concepts qui se cachent derrière.
Zaniab croit, comme beaucoup de parents d’ailleurs, qu’elle peut modeler sa fille selon sa vision du monde et la garder pour elle éternellement, peut-être en croyant bien faire, pas même par malice. Si tu veux libérer Sirrah sans utiliser ma méthode, alors tu n’as plus qu’à espérer que Sirrah se libère d’elle-même un jour.
Franchement, entre nous, Tristepanse, tu te poses la mauvaise question. Les gens enchaînés sont perdus quand on les déchaîne, et quand on a jamais goûté à la liberté, on peut trouver sa saveur trop amer. Pourquoi veux-tu libérer Sirrah ? Car tu la trouves maline ? Car tu la trouves belle ? Ne cherche pas à la libérer, alors ; Cherche plutôt comment tu peux devenir sa maîtresse au lieu de Zaniab. Fais-la douter de sa mère, et fais-lui croire que toi, tu peux lui offrir une vie plus aventureuse. Fais-la pleurer, puis sèche ses larmes.»



Ca m'avait vraiment perturbée hier soir, quand il m'avait dit tout ça. Je me suis dépêchée de penser à autre chose parce que j'avais pas envie d'y réfléchir, mais aujourd'hui, je me sens ragaillardie par toutes mes réussites, alors je trouve le courage de cogiter.
Je suis plus calme, alors c'est plus facile de tisser des fils pour relier mes pensées. Mori m'avait faite culpabiliser, parce qu'il avait répondu à mes questions avec de vilains propos, en suggérant que je tue Zaniab ou que je manipule les émotions de Sirrah, du coup j'ai cru que vouloir la libérer faisait de moi une mauvaise personne.
Mais c'est pas ça du tout en fait. La réponse est beaucoup plus simple : Sirrah recherche la compagnie de Ranald. Alors même que sa mère n'aime pas cette divinité, quand bien même ma nouvelle amie ne l'a jamais honorée, elle est instinctivement attirée par ce qu'il représente. Même si je ne l'avais pas accostée, elle avait déjà prévu de faire un chapardage au manoir. Elle connaissait le jargon pour attirer l'attention d'autres personnes en bons termes avec le Chat. Elle fréquentait la mercerie d'Olovald, qui cache un autel dédié au Rôdeur Nocturne. Du peu de liberté dont elle jouit, elle l'utilise pour se rapprocher de quelque chose que Zaniab désapprouve.
Avec Sirrah, on a croisé les doigts. Ca veut dire qu'on est sœurs de Ranald. Donc si elle recherche la liberté, je dois l'aider à l'atteindre, c'est aussi simple que ça.
Enfin non, si je suis honnête, c'est aussi que la situation de Sirrah trouve un peu écho chez moi. Moi aussi ma famille n'a pas du tout aimé ma différence, le fait que je ne sois pas modelée dans le moule de la parfaite petite halfelin, et plus j'essayais de les contenter, plus j'étais malheureuse. C'est en m'émancipant d'eux que j'ai trouvé du bonheur, et c'est ça que je souhaite à Sirrah. Que Zaniab soit gentille ou méchante, c'est pas à moi de le juger, c'est sa maman et pas la mienne - mais je me dois quand même de proposer une main tendue à mon amie pour lui montrer qu'il y a un autre monde là dehors. Et ça sera à elle de choisir si elle veut l'explorer ou non.

Fière de mon raisonnement, je change donc de direction. Je me dirige vers la tente des deux arabéennes, bien décidée à emmener Sirrah avec moi au cirque pour les représentations de cette belle soirée de Festag.

J'ai préféré ne pas reprendre la partie avec Serilda, car je n'avais pas grand chose à y ajouter et je préfère éviter qu'on s'éparpille trop sur deux temporalités :D La seule chose à retenir c'est que devant la crainte de la couturière de parler de Olovald, Susi se rend compte qu'elle a surement fait une connerie de parler à haute voix d'un dieu aussi dangereux, et évite donc totalement le sujet on sait jamais faudrait pas s'attirer des malédictions. Du reste, tu te doutes, Susi a continué de sympathiser en racontant des banalités sur le cirque et les tourtes.
Susi Tristepanse Bonchardon, Voie de la voleuse, rang 2.

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- Roublardes : Acrobaties, Contorsionnisme, Crochetage, Déplacement silencieux, Évasion, Vol à la tire,
- Intellectuelles : Acuité visuelle, Langage secret - Jargon des voleurs
- Martiales : Esquive, Résistance accrue, Résistance à la magie(2)
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Re: [Naissance des Nations] [Tristepanse] La meilleure des vies (Westermark)

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Le choix de Susi de ne pas céder à l’avarice était correct ; Sitôt qu’elle avait remonté avec un élan et un petit saut le parapet du jardin, et regagné la rue, elle voyait débouler plus haut de l’avenue un colporteur qui déambulait avec un petit charretin à main rempli de sacs de grain. Il ne l’avait pas aperçue, et elle pouvait mettre les mains dans les poches et marcher nonchalamment, sans éveiller la moindre suspicion. Une minute de trop à guetter par les fenêtres ou voir quel genre de loquet verrouillait la porte du curé, et elle aurait pu se retrouver dans une situation gênante la forçant à baratiner ou fuir prestement…
En tout cas, le chien parut déçu de la soudaine disparition de la Halfeline nourricière, car il se mit debout sur le parapet en pignant, attendant peut-être du rab de jambon.



Sirrah ne vivait pas loin ; Il fallait juste, comme hier, retraverser le ponton en bois. Pourtant, le décor se mit à lentement changer, et à offrir une atmosphère qui avait de quoi décontenancer un nouvel arrivant.
Les cloches du Temple de Sigmar se mirent à sonner. Et, alors que Susi repassait devant le petit étal où elle avait mangé une galette, il n’y avait aujourd’hui personne ; tous les tabourets étaient posés retournés sur des tables, et on ne voyait pas l’ombre d’un client. Elle repassa devant les petites masures de terre cuite et leurs potagers, et s’il y avait bien des animaux et des poules, tout était fermé. Il n’y avait plus personne dans les rues. Un grand vide, soudain, sans avertissement, alors qu’elle avait pu, aux pieds des statues, observer de la circulation il y a à peine deux heures de cela, et même acheter de la nourriture en train de rôtir.
C’est comme si pendant qu’elle s’était fait faire prendre ses mesures, Baerenthal tout entier avait décidé de se diriger tout droit dans la direction du Col du Feu Noir, et remonter vers la ville plus solide et plus haute pour se presser chez Sigmar. Avec le léger froid de ce tout début de printemps, l’ambiance paraissait bien glaciale.
Beaucoup de soldats et de chevaliers du Reikland priaient le Dieu né sous la Comète, et à Ubersreik, pendant le dur de l’hiver, Susi avait pu voir de ses propres yeux comment il y avait beaucoup plus de prêtres à marteau que dans ses souvenirs d’enfance. Force était de constater que les Westermarker, eux, étaient particulièrement dévots envers Lui. D’ailleurs, les cloches étaient particulièrement bruyantes, et sonnèrent fort longtemps. Plusieurs minutes, au moins. Plus un Dieu est vénéré, plus il a tendance à faire du bruit en ville.


Elle retrouvait le chapiteau des deux Arabéennes. Sirrah était de dos, d’un peu loin, elle était en train de panser le grand cheval blanc tout fin et tout géant que Tristepanse avait pu approcher, sans pourtant oser trop s’en émerveiller. Elle lui brossait la robe, tandis que le canasson mettait son museau dans un bac rempli d’eau pour s'abreuver. Les cloches cessèrent enfin leur tintamarre assourdissant lorsque Susi fut plus proche de la tente, et enfin, Sirrah se retourna en entendant les pas de sa comparse.

« Oh ! Susi ! Tout va bien de ton côté ? »

La jeune Arabéenne lui offrit un grand sourire, et croisa un doigt sur l’autre. Elle s’approcha de la Halfeline et baissa la voix.

« Parlons pas trop fort — Maman est avec quelqu’un. »

Elle fit un signe de la tête vers les pans de la tente, qui étaient abaissés. On entendait bien quelques bribes de conversation un peu étouffés, mais difficile, d’ici, d’entendre de quoi ils pouvaient bien discuter.

En tout cas, Sirrah fit le tour, et retourna près de son grand cheval blanc, qui leva sa grosse tête de son seau d’eau pour regarder tout droit la nouvelle arrivée.

« J’ai surveillé le manoir du prêtre cette nuit, comme je t’ai dit que je le ferai ; En effet, la nuit, les rues sont bien vides, et il y a beaucoup moins de circulation. Je ne sais pas si les patrouilles sont régulières, mais de deux à trois heures, je n’ai pas vu une seule torche, et comme il y avait pas de lune, c’était une nuit parfaitement noire.
J’ai dû résister à l’envie d’y aller tout de suite, mais il y avait et le chien, et le prêtre à l’intérieur. En plus, j’ignore où il cache la lampe, si c’est dans un coffre ou une armoire forte…
J’ai un peu appris à ouvrir des serrures. Je ne sais pas si c’est quelque chose que tu connais, toi ? »

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Susi Tristepanse Bonchardon
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Re: [Naissance des Nations] [Tristepanse] La meilleure des vies (Westermark)

Message par Susi Tristepanse Bonchardon »

Ca me fait tout drôle de voir l'influence qu'a Sigmar à Baerenthal. Faudra vraiment que je fasse attention à pas me faire prendre quand j'irais chaparder chez le prêtre, parce qu'apparemment on badine pas avec le Dieu né de la Comète par ici.
Avec le cirque, on voyage beaucoup, alors j'ai plus de recul que les humains pour me rendre compte des différences qui existent d'un comté à l'autre. Dans le Reikland, le Dieu au Marteau était sur toutes les lèvres, et j'avais déjà pu constater comment toutes les villes de cette principauté se déversaient vers les temples de Sigmar à chaque Festag, mais je ne m'attendais pas à ce que le Westermark, plus distant de Reiksdorf, imite cette même mode. Pourtant, en y réfléchissant bien, c'était logique : papy Beauconteur nous avait dit que Sigismond, l'empereur qui avait conquis cette partie du monde face aux Bretonnis, l'avait fait sur le conseil du théogoniste sigmarite. N'empêche que moi, je trouve ça barbant de devoir écouter des vieux qui psalmodient entre quatre murs tous les sept jours, y a trop de rites, de dogmes compliqués et de prières à rallonge chez ce dieu-là, c'est vraiment pas mon truc.

C'est avec le sourire que je retrouvais Sirrah, je suis contente de la revoir. Je m'emballe surement un peu quand je me dis qu'on est amies, on ne se connaît pas beaucoup encore, mais déjà on est sœurs de Ranald, et c'est pas le genre de lien que j'ai souvent l'occasion de me faire. J'ai l'habitude de chaparder seule, c'est rigolo d'avoir une complice avec laquelle préparer un barbotage.

- Je vais mieux que bien ! Attends que je raconte ma journée, il s'est passé que des trucs incroyables ! Figure-toi que...

Ah, zut, elle m'interrompt parce que sa maman est dans la tente avec un client et que je parle trop fort. Je met ma main devant ma bouche pour mimer mon silence tout en prenant une moue gênée - j'ai tendance à monter en volume sans m'en rendre compte quand mon enthousiasme déborde.
Du coup, je l'écoute plutôt me parler de ce qu'elle a accompli de son côté. Je hoche la tête en silence pour approuver ses actions, et dès lors qu'elle me pose une question, je me rue sur cette ouverture pour déverser tous les mots qui s'entassaient dans ma tête.

- Evidemment que je connais le crochetage, je ne suis pas n'importe qui, je suis Susi Tristepanse Bonchardon, qu'on surnomme La Pie dans de nombreuses villes de l'Empire ! Euh, enfin, pas parce que je suis bavarde hein, quoique maintenant que j'y pense c'était peut-être pour ça que mes amis rigolaient quand ils m'ont nommé ainsi... et puis c'est vrai qu'une pie ça a pas de doigts pour tenir des crochets, ou alors tu crois que dans leurs petites serres elles y arriveraient ? Bon, en tout cas, moi, les serrures fermées elles me résistent pas, je sais y faire, regarde !

Je sors de ma besace mon petit kit pour l'impressionner, avec des crochets de différentes tailles, que je lui tend pour qu'elle puisse les manipuler.

- Si tu veux je t'apprendrais ! Cependant il faudra que tu trouves tes propres crochets, parce que j'ai besoin des miens pour chaparder et ils sont adaptés à mes petits doigts, mais je suis sure que le gros mercier jutone il peut en trouver pour toi, il a un autel du Rôdeur chez lui donc il a forcément les connaissances pour en dénicher, enfin tu dois savoir puisqu'il m'a dit que tu lui rendais souvent visite ! Ah oui, faut que je te raconte, j'étais chez lui tout à l'heure, parce que j'avais chapardé plein de sous à un vilain galetteux dans les rues et je voulais les dépenser pour me faire une jolie tenue pour mon spectacle de ce soir, tu vas adorer mais je te montre pas c'est une surprise !

Je reprend mes crochets et les range, avant de continuer.

- C'est rigolo, je reviens du manoir à l'instant, et moi aussi j'ai failli y pénétrer toute seule : le prêtre et toute sa famille sont au temple de Sigmar, ça semblait une belle occasion ! J'ai réussi à apprivoiser leur molosse en plus, donc il devrait pas nous poser de problème quand on tentera notre coup : mais par prudence, je pense que je vais lui apporter un repas tous les jours jusque là, pour qu'il ne m'oublie pas et m'identifie bien comme une amie. Mais vu qu'il faisait jour j'étais trop repérable par le premier quidam venu, alors j'ai préféré ne rien tenter. En plus t'as raison, d'habitude je chaparde un peu au hasard selon ce qui tombe devant mon nez à l'intérieur, mais là, toi, tu veux un objet bien particulier, et on aura pas forcément la chance qu'il apparaisse devant nos yeux de lui-même. Pour ça, il nous faut une taupe Sirrah, quelqu'un qui vive à l'intérieur et qui puisse nous renseigner, de son plein gré ou par mégarde... et c'est pour ça que j'ai invité la lavandière et son fils au cirque ! Le second c'est un adolescent, il a le poireau qui commence à le démanger, alors avec un peu d'alcool et de charme, je suis sure qu'on arrivera bien à lui tirer les vers du nez...

Techniquement, je suis pas une adulte non plus mais je sais que je suis très mature, alors je décoche un sourire triomphant à mon amie, particulièrement fière de mon plan. Et c'est avec une mine décidée que j'enchaine avec aplomb :

- Et puisque je ne pourrais que très peu me soustraire à mon travail ce soir, ça sera à toi de mettre en pratique mon plan ! Le cirque va bientôt ouvrir son chapiteau, alors dépêche-toi, prend tes affaires, et viens avec moi, je vais te présenter à toute ma famille ! Allez allez, on va bien s'amuser, c'est promis !
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Re: [Naissance des Nations] [Tristepanse] La meilleure des vies (Westermark)

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

En même temps que les deux femmes parlaient, Sirrah continuait de s’occuper du cheval. Elle remplaça vite la brosse par un peigne beaucoup plus fin de manière à lisser sa crinière un peu épaisse, et ne releva le museau que pour rebondir sur certaines phrases qu’elle relevait.

« Tiens, tu as rencontré Aetulff ?
Ça m’étonnerait pas qu’on puisse acheter des limes chez lui — il semble vendre tout et n’importe quoi. Mieux vaut ne pas trop lui demander d'où il a trouvé tout ça, par contre. »


Elle cessa les soins de son canasson lorsque Susi lui montra les crochets avec lesquels elle pouvait déverrouiller des loquets. Elle observa les outils un à un, en les approchant de son œil, avant de les lui rendre.

« Si tu pouvais m’aider à m’améliorer, ça serait sympa de ta part — en échange je pourrais bien t’offrir autre chose. Moi aussi je sais faire des trucs. »

Elle ne réagit absolument pas lorsque la Halfeline lui confia avoir dérobé quelqu’un. En revanche, elle eut un petit sourire à la mention de son plan sur les habitants de la maison.

« Pas eu l’occasion de leur parler, au prêtre et aux gens avec lui. Bon, malheureusement, j’ai une tête très reconnaissable, alors j’espère que le curé ne viendra pas voir ton numéro.
Mais le fils de la lavandière… Oui. Oui je pense que je peux tenter quelque chose. En espérant qu’il soit pas trop un fils à sa maman. »


Suite à l’empressement de Susi, le petit sourire de Sirrah s’estompa. Elle jeta un coup d’œil inquiet vers la tente de sa mère. Elle avait beau critiquer l’enfant de la lavandière, elle aussi semblait très attachée à sa génitrice.

« C’est que… Je… »

Elle eut un petit soupir qui terminait sur une note élevée, comme si elle cherchait une nouvelle détermination.

« Part devant ; Faut quand même que je donne de la bouffe à la jument et que je lui décrotte les sabots.
Je me dépêche ! »




En quittant à nouveau Baerenthal, et en retournant auprès des siens, Susi put découvrir comment le cirque Bonchardon n’avait pas chômé. Travaillant sans relâche depuis hier, ils avaient quasiment terminé de tout mettre en place. Les petits stands avec des jeux, les grands chapiteaux à taille d’homme (Un calvaire à monter pour un Halfelin, donc) avec les piquets et les pierres pour les faire tenir, des seaux d’eau un peu partout, une poignée de bancs pour s’asseoir — tout était en place pour attirer les curieux.
Tandis que tout le monde s’agitait nerveusement dans tous les sens, Susi trouva son cousin Assmus les fesses par terre, comme elle l’avait découvert ce matin-même. Il était en train de jouer avec des petites balles en plomb, les élançait en l’air pour s’entraîner à jongler à toute vitesse. En voyant arriver sa cousine, il les attrapa toutes adroitement, fit une révérence, puis se mit soudain à taper du pied, à voûter son dos, et à prendre une voix bégayante et nasillarde —
— il était en train d’imiter la voix de son père.

« Beh alors ! Su-si ! Mais qu’c’est gentil d’v’nir voir la famille, dites donc dites donc !
Allez, j’ai les chiens, y faut qu’tu m’aides à m’occuper des chiens, veux-tu ? Plein d’chiens ! »


Il regarda derrière elle, et fit une moue déçue.

« Elle est pas avec toi la fille au teint mat ?
Bon sang, tu as intérêt à la faire venir, cousine — et à me la présenter, surtout !
Ah par contre, on tiendra ton grand frère éloigné d’elle. Faudrait pas qu’il la fasse fuir, hé ! »


Il ricanait tout seul à ses propres sous-entendus, puis il commença à se répandre en discussions avec sa cousine sur tel ou tel sujet.


Malgré les âneries d’Assmus, le reste de l’après-midi fut plutôt sérieux. Il fallait mettre en place la cage, les chaînes, et la scène où Susi donnerait son véritable spectacle. Rimi arriva donc, pour aider à l’installation, tout en chambrant gentiment sa sœur sur ses absences lors de ces deux derniers jours — il n’y avait pas vraiment de malice chez lui. Il était plus embêtant que vraiment méchant, quand bien même ses surnoms ou ses plaisanteries pouvaient être très cruels sans qu’il s’en rende compte ; c’était ainsi entre beaucoup de frères et sœurs, même chez les Humains.
Poppy passant non loin pour se tenir au courant, Susi en profita pour lui faire lire discrètement la gourmette qu’elle avait volée. Après avoir désamorcé tout un tas de questions gênantes (« Où t’as trouvé ça ? » « Han chic c’est de l’or ! » « Les humains ils font vraiment pas attention à leurs affaires, à croire qu’ils y tiennent pas en fait. »), la cousine finit bien par traduire à voix haute, en épelant les lettres avec ses lèvres, comme on lui avait enseigné :
« Erenhard, du Village dans les Bois, Porteur de Repas du Margrave. »

Poppy trouvait ça bizarre que quelqu’un se fasse une gourmette en or parce qu’il portait de la bouffe au margrave, après tout les Halfelins mangent tout le temps, et il n’y a pas vraiment de quoi se faire des gourmettes, mais bon, soit. Elle rendit le bijou à sa cousine, et s’éloigna toute guillerette après avoir salué Rimi et Assmus.
En fait, Susi pouvait bien le garder pour elle, mais elle savait que chez les nobles, des noms de métiers très communs camouflent en fait des postes extrêmement important. Ainsi, celui « qui amène à bouffer au margrave », il s’appelle siniskalka, ou sénéchal. Si Poppy avait bêtement traduit littéralement le mot, la vérité est que monsieur Erenhard était un des plus proches conseillers du comte-électeur de ce côté-ci des Montagnes Grises.

« Bon hé, dites donc, sœurette !
Faut te préparer pour ce soir ! »




Un peu plus tard dans l’après-midi, alors que le soleil commençait à péricliter, des curieux humains sortis de leurs chapelles et de leurs chaumières commençaient à rôder autour du cirque. Les tous premiers clients étaient accueillis par Papy Bonchardon, debout sur un tonneau, qui commençait bruyamment son numéro pour inviter tout le monde.
La toile du chapiteau de Susi s’ouvrit, et son deuxième grand frère siffla à son intention.
« Y a une humaine rousse qui t’cherche partout avec plein de froufrous sous le bras.
Je la ramène ou je m’arrange pour qu’elle se perde ? »


Les Halfelins sont accueillants, mais les Halfelins ne sont pas abrutis ; pour éviter les problèmes quand l’un des leur est traqué par des humains mal-intentionnés, ils s’arrangent entre eux pour les envoyer balader bien discrètement. Heureusement, ce ne serait pas nécessaire ici.
Quelques minutes plus tard, la gamine rousse arriva, accompagnée de Sirrah. Les deux jeunes dames étaient en train de rire ensemble, et voilà qu’elles resaluaient pour la deuxième fois de la journée leur nouvelle amie commune. Tandis qu’elles se connaissaient toutes les trois, Assmus et Rimi regardaient un peu à l’écart, soudain timides et peu à leur place — ce qui était fort rare pour deux petits malins comme eux.

« Oh mais j’ai vu sa tête à lui, mais il m'a pas dit son nom », fit Serilda avec un grand sourire, tandis qu’elle déployait la robe toute cousue sur une table.
« T-t-t, Susi faut que t’éduques mieux ces messieurs — on découvre sa tête quand on voit une dame », rouspéta faussement Sirrah.

Pour une fois, c’était à Susi de présenter tout le monde comme elle le voulait, sans être mise à l’écart par un Rimi qui adorait tirer la couverture rien qu’à lui.



En tout début de soirée, les deux jeunes Humaines chassèrent les deux garçons, puis accompagnèrent Susi à l’écart, pour l’aider à se préparer. Ayant chipé un peu de suif (Quitte à faire une croix sur l’huile d’olive, ce à quoi l’Arabéenne se montra fort compréhensive), Susi avait pu bien laver son tatouage sans passer de l’eau et du savon dessus. Serilda l’aida à se vêtir avec sa nouvelle robe, tandis que Sirrah se porta volontaire pour lui appliquer du maquillage, soin qui était d’ordinaire laissé à Folbouffon. On pomponna Susi, les deux jeunes filles toutes ravies de l’habiller et la rendre belle, avant de la faire patienter en lui posant tout un tas de questions sur sa famille et sur son numéro.



Le jour laissait place au soir.

C’était le lendemain d’une nouvelle lune, aussi, la nuit tomba très vite pour ne laisser qu’un grand voile de ténèbres qui se répandit sur toutes les Montagnes Grises. Dans tous les sens, les Bonchardon se dépêchèrent de dépenser du bois et des chandelles pour allumer des petits feux, et permettre aux personnes qui sentiraient l’envie de venir voir les Halfelins de le faire. Tout le monde était à son poste, et à présent, il n’y avait plus qu’à se faire de l’argent.

Tout était devenu très vite bruyant. Hier, il n’y avait que les discussions des Halfelins et les hululements des chouettes pour éveiller la nuit. Ce soir, il y avait de la musique, du brouhaha de passants, des rires, et du feu qui crépitait. On entendait des jeunes gens se défouler avec des maillets sur le jeu de tape-gobo, et la grosse voix tonitruante de Beauconteur qui avait juste pris une pause pour manger avant de retourner accueillir les Humains, en présentant avec beaucoup d’emphase tous les numéros des gens de sa famille.
Et puis, il y avait des odeurs — surtout de la poule-au-pot en train de cuire sur le feu, puisqu'il aurait été impensable pour des Halfelins d’accueillir autrui sans avoir de quoi manger.

Malgré la température fort fraîche de ce tout début de printemps, le chapiteau se réchauffa très vite. Tirant un petit peu un bout de drap qui séparait les « coulisses » avec le reste de la tente, Susi put rapidement zieuter comment du monde était en train de rentrer. Beaucoup de paysans surtout, habillés chaudement avec des gros manteaux et des bottes. On réservait les bancs pour que les vieux s’assoient et les enfants grimpent debout dessus, tandis que les adultes ne rechignaient pas à se poser par terre sur le sol. Elle observa rapidement les visages de tout le monde, tandis que Serilda zieuta au-dessus de sa tête, et gronda.

« Hm, je vois pas ma famille. Pas dur de les trouver, c’est que des roux.
Je suis sûr Warin est juste parti boire. »


Sirrah ricana.

« Hé bien, y a du monde ! Pas autant qu’au Temple de Sigmar, mais quand même, ça fait un petit succès pour un tout premier soir ! »

Susi avait beau avoir eu beaucoup de mal à faire sa publicité, son cousin semblait avoir très bien rattrapé le coup.
S’il y avait beaucoup de paysans habillés bien simplement avec des peaux et du cuir, la Halfeline nota tout de même quelques mises un petit peu plus élégantes ; surtout remarquables par des bijoux ou des colliers, il y avait quatre ou cinq damoiseaux et demoiselles, assez jeunes, qui venaient d’un monde un peu plus important.
Elle découvrit aussi la lavandière, avec son fils qui l’accompagnait. Mais, étrangement, pas de prêtre de Sigmar pour lui tenir compagnie — ils étaient pourtant bras-dessus-bras-dessous la dernière fois qu’elle les avait vus.

« Ah, je le vois bien…
J’essaye de l’approcher dès que ton spectacle est terminé. Ça risque d’être dur tant que sa maman est là. »


Assmus arriva, tout grimé pour son numéro. Le visage blanc comme de la craie, le corps recouvert de manches bouffantes et de toutes les couleurs, avec des grelots au chapeau et sur les sabots, il méritait là très bien son surnom. Il posa une main sur la hanche, et houspilla les amies de Susi.

« Mesdemoiselles, mesdemoiselles, il y a des Halfelins qui travaillent, ici — vous reviendrez après le spectacle, je vous prie ! »

Elles souhaitèrent bonne chance à Tristepanse, et se volatilisèrent bien vite. Assmus souffla, et détacha un petit pochon à sa ceinture.

« Tiens, pour tes nerfs. »

Il y avait tout plein de tabac à chiquer, rien que pour elle.

Jet de charisme de Susi (Bonus : +4, Sirrah t'apprécie) : 9, réussite. Sirrah t’aime vraiment beaucoup, aucun souci pour qu’elle vienne avec toi sans faire elle-même sa fille à maman.

Jet d’intelligence (Malus : -4, connaît rien au monde des nobles) : 4, réussite de justesse. Tu sais ce qu’est un « porteur de repas ».


Jet pour ta représentation que je te laisserai décrire : 1, réussite critique.
Tu peux te faire totalement plaisir là, y a aucune limite ; Tu peux écrire comment Assmus t’annonces, ou pas du tout si tu sais pas comment faire.
Pendant un mois, tu gagnes un bonus de charisme de +2 envers toutes les personnes qui assistent à ton numéro pour les baratiner ou les charmer, et on va parler de toi dans tout Baerenthal.
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Susi Tristepanse Bonchardon
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Re: [Naissance des Nations] [Tristepanse] La meilleure des vies (Westermark)

Message par Susi Tristepanse Bonchardon »

J'ai pas vu passer l'après-midi - lors des préparatifs, il y a toujours mille choses à faire, surtout dans les dernières heures. La première représentation c'est celle où il y a le plus de risques que quelque chose tourne de travers. Des fois c'est le terrain choisi qui dévoile de mauvaises surprises : un sol trop dur dans lequel on a bien du mal à planter nos piquets, un chemin privilégié des coulées de boue lorsqu'il pleut, ou encore un chemin de passage de sangliers peu coopératifs. Des fois, c'est inhérent à la longue route qu'on a parcouru : après des semaines sans travailler, on est un peu affaibli, on a perdu la main sur certains tours, on a égaré des accessoires indispensables pendant la route. On connaît pas encore le public, chaque région a ses humeurs, ses préférences, sa tolérance aux non-humains. Plein de variables avec lesquelles il faut savoir s'adapter, s'ajuster.

Avec Rimi, on a passé en revue tout mon matériel. Il a fallu bien nettoyer mon tonnelet, vérifier le vissage de chaque barreau de ma cage (ça ferait mauvaise impression si l'un d'entre eux venait à tomber pendant le numéro), s'assurer que tous mes accessoires étaient en parfait état. Mon grand-frère a profité de l'occasion pour me railler, mais je n'y ai pas vraiment prêté attention, toute concentrée que j'étais à notre tâche. J'ai déjà le ventre qui commence à se tortiller douloureusement avec mon trac grandissant, alors je chique abondamment pour me détendre. C'est important de pas se rater à la première, c'est là qu'on se fait notre réputation pour le mois à venir, pour que les gens reviennent. En plus cette fois il y a ma nouvelle amie qui va venir me voir, je pourrais plus la regarder en face si je me ridiculise. J'ai peur de ce qu'elle va penser - jusque là j'étais Susi la mystérieuse halfeline venue à son secours, mais ce soir elle va voir Tristepanse, la halfeline laideronne qui se tortille bizarrement devant des gens.

Je sais que j'angoisse toujours avant les représentations, alors que dans les faits ça se passe la plupart du temps très bien. Mais même en tentant de me rasséréner avec le souvenir de mes expériences passées, ça ne change rien à mes torsions intestinales : la foule me fait peur, le regard des gens me gêne, je n'aime pas être le centre d'attention. J'ai peur de rater, qu'on se moque de moi, encore. C'est bizarre, parce que j'aime énormément la contorsion, j'adore m'entrainer et repousser les limites de ma flexibilité même si ça fait très mal, mais dès lors qu'il s'agit de montrer le résultat de mes efforts à des gens, je me sens terriblement mal. Comme si tout ce que je faisais n'était qu'une imposture, et qu'à tout moment quelqu'un pourrait s'en rendre compte et dévoiler aux gens que mon art n'a aucun intérêt.

Je profite du passage de Poppy et d'Assmus pour me changer les idées, et faire traduire la gourmette que j'ai chapardé au galetteux. Comme je m'y attendais après avoir profité du généreux contenu de sa bourse, Assmus et moi avions choisi pour cible un nanti d'exception : un sénéchal, proche du comte-électeur, rien de moins. J'ai préféré ne pas corriger Poppy quand elle se méprit sur la fonction du propriétaire initial de l'objet : si ce dernier devient trop intéressant, toute la famille va vouloir me le chiper, et on risque d'avoir des problèmes le jour où un ami de monsieur Erenhard apercevra un Bonchardon porter fièrement ce bijou au poignet.

Plus tard, alors que nos préparatifs touchaient à leur fin et que les premiers humains commençaient à affluer, Rudi vint compléter notre fratrie pour s'inquiéter de l'arrivée de Serilda, cette dernière me cherchant un peu partout pour honorer ma commande.

Tout comme maman aime à le dire, Rudi est "un bon garçon". Si Rimi est un baveux casse-pieds, mon autre grand frère est plus réservé et protecteur. De toute notre communauté, ça doit être le halfelin avec la stature la plus impressionnante, tant par sa taille que par d'authentiques muscles se dissimulant sous ses couches de gras. Il est bien bâti parce qu'en plus de manger pour deux, il travaille aussi pour trois au sein du cirque. Depuis que papa est parti, c'est lui l'homme de la famille pour Rimi et moi, alors il a pris ce rôle très au sérieux - malheureusement, il a tendance à toujours se ranger à l'opinion de maman quitte à n'être que son désagréable écho. "Ecoute maman Susi, elle a raison", "Finis ton assiette ou tu vas rendre maman triste, Susi", "Maman a raison de s'inquiéter Susi, tu ne devrais pas passer tant de temps toute seule".

Je le remercie pour sa sollicitude, et le rassure au sujet de ma couturière. Il repart pour guider cette dernière, et bientôt, mes nouvelles amies me rejoignent. En les voyant toutes deux arriver, j'ai un grand sourire qui jaillit sur mon visage - ça fait chaud au cœur de voir que les gens que j'ai rencontré sont venus rien que pour moi - même si la première je l'ai payée, et la seconde je lui ai forcé la main devant son domicile.

Serilda a hâte de me montrer le fruit de son travail, et ça tombe bien parce que je suis impatiente de voir le costume final que je vais porter bientôt : alors immédiatement, elle le déploie sur une table et m'en expose toutes les coutures. Je suis émerveillée par la qualité de l'ouvrage : le tissu, aux si belles couleurs chatoyantes et si doux au toucher, est encore plus beau à observer maintenant qu'il a été utilisé pour confectionner pareil chef d'œuvre. Tout est exactement comme je l'avais demandé : les échancrures aux épaules, la poche secrète pour ma patte de taupe, la longueur de tissu pour la partie basse, le mélange des couleurs chaudes rappelant la tenue de Sirrah. Je rougis un peu devant cette dernière maintenant qu'elle ne peut que deviner la source de mon inspiration pour ce costume, mais elle me fait un très joli sourire avec un peu de rose aux joues, complimentant elle aussi la qualité visuelle de l'ensemble.

Alors que je m'émerveille à n'en plus pouvoir, je remarque rapidement que mon frère et mon cousin, habituellement si prolixes, n'osaient même pas nous approcher, tout penauds dans leur coin. Faut croire que mes nouvelles amies les impressionnent, alors trop fière d'avoir le dessus sur cette situation, je fais un sourire goguenard pour les introduire à ma façon :

- Ah, oui, j'oubliais ! Serilda, Sirrah, je vous présente les deux bouffons du cirque Bonchardon ! Lui, c'est Rimi Bonchardon : ne vous fiez pas à son physique ingrat, il est bel et bien encore plus bête qu'il en a l'air - mais puisque c'est mon frère on a pas eu trop le choix de le garder. Quant au second avec le chapeau, c'est mon cousin Assmus : méfiez-vous de ses beaux yeux et de ses aguichantes joues rondes, il est particulièrement friand de jeunes femmes à la taille fine, et il est si beau parleur que vous pourriez finir dans son lit avant même de vous en être rendues compte !

Je tire la langue aux garçons, qui rougirent et protestèrent maladroitement, déclenchant notre hilarité. Je me montre néanmoins moins taquine ensuite - les deux-là ont trop de répartie pour que je puisse l'emporter verbalement, alors je préfère leur présenter Sirrah et Serilda, non sans bien rappeler qu'elles étaient MES amies, venues POUR MOI ET PAS POUR EUX.

Avec trois halfelins dans la même conversation, nos échanges dérivent très rapidement dans tous les sens, et les minutes défilent sans même qu'on s'en aperçoive. J'ai craint que Rimi et Assmus ne séduisent mes amies et les éloignent de moi, mais cela n'arriva pas : bien au contraire, Serilda et Sirrah finirent par leur demander de sortir pour que nous restions entre filles, afin de me préparer pour ce soir. Assmus protesta un peu, prétextant que c'était son rôle que de me maquiller, mais il fut prestement éconduit sans être écouté.

Désormais, c'est moi le centre de l'attention, et j'ai l'impression d'être une princesse : on m'apprête de la tête aux pieds en m'habillant, me maquillant et me coiffant. Je suis un peu gênée de les laisser ainsi s'occuper de moi - je n'aime pas beaucoup mon apparence, et être ainsi examinée et tripotée sous toutes les coutures est très embarrassant, alors je balbutie beaucoup au début de nos échanges. Et puis petit à petit, je me rend bien compte que mes nouvelles amies ne cherchent pas à juger mon physique ou se moquer, mais seulement à me faire aussi belle que possible. Alors tout naturellement, je finis par trouver mes aises dans cette situation, et ma langue redevient naturellement volubile lorsqu'on me questionne sur ma famille. C'est avec grand plaisir que je leur parle de papa et de maman, de tonton et de mamie, des villes qu'on a traversé, des numéros qui font notre fierté, mais aussi de mon expérience de contorsionniste, de mon entrainement, ma progression, et comment j'ai construit chaque étape de mon numéro.

Le temps file quand on s'amuse. La nuit sembla être tombée de manière littérale tant elle me parut survenir rapidement. Le maquillage de Sirrah était sublime - puisque j'avais un peu imité son style vestimentaire, il était logique qu'elle soit plus qualifiée qu'Assmus pour m'apprêter en conséquence. Quant au costume de Serilda, j'ai eu l'occasion de faire mes étirements dedans et il était parfaitement ajusté, ne gênant aucun de mes mouvements. La broche dessus rend vraiment bien, et mes nouveaux bracelets mettent vraiment bien mes chevilles en valeur.
En soulevant le drap nous séparant du cirque, on a pu voir que le public commençait à s'amasser à l'intérieur. Je fus rassurée de voir que malgré mes pitoyables prestations de rabatteuse, la foule était au rendez-vous pour ce premier soir , même si constater leur nombre ne faisait qu'amplifier mon trac. Bientôt, Assmus réapparut, lui aussi prêt pour la soirée, afin de chasser mes deux amies des coulisses - désormais, les Bonchardon passaient aux choses sérieuses.

La représentation commença avec Rimi et Assmus. Au début, ils ne jonglent pas, ils se contentent d'accueillir les gens en faisant des pitreries. L'un des tours que je préfère, c'est lorsqu'Assmus enlace affectueusement une bougre, puis juste après, montre au reste de la foule une bourse pleine de pièces dans sa main supposément chapardée au pauvre quidam - bien sur, c'est un simple tour d'escamotage, mais avec la réputation de notre peuple, la blague fait mouche à chaque coup. Ce n'est qu'une fois tout le monde bien installé qu'ils commencent innocemment à jongler, avant de montrer la réelle étendue de leur talent : les balles sont rapidement remplacées par des fruits et des gâteaux qu'ils se passent à toute vitesse... tout en croquant dedans au fur et à mesure. Leur talent, c'est de réussir à exécuter des mouvements demandant beaucoup de précision et d'habileté, tout en ne s'arrêtant jamais de faire le pitre, par des mimiques ou des blagues.

Vinrent ensuite Rudi et Lucia, qui font les tours d'acrobate. Contrairement à mémé Ida qui faisait son numéro seule sur un mât libre, mon grand-frère et son amoureuse font du main à main et des portés acrobatiques : comprendre par là qu'ils n'ont besoin que l'un de l'autre et pas d'accessoires. Rudi est super balèze, alors il peut porter Lucia dans plein de positions inconfortables pendant qu'elle fait des figures compliquées. Elle est pas souple comme moi, mais elle est bien plus habile - le clou de leur spectacle, c'est quand Rudi passe des portés statiques aux portés dynamiques et qu'il la propulse dans les airs, pour mieux la rattraper ensuite dans des postures incroyables.

Ugo et Ralf viennent après, pour un numéro qui dure pas longtemps mais qui fait toujours son effet : le crachage de flammes. Ils prennent un peu d'eau de feu dans leur bouche avant de monter sur scène, et ensuite ils soufflent en direction de la torche qu'ils tiennent en main ; l'effet est trop impressionnant, parce qu'on dirait vraiment que les flammes proviennent de leur bouche. Ca donne l'occasion à Rimi et Assmus de revenir pour jongler avec des batons qu'ils font enflammer à Ugo et Ralf, et de faire de nouvelles blagues sur les épices halfelines et leurs capacités digestives. La partie où Rimi imite les cracheurs mais en produisant un jet de flamme avec son arrière-train, imagé à renforts de jeux de mots douteux d'Assmus tels que "mon ami pète la forme, voyez, il a le feu au cul" a beau être puéril, elle fait systématiquement éclater de rire même les publics les plus récalcitrants.

Je n'ai pas l'occasion de les regarder faire leurs dernières pitreries, car c'est bientôt mon tour d'entrer en piste. Avec l'aide de Rudi, je rentre dans mon tonnelet : je l'ai fait tellement de fois que ça ne me prend plus qu'une poignée de secondes pour m'y introduire toute entière. Auparavant ça me faisait mal aux articulations de devoir rester longtemps toute écrasée sur moi-même, mais maintenant, je n'y fais même plus attention. Ca m'empêche juste de prendre de grandes respirations, alors il faut rester bien calme pour maitriser son souffle.

Il referme le couvercle, je le bloque de l'intérieur avec une minuscule cale en bois, et je n'ai plus qu'à attendre patiemment dans le noir. Mes douleurs abdominales me tiennent compagnie, et je me rend compte que j'ai oublié d'aller me vider les intestins avant le spectacle à cause de Sirrah et Serilda. J'ai un peu envie d'y aller maintenant, mais c'est trop tard, alors je jure entre mes dents. Pour me porter chance, je me concentre sur le contact de ma patte de taupe pressée contre ma poitrine.

J'entend le raclement de ma cage qu'on amène sur scène. Peu de temps après, je me sens soulevée : Rudi m'emmène à bout de bras avec sa force prodigieuse. Quelques pas plus loin, il me dépose au milieu de ma prison métallique, puis repart en coulisses. Je suis seule avec Assmus désormais.

- Messieurs dames, il est temps pour nous de vous parler de ma célèbre cousine. Et pour vous la présenter, je vais devoir vous demander d'imaginer une halfeline typique. Fermez les yeux, imaginez, un bon mètre de haut, un petit mètre de large, des formes à se damner pour l'éternité, avec une réconfortante odeur de tourte chaude qui la suit partout. Vous l'avez ? Parfait ! Et bien maintenant, enlevez-lui tout son gras, supprimez toute autre forme de son corps que la ligne droite, retirez les os de ses articulations, et remplacez l'odeur de la tourte par celle de la salade verte sans sauce, et vous aurez devant vous la plus unique des halfelines, l'incroyable Tristepanse !

Des éclats de rire, puis les murmures. Je ne bouge pas, laisse le temps au public de se questionner. Au centre du cirque, il y a mon cousin qui a une pose parfaitement figée, les bras tendus vers ma cage où rien ne se produit. A l'intérieur de celle-ci, il y a une chaise vide, un petit tonnelet, et rien d'autre.

Que se passe t-il ?
Il n'y a personne dans cette cage, qu'attend le bouffon ?
Il y a un problème ?
Dans le tonnelet peut-être ?
Non, impossible, même une halfeline vraiment petite ne pourrait pas rentrer dans un si petit contenant.
Alors pourquoi il ne se passe plus rien ?
C'est une autre bouffonnerie ?


Je retire ma petite cale en bois, et le couvercle, jusque là écrasé contre deux ressorts métalliques, bondit au plafond de la cage dans la surprise générale. Mais je ne sors pas tout de suite. Je laisse l'incrédulité monter une poignée de secondes, puis enfin, je laisse l'une de mes jambes apparaître sous la stupéfaction de la foule. En quittant mon contenant avec les pieds en premier, l'effet fonctionne bien mieux qu'avec ma tête, parce que sans visage à observer je reste mystérieuse plus longtemps. J'en joue un peu, laissant danser ma jambe dehors avant que la seconde ne la rejoigne. En appuyant sur mes coudes, je remonte centimètre par centimètre jusqu'à extirper mon bassin du tonneau. Je fais quelques figures dont un grand écart - c'est ici que la deuxième couche de tissu demandée à Serilda est bien utile pour ne pas illuminer la foule avec ma lanterne - avant de me mettre en poirier. A partir de cet instant, je laisse mes pieds joints lentement descendre en arrière, afin de produire ma première contorsion en position de roue : peu à peu, alors même que mes bras, ma tête et mes épaules sont toujours enfermés dans le tonneau, mes deux pieds vont toucher terre à l'extérieur. Puis je prend appui sur eux et d'une impulsion de mes mains, je quitte enfin mon petit contenant, pour saluer la foule.

Je suis accueillie par des centaines d'applaudissements.

Je ne les regarde pas. Je ne suis plus vraiment là. Mon visage devient une façade de scène, un sourire sympathique simulant une certaine facilité, un confort dans mon numéro à venir, alors qu'il est le fruit de cinq années d'un travail acharné fait de volonté et de courbatures. Il y en aura toujours pour dire que mon art est le fruit d'une prédisposition naturelle, d'un talent offert par la nature : c'est faux. J'étais raide comme une planche quand j'ai commencé, je trouvais juste cela amusant que d'être en équilibre sur mes mains. Mais quand on est seule, très seule, et qu'on passe ses journées entières à travailler, huit heures par jour au minimum, on peut tout faire.
J'enchaine les figures sans plus les réfléchir, en transe. Mon esprit si souvent en ébullition semble s'apaiser pendant l'exercice, trouver une sérénité que seule une concentration extrême peut lui offrir. C'est dangereux de trop cogiter pendant un numéro, car il y a trop de choses à penser. La position de chaque membre, le visage qu'on offre, le doute sur l'appréciation du public, la crainte du prochain mouvement, le regret du précédent. C'est là que le travail et la répétition entrent en jeu : à force de le faire encore et encore, la conscience s'efface. Je n'ai plus besoin "d'être là", mon corps se meut à son gré sans que je n'ai encore à lui demander de le faire, uniquement par habitude musculaire.

J'ai pas besoin des gens, de leur approbation, de leur soutien. Dans ma tête en cet instant, je suis seule. Et c'est très bien comme ça.

Lorsque la première partie de mon tour de se conclut, je suis trempée comme une soupe de ma propre sueur. Il fait chaud dans un chapiteau, avec autant de gens agglutinés, même en hiver - et si mon costume est magnifique, il tient chaud. Ma conscience semble revenir, et pour la première fois depuis le début de mon numéro, j'aperçois la foule extatique. J'ai apparemment été talentueuse jusque là, car les applaudissements battent à tout rompre.

- Voyez-vous cher public, Tristepanse est une halfeline turbulente, qui ne tient pas en place. Vous l'avez constaté, elle n'arrive tout simplement pas à rester sagement debout comme les personnes normales, il faut toujours qu'elle se tortille et qu'elle se faufile, vous verriez ça au quotidien, c'est tout simplement épuisant. C'est pour cela qu'au cirque Bonchardon, nous n'avons d'autres choix quand elle termine sa prestation que de l'attacher bien solidement !

Assmus s'en donne à cœur joie. Il prend un rictus mauvais tandis qu'il entre dans la cage pour me rejoindre. Je prend mon air de petite victime, tandis qu'il m'enfile ma camisole - c'est un bout de vêtement qui ne va que de mon cou à mes seins, mais avec de très longues manches, afin qu'une fois mes bras dedans, on puisse nouer les deux bouts de tissu derrière mon dos.
Toute penaude, je m'assied sur ma chaise en bois, avant que Folbouffon ne vienne attacher mes chevilles aux deux pieds de devant avec de la ficelle. Puis enfin, lorsqu'il se relève, c'est pour attraper une solide chaine en métal qu'il affiche avec un air cruel au public, la tendant entre ses bras pour démontrer sa solidité. Il se retourne vers moi, et l'enroule plusieurs fois autour de mon ventre et du dossier de la chaise. Je suis complètement immobilisée.

- Cette méthode d'éducation halfeline est garantie on ne peut plus pédagogique : n'hésitez pas à la reproduire avec vos enfants les plus agités à la maison ! Madame, oui, vous madame, venez une minute vérifier que Tristepanse est bel et bien immobilisée ! N'ayez pas peur, elle ne peut pas vous mordre dans son état, c'est promis ! Là, vous voyez, le nœud de la camisole est on ne peut plus serré ! N'ayez pas peur de tirer sur la chaine en acier, vous allez voir, les maillons sont bien solides - il faut bien cela pour la contenir, vous savez ?

Gloussements dans le public. La dame acquiesce. Je joue si bien la victime qu'elle me jette un air compatissant, comme si elle me signalait vouloir me secourir mais ne le pouvait pas.

Rimi revient tout à coup avec une mine catastrophée, et alpague Assmus avec de grands signes paniqués.

- Ah, nous avons des problèmes en coulisse ! Je suis désolé messieurs dames, je vais devoir m'absenter quelques minutes... je vous laisse avec Tristepanse ! Pas d'inquiétude, attachée comme elle est, elle ne devrait pas vous ennuyer outre mesure ! Je ferme la porte de sa cage, je tourne la clé, voilà, comme ça... là, c'est sur elle ne bougera pas. Je reviens vite, promis !

Silence dans la salle tandis que Folbouffon disparaît. Murmures à nouveau - est-ce une entracte ? Les problèmes en coulisse sont-ils réels ou bien... ?

Ma mine penaude s'efface, et je prend un grand sourire confiant. A moi de jouer.

Je commence les à-coups au niveau de mes chevilles. A chaque fois, ma chaise fait un petit saut, et l'impact résonne sur le bois de la scène. Tout le monde me regarde, le silence est revenu. C'est pas pour rien qu'Assmus fait vérifier la camisole et la chaine avec les mains, mais pas la corde à mes chevilles - c'est parce qu'elle est pas faite avec du chanvre, mais avec des boyaux de mouton. La différence c'est qu'elle est un peu plus élastique, et couplée avec un tout petit jeu laissé par Assmus, et mes articulations particulièrement souples, c'est plus que suffisant pour qu'à-coup après à-coup, j'arrive à me défaire de mes liens.
Les spectateurs sont très réceptifs à ce que je fais : il y a un silence respectueux incroyable. Tout le monde m'observe : d'accord, j'avais libéré mes chevilles, mais à quoi bon alors que je suis si solidement harnachée à ma chaise ? Mes pieds ne me servaient à rien, vu que j'étais toute petite, ils ne touchaient même pas le sol, à cinq malheureux centimètres près.

C'est la partie la plus difficile. Je dois me mettre en équilibre sur mes pointes, et porter tout le poids de mon corps et de la chaise sur le bout de mes orteils tandis que je me penche légèrement en avant. Chaque seconde dans cette position fait un mal de chien, et je dois la tenir un bon moment puisqu'il n'y a qu'ainsi, en dandinant lentement mes épaules et mon buste, que je peux faire tout doucement coulisser la chaine de métal le long de mon dos. Millimètre après millimètre, seconde après seconde, je souffle comme un bœuf et transpire comme un porc, mais je garde mon sourire.

Quand enfin la chaine se décroche du dossier, libérée de ma chaise je pars en avant et tombe sur le sol. Là encore, mon entrainement paye : s'il y a quelques années je m'étalais face contre terre, maintenant j'ai le réflexe d'arrondir mon ventre pour me réceptionner dans une douceur relative. Il y a eu un cri de surprise général quand je me suis effondrée, comme par empathie envers moi, par crainte que je me sois blessée. Là encore, j'en joue un peu en restant immobile quelques secondes, puis reprend le numéro. Je reste face contre terre, mais soulève mes jambes et mon bassin pour prendre la pose du scorpion : ainsi positionnée, mes pieds sont à même d'aller se glisser dans le nœud de la camisole situé dans mon dos. Il me faut quelques secondes pour bien affirmer ma prise, mais une fois que c'est fait je n'ai plus qu'à serrer très fort les orteils et à tirer pour que l'entrave se délie.

Je me relève, arrache la camisole, et la jette de l'autre côté des barreaux avec un air fier. J'échange un regard avec la foule, puis met mon index sur mes lèves pour leur intimer le silence : ce ne serait pas très courtois de révéler à Assmus mon évasion n'est-ce pas ?

Puis, au lieu de me diriger vers la porte fermée de la cage derrière moi, je vais droit vers eux. Les barreaux sont très proches les uns des autres, ça ne semble pas possible de s'y glisser... mais là encore, il n'y a aucune partie de mon corps qui ne soit pas accoutumée au fait d'être compressée et écrasée. Le plus difficile c'est ma tête - le crâne offre assez peu de liberté en terme de souplesse et d'élasticité, alors je suis toujours obligée de forcer pas mal quitte à m'écraser très fort les tempes. Mais ça passe toujours, tant qu'on prend le temps de bien faire les choses sans céder à la panique.

Une fois dehors, je salue mon public respectueusement en me courbant en avant. C'est une ovation de cris enthousiastes et un concert d'applaudissements qui m'acclame. Le spectacle terminé, ma transe s'arrête et mon esprit retrouve sa place dans ma tête. Mon visage partage le rouge de l'effort au à celui de la timide fierté. Je n'ai pas le recul pour savoir si ma prestation était bonne ou mauvaise, mais la réaction de la foule me laisse penser que j'ai été exceptionnelle.

J'ai faim, maintenant.

Modifié en dernier par [MJ] La Fée Enchanteresse le 12 août 2021, 16:44, modifié 1 fois.
Raison : +8 XP / Total : 92 -> Comptabilisé sur la fiche
Susi Tristepanse Bonchardon, Voie de la voleuse, rang 2.

Profil : For 7 | End 7 | Hab 14 | Cha 12 | Int 9 | Ini 9 | Att 8 | Par 7 | Tir 9 | NA 1 | PV 50/50

États temporaires :
-

Compétences :
- Roublardes : Acrobaties, Contorsionnisme, Crochetage, Déplacement silencieux, Évasion, Vol à la tire,
- Intellectuelles : Acuité visuelle, Langage secret - Jargon des voleurs
- Martiales : Esquive, Résistance accrue, Résistance à la magie(2)
- Divers : Chance, Cuisine, Vision Nocturne

Équipement :
Porté :
- Bolas
- Grenades assourdissantes
- Grappin
- Outils de crochetage
- Boucle d'oreille en or
- Couteau à beurre
- Gibecière
- Lait du Moot

Équipement de voyage (pas systématiquement porté) :
- Costume de scène
- Tenue de Monte-En-l'Air
- Miroir maudit
- Stocks de tabac
Awards \o/
Warfo Award 2021 du meilleur PJ - RP
Warfo Award 2022 du meilleur PJ - Ecriture

"Avec Susi, y a pas de souci !"

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