Dites moi, demanda-t-elle à l'archer municipal
Combien, au juste, cette bourgade a-t-elle de miliciens ? Et combien de vos collègues peuvent être réunis au plus vite. Disons dans l'heure. En étant discrets j'entends.
| Ben... Il semblait hésitant et était en train de regarder ses doigts comme pour vérifier quelque chose. Peut être avait il du mal avec les nombres ?
Comme ça... En comptant ceux qui patrouillent dans les rues et le rempart... Je dirais environ... Autant que les doigts de la main. Voir un peu plus. |
Et au fait... Savez vous où se trouvent ces gens ? Dans quelle auberge sont ils ?
| Euh... Il était visiblement confus. Ben on a 3 auberges donc ils sont forcement dans l'une d'entre elles. Sauf que vu qu'ils ont des chevaux... Ils sont forcement dans une où il y a une écurie ! Et on en a qu'une seule ! |
L'enthousiasme dont faisait à présent preuve l'archer était bien beau, mais il restait un novice. Restait à Alicia à le lui montrer.
Un instant. Lui intima-t-elle en l'arrêtant avant qu'il n'aille rassembler le reste de la troupe.
Vous oubliez une chose. Il y a d'autres écuries dans le village n'est ce pas ? Ils pourraient avoir été logés chez l'habitant. Quelles sont ces écuries ?
L'archer se concentra quelques instants comme pour extraire de sa mémoire les informations qu'on lui demandait avant de répondre avec un calme qui tranchait par rapport à sa prestation précédente. Il reprenait du poil de la bête le petit.
| Pour commencer, il y a la maison du vieux Rogar. Il était palefrenier du relais, avant qu'il ferme. Mais ça fait un bail qu'il n'est plus utilisé. Ensuite, y'a le boucher qui a une cour qui peut accueillir des bêtes. Enfin, il y a la maisonnée du Burgmeister. Il reçoit parfois de la visite de nobles lorsqu'ils passent dans l'coin. Alors il a aménagé une partie de la mairie. |
"
Hum... Plusieurs choix. Le plus évident est l'auberge. Ils y sont allés et ont trouvés logis et nourriture. Mais cet endroit est peut être un peu trop public pour eux, surtout avec les prisonniers. Ensuite, il y a l'ancien relais, qui pourrait convenir, niveau discrétion. On peut éliminer le boucher. Le noble du groupe pourrait avoir trouvé la place bien trop indigne de son rang. Reste... Le burgmeister ? Mais serait il au courant des activités de ses invités ? Sauf que ceux ci cherchent, maladroitement, à être discrets... Donc non. Le choix le plus logique reste l'auberge. Du moins, je l'espère...."
Regardant d'un œil neuf le milicien qu'elle avait sous la main, Alicia lui ordonna de lui indiquer comment se rendre à l'auberge où se trouvait l'écurie. Elle entrerait dans celle ci pour rechercher des indices pendant qu'il réunirait la garde qui irait entourer le lieux.
Écoutant avec soin les indications de la bleusaille, Alicia descendit de la palissade pendant que le milicien marchait, comme si de rien n'était, avertir ses camarades puis les guider.
Les ruelles du village étaient assez sombre mais, à cette heure ci, tout le monde était rentré chez lui et dormait profondément. Seuls les rats des toits et la milice étaient debout à cette heure ci. Du moins normalement. Bien entendu, il pouvait y avoir quelques fêtards mais ceux ci restaient cantonnés à l'intérieur des tavernes. Quand aux aubergistes... A cette heure ci, ils nettoyaient leur salle avant d'aller se coucher. Mais la boutique restait encore ouverte quelques minutes.
C'est donc à l'établissement du "coq hurlant", auberge reconnaissable grâce à l'enseigne métallique légèrement ballottée par le vent, au dessus de la porte d'entrée, qu'Alicia débuta son enquête. L'enseigne avait la forme du gallinacé, tête tournée vers l'aube. C'était le bon endroit.
La façade du lieu était difficilement identifiable si vos yeux n'étaient pas habitués à l'obscurité qui avait envahie la bourgade, mais pour Alicia qui avait crapahuté pendant des minutes dans des ruelles sombres, se cognant parfois à des étals ou des caisses traînant par terre, cela n'était guère difficile.
Une face recouverte de chaux, avec deux étages, et des fenêtres condamnées par quelques volets de bois. On pouvait cependant voir que tous les clients n'étaient pas couchés puisqu'une petite lueur à travers les volets parvenait à Alicia. Quelques couches tard sans doute.
"
Couches tard ou bien.... "
"
Ta lubricité n'a donc aucune limite !? Non. Ne réponds pas. Je connais déjà la réponse."
"
La vie est courte. Il faut en profiter en la brûlant par les deux bouts. Et peut être, si nous éclipsons assez les âmes qui nous entourent, le prince nous accordera ses faveurs afin que nous puissions perdurer un peu plus longtemps... "
"
Tssk "
Faisant le tour du bâtiment, Alicia entra dans la cour de celui ci. L'écurie était vide. Nulle présence d'êtres chevalins. Elle s'était trompée. Il n'y avait nul esclavagistes dans l'établissement. Ayant un mauvais pressentiment, elle essaya de se convaincre qu'elle n'aurait pas à aller chez le burgmeister pour boucler cette affaire une bonne fois pour toutes...
En ressortant de la cour de l'auberge, elle tomba sur les hommes rassemblés par la bleusaille. Certains étaient en arme, d'autres tout débraillés et simplement armés de dagues et de gourdins. Sûrement levés au pieds du lit.
Messieurs les salua-t-elle.
Au cas où vous l'ignoreriez, des esclavagistes ont sévis dans la campagne environnante. Ceux ci sont six dont une femme et potentiellement un noble. Ils sont dans votre ville alors que vos filles et vos femmes dorment profondément. L'inquisition s'empare de cette affaire. Et j'escompte votre pleine coopération dans celle ci. Cette auberge , dit elle en désignant le bâtiment,
est exempte de leur présence. Reste l'ancien relais et la boucherie. Divisez vous en deux groupes. L'un ira au relais, l'autre, avec moi, à la boucherie. Ne lancez pas l'assaut avant que je ne sois sur place, à moins que cela ne soit nécessaire. Compris !?
Autant certains étaient encore pâteux lorsqu'ils l'avaient vus, autant lorsqu'elle fit mention d'esclavagiste tous s'étaient soudainement réveillés. Et ils étaient pleinement motivés à l'aider lorsqu'elle mentionna leurs familles qui pouvaient potentiellement être victimes de ces enfants de catins de marchands d'humains. L'esclavage n'était peut être pas illégal dans l'empire, mais il n'en était pas moins extrêmement mal vu par le bas peuple. Encore plus dans les campagnes. Surtout quand c'était vos voisins qui connaissaient ce sort funeste, fussent ils des foins de fumiers qui prenaient quelques fruits de vos arbres à la nuit tombée.... Pour ensuite faire des tartes qu'ils vous invitaient à déguster dans la soirée.
Menant le groupe à destination de la boucherie, un bâtiment assez long, sans étage, bordé d'un caniveau. A la lumière des torches, on voyait clairement que les pavés qui recouvraient les bords de celui ci avaient été teintés par le sang des bêtes qui devait s'écouler dans la tranchée et être évacué dans quelques fossés hors de la bourgade. Ordonnant aux miliciens de se positionner autour de bâtiment pour cerner chaque fenêtre et chaque porte, Alicia tendit l'oreille. Aucun bruit. En faisant encore plus attention, elle risqua un œil à travers une fente de la porte qui ouvrait vers l'abattoir, où étaient rangés les animaux vivants avant leur mort et dépeçage. Rien. Elle ne voyait rien, pas plus qu'elle n'entendait quoique ce soit. Il faisait trop sombre.
Faisant signe à un milicien de lui amener un pieds de biche, elle défonça, avec son aide, la porte en bois, plus une simple planche que porte. Ce fut vite expédié et, en pénétrant dans l'entrepôt, on ne remarqua nulle présence de chevaux. Fausse route, une fois de plus.
Scheiss !
| Tout va bien m'selle ? |
On joue de malchance. J'espère juste que les gars envoyés à l'ancien relais n'auront pas fait choux blanc.
Et comme si ses paroles avaient attirées l’œil moqueur de Ranald, voilà qu'un milicien de l'autre groupe, suivit par les autres membres de son équipe sur ses pas, revenait avec la nouvelle qu'Alicia craignait d'entendre. Aucun cheval non plus à l'ancien relais. Cette affaire puais de plus en plus.
S'appuyant sur une poutre de soutien, Alicia ferma les yeux et se massa les paupières avec son pouce et son index dans un effort de réflexion.
Nous savons qu'il n'y a que quatre écuries dans cette bourgade. Que les esclavagistes sont six. Donc six chevaux. Or, il ne sont ni ici, ni à l'auberge, ni au relais... Bordel archers. Dites moi qu'il y a bien une autre écurie que celle du burgmeister dans votre village... Cette affaire pue.
| Ben... On aimerait bien savez. Le burgmeister est pas un salop. Il donne des poignées de main à tout le monde le jour et est là pour écouter nos tracas... Bon après il les résout pas tout l'temps m'enfin... Non. Y'a pas d'autres écuries que la sienne à rester. Mais bon... D'un autre côté, on sait pas s'il est relié à tout ça. je veux dire... Il laisse souvent sa porte ouverte aux marchands de passage, à des religieux ou même des simples troubadours alors... Peut être qu'il a été intéressé par ces nouveaux venus. Et qu'on aura pas besoin de l'arrêter.. |
J'espère que vous dites vrai archer. Parce que sinon, on risque de courir à l'émeute demain matin. Se reprenant en adoptant un ton plus ferme, Alicia annonça d'une voix autoritaire aux archers municipaux leur objectif.
Messieurs ! Direction la maison du burgmeister. Nous ignorons si ce dernier est ou non lié à cette affaire, alors jusqu'à nouvel ordre, vous devrez l'arrêter. De même pour toutes les personnes présentes chez lui. Serviteurs, majordome, cuisinier, jongleur. On s'en fout. Tous sont suspects. Bien entendus, certains seront relâches mais je tiens à ce que nous ayons une liste fiable des personnes présentes sur les lieux ce soir. Enfin, il y a six personnes présentes qui peuvent se montrer dangereuses. Quatre ont un crâne rasé ou tonsuré. Il y a une femme et un homme qui ressemble à un noble. Essayez de les capturer vivants. Me suis je bien fait comprendre !?
| Oui m'dame. Sur. A vos ordres. |
Les réponses n'étaient pas très motivées mais au moins ces hommes lui obéiraient pour le moment.
"
J'aime être obéie tu sais... Il faudrait que je me dégotte un fouet un de ces jours... Et des liens en cuir... "
"
Je ne veux même pas savoir à quoi tu penses. "
"
Tu sais que je peux te montrer ce à quoi MOI je pense... "
"
Sigmar, aidez votre fidèle servante... "
Ce fut donc une troupe légèrement anxieuse qui se dirigea vers l’hôtel particulier du burgmeister. Celui ci était de style baroque, mais sans grande ambition. Bien entendu, la mairie en imposait plus que les autres bâtiments du village, et c'était son rôle, mais on ne voyait que peu cette prétention qu'ont certains maires à exposer ostensiblement leur richesse.... Tout respirait la modestie.
Après avoir ordonné à quelques hommes de se glisser, matraques à la main, aux fenêtres et autres sorties de la résidence, pour assommer des fuyards et à d'autres, de se glisser dans l'écurie pour couper les sangles des selles et étriers. Une fois assurée du travail fait, elle se lança.
Toquant légèrement à la porte, les miliciens plaqués contre le mur sur son ordre, et attendit qu'on lui ouvrit. Elle entendit un ronchonnement suivit de quelques bruits de pas traînants avant que le verrou ne coulisse lourdement et qu'un serviteur entrebâille légèrement la porte afin de voir qui pouvait venir toquer à la porte à une heure si tardive.
| C'est pour quoi !? |
demanda un serviteur visiblement ronchon, une lampe à huile à la main et un bonnet de nuit à la tête.
Coinçant un pieds dans l'espace entre la porte et le mur, Alicia offrit son plus beau sourire au majordome revêche.
Bonsoir très cher ami. L'inquisition se permet de s'inviter à l'improviste chez votre maître. Auriez vous l'amabilité de nous laisser entrer je vous prie ?
Le serviteur ne disant mot, la bouche grande ouverte, Alicia prit ceci pour un oui et bouscula le portier pour entrer, une cohorte de miliciens sur ses pas. Deux d'entre eux restèrent d'ailleurs avec l'infortuné qui avait eu la bonté de leur ouvrir la porte.
| Quelque peu perdu au milieu de toute cette virile soldatesque, Alfred balbutia quelques mots avec difficulté, sa langue fourchant plusieurs fois avant qu'il ne se reprenne. Je... Euh... Monsieur a demandé à ne pas être dérangé. Ses invités et lui même m'ont fait comprendre leur désir de discuter en privé de quelques sujets importants entre eux. |
Nous vous savons gré de votre inquiétude pour la tranquillité de votre maître, et vous assurons que tout se passera pour le mieux si vous coopérez pleinement. Ou se trouvent ses invités je vous prie ? demanda-t-elle le plus innocemment du monde, avec un sourire radieux.
| Monsieur est dans le salon de jeux, à la cave, accomplissant ses devoirs d'hôte envers ses nobles visiteurs. Quand à leurs valets, ils sont dans les quartiers des serviteurs, à se reposer. Je vous prierais de ne point abîmer le mobilier. Certains objets ont coûtés très cher. |
Nous y prêterons particulièrement attention. Sur ce, je vous laisse entre de bonnes mains annonça-t-elle en faisant signe aux miliciens de surveiller Alfred dans un coin.
Bon... chuchota-t-elle....
Les trois quarts d'entre vous, occupez vous des serviteurs. Le reste, avec moi. Dès qu'on trouve les invités, vous les assommez sans prévenir. Quand au burgmeister, on verra sur le moment.
Les visages sombres de la garde lui indiquèrent que ceux ci, bien que renâclant à poser la main sur leur administrateur, obéiraient, conscients de la gravité de la situation. Et puis il y avait une petite chance que ce dernier n'ait rien à voir avec tout ça. N'est ce pas ?
La première partie du plan déroulée sans accrocs, Alicia se détendit et prêta plus d'attention à son environnement.
Avançant silencieusement dans un couloir, la sigmarite pouvait voir, à la lumière du chandelier tenu par l'un de ses accompagnateurs, de nombreux tableaux défiler. Des hommes et des femmes morts depuis longtemps regardaient les passants. Elle n'avait aucune idée qui étaient la plupart de ces personnages, bien que certains héros de l'Empire et Karl Franz figuraient sur certaines toiles.
Au sol, un tapis de velours étouffait les pas de la troupe qui suivait l'agente de l'ordre dans sa quête.
Arrivant face à un escalier descendant, aux marches de bois de chêne, elle ordonna aux hommes d'enlever leurs chaussures afin de faire le moins de bruit possible lorsque le groupe l'emprunterait.
C'est à pas de loups que l'escouade constituée d'une inquisitrice et quelques 8 miliciens descendirent dans un silence d'or les marches pour déboucher devant une porte en bois laqué, ornée de quelques animaux marins. Crabes, homards, serpents exotiques.... Collant son oreille contre le bois, l'instigatrice de cette décente inquisitoriale essaya, sans succès, de capter le son qui passait à travers la porte. Faisant signe à ses suivants de sortir leurs gourdins, elle enfonça, arme au poing, la porte qui s'ouvrit aisément, pour être accueillie par un :
| Personne n'attend l'inquisition impériale ahahahah ! |
Croyant à un piège, l'inquisitrice pointa son arme sur l'homme qui avait lancée cette diatribe, pour réaliser, juste avant de faire feu, que celui ci avait de la bave qui lui coulait de la bouche, un regard fou et le visage heureux. Et la pipe qu'il tenait à la main. Visiblement, cet idiot avait fumé quelques drogues et croyait que la soudaine irruption d'une bande armée dans la pièce n'était que le fruit de ses hallucinations. Trop facile.
Prenant le temps d'inspecter du regard la pièce, Alicia remarqua alors immédiatement deux choses. L'une, qu'il y avait deux autres personnes présentes dans le lieu et qu'elles semblaient avoir une meilleure "maîtrise" ? de leurs hallucinations puisqu'elles se concertaient du regard pour déterminer s'il était ou non normal de voir la même chose. L'autre, qu'il y avait, sur les murs et meubles divers œuvres d'art ostensiblement.... hérétiques. Ainsi qu'un autel clairement impie.
Pointant du doigt aux miliciens les drogués encore avachis dans de confortables fauteuils mauves, ceux ci s'emparèrent d'eux et leur ligotèrent les mains. La femme seule sembla réussir à émerger de son délire avec succès tandis que ses compagnons, l'un, était encore noyé dans les effets de la drogue, le regard goguenard, ne réagissait pas, et l'autre souffrait d'une grande frayeur, comprenant dans quelle situation il était et ce qu'il risquait, le tout amplifié par la consommation de quelques substances illicites.
Messieurs, mademoiselle. Vous êtes en état d'arrestation pour possession de drogues, esclavagisme et, potentiellement, hérésie. Vous êtes autorisés à passer aux aveux séance tenante et à plaider coupables. En attendant, bouclez moi ça quelque part dans le manoir. Sous bonne garde. annonça-t-elle aux miliciens. Ou du moins, ceux qui n'avaient pas inhalés trop des fumées ambiantes pour être encore assez lucides et comprendre ce qu'on leur demandait.
"
Hum.... A l'odeur, je dirais que c'est du bonnet fou. Peut être mêlé à de la chanvre traitée. Excellent choix."
En fouillant quelque peu dans le bureau désormais vide de ses occupants comme des hommes d'arme, envoyés escorter les contrevenants à la geôle locale, Alicia remarqua une cassette sous la table basse qui figurait au centre du triangle où s'étaient installés les fumeurs. Dans celle ci se trouvait.... Le jackpot. Des pipes, mais aussi une étrange poudre blanche, ainsi qu'un mortier et des champignons. Nul besoin d'être un expert pour deviner la suite. Le bourgmestre avait mis la main sur un stock de bonnets fous, ou même avait trouvé un moyen de s'en procurer régulièrement, puis faisait sécher ceux ci et les réduisait en poudre, mêlée au chanvre traité. Et il obtenait sa drogue.
"
Donc il y a une source d'approvisionnement fiable de drogue dans la région.... Ainsi qu'un réseau d'esclaves... "
"
Quel magnifique potentiel a cette région ! Si seulement je pouvais prendre en main tout ceci et en faire une industrie.... Mais non. Il va falloir tout brûler. Hélas. Mais au moins aurais-je pu m'amuser quelque peu avec nos tas de viande."
Passant au reste de la pièce, le regard de l'inquisitrice tomba sur un tableau. Celui ci était captivant, à plus forte raison qu'Alicia ne pouvait détacher son regard de l’œuvre. La toile, d'un maître inconnu, faisait naître en elle un émerveillement.... malsain. Une simple scène de chasse au premier abord, ce qui était représenté, une fois les détails saisis par l’œil, était on ne peut plus morbide. Les proies étaient des humains écorchés, les chasseurs avaient des membres déformés, les dames de compagnies des pinces dissimulées sous leurs longues manches, les poils des chevaux étaient tressés de manière à former des symboles ésotériques, et l'artiste avait réussit à faire briller une lueur malsaine dans les yeux des bêtes, qui semblaient excitées par la chasse autant que les chasseurs....
"
Pauvre chou. Je m'occupe de ça sinon on y est encore demain. "
Prenant le contrôle du corps de l’inquisitrice par surprise, la cultiste pris le tableau par avant de se saisir de sa dague et couper la toile pour la détacher du cadre, pour ensuite la rouler comme un parchemin qu'elle suspendit ensuite au dessus d'une chandelle.
"
Attends ! C'est une pièce à conviction ! On ne peut pas la détruire. Pas avant le procès du moins..."
Surprise par l'exclamation de sa zélote de moitié, la cultiste suspendit son geste à temps pour empêcher le papier de roussir.
"
Parce que tu comptes leur offrir un procès en plus ? Il me semble que le cas ici présent est on ne peut plus clair. Coupables d'office. Inutile de s’embarrasser de fioritures. Qu'on donne leurs têtes au bas peuple et que celui ci s'amuse avec elles."
"
Nous allons juger des personnes de pouvoir. Il faut laisser des traces écrites de ce qui s'est passé. Il faut agir selon les règles, surtout quand elles nous le nous permettent clairement."
"
Hum.... " La cultiste était circonspecte. Douteuse même. Puis elle sembla aimer ce que lui proposait sa moitié. "
Baiser la noblesse le plus profond possible lorsque la loi est ton alliée ? J'aime bien cette manière de penser. Détruire leur égo, leur sentiment de supériorité en usant de ces mêmes lois qui sont sensées les protéger... Intéressant. Amuse moi pâle copie."
"
Je me contenterais de faire mon devoir. Rien de plus. Rien de moins. "
S'assurant qu'il n'y ait personne dans la pièce ou l'escalier, la cultiste referma la porte avant de s'agenouiller devant l'autel qu'elle avait repérée.
Cela fait bien trop longtemps mon prince.... Aujourd'hui j'apporte la destruction sur ce culte minable, mais demain..... Demain l'Empire tout entier sera vôtre.... En attendant, profitez des râles de souffrances de vos fidèles qui ne tarderont pas à venir. Ceux ci vous procureront quelques distractions. Au moins un temps.
Sa prière réalisée, la cultiste se pencha sur le reste des preuves présentes dans la pièce. Déjà elle arracha un morceau de tapisserie pour recouvrir l'autel du prince des plaisirs et le dissimuler aux yeux des curieux. Faire découvrir au monde les délices du prince pouvait être tentant, mais il fallait les mériter. Et les incroyants étaient souvent prompts à se mettre sur la route de ses apôtres...
Concernant les autres tableaux et statues délicieusement slaaneshites, la cultiste se contenta de les réunir en un coin de la pièce, tout en gravant dans sa mémoire les détails des artefacts hérétiques, puis les recouvrit d'une pièce de velours avant de sortir du lieu et y poster un garde avec interdiction de laisser entrer quelqu'un sans son autorisation.
Retournant dans le hall, elle eu le loisir de voir que toute la maisonnée avait été réunie sur place, à l'exception des 4 butors qui accompagnaient ses nouveaux compagnons, plus ou moins volontaires. Le milicien en charge de ces suspects légers les présenta; il y avait le cuisinier du burgmeister, son chef des serviteurs, Alfred, et son garde de nuit. Il y avait aussi deux servantes mais elles avaient quittées la mairie après leur service, vers 22 heures, avant que le groupe ne prenne d'assaut la résidence. Mais par contre, nulle trace du jeune couple...
Bon travail messieurs. Quand à vous.... s'adressa-t-elle aux serviteurs
Nous allons devoir discuter de certaines choses. Coopérez et vous vous en sortirez sans trop de soucis. Résistez et.... Inutile de vous faire de dessins n'est ce pas ? demanda-t-elle avec un faux sourire.
Bien entendu, reprit-elle
vous serez interrogés séparément, afin que nous puissions nous assurer que vous nous racontez bien la même chose. Séparez les messieurs. Et vous, dit elle en désignant le cuisinier
vous venez avec moi.
Prenant le cuisto par l'épaule, elle le poussa plus ou moins contre son gré vers un des logements des serviteurs, pour le jeter contre un lit.
Que savez vous sur les petits trafics de votre maître ? Ne mentez pas, si je note la moindre divergeance avec ce que vos petits camarades me racontent, je vous ferais subir des tourments que vous ne pouvez même pas imaginer dans vos pires cauchemards, puis je chercherais votre famille. Et celle ci sera soumise à la question. Devant vous. Puis ce sera le tour de....
| Non ! J'vous en prie ! Je sais rien de tout ça ! Je cuisine juste des plats ! J'vous en supplie ! Me faites pas de mal je sais rien.... supplia-t-il prostré devant l'inquisitrice, en larmes. La détresse perçue dans son ton était réelle, à n'en pas douter. Ou alors c'était un excellent comédien. |
"
Moi je dis qu'on devrait l'amocher un petit peu, histoire d'êtres certaines qu'il trempe pas dans le cou le maître queue. Pui en parlant de queues... "
"
Tu t'amuseras plus tard. Et ne boude pas, je sais que tu es déjà follement excitée à l'idée de prendre le contrôle. Prend patience, tes.... "activités" te paraîtront alors plus divertissantes."
"
Si l'on ne peut plus mutiler et torturer en paix... Gnagnagna. Je te préviens, ça ne sera pas beau à voir. J'ai l'esprit fébrile en ce moment...."
"
Sigmar protège.... "
Au cuisinier cette fois, elle lui signifia qu'elle en avait finit avec lui et le retourna aux miliciens. S'enquérant où avaient été placés les deux autres serviteurs, elle rendit visite au chef des maids. Celui ci avait été placé dans une chambre de serviteurs, sous l’œil attentif d'un garde à qui Alicia signifia son congé une fois la porte franchie.
S'asseyant à cheval sur une chaise, le dossier de celle ci devant l'inquisitrice, cette dernière commença le second interrogatoire.
Sachez que je vous sait gré d'avoir accepté de collaborer avec nous dès notre arrivée dans cette aimable résidence. Aussi, nous nous retiendrons d'employer contre vous des méthodes violentes afin d'obtenir des réponses à nos questions aussi longtemps que vous continuerez sur cette sage voie. Ma première question étant : que savez vous sur les petits trafics de votre maître ? Et je ne parle pas là de la fraude aux impôts. Comprenez vous ? demanda-t-elle avec un sourire.
| Je... Eh bien... Dans l'hypothétique scénario où mon maître tremperait dans des affaires louches, je ne pense pas que celles ci aillent au delà de la falsification de comptes communaux, ou bien l'affectation d'une partie des sous de notre village à quelques achats exotiques. Bien entendu, cela n'est qu'une possibilité. Et quand bien même celles ci seraient potentiellement portées sur place publique, je doute qu'il y ait des preuves utilisables lors d'un procès. A moins que vous ne sachiez déchiffrer les codes qui ornent ses notes. |
Interloquée, l'inquisitrice regarda le majordome d'un œil nouveau.
Ainsi votre maître, pourrait, potentiellement, faire des affaires louches de bas niveau, mais ne tiendrait de comptes que codés ? Intéressant. Rien d'autre ?
Alfred sembla chercher quelque chose en tête un instant comme s'il essayait de mettre la main sur un souvenir. Son âge avancé ne devait pas l'aider à mener de rapides réflexions, hors de l'ordinaire.
| Eh bien... Il a essayé, à un moment, de mettre la main aux fesses d'une des servantes mais lorsque la petite lui a délicatement caressée les parties à coups de pieds, celui ci s'est contenté de la regarder de loin. Mais sinon je ne vois pas de quoi vous voudriez bien parler. |
Merci de votre collaboration. Nous sommes certaine que votre témoignage ne sera pas contredit par nos autres.... interlocuteurs. N'est ce pas ?
Toujours le même sourire sinistre, teinté d'une menace informelle... Vint alors le tour du vigile. En tant qu'homme de main, Alicia s'attendait à ce que celui ait des faits plus substantiels à lui reporter. Et elle ne fut pas déçue. Dès qu'elle vint à lui, celui ci était très nerveux et se mis à table juste avant même qu'elle ne lui pose de questions.
| J'vais vous dire tout cqu'je sais. Mais devez m'promettre de pas me livrer aux juges s'viouplaît m'dame. |
Malgré son accent plus campagnard que le plus arriéré des bouseux sylvaniens, qui vous donnait des envies de meurtre pour remettre cet impitoyable massacreur de la langue impériale, Alicia se contenta de tiquer en oyant les paroles de l'homme, malgré la tentation furieusement délicieuse de mettre fin aux jours du corniaud. C'est qu'il était insupportable à écouter avec son timbre de cul terreux plus misérable qu'un paysan de Couronne !
Je vous écoute citoyen. Mais selon la gravité de vos crimes, je me réserverais sur votre sort. Cependant, si vous faites avancer de manière substantielle mon enquête, alors je pourrais glisser un mot au juge...
Il n'en fallait pas plus au provincial pour se mettre à table. Ce dernier déballa tout. Mais alors absolument tout. Les petites affaires du burgmeister, son chantage à l'encontre du malheureux garde du corps qui était forcé de l'aider dans ses infâmes affaires, en échange de médecines pour sa pauvre mère malade, les livraisons qu'il faisait pour lui dans les forêts avec les peaux vertes, les gens, rares, ballonnés qu'il se devait mettre au grenier lors de leur passage, pour les confier à des mains inconnues et sans jamais les revoir, les invités plus que louches, les absences du burgmeister en forêt, la contrebande qu'il couvrait.... Il lui fallut bien une demi heure pour tout dénoncer, et encore, il n'avait donné là que les faits les plus graves. Restait tout une gamme de crimes d'ordre mineurs qui auraient suivis si l'inquisitrice ne l'avait pas stoppée là. Oh. Et apparemment les esclaves étaient au grenier, sous somnifères au moins jusqu'au petit matin.
Bon. Écoutez mon vieux, vous m'avez l'air d'un brave gars alors voilà ce qu'on va faire. Vous venez de passer à la question alors maintenant vous allez me signer des aveux et rester dans le bourg pour un moment. En fait, pour votre sécurité, vous allez même être confié à la garde. Vous êtes un témoin plus qu'important alors je tient pas à ce qu'il vous arrive une bricole. Non pas que ce soit probable mais bon... Alors signez moi ce papier.... Une croix suffira si vous ne savez pas écrire. C'est vos aveux.
Tout au long de la diatribe du vigile, Alicia avait sortie une feuille sur laquelle elle avait couchée tous les crimes dont s'était rendu coupable le burgmeister, avec le complicité forcée de son homme de main.
Après avoir fait prendre son congé au vigile, Alicia se massa les tempes. Elle était vraiment fatiguée car sa tête lui donnait l'impression d'être prête à exploser d'un moment à l'autre. Écouter l'accent du vigile une demi heure durant avait été une épreuve atroce pour ses oreilles. Pour peu, elle aurait même pu considérer la phrasé de son interlocuteur comme une hérésie sans nulle autre pareille.... Mais l'heure n'était pas à l'éducation phonétique et l'expression orale. Non. L'heure était à.....
L'INQUISITION !!!