Prêt à lever le camp.
Chaque paquetage devra compter : équipement personnel, couchage, vivres pour quatre jours.
Reste du matériel monté sur vingt ânes et dix mulets.
Rien n'est laissée sur place.
Cache contre indiquée ici car terrain trop dégagé.
Ernest de Lippe
Au baron,
Kolbhügel dispose d'un moulin à eau muni d'un martinet pour le cinglage. Plusieurs forgerons sur place. Si nous arrivons à sécuriser la place, nous pourrons l'utiliser pour notre compte. Le village est sur les terres de Herr Von Stegervald, ayant résidence à Pfeildorf. Aux dernières nouvelles, pas de garnison loyaliste sur place. Le bourgmestre est Erik Dorn, négociant en métaux et propriétaire de la mine du Creux, à une lieue de Kolbhügel. Dorn n'est pas aligné, la population n'est pas acquise à la Cause.
Le marché aux chevaux de Pähl va prendre place au printemps, mais les marchands seront moins nombreux à venir cette année à cause des troubles. Les maquignons de la région font hiverner leurs bêtes là. Si nous les saisissons, nous aurons des mules pour le bât et des chevaux pour nos hommes. Attention : beaucoup de négociants averlander. Saisir les bêtes, c'est nous froisser avec eux. Pähl appartient à notre camarade Ernest de Lippe. Je conseille de le concerter avant toute action. Aux dernières nouvelles, pas de garnison loyaliste sur place.
Pas de mouvement à Jatsnick. Le Feld-Major manque visiblement d'informations. Pas d'exactions contre les civils de la part de ses hommes. La population ne semble pas lui être hostile dans l'absolu. C'est différent pour les Archers : trois cas de tortures rapportés sur les dix derniers jours. Seigneur de Jatsnick = Herr Von Stegervald. Bourgmestre = Desmond Fergson, marchand-grossiste de cuir.
Pour la montagne : colonne naine repérée dans la passe de Khazid Hafak dans la montée du Pic de la Fourche. On me rapporte aussi que le hameau de Seis a été abandonné. Les maisons ont été rasées et un corps a été retrouvé dans la neige à quelques pas de là, deux flèches de facture peau-verte dans le dos. Pas de trace des autres.
Notes sur l'arsenal de Wusterburg : attaquer en terre wissenlandaise risque d'être perçu comme une déclaration de guerre par Nuln. L'opinion ne doit pas être contre nous. Je conseille de ne pas occuper le bourg et de ne pas s'en prendre aux civils. Opération pour troupes disciplinées seulement. Faire porter le chapeau à quelqu'un d'autre si nécessaire (peut-être Ludwig von Ülmer ?).
Sudenland Libre
D.E Chef du Renseignement
Herr Anton von Adeldoch,
Ma mission auprès des villageois avance à bon rythme. Nombreux sont les esprits échaudés par les manigances de Pfeildorf et les jeunes gens veulent nous rejoindre. Mes directives à leur égard ont été de rester discret, de s'armer en cachette et d'attendre le signal. Les anciens semblent plus sceptiques. Je rapporte ici des paroles qui me sont parvenues telles quelles : "Cette guerre n'amènera rien de bon sinon la mort de nos enfants pour le compte de la Martre ou du fils Adeldoch. Personne ne nous aidera. Nos moutons seront volés. Les impôts ne baisseront pas." Ils ne plaignent pas de leur condition mais ne semblent pas comprendre l'enjeu de cette lutte. Quelles garanties puis-je leur offrir en leur nom ? Voici deux informations d'importance : les villageois de la vallée de l'Oggel sont dans la difficulté à cause d'un griffon. Le prédateur s'attaque aux troupeaux et les bergers doivent veiller sur leurs bêtes dès qu'elles vont au pâturage, jour et nuit. Trois d'eutres eux ont déjà péri. Si cette menace est neutralisée, ils vous seront redevables. C'est par la voie de Sigmar que je gagnerai leurs cœurs, mais c'est votre courage qui les convaincra de vous suivre. J'ai rencontré sur ma halte un chiffonnier de Mendelhof. Il m'a fait part d'une bien triste nouvelle et j'ai le regret de vous informer de la mort de Herr Otto von Ingelfingen, que je savais votre ami et celui de feu votre père. Il a été emporté la une fièvre soudaine, m'a-t-on dit. N'ayant pas de descendance légitime, ses biens et son domaine reviennent aux Toppenheimer de Pfeildorf, dont il était le vassal. Dans deux jours, un guide m’amènera dans le repaire d'une bande armée des environs. Je vous ferai parvenir un nouveau rapport dans les plus brefs délais.
Père Kristoff
3 Kaldezeit, année 2532, hameau de Bad Endorf
L'aube n'était pas encore levée et les trombes d'eau tombaient toujours sur la trentaine d'hommes couchés contre le fossé qui longeait le sentier entrant dans Bad Endorf. Ils avaient marché pendant la majeure partie de la nuit, montant et descendant les versants boisés du Massif des Sources.
Dietrich Eberwald, le maître des Tondeurs, avait ouvert la voie : les chemins qui serpentaient les Montagnes Noires n'avaient plus de secrets pour lui et les siens. Derrière avaient suivi le baron Anton von Andeldoch, son officier d'ordonnance le jeune Theobald von Bethmann-Hollweg, ainsi que vingt-cinq miliciens en arme. Ces derniers, pour la plupart de rudes bergers et paysans, ne craignaient pas de crapahuter entre les troncs nus des pins. Mais l'hiver arrivait peu à peu, et avec lui le froid et la pluie glacée. La marche s'était déroulée dans un mutisme maussade, les hommes étaient transis. Pour autant, l'objet de la promenade avait de quoi réchauffer les coeurs des plus vindicatifs d'entre eux.
Une escouade d'Archers était arrivée à Bad Endorf. C'était un trappeur du village qui en avait informé l'un des Tondeurs fidèles à Anton au cours d'une rencontre discrète, quelque part devant une ancienne source oubliée ou quelque massif rocheux. Leur présence si proche du camp des rebelles soulevait un problème majeur, car la poignée de gueux qui habitait le hameau était acquise à la Cause et offrait son soutien aux rebelles, principalement sous forme de vivres. Ils détenaient ainsi des renseignements précieux pour le Feld-Major, comme l'emplacement probable du campement ou encore l'effectif approximatif des indépendantistes, et peut-être même savaient-ils où se rendait l'importante troupe qui avait suivi Karl von Ülmer deux jours auparavant. Il était hors de question que de telles informations arrivent aux oreilles de Von Holtzendorff. Aussi Anton ordonna-t-il aux forces restantes de marcher avec lui sur le village.
Bad Endorf, à flanc de colline, faisait pâle figure sous la pluie battante. Une dizaine de maisons en pierre serrées entre elles au point où leurs toits d'ardoise se touchaient presque. Chacune était flanquée d'une bergerie étroite où on devinait des troupeaux de moutons grelottant dans l'obscurité. Quelques pâtures ça et là autour du hameau, puis la forêt et la montagne reprenaient leurs droits.
- "D'après notre informateur, les Archers se sont installés là-dedans." murmura Dietrich en pointant le doigt vers un gros bâtiment que l'on devinait sous l'averse, de l'autre côté du pré, non loin des habitations. Probablement une grange ou une étable. "Ils y seraient cinq ou six. Pas plus à mon avis."
- "Quand bien même ils seraient le double, ils ne pourront pas nous résister, surtout si on les prend par surprise !" répondit Theobald à la gauche d'Anton, ayant visiblement du mal à contenir son excitation. Le jeune homme s'efforça cependant de garder la voix basse.
Les miliciens étaient alignés de part et d'autre d'Anton et de ses deux officiers, immobiles dans le fossé boueux. Ils attendaient sous la pluie froide, certains avec une dague entre les dents, d'autres la mains ferme sur le manche de leur hache. Ils avaient envie d'en découdre. Quelques uns retenaient difficilement leur agitation. Plusieurs tremblaient. Pour ceux qui n'avaient pas connu la déconfiture du Bois aux Trèfles, c'était le premier combat. Theobald dégaina sa rapière, faisant monter la tension d'un cran au sein du groupe. Le Chef du Renseignement leva une main à l'horizontale pour faire signe d'attendre.
- "Je vois pas de sentinelle ni de lumière depuis l'intérieur. Ils doivent se sentir en sécurité." Il s'accroupis et regarda Anton en dégainant un couteau de chasse de l'intérieur de son gilet en laine gonflé d'eau. "Il y a sûrement deux entrées, une à l'avant et une à l'arrière. Il faudra bloquer les deux. Et on s'approche sans torches et sans bruit."