[Anton] La Complainte du Solland

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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Anton] La Complainte du Solland

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Une rencontre fut convenue entre Anton von Adeldoch et Frédéric von Wragel. Elle eut lieu dans un beau moulin à eau, à l’écart d’un petit village lui-même situé dans un vallon à deux lieues du château de Talmberk où le marquis de Jengen s’était retranché avec ses forces. Frédéric était arrivé le premier sur les lieux du rendez-vous et son escorte surveillait la zone. Quelques arbalétriers en livrée blanche et grise patrouillaient sur les balcons du bâtiment tandis que l’entrée était gardée par une poignée de hallebardiers et trois chevaliers équipés de pied en cap, dont l’un d’eux portait une bannière portant un cerf rouge sur un fond à chevrons marqués de la croix impériale et du marteau de Sigmar. Ces hommes virent arriver le baron de Terre-Noire et sa propre compagnie sans s’alarmer et se contentèrent de les observer en chien de faïence, prêts à répondre au premier signe d’agression. Les chevaliers s’écartèrent pour laisser le passage à Anton et l’un d’eux lui ouvrit la porte du moulin en inclinant la tête avec respect.

Le marquis, lui-même équipé de sa demi-armure finement ouvragée, attendait tranquillement Anton dans la salle du meunier où le mécanisme de la roue à aube faisait rouler une énorme meule en pierre. Autour d’eux le bois craquait et gémissait mais ces plaintes ne semblaient pas gêner Frédéric qui s’était installé sur une pile de sacs de farine en attendant son alter ego. Il avait fait amener un flacon du fameux vin blanc de la Marche et deux coupes en argent qui attendaient sur un tabouret à côté de lui. La pièce était poussiéreuse et n’était éclairée que par la lumière filtrant à travers les planches grossières des cloisons, devant lesquelles les pals de la roue à aube jetaient une ombre saccadée à chaque battement de cœur. Le sol était en terre battue et paillée. Frédéric accueillit Anton cordialement, utilisant les formules de politesse d’usage et faisant preuve d’un comportement tout à fait respectable. Il était de ces nobles qui considéraient l’aristocratie comme une caste d’êtres supérieurs qui se devaient d’être égaux en humeur et en manières quelle que soit la situation. Si le baron et lui étaient ennemis au début de cette discussion, il n’en resta pas moins courtois et versa du vin dans chacune des coupes avant qu’ils ne commencent les négociations.


[Retranscription des négociations entre Anton et Frédéric.]


[ANTON]

« Mon cher Frédéric, c’est un plaisir de vous revoir. »
Temps d’arrêt, Anton examine avec un sourire l’installation.
« Ce que j’apprécie chez vous c’est que l’on vous sent aussi à l’aise dans les salles que dans les pires réduits. C’est la marque des vrais aristocrates. »

[Frédéric]

« D’autant que ce réduit ne m’est point inconnu, puisque c’est celui où je perdis ma virginité avec la douce fille du meunier. » Sourire, il tend un verre à Anton et lève le sien pour trinquer. « Et mainte-nant, pourriez-vous m’expliquer pourquoi vous marchez sur mes terres plutôt que sur Pfeildorf ? »

[Anton]

« Ma foi, un vrai Seigneur doit toujours penser d’abord aux petites gens. A la fille du meunier ! »
Il trinque
« Pour ce qui est de ma présence ici, permettez-moi de préciser ; je marche bien sur Pfeidorf, mais la route ne peut pas être aussi simple que cela ; à quoi bon prendre la capitale si j’ai dans le dos une armée plutôt que du soutien ? Je commence par ce qui est à ma portée : chasser les Wissenlanders des terres que je rencontre, lever du soutien, et continuer la marche vers le Nord.

En l'occurrence, mon cher Frédéric, je n’ai pas une seule seconde eu en tête l’idée de marcher sur vos terres, ou quoi que ce soit d’approchant. Vous êtes un fier gestionnaire, en première ligne de la défense du territoire, et votre famille contrôle ces terres depuis des siècles… l’idée de ma révolution -puisque l’on m’a forcé à prendre les armes bien malgré moi-, c’est de dégager les parasites. Pas les nobles qui feront l’ossature et la tête de notre province.

Aussi j’ai été bien marri de vous voir ramener tous ces braves wissenlandais à l’abri de vos murs. Leur place est dans le Wissenland à ce qu’il me semble… »

[Frédéric]

Il prend un air faussement surpris et pointe un doigt nonchalant vers Anton.

« N’êtes-vous pas même un habitant du Wissenland, citoyen de l’entité administrative du même nom et sujet de son dirigeant la Comtesse Emmanuelle von Liebwitz et à travers elle de sa Majesté l’Empereur et plus haut encore Sigmar lui-même ? Et si ce n’est pas le cas, de qui alors êtes-vous le vassal ? Dans quelle organisation existante et pérenne vous inscrivez-vous ? N’avez-vous donc ni dieux ni maîtres ? Si votre identité politique n’est pas clairement définie, la mienne l’est : je suis un aristocrate et un chevalier ayant juré fidélité à au seigneur-lige qui gouverne le Wissenland de droit, et qui se trouve être aujourd’hui la Comtesse de Nuln. Sous son règne, nous seigneurs de la Marche avons bénéficié des largesses du conseil de Wissenburg et de l’apaisement des relations avec les nobles frontaliers de l’Averland. Aussi lorsque, malgré vos mots de paix, vous traversez l’Oggel avec trois cents hommes et que vous pillez ma campagne pour nourrir votre armée, comprenez que je me réfugie dans ma forteresse avec ce que j’ai de fidèles pour la défendre, qu’importe que leurs cou-leurs soient le gris et blanc, ou non. On dit d’ailleurs que vous-même êtes entichés d’une bande de malandrins qui sévissait du côté de Walbach. Êtes-vous devenu un chevalier-bandit, comme on en voit parfois dans les Montagnes Grises ? »

Il pose son verre et semble désormais bien sérieux.

« On m’a rapporté que la situation à Pfeildorf était catastrophique. Peut-être même pouvez-vous enlever la ville avec ce que vous avez de soldats. Prenez donc les barges, les péniches, les radeaux et les cogues fluviales de la Marche. Je ne pourrais pas vous en empêcher même si je le voulais. Puis descendez le Reik, et vous n’aurez qu’à accoster candidement sur la rade du Reikhafen. Par Sigmar, pourquoi voudriez-vous me retirer mes wissenlanders, si ce n’est pour les pendre haut et court et s’emparer de ma forteresse ? »

[Anton]

Anton prend le temps de répondre, pensif, en faisant tourner dans son verre le rubis du vin. Puis il reprend la parole.

« Lorsque j’étais jeune étudiant à Nuln, j’avais un vieux professeur de droit. Il connaissait sur le bout des doigts les milles et unes subtilité des ordonnances impériales, des décrets comtaux, et même du droit coutumier de la plaine la plus perdue du Sudenland. C’était le meilleur, en dépit de son grand âge. Il est mort il y a quelques années. Je n’étais pas très doué pour cette manière ; je n’avais pas la rigueur requise, mais je crois qu’il m’aimait bien tout de même. Aussi un jour, au désespoir, j’ai fini par lui demander ce qu’il fallait que je retienne, au fond, de tous ces cours interminables à confronter des articles qui pouvaient tous être interprétés dans un sens ou dans l’autre. Il m’a regardé, lente-ment, je me souviens très bien de son air concentré derrière de petites lunettes. Il n’était pas grand, haut comme ça… »

Anton fait un signe de la main, un peu au niveau de ses épaules.

« Il m’a dit “Jeune Homme, vous ne comprenez rien au droit, parce que vous ne comprenez pas ce qu’il est vraiment, ni d’où il vient. Le droit, ça n’est rien de plus que l’expression d’un rapport de force, écrit sur un bout de papier, pour que tous comprennent bien ce qu’il en est, à chaque instant. Si le rapport de force change, le droit devra s’adapter. Il n’est jamais premier. Vous comprendrez le droit le jour où vous le lirez comme vous lisez le compte rendu d’une réunion du Conseil du Suden-land.

Ca m’a frappé. Je n’ai pas eu d’excellentes notes par la suite, mais enfin j’ai eu un niveau à peu près convenable. Et je n’ai jamais oublié cette conversation. Et lorsque je vous écoute, Frédéric, elle me revient en tête avec force. Je ne suis pas citoyen du Wissenland parce que le droit qui consacrait cet état de fait était un droit où le Wissenland avait encore la puissance de défendre le Sudenland, mieux que le Sudenland ne pouvait se défendre lui-même. Et une époque où la Comtesse souhaitait encore écraser le pays en échange de sa soi-disant protection. Mais la Comtesse négocie pour ob-tenir un droit de vote pour Nuln, et nous laisser livrés à nous-même, et mes informateurs me signa-lent que ce jour est très proche. Vous voyez-vous en féal des Toppenheimer ?

Ce droit est dépassé. Je sais très bien ce qu’il dira quand la prochaine Waaagh déferlera. Il nous dira de mourir pendant que les Wissenlanders se barricadent. Voilà pour le droit, voilà ce que je dis : les rapports de force ont changé, et le droit doit suivre, pour nous protéger. La politique est première. Le droit ne fait qu’entériner ce que nous décidons. Et nous devons décider, pour notre survie, notre droit souverain à décider nous-même, et à nous défendre nous-même. »

Frédéric s'apprête à reprendre mais Anton lève la main pour l’interrompre.

« Excusez-moi, laissez-moi finir et répondre à votre second point. Je recrute tous ceux qui veulent se joindre à ma cause et respectent nos règles. J’ai récemment ajouté à mes hommes une bande armée qui auparavant détroussait les paysans. J’assume. Je préfère les voir sous mes ordres et, contre une solde et un pardon de leurs crimes, bouter les Wissenlandais et défendre l’Empire, que de les savoir rançonnant les voyageurs à Walbach.

Maintenant revenons à ce qui nous concerne directement, la Marche. Je ne pille pas. Tous ceux qui contribuent à l’Indépendance se voient présenter une reconnaissance de dette, que j’honorerai une fois notre campagne terminée. Ce sont des prélèvements faits sans heurts, et les seigneurs locaux seront également dédommagés. Vous y compris. Je n’ai aucune intention de prendre vos terres Mein Herr, ni vos richesses. Mais je veux que la Marche soit la première zone du Sudenland libérée.

Qu’est - ce que cela veut dire au juste ? D’abord plus de soldats Wissenlandais. Oui je les aurais volontiers pendus, mais la réalité est qu’aujourd’hui ils sont barricadés chez vous, et que je ne vois pas comment les en faire sortir à part en mettant votre domaine à feu et à sang. J’en ai les moyens, Von Wrangel, mais je ne le souhaite pas. Quel intérêt ? Je suis donc prêt à un compromis : j’engage ma parole qu’ils pourront quitter la Marche vivants et sans heurt, à condition qu’ils laissent leur ar-mement ici, pour ne plus être nos ennemis.

Ensuite, cela signifie que nous nous substituons à la puissance de Nuln pour un temps. Nous perce-vons les impôts qui partaient auparavent à Nuln, pas plus. Nous lèverons des hommes pour l’Armée, mais pas plus. Nous aidons à la défense des Terres. Et nous écrivons, avec les seigneurs du Con-seil, le nouveau droit.

Je comprends la complexité de votre position Frédéric, mais au fond vous n’avez pas grand chose à perdre à la proposition que je vous fais : acceptez l’évacuation des Wissenlanders, et de jouer le jeu du Sudenland. Si demain je perds, vous direz que vous avez été forcé. Et si je gagne, vous intégre-rez le Conseil des pairs du Sudenland, le vrai, pas un conseil fantoche. »

[Test de Char (+1, Intrigue de Cour) : résultat caché.]

[Frédéric]

La nouvelle selon laquelle la Comtesse Emmanuelle von Liebwitz souhaitait séparer Nuln du Wis-senland plonge Frédéric dans une grande perplexité. Le jeune homme s’autorise un instant de ré-flexion en regardant le liquide carmin que contient sa coupe en cristal. Il plisse les yeux plusieurs fois, prend une grande inspiration puis son visage semble se détendre et il regarde à nouveau Anton avec un sourire plaisant.

« J’ai moi-même étudié le droit à Nuln, pendant ma courte et tumultueuse vie d’étudiant. Voilà une matière dans laquelle je n’excellais pas, et je n’ai point eu votre veine d’avoir pour professeur un homme aussi érudit qu’intéressant. En revanche, c’est en économie que je me plaisais, oui. Les chiffres, la croissance, les grandes théories … Celui qui tenait la chaire s’appelait Maître Karolus Marz, une véritable sommité je le crois. Malgré que vous soyez mon aîné, peut-être fûtes-vous l’un de ses élèves ? Il était déjà fort âgé lorsque j’étudiais. Votre nom, d’ailleurs, n’était pas inconnu des institutions estudiantines … Figurez-vous que je le vis plusieurs fois, gravé dans les latrines d’une taverne de l’Universität District ou sous le pupitre d’une salle de classe, accompagné de propos enflammés et aujourd’hui désuets contre tel échevin, pontife ou gouverneur qui n’exerce plus depuis longtemps. Herr Von Adeldoch, il semble que vous avez toujours eu un penchant contestataire. En-fin je digresse. »

Le marquis fit quelques pas sur les planches qui craquaient, puis s’immobilisa face à l’énorme meule en pierre. Il la regarda tourner plusieurs fois, une main pensive sur le bas du visage, puis se retourna vers Anton.

« Les décisions prisent à Pfeildorf devront être validée par un conseil de nobles locaux pour avoir un quelconque effet sur les terres situées entre l’Oggel et la Staffel. Les domaines de la Marche bénéfi-cieront d’une exemption totale d’impôt valable sur dix ans. Le Conseil des Pairs financera la cons-truction d’un fort entre Jengen et Tormunt et fournira cent vingt licences à destination des mar-chands établis céans leur garantissant le franc-passage sur tout le Reik Supérieur, ainsi qu’un prêt au taux avantageux pour le rachat des concessions de la mine d’or du Puits-aux-Lutins, possession du clan Barbe-Braise de Khazid Hafak, au profit exclusif du marquis de Jengen j’ai nommé … Frédé-ric von Wragel.” énumère le jeune homme en comptant sur ses doigts. “Et enfin vous, Anton von Adeldoch, jurez sur l’honneur que vous comptez respecter cet engagement. J’accepte vos termes si vous acceptez les miens. »

Or ceux demandés par Frédéric sont véritablement exorbitants et poseront de nombreuses difficultés au Sudenland, ce dernier dusse-t-il exister un jour comme entité politiquement autonome. Le mar-quis joint les mains.

« J’ai bien conscience de l’âpreté de ces conditions mais elles viennent contrebalancer la fragilité de votre proposition. Les risques que mes gens et moi-même allons prendre en soutenant votre mou-vement ne reposent pour l’heure que sur une contrepartie vide et incertaine. Autant farder cette der-nière tant que faire se peut pour la rendre supportable. Mon offre, par conséquent, n’est pas négo-ciable. Et Herr Von Adeldoch, vous devez assurer également que les wissenlanders mobilisés dans ma forteresse de Talmberk rentreront chez eux sains et saufs. »


[Anton]

Anton lève un sourcil et le fixe.

« Qui essayez-vous de tester au juste, Herr Von Wrangel, avec vos paroles ? L’homme d’Etat, le futur comte, qui sait pertinemment que si j’accorde vos conditions, demain le Sudenland sera une Province ingouvernable et ruinée ? L’homme d’honneur, qui sait que s’il donne sa parole maintenant, il devra la briser demain parce que de tels termes sont intenables sans détruire tout le reste ? Ou bien le militaire, qui sait parfaitement qu’il dispose des forces suffisantes pour réduire au néant votre domaine, et tout ce que vous avez mis toute votre vie à bâtir, au prix d’un lourd tribut de sang Su-denlandais ?

Je ne suis pas venu dans la Marche pour mendier votre soutien, Herr Von Wrangel. Je suis venu vous faire une proposition. Elle est, semble-t-il, claire. Laissez partir les Wissenlandais, et collaborez à l’effort de guerre. J’aurai quitté la Marche sous quelques jours, vous laissant en poste, libre de dire ce que vous voudrez au reste du Monde, en sachant que vous aurez toute votre place au Conseil du Sudenland, et que vous représenterez la Marche, vous et nul autre.

Je peux également m’engager pour la construction d’un fort, puisque le besoin en est évident, sous réserve qu’il soit nanti d’hommes par les hommes de la marche, ainsi qu’un prêt pour le rachat de cette concession, car après tout j’ai effectivement suivi les cours de Marz, et je sais ce que l’industrie a d’important pour une Province comme celle-ci. Mais il n’y aura pas d’exemption d’impôt, le retrait de la taxe sur les Moutons mis à part, car vous savez comme moi que cela ruinerait aussitôt le Tré-sor comtal. Comme vous savez que les licences ne peuvent être cédées gratuitement ; sur ce point pourtant, je suis prêt à discuter, et si une partie raisonnable de la cargaison, disons 75% de la va-leur, était de la production locale, cela signifierait in fine un enrichissement pour la Province, et une réduction des droits de frets serait envisageable.

Mais cela pour moi est du domaine de l’après. Je ne prends pas le Sudenland pour m’enrichir, Fré-déric. Ni pour satisfaire mon égo. Ni par détestation aveugle du Wissenland. Je prends le Sudenland parce que je refuse de voir cette région si pleine de promesse plier sous le joug de gouvernants égoïstes vendus à l’étranger, et tendre ainsi la gorge à ses ennemis de toujours, les Peaux-Vertes. Je ne le prends pas pour le brader, mais pour le défendre. Et cela veut dire qu’aujourd’hui est le temps des armes, plus que des calculs.

J’ai une haute idée de ce pays, et des destinées auxquelles il est promis. Débarrassé de ses en-traves, le Sudenland impérial sera une terre de prospérité, et la Marche y a plus que sa place. Avec votre aide, ce pays grandira. Je ne prendrais jamais une seule décision qui puisse menacer cette prospérité à venir, ou sa capacité à se défendre. Je ne céderai à aucun chantage, je continuerai ma tâche jusqu’à-ce que notre liberté s’affiche sur les beffrois, et que le Sudenland ait sa place à la table de l’Empereur.

Vous connaissez maintenant les engagements que je suis prêt à prendre. Vous connaissez ma vo-lonté, et ceux qui se dressent déjà avec moi. Vous savez que je ne reculerai devant rien ni per-sonne. Vous pouvez compter pour moi pour faire mon travail jusqu’au bout, quelqu’en soient les coûts, les revers, les sacrifices, jusqu’à la victoire finale et au-delà. »

Il se lève

« Maintenant moi, Herr Von Wrangel, j’ai besoin de savoir. Puis-je compter sur vous ? »

[Test de Char (+1, Diplomatie) : résultat caché.]

Les arguments exposés par Anton von Adeldoch avait eu raison du marquis de Jengen. Ce dernier, aussi ambitieux qu’opportuniste, voyait certainement en ce marché une chance à saisir malgré les risques qu’il engageait. Frédéric obtempéra donc et quitta les prestement les lieux pour se retirer dans son manoir, faisant ainsi à savoir au baron que lui-même ne participait pas personnellement aux événements à venir.

Conformément à l’accord secret passé dans le moulin, la garnison du château de Talmberk fut démantelée. Les troupes du Wissenland qui la composaient durent déposer les armes sur leurs râteliers et quitter l’enceinte des murs sous les quolibets de l’Armée du Sudenland Libre avant d’être escortée hors du territoire par un escadron de miliciens à cheval. Les insurgés employèrent les jours suivants à parcourir la Marche pour réquisitionner des vivres, des embarcations pour remonter le Reik Supérieur et, possiblement, des recrues. Ernest de Lippe guidait les opérations, redoublant d’efforts pour optimiser l’avance que la rébellion avait sur le Feld-Major. Les bourgs les plus importants de la petite péninsule reçurent ainsi la visite des partisans de l’Indépendance et les provisions s’accumulèrent sur les places avant d’être emportées vers le point de rassemblement malgré les pleurs et les protestations. Rares furent les locaux à souhaiter rejoindre la Cause, et le Maître-Fourrier enrôla de force suffisamment de jeunes hommes pour former une compagnie de miliciens qui serait plus tard connue sous le sobriquet de la « Compagnie Tire-Gueule ». Bientôt, les troupes et le matériel affluèrent dans le patelin de Meppel, situé sur l’Oggel au Nord de Mendelhof. Les quais modestes de la bourgade étaient désormais encombrés de sacs de grain, de coffres et de caisses, de mules et d’hommes transpirant pour charger le tout dans les bateaux réquisitionnés. Ces derniers allaient de la simple barque à la barge de marchand, en passant par les péniches à fond plat, les reikaak et autres gabares. Une grosse cogue à voile appartenant à un riche négociant en vins fut même saisie et réaménagée pour accueillir le baron et son état-major, au grand dam de son propriétaire. Ces embarcations formaient une flottille improbable et hétéroclite qui s’alourdissait de jour en jour en vue du départ. Les vociférations des riverains montèrent haut, mais rien ne pouvait arrêter la marche de l’Indépendance.

Pendant ces préparatifs, Anton continuait de recevoir des nouvelles de son arrière-garde grâce à son réseau de fidèles Tondeurs. Le dernier rapport datait du jour de sa rencontre avec le marquis de Jengen et indiquait que le Döppelganger tenait bon malgré des pertes importantes. Les éclaireurs ennemis avaient été mis en déroute et le gros des forces du Feld-Major était enlisé dans les landes autour de Waldbach grâce à une stratégie de guérilla soutenue par les pièges ingénieux mis en place par le nain Imfrik Loch-Grube. Les nouvelles étaient donc bonnes.

Alors que l’Armée du Sudenland Libre préparait son départ pour Pfeildorf, l’Averland avança ses pions. Des troupes noir et or passèrent la Staffel en nombre et investirent la Marche tel que convenu. L’arrivée de ces soldats causa des remous parmi la population tant l’antagonisme d’une part et d’autre de cette rivière était grand et les protestations les plus énergiques furent durement réprimées. Bientôt l’étendard rouge arborant le soleil de la riche province flotta sur le donjon de Talmberk et des patrouilles zélées battaient la campagne pour annoncer le changement de propriétaire et faire taire les opposants les plus véhéments. Des gibets pointèrent vers le ciel, au bout desquels se balançaient les corps chauds de ceux qui, la veille, maudissaient le nom de Von Alptraum. Pour les gens du cru, c’était une véritable invasion, celle qu’ils craignaient depuis des décennies et qui faisait resurgir le spectre des conflits passés, aux époques où le Wissenland et l’Averland se disputaient cette riche bande de terre. Frédéric von Wrangel, dont la popularité avait chuté en flèche après avoir ordonné le démantèlement de la garnison de Talmberk, essayait de rallier discrètement ceux qui lui étaient encore fidèles en leur promettant l’arrivée d’une armée de secours dirigée par le Feld-Major Klaus von Holtzendorff. Il avait été forcé, disait-il, de baisser les armes face à la rébellion d’Anton afin d’éviter des malheurs inutiles. Quant aux averlanders, ils seraient boutés hors de la Marche par le Feld-Major avant l’été.

Anton était sur le pont de la cogue, qui faisait désormais office de quartier général, et écoutait un Maître-Fourrier épuisé lui faire la revue des réserves lorsqu’un signal indiqua l’approche de soldats à Meppel. Les fidèles du baron se mirent en branle-bas de combat dans la panique, ce qui s’avéra inutile car c’étaient les renforts promis sous la table par la Grande-Comtesse Marlène von Alptraum qui s’avançaient. Un escadron de chevaliers armurés de pied en cap et montés sur de gros destriers équipés de même descendaient vers le port fluvial, lances d’arçon pointées vers le ciel. Ils étaient suivis par une compagnie entière de hallebardiers qui avançaient en rangs serrés au son du tambour. Ces hommes ne portaient pas d’uniforme distinctif, pas plus qu’ils ne montraient les signes d’une quelconque allégeance. Ils ressemblaient aux mieux à des mercenaires de métier, au pire à des soudards. Un grand gaillard dirigeait cette troupe, crâne rasé et mine de tueur d’enfants, juché sur un cheval énorme dont le chanfrein était protégé par une plaque en fer munie d’une pointe torsadée, à l’image d’une licorne. Il portait une flamberge accrochée dans le dos. L’arme était à l’image du propriétaire et semblait à même de pouvoir couper un tronc en deux. Les rebelles s’écartèrent naturellement sur le chemin du colosse et ce dernier ordonna à ses hommes de faire halte alors qu’il mettait pied à terre dans le fracas métallique de sa lourde armure. C’est là qu’il attendit que le baron de Terre-Noire descende de son navire pour se présenter à lui. En quelques mots, et avec un accent du Sud à couper au couteau, il indiqua être le capitaine Feder Kurtz, envoyé depuis l’Averland et dont les ordres étaient de se mettre au service d’Anton. C’était vraisemblablement un vétéran aguerri et les forces qu’il apportait avec lui changeraient peut-être la donne dans cette grande aventure qu’était la lutte pour l’indépendance.



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On chargea les dernières brassées de flèches, les derniers barils de poisson séché et les dernières mules, et l’Armée du Sudenland Libre détacha les amarres pour se lancer sur le Reik Supérieur. En ce printemps de l’année 2533, le soleil brillait déjà fort dans le ciel et la fonte des neiges des Montagnes Noires avait grossi les eaux de la rivière, troublant cette dernière et créant un courant puissant vers l’aval. Si ce formidable mouvement accélérait la descente de la flottille, il rendait également les manœuvres difficiles. Le convoi comprenait seulement une poignée de grosses embarcations et la plupart des autres, bien plus petites, ne pouvaient transporter qu’une dizaine d’hommes à la fois. Aussi les incidents furent nombreux tout au long du chemin, comme quand deux bateaux se percutaient violemment ou lorsqu’un tronc entier charrié par les eaux pulvérisa une gabare incapable de l’éviter et envoya les hommes et les vivres qu’elle contenait par le fond. Anton, quant à lui, ne fut pas personnellement inquiété. La cogue qui faisait office de navire-amiral était suffisamment imposante pour résister au choc des autres bateaux, disloquant ces derniers s’il le fallait.

Le 15 Jahrdrung, la flottille arriva devant le bourg fluvial de Triftern. En aval, le lit du Reik se resserrait pour franchir une série de passages entre des escarpements. La pluie des derniers jours couplée à la puissance du courant rendait alors la traversée trop dangereuse pour être tentée, selon les conseils du Vieux Oswald, le prêtre de Taal. Ce dernier indiqua qu’il allait prier Karog le dieu des Rivières pour qu’il garantisse la sécurité des embarcations mais qu’il était plus judicieux d’attendre à terre que les éléments se calment.

Anton était dans la petite cabine qui lui était réservée à bord de la cogue. Il y avait ici tout juste la place pour un bureau, un coffre et un lit sur lequel s’ébrouait Solland le jeune griffon en s’amusant à déchiqueter un édredon. On frappa alors à sa porte et Ernest de Lippe entra. Celui qu’on appelait le Noir avait l’air éreinté. Ses cheveux poivre-sel viraient désormais à l’argenté et de grosses cernes alourdissaient son visage déjà marqué par une vie de vieux briscard. Ces dernières semaines, le Maître-Fourrier avait abattu un travail colossal pour assurer l’approvisionnement d’une armée grandissante et toujours en déplacement. Les questions de logistique le tenaient éveillé de jour comme de nuit et l’homme déjà âgé commençait à perdre patience à cause de l’épuisement, comme lorsqu’il avait fait exécuter sommairement deux fermiers de la Marche qui refusaient de donner leurs porcs à la Cause. Malgré le génie d’Anton, malgré la fougue des frères Von Ülmer, malgré le courage des rebelles, c’était bien grâce au baron Ernest de Lippe que l’Armée Libre du Sudenland était encore debout. C’était lui qui la nourrissait, lui qui lui trouvait des semelles de botte et des couvertures pour les nuits sous la tente, lui qui comptait chaque jour les mulets et les ânes de la colonne pour s’assurer qu’il n’en manquait aucun. Le Noir était capable d’informer Anton à la minute du niveau de provisions disponibles comme du nombre d’outres de vin en circulation parmi la troupe, et plus encore. Il faisait un intendant remarquable que les préparatifs de l’expédition sur le Reik avaient malmené. C’était donc un Ernest fatigué qui entra dans la cabine exiguë, sous une pluie de plumes d’oie lorsque le petit monstre ailé éventra l’édredon de son bec pour s’agiter dans la plaie béante.


- « Monsieur, je viens de m’entretenir avec Dietrich Eberwald, votre Chef des Renseignements, qui m’a confirmé ce que je savais déjà : après ces gorges se trouve le fort de Staig. C’est un poste de péage important de la région et ses défenses sont dardées sur la rivière. La garnison ne compte qu’une centaine d’hommes mais les murs seront difficiles à atteindre par la terre car ils sont montés sur un rocher escarpé. Nous pouvons probablement prendre ce fort, Monsieur, mais ce sera au prix de lourdes pertes. Je préconise que nous abandonnions les navires ici pour continuer par la voie terrestre tant que le Feld-Major et sa horde sont derrière nous. »
Image - en bleu : ton trajet et ta position actuelle
- en rouge : la zone où se trouve le Feld-Major (le dernier rapport sur la situation date de 5-6 jours) et Staig
- en jaune : l'arrivée des troupes de l'Averland et la zone qu'ils contrôlent (en gros la Marche)

J'ai besoin de savoir si :
- tu décides de continuer la rivière ; le cas échéant, si tu continues maintenant ou si tu attends que le courant se calme
- tu décides d'accoster à Triftern

Grâce aux armes de la garnison tu peux transformer une compagnie de miliciens en une compagnie de troupes provinciales. A toi de choisir si tu en fais des épéistes, des hallebardiers, des arbalétriers ou des arquebusiers.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Anton
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Re: [Anton] La Complainte du Solland

Message par Anton »

In Vingt Grands Discours qui ont changé le monde moderne, collectés et commentés à l'attention des plus jeunes , Colloque de l'Université d'Altdorf, p47-52

Si on se réfère à la Geste de l'Indépendance, peu de dates-clefs se rapportent aux discours marquants du Sudenland Libre. La plupart des grand moments de la Geste sont des dates de victoires militaires, juridiques ou politiques ou -plus rarement- de défaites. La mort de la Topenheimer, ennemie jurée de l'indépendance, est par exemple une de ces dates importantes ; c'est un fait que l'histoire s'écrit plus volontiers en lettres de sang qu'à l'encre dont on fait les discours. Et c'est à l'aune de cet espèce de silence des chroniques qu'il convient d'apprécier la portée de l'Appel du 18 Jahrdrung.

Il ne fait aucun doute aujourd'hui, avec le recul que nous permet l'accès à de nombreuses archives, que ce qui parut à l'époque un cri du coeur spontané avait été en réalité soigneusement ciselé dans le secret de l'État-Major de l'Armée de l'Indépendance dans les jours qui précédèrent l'appel. Pour qui a étudié avec un peu de soin cette période, la marque de fabrique de chacun des proches du Baron Von Adeldoch dans le succès de cette opération inédite dans l'Empire est patente, jusqu'aux modes de diffusions qui révèlent aujourd'hui tout le rôle que jouèrent les guildes et les réseaux clandestins de l'Indépendance.

Aussi, quand bien même la force de ce discours - la raison de son succcès - est à chercher dans sa portée universelle, il nous semble important de rappeler au lecteur non averti quelques éléments de contexte. Pour mesurer l'impact considérable qu'eût sur l'Empire cette déclaration, il faut la situer dans le temps et l'espace. A cette époque le Sudenland, état vassal au sein des provinces impériales, connaissait une agitation inédite. La capitale, Pfeidorf, rongée par les émeutes, menaçait sécession. Les troupes wissenlandaises, débordées, devaient faire face au populaire en arme, aux attaques des ennemis de l'Empire, et même aux incursions d'autres Comtés, comme l'Arverland. C'est au milieu de ce chaos qu'Anton Von Adeldoch, chef historique de l'Indépendance condamné à l'exil, choisit de réapparaitre. Amassant ses armées, il remonta vers le Nord, en bateau d'abord ; puis il marcha dans le pays du fort de Staig, où selon la légende une forte troupe en arme l'attendait. Cependant, grâce à l'entregent d'un prêtre de Myrmydia, l'affrontement n'eut pas lieu. A la place, on fit venir l'ensemble des troupes, et les gens du pays, qui portèrent le baron en triomphe, et lui offrirent la tribune dont il rêvait pour s'exprimer.

Grâce aux multiples copies qui furent faites, et aux nombreux crieurs qui s'approprièrent le discours, il nous est parvenu dans un état que l'on peut juger authentique. Des versions légèrement différentes co-existent, et nous donnons ici la version telle qu'elle a été consacrée par la chaire d'études politiques de l'Université de Nuln l'année dernière, non sans nous offrir la liberté d'en couper quelques longueurs sans intérêt. L'homme toujours pressé qu'était Anton Von Adeldoch n'aura certes pas renié cette (légère) outrecuidance. Aussi, sans plus attendre, voici l'appel du 18 Jahrdrung.

Prof. D. Hekle, S. A. K.

Fils du Solland ! Filles du Solland ! Allons [...]

Allons [...] !

Soldats ! Sudenlanders ! Mes frères !

Voyez-vous comme moi ?

Je regarde !

Je regarde autour de moi, et je vois des coeurs et des bras tels que Sigmar les a vu, pour la première fois, il y a deux mille ans de cela !

Ces bras, ces coeurs, sont-ils ceux d'esclaves ?

Regardez-vous ! Ils appartiennent aux guerriers qui soutiennent l'Empire au bout de leur fer. Qui nourrissent l'Empire de leur sueur. Qui souffrent pour l'Empire, génération après génération, cataclysme après cataclysme.

Qui peut dire que de tels bras et de tels coeurs sont ceux d'un peuple d'esclave ?

Ne sommes-nous pas un peuple libre ?

C'est librement que nous avons combattu pour l'Empereur, que nous avons grandi nos troupeaux, semé nos champs, lancé notre industrie à la face du monde.

C'est librement que nous avons reconstruit notre terre dévastée par le fléau vert, pendant que nos voisins se terraient dans leurs forteresses, à Nuln, ou de l'autre côté de la Soll. Encore, et encore.

C'est librement que nous chantons encore et encore la complainte de nos pères pour nous donner cœur à ouvrage.

Qu'ont-ils apporté au juste ces Wissenlanders qui nous mettent au cou le joug des bêtes de trait ?

Qu'ont-ils apporté ? Je vais vous le dire [...]

Ils ont amené l'impôt.

Ah oui. L'impôt par tête de mouton. L'impôt par enfant, par adulte. Comme si les pillages et la vermine nous laissaient loisir d'amasser trop d'argent. Ou part-il cet argent ? Englouti par des folies à Nuln quand c'est ici que nous en aurions besoin ? Pour des défense ? Pour nos enfants ? Pour nos troupeaux ?

Ils ont amené la guerre, en prenant nos frères, nos maris, nos pères, et en les envoyant au loin, se faire tuer sous un uniforme qui n'est pas le nôtre. Tuer, pour des guerres dont nous ne savons rien, sinon que toujours nos régiments sont toujours en première ligne. Le sang Sudenlandais est bon à leur yeux quand il faut le verser sans compter !

Ils ont amené le carnage et le pillage, ils ont amené la peur. En ne gardant ni nos cols ni nos forêts, en nous empêchant de nous défendre, en chassant nos nobles et en confisquant nos terres ils ont ouvert la porte aux bandits et aux peaux vertes.

Comment s'armer si tout notre or part à Nuln ? Qui armer si tous nos hommes valides sont partis à la guerre ? Pourquoi s'armer si nos chefs sont en fuite, pourchassés parce qu'ils osent dire tout haut ce que tout le monde sait dans ce pays, que nous ne sommes plus en sécurité ?

Vous me connaissez. Je n'ai pas l'habitude de mentir, de contourner l'obstacle [...]

La prochaine Whaagh arrive. Je le sais. Vous le savez. Cela, seul les gens du Sud peuvent le sentir dans leurs os. Comment pourraient-ils le savoir ces étrangers qui n'ont jamais payé l'impôt du sang et de l’horreur ? La Whaaagh vient. Elle sera plus terrible que toutes celles qui les ont précédées. Ils viendront avec le feu et la mort comme toujours ils le font, et il nous faudra nous dresser. Nous battre pour nos terres, pour nos femmes, nos enfants, pour nos dieux, pour notre droit à vivre ici, sur la terre de nos ancêtres !

Et où seront les wissenlandais ce jour-là ? Oui je sais que vous et moi nous serons digne de nos ancêtres, que comme Eldred, le dernier de nos Comtes Electeurs, je mourrai au milieu des braves, les armes à la main pour défendre ce qui nous est cher. Avec vous, mes braves ! Mais eux ! Où, seront-ils ces lâches ? Dans les bals de Nuln ? Derrière les murailles, élevées avec l'argent de nos impôts, la sueur de nos hommes, la force de nos bêtes ? Cachés, derrière leur poltronnerie, leur couardise [...]

Sollanders. Sudenlanders. Nous sommes seuls. Nous l'avons toujours été. Ce n'est pas nouveau, et ensemble nous pourrons faire face. Mais comment faire face si nous ne sommes pas même maîtres de notre destin ?

Voyez ce qu'ils ont fait jusqu'à présent. Pas une route, pas un fleuve où ne règnent le brigandage et la piraterie. Pas un col, pas une colline où les orques n'amassent en secret leur malice. Pas un seul pont sans un péage indigne, là où nos parents, et leurs parents avant eux, passaient librement, eux qui avaient bâti ce pont eux-même, et qui en étaient fier !

Déjà, voyant notre faiblesse, l'Averland a envahi la Marche et mis la main sur les plus riches de nos terres.

Déjà, voyant les femmes prendre les armes pour défendre leurs enfants qui ont faim, ils les font tuer à Pfeidorf, ils abattent comme des chiens celles et ceux qui exigent du pain, qui exigent la dignité !

Déjà, voyant que nous ne nous courberons pas, ils tuent, pillent, assassinent. Leurs milices, les ignobles archers, pendent ceux qui n'ont pour seul tort que d'être né sur la plus belle rive de la Sol. Leurs spadassins assassinent mon ami, le margrave Ingelfingen, plus brave et plus noble qu'aucun d'eux ne le sera jamais. Et jusqu'à la Francine, une fille de montagne courageuse comme personne, qui n'avait rien fait d'autre que d'avoir du coeur, et qu'ils ont tué comme ça, pour se prouver qu'ils pouvaient le faire.

Sentez vous comme moi que c'en est assez ?

Peuple du Sudenland, nous ne sommes pas désespérés. Nous sommes en colère. Et ce sont eux qui vont trembler.

Nous avons essayé la paix, et ils nous ont chassé, et répondu les armes à la main. Par deux fois, nous les avons humilié, mais à présent, c’est terminé.

Aujourd'hui en ce 18 Jahrdrung, je déclare notre humiliation terminée. Et vous et moi, nous allons dire stop.

Stop à la corruption venue de Nuln, à l’impuissance, à l’arbitraire. Stop à la lâcheté de ceux qui pactisent, en abandonnant les plus faibles d’entre nous. Stop à l’indignité.

Nous sommes Sudenlanders. Des hommes libres. Et nous allons leur en faire voir.

Moi, Anton von Adeldoch, depuis ces belles collines du fort de Staig, au milieu de la foule de ceux qui résistent, au milieu des milliers d’hommes qui luttent et vainquent l’envahisseur, j'appelle tout le peuple du Sudenland à s'unir pour repousser l'envahisseur, et se donner les moyens de se défendre contre les fléaux qui nous frappent sans que rien ne soit fait.

Oui nous sommes nombreux ! Ils ne connaissent pas notre force. Êtes-vous bien avec moi ? [...]

Au nom de ceux qui résistent et qui tuent déjà pour l’indépendance, j’appelle. J'appelle tous les soldats, miliciens, officiers, membres des services de renseignements et de l'intendance, forgerons et armuriers, fourriers et prêvots, à se mettre immédiatement en relation avec les membres de la resistance locale, afin de venir rejoindre l'Armée du Sudenland libre.

J'appelle chaque citoyen du Sudenland, où qu'il se trouve, à refuser de payer l'impôt Wissenlandais, et toutes les réquisitions forcées. J’appelle à faire bloc face aux menaces, à pendre haut et court tous les agents à la solde de Nuln qui n'accepteront pas ce nouvel état de fait. J’appelle aux armes tous ceux qui sont en âge de le faire pour défendre leur terre, leur famille, et la dignité de notre province.

Désormais le Sudenland est souverain, libre, autonome, et il ne rendra plus de compte à personne hormi aux Sudenlandais et à l'Empereur lui-même !

J'ordonne de mettre en état d'arrestation tous ceux, y compris dans la noblesse, qui refuseront de coopérer avec le nouveau pouvoir en place. J'annonce la destitution du gouvernement des Topenheimers, et de tous ceux qui les servent.

Sudenlanders, la consigne est claire : Pour les lâches, l’exil ! Pour les traîtres, la mort ! Et pour les braves, la liberté !

Sudenlanders ! [...]

Voyez-vous comme moi ! Voici déjà que les forces vives du pays affluent. Voyez combien nous sommes déjà ! Voyez !

Désormais… Désormais pas un écu n'alimentera les orgies de nuln, pas une tête sudenlandaise ne portera le cimier wissenlandais. Le règne de la terreur, le règne de la corruption, le règne des incapables est terminé. Nous prenons le pouvoir. [...]

Ils tenteront de résister. Mais ils ne peuvent rien contre nous, nous sommes si nombreux, et Sigmar est à nos côtés. Oui Sigmar sait notre valeur, à nous l'une des douze tribus de la légende. Comment pourrait-il oublier notre force ? Et comment peuvent-ils, eux, oublier ! [...]

Allons! Aux armes ! Aux armes !

Demain [...] demain, nous marcherons sur Pfeidorf. Dans quelques jours, si Sigmar et Myrmidia le veulent nous mettrons fin au chaos et à la violence des Topenheimer. Définitivement.

Transmettez l'appel ! Qu'ils viennent !

Que tous les hommes valides se joignent à cette marche, que tous les réseaux se mobilisent afin que le Sudenland soit libéré de ses chaînes !

Oui transmettez l'appel !

Le Sudenland libre, mes amis. Un joyau rendu à l'empereur. Nous cesserons d'avoir honte. Nous cesserons d'avoir faim. Nous cesserons nos pleurs. Nous allons nous retrousser nos manches, et faire ce pour quoi le Sudenland est reconnu dans tout le vieux monde...

Nous allons rebâtir notre pays de la destruction. Définitivement.

Soldats ! Êtes-vous avec moi ? Sudenlanders ? Avec moi ?

J'entends vos cris [...] j'entends vos cris ! Et mille voix qui se lèvent ! Mille voix qui se lèvent !

Sudenlanders ! Ce cri est celui de l’espoir ! Demain nous serons à Pfeildorf !

A Pfeildorf !

A Pfeildorf !

[...]
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 13 juil. 2020, 17:49, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total : 155 xps
Anton von Adeldoch, Noble du Sudenland, lien vers l'aventure en cours: http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 380#p97380
Profil de combat :
FOR 9/ END 11/ HAB 7/ CHAR 11/ INT 11/ INI 9/ ATT 11/ PAR 8/ TIR/ 9/ PV 75/75, bonus de l'équipement inclus avec -2 Par/Hab à l'adversaire, -1 armure de l'adversaire et parade 10, protection tête/bras/torse de 9.

Détails permettant d'arriver à ce profil:
Profil: FOR 8/ END 10/ HAB 8/ CHAR 11/ INT 11/ INI 9/ ATT 10/ PAR 9/ TIR/ 9/ PV 75/75
Compétences: Monte, Arme de prédilection (rapière +1 Att)
armes: Arc court (dégâts:26+1d8, malus -2/16m) ; "fleuret estalien" (rapière, dégâts:14(+8)+1d8, parade 10, rapide (-2Par/Hab de l'adversaire pour parer/esquiver), perforant (1) (ignore 1 point d'armure adverse))
Protections: mailles. Torse, dos et bras, protection de 9, encombrement de -1 HAB, ATT et PAR
Talisman de Gork : +1 For Att et END
Les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereux que les mensonges
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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Anton] La Complainte du Solland

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Les jets suivants sont des jets de Charisme qui déterminent la portée de ton discours. Le bonus initial est de +5 (1 par officier envoyé faire la propagande) et diminue de 2 jusqu’à ce que tu rates un jet. A chaque jet réussi, une demi-compagnie de miliciens ou de chasseurs (décidé sur 1d2) se joint à la Cause.

Jet (+5) : 11, réussi. Résultat : 1, une demi-compagnie de miliciens te rejoint.
Jet (+3) : 10, réussi. Résultat : 2, une demi-compagnie de chasseurs te rejoint.
Jet (+1) : 6, réussi. Résultat : 2, une demi-compagnie de chasseurs te rejoint.
Jet (-1) : 7, réussi. Résultat : 2, une demi-compagnie de chasseurs te rejoint.
Jet (-3) : 10, raté.

Total : 75 chasseurs et 25 miliciens se joignent à la Cause.




Musique d'ambiance



L’Appel du 18 Jahrdrung résonna dans le Sudenland avec une véhémence particulière en cette époque troublée où l’ancienne province était déchirée par la guerre civile, où le peuple grondait contre l’impôt et l’oppression, les troupes gris et blanc du Wissenland voisin battaient la campagne, les bandits infestaient les forêts et le frère combattait le frère. C’était une année sans fin, marquée par les combats, les pillages, les pendaisons. Dans un contexte aussi tourmenté, les paroles fermes et pleines d’espoir du baron de Terre-Noire trouvèrent un écho vibrant dans le cœur de bien des hommes pour qui l’incertitude et l’insécurité dépassaient désormais ce que leur caractère naturellement opiniâtre les autorisait à supporter sous les augures des préceptes de Saint Sigmar Heldenhammer.

Habilement relayé par Cornelius Klein, le Chef de la propagande, le discours d’Anton von Adeldoch se répandit rapidement au-delà de la bourgade de Triftern, jusque dans l’arrière-pays de collines et de vallées qui composaient la terre des Ménogoths d’antan. Sur la place des villages où le wissenlander ne montait pas la garde, les villageois se réunissaient pour écouter cette rumeur qui enflait. La bonne parole de la Cause était portée par ceux en qui les patriotes reconnaissaient déjà les grands noms de l’Indépendance. Dietrich Eberwald le Chef des Renseignements visita les bergeries secrètes qui se cachaient dans la lande. Oswald le Vieux, sous le chêne six fois centenaire d’Ellwangen, appela une foule remontée à défendre les anciennes traditions et les commandements de Taal le Bon-Père. Benito Alberico prêcha les enseignements de Myrmidia dans le salon d’un noble sympathisant et, à Hurlach, le chevalier Vilnus von Wirth et son escorte firent battre tambours entraînant à leur suite une cohorte de jeune gens au sang chaud. Sur son passage, le chevalier de l’Ordre de l’Epée Brisée clamait ce message : « l’Armée arrive, que le Wissenland se retire, le Comte déclare ce pays libre ! »

Partout dans les environs la gronde montait. Le baron, avec son mot juste et sa verve enflammée, venait de jeter une étincelle sur une traînée de poudre. A Pforzen on se rebella contre l’ennemi et une patrouille fut massacrée. Sur la route de Mauchen, une paire d’Archers vint décorer les branches d’un grand noisetier. Les traîtres au pays pendaient là comme un avertissement contre l’envahisseur. Dans les fermes isolées, dans la nuit des hameaux, le père et le fils prenaient l’arc et marchaient pour Triftern. Les jours passaient et les volontaires continuaient d’affluer, toujours plus nombreux. Vêtus de peaux de moutons, couverts de poussière, ils étaient accueillis avec des vivas et des guirlandes de bruyère au son du bignou des bergers. Les drapeaux au soleil couvrirent bientôt le petit village fluvial qui se transforma en un vaste campement militaire, foyer de troupes aussi disparates que bruyantes. Une euphorie générale gagna l’Armée de l’Indépendance. Ils étaient chaque jour plus nombreux et bientôt ils marcheraient sur Pfeildorf ! Rien ne pouvait arrêter les fils du Sudenland, bientôt la victoire serait leur !

Anton von Adeldoch, baron de Terre-Noire et héritier légitime des Comtes-Electeurs de l’ancienne province, était dans son bureau de campagne à l’étage de l’hôtel de ville. A chaque déplacement, il fallait une petite armée de valets pour transporter ses cantines remplies de volumes épais, de plans en désordres et de notes tout aussi nombreuses. Anton, donc, était là, parmi ses montagnes de paperasse, à cajoler distraitement Sölland le griffoneau tandis qu’il écoutait un énième rapport de son Maître-Fourrier visiblement au bord de la dépression nerveuse. Ernest « le Noir » de Lippe, avec ses cernes profonds, avait l’air d’un cadavre que l’on venait de déterrer. Le teint gris et la moustache tremblante, il informait une nouvelle fois son seigneur de la vitesse alarmante à laquelle descendaient les réserves de l’armée en marche. La contribution volontaire des paysans locaux et l’impôt en vivres prélevé dans les environs ne suffisaient plus à nourrir cette troupe d’un demi-millier d’hommes et de dizaines de mulets. Il faudrait bientôt abattre du bétail ou vider chaque cellier pour assurer aux séparatistes la pitance qui les mènerait à Pfeildorf. La main tremblante, il tendait ses dernières conclusions à ce sujet couchées sur un parchemin lorsque quelqu’un frappa à la porte. Le milicien en faction laissa entrer l’un des fidèles Tondeur du baron. L’homme au gilet de laine crue semblait alarmé et marcha droit vers le bureau sans daigner se fendre d’un salut militaire ; les Tondeurs n’étaient pas des soldats, et ne se considéreraient jamais comme tels.


- « M’sieur l’baron ! » dit-il d’une voix éraillée. « J’viens avec des nouvelles du Döppelganger, m’sieur l’baron. Il vous fait dire qu’il peut plus contenir l’Feld-Major, qu’il a plus assez d’hommes. Y s’retire sur les bois au Sud d’Ummenbach mais il a encore l’ennemi aux basques. Mais c’pô tout m’sieur l’baron : y dit qu’le Feld-Major y est pas dans la Marche, mais plutôt qu’y r’monte avec d’autres troupes à marche forcée vers le Nord, vers ici m’sieur l’baron. Vindiou, il arrive ! Y s’ra là d’ici trois jours au plus tard. »

Le Noir, à côté, manqua de s’estomaquer et secoua la tête.

- « Si Von Holtzendorff se presse autant pour nous rattraper, il ne peut le faire qu’avec une mince partie de son armée. » Il se tourna vivement vers le bureau d’Anton. « Monsieur le comte, il nous sous-estime certainement et s’avance sans ses mortiers et en laissant derrière lui une force pour poursuivre Bernhard Dinkel. C’est le moment de frapper et d’en finir avec ces wissenlanders une bonne fois pour toute ! » Lui d’ordinaire stoïque, il s’emporta et frappa du poing sur le rebord du bureau, faisant sursauter puis feuler le griffonneau.

Dans sa hâte, Ernest de Lippe oubliait probablement l’un des rapports pourtant devant lui, enfoui dans une pile de ses semblables, et qui indiquait que d’importants renforts ennemis s’étaient massés à Meissen plusieurs semaines auparavant avant de franchir la Söll pour entrer dans le Sudenland. Anton savait de source sûre que cette nouvelle armée, qui comprenait au moins six compagnies de troupes provinciales, se trouvait dans les environs de Sexau encore quelques jours auparavant. Du reste, il n’avait toujours reçu de missive de la part de ses contacts à Pfeildorf, ce qui ne pouvait qu’être alarmant. Il lui fallait désormais décider de la marche à suivre : voulait-t-il réunir l’état-major qui lui restait sur place pour débattre de la suite des opérations ? Voulait-il fuir le Feld-Major ou l’affronter enfin ? Chaque manœuvre devait être calculée : une retraite vers le Nord ou même une marche forcée vers Pfeildorf faisait courir le risque d’une collision avec l’armée arrivée en renforts. Séparées, cette force et celle du Feld-Major représentaient un adversaire à la mesure de l’Armée du Sudenland. Mais que penser si elles opéraient une jonction ? Sans compter la situation logistique tendue de la Cause, la garnison du fort de Staig tout proche et tous les potentiels inconnus dans cette terrible équation. Se dérober encore ou enfin livrer bataille, telle était la question.

Plus tard dans la journée c’est Gottfried Trapp de Saverne, le fantasque astromancien du baron qui vint trouver ce dernier. Le sorcier avait lui aussi l’air soucieux, à croire que les conseillers personnels d’Anton n’étaient là que pour lui apporter de mauvaises nouvelles. Sur le ton de celui qui se veut discret, le sorcier en robes bleues se confia au chef des rebelles.

- « Monsieur le baron, mes calculs sont formels. Je tâchais d’identifier la perturbation magique que je percevais dans nos rangs et je l’ai désormais identifiée ! La marge d’erreur de ma résolution n’est que d’1 pour 1 000 000 000 si l’on en croit les partisans du théorème de la Faille de Fulbitère qui comme chacun sait fait force de loi chez les gens instruis. » Comme à son habitude, Gottfried digressait et il fallait sans doute que Anton le rappelle à l’ordre s’il voulait en finir avec le crépuscule. « Oui. Eh bien baron … Sachez que d’après mes observations, les fluctuations aethyriques se concentrent particulièrement autour de l’un de vos aides de camp, notamment lorsque Mannslieb brille dans le ciel. Oui baron, vous m’avez bien entendu ! Dans votre entourage immédiat ! Le jeune garçon s’appelle Moriss. »


Test d’Int : 3, réussi.


Moriss était en effet l’une des nombreuses petites mains qui gravitaient autour du baron pour s’occuper de ses affaires courantes : monter sa tente, déplacer son mobilier, remplir sa cruche de vin et sa coupe de fruits, vider son pot de chambre et même nourrir Sölland, son griffon. Ils étaient tels les petits rouages invisibles de cette machine grinçante qu’était l’Armée du Sudenland Libre, s’assurant que le pilote de ce colosse fumant ne manquait de rien et ne perdait pas d’énergie à faire son lit ou à trouver une pomme à se mettre sous la dent.

Ce nom n’était pas inconnu à Anton. En fouillant sa mémoire pour y pêcher le menu fretin des informations qu’il pensait peu pertinentes au milieu du banc de toutes celles qui demandaient sa réflexion immédiate, le baron remonta le visage d’un jeune homme d’à peine vingt ans qui accompagnait les rebelles depuis le tout début de l’insurrection armée à proprement dite, avant même la bataille du Bois-aux-Trèfles. Un garçon aux traits interchangeable, un quidam parfait, probablement rouquin comme savent l’être parfois les sudenlanders et qui, un jour, lui avait marché sans faire exprès sur le bout de la botte en lui servant son civet de lièvre. Le valet s’était excusé, comme gêné d’avoir attiré l’attention sur lui, et s’était hâté de retourner dans la tente attenante faisant office de cuisine de campagne pour l’état-major. Oui, un personnage quelconque, qui prenait soudainement une importance toute autre. Car dans les souvenirs flous d’Anton, une chose était claire : le jeune Moriss n’était ni un sorcier, ni un être de magie.


Les officiers que tu as envoyé pour relayer l’appel ne sont pas présents à Triftern et battent toujours la campagne.

On peut traiter les actions les unes après les autres.

En suivant la carte, les indications sont des estimations faites à partir des informations que tu as (+ ou - fraîches).


Image

Une carte plus précise du coin en particulier (Triftern est entre Staig et Dessau) :


Image

D'après les informations topographiques que tu as de la région grâce au Vieux Oswald et ses assitants + les renseignements actuels sur tes ennemis grâce aux Tondeurs, voilà trois chemins que le Feld-Major va probablement emprunter pour t'intercepter.

- La vallée du Reik Supérieur (illustration) : L'ancienne route longe la rivière vers le Nord jusqu'à Pfeildorf. Elle est pavée sur toute sa longueur et traverse plusieurs bourgades et villages fluviaux, dont Triftern. Le paysage est plutôt plat de part et d'autre du Reik, composé d'un joli bocage et de bosquets éparses.

- Le chemin de la Hagenwald (illustration) : Un sentier un peu plus sauvage qui coupe à travers la forêt d'Habenwald et les collines et jusqu'à la forêt de Finnwald pour récupérer une route provinciale à Pforzen. Le paysage est celui de collines fortement boisées et de crêtes herbeuses, avec quelques hameaux ci et là de forestiers, bûcherons et autres charbonniers.

- La route des Colporteurs (illustration) : Elle relie Waldbach à Pforzen en passant sur la lande désolée qui compose l'épine dorsale de l'ancienne province. Ce vaste plateau herbeux n'est interrompu que par les tourbières de Moosach, le lac de Tauf et les magnifiques gorges de la Witten. La route des Colporteurs est très ancienne mais reste praticable. Là-haut, il y a peu de bourgades à proprement dit, plutôt remplacées par des burons et des cahutes de bergers.

Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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