[Anton]Les secrets les mieux gardés sont les plus dangereux

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[MJ] Le Sombre Garde
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Message par [MJ] Le Sombre Garde »

Anton chevauchait dans la forêt, pourchassant sa proie. Les cris des autres chasseurs étaient loin sur sa droite, il se trouvait seul pour le moment. Sa monture galopait librement dans le bois, malgré les dangers des racines et des trous cachés. Sa main droite tenait fermement sa lance, et un arc reposait dans son carquois attaché à sa selle. Petit à petit, il se rapprochait de l'humain qui fuyait. La chasse ne serait plus très longue. Juste quand il déboulait derrière sa cible et qu'il s'apprêtait à donner le coup de grâce, un miroitement sur sa gauche lui fit tourner la tête. Ce qui permit à la flèche de pénétrer dans son œil droit pour aller se loger dans son cerveau.

Le noble se réveilla en nage. Quelqu'un frappait à la porte, et Kurt entra.


« Il est l'heure de vous préparer monseigneur, la chasse va bientôt commencer. »

Puis il ressortit, laissant seulement un plateau contenant une miche de pain noir, une assiette de viande et un morceau de fromage. Une fois le déjeuner expédié (ou pas, peut-être que le noble avait des doutes sur la nourriture), il était temps de rejoindre Von Preis.

Celui-ci l'attendait dans la cour du château, avec sa troupe de cavaliers déjà prêts. Le cheval d'Anton était là, avec un carquois de flèche, un arc court adapté au tir monté, et une réserve de lances de chasse, pour qu'il puisse choisir.

Son hôte l'accueillit chaleureusement.


« Vous voici très cher. Impatient de chasser ? Nous avons lâché les proies dans la forêt, et mes hommes à cheval vont patrouiller le long des bordures pour éviter qu'ils ne s'échappent et éventent notre petit secret. Il n'y aura que nous deux dans la forêt. Vous aviez raison hier soir, la chasse seul est bien plus enivrante. Vous êtes prêt ? »
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Anton
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Message par Anton »

Ajustant hargneusement sa tunique, Anton mordait ses lèvres pour réprimer la haine qui l'habitait. Les réveils du baron étaient rarement tendres, ses nuits souvent agitées; ses rêves, emplis de sang, de fumée, de sacrifices, de disparitions. Un noble de l'Empire, seigneur de terres reculées sous l'ombre des Montagnes Noires n'avait pas la vie la plus placide qui soit, et son sommeil en payait le prix fort. Il était cependant tout nouveau pour le baron de rêver avec une si exquise précision sa propre mise à mort, dans un bois de pouilleux, avec une arme de lâche. Et il n'était pas sûr de beaucoup aimer l'expérience.

Réprimant un frisson alors qu'il revivait pour la centième fois de la matinée le cheminement sinistre de la longue flèche dans son orbite droit, Anton von Adeldoch deuxième du nom arracha avec un grondement une bouchée de pain de la miche, et la mastiqua avec vigueur. Ah, on voulait sa mort? Ah, il ne devrait son salut qu'à la protection divine? Il étouffa un juron et eut, une fois encore, une pensée déterminée pour le Seigneur Morr, dont la main se cachait sans aucun doute derrière un tel présage. Son Dieu tutélaire avait veillé sur lui, et le baron était bien décidé à faire bon usage de sa gratitude. Et pour commencer, il allait envoyer ce maudit Von Preis Le rejoindre, et avec lui toute sa clique de dégénérés. C'était toujours un danger de moins pour les prêtres de Taal (Morr et lui étaient bien cousins, après tout non?), pour l'Empire (Morr adoooore l'ordre) et pour sa propre vie (Il avait clairement décidé qu'elle pouvait encore Lui servir...).

Bref, le baron déploya en descendant les escaliers du château une casuistique remarquable à charge contre von Preis, sa main se serrant convulsivement sur la paume de son arme. Le grand sourire du baron lorsque le noble déboucha dans la cour fut ajouté illico à la liste des griefs, et ce n'est qu'à son grand entrainement d'hypocrite des hautes cours qu'Anton dut de ne rien laisser paraître. Répondant une banalité enjouée à la bonne humeur du maître des lieux, il se hissa sur le dos de sa monture, flatta un instant les flancs de la bête du plat de la main tout en jetant un oeil à l'équipement qu'on lui offrait, puis s'empara non sans un certain rictus d'une lance qu'il pouvait tout à fait imaginer dans la main d'un cavalier au crâne traversé d'une flèche. Qui que soit l'archer embusqué, et quel que fussent les buts de ceux qui l'avaient posté là, le noble leur préparait une violente désillusion...

A vrai dire, il était tout de même assez improbable que von Preis soit le commanditaire; il n'avait pas besoin d'une embuscade pour le faire abattre, et s'il avait voulu sa mort, il lui aurait suffit d'un mot. Le plus probable était qu'un autre malade encore plus fanatique n'avait pas accepté de faire passer le politique avant le culte, ne saisissant pas que les deux allaient malheureusement souvent ensemble; les soupçons du baron se concentraient particulièrement sur un certain quarteron de cureton de carnaval dont il avait d'abord fait connaissance dans les sous-sols. Ce qui ne changeait de toute façon rien aux intentions d'Anton au sujet de von Preis; simplement, il allait peut-être lui falloir d'abord se servir de l'un pour se débarrasser des autres. Avec amertume, le baron décida qu'il lui faudrait faire preuve d'un peu de pragmatisme et d'improvisation durant cette chasse. Comme il regrettait parfois d'être un politique et non une brute...

Autour de lui, des cavaliers en arme se hâtaient déjà vers leurs positions, et les "proies" avaient été lâchées. Son imbécile d'hôte s'était, comme il l'escomptait, rallié à sa proposition d'une chasse solitaire; remerciant à nouveau Morr d'une pensée, Anton décida qu'il devait malgré tout saisir toute occasion de lui régler son compte dans les plus pures règles de l'art. Il y allait avoir du sport, et aujourd'hui allait être jour funeste; il n'y avait plus qu'à espérer que cela concernerait surtout les autres. Le baron ne se faisait aucun souci: un dieu veillait sur lui, et il se sentait d'humeur suffisamment massacrante pour...eh, bien, pour tous les massacrer. Souriant à ce jeu de mot imbécile, le baron se tourna vers von Preis, et lui lança:


"Bien, très cher, et si nous y allions? Plus tôt nous aurons fini, plus tôt Anhalt sera rassasié. Et les dieux n'aiment pas attendre, la chose est connue..."

Saisissant la bride d'une main, il fit volte-face et s'engagea sur la route des bois. La vigilance allait devoir être de mise, et il n'était absolument pas question qu'il se prenne un seul instant au jeu de la chasse. Il allait jouer une partie beaucoup plus difficile.
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[MJ] Le Sombre Garde
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Message par [MJ] Le Sombre Garde »

« Vous avez raison, bien sûr. »

Le baron monta en selle et indiqua à Anton qu'il était temps d'y aller.

« Chassons ! Yaha ! »

Il s'élança vers la forêt, le noble juste derrière lui. Il disparut rapidement dans les frondaisons, se dirigeant vers l'est. Anton lui prit plutôt à l'ouest. Les sous bois étaient calmes, toutes les bêtes environnantes devaient s'être sauvées devant les deux chasseurs. Sa monture était revenu à un petit trot, le danger de se casser une patte dans un trou caché du sol ou de trébucher sur une racine étant trop important pour le risquer.

Aucun signe pour l'instant de Hanz pour le moment. La chasse se déroula ainsi pendant un peu plus d'une heure. Cela aurait presque pu être une balade en forêt si le noble du Sudenland n'était pas aussi alerte et aussi tendu. Enfin, un craquement sur sa gauche l'alerta. Se dirigeant rapidement vers le bruit, il put voir son ancien garde du corps fuir devant lui.

S'élançant aussitôt à sa poursuite, il se retrouva bientôt à son niveau. Tentant le tout pour le tout, Hanz se jeta sur la droite, mais trébucha et roula à terre. Il leva les mains vers son ancien employeur, suppliant. La peur semblait emplir le mercenaire.


« S'il vous plait messire, épargnez moi. Pitié ! Je m'excuse pour mes erreurs ! »

Anton allait-il le laisser vivre ?
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Re: [Anton]Les secrets les mieux gardés sont les plus danger

Message par Anton »

Les premiers arbres sitôt franchis, Anton obliqua à l’ouest et quelques instants suffirent pour mettre le sinistre baron et son destrier rouan hors de sa vue ; seuls les cris déments du fanatique percèrent encore la muraille végétale qui s’élevait toujours plus épaisse de part et d’autre du cavalier. Puis ce fut le silence.

Les bois s’assombrissaient sans cesse, et rien ne venait troubler l’air épais qui s’était installé sous les ramures, sinon les heurts des fers sur certaines roches dégarnies et le souffle équin qui dessinait au devant un bref nuage de vapeur. Partout la rosée luisait sous l’effet conjugué des brefs rayons de l’aurore s’extrayant des frondaisons et de la température glaciale de la nuit qui s’effaçait. A peine l’oreille attentive du baron accrochait-elle de ces bruissements sans fins qui sont le fond de teint des errances forestières ; nul animal ne se montrait aux alentours, les oiseaux même semblaient s’être pris au jeu et restaient calfeutrés dans les hautes branches. Il semblait que la Nature tout entière s’était couchée cette nuit-là et hésitait à se reveiller, comme dérangée par leur chasse funeste. Comme si elle hésitait à s’associer d’une quelconque façon que ce fût au sombre massacre qui se préméditait.

Hanz apparut au baron une heure environs après le début de cette chasse. Il eut un regard de bête traquée qui retourna l’estomac du baron, mais il lança néanmoins sa monture. L’homme s’enfuit en larmoyant, brisé, le long d’un sentier sauvage que le baron, monté, ne mit pas très longtemps à parcourir pour atteindre le fuyard ; et le vieux mercenaire s’abatit brusquement alors qu’Anton le joignait, heurtant une pierre traîtresse. A genoux, meurtri de sa chute et usé par sa course, il offrait un spectacle bien pitoyable aux yeux de son employeur. Il le supplia de le laisser en vie. Le suppliait d’offrir un désaveu à von Preis, de prêter le flanc aux sinistres menées dont Anton était la cible. De menacer leur vie à tous deux pour échapper quelques heures de plus au destin qui était le sien. Avec un regard las pour ce serviteur valétudinaire, inutile, le baron frappa. La pointe de sa lance tournée vers la pointrine offerte du suppliant, le coup se voulait mortel ; c’était la seule pitié qu’Anton pouvait offrir à celui qui l’avait déservit..

Morr ait son âme, songea amèrement von Adeldoch. Un mercenaire brisé ne saurait l’aider face à von Preis, et ce mercenaire qui s’excusait à genoux l’était bel et bien. Quel gâchi. D’autres allaient payer pour ça. Le baron imaginait parfaitement qui. Et le temps ne faisait qu’ajouter de sanglants interêts.
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Re: [Anton]Les secrets les mieux gardés sont les plus danger

Message par [MJ] Le Sombre Garde »

Jet d'attaque Anton : 7, réussite
Jet d'esquive Hanz : 9, échec
La lance de chasse d'Anton s'enfonça dans la poitrine du vieux mercenaire comme dans du beurre, passant entre les côtes pour aller se loger dans le cœur, tuant net Hanz. Ses yeux devinrent vitreux et il s'effondra en arrière, comme un pantin désarticulé. Plusieurs années de bons et loyaux services réduites à néant. Un cadavre bon pour les bêtes sauvages, sacrifié pour le plaisir d'un dieu fou furieux et de sa secte de fanatiques.

Avant que le noble ne se remette en chasse, un bruit dans les buissons autour de lui le fit tourner la tête et il put apercevoir von Preis qui applaudissait lentement, un sourire satisfait sur le visage. À ses côtés se tenait un des prêtres d'Ahalt, en tenue de chasse. La lance du baron était ensanglantée à la pointe. Il s'adressa à son compagnon.

« Tu vois, je t'avais dit qu'il le ferait. J'ai pu voir en lui qu'il avait la force de caractère nécessaire. »

« Vous aviez raison seigneur. J'avais manifestement tort de ne pas vous croire. »


Se tournant vers Anton, le noble continua.

« Maintenant que la chasse est finie, que diriez vous de me joindre pour un repas bien mérité ? Conrad va aller dire à mes compagnons de rejoindre le château. »

Le prêtre les quittait en effet, partant en direction de l'orée et laissant les deux nobles seuls dans les bois, sans témoins de ce qui pourrait se passer.
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Re: [Anton]Les secrets les mieux gardés sont les plus danger

Message par Anton »


Conrad, hein ? Le baron nota soigneusement le nom du prêtre dans un coin de son esprit, et tenta de figer ses traits et son allure dans sa mémoire. Quelque chose lui disait qu’il n’allait pas tarder à en avoir besoin. Puis il se tourna vers Von Preis.

Le misérable se trouvait devant lui, lance à la main ; il ne faisait aucun doute qu’il avait lui aussi mit la main sur sa proie. Qu’il l’ait espionné ne surprenait pas vraiment le baron ; à vrai dire, il aurait probablement fait la même chose dans cette situation. Mais ils se trouvaient désormais face à face, seuls à seuls, avec pour tout témoin le malheureux Hanz et sa poitrine déchirée. La tentation était grande de faire payer immédiatement au baron ses crimes. Il lui suffisait de s’approcher de lui, tout en parlant, puis de frapper, exactement comme il venait de le faire pour clouer le mercenaire à même le sol, la main lourde de vengeance. Mais deux décennies d’intrigues politiques ainsi qu’un instinct aiguisé par l’avertissement divin de cette nuit agitée prirent le dessus. Anton sourit, et acquiesça tout en essuyant sa lance sur une branche basse.

Anton von Adeldoch n’était pas arrivé aux fonctions qu’il occupait en frappant à coup de lance ses adversaires, et aujourd’hui plus que jamais, il lui fallait s’assurer que chaque mouvement le mène au triomphe. Dans sa situation, chaque faux pas serait mortel. Non, il allait se débarrasser de Von Preis autrement, en se servant de ses propres armes. Et tant pis pour l’occasion pourtant royale qu’offrait cette chasse ; il lui fallait un plan qui lui assure aussi d’être débarrassé des prêtres.

Lance toujours aux poings, ils parcoururent à deux de front le chemin qui les ramènerait à la lisière. Anton se montra changeant, ouvert, cantabile, volubile ; il n’avait pas eu la rosserie de refuser l’invitation de von Preis, au contraire ; il se montrait borné sur la chasse, arguant qu’il n’avait, comme prévu, ressenti aucun plaisir, mais sans doute cela viendrait-il avec le temps ; il commenta longuement ses ennuis à Nuln, gronda le baron pour ses gamineries occultes et se réjouit à voix haute d’en avoir fini avec cette saleté de chasse ; s’indigna de la non-confiance de ce fichu prêtre (« je suis quand même capable de trucider mes propres serviteurs ce me semble… »), posa mille questions au baron sur lui, ses terres, sa famille. Bref, Anton von Adeldoch se montra sous un jour tel que quiconque n’eut rien aperçu des événements précédents l’eût cru revenant d’une chasse anodine avec une connaissance de la meilleure compagnie.

Ils gagnèrent ainsi les ultimes boqueteaux, dépassèrent une saulaie sophistiquée où s’apercevaient, à moitiés enfouies, de vieilles pierres noires, puis attinrent enfin un long chemin qui serpentaient jusqu’au château et que le baron reconnu pour être celui qu’ils avaient parcouru à vive allure sous l’aurore. La cavalcade mesurée ainsi que le babil insignifiant qu’ils entretenaient offrirent au baron l’occasion unique de mettre ses pensées en ordre de bataille pour la suite ; sous ses efforts appliqués, des ébauches de plan s’harmonisaient peu à peu, de grandes lignes directrices s’épissaient sous sa tête, et sans même y prendre garde, les questions insignifiantes qu’il posait à son hôte et les réponses reçues allaient fortifier ou infirmer les premiers objectifs qu’Anton commençait juste de dégager. Un frisson de plaisir le parcouru, et il sourit sans raison à une remarque des plus anodines. Il réalisait où tout ceci allait l’amener ; la seule façon qu’il lui restait de se débarrasser de Von Preis allait être de le prendre à son propre jeu. Et il était plutôt doué pour jouer le jeu des autres à sa manière.

Oh, bien sûr, il aurait pu faire valoir leur accord et s’en retourner sur ses terres. Mais Preis était un intrigant, et un ambitieux ; il ne tarderait pas à se faire reconnaître du baron et à exiger toujours plus de lui. Il lui serait facile de créer une situation à partir de laquelle son propre destin et celui de la secte seraient liés pour de bon. Et cela, le baron n’en voulait pas. Non, la seule politique possible, c’était de s’assurer que le culte serait si mal en point à son départ que nul ne chercherait à l’impliquer dans aucune affaire. Pour cela, le baron avait besoin de faire ce en quoi il était parfaitement qualifié : intriguer.

Il allait se chercher des alliés, des outils, des leviers pour faire sauter von Preis ; lui, le nouveau, l’étranger, allait apporter ce qu’il fallait de haine et d’ambition pour enflammer le culte, et se propulser à sa tête. Il allait se servir de tout ce qui serait à sa portée pour anéantir brusquement ce misérable. Oh oui. On le croyait faible, facile à convertir, soumis, un allié utile et zélé, un petit politicien innocent et blanc comme neige : un type qui chasse quand on lui dit de chasser, un ptit gars du nord qui hésite à sacrifier les gens et qui est tout gentil avec les inconnus. Oh oui. Anton allait les pousser à le manipuler ; il allait se faire l’instrument d’ambitions qu’il aurait lui-même fait naître. Et quand ils allaient venir pour lui dire quoi faire, ils allaient souffrir, beaucoup, et longtemps. Ce serait bien, et juste. Von Preis et les autres se mordraient pour l’éternité les doigts depuis leurs enfers pour l’avoir épargné.


« A quoi je pense ? Oh, voyons Vincentus, vous allez me trouver ridicule si je vous le dis. Vraiment. Bon, d’accord, mais promettez-moi de ne pas répéter ce petit exercice trop souvent, je pense bien trop régulièrement à des choses anodines pour ne pas rougir à coup sûr de vos sondages récurrents…A vrai dire, je pensais à mon retour : j’avais annoncé à ma terrible cousine que je partais pour un mois de voyage, voici maintenant dix jours, et je me réjouissais d’esquiver ainsi à moindre frais le bal annuel de Nuln qui se tient le 25 prochain et à propos duquel elle me fait scène sur scène, année après année, pour l’accompagner. Croyez-moi Baron, je ferais n’importe quoi pour esquiver ce maudit bal et les heures d’essayage de costume qui l’accompagnent. Tenez, même participer à une autre de vos sacrées chasses ! »

Et Anton éclata de rire derechef. Il suffisait que l’autre lui propose de rester quelques jours. Quelques jours de plus. Une poignée à peine. Et, Morr lui en était témoin, un des deux barons devrait bientôt frapper à Ses Portes.

Naturellement, il ferait tout son possible pour que ce soit cet imbécile et orgueilleux fanatique d’abord.
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Message par [MJ] Le Sombre Garde »

Le repas était une vision en soit. Dans la salle à manger de Von Preis, qui malgré sa petite taille par rapport aux palais de Nuln pouvait accueillir un nombre respectable de personnes, trônait une immense table de bois recouverte de mets plus succulents les uns que les autres. Des civets de cerfs à l'hypocras côtoyaient des pâtés de pigeon aux champignons. Des brochets farcis aux petits légumes sur lit de carottes accompagnaient des tourtes au sanglier nappées de sauce. Des miches d'un pain chaud et doré étaient prêtes à être tartinées de beurre doux et d'un fromage de goût. De nombreuses bouteilles d'un vin rouge profond accompagnaient cette chaire préparée avec art.

Les compagnons de chasse du baron accompagnaient celui-ci et Anton pour ce banquet, riant et bavardant gaiement tout en buvant et mangeant plus que de raison. L'un d'eux s'était saisit d'une des servantes et buvait du vin entre ses seins fermes et ronds. Deux autres étaient engagés dans une partie de bras de fer sous les encouragements et les insultes bon enfant de leurs camarades.

Von Preis souriait devant ce spectacle, et commençait à montrer une certaine rougeur au niveau du visage, indiquant qu'il avait eu son comptant d'alcool. Il se tourna vers le noble.


« Je ne suis pas sûr que vous aillez eu d'aussi bons repas à Nuln. Si c'est le cas, mon cuisinier va devoir se surpasser pour vous montrer ce qu'il sait faire. Enfin, si vous restez bien sûr. Ma maison vous est ouverte pour aussi longtemps que vous le désirez. Je ne voudrais pas que vous soyez obliger de rentrer dans le Nord hostile. »
Et voilà, c'est parti. Tu peux faire comme on a dit en MP.
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Re: [Anton]Les secrets les mieux gardés sont les plus danger

Message par Anton »

Ceci est la fin de l'aventure, validée par SG ; cela ne vaudra pas d’expérience, mais un rp avec une fin est toujours préférable et si je veux repartir à l'aventure, ce sera plus simple sur une base saine. Elle devrait tenir en trois post. Pour l'Empire, Morr et tout ça. Love u SG :mrgreen: .


Anton se renversa dans son fauteuil, et attendit les yeux clos que l’ultime coup de cloche résonne dans l’atmosphère . Portés par le vent, les puissants sons de bronze venus du beffroi de la mine rebondissaient sur les hautes parois de pierre ceignant la vallée, et allaient donner directement sur les hautes fenêtres de la baronnie von Preis située bien en contrebas. Le sifflement sourd des rafales contre les tours et le crépitement du crachin sur les vieilles tuiles achevaient de donner au vieux manoir une apparence fantastique, celle d’un empilement de vieille pierre abandonné depuis longtemps des dieux et des hommes. La lumière seule des quelques bougeoirs du baron déchirait la muraille, jaillissant d’une poignée d’anciennes meurtrières jamais obstruées ; mais ce signe de vie était bien le seul à interrompre la longue nuit dans laquelle ce temps inclément avait plongé le manoir. La baronnie Von Preis toute entière se vouait au sommeil. Anton se leva et saisit le long fleuret qui reposait jusqu’alors contre son fauteuil de velours sombre. C’était là l’heure convenue. Quelques secondes à peine, et la lourde porte de la chambre grinçait en pivotant. Le baron se hâta dans les couloirs du manoir.

Il était fort heureux pour notre aristocrate qu’il eut au préalable soigneusement reconnu les lieux de son expédition. Les quelques torches que le maître des lieux avait ordonné dans cette partie-là de sa demeure vivaient leurs derniers instants et ne constituaient guère une aide à la marche, tant leur lumière se faisait débile et vacillante. Les torchères de la cour intérieure, en revanche, jetaient au loin une lueur vive, signe que les domestiques en charge du luminaire avaient jugé nécessaire de les entretenir ; on devinait par là que les quartiers du seigneur devaient donner sur ladite cour. Mais ce n’était pas là une aide sur laquelle il fallait compter : les ouvertures côté cour étaient rares et espacées sur le chemin du baron, ou bien encore barricadées à grande force de planches et de rivets. Sa prévoyance et sa mémoire étaient seules guides pour le noble dans sa mystérieuse expédition, et elles seules le gardaient des chutes et des heurts qui eurent probablement soulevés de bien trop indiscrètes questions. Il est vrai que notre héros, en hôte des plus prévenant, avait sélectionné un itinéraire des plus raffiné ; un parcours alambiqué, qui passait bien au large de tout ce qui ressemblait de près ou de loin à une chambre occupée, et il aurait fallu une bien sérieuse dégringolade pour qu’elle parvienne à tirer, dans le concert prodigieux des grondements de l’orage sourd et des meuglements du vent, un ou deux des habitants du lieu de leurs justes sommeils.

Aussi le baron faisait-il route sans trop de crainte, et sacrifiait volontiers à sa vitesse toute la discrétion qu’il lui paraissait raisonnable d’oublier. Mais il releva soigneusement sur son visage la longue cape de tissu sombre qu’il avait emporté lorsque, par égard pour les caprices de son étrange chemin, il dut traverser en hâte une loggia donnant sur le parvis, et toute illuminée par lui, que les trombes d’eaux déversées du ciel venteux depuis deux jours avaient transformé en petit lac. Et c’est les bottes dégoulinantes que le baron entama donc la fin de son périple nocturne.

On approchait en effet de la partie la plus ancienne du manoir. Chemin faisant, les pierres se faisaient plus grossières, les poutres plus noires -et ce quoique dans la noirceur insensée de cette nuit sans lune, tout se teignait uniformément d’une telle teinte anthracite ; mais c'est que ces poutres-là, noircies par les âges et les fumées, se fondaient si bien dans l’ombre des plafonds que les trous dans le toit et les infiltrations aidant, on croyait parfois marcher en plein extérieur. Loin des foyers, percée de meurtrière, cette partie-là de la bâtisse était froide et dur, hostile à ceux-là même qui, comme le baron, l’arpentaient de l’intérieur. Elle courait d’un seul tenant jusqu’au flanc de la montagne et semblait s’y être soudé des siècles plus tôt, puis s’être aigrie de cette union éternelle ; et si l’on ne distinguait plus au pied de ses murs les pierres tombées du flanc des monts de celles chues de ses murs, on saisissait fort bien que l’union naturelle s’était transformée depuis longtemps en affrontement sans pitié : les toits enfoncés par les chutes de rocs, les fenêtres aveugles et les couloirs sans vie témoignaient de la victoire prochaine de la montagne. Une chambre pourtant laissait percer une lumière par les fentes de ses volets. Une chambre accolée à la montagne, dont l’unique fenêtre laissait penser qu’elle se prolongeait au cœur même du roc. C’est vers cette unique trace de vie que se dirigeait présentement le baron. Mais qui diable habitait un tel logis ? Et quelles affaires y menaient le baron ?

Pour le savoir, il nous faut revenir quelques temps en arrière.



Nous avions quitté le baron Anton von Adeldoch cinq jours plus tôt, alors qu’il prenait place à l’immense festin donné en l’honneur du dieu maudit Anhalt par le baron Vincent Von Preis, chef du culte, et ses sbires. Nous le quittions, soyons plus précis, fâché d’avoir eu à abattre un de ses hommes lors d’une chasse sanglante, d’avoir eu à s’acoquiner avec une secte assassine de la pire espèce, et de se savoir en position de faiblesse vis-à-vis de son hôte, homme cruel, raffiné, fanatique meurtrier à ses heures perdues. Et le baron était bien placé pour savoir que les heures perdues sont nombreuses lorsque l’on est aristocrate.

Perdu dans l’immense salle à manger, invité à rester quelques jours en compagnie de ces maudits des dieux, Anton avait conçu un plan. Un plan tordu, compliqué, retors. Un plan que jamais le baron von Preis ne saurait percer à jour, parce qu’il s’agissait de quelque chose auquel il ne comprenait rien. Anton Von Adeldoch avait dressé un plan de la plus noire espèce : un plan de politicien, à la fin duquel, bien sûr, von Preis mourrait. C’est à cela que se reconnaissent les meilleurs pièce après tout : à la mort du méchant au cinquième acte. Et un von Adeldoch a toujours une idée bien arrêtée de la distribution des rôles dans ce genre de situation.

A vrai dire, le plan du baron était simple. La secte devait être détruite avant qu’il ne se retrouve impliqué dans une désagréable enquête inquisitoriale. Tôt ou tard, les suppôts d'Anhalt seraient démasqués : il fallait opérer avant cette catastrophe. Il était faible, il aurait donc besoin de soutien. Il n’y avait qu’à en trouver.

La première chose que fît le baron fut d’accepter l’invitation de ce cher Vincentus. La seconde, de compulser soigneusement un vieil ouvrage trouvé dans la bibliothèque de sa chambre. Les descriptions de La Vie d'Anhalt, parcellaires, lui furent bien suffisantes. Puis il passa à la suite. La nuit même, le baron réveilla tout le manoir avec ses cris. Anton von Adeldoch avait eu des rêves angoissants. Dans chacun d’entre eux, un bois de cerf ensanglanté hurlait vengeance.

Naturellement, la chose fit beaucoup de bruit en terre si pieuse.



Le baron souleva le lourd heurtoir de la porte et l’abattit sèchement sur le bois usé. Des pas agités répondirent à l’intérieur. Bientôt Anton von Adeldoch pénétrait dans une véritable caverne creusée à même la montagne, parfait prolongement du plancher défoncé sur lequel il avançait prudemment. De hautes torchères saluèrent sa venue en jetant son ombre découpée et éclatée sur le sol poli par les burins, les allers venus et les ans. Devant lui, en cercle, dans leurs habits de cérémonie, se trouvaient les grands prêtres d’Anhalt au grand complet. Six robes de coutil tressées de cuivre et or, surmontées de six coiffes aux étranges ramures de cerfs ensanglantées. A leurs pieds, le cadavre d’une jeune fille se vidait de son sang, gorge et poitrine béantes. Un des prêtres tenait dans une main rouge encore du sang coulé le couteau sacrificiel responsable des deux blessures fatales. Sans un mot, ils toisaient le nouvel arrivant, tandis que celui qui l’avait introduit reprenait place dans une poche d’ombre au fond de la caverne. Anton réprima un frisson. Ils lui avaient sorti le grand jeu. Mais, quelque part, c'était aussi une preuve de faiblesse... Ces gens-là avaient décidément des façons très désagréables de faire de la politique.



On avait beaucoup parlé d’Anhalt dans les jours suivants. Le jeune prêtre à qui fût confié le soin de surveiller Anton eut tout le loisir de lui expliquer les us et coutumes du dieu de la Chasse Sauvage. En échange, le baron lui narrait ses rêves traversés par des courses assoiffées de sang, ces cerfs qui criaient vengeance, ces champs de blé ravagés par les flammes… le noble mettait toute la journée à peaufiner ses rêves en fonction de ce qu’il avait appris sur le culte la veille, et de ses errances dans le manoir. Le bruit se répandit bientôt que l'étranger était sans doute un élu. Profitant de son aura, le baron repris ses explorations de plus belle, et bientôt les pièces, les gardes, leurs tours de garde, la famille de von Preis n’avaient plus de secret pour lui. Il ne cessa ses rondes que lorsqu’il fut certain de connaître le manoir dans ses moindres détails. Preis, perdu dans ses chasses et le croyant en plein apprentissage mystique, ne le gênait pas. Enfin, profitant à fond de sa liberté de mouvement, il se risqua à l’extérieur.



Le village fut une déception. Les « officiels » (pour autant que le terme convienne) étaient tous dévoués à la famille Preis corps et âme. Plutôt que de risquer un lynchage, Anton rongea son frein toute la journée en écoutant chanter les louanges du baron. Invité partout, il ne se plaisait nul part. Il allait lui falloir chercher ailleurs. Jamais ces bouseux ne l'aideraient. Heureusement, ce n'était pas sa seule ressource.



Les richesses de la baronnie von Preis consistaient avant tout dans son immense réseau de mine, creusées au cœur de la montagne, bien au-dessus du manoir, de ses bois et de son village. Le camp mineur, ville miniature à part entière, prospérait là-haut sur une indépendance relative, que ne troublait guère que les incursions fanatiques et les taxes de la famille Preis. Dans ce bout d'humanité perdu dans l'immensité de la roche, le baron rencontrait le succès...et le Contremaître.

Le Contremaître, tel était son titre, quand bien même il était le seigneur incontesté de tous ces boyaux et pauvres diables. Seul maître à bord après Preis, qui ne s'interessait en rien à l'exploitation tant qu'elle rapporta, cet homme n’était pas de la région mais était venu de bien plus au nord poussé par son ambition et son savoir en matière de minerais et de galerie. Débauché au prix fort par von Preis qui lui versait un pourcentage de la production et le traitait avec mépris, il ne lui devait rien. Son idée fixe ? Le commerce avec les nains. Rendez-vous compte ! Le prix incroyable qu’ils payeraient… Mais le pauvre homme n'avait pas cette liberté.
« Proscrit par Anhalt à ce qui paraît. Ce dieu-là n’aime pas les nabots, et y semblerait que ce soit réciproque. La guigne quoi. Avec un tel filon… ce qu’on gagnerait… c’est à s’arracher les cheveux. »

A voir les maigres touffes rousses pointant sous son casque de mineur, ce n’étaient pas là des paroles en l’air. Les propositions du baron l'intéressaient au plus au point. L’homme était intelligent, et comprenait à merveille à demi mot. Anton fut ravi de sa trouvaille : au milieu de tous ces bouseux la finesse du contremaître était une arme que Preis avait eu tort de laisser traîner. Qui plus est, l’homme se montra extrêmement réceptif et intéressé quant à tout ce qui touchait les connaissances d’Anton concernant l’Inquisition. Il posa même quelques questions tout à fait précises et très sensées, ce qui montrait que lui au moins avait la vue longue. Les deux hommes se quittaient très satisfait l’un de l’autre. Visiblement, la mine suivrait. Mais, malin, le contremaître était malgré tout toujours resté vague dans ses promesses. Le baron comprenait. Après tout c’était cela aussi, la politique.



« Que se présente celui qui a une requête à soumettre au Conseil d’Anhalt. Et qu’il expose ce qu’il a à dire afin que le Dieu puisse juger de ses intentions sans tarder ! »


Anton masqua son rictus. Von Preis, chef du culte, avait beau être absent, les six pingouins se comportaient déjà comme s’ils formaient à eux seuls le Conseil… voilà qui augurait du meilleur, non ?

« Mon nom est Anton Von Adeldoch, deuxième du nom, Seigneur de Terre Noire et Baron de Kölshnen, Noble et Pair du Sudenland, Délégué perpétuel au Grand Conseil de Nuln, descendant direct et héritier d’Aldred III, dernier comte électeur du Solland, et désormais fidèle parmi les fidèles d’Anhalt, seul vrai dieu de ces terres.

Je suis ici sur les ordres d’Anhalt lui-même pour vous faire part de mes craintes concernant un culte qui se morfond au lieu de s’étendre, la grandeur d’Anhalt que l’on bafoue et que l’on cloître au plus noir de la nuit, Son Nom dont on use à des fins personnelles, politiques, et les outils de la vengeance que l’on dilapide alors que nous devrions en user pour porter la Chasse au cœur même des demeures de nos ennemis. Je suis là pour qu’Anhalt et ceux qui le servent retrouvent le rang qui leur est dû. Je suis là pour qu’éclose Sa gloire. Je suis là, car je sers. »

Et moi j’ai pas besoin d’un déguisement pour ça, ajouta intérieurement le baron. Restait à voir si ces imbéciles cacochymes allaient mordre à l’hameçon si patiemment tendu.

Ça n’avait pas été facile de convaincre le prêtre de faire passer son message. Il avait fallu surjouer la carte du type inspiré par son dieu pour faire passer la trahison à laquelle le baron conduisait le jeune homme. Le terrain avait été longuement préparé. Ses opinions infusées lentement au cours de leurs nombreuses discussions. Ses avis martelés sous toutes les formes et tous les aspects. Mais ça avait payé. Un mot glissé par un curieux domestique borgne couronna les efforts du baron. Il allait rencontrer les hauts prêtres, et les convaincre de ce dont ils étaient tous déjà convaincus. Que culte va à sa perte et à besoin d’être repris en main par des gens qui s’y connaissent, n’ont peur de rien, et sont très respectueux des traditions. Par les garants de la tradition eux-mêmes en fait. Par les hauts prêtres quoi.

Et Anton accepterait gentiment de jouer les pantins qu’ils manipuleraient dans l’ombre. Ils seraient le cerveau, le pouvoir, lui la figure. Après tout, c’était un exalté religieux un peu idiot, qui ne connaissait rien ni au culte ni au pays, pas vrai ? Un homme utile, doué pour parler et doté d'un carnet d'adresse utile pour étendre le culte. L'homme de paille idéal. Un cadeau des, non, Du Dieu.

Et ce cadeau était là, humble, devant eux. Un sourire exalté aux lèvres. A moins qu'il ne s'agisse d'un rictus admirablement dissimulé. Mais de cela, le Conseil ne s'en rendrait compte que bien plus tard.


...

...


Et le guerrier du nord, défiant notre Seigneur, s'écria qu'il était le seul vrai élu d'Anhalt, et qu'il le prouverai sur l'heure par le fer et le sang. Par Son Jugement. Et le Baron n'eut d'autre choix que de démonter, lui qui était exténué par la chasse, car des cris retentissaient de la foule et la masse l'empêchait d'avancer. Les prêtres, comme les gens de la mine, étaient nombreux à être rassemblés ici; tous voulaient le combat, bien plus que nous autres du village. Mais le sang était dans l'air, une sorte de bestialité regnait en nous tous et nous poussaient à hurler avec les chiens à la mort. Le baron n'avait jamais prouvé que le dieu l'appréciait, et l'étranger semblait si sûr de lui ! On disait qu'il avait des visions, qu'il était un vrai élu, que les prêtres s'en défiaient, même. Mais lorsqu'il arriva sur la place, son étrange épée en main, nous pensâmes tous que Preis était destiné à gagner, malgré sa fatigue. Le baron était plus jeune, plus grand, plus fort; c'était un chasseur de premier ordre, à la main sûr et à la lame fine. Il souriait, promettait mille morts « aux traîtres et aux parjures ». Si sûr de lui ! Mais après la première passe d'arme, il a semblé faiblir. Tous deux étaient également touchés, et se jaugeaient, mais lorsque l’Étranger est passé à l'attaque, le baron n'a même pas pu lever son arme. On eut dit que les dieux retenaient sa main, le paralysaient: était-ce là le jugement d'Anhalt? J'ai vu l’incompréhension dans son dernier regard. Puis la haine. Puis plus rien. L'Elu du Dieu l'a perforé de part en part sans qu'il s'en défendit d'un moyen ou d'un autre. Sans un regard pour le cadavre qui dans le sable de la place se vidait lentement de son sang, sans considération pour les pleurs et les exclamations, les prêtres ont couronné l'étranger de la Couronne d'Anhalt. Son air exalté a fondu alors qu'il sentait couler dans ses veines et son corps la puissance d'un dieu sur cette terre. Et nous sommes devenus les serviteurs d'un homme dont nous ne savions pas le nom. Pour un bref temps.

Souvenirs de Hamlett, paysan-conteur de la baronnie Von Preis



Après que les prêtres l'ont proclamé chef du culte d'Anhalt, le baron est passé comme prévu à la seconde phase. Je crois bien que les pauvres prêtes s'attendaient pas vraiment à ce que leur prise de pouvoir se passe comme ça! Son discours, bah, jamais vu ça. M'a soufflé. Tout à fait comme ça qu'on imagine un élu des dieux parler, voyez. Puissant, ferme, exalté, juste. La tête des hauts prêtres, lorsqu'il a déclaré leur bannissement, sa lame encore rouge du sang du baron qu'ils l'avaient aidé à mettre à mort! Sauf qu'la plupart des péquenots étaient déjà bien chamboulés par l'assassinat du patron, alors la démagogie a pas marché des masses, et virer les prêtres par dessus le marché ça fasait peut-être beaucoup dans leur journée... Du coup, ya guère qu'la garde qui a réagi, eux et mes gars ; on a agrippé les prêtres de la foule et on s’apprêtait à les embarquer comme prévu, mais c'est sur l'estrade que ça a mal tourné. Ya bien une moitié de la garde qui est montée exécuter les ordres -et je pense qu'elle était corrompue-, mais les autres avaient encore la haine, rapport à la tuerie du baron, vu qu'ils avaient bien compris qu'on se fait pas trucider comme ça en combat loyal sans arnaque, hein. Y ont commencé à s'interposer, un haut prêtre s'est jeté en hurlant sur le baron, couteau au poing, beuglant à la trahison ; mais, sur ma foi, il devait s'y attendre à celle-là, l'étranger, parce-qu'il a sorti une dague de nulle part et qu'il a planté l'autre aussi sec, malgré la sale blessure à l'abdomen que Preis lui avait laissée en cadeau d'adieu. M'enfin, sur l'estrade, des prêtres, yen avait encore deux de libres, tout aussi peu commodes, vu qu'il fallait bien deux soudards pour chaque curé. L'autre allait passer un mauvais quart d'heure, sauf qu'ya un type en vêtements colorés qui a débarqué juste à temps pour les clouer au sol en trois moulinets de son épée. C'était un pro, les encapuchonnés avaient aucune chance. Et puis là, la garde savait plus trop quoi faire, les péquenots de la foule ont sorti les poings, j'ai fait donner la milice de la mine, j'ai plus eu le temps de s'occuper de l'estrade. C'était un sacré foutoir, allez ! Ce qui est sûr, c'est que quand j'ai relevé les yeux, yavait des cadavres partout, mes gars finissaient les derniers prêtres encore debout, et tous ceux du village qu'on avait pas eu à sonner rentraient chez eux un peu perdus. La garde, elle avait visiblement fini par choisir quoi faire, parce que les toges des hauts prêtres encombraient toute l'estrade, et qu'y avait suffisamment de sang autour pour remplir deux baignoires. J'en ai causé à un gars, un sergent, un type bien. Y m'a raconté que les encapuchonnés avaient commencé à s'en prendre à eux, et qu'ils s'étaient si bien débattus qu'ya un type de la garde qui en est resté aveugle. Les autres ont vu rouge, v'comprenez. Tout c'que je sais, c'est qu'un quart d'heure plus tard le baron et son zozo avaient décarré. Même si grâce à lui on se s'ra débarrassé des tarés, je peux pas m'empêcher de penser : bon débarras !

Souvenirs de Herbert Goff, alias « Le Contremaître »





J'ai trouvé dans la chambre de l'étranger des instructions très précises sur la marche à suivre, dans une lettre qu'il avait laissé sur sa petite table. Comme elles étaient de bon conseil, je les ai appliquées sans exceptions. Le petit Vincentus von Preis est devenu « baron », pour autant qu'un seigneur de cinq ans ai un sens. J'ai assumé le rôle de régent jusqu'à l'arrivée de l'oncle, et nous avons tu l'affaire pour éviter toute enquête malvenue. Officiellement, von Preis est mort au cours d'une des ces chasses qu'il affectionnait tant, tombé au cours d'une embuscade d'ignobles hommes-bêtes. La Comtesse nous a envoyé des condoléances et un percepteur de taxes sur les successions.

Le sort du Contremaître nous a posé problème, parce que les gens de la mine avaient clairement trempé dans la planification des évenements ; mais son destin a été réglé bien malgré nous. Moins d'un jour après l'arrivée de l'Oncle Preis et de sa troupe, comme le bonhomme descendait de la mine pour répondre de son comportement et à nos questions, sa bête s'est emballée sur les chemins caillouteux et il est allé donner tête la première dans un précipice. Parce qu’il il était sans doute le seul à savoir ce qui s'était exactement passé en ce jour funeste, nous avons décidé une amnistie générale, et enterré l'affaire. C'était bien plus sage. Mais puisqu'une grande partie de l'or du manoir et des bijoux de feu madame la baronne avaient disparu, nous avons mené une discrète enquête. Nous en avons retrouvé trace chez le Contremaître, deux prêtres, six gardes et trois paysans, tous morts d'ailleurs. Leur famille a été exécutée pour l'exemple, en bouc émissaire. Il est temps que cette sombre page de l'histoire de la baronnie se tourne ; la seule personne que nous ayons jamais envoyé à la poursuite de l'étranger n'est jamais revenue. Il semble qu'il ai laissé un homme à lui pour nous surveiller quelques mois, et effacer les ultimes traces, même si je n'en ai jamais eu la preuve formelle. Il n'est pas impossible, en dernière analyse, que cet homme nous ai rendu service à tous.



Journal d'Helmut Kastarnov, grand intendant de la baronnie Von Preis







Ma chère Clémence,


Tu seras ravie d'apprendre, je pense, que je suis sur le chemin du retour. Morr seul sait combien j'aspire à retourner enfin dans ces terres bienheureuses que les dieux m'ont accordées, à tes côtés et auprès de mon cousin. Je suis las de tout.

Je pense arriver tout au plus une lune après cette lettre ; je suis retardé par une fâcheuse blessure que m'a causé une bête ignoble croisée au détour d'un bois. Je l'ai mise à mort en usant de toute ma foi et du meilleur de mon art, et elle chasse ses proies ailleurs désormais, là où les dieux tolèrent les âmes immondes. Hanz n'en a malheureusement pas réchappé ; il vieillissait, Sigmar ait son âme. Frédéric, en revanche, te fait porter ses plus respectueuses salutations ; comme il m'a été très utile ces derniers temps, je lui permets cette familiarité et je relaye volontiers ses hommages. Puisque je l'ai laissé en poste plus au sud, je me trouve à faire la route seul et blessé, tu imagines donc que j'avance lentement et précautionneusement. Tu trouveras avec la lettre de l'or que je destine à un puissant autel de Sigmar ; songe pour moi veux-tu à l'emplacement et à la forme, tu as toute ma confiance à ce sujet.

Je te prie également de te rendre aux Pierres Noires et de voir si tu n'y peux observer des feuillages alentours aux ramures tressées à la façon de celle que je t’adjoins ici. Si de telles feuilles existent, coupe-les soigneusement, occupe-toi de les mettre sécher, et serre-les dans un des tiroirs de mon étude. Leur nom est « feuille d'Anhalt », et elles ont eu un effet très positif sur certains maux qui menaçaient directement ma santé ; leur effet sur le sujet est foudroyant...j'entends les garder par devers-moi, préventivement. On est jamais trop prudent.

Je crois que je ne retournerai pas de sitôt chasser aussi au sud. Leurs manières sont brutales, et leur compréhension de la politique très archaïque. Après une telle expérience, je n'aspire plus guère qu'à un repos bien mérité. Si l'Empire m'en laisse le temps, et j'en doute fort.

J'ai reçu d'Altdorf une assez jolie nouvelle en provenance d'un de mes vieux amis bien en cour. Je dois rencontrer l'Empereur avant la fin de l'année. Une invitation officielle pour la "baronnie Adeldoch" est en route. Enfin. Nous sommes barons, incontestés, devant tout l'Empire, noblesse d'épée pour son éternité. J'aimerais que père soit là, car ceci est le fruit de son travail.

Le mien ne s'arrêtera qu'avec le retour de notre titre de comte. Salue mon cousin, son avenir est plus brillant que jamais.
Les dieux vous gardent, cousine


Anton von Adeldoch
Anton von Adeldoch, Noble du Sudenland, lien vers l'aventure en cours: http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 380#p97380
Profil de combat :
FOR 9/ END 11/ HAB 7/ CHAR 11/ INT 11/ INI 9/ ATT 11/ PAR 8/ TIR/ 9/ PV 75/75, bonus de l'équipement inclus avec -2 Par/Hab à l'adversaire, -1 armure de l'adversaire et parade 10, protection tête/bras/torse de 9.

Détails permettant d'arriver à ce profil:
Profil: FOR 8/ END 10/ HAB 8/ CHAR 11/ INT 11/ INI 9/ ATT 10/ PAR 9/ TIR/ 9/ PV 75/75
Compétences: Monte, Arme de prédilection (rapière +1 Att)
armes: Arc court (dégâts:26+1d8, malus -2/16m) ; "fleuret estalien" (rapière, dégâts:14(+8)+1d8, parade 10, rapide (-2Par/Hab de l'adversaire pour parer/esquiver), perforant (1) (ignore 1 point d'armure adverse))
Protections: mailles. Torse, dos et bras, protection de 9, encombrement de -1 HAB, ATT et PAR
Talisman de Gork : +1 For Att et END
Les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereux que les mensonges
Fr.N.

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