Promenons nous dans les bois, pendant que le loup...

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Alicia
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Re: Promenons nous dans les bois, pendant que le loup...

Message par Alicia »

Ô Sigmar tout puissant, toi qui nous observe depuis les monts du Bord du monde, toi qui nous donne la force de défaire les ténèbres, toi dont le marteau à tant de fois affermi le trône de la race impériale, tant de fois appuyé son droit d'aînesse parmi les Hommes, toi dont les enseignements guident nos pas encore aujourd'hui... Ô Sigmar, ta servante te prie de lui faire une place à tes côtés, car bientôt la barque de Morr viendra la chercher. Car lorsque les crocs d'Ulric viendront lui percer la panse, elle aura mal. Car lorsqu'ils se repaitront de sa chaire, elle criera. Car lorsqu'ils lui arracheront les mains, elle pleurera. Car lorsqu'elle passera de vie à trépas, son existence n'aura servie à rien. Car cette servante n'aura en rien contribué à faire de ton Empire une place plus forte, unifiée et glorieuse. Car ton peuple ne sera pas plus heureux ou nombreux. Et que tes ouailles seront toujours aussi exposées aux ténèbres malfaisantes qui en veulent à ton Empire.

"Pour tout cela, Sigmar, car ta servante va se battre jusqu'à son dernier souffle et crever sauvagement, violemment, elle te demande de lui donner la force d'emmener avec elle dans la tombe au moins un de ces foutus clébards, histoire que les garçons bergers ne se fassent pas égorger par ces bêtes sauvages dans les prochains jours. Que les faibles sur les routes ne tombent sous les crocs et griffes de bêtes ayant pris goût à la chaire humaine, et que moins de tes sujets ne tombent sous leurs coups.
Juste ça Sigmar. Je sais que tu m'écoutes, comme tu écoutes avec attention tous tes sujets, les bons comme les mauvais. Et qu'à la plupart tu dis "non". Parce qu'honnêtement il y en a qui abusent. Mais est-ce le cas ici ? Je ne crois pas....
"

Rangeant son pistolet désormais inutile, puisque déchargé, et que les bêtes seraient sur elle avant qu'elle n'ait le temps de faire à nouveau parler la poudre, Alicia enjamba la tranchée pour se mettre de l'autre côté de celle ci, histoire de forcer les bêtes sauvages à contourner la fosse, sauter par-dessus pour être immédiatement cueillies par elle même, ou bien sauter à même dedans pour se prendre un solide coup de la part de l'inquisitrice plus en hauteur.

Trônant courageusement sur ses pieds, l'inquisitrice dégaina sa longue dague sainte. Elle prit une seconde pour observer le reflet de ses yeux sur celle ci, puis reporta son attention sur les loups qui progressaient vers elle, tandis qu'elle prenait de l'autre main la pelle, outil de terrassement plutôt bien aiguisé, solide et disposant d'une allonge supplémentaire, certainement plus longue que celle d'une simple dague.

Morr risquait de la bouder, car elle n'allait finalement offrir de sépulture à aucun des hommes morts ici présent. Mais le rêveur trouverait sans doute quelqu'un d'autre à envoyer pour mener ces morts vers sa demeure. Quelqu'un d'assez bien armé, ou futé, pour ne pas se faire bouffer bêtement par des loups par exemple.

Elle avait envie de fuir. Elle avait envie de tourner le dos aux limiers d'Ulric. De sacrifier sa monture, attachée à la charrette. De se terrer sous le sol... Mais elle restait malgré tout sur ses pieds, campée sur le sol, alors que dans son être grandissait une peur animale, qui ressortait à l'approche du danger, de la mort, donnée d'un prédateur à une proie.
Une peur que l'homme, malgré des siècles de domination sur la nature, n'était parvenu à enterrer et tuer à jamais.


SIGMAR !!!!!!


Et aussitôt qu'elle scanda Son nom, la peur reflua, remplacée par une rage. Une rage en direction des bêtes sauvages à abattre. Une rage de vivre. Une rage de tuer et survivre !
Alicia, voie du répurgateur

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Re: Promenons nous dans les bois, pendant que le loup...

Message par Alicia »

Il y a des jours avec et des jours sans.
Et en cette journée particulière, il semblait clair que les dés de Ranald n'étaient pas du côté d'Alicia. En fait, le joueur semblait déterminé à piper les dés, peu importe à quel point l'inquisitrice avait recours à sa foy pour intercéder en sa faveur auprès des dieux, c'était sans espoir.
Ainsi fut elle jetée au sol par le premier limier d'Ulric, celui ci sautant de tout son poids sur l'inquisitrice qui subissait alors ses coups de griffes en travers des seins, son torse juste protégé par le tissu d'une chemise et un doublet pour la tenir du froid. La laine fut déchirée par les griffes acérées de la bête qui laissa un long sillon sanglant le long de sa poitrine. Peu profond, mais tout de même douloureux, bien qu'en cette occasion particulière, l'adrénaline faisait son ouvrage. Ainsi le cerveau ne reçu-t-il pour le moment d'informations sur la blessure. Mais quand les choses se seraient calmées, alors là elle se mettrait à douiller. Sans parler des risques d'infections.

Au sol, elle lutte avec le manche de sa pelle pour empêcher ce même loup alors au-dessus d'elle pour lui arracher la gorge, organe bien trop fragile, alors à découvert.
Mais elle avait déjà perdue l'ascendant, et une seconde bête vint planter ses crocs dans son bas ventre, ses dents ignorant le tissu pour se planter dans la chaire, alors qu'elle était encore aux prises avec la première créature.
Mais ici l'adrénaline ne pu remplir son rôle, et la servante de Sigmar ne put s'empêcher de lâcher un cri de douleur, de même que de sa main lui échappait sa dague sainte, un coup de griffes sur le poignet tenant l'arme.
Troisième bête et quatrième limier, son ventre était désormais en sang. Elle n'avait encore aucun intestins à l'air, mais ça ne saurait durer au rythme où allaient les choses, toute piégée qu'elle était sous une bête, le manche de la pelle faisant office de pauvre bouclier pour bloquer les coups de dents de la créature à l'égard de sa gorge.

Était-ce la fin ? Sigmar avait il donc décidé de la rappeler à ses côtés ? Peut être, mais ce ne serait certainement pas avant qu'elle crache à la face du monde un dernier défi.

Sigmar ! Bénis ce corps ravagé !

A moitié délirante par l'adrénaline et le fait d'être déchirée dans tous les sens par les crocs des limiers d'Ulric, trop occupée à retenir de toutes ses forces le loup au-dessus d'elle, sa vision se teintant petit à petit de rouge, elle ne pu accorder aucune attention au fait que la créature qui se débattait avec elle saignait. Jappait. Cessait d'agiter ses crocs vers sa gorge.
Ni qu'elle ne pu faire attention aux gros projectiles qui étaient venus se ficher contre les bêtes sauvages.

Soudainement les loups cessèrent de lui déchiqueter les flancs. Soudainement le loup qui la dominait cessait de se débattre avec elle, pour simplement tomber sur le côté.

Pas encore tout à fait calmée, Alicia ne se fit pas prier pour alors donner de grands coups de pelles sur le corps alors refroidit de la terrible bête, rendant la tête de celle ci pendante, ne tenant plus au corps que par le cartilage et l'os que les coups de pelles successifs n'étaient pas parvenus à sectionner.

Puis la douleur qui revenait. Un regard à son ventre, le tissu de sa chemise complètement déchiré. Ses plaies à nus. Son sang dégoulinant. La panique qui montait dans son crâne. Ces réflexes de macaques qui resurgissaient.
Les mouvements violents, peu contrôlés, d'Alicia, qui cherchait à retirer son doublet pour ensuite déchirer sa chemise, et user des chiffons pour colmater tant bien que mal les trous dans son propre cuir. Ralentir l'écoulement du sang. Il y avait dans le sac, sur le banc du conducteur de la charrette, un reste de fournitures médicales réquisitionnées dans le local des soudards. Si elle parvenait à marcher un peu...
Mais non. A peine se levait elle que ses jambes s’affaissaient. Qu'à genoux, elle tombait sur le côté, le bras vers la charrette, comme suppliant quelques puissances de faire venir le sac vers elle. En vain.

La dernière chose dont elle prit conscience, alors que son esprit s'étiolait, fut les silhouettes qui, au loin, progressaient en sa direction. Et la douleur.
Alicia, voie du répurgateur

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Re: Promenons nous dans les bois, pendant que le loup...

Message par Alicia »

Et ainsi Alicia de Meissen s'éteignit, au jeune âge de 23 printemps, alors qu'il lui restait tant d'hérétiques à livrer aux flammes chaleureuses des bûchers. Tant d'impies à livrer à la question pour les remettre dans le droit chemin. Tant d'occasions où renforcer le dogme de Sigmar à travers l'Empire... Mais non.

Elle s'éteignit dans la douleur, et eu la chance de ne pas vivre assez longtemps pour voir ses "sauveurs", bandits en quête de loups pour cuisiner ceux ci, dépecer et violer son cadavre encore chaud. Pas plus qu'elle n'eut à observer la mort de ces impies aux mains d'hommes bêtes dans la soirée.
Dans une autre vie, l'inquisitrice aurait survécu à ces épreuves, et bien d'autres encore. Mais pas dans cette vie ci. Seul Tzeentch dans son miroir déformé, eu un aperçu des futurs possibles de la répurgatrice. Une existence à peine plus intéressante pour l'instant, parmi des millions d'autres.

Les dés de Ranald en décidèrent ainsi. Et qui était elle pour contester le résultat de ceux ci, plus grand loisir du moqueur.
Ainsi donc les bras de Morr vinrent enserrer pour de bon l'âme de la pècheresse. Le sommeil éternel vint lui faire fermer les paupières à jamais. Après la peur, la douleur et l'excitation du combat, Alicia se sentait las. Fatiguée. Et c'est en se laissant faire qu'une main invisible la hissa vers d'autres cieux que ceux du Vieux Monde.Des cieux différents, plus chaleureux que ceux, froids, dans lesquels elle s'était assoupie. Une douce chaleur qui la berçait, semblable à celle du nouveau né, bercé avec amour au sein de sa mère.
Douce chaleur amoureuse, affectueuse, touche bienveillante dont on ne désirait pas le départ. Que l'on désirait ne jamais cesser dans un égoïsme naturel.
Elle se pensait morte. Elle se sentait bien. Elle avait laissée en d'autres lieux ses soucis, ses ambitions, ses désirs et loisirs. Seule comptait cette douce chaleur. Cette caresse si agréable, si douce....


Mais bientôt cette douce chaleur disparu. S'étiola. Se dissipa. Sonnée par un froid qui l'imprégnait, réveillée par un sentiment d'urgence instinctif, les muscles léthargiques de la cultiste se braquèrent. Ses yeux s'ouvrirent. Ses environs ne correspondaient à rien.
Sous ses pieds, une fosse aux profondeurs abyssales, d'où elle ne distinguait rien, sinon que des silhouette grises, tournant autour d'un corps haché de noir et de blanc. Dans les cieux, un maelstrom de couleurs vives, chatoyantes, et pourtant sinistres, par lequel elle se sentait intimement attirée... Mais aussi rejetée. Ecoeurée. Une part d'elle souhaitait l'observer, le contempler, le révérer.... Le rejoindre.
Mais il était loin. Et quelque chose lui disait qu'il lui fallait avancer. Vers où ? Peu importe. Tout droit. Elle devait s'échapper d'ici... Ou au moins bouger. Pour rester en vie. En vie.... Était elle seulement encore vivante ? N'était elle pas morte ? Non... Sigmar ne le permettrait pas... Si ? Non. Peu importait. Seule comptait sa foy.

Tout d'abord s'éloigner de la fosse, et régler leur sort à ces sales limiers qui l'avaient déchiquetée. Mais où étaient ils passés ? Il faisait noir, hormis la fosse. Celle ci était à proscrire.... Ou pas ? Sigmar prônait le courage. Prônait d'affronter ses peurs les plus intimes et de les écraser par la force de sa propre foy... Et c'était certainement ce que cette épreuve était à propos ! La foy !

Ô Sigmar.... Je triompherais de cette épreuve, car je suis digne. Je triompherais, car je suis pieuse. Je triompherais, car telle est ta volonté !!!

Bloquant sa respiration, Alicia se laissa choir dans la fosse. Elle se laissa choir, encore et encore et encore... Une chute qui lui sembla interminable, avant finalement de se noyer. Dans de l'eau. De l'eau noire, remplie de corps. Les défunts gorgés d'eau, gonflés, mais également éclatés, des créatures impies souillant les dépouilles par des galets, par des excréments, par des coups de crocs dans leur chaire.
Une hérésie. N'eusse-t-elle son arme sous la main, elle aurait très certainement abattue l'une de ces odieuses créatures, avant de passer par l'épée le reste de cette engeance méprisable. Mais elle n'avait sous la main sa bouche à feu, ni de lame pour égorger ces choses odieuses. Juste sa colère, qu'elle dirigea sur ces choses, comme si celle ci seule pouvait suffire à incendier les corps albâtres de ces choses indicibles.... Ou les saisir à la gorge pour les étouffer, les noyer, leur broyer la tranchée....
Elle se voyait s'approcher de ces créatures... Et les traverser de part et d'autre, avant d'être prise dans un vent la portant dans un lieu sombre, serré, où reposait un lit, et un individu au visage à moitié déchiré.
Un individu avec lequel elle était familière.
Ludwig Von Hofffenbach. Un noble de l'Empire. Il l'avait abandonnée ! Un traître ! Un parjure ! Un hérétique !

Cette colère sourde à l'égard de ce rejeton de la noblesse, qui l'avait quittée sans prévenir, et foutu en l'air une partie d'une inquisition contre les serviteurs de la ruine, était là, sous ses yeux. Déjà une stigmate, certainement preuve de son service au chaos, détruisant ce qui avait été son visage, venait accroitre la haine et le dégoût qu'elle ressentait à son égard...

Une brume froide emplit la pièce où se trouvait le Hoffenbach, lentement réveillé par la chute soudaine de température, pour être finalement confronté par une silhouette brumeuse. Perplexe, puis alarmé par l'apparition soudaine d'un spectre en cette terre de pestilence et de haine qu'a le malheur d'être la Sylvanie.

Ludwig... commença l'apparition d'une voix d'outre tombe, devant l'apprenti répurgateur encore à moitié endormi. Tu as trahi, poursuivi-t-elle sur un ton blessé. Trahi l'Empire.... Sigmar... Wissenburg se souvient... Tu as faibli et ils en ont payés le prix ! lui hurla l'apparition spectrale au visage, la voix pleine de haine. Combien périront encore par ta faiblesse, comme j'ai périe !? Ta lâcheté m'a tuée ! lui confia-t-elle sur le ton de la colère. Alicia.... Alicia de Meissen n'est plus, et les ténèbres grandissent à nouveau au Solland.... Par ta faute !!! termina le spectre, son ton passant de la tristesse à la haine meurtrière, pour se jeter sur le cou sans défenses de Ludwig, faisant peu de cas de la lame qu'il avait placé entre lui même et ce spectre, qui se dissipa au contact du Hoffenbach.

A nouveau l'esprit défunt de l'inquisitrice erra par monts et par vaux aux gré de ces vents étranges se jouant d'elle, à mesure qu'elle revivait des scènes du passé, des rêves et cauchemars. Un soir celle ci observait les justes prendre les armes contre la tyranie et l'arbitraire des mauvais sujets, les hypocrytes se servant du nom de Sigmar pour blesser ses loyaux serviteurs. De ceux ci, elle voyait le triomphe et l'ordre rétabli, elle voyait les terres à nouveau purgées du mal se cachant dans les forêts, les routes rendues sûres, le peuple obéissant, la noblesse loyale et la bourgeoisie rendue humble. Une province renforcée, forte, assurée d'un avenir meilleur, pour triompher de la marée verte à venir...
Elle erra également sur une terre inconnue, recouverte de glace et de neige, où le sol n'abritant aucune vie, si ce n'est que celle d'animaux endurcis par les évènements et les épreuves que leur étaient envoyées les dieux. En cette terre impitoyable errait un loup blanc, mais au pelage teinté d'un noir surnaturel, constamment observé d'un corbeau de ténèbres. Un loup blanc qui faisait face à des démons. A ses démons intérieurs. En ce pèlerinage de glace et de givre, le guerrier à l'âme rongée par le regret et le doute, qui avait tant de fois échoué, et qui pourtant persévérait tant de fois encore à emprunter le chemin des justes, des pieux et des pourfendeurs du mal et de la non mort dans son état le plus haïssable.
Une âme qui méritait peut être le respect, pour sa persévérance malgré toutes ses erreurs, ses égarements et ses échecs. Peu être. Ou peut être pas.

Mais alors que le guerrier rongé par de noirs sentiments levait le fer, pour abattre son ennemi en même temps que le froid glacial lui rongeait le cuir, élément impitoyable du milieu, Alicia ne pu que prier pour l'albinos, dont l'esprit empli de brumes et de visions dues aux drogues, le froid et la fatigue ne furent qu'assaillis davantage par le présage ténu de l'esprit errant.


"Ne lâches rien."


Bien sûr, le loup blanc était trop occupé à ferrailler pour prêter attention à la voie faible et mourante d'un spectre qui lui même n'avait pleinement conscience de ce qu'il voyait, toujours bercé dans le chaos et les hasards de quelques vents mystiques, qui lui donnaient plus l'impression d'un délire que de divers aspects du monde réel. Là une courtisane canonnée sur quelques plages inconnues, ici deux rousses s'épandant dans des mares de sang, ailleurs un paysan hurlant dans quelque langue inconnue à des monstres avant d'être consumé par les flammes d'un démon....

Puis aussi rapidement que les visions s'étaient manifestées, que les vents l'avaient promenée à travers le Vieux Monde, le spectre, esprit sans matière ni but, fut jeté à terre. Une violente douleur lui perçant les fesses, celles ci s'étant écrasées sur des cailloux dans le lieux où elle était apparue bien plus tôt. Où elle avait sautée dans les ténèbres.... Ce lieu, cette plaine grise, nue, où rien ni même le vent ne venait soulever la poussière du sol. Elle était là, à observer un ciel couleur poussière, mais percé en un point d'un cercle mauve. Cercle toujours aussi attractif et pourtant dont elle se méfiait quelque part en son être.

N'ayant rien de mieux à faire, l'esprit défunt d'Alicia de Meissen prit la décision de marcher dans quelque direction décidée au hasard, faisant fit du sol abimé qui lui heurtait la plante des pieds. Qu'était-ce qu'un peu de douleur, quand vous étiez mort. Car c'était bien ce qu'elle croyait être sa condition. La mort. Condamnée à errer sur cette plaine jusqu'à ce que le rêveur ne vienne s'emparer d'elle. Et ainsi marcha-t-elle encore et encore, à mesure que ses pieds saignaient. Que son corps fatiguait. Que des cailloux s'incrustaient sous sa plante.
Elle marchait, alors que le ciel, percé du même cercle, ne cessait de s'assombrir, et ce même cercle de s'agrandir, pour qu'en émerge, petit à petit, au fil des minutes, des heures voir des jours, le temps ici bas ne s'écoulant guère de la même manière que dans le monde des mortels.
Un bras, écaillé, mauve, pointait du doigt vers Alicia, qui marchait toujours et encore, vers un sommet, qu'elle apercevait au loin
Et la fatigue qui, lorsque trop lourde, se dissipait.
Le sommet était devenu pluriel. Une chaîne de montagne, toujours aussi lointaines, lui faisait face, bordant la plaine. Un val gris. Un val dont les bords se mirent à ondoyer à mesure qu'elle s'approchait des monts. La roche prenait une nouvelle forme, comme agitée, modelée, par quelques éléments, quelques forces inconnues, assez puissantes pour jouer et modifier la roche aussi aisément qu'un artisan l'argile.
Des pans des montagnes s'écroulèrent à mesure qu'elle progressait, avalanches provoques par quelque force mystique, en l'absence de neige ou de pluies. Les collines et plateaux de ces montagnes s'agitèrent. De distordirent. Et tandis qu'un immense linteau de roche se matérialisa petit à petit au dessus du val, sans parvenir pour autant à couper ou bloquer ce bras mauve, qui ne cessait de descendre du ciel en sa direction, un portail d'une dimension inégalée à sa connaissance, apparu dans le flanc d'une de ces montagnes remodelées. Un portail qui lui aussi, remodelé par la force inconnue qui agitait l'endroit, se mis à grandir pour atteindre ce qui semblait être le toit du monde. Si large et si haut qu'il pouvait sans doute enjamber la totalité des terres environnantes et par delà où pouvait porter son regard.
Et alors qu'elle s'interrogeait sur la force nécessaire pour pousser les battants de ce lieux, si la foy seule pouvait parvenir à écarter ne serait-ce qu'un peu ceux ci, une réponse lui fut fournie en l'incarnation d'une silhouette de ténèbres. Celle ci, constituée de poussières s'assemblant par la force de quelque vent inconnu, dans ce lieu où pourtant les éléments n'existaient guère, lui fit signe d'un bras, au loin, tandis que cette main dans le ciel ne cessait de s'approcher d'elle, d'accélérer, à mesure qu'elle progressait en direction du portail où, entre les colonnes où se trouvaient ses battants, une noirceur absolue que rien ne pouvait percer; dont l'étreinte se déclarait éternelle et absolue.

Redoublant d'effort pour marcher en direction de cette silhouette dont elle pressentait que cette dernière obtenait toutes les réponses à ses questions, presque courant, même, Alicia fut soudainement, à quelques pas de la silhouette qui lui faisait face, stoppée dans son élan.


"Assez. Je ne te laisserai pas gâcher ce moment de gloire. Nous méritons mieux que ça."

"Que... Je ne te laisserai souiller mon âme plus longtemps ! Sigmar a ordonné la fin de notre service. Nul ne contreviendra à sa volonté !"

"Sigmar ci Sigmar ça... Crève espèce de couillonne ! La gloire nous attend ! Le néant ne sera pas notre fin !"

Que.... Je....

Etouffant à moité, à genoux, la sœur Alicia de Meissen fut prise d'une lutte intestine où deux volonté s'écharpèrent, tandis que le membre violet et mauve qui perçait les cieux se dépêchait d'atteindre la minuscule silhouette de sa cible, d'ouvrir sa paume, et de la refermer sur celle ci...
D'un instant à l'autre, Alicia serait privée du sommeil offert par le veilleur. D'un instant à l'autre, elle échouerait sur toute la ligne. A nouveau. Cette perspective insurmontable, ce désespoir aigu, fut assez puissant pour lui donner la force d'un dernier coup d'éclat contre cette engeance parasitaire qui lui gangrenait l'existence depuis plusieurs mois, plusieurs années. Elle n'était pas elle. Ou si c'était le cas, juste l'aspect le plus noir, le plus ténébreux et le plus malsain de sa propre personne, cette part noire comme il en existe une au sein de chaque être.
Et à celle ci, elle disait merde.

Image
Parvenant à trouver un reliquat de volonté suffisamment puissant pour faire pencher la balance, l'esprit, l'âme d'Alicia, parvint à expurger cette autre part d'elle même. Cette part de ténèbres, qui devait être purgée, au risque de la voir fructifier et détruire à jamais son âme éternelle, vendue aux puissances de la ruine, apportant la souffrance à tout ceux et ce qui lui était cher.
Dans un cris de douleur et d'horreur, faisant passer ceux d'un cœur de banshee pour une douce mélodie, Alicia parvint à se détacher de cette part d'elle même. De l'empoigner, et la projeter au loin, pour être saisie par ce bras malsain et vil qui perçait le ciel et, aussitôt qu'il posa sa poigne sur cette essence, reparti en direction du cercle d'où il provenait.

Se relevant avec peine, l'esprit défunt, purgé de cette part, entama un pas maladroit vers la silhouette. Manquant de trébucher, il parvint à se rétablir en en entamant un autre, pour corriger le déséquilibre. Puis un autre. Un pas après l'autre, sans trop réaliser ce qu'elle faisait, Alicia dépassa cette silhouette pour s'enfoncer dans la brume de ténèbres, abime insondable, qui s'étendait par-delà les colonnes, alors que dans son dos, la silhouette sombre encapuchonnée faisait se refermer le portail.

Une part du cycle se terminait. Et une autre commençait.
Alicia, voie du répurgateur

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