Partir à l'aventure : c'est un rêve qui hante bien de jeunes gens de par le vaste monde. Que ce soit par curiosité, avidité, soif de connaissance ou encore pour la gloire comme c'était le cas de Tîrael, autant de raisons différentes de voyager sur les routes. Mais si on ne contait que les événements marquants de ces voyages, de la découverte d'un trésor au duel avec les pires créatures du monde connu, leur véritable point commun était la monotonie du chemin parcouru entre le moment du départ et la rencontre de son destin. Cela faisait maintenant plusieurs jours que le noble caledorien avait quitté sa puissante forteresse et qu'il cheminait des routes désertes à l'exception de quelques petites communautés éparses. Il se réveillait, chevauchait, mangeait avant de se reposer et de recommencer le lendemain. Cependant, sa volonté était toujours aussi forte et pas une seule fois il ne regarda en arrière le chemin du retour.
Ce jour pourtant, son fidèle coursier le mena vers les premiers semblant de civilisation elfique. Tîrael décida de s'y rendre pour faire une première halte dans sa journée et pourquoi pas prendre des renseignements utiles sur la route à suivre. Jusqu'ici, il avait voyagé vers l'est en direction de la capitale car cela lui semblait la meilleure option. La ville de Lothern était florissante et un carrefour stratégique où il s'imaginait pouvoir trouver sans trop de peine une activité digne d'intérêt. Mais avant cela il avait cette première étape à faire au sein de cette paisible communauté. Tîrael n'était pas pressé de rentrer directement au sein du village pour y rencontrer du monde alors qu'il s'était laissé aller à apprécier sa relative solitude durant ces quelques jours.
C'est pourquoi il s'arrêta aux abords du village afin d'observer un peu l'activité et se dégourdir les jambes. Il mena sa monture en la guidant par les rênes jusqu'au bord du fleuve pour qu'elle puisse se désaltérer. Et lui aussi par la même occasion. Il s'agenouilla au bord du ruisseau puis plongea ses mains dans l'eau claire et fraîche afin de s'en asperger le visage et en avaler quelques gorgées. Profitant d'un moment de calme, Tîrael fouilla dans l'un des sacs qui était fixé à la selle de son coursier pour en retirer une brosse puis s'activa à dépoussiérer la robe grise d'Arodhel qui semblait apprécier et qui laissait faire son cavalier en broutant l'herbe fraîche et humide qui bordait le cours d'eau. Comme il le faisait régulièrement dans la journée, le jeune noble leva les yeux vers le ciel pour constater que le soleil entamait à peine sa descente. Il y avait encore plusieurs heures avant de La revoir ce soir, et Tîrael devait mettre ce temps à profit pour décider de la direction à suivre.
Il pénétra enfin à l'intérieur du petit village en marchant aux côtés d'Arodhel qui adoptait naturellement le port droit et altier de son compagnon de route. Arrivé à ce qui ressemblait à une sorte de petite place de village, il fut interpellé par la présence d'un barde qui chantait devant quelques spectateurs attentifs. Tîrael s'arrêta pour écouter et bien vite, comme il était courant avec lui, il se laissa aller à ses rêveries, bercé par la douce voix de l'artiste. Il se voyait, fendant les mers à la poupe de son vaisseau, acclamé par ces valeureux marins qui suivaient leur Capitaine à la reconquête des anciennes colonies perdues. Le feu qui brûlait dans ses veines se raviva soudain et un désir ardent de se rendre à la capitale pour appareiller vers les anciens domaines s'empara de lui. Mais une petite voix qu'il était le seul à enttendre le mit en garde : «
dégarnir les forces vives d'Ulthuan pour se battre au loin, alors que les dangers guettent notre Patrie, est une folie qui a déjà été tentée. J'ai mieux écouté les cours de Mère que toi. » Lentement, la main droite de Tîrael se glissa sous son armure de cuir pour venir trouver une poche cousue à sa chemise. Là, invisible aux yeux de tous, se trouvait une petite forme qui rappelait celle d'un coursier elfique au galop.
«
Tu as raison pour cette fois, chuchota-t-il sans faire attention.
Notre quête n'a même pas encore commencée et il y a déjà tant à accomplir...
-
Une chose après l'autre, répondit une voix inaudible.
Ce barde pourra peut être nous indiquer le premier pas à faire. »
Voyant que le conteur en question était en train de se relever, le jeune prince s'avança alors à sa rencontre toujours accompagné de son compagnon à quatre pattes.
«
Quelles sont les nouvelles récentes du Royaume ? Dit-il pour interpeller le barde.
Mon nom est Tîrael, fils de Valarian, Prince-Dragon de la maison Ardannuith, et je suis en Quête. Vous pourriez avoir bientôt quelques vers en plus à chanter si vos informations se montrent utiles.
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Des vers de plus à chanter ? Prends garde qu'ils ne soient pas sur l'air d'une comptine d'enfant pour prévenir des dangers de la témérité, répondit-il accompagné d'un petit rire amical que ne lui rendit nullement Tîrael.
Mon nom est Quendil l'Errant, je collecte et récite des poèmes de toute l'île. Mais quant à la nouveauté, elle suit toujours sa sœur Exemplarité. Alors que souhaites-tu entendre ? Les récits des luttes face aux barbares de l'Est qui sans répit ni remord assaillent les côtes embrumées ? La triste complainte de ceux qui luttent parmi les ombres contre les serviteurs abandonnés du Roi-Sorcier ou bien un air plus enjoué, elfe de Caledor ? Depuis l'avènement du Voyageur et de ses récits, nombre sont ceux qui parcourent à nouveau le monde en quête de gloire et de vestiges du passé, même s'ils trouvent plus souvent le carmin que l'or.
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N'aie pas d'inquiétude sur ce point, l'or n'est pas l'objet de ma quête mais je te souhaite qu'il t'en retombe si tu guides bien les premiers pas de mon destin. Parles moi de ces peuples de l'Est qui osent fouler nos terres.
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Les rois-marins de l'Est alors. On chante souvent la férocité de leur folle alliance avec les seigneurs d'un autre monde mais ce n'est que trop les résumer : de grands navigateurs, bravant les vents et les marées, chevauchant la tempête comme si elle n'était qu'une simple bise, parcourant les océans en quête de richesse et de gloire, ils le sont certainement. Et si par les temps passés ils échangeaient aux humains peaux et ivoire, ambre et huile des léviathans marins, ils ne nous portent que l'acier depuis que certains réussirent à passer les brumes ensorcelées de Cothique et d'Yvresse. Leurs yeux, posés sur la gloire passée de notre peuple, ne brillent plus que de convoitise et c'est par expéditions entières qu'ils se jettent sur Ulthuan, vouivres espérant sans doute déchiqueter la carcasse du dragon affaibli. C'est bien souvent là que cesse leur folie, quand les mâchoires de nos flottes se referment et brisent l'échine de ces enfants trop arrogants. Bien de jeunes elfes ont combattu sur ces planchers battus par l'eau saline, penses-tu prétendre les rejoindre ?
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Je ne serai pas de ceux qui se terrent dans leur forteresse quand survient le danger. C'est donc auprès de ces jeunes elfes courageux que me porteront mes pas et je ne serais pas le moins brave d'entre eux.
Sans s'en rendre compte, sa main droite serrait fermement le pommeau de son épée depuis l'évocation de ces hommes qui osaient porter le malheur sur les côtes elfiques. Ce barde venait de jeter une nouvelle braise dans son brasier intérieur et une colère sourde battait maintenant dans sa poitrine. Il irait donc voir les lointains rivages de Cothique.
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Les actions décidées pour Tîrael :
- voir si parmi les marchands certains vont justement en Cothique, ou sinon en Lothern. Tîrael leur propose sa protection le temps du trajet commun s'ils acceptent pour faire la route en groupe.
- s'il est seul il continue vers l'est pour faire une première étape à Lothern pour y trouver soit une troupe qui se dirige vers Cothique, soit un navire ou une flotte qui va y accoster.