Surnommée « l’œil de la Forêt », construite en hommage à Taal, Talabheim est située au sein d'un gigantesque cratère engendré par une catastrophe antique dont nul n’a gardé la mémoire. Cette muraille naturelle, l'anneau du « Taalbastion », en fait une des places les plus fortifiées de tout le vieux monde.
Cette cité-état indépendante est actuellement dirigée par la Duchesse Elise Krieklitz-Untermensh, électrice Impériale. Très attachée à la tradition, Talabheim a une réputation de cité respectueuse du droit : il existe des lois régissant tous les aspects de la vie et du comportement. Sa situation sur le fleuve Talabec, située en amont des grandes cités de Nuln et Altdorf en font le centre de l’activité commerciale de l’Empire.
J'espère que l'attente en valait la peine. J'ai essayé d'introduire un peu d'humour glauque dans le texte.
A son retour de repas, Melkair put remarquer que les rues de la Cité de la Forêt étaient toujours aussi peu pleines de monde. Un climat d'attente et de peur diffuse qui lui faisait ne pouvoir s'empêcher de réfléchir à tout va sur les causes potentielles et faire monter sa paranoïa. Le trajet se passa néanmoins sans histoires pour lui, même si un cri déchirant à un moment le fit s'arrêter. Il ne s'agissait en fait que d'un chat qu'un jeune garnement avait attrapé et à qui il essayait de mettre huit cordes à l'arrière-train. Lorsque le père du garçon vint voir ce qu'il se passait et qu'il commença à le battre, celui-ci geint qu'il voulait en faire un chat à neuf queues pour se venger des méchants. Ceci ne fit que redoubler la colère du père et lorsque le vampire s'éloigna, le sang coulait dans la rigole du caniveau.
A un autre moment, le noble dut s'arrêter brusquement pour laisser passer une colonne de soldats avec des lances qui courraient en direction du Suif, où une légère fumée planait. D'après les cris du sergent, un certain nombre de personnes avaient fait … Et c'était tout, le reste étant emporté par le vent loin de Melkair.
Enfin, celui-ci fut de retour à son auberge. Milosh l'y attendait en se curant les doigts avec un stylet, qu'il rangea prestement pour s'incliner lorsqu'il vit son maître rentrer. Tandis qu'il aidait le vampire à s'habiller, puis lorsqu'il s'habilla lui-même, il lui fit le compte-rendu de son après midi de travail.
« Je me suis renseigné plus amplement sur les Guindel, mon Seigneur. Peu de personnes souhaitent en parler et je n'avais pas cette fois-ci le renfort de Franck pour m'occuper des indélicats, mais j'ai quand même réussit à savoir deux trois trucs. Premièrement, il y a bien un capitaine répurgateur dans la clientèle de ces personnes. Il s'agit du plus haut gradé à Talabheim pour les Sigmarites. Ce qui nous amène à la deuxième information : il n'y a pas que les Sigmarites qui ont à l'œil le couple, les gens de Taal et Ulric aussi. Ils ne sont pas aussi riches que ceux de Sigmar, mais ils ont plus d'influence dans la Cité. Pas assez dans l'Empire pour accuser un capitaine répurgateur, mais assez pour lui mettre des bâtons dans les roues, et s'occuper de certains de ses protégés. Certes, parmi la clientèle des Guindel on trouve quelques Taaliens et un ou deux Ulricans, mais des gens de bas niveaux, et de faible pouvoir. Je n'ai pas pu savoir ce qu'il faudrait pour faire tomber ces personnes, mais j'ai une troisième information, inquiétante celle-ci : plusieurs de mes anciens collèges du monde … souterrain dirons nous, m'ont dit de faire attention à moi, des rumeurs disent qu'un prédateur nocturne rôde dans la Cité. Et plus inquiétant encore, je crois que les Guindel savent que vous vous intéressez à eux. Comment ils l'ont su, je n'en sais rien par contre. »
Il était désormais temps d'aller au rendez-vous nocturne de Melkair, mais l'esprit de celui-ci n'était pas vraiment en repos. Il cogita tout le trajet qui le mènerait chez le Sieur Heinrich Von Lunz. Une fois arrivé à destination, il allait s'apprêter à entrer dans la demeure lorsqu'il remarqua un invité qu'il n'avait pas prévu : quelqu'un venait d'entrer par le portail juste devant lui, quelqu'un qui même s'il était venu seul était dangereux. Un capitaine répurgateur !
Toujours aussi peu de monde. Toujours le même silence étouffé qui témoignait de l’absence de vie dans les ruelles de la ville. Et l’inquiétude du vampire qui ne cessait d'aller en augmentant face à cet étrange phénomène. Il n'était quand même pas si tard que cela, pourquoi donc la populace désertait-elle ainsi son lieu de vie? L'idée que l'annonce d'un quelconque danger ou état d'alerte ne lui était pas parvenu se faisait de plus en plus présent dans son esprit, que ladite annonce lui soit ou non directement liée. Fulminant de en pas savoir ce qui se passait, cette sensation de en rien maitriser de son environnement l’inquiétant et excédante à part égale, la fugitive scène à laquelle il assista dans le coin d'une ruelle lui permit durant un cours instant de chasser ses idées noires pour s'amuser une fois encore de la bêtise humaine. Mais plus celle de l'adulte qu'il avait aperçu que de celle de l'enfant en train d'être châtié. En effet, pourquoi reprocher à un être de faire souffrir d'autres personnes, qui plus est en se servant pour cela d'un tiers innocent? Ce gamin avait tout compris à la vie, son paternel aurait dû être fier de lui plutôt que de le punir. S'il n'était pas pressé, Melkair aurait même été tenté d'aller voir d'un peu plus prés l’échange voir même d'intervenir. Mais en dehors de la tache de première importance qui l'attendait ce soir, le vampire se dit en souriant à la vue du sang coulant dans la rigole qu'en fait l’épreuve ne ferait qu'inculquer une notion fondamentale de plus à ce gamin, à savoir que le monde était pas essence injuste, surtout quand on y impliquait d'autres personnes. Et puis cela l'endurcirait aussi, on ressortait grandi de ce genre de choses si on parvenait à les surmonter par la suite. C'est donc sans le moindre scrupule que le noble personnage laissa l'enfant à son dur moment, conservant néanmoins dans sa tête l'idée de revenir une autre fois par ici, sous un rôle bien différent...
En attendant, cet interlude lui avait fait de bien mais n'avait pas pour autant chassé la source de son souci. Mais que pouvaient donc bien craindre les gens à un tel moment? On était un jour saint de recueillement ou quoi? Un début de possible réponse lui vint alors en aide alors qu'il progressait dans les quartiers alentours. Il croisa en effet la route d'une colonne de soldats en armes ayant visiblement des affaires à tirer au clair armes à la main dans le Suif, vers lesquels ils se dirigeaient. Vu la précipitation de tout ce monde, on sortait visiblement du cadre des habituelles échauffourées et rapines du coin pour faire face à quelque chose de plus intense. Là aussi, le deux-fois-né se nota intérieurement de penser à se renseigner à ce propos. Qui sait, il y aurait peut être un quelconque avantage à en tirer, que ce soit sur la sécurité renforcée ou affaiblie du quartier jusqu’à un potentiel fort ressentiment à exploiter auprès de la population locale. Décidément, combien d'idées de choses à faire il aurait quand il se baladerait dans des rues occupées, si déjà dans une telle désolation il parvenait à avoir autant de possibilités en tête? Il devait peut être trop réfléchir en fait, mais bon, une tête qui ne réfléchi pas perd son temps, alors autant l'utiliser à des fins utiles. Il avait beau avoir l’éternité devant lui, plus il trouvait de pistes pour construire sa suprématie et plus il pourrait jouir de son sucés une fois le moment venu.
A son retour, le fidele" Milosh se trouvait déjà sur place, ce qui plaisait déjà à son maître et confirmait le sérieux du garçon. Un bon point pour lui, suivi de bien d'autres quand il écouta ce que le strigani avait à lui rapporter. Ainsi le répurgateur profitant du commerce des Guindel était pour le moment inatteignable à la vue de son actuelle position. Mais après tout, une position, cela s'escamotait aisément, il en était une preuve vivante. Le tout serait d'agir petit à petit en usant des ennemis de cet homme afin d'accumuler contre lui tellement d’éléments qu'il ne pourrait plus se protéger derrière son statut. Pourquoi le vampire cherchait-il ainsi avec autant d'efforts à trouver un moyen de nuire à cet homme-là me diriez-vous? Déjà parce qu'étant ce qu'il était, s'il passait un minimum de temps à son travail, il pourrait un jour ou un autre être en situation de causer des ennuis à Melkair, autant donc qu'a ce moment là le noble ait assez d’éléments pour faire pression sur lui et faire taire sa menace. Deuxièmement, un homme d'une telle position pourrait bien être utile afin de gravir les premiers échelons de la notoriété au moyen de ses contacts et pouvoirs, connaitre ses faiblesses pour s'attirer son soutient pourrait donc toujours être appréciable. Ou dans le même genre, être reconnu publiquement comme le sauveur qui avait débarrassée la ville d'un homme corrompu si inimaginable pourrait à un moment ou un autre faire croitre exponentiellement la côte du jeune homme. Il verrait donc bien ce qui se présenterait par la suite afin de voir quel moyen serait le plus profitable et aisé à mettre en œuvre.
Pour ce qui était le fait d'être repéré par ceux sur qui il s'était renseigné, la chose était à la fois bonne et mauvaise. Que l'on sache ce qu'il faisait laissait du coup une marge d'anonymat plus réduite par la suite du fait de l’absence d'anonymat. Mais en même temps, cela pourrait pousser les Guindel à se rapprocher et le contacter de leur propre chef, ne laissant plus le mouvement se faire dans un seul sens. Hors tout rapprochement était mieux qu'aucun contact, même si lesdits contacts pouvaient dans un premier temps être méfiants. Il ne tenait ensuite qu'à lui de rassurer ses cibles sous le couvert de calamité, il pourrait ainsi s'approcher d'autant plus prés de ces gens et de leurs secrets, qui étaient souvent synonymes de grand intérêt.
En attendant que cela survienne, il avait une réception à laquelle il se devait d’assister. Amenant ainsi avec lui un Milosh aussi bien attifé que possible pour le serviteur d'un noble aventureux, il se rendit ainsi dans la direction de la propriété Von Lunz d'un pas en apparence tranquille, alors que on esprit restait constamment occupé de milles et une idées. Il ne resta d'ailleurs pas silencieux sur le chemin, demandant d'un ton détaché à son fidèle serviteur ce qu'il en était de ce fameux prédateur nocturne, ce qu'il semblait être, ses actes et les origines de ces rumeurs. Il le faisait sur le ton de celui qui semblait se préoccuper du fait qu'il puisse un jour ou l'autre gêner leurs affaire. Mais en fait, Melkair se souciait surtout de savoir si cette rumeur parlait tout simplement de sa personne. Il ne voyait pas comment la rue pourrait avoir connaissance de telles choses mais cette annonce était si proche de ses premières chasses qu'il ne pouvait s’empêcher de croire au danger d'une telle rumeur. D'autant plus que...non, une simple rumeur ne pouvait pousser tous les gens d'une ville à se cloitrer chez eux, n'est-ce pas? Enfin, autant profiter de ce que savait son homme encore lié aux bas-fonds pour savoir ce qu'il en était, cette nouvelle l’imprégnant davantage encore d'une sourde inquietude.
Mais quelle que soit la réponse, cela ne changerait rien dans l’immédiat pour le noble mort-vivant, qui devait de toute façon se rendre à cette soirée. C'est ainsi qu'il finit devant la résidence de celui à l'initiative des événements de la nuit à venir et qui avait eut la bonne idée de l'y convier. Y rencontrer là-bas une bonne part de la noblesse de Talabheim devrait lui permettre de commencer à nouer d'utiles contacts, en plus d'accroitre la portée de son image. Il allait être temps de mettre en pratique ce qu'il avait appris de ses lectures, en plus d’appliquer ses propres idées à propos de la race humaine. Il avait déjà hâte d'y être...
....ou peut être pas quand il aperçut une personne absolument non-prevue par ses soins à l'ordre des réjouissances. A savoir la présence ni plus ni moins que d'un capitaine répurgateur! Sur le coup, Melkair se figea, consterné par l'arrivée d'une telle personne au beau milieu de sa soirée prévue aisée et tranquille à aborder. Que pouvait-donc bien faire ici une telle personne, et pourquoi là où lui-même se rendait? Avait-on déjà remonté la piste du prédateur nocturne jusqu’à lui, le capitaine se rendant désormais là où il le savait invité pour l’arrêter? Durant un instant, la paranoïa du vampire lui fit imaginer milles et un complots menant à la présence de ce capitaine ici, un fait qu'il ne pouvait accepter au départ comme simple fait du hasard. Puis peu à peu l'immortel reprit ses esprits, se forçant à raisonner logiquement malgré son instinct qui lui criait de s'en aller sans plus tarder avant de voir sa couverture sauter. Aprés tout, cet homme venait d'entrer dans la maison seul, sans hommes d'armes pour l'accompagner et procéder à une éventuelle arrestation. Il ne venait donc pas pour s'en prendre à quiconque, à moins d'être suffisamment imbu de sa personne pour penser pouvoir maitriser à lui-seul n'importe quel accusé. De deux, il s'était déjà fait la réflexion qu'il n'y avait aucun moyen de remonter jusqu’à lui pour l'instant à travers ses seuls repas, il ne devait donc pas s'imaginer n'importe quoi. Il n’empêche que la simple présence de ce répurgateur sur place suffisait à lui filer quelques sueurs froides, tant ces gens là pouvaient être plus attentifs et soucieux des détails d'autrui que n'importe quel autre personne. Avec ce fameux sergent sylvanien, cela commençait à faire un peu trop de personne pouvant se douter de quelque chose sur son identité à son goût. Pourtant, sa couverture était soigneusement préparée, il ne devrait pas s'en faire autant, ils n'avaient aucunes preuves contre lui. Et puis il n'allait pas fuir devant de simples humains, pas lui, un être qui leur était infiniment supérieur.
C'est donc empli d'appréhension et de défi mêlés que le vampire pénétra à son tour sur les lieux de la soirée, déterminé à faire face à tous ces impondérables et d'y triompher par sa seule supériorité. Il n'était pas dit que ce serait ce soir qu'il aurait peur d'aussi négligeables personnes....même si elles emplissaient désormais les moindres recoins de sa réflexion...
Lorsque Melkair pénétra à son tour dans le bâtiment, suivit par Milosh, un portier en uniforme rouge et blanc avec des liserés d'or lui demanda respectueusement son invitation. Comme le vampire la lui donnait, il la lu, s'inclina devant lui et prit son manteau pour le donner à pendre. Ensuite, l'homme le conduisit à travers un petit hall d'entrée jusqu'à la salle de réception. En sens inverse venait deux de ses semblables, habillés de même. Le hall était pavé de marbre gris, avec des colonnes gravées pour ressembler à des chênes. En regardant la voute, on avait l'impression de se trouver sous des frondaisons. Il en serait de même pour toutes les salles de la villa. Une double porte de bouleau s'ouvrit sous l'ordre du portier, et les trois s'avancèrent dans la grande salle.
Au centre de celle-ci siégeait une grande table, toute en longueur, nappée de blanc. Des assiettes de porcelaine délicate étaient encadrées de couverts d'argent. Les serviettes, pliées en forme de rose, étaient d'un rouge sombre, presque sanguin. Les verres et les pichets de vin étaient de cristal étincelant.
Le portier s'éclaircit la voix et annonça :
« Le sieur Eldrad Luthernof, noble aventurier. »
A ces mots, la quasi totalité des têtes de la salle se retournèrent pour dévisager avec curiosité le nouveau venu. Une dizaine de personnes faisaient face au vampire. L'une d'elle se détacha de la masse pour s'avancer vers lui les bras grand ouvert. Si le ton de la lettre et l'aspect de l'habitation avait fait imaginer à Melkair que son hôte serait un de ces nobles fin et pâles qui hantaient les cours, il devait déchanter. Heinrich von Lunz était en effet une force de la nature. Il faisait une demi tête de moins que le vampire, mais compensait cela par la largeur de ses épaules et la profondeur de son torse. Le tissu rouge de son pourpoint se tendait sur des pectoraux imposants à chaque respiration. Les manches à crevées blanches et dorées cachaient mal les bras épais comme des cuisses de l'homme. Ses chausses, blanches à liserés d'or, moulaient ses jambes puissantes. Les chaussures grises délicates qui le chaussaient paraissaient presque déplacé. Une tignasse et une barbe brunes soigneusement peignées encadraient un visage dur et large, mais sans graisse. Les yeux noirs rieurs du noble contrastaient avec son allure générale. Son teint halé montrait qu'il passait plus de temps au grand air qu'à comploter dans des arrières salles.
« Très cher ami ! Je vous remercie du fond du cœur d'avoir accepté cette invitation. Soyez le bienvenu dans mon humble demeure. »
Il étreignit Melkair comme si c'était un ami de longue date et fort aimé. Ses yeux survolèrent Milosh sans le voir, apparemment, mais un petit coup de tête fit avancer un serviteur richement vêtu, sans doute l'intendant des lieux. Il prit Milosh à partit, discuta rapidement avec lui, et le mena vers la cuisine, sans aucun doute rejoindre les serviteurs des autres invités, pour recevoir les instructions nécessaires. Von Lunz prit le bras de Melkair sous le sien et l'emmena faire le tour des personnes présentes.
« Venez cher Eldrad que je vous présente. J'ai l'honneur d'accueillir parmi mes illustres invités le Père Magnus, de l'Église de Taal. »
Un petit homme fin, portant une robe de laine grise s'inclina devant Melkair.
« Voici Erik von Hasmark, ambassadeur du Nordland à Taalabheim ».
L'homme au pourpoint bleu à crevées jaunes qui discutait avec le prêtre fit un petit salut au vampire. Les cicatrices sur son visage montraient que c'était plus un soldat qu'un homme de cour. Peu étonnant en des temps pareils. Les deux nobles avancèrent encore de quelques pas.
« Le capitaine répurgateur Kristof et le maître forgeron Thorvald, chef de la communauté naine de la ville, me font aussi l'honneur de leurs présence. »
Le capitaine répurgateur aperçu peu avant inclina sa tête sèchement tandis que le nain se contentait de dévisager le vampire. Le premier avait pour l'occasion délaisser son uniforme au profit d'une tenue de soirée noire et argent, richement décorée. Le second étincelait d'or par ses multiples bracelets, bagues et autres pendentifs. Une pipe magnifiquement travaillée fumait doucement dans main gauche, la droite étant passé dans une ceinture à la large boucle représentant un dragon entrelacé.
Continuant leur chemin, ils arrivèrent à un groupe de trois personnes sirotant du vin. La première portait un pourpoint tiléen et s'exprimait avec un accent chantant. La richesse s'étalait sur sa personne, même si elle faisait un peu toc après celle, brute, du nain. La deuxième était un chevalier bretonnien, ou alors les standards de mode avaient changé. Il portait fièrement un tabard azur avec un hippocampe d'argent dessus. La troisième personne était sans doute le fameux capitaine sylvanien, car il portait les couleurs de la contrée : le noir et le rouge l'habillait, avec des haut de chausse couleur os.
« Je vous présente Emilio Benuti, Trésorier Payeur de la compagnie mercenaire des Chiens de Myrmidia, le chevalier François d'Anguille, envoyé par le Seigneur Charles, un vieux compagnons de guerre, ainsi que la coqueluche de la soirée, le capitaine Hektor, de Sylvanie. »
« Ex capitaine, monseigneur. »
Le corrigea d'une voix de basse le capitaine. Les trois hommes s'inclinèrent devant Melkair, avec grâce pour le Tiléen, avec un rigorisme militaire pour les deux autres.
« Bon, je vous laisse, je dois aller m'assurer que tout est bien prêt pour le repas. »
Tu as assez de temps avant le repas pour faire la conversation avec l'un des groupes.
Le franchissement du hall d'entrée fut une simple formalité. Son invitation fut rapidement validée comme elle se devait, lui ouvrant l’accès à la résidence privée aussi simplement que cela. Les bons faussaires devaient faire fortune chez ces humains apparemment si un simple bout de papier suffisait à se voir accéder à la propriété de tout un chacun. Ce qui pour le coup l'arrangeait bien il devait avouer, il n'allait donc pas réprouver plus que cela de tels faits. Il se laissa même tranquillement faire, quand il fut délesté de son manteau et emmené vers la pièce principale par exemple, sachant qu'il n'aurait pour le moment rien à craindre des employés de cette maison. Il n'était pas en Sylvanie après tout, ou même une invitation pouvait cacher une tentative d'assassinat. Ici, seul lui pourrait se mettre en danger, il avait donc juste à veiller attentivement à son propre comportement. Cela ne devrait pas être trop dur. C'est du moins ce qu'il pensait avant d'en apprendre plus sur la composition des présents invités...
Mais en attendant, il fut mené à travers le bâtiment en direction de la réception. Il eut ainsi tout le loisir d'observer la décoration alentour, dans un genre fort différent de ce dont il était coutumier. Ce qui n'était pas pour autant plus mal, désormais il devait s'habituer à ce genre de décoration typiquement humaine, loin des sombres palais qu'il avait côtoyé de son vivant. Ce style végétal devait tout naturellement pulluler dans une coté forestière comme celle de Talabheim, aussi prit-il bien soin d'en noter le style architectural afin de s'en souvenir par la suite et pouvoir le comparer à d'autres bâtiments. Intéressante conception architecturale en tout cas, comme quoi les humains aussi pouvaient faire de bonnes choses quand ils s'y mettaient. La grande salle l'impressionnât moins en comparaison, un luxe plus commun qui lui était égal, si ce n'est pour le rassurer sur le standing de cette soirée. Il devrait en toute logique y trouver du beau monde, ce qui serait tout bénéfique pour ses plans à venir.
D'ailleurs, en parlant du monde, il attira magnifiquement leur attention par le biais de l'annonce réalisée par le portier. Conscient que tous les regards se porteraient naturellement sur lui, il prit alors une allure nonchalante tout en affichant un amical sourire de circonstance, ses yeux légèrement plissés portant un regard voilé et mystérieux sur les alentours, partie intégrale du personne que s'était forgé Melkair. Dégager un mélange subtil de mystère et d'agréable, paraitre plaisant et de confiance à la fois, l'ordinaire et l'exotique mêlés, de façon à pouvoir au mieux se distinguer parmi la foule des autres nobles et en même temps se rapprocher le plus possible des grands de cette ville. Et cet endroit ferait un bon début. Ainsi tachât-il de faire bonne figure lorsque il se retrouva face à face avec son hôte soudainement venu à sa rencontre. Son sourire s'élargit ainsi de plus belle sans rien montrer d'une éventuelle surprise ou déplaisir, le vampire tachant de faire bonne figure quoi qu'il se passe, et ce même si un grossier humain semblait vouloir le prendre vulgairement dans ses bras. Serrant intérieurement les dents, retenant la crispation de ses traits, il tacha d’accueillir du mieux qu'il put l'intense accolade, passant à son tour ses bras autour de la silhouette trapue d'Heinrich von Lunz pour lui tapoter amicalement l'épaule. Le dos il ne pouvait pas de toute façon, trop large. Il en vint d'ailleurs à se demander combien de temps les tissus du costume du noble, bien mis à mal par une tension excessive, allaient-il tenir? Cet homme devait avoir un problème de tailleur mais ne semblait pas s'en soucier, pas plus que des convenances apparemment. Cela faisait une étrange impression quand on le savait noble mais après tous, les humains dans leur ensemble n'étaient-ils pas tous étranges? AU final, un peu plus ou un peu moins, l'être de la nuit devrait s'y accommoder. Et puis c'était quelque part grâce à ce genre d'individu qu'il pouvait s'infiltrer dans la haute société, il n'allait donc pas s'en plaindre plus que cela.
Voilà pourquoi il ne prononça pas la moindre récrimination quand son hôte le prit par le bras et se mit à le balader au grès des groupes de convives déjà rassemblés. Tachant de faire contre mauvaise fortune bon cœur, malgré sa posture un peu embarrassant il tacha de conserver un air naturel, sourire décontracté sur ses lèvres, comme si tout cela était normal et lui était même familier. Après tout, en tant que noble aventurier, il se devait de s'être frotté à des coutumes bien plus insolites que celles là et y paraitre à l'aise. C'est donc ainsi qu'il entreprit de découvrir ses semblables invités à cette soirée.
Le premier groupe a lui être présenté était composé d'un prêtre de Taal et d'un ambassadeur du Nordland. Instinctivement, le vampire faillit s’écarter du clerc, les avertissements de son mentor de la non-vie à propos du religieux restant encore gravés dans son esprit. Mais il se contint au dernier instant et transforma son bref soubresaut en une légère révérence, comme s'il s'agissait de ce qu'il voulait naturellement faire depuis le départ. Il venait en effet de se souvenir de ses bonnes manières en même temps que l’expérience qu'il avait faite dans la journée. Les symboles divins ne pouvaient lui causer aucun dommage, il n'avait plus rien à craindre de cette homme de foi...enfin, pas plus que de la part de tout autre humain en somme. Et selon la place de ce prête dans la hiérarchie religieuse et son influence politique, il pourrait même s’avérer intéressant de s'en rapprocher. Au contraire de l’ambassadeur qui lui représentait peu d’intérêt de par son influence plus lointaine. il avait déjà suffisamment à faire avec Talabheim, pas la peine qu'il cherche à s’intéresser à d'autres régions....pour l'instant.
Les quittant sur un ultime salut, Melkair s’en alla donc côte à côte avec son hôte se présenter aux prochains convives. Qui se révélèrent être le capitaine répurgateur plus tôt croisé et un nain forgeron. Prenant soin de les saluer selon les convenances, et plus encore qu'il n'aurait du afin de bien souligner son coté humble, le noble savait dors et déjà le potentiel de ces deux personnes. Le capitaine était déjà entré dans sa ligne de mire avant même qu'il ne le rencontre. Obstacle à balayer pour assoir son prestige ou bien allié à se mettre dans la poche, tout dépendrait de la façon dont la suite des événements se déroulerait. Néanmoins, s'il avait le choix, le seigneur de la nuit avait une préférence pour la soumission, connaissant déjà de ses penchants et la place importante qu'il avait en ville. Le tout serait alors de mettre la main sur lesdits penchants. Quand à l'individu de race naine, sa richesse était évidente et pourrait fournir une manne non négligeable pour peu qu'il parvienne à mettre la main dessus. Service rendu, accords commerciaux ou autre, ce serait pour en tout cas cas une toute autre façon de procéder. Les nains avaient en effet une réputation on ne peut plus acquise qui rendait bien difficile l'idée de les tromper ou les menacer. Le moyen devrait là être plus détourné encore, et apparaitre à la créature de petite taille comme tout à fait honorable. Pour l'instant aucune idée en tête du mort vivant mais cela ne serait tarder, après tout il avait nuit et jours pour y songer.
Et finalement lui fut présenté les ultimes invités, à savoir le trésorier payeur de mercenaires, un chevalier bretonnien et ce fameux capitaine sylvanien. Rebelote en ce qui concernait la révérence, si ce n'est qu'il appliqua à la rendre plus courte, roide et sévère, à la façon militaire. Il fallait bien s'adapter à son public après tout. Le chevalier fut promptement expulsé de la mise en plan du vampire. Pire que le Nordlander, cet étranger n'aurait aucune influence sur la citée se trouvant simplement là par amitié. A la rigueur pourrait-il servir d'adversaire d'entrainement afin d'aider à perfectionner les capacités martiales du noble, mais même là Melkair avait une autre préférence qui pourrait s’avérer plus avantageuse. Le mercenaire avait droit à un peu plus d'estime dans le sens où il représentait une force engageable à souhait du moment qu'on la payait. Une fois ses finances trouvées, il se pourrait bien que le vampire ait à faire à eux un de ces jours. Tout dépendrait de leur largesse d'esprit et de compétences en fait, cela ne coutait donc rien de se renseigner au préalable. Quand au sylvanien évidement, il s'agissait de la personne la plus à surveiller de la soirée pour le même natif de cette contrée. Pour le coup, il représentait plus un potentiel danger qu'une aide, et c'était pour cette raison qu'il devait s'en rapprocher. Après tout, ne dit on pas de garder ses amis proches de soi mais encore plus ses ennemis, même ceux qui ignoraient l'être? Et puis pour l'instant, il n'y avait pas de grands risques à ce que sa nature vampirique soit révélée par accident, même à un œil averti, du moment qu'il faisait lui-même suffisamment attention. Ce qui ne l’empêcherait évidement pas d'être toujours sur ses gardes redoublées, mais lui permettait au moins de pouvoir rester en sa présence.
D'ailleurs, il décida de mettre cela à l’épreuve sans tarder. Von Lunz venait de brièvement les abandonner pour finaliser le repas à venir, laissant Melkair seul au milieu de ses "semblables". Autant donc qu'il se mêle à eux, et le plus évident pour l'instant était le dernier groupe qu'il avait rencontré, vu qu'il se trouvait le plus proche d'eux. Autant donc qu'il se mêle à eux, ce serait plus naturel que s'il allait chercher expressément l'attention de gens plus éloignés. Ne pas faire de vagues pour l'instant, se fondre dans la masse des invités, quitte à se distinguer plus tard, la chose n'en serait alors que mieux perçue. Se contentant donc de quelques pas dans la direction des militaires, s'immiscent discrètement dans le cercle avec suffisamment de recul pour ne pas paraitre trop intrusif et se retirer si on le lui demandait, marque de politesse pour ceux auxquels il allait s'adresser. Ayant prit soin auparavant de s'emparer d'un verre plein qui trainait par là et d'en vider une gorgée qui fit semblant de déguster, son tanin n'ayant aucun goût en comparaison de celui du sang, s'encrant ainsi plus en avant dans les rangs des buveurs, il leur adressa alors les quelques paroles suivantes d'un ton amical mais ferme, ses gestes d'une souplesse gracieuse mais dosée et cadencée, reflétant une certaine habitude martiale de même que l'épée sans fioritures qui pendait à son coté. Avoir l'air noble et guerrier à la fois, même ne serait-ce qu'un tant soit peu, voilà le but de l'immortel jusqu’à présent. Restait à voir ensuite à quel genre d'attitude il aurait à faire face...
Bien le bonsoir messieurs. Nous avons ce soir une agréable compagnie bien hétéroclite vous ne trouvez pas? *nouvelle gorgée de vin* Ah, et au fait, depuis quand êtes vous en ville pour votre part? Que pensez vous de cette intéressante citée?
Le Tiléen sourit à Melkair. Il avait le flair pour repérer des personnes avec du pouvoir. Qui plus est, étant donné que les Bretonniens méprisaient les mercenaires et que le capitaine sylvanien était un roturier, Melkair était la personne la plus susceptible d'avoir recours à ses services. Le miel dégoulinait de ses paroles.
« Oui, la compagnie est agréable, et elle n'est que rehaussée par votre présence. Taalabheim est une très charmante cité, où il est aisé de faire du profit. J'y suis arrivé il y a de cela quelques jours et notre hôte a eut l'extrême gentillesse de nous loger dans un de ses hôtels particuliers. »
Le chevalier bretonnien regarda d'un air dégoûté le trésorier payeur, avant de se tourner vers Melkair. Son ton était direct, mais son élocution agréable.
« Pour ma part, je séjourne auprès du sieur von Lunz depuis maintenant deux mois. Mais je vais bientôt repartir, des sombres rumeurs de guerre proviennent de chez mon Seigneur. »
Le capitaine sylvanien jaugea tout ce temps le vampire, le soupesant, analysant chacun de ses faits et geste. Son regard était noir et sa mine sombre, mais sans que le noble puisse dire si c'était son air habituel ou alors si c'était directement lié à sa présence.
« Je suis ici depuis peu. Mais vous même, êtes vous ici depuis longtemps ? Vous me rappelez quelqu'un. »
Bon, premier contact établi sans trop de mal, c'était déjà une bonne chose de faite. Chacun l'avait accueillit avec plus ou moins d'enthousiasme mais au moins tous avaient répondu à ses interrogations polies sans montrer de réaction particulièrement hostile à son encontre. Enfin, à l'exception notable du sylvanien qui a sa grande crainte se mit à le fixer avec intensité. Pourquoi lui? Qu'est ce qu'il avait fait, il n'avait rien révélé de sa nature en seulement quelques mots non? Et le fait qu'il aille vers ex en premier n'avait rien de suspect non plus à ce qu'il sache! Alors POURQUOI est-ce qu'il le fixait autant du regard?!! Non, vraiment cela avait le don de l'angoisser, surtout en sachant d'où provenait ce militaire! Heureusement qu'il était déjà mort sinon il aurait bien trop transpiré pour son confort. Ne lui dites pas que cet homme l'avait croisé lors de son vivant en Sylvanie tout de même? Non, ce n'est pas possible, il s'en serait souvenu tout de même n'est-ce pas? Il devait simplement lui faire un peu l'impression de son pays natal, la faute à un teint qui restait encore pâle malgré sa forme humain et des vêtements de sable et de gueule peut être...En tout cas cela n’allait pas, il allait falloir revoir cette attitude ou bien le vampire allait sérieusement se demander comment supprimer cet humain avant même le début du repas. Reprenant peu à peu son contrôle sur lui-même, Melkair tacha ainsi de faire bonne figure malgré les apparents soupçons d'un des interlocuteurs. Après tout il n'avait rien à se reprocher du point de vue de son identité d'emprunt, il n'y avait donc pas de raison pour qu'il fasse marche arrière.
Bien au contraire, l'être de la nuit décida d'aller de l'avant, de se confronter directement à la difficulté afin de la faire disparaitre au plus tôt, histoire de ne pas être ennuyé au cours du reste de la soirée qui ne faisait que débuter après tout. Dissiper tout doute, instaurer l'illusion même auprès de connaisseurs, c'était après tout la raison de sa venue en pareils lieux, exercer ses talents et renforcer l'illusion de sa personnalité. Ce en serait donc pas un simple capitaine de garde qui viendrait mettre en difficulté son œuvre, dut-il venir de la terre des vampires elle-même! Mais d'abords répondre dans l'ordre aux différents intervenants. Cela aurait été faire bien trop grand cas de ce sylvanien que de lui répondre en premier, en plus de l’incorrection de laisser les autres participants à la discussion en attente. D'abord le trésorier-payeur donc. Bien qu'il ait dans le fond envie de lui parler de possibilité d'embauche, le noble ne voulait pas non plus s'attirer le déplaisir du chevalier bretonnien à ses cotés en laissant entendre qu'il pourrait employer des mercenaires. Il avait bien vu comment l'homme d'arme avait fixé du regard son voisin après tout, en plus de l'habituelle réputation des gens de Bretonnie envers les personnes qui vendaient leurs services d'armes, aussi valait-il mieux ne rien dire à ce propos pour l'instant, mal se faire voir d'une connaissance de son hôte n'était pas le mieux à faire, même si ce dernier ne restait pas longtemps. Il aurait après tout le soin d'entretenir l'homme d'affaires à ce propos à une autre occasion, maintenant qu'il savait ou le trouver. De toute façon, moins on saurait qu'il s’intéressait à eux mieux cela vaudrait pour la discrétion d'un futur emploi. Ses paroles furent donc courtoises mais sans plus, s'en tenant aux formalités et politesses d'usage.
Ma présence est bien peu de chose au regard de la qualité des présentes gens. Je ne peux ensuite qu’espérer que vous continuez à faire de bonnes affaires, monsignore Beluti. Je ne doute pourtant pas que vous saurez vous rendre utile à encore bon nombre de personnes.
Le sourire amical de Melkair glissa ensuite jusqu'au bretonnien, non sans une légère inflexion du regard en passant pour le tiléen. Il ne savait pas si son allusion subtilement contenue dans son dernier propos mais après tout cela ne changerait pas grand chose au final, ils auraient le temps d'à nouveau se rencontrer. Pour ce qui était du chevalier, c'était par contre différent mais bien que ce dernier disait devoir bientôt s'en aller, le vampire saurait peut être lui trouver une utilité ou deux d'ici là. Utilité qu'il n’hésita d'ailleurs pas à prononcer à haute voix, n'ayant aucun secret dans l'affaire pour une fois. Tout en tachant évidement d'accompagner le tout d'une marque compréhensive de rigueur.
Vous me voyez par contre désolé qu'un tel danger vienne jusqu’à menacer vos propres contrées, messire François. Que vient donc sinon encore menacer la verte Bretonnie? Une habituelle invasion d'orques, à moins que le chaos n'ait réussi à percer jusqu’à là bas à la suite de la précédente invasion? J’espère en tout cas qu'avant votre départ, j'aurais l'opportunité de croiser amicalement le fer avec vous. A ma grande honte mon escrime commence à rouiller à force d'aller à travers certaines contrées plus paisibles de l'Empire, donc si jamais affronter un guerrier devenu bien piètre ne vous déplait pas...
Laissant sa proposition en suspend, l'aristocrate de la nuit permettait ainsi à l'étranger de répondre ou non selon sa convenance. Aprés tout ce n'était pas parce qu'il avait à faire à un homme de Bretonnie qu'il devait pour autant plus le brusquer. Surtout que sa demande pouvait être bien mal perçue de la part de quelqu'un qu'il venait tout juste de rencontrer. Mais bon, autant se montrer franc et ouvert d'esprit, cela payait parfois et à la vue du comportement du maître de maison, ses amis et proches de ses amis ne devaient pas vraiment réprouver un tel comportement s'ils se trouvaient ici. Et puis quand bien même le chevalier en prendrait ombrage, ce n'était pas si grave que cela, il s'en irait bientôt, le vampire n'aurait qu'a trouver un autre partenaire d'entrainement, cela ne lui ferait pas un ennemi politique pour autant. Car oui, aussi étrange que cela puisse paraitre du point de vue de quelqu'un qui considérait les humains comme inférieurs surtout bon à servir les êtres comme lui, il était parfois conscient qu'il devait encore gagner en talent et puissance avant de véritablement les dominer. Il n'en était parés tout qu'au stade de l'enfance à ce que lui avait brièvement expliqué son père des ténèbres, et bien qu'il surpasse déjà le commun des mortels, il avait encore beaucoup à obtenir. D’où cette nécessité pour lui de s'entrainer au maniement des armes, une des choses qu'il n'obtiendrait pas uniquement par la croissance de ses dons vampiriques...
Mais perspectives d'évolution mise à part, le maître de la nuit avait un autre sujet auquel se soucier en priorité. Il en revint donc à ce fameux capitaine sylvanien, qui au moins à ses yeux n'usurpait pas son rôle de vedette de la soirée. Pour le vampire il s'agissait en effet de l'humain à surveiller le plus, quoi qu'il advienne. De lui viendrait sûrement le danger, il devait donc redoubler de prudence en sa présence, sans que cela se voie bien entendu. A ce propos, pendant qu'il répondait aux autres invités, Melkair avait prit le soin d'au fur et à mesure feindre une lente et tranquille respiration, cligner de temps en temps des yeux, sembler incommodé par une odeur ou sensation quelconque, bref, essayer au maximum de réaliser ce que les simples êtres humains faisaient au quotidien sans même s'en rendre compte. Et maintenant qu'il y faisait d'ailleurs attention lui-même, le noble en vint à se dire que c'était décidément un sacré boulot que de simplement rester en vie. A se demander comment il faisait lors de son propre vivant, tant il avait de choses à penser à présent pour donner la simple illusion de sa vie. Néanmoins, cela en valait la peine si cela pouvait éloigner les soupçons de ce capitaine. Capitaine auquel il finit d'ailleurs par s'adresser, histoire de mêler à la diversion physique celle des mots.
Quand à moi, je ne suis pas présent depuis fort longtemps à Talabheim mais je me promène souvent en ville, c'est surement à cette occasion que vous avez pu apercevoir mon visage, capitaine Hektor. A moins que je ne ressemble tout simplement à quelqu'un de votre entourage, vous savez le monde est tellement vaste qu'on peut y croiser quantité de gens semblables et je ne suis pas si différent des autres pour y réchapper.
Oui, voilà, comme ça, noyer le poisson, le faire douter, que son impression ne soit qu'un simple hasard, après tout qu'est-ce qu'un vampire pouvait faire ici, si loin de la Sylvanie? Ne pas montrer trop d’intérêt pour sa personne, afin qu'il ne se sente pas non plus menacé, qu'il en vienne à ne se douter de rien. Melkair comptait bien en effet démontrer à cet homme par la suite du repas qu'il ne paraissait en rien être un vampire. Le reflet, la religion, l'argent, tout ça, s'il avait l'occasion de montrer qu'il n'en craignait rien, cela serait d'autant gagné pour faire bonne impression auprès de ce sylvanien. Après tout il faisait parti du peuple, il ne pouvait pas savoir précisément si un vampire craignait ou non les mêmes choses que le voulait les traditions. Même issu de la terre natale des vampires, il n'avait pas disposé du même enseignement, il était juste un peu plus perspicace que les humains ordinaires, voilà tout, ce n'était rien, pas la peine de paniquer....pourquoi est-ce qu'il n’arrêtait pas d'y penser alors? Rahhh, un jour, sa paranoïa le tuerait, il en était certain....enfin, le re-tuerait!
Le Tiléen sourit au vampire avec un clin d'œil. Nul doute que pour sa profession comprendre le demi-mot était indispensable. Puis il s'éloigna pour aller discuter avec le prêtre et l'ambassadeur. Le bretonnien le suivit des yeux avec un froncement de sourcil, avant de se retourner vers Melkair la mine soucieuse.
« Malheureusement non, pas d'orque ou autre monstruosité du genre. Ce serait plutôt une guerre civile entre mon seigneur et le seigneur voisin, causée par je ne sais quel histoire d'écuyer. Enfin bref, tant je ne saurais pas plus, je ne pourrais pas vous le dire. Dans tous les cas, je serais ravi de m'essayer à l'escrime avec vous. Vous vous diminuez en disant que vous feriez de la mauvaise escrime. On voit bien à votre démarche que vous devez être un combattant endurci. »
Un sourire ponctua son compliment. Le sylvanien lui ne souriait pas et avait toujours un air sinistre.
« Sans doute, Herr Luthernof, sans doute. »
Soudain, un serviteur ouvrit la porte et vint parler à l'oreille du Nordlander. Celui-ci regarda le messager d'un air surpris avant de se diriger vers le maitre des lieux. Exactement au même moment, un nain à l'air passablement patibulaire fit de même avec le maître forgeron Thorvald, qui lui aussi partit conférer avec leur hôte.
Le sieur Von Lunz parut étonné par leurs paroles puisqu'il leur répondit à haute voix.
« Vous nous quittez déjà tous deux ? Mais pourquoi donc ? La qualité de mon accueil est-elle trop mauvaise ? »
Le seigneur paraissait bouleversé par la perte de deux de ses invités. L'ambassadeur avait l'ait gêné par le ton du Talabeclander, mais il continua à voix basse. Le nain ne prit pas cette précaution.
« Il se passe des choses étranges ici, et je ne tiens pas à rester plus longtemps. Je vous souhaite le bonsoir messire. »
Les deux personnes quittèrent donc la réception sur le champ, au grand désespoir de Heinrich. Milosh arriva derrière son maitre. Il lui murmura à l'oreille d'un ton précipité et angoissé.
« Monseigneur ! J'ai réussi à entendre quelques mots de ce qui s'est dit. Figurez vous qu'une troupe d'importance se masse aux portes de la demeure et que ... »
Avant que le Strygany ne puisse finir sa phrase, la porte s'ouvrit avec un bruit sonore et dix répurgateurs entrèrent dans la pièce, pistolets dégainés. Leur capitaine se tourna vers eux.
« Voyons messieurs ! Qu'est-ce que ce sont que ces manières ? Vous êtes ici chez une personne de qualité, avec des invités de marque. Expliquez vous ! »
Un des répurgateurs se tourna vers Melkair.
« Nous avons enquêté comme vous nous l'avez demandé mon capitaine. La piste mène à cet individu. C'est un vamp... »
L'épée qui lui sortit par la bouche l'empêcha de continuer plus en avant. Le chaos se déclancha autour de Melkair tandis que les serviteurs fuyaient en hurlant. Le chevalier bretonnien dégaina son épée et se jeta sur Melkair en hurlant « Pour la Dame ! », sans pouvoir l'atteindre du fait de Milosh qui s'était jeté devant son maitre, deux dagues à la main. Avec un juron, le capitaine répurgateur se tourna lui aussi vers le vampire, rejoint pas ses hommes survivants, et dégaina un long pistolet à silex. Toutefois, un vacarme se faisait entendre dans le hall et les camarades du meurtrier du répurgateur le rejoignirent sur le perron de la pièce. Ils portaient tous le même uniforme noir et rouge et les hauts de chausse d'os que la personne tranquillement installée à côté du Von Carstein. Et ils avaient tous l'épée au clair, dégoulinant de sang. Le capitaine Hektor se tourna vers Melkair.
« Vous m'excuserez Monseigneur, mais je crains fort que les explications ne viennent plus tard. Pour le moment, je pense que nous avons d'autres chats à fouetter. »
Il rejoignit ses soldats qui encerclaient le groupe de répurgateurs. Ils étaient plus nombreux, mais moins bien armés que leurs ennemis. D'un autre côté, ils défendaient Melkair. Ou du moins ils en avaient l'air.
Pourquoi? Mais pourquoi donc ce genre de choses devait lui tomber dessus à lui? Et non, le fait qu'il doive être le seul vampire du secteur n'était pas un argument valable! Les vampires avaient bien droit à leur tranquillité comme tout le monde, pourquoi-donc devait-on venir les enquiquiner jusque dans leurs soirées? Tout se passait si bien et il fallait que l'on vienne tout foutre en l'air à grands coups de sabots, c'était inadmissible, pire, impardonnable!
Pourtant les choses n'avaient pas si mal commencées. Le mercenaire semblait avoir parfaitement compris son allusion, le bretonnien avait bien prit son invitation et seul le sylvanien était resté égal à lui-même, mais sans pour autant porter la moindre accusation ou observation menaçante. Bon, certes, son humeur sombre n'en restait pas moins menaçante pour les nerfs du seigneur de la nuit mais au moins cela n'allait pas plus loin.
Bref, tout allait plus ou moins bien dans le presque meilleur des mondes quand un premier messager alla s'entretenir avec l’émissaire du Nordland. Au début Melkair n'y prêta que peu attention malgré l'inhabituel de la chose, jusqu’à ce que la scène se reproduise avec le représentant nain. Deux fois la même chose qui se produisait à peu d'intervalle était deux fois de trop pour une soirée où il se trouvait, aussi prêtât-il l'oreille sans rien en montrer, suivant la tendance de comportement des autres invités afin de ne rien brusquer. C'est comme cela qu'il entendit clairement les propos que teint à voix haute le marchand nain. Ce qui eut pour effet de faire grimper en fléché l’anxiété du vampire, qui ne se sentait qu'on ne peut plus visé par ces dernières remarques. En effet, quoi de plus étrange qu'un vampire pour cette réception? Mais alors qu'il allait complétement se mettre à paniquer, un détail interpella le noble, l’empêchant de tourner les talons dans l'heure. En effet, le nain et l’ambassadeur s'en allèrent sans plus rien dire ou signaler. S'il était bien question de lui et de sa véritable nature, pourquoi ne pas l'avoir dénoncé? Tout le monde haïssait les vampires en règle générale, quelles que soient les races, laisser ainsi toute une réception à la merci d'un tel personnage serait bien ingrat de la part d'invités après tout. Du coup, ce devait forcement être autre chose, après tout il n'y avait aucune raison qu'on ait découvert son identité, il n'avait rien laissé filtrer à ce propos depuis son arrivée en ville...
Mais alors que Melkair restait encore à s’interroger à propos des raisons de ce soudain départ, il sentit un mouvement arriver dans son dos. Se retournant discrètement à moitié, dans le doute que se puisse être le fait de quelque malveillante personne, il ne tomba alors que sur son fidèle serviteur Milosh. Et avant qu'il puisse lui demander la raison de sa soudaine venue, l'humain le renseigna alors sur ce quid devait être surement la raison du départ des premiers convives. A savoir qu'un groupe de gens s’amenait par ici en cherchant visiblement à pénétrer dans la résidence. La créature de la nuit se demanda alors qui pouvait bien oser une telle chose en plein milieu du quartier distingué de Talabheim. Ce devait être un fou...ou bien quelque de bien plus puissant!
Alors que cette pensée venait tout juste de le traverser et que Milosh continuait son explication, la suite des événements prit un tour bien plus radical. Ce fut en effet rien de moins qu'une dizaine de repurgateurs qui pénétrèrent alors séant, toutes armes dehors. Le vampire tiqua immédiatement devant cette intrusion, serrant même les dents pour ne pas se trahir par une réaction trop expressive, mais tout cela était loin d'aller en s’améliorer à ses yeux. Que pouvaient donc bien faire par ici ces hommes-là? Ils ne pouvaient pas être là pour lui, ce n'était tout simplement pas possible, il avait été trop fin et intelligent pour pouvoir être retrouvé de la sorte, aussi aisément. Ils n'étaient que de stupides humains après tout, ignoraient sa réelle identité à présent dissimulée à tout jamais dans les cendres de son domaine. Donc non, ils ne pouvaient venir que pour quelqu'un d'autre, peu importe l’inquiétude visible de son serviteur. Engoncé qu'il était dans sa certitude, comme pour exorciser la terrible réalité, le vampire fut pendant un instant rasséréné par l'intervention du capitaine repurgateur en personne, qui semblait autant tomber des nues que lui devant cette intrusion. Ce qui lui convenait fort bien, c'était ainsi signe que ce n'était pas cet homme qui avait amené ces soldats ici, il saurait du coup les renvoyer chez eux au plus tôt....
Ainsi le maitre de la nuit en fut pour ses frais quand l'un des nouveaux arrivant se tourna directement vers lui et commença à dénoncer en plein public sa nature vampirique! Melkair fut comme figé sur place par une telle audace, interdit devant toutes les conséquences qu'il voyait comme défiler devant sa conscience en un instant, l'effondrement de tous ses plans de grandeur en direct, tout cela par la faute de quelques misérables répurgateurs! Le fait que celui qui avait osé le dénoncé fut prestement abattu ne fut même pas consolent pour le vampire à présent démasqué, cet homme aurait mérité bien pire pour avoir osé fouler ainsi du pied tous les plans minutieusement préparés du seigneur de la nuit. Le noble resta tout aussi figé quand le chevalier bretonnien se rua sur lui, heureusement stoppé par Milosh. On aurait dit le deux-fois-né comme déphasé, à peine conscient du monde qui l'entourait, le regard perdu fixé dans le vide à l'endroit où s'était trouvé prononcée la fatale accusation, comme si le monde s'était arrêté pour lui à partir de cet instant. Finalement, ce ne furent pas les combattants sylvaniens arrivés en renfort à ses cotés pas plus que les combats qui s’engagèrent, mais les propos du capitaine qui remirent Melkair sur les rails de l'instant présent et de la nécessité d'agir. Le vampire sembla reprendre conscience comme sous l'effet d'une décharge et se mit alors en branle, dégainant sa propre épée d'un geste presque désinvolte avant de s'avancer de quelques pas. Un simple fait venait de tout décider, se rajoutant au tout comme la goutte qui fait déborder le vase, à savoir qu'avec les derniers propos du sylvanien, cela faisait une personne de trop à savoir son identité! Cela n'allait pas du tout, c'était inadmissible, il fallait que cela cesse!
Après un instant d'effarement, le noble avait donc décidé qu'il y avait trop de monde au courant de sa véritable identité. Et donc pour que cet état de fait cesse, il n'y avait d'autre moyen que de neutraliser les personnes en question! Pour le sylvanien, il verrait en dernier cas car il semblait pour l'instant de son coté. Du coup la priorité était donnée au capitaine repurgateur et ses hommes. Après tout, on ne peut plus accuser quelqu'un quand on mange les pissenlits par la racine, et encore moins défendre son point de vue ou exhiber des preuves. Ainsi, si le vampire parvenait à tuer tous ces empêcheurs de tourner en rond sous prétexte de légitime défense, ce serait autant de gagné! Mais encore avant tout ça, il avait un serviteur à tirer des pattes d'un chevalier brettonien bien trop impulsif à son goût. il ne fallait pas qu'il lui casse son strygani après tout, il en avait encore besoin! Et puis ce chevalier devait être neutralisé, il pouvait sinon représenter un trop grand danger sur la suite des combats. Mais plutôt que de chercher à abattre par les moyens conventionnels, tâche qui pourrait s’avérer peu aisée selon les compétences martiales dudit adversaire. Voilà pourquoi le vampire préféra plutôt tenter de raisonner le bretonnien tout en tachant de le désarmer.
Cela pouvait certes paraitre idiot mais Melkair y voyait déjà l’intérêt direct de commencer à défendre son cas et son image auprès des spectateurs. S'il se montrait bienveillant envers les invités, allant même jusqu’à leur pardonner de l'avoir agressé, cela serait d'autant plus à mettre à son crédit, en plus de commencer à faire réfléchir quelques cervelles quand aux éléments qu'il commencerait à avancer en sa faveur. Il n'était peut être pas trop tard pour sauver la situation après tout, s'il faisait taire les gêneurs et se conciliait les autres, il pourrait tant bien que mal conserver sa place, et même en ressortir grandi en devenant le héros romantique d'une tragique erreur judiciaire. Le tout était alors d'en convaincre les autres, et cela commençait donc par ce chevalier. Qu'il réussisse, même en partie, à le calmer et le ranger de son coté pourrait être une précieuse aide pour le combat qui débutait, sans parler des événements judiciaires et politique qui en surviendraient.
Alors qu'il venait ainsi se ranger aux cotés de Milosh et tenter de repousser le sire armé sans pour autant le blesser, cherchant plus à lui ravir son épée des mains, le vampire se mit à interpeler d'un ton indigné le chevalier, accompagnant ses explications de désignations de sa main libre, comme s'il exposait un tableau. Il ne lui fallait pas pour autant trop trainer pour pouvoir aider les sylvaniens contre les repurgateurs bien armés, mais au moins assurer la voie de ce coté là avant de se concentrer sur un autre front....Oui, voilà, les habitudes lui revenaient en tête, la panique terminait de ficher le camp d'ici pour ne plus laisser qu'un vampire implacable et décidé derrière lui. Il était en effet bien déterminé de parvenir à consolider sa position nobiliaire, et pour cela il devait encore se débarrasser des restes des sentiments de faiblesse qu'il avait encore gardé par devers lui de sa précédente condition d'humain. Voilà donc ce qu'il expliqua de façon forte et concise au bretonnien tout en arborant un air trahi et outragé:
Pourquoi donc croyez vous sur un simple mot sans preuve des étrangers non-invités qui viennent déshonorer ce lieu et notre hôte, monseigneur François? Vous voyez des crocs dépassants de mes lèvres, une frayeur de la lumière ou bien une aversion pour la chose sacrée? Je pourrais embrasser tous les symboles divins que vous voudriez et jurer devant la Dame autant de fois en plein soleil car je ne suis en rien ce que ces gens-là prétendent. Vous en savez d'ailleurs pas ce qu'ils fabriquent eux-même comme affaires indignes de leur coté. Et puis un vampire arriverait-il à tromper le grand ami de votre seigneur, vous demanderez de lui réapprendre l'escrime et se ferait remarquer de toute la noblesse de la ville? Vous êtes en train d'être abusé chevalier, des hommes encore plus vils que de soi-disant vampires cherchent à se servir de vous!
Donc pour résumer, désarmement tenté sur le chevalier en guise d'attaque et utilisation de Charisme pour le convaincre
Qui l'eut cru ? L'habile Strygany parvint sans peine à passer sous la lame de son adversaire, pourtant combattant chevronné, pour aller planter ses poignard effilés directement dans sa poitrine. Les lames traversèrent sans le moindre mal le tissu et mordirent dans la chair avec une facilité déconcertante. Lorsque l'ancien voleur retira ses armes, le chevalier s'effondra en arrière et tomba sur le dos, vaincu.
Test de charisme (malheureusement ta compétence ne peut être utilisée du fait qu'il pense que tu es un vampire, donc un ennemi de la Bretonnie) : 5, réussite.
Les mots du vampire atteignirent l'esprit du bretonnien, mais un peu tard. Celui-ci ne serait plus une gène pour le reste du combat. Cela permettait à Melkair de se dédier pleinement à la lutte contre les répurgateurs. La poudre avait parlé si on en jugeait à l'odeur et aux bruits qu'il avait pu entendre. Quatre des sylvaniens se trouvaient au sol, saignant par une blessure ou même mort pour certains. Les autres s'étaient lancé à l'assaut et leurs épées avaient elles aussi prélevé des vies, et avec férocité. Ils étaient des vétérans, et cela se voyaient à leurs capacités. Pas moins de cinq répurgateurs avaient rejoint leur Dieu dans l'au-delà, et un autre était au sol, blessé à mort. Ils n'avaient pas franchement l'air d'avoir besoin d'aide.
C'est à ce moment qu'un individu que tout le monde avait oublié dans l'action intervint. Le petit prêtre de Taal se jeta en hurlant sur Melkair en brandissant un couteau de cuisine qu'il avait du trouver sur la table. Comment allait réagir le vampire ?
Bon, ben, autant pour les bonnes intentions. Les deux combattants s'étaient montrés plus rapides que lui et avaient déjà entamé leur combat avant qu'il puisse leur en toucher deux mots. Et alors qu'il craignait le pire pour son courageux serviteur, il eut l’étonnante surprise de le voir parvenir à magistralement défaire son adversaire chevalier, le perçant de ses dagues jusqu’à le faire choir sur le sol suite à ces blessures. Pour le coup, Melkair devait s'avouer impressionné, ce serviteur se révélait de jour en jour de plus en plus utile. Il avait vraiment bien fait d'en faire son principal serviteur, il risquait de lui être encore bien utile par la suite. En tout cas, même s'ils e trouvait désormais hors d’état de nuire, le bretonnien sembla plus favorable à l'argumentaire du vampire à présent, semblant le regarder d'un autre œil. Toujours ça de pris pour plus tard, quand il s'agira de récupérer sa réputation entachée par ce désagréable incident. Pendant ce temps là, le reste de la bataille semblait prendre le même chemin rassurant, si tant est qu'il puisse considérer effectivement une telle bataille publique comme une chose réjouissante. Mais à défaut de s'en féliciter, il pouvait au moins apprécier le fait que ce soit ses apparemment alliés plutôt que les répurgateurs qui se mettent à gagner. En effet, si ses accusateurs décédaient à l'occasion d'un tragique incident, il en serait peut être plus aisé pour lui de se défendre. Tandis que si ces enragés lui tombaient dessus, Melkair pensait qu'il pourrait oublier toute possibilité de juste procès. Hors, pour l'instant les sylvaniens menaient par six pertes à quatre et comme les pistolets des répurgateurs étaient à présent déchargés, les escrimeurs n'auraient plus qu'a faire rendre gorge au reste avant même qu'ils puissent tirer leur épée.
De toute façon, Melkair comptait bien se mêler le moins possible de ce combat là, qu'on ne l'accuse point par la suite de s'en être pris envers ses détracteurs. Il devrait au contraire plaider la non-ingérence dans leur tragique décès, se défendre ainsi de toute attitude velléitaire afin de mieux s'en tirer par la suite, se placer comme infortunée victime d'un malentendu. Il resterait néanmoins en dehors de cela à déterminer pourquoi ces sylvaniens avaient soudainement prit sa défense. Visiblement, ils en avaient su assez long sur cette affaire pour agir immédiatement quand les répurgateurs étaient arrivés et prendre leur parti sans même réfléchir ou recevoir d'instruction. Il devrait avoir une conversation encore plus importante avec ce mystérieux capitaine tout compte fait, en esperant qu'il ne soit pas mandaté par un certain seigneur vampirique pour le ramener bien mort-vivant en Sylvanie pour y subir une exécution qui l'y attendait. Enfin, cela serait surement rapidement vu une fois la situation réglée, ce qui déjà promettait de ne pas forcément s’expédier en un clin d’œil.
Car oui, histoire de pourrir le plan que le seigneur de la nuit s'était fait en ne participant pas directement à un combat, restant ainsi presque blanc comme neige dans l'affaire, voilà qu'un imbécile d'humain de plus décida de s'en prendre à lui! Et pas n'importe quelle andouille, le prêtre de taal en question qui se trouvait jusqu’à là dans la liste des invités. Car oui, en se précipitant ainsi arme à la main dans la direction du vampire, il venait d'automatiquement se transférer sur la liste des morts en sursis. S'il était resté bien sagement dans son coin, le noble l'aurait proprement oublié, se servant même de lui comme des autres pour accréditer son innocence. Seulement voilà, il venait s'en prendre directement à lui dans un élan de ferveur religieuse. Evidement, comme le bretonnien, Melkair aurait pu chercher à le convaincre lui-aussi, le ramener à des sentiments plus raisonnables à son encontre. Seulement voilà, celui-là, son regard fanatique ne disait rien qui vaille au vampire. Encore un de ces tarés de religieux qui verrait surement le mal sur lui quoi qu'il puisse dire. Hors, si un avis neutre pouvait être tourné dans un sens utile, un forcené pouvait être un danger pour la couverture du non-mort: après tout il devait bien y avoir quelques sorts cléricaux pour détecter la non-vie, et si jamais cet homme s'y risquait, tous les subterfuges du vampire tomberaient en poussière. Autant donc profiter de l'occasion, que lui donnait cet home d’église en se déclarant son ennemi et en l'attaquant, pour lui porter un malencontreux coup d'épée en essayant maladroitement de se défendre. Bien sûr qu'il ne le ferait pas exprès, c'était juste sur le coup du chaos ambiant qu'il aurait agit d'instinct et aurait malencontreusement loupé son geste purement défensif au point d'en transpercer le pauvre homme. Et puis avec un peu de chance, qui sait, peut être que la bataille principale attirerait trop le regard pour que l'on prête attention à lui, en dehors de cet extrémiste. C'est tout de même bel et bien dans un premier souci de défense que le vampire dégaina alors son épée. Après tout, il ne serait pas dit qu'un simple humain inférieur aurait le droit de le toucher sans qu'il ait son mot à redire. Et s'il pouvait au passage payer cet affront de sa vie, ce serait encore mieux, pensât-il alors qu'il se fendait pour contrer l'assaut adversaire et lui porter au passage un coup bien non-voulu.
Donc en action, dégainer puis attaque sur le prêtre. Pas de compétence particulière à utiliser pour le coup.
