[Événement temporaire] Le Jour de Folie (2020)

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[MJ] Ombre de la Mort
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[Événement temporaire] Le Jour de Folie (2020)

Message par [MJ] Ombre de la Mort »

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Le Jour de Folie.
« Ce n’est pas le jour de folie qui compte : c’est son lendemain ! »

Le Jour de Folie est l’une des rares fêtes associées au nom de Ranald. Les nobles comme les roturiers ne manquent le jour de folie pour rien au monde, même si les ascètes et les personnages austères voient cet événement d’un mauvais œil. C’est le jour où les conventions sociales sont bouleversées, les dirigeants devenant serviteurs, tandis que ceux qui sont leurs subordonnés le reste de l’année sont traités comme des seigneurs. Les réjouissances ont lieu en pleine rue. Les gens portent des costumes colorés et des masques étranges afin de cacher leur identité (souvent fort médiocrement). L’ivresse, les chants et les farces anodines sont de mise. C’est l’occasion pour les notables d’éprouver l’âpreté qu’ils font souvent subir aux autres, mais rares sont en réalité ceux qui acceptent d’être malmenés par leurs subalternes, qui doivent finalement faire attention à ce qu’ils disent et font.
Plus on est de fous, plus on rit ! Aujourd'hui, c'est le Jour de Folie ! Ce petit événement temporaire est l'occasion pour vos personnages de célébrer Ranald et la levée des conventions sociales ayant cours dans l'Empire.

Laissez libre cours à votre expression artistique et rédactionnelle : il s'agit d'un événement purement RP. Pas de règles, pas de défis, pas de systèmes de jeu : seule votre imagination, au travers de votre plume numérique, est requise dans ce sujet saisonnier. XP à la clé, bien évidemment, à la hauteur de la qualité de vos textes. Cela peut être du one-shot ou s'étaler sur les deux RP, une nouvelle ou un texte court (en respectant les règles de rédaction du forum, bien sûr), seul(e) ou en groupe. Faites-vous plaisir :clindoeil:

Contrairement au Sonnstille, cet événement est réservé aux Humains (de tout bord), Halflings et Vampires (pour peu que leur apparence le leur permette).

Fin de l'événement temporaire : le 30 août au soir

Bon amusement et bon jeu :happy:
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Cliquez si vous l'osez ..
Torture favorite:

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Armand de Lyrie
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Re: [Événement temporaire] Le Jour de Folie (2020)

Message par Armand de Lyrie »

Il a pas trente mille endroits où se cacher quand même. S’il est pas dans le cellier et s’il est pas dans l’écurie non plus où c’est qu’il peut être ? Tournant autour des murs du château je continue de crier son nom, surtout que maintenant sa disparition m’inquiète, comme papa s’inquiète quand il revoit pas un des chiens de son chenil : Il raisonne qu’il est parti se promener, qu’il va revenir, qu’il connaît le chemin, mais au bout d’un moment je le sens un peu paniquer et se dire qu’il lui est arrivé quelque chose. Comment je vais faire s’il a filé ?

« Triboulet ! Triboulet, où t’es ?! »

Margot me suit derrière, en me regardant faire. Je lui ai demandé de m’aider à le retrouver, mais elle le cherche pas vraiment ; Dans la grange elle est juste restée devant à regarder les chevaux, alors que moi je suis allé trifouiller la paille à sa recherche. Ça se voit qu’elle commence à s’ennuyer. Alors que je commence tout juste à vraiment m’inquiéter, elle se contente de sourire.

« Si ça se trouve il est allé dans la réserve et les chiens de chasse de ton père l’ont dévoré. »

Je la regarde en fronçant très fort des sourcils, pour lui montrer que ça me met en colère.

« Dit pas n’importe quoi. Il aurait pas été assez idiot pour gambader dans la forêt. Tous les paysans savent qu’il faut pas entrer dans la réserve d’un chevalier.
– Ceux qui veulent fuir ils hésitent pas. »

Elle a un petit sourire. Ça a l’air de lui plaire de me voir m’inquiéter. Je la boude et continue de marcher à travers la haute-cour du château, en criant son nom :

« Triboulet ! Je veux pas te faire de mal, promis ! Allez, montre-toi !
– T’as essayé de l’appeler avec son vrai prénom ?
– Je pourrais mais je le connais pas.
– T’as pas demandé à ton père ?
– Bah non, pourquoi ? »

Margot hausse des épaules, comme si elle ne savait pas elle-même pourquoi elle a posé cette question. C’est très énervant, elle me fait perdre du temps au lieu de se rendre utile. Et donc je continue de courir et de l’appeler, ce qui la fait soupirer :

« Ça fait peut-être une demi-heure qu’on le cherche ! On peut jouer à un autre jeu ?
– Non mais il peut pas être bien loin ! Il a pas plein de cachettes !
– Bon, je te laisse dix minutes mais si tu le trouves pas moi je retourne dans le donjon. »

Je comprends qu’elle soit agacée, alors je hoche la tête pour approuver son délai, même si je vois pas trop ce qu’elle irait faire dans le donjon. Nos parents sont occupés, alors papa me dit toujours d’être un bon hôte et de jouer avec elle, et elle-même est censée être une bonne invitée qui se fait pas remarquer. Dans les faits, on a pas trop le choix : Ma chambre à moi elle est juste derrière la salle de réunion des chevaliers, là où le chevalier Bohémond FitzMauger il garde tout un tas de cartes et d’armes posées sur des râteliers qu’il entretient consciencieusement, et quand papa il invite des vassaux ou des seigneurs voisins, moi je peux plus entrer dans la chambre, il s’enferme dedans pour discuter de trucs importants. Margot elle pourrait aller dans la pièce qu’on réserve pour les invités, y en a une juste pour elle avec sa servante, sauf que bon y a pas beaucoup d’affaires à elle, je suis sûr elle s’ennuierait vite si elle devait y rester. C’est sûrement juste une menace en l’air pour me presser et qu’on aille faire autre chose.

Alors que je contourne le château, je tombe sur deux hommes d’armes en faction, portant l’azur-et-or de ma famille en livrée : L’un est tout grand et maigre, l’autre tassé et grassouillet. Laurens et Gamet, deux bons sergents bien vigilants que mes parents ont chargé de me surveiller quand je descends dans les faubourgs. Ils nous font une révérence à moi et Margot, et c’est le gros Laurens qui parle en baissant ses yeux pour me regarder :

« Ma p’tite damoiselle, mon p’tit damoiseau ;
Ben alors, qu’tu cherches ton larbin ?

– Oui ! Je l’ai pas vu depuis hier soir et il était ni dans le cellier ni dans la grange ! »

Le grand Gamet a un petit rire jovial, alors qu’il se repose sur sa grande lance pour étirer son dos comme un chat, peut-être fatigué d’être resté posté devant la porte trop longtemps.

« Beh faut pô t’inquiéter comme ça p’tit damoiseau ! Qu’ton larbin on l’a croisé s’barrant pas pu tard qu’t’as l’heure !
– Céti qu’y s’planque derrière la statue lô bas ! »

Et le gros Laurens fait un grand signe de tête dans la direction des portes de la haute-cour, où, en effet, il y a sur le chemin une très grande statue qui marque l’entrée du donjon. Je deviens soudain plus souriant alors que je me prépare à trotter la rejoindre :

« Mercis bons sergents ! Viens, Margot ! »

Je me dirige tout droit vers la très grande statue. Avec le soleil qui se lève à l’est, et qui se cache donc derrière la grande tour du château derrière, ça la baigne dans une espèce d’ombre qui en masque la plupart des détails. L’ancêtre qui a foutu la statue là savait très bien ce qu’il faisait : La statue, c’est une très grande vouivre qui fait très peur, que le tout premier seigneur de Lyrie a abattu dans un duel singulier. Le monstre n’est fait que de granit, et pourtant, sa grosse gueule torturée semble prendre une espèce de… C’est quoi le mot ? « Incarnation » je crois que c’est comme ça que les poètes ils disent. Enfin on dirait presque que le gros monstre il bouge et il vous observe.
J’en ai fait quelques cauchemars de cette statue quand j’étais plus petit, mais elle a toujours été là d’aussi loin que je m’en rappelle alors maintenant j’y suis habitué. Margot qui me suit, elle, je vois ses yeux traîner dessus, même si elle la connaît déjà.
Je grimpe sur le socle de la statue en sifflotant, et la contourne.

« Triboulet ? Mais qu’est-ce que tu fais là ? »

Mon paysan est bel et bien planqué derrière comme les sergents m’ont prévenu. Il a l’air d’avoir sursauté quand il m’a entendu. Mais passé la surprise, il recommence à regarder ses pieds recouverts de grossiers sabots, et il semble voûter son dos. Je trouve ça bien bizarre, surtout avec son air résigné. Ça me vexe aussi. Je pose mes mains sur mes hanches alors que je commence à le rouspéter en disant la même chose que papa dit quand il revoit l’un de ses chiens :

« Je t’ai cherché longtemps, où est-ce que t’étais passé ? Je me suis fait un sang d’encre ! »

C’est une expression marrante, « se faire un sang d’encre ». Triboulet pourtant n’est pas disposé à me raconter un mensonge convainquant. Sans même me regarder – alors que je lui ai dis plein de fois de me regarder dans les yeux quand il me parle – il se contente de raconter sans trop y croire la première baliverne qui lui vient :

« J’vous ai pô entendu, damoiseau. Pardonnez-mî donc. »

Margot vient à côté de moi. Loin de s’intéresser à Triboulet, elle grimpe sur la carapace chitineuse de la vouivre, celle faite en granit. Comme un petit écureuil elle crâne en montrant qu’elle est forte pour aller dessus. Je la regarde faire vite fait mais l’ignore vite pour sourire à mon paysan :

« Bon, c’est pas grave, je t’ai retrouvé maintenant !
J’ai envie de jouer à un jeu Triboulet ! C’est un nouveau jeu, mais en fait, c’est même carrément une fête religieuse, tu écoutes ? »

Il hoche la tête sans pour autant daigner m’observer. Il regarde juste ses pieds, l’air triste. Je déteste quand il fait ça.

« C’est moi qui te l’ai dit, hein ! Fait Margot depuis l’une des chitines de la vouivre de pierre.
– Oui, oui c’est un chevalier de la famille à Margot qui lui a raconté…
En fait tu vois, chez les Impériaux de l’autre côté des montagnes, ils ont une fête toute étrange ce mois-ci. C’est une fête dédiée au maraud Ranald, le Dieu des misérables et des vauriens.

– Et aussi des bouffons, donc un peu ton Dieu à toi en somme ! »

Margot tire la langue à Triboulet. Pour une fois, il se retourne afin de lui lancer un mauvais regard en croix, ce que j’aime pas du tout. Mais j’ose pas en dire trop, parce que Triboulet il est pas mal impressionnant quand même. Il est un peu plus vieux que nous, mais du coup assez pour avoir bien poussé – il fait pas la taille d’un adulte, mais il nous dépasse quand même, et puis même si je sais qu’il va pas me taper bah il est quand même plus grand que moi, ça fait quelque chose.

« Bref… – ‘fin. Ce jour, ça s’appelle le Jour de la Folie. Et c’est un jour fou dans l’Empire, parce que figure-toi que tout le monde il change de place dans ce qu’on attend d’eux. Les nobles ils deviennent des paysans, et les paysans des nobles. C’est marrant non ! »

Triboulet hausse les épaules. Et il accepte finalement de me regarder, avec son horrible visage au nez de travers et aux joues creuses.

« Vi ?
– Ben du coup, je trouve que ça serait très drôle de faire comme les idiots d’Impériaux pour une journée !
Toi, tu vas prendre le rôle du seigneur, et tu vas tout faire comme un seigneur ! Et moi et Margot, on sera tes paysans ! »


Margot saute de son épine pour venir à côté de moi, en agitant la tête de droite à gauche.

« Huh-hun. Moi je veux pas faire la paysanne – C’est nul.
– Bah c’est un peu le but du Jour de la Folie vu comment tu me l’as expliqué.
– Non, même pas en rêve. Moi je vais faire autre chose. Je vais faire l’homme d’armes. »

J’ai un petit hoquet de rire et un grand sourire carnassier.

« C’est pas possible, c’est dans le nom : C’est des hommes d’armes, pas des filles d’armes. Tu peux pas le faire.
– Le Jour de la Folie je peux !
– C’est ridicule et impossible.
– Pourquoi ?
– Parce que tu pourras pas porter d’armes, tu vas te faire mal toute seule, les filles ça sait pas faire. »

Margot ferme son poing, et me donne un énorme coup dans le bras. Je siffle de douleur et m’attrape le coin où elle a tapé.

« Aïlle ! T’es fêlée !
– J’ai même pas eu mal à la main, tu vois ! Tu veux que je recommence ou tu te la fermes maintenant ? »

Je regarde Triboulet. Mon paysan a pas pu s’empêcher de sourire en me voyant être frappé, mais il l’estompe vite en croisant mon regard. Moi, je suis vexé.

« D’accord, tu peux faire la grognasse si tu veux. Ça te changera pas de d’habitude.
– Redis un peu pour voir ?! »

Elle ferme ses deux poings et se met en position pour taper. Je place mes mains dans le dos, fièrement.

« T’as de la chance, j’ai pas le droit de frapper les filles. »

Elle tente de me donner un gros coup vers le torse. Je la repousse du plat de la main, mais aussitôt, avec son autre, elle me distribue un coup dans le ventre. Je la pousse en représailles, et on commence à lutter comme des bêtes en luttant. Je lui tire les cheveux, alors elle me mord la main.
Triboulet se lève et rit en nous regardant faire, plus fort que lui. J’entends des bruits de pas qui remontent le chemin tandis que moi et Margot on commence à se rouler par terre.

« Hé, p’tit sire, jouez gentiment avec vôt’ invitée !
– Mais c’est elle qui a commencé ! »

Gamet et Laurens ont pas pu s’empêcher d’approcher. Ils sont tout gênés à me regarder me battre avec Margot – ils sont pas encore certains de s’ils devraient nous séparer.
La-dite Margot se roule sur moi et m’écrase, triomphalement. Triboulet, hilare, se perche aux pieds de la statue en parodiant la même allure que prend mon père habituellement : Il ferme une main qu’il pose sur sa hanche, relève son menton, et commande en levant un doigt. Et il imite un accent qu’il doit prêter aux nobles pour commander :

« Oh uî bon sergent, lâssez ce garnément tranquille, sur-le-champ ! »

Margot me lâche et se relève, en imitant un garde-à-vous.

« Oui monseigneur ! Relève-toi donc, le gueux ! »

Gamet et Laurens font une drôle de tête. Je me relève et m’époussette vivement pour retirer toute ma poussière. J’ai très mal au ventre et eu bras, mais les sourires complices de Triboulet et de Margot finissent par m’atteindre :
Moi aussi je souris.

Gamet et Laurens sont rassurés. Les deux sergents nous laissent tranquilles et s’éloignent en ricanant à nos conneries. Tous les trois seuls, je regarde la Margot pour lui demander :

« Qu’est-ce qu’il peut faire un seigneur qu’un paysan il peut pas faire ?
– Bah, porter une cape ! Toi t’as une cape t’as pas le droit d’en avoir une, faut que tu la lui donnes.
– Et des chaussures aussi, faut qu’il mette de vraies chaussures, pas des sabots.
– Faut qu’on te change Triboulet, viens avec nous ! »

C’est Margot qui s’en va gaillardement vers le château, en nous menant tous les deux. Il faut dire, elle vient tellement souvent ici, c’est presque devenu le sien. Margot est une sans-gêne ; Elle a vite compris que j’osais jamais trop lui refuser quoi que ce soit, alors elle fait ce qu’elle veut.
Elle nous amène à travers la salle d’apparat. Y a des serviteurs qui sont occupés à faire des trucs. Père va inviter quelques personnes qui doivent venir au cours de la journée et de la soirée, alors du coup ils s’embêtent à bien repriser les tapis et à s’assurer qu’il y ait pas de toiles d’araignées cachées derrière les tapisseries. Zigzagant entre la domesticité, moi et Triboulet on peine à la suivre, et, sans même me demander mon avis ou si elle a le droit de le faire, elle entre dans une petite annexe où y a des affaires à mon père – des habits à lui qu’il a dû prendre en partant à la chasse très tôt ce matin, et que les valets ont pas encore dû ranger.
Elle fouille dans les affaires de mon paternel. En la voyant faire, je deviens soudain frileux :

« Heu… Je sais pas si t’as le droit de faire ça…
– Roh fait pas ta chochotte ; C’est ses affaires de chasse et il a déjà chassé, donc il va pas les remettre ;
Tiens, Triboulet, prend ça ! »


Elle jette au sol des bottes vernies un peu trop grandes pour les pieds de Triboulet. Mon valet est mal à l’aise. Il me regarde :

« Heu… Ben c’est… Qu’j’sais pô si moi j’ai l’droit.
– T’es sire Triboulet, t’as le droit !
– Nan mais c’pas un jeu, là j’suis sérieux. »

Margot soupire méchamment. Elle se retourne en me regardant. Ça me met très mal à l’aise.

« Bon, si vous voulez pas jouer moi je vais faire autre chose de plus intéressant, j’ai assez perdu de temps.
– Non, non !
Triboulet, bien sûr que t’as le droit ! Même si père s’en aperçoit je lui expliquerai.

– Bon…
Bon d’accord, alors. »


Margot a recommencé à sourire, et alors on s’est amusé à habiller Triboulet.
Comme elle me l’a demandé, j’ai retiré ma jolie cape d’hermine que ma maman m’a acheté, et je lui ai donné pour qu’il l’enfile. Il a mis à ses pieds les grandes bottes vernies de mon papa, et a bouclé une ceinture décorée d’une pièce d’argent représentant une vouivre à la boucle. Margot était pas assez satisfaite alors elle s’est absentée à toute vitesse le temps que Triboulet change de chemise pour revêtir le joli pourpoint matelassé de papa, et qu’il pose bien sur sa tête le chapeau de feutre que j’ai aidé à lui fixer. Margot est revenue à toute vitesse, avec un flacon de parfum qu’elle a indiqué avoir chipé à sa mère. Je lui ai dit que c’était un parfum de fille et qu’un noble il met pas des parfums de fille, et elle m’a répondu que les gueux avaient pas à avoir une opinion sur la mode. On a aspergé Triboulet de parfum et il s’est mis à tousser, mais au final, je crois qu’il a très apprécié son rôle, à voir comment il souriait de se regarder dans la glace.
Il était tout beau, alors Margot s’est retournée et m’a pointé du doigt.

« C’est très bien le gueux !
Maintenant : File-moi ton falzar. »


J’ai écarquillé des yeux, l’air choqué.

« Comment ?
– Je suis un homme et les hommes ça porte des pantalons, ça reste pas en robe !
– Mais hé, je vais pas rester cul nu quand même !
– Oh ! Bah tu mets une très grande chemise qui tombe aux genoux, comme les gueux ils font quand ils bossent aux champs. Faut tout t’expliquer !
– Tu voleras pas mon pantalon, t’es déjà bien assez grognasse comme ça.
– Tu veux que je te le prenne de force, dis ?! »

Elle ferme à nouveau ses poings pour me menacer. Résigné, je me déshabille tout en me plaignant dans des messes basses. Margot croise les bras et me fait un signe de tête :

« Qu’est-ce qui y a ? T’as quelque chose à dire, le gueux ?
– Grr… Non, bon sergent.
– J’préfère ça, tiens ! »

Elle sourit en me voyant me prendre au jeu. Je lui jette donc mes braies qu’elle se dépêche d’enfiler, tandis que moi-même j’écoute son conseil en prenant la longue chemise en toile de mon papa, qui est bien, bien plus grand que moi – là où elle s’arrête à son ventre, moi ça descend presque jusqu’à mes chevilles.

« Je ressemble à un pèlerin, tiens.
– C’est dommage c’est une chemise blanche, les gueux ont pas le droit de porter du blanc normalement.
– Oui bah je vais pas jeter de la peinture dessus pour te faire plaisir.
– Hmm... »

Elle paraît pensive. Comme si elle considérait la question sérieusement.
Puis, elle ricane.

« Mais non.
– Bon, beh, maintenant qu’j’suis un sire, j’fais quoi ? »

Margot observe Triboulet. Et elle a soudain une idée de génie.

« Bah tu vas attendre dehors et on va te préparer un banquet !
Viens Armand le gueux, on va aux cuisines ! »


Et elle recommence à se balader dans le donjon où c’est censé être moi le guide. Elle entre discrètement dans cette grande salle où deux femmes sont en train de s’activer à préparer déjà le repas de ce soir – la bonne viande ça met vraiment un temps fou à cuire. Elle pose un doigt sur sa bouche pour m’indiquer de me taire, et me chuchote ce qu’on est en train de chiper.
L’une des cuisinières se plaint du four. Elle va chercher le charron du coin pour qu’il utilise ses gros bras pour entretenir le foyer. C’est le moment parfait pour intervenir. En ce Jour de la Folie, on rend bien hommage à Ranald, puisqu’on se met à voler discrètement tout un tas de choses : De la vaisselle, des fruits, moi je tire sur ma chemise trop longue pour y faire tomber des noix et des amandes dessus, et on se dépêche de s’enfuir sans trop demander notre reste avec un menu butin.

Triboulet nous attend dehors, tout près d’un arbre. Pour lui, on met en place une dinette : Un bol pas assorti avec l’assiette en porcelaine, une petite tasse avec des fleurs dessinées dessus, on lui offre trois pêches et mon tas de fruits secs en guise de repas. Pour compléter l’assiette, on lui met des cailloux et des pommes de pin à côté, on lui explique que c’est pour dresser la table.
Triboulet attrape l’une des pêches. Alors, Margot se plaint :

« Non, t’es un seigneur, tu dois manger avec des couverts ! »

Triboulet regarde la fourchette en argent et le couteau en étain qu’on lui a trouvé. Ne sachant pas comment l’utiliser, il plante la fourchette directement dans le fruit, ce qui fait des projections. On se marre bien. Avec une minutie peu exercée, il commence à taillader dans le fruit, la peau se pèle dans tous les sens, et bon au final c’est plus sale que s’il avait simplement croqué dedans. Mais ça reste très drôle à voir.
Margot prend la petite tasse et commence à s’en aller :

« Hé, le gueux, faut que t’amuses le seigneur ! Fais-lui des bouffonneries !
– Je sais pas faire les bouffonneries.
– Bah essaye quand même. »

Je réfléchis très fort. Je pense aux blagues que le chevalier Bohémond FitzMauger raconte à mon père pour le faire rire. Du coup, j’en trouve une à lui raconter :

« Alors, qu’est-ce que fait une sœur de Shallya qui serre la main à un lépreux ?
Elle la lui rend ! »


Triboulet a pas l’air très impressionné par mon humour.

« Heu, d’accord, une autre alors…
Heu… C’est un homme accusé de meurtre qui est jugé devant le seigneur, alors le seigneur il fait : Bonhomme, vous êtes accusé de l’assassinat de votre épouse, que vous avez tué à coup de marteaux. Et là, dans l’assistance, y a un homme qui s’écrie : Mais quel enfoiré!. Alors le seigneur il continue, et il fait : Vous êtes aussi accusé de l’assassinat de votre fille, là aussi en lui éclatant les chevilles puis le crâne à coup de marteau. Et là pareil dans le public, y a le même gars qui s’écrie : Mais quel gros enfoiré!. Le seigneur est pas content, il le pointe du doigt et il fait :
Bonhomme, je peux comprendre votre colère et votre dégoût face à ces crimes abjects, mais je vous ordonne de garder votre calme!
Et là le type dans le public il fait : Pardonnez-moi monseigneur, mais voyez, j’ai été le voisin de cet homme pendant dix ans…
Et à chaque fois que je lui ai demandé s’il avait un marteau, il m’a dit qu’il n’en avait pas !
 »


Triboulet me regarde avec un air bizarre. Presque interloqué.

« T’connais des blagues qui sont pô d’l’humour noir ?
– Ben... »

Je reste un peu interdit, devant mon manque de blagues convenables. Mais c’est alors que Margot reviens avec la tasse, qu’elle pose fièrement devant Triboulet.
Il y a dedans une eau sale, croupie, qu’elle a dû aller récupérer dans une mare pas loin. Triboulet la considère, Margot elle se retient de pouffer de rire. On aime beaucoup forcer Triboulet à manger et boire des trucs gâtés pour le faire vomir. Il connaît la blague par cœur, mais ça nous fait rire à chaque fois.
Pourtant, cette fois, Triboulet a une lueur d’intelligence.

Il pose la tasse devant lui. Fait un grand sourire à Margot. Et il la prend à son propre piège :

« J’peux pas boère ça.
– Pourquoi pas, oh messire ?
– Beh parce que c’est p’têt empoisonné.
J’ai b’soin d’un échanson pour boère avant moi… Vas-y. »


Il pousse la tasse vers Margot. La fille à pantalon devient livide. Toute pâle.
J’éclate de rire de la voir ainsi déjouée par mon gueux.

« Hé c’est toi qui voulais faire l’homme d’armes ! Allez Margot, on boit ! »

Elle a clairement pas envie de le faire.

« Non, le fait pas… C’est pas drôle Triboulet, il faut pas faire boire de mauvais trucs aux filles. »

Margot mord à l’hameçon. Par fierté, elle attrape la tasse et en boit cul-sec une gorgée. La seconde d’après, elle a un mouvement d’écœurement. Elle rote. Triboulet ricane en se tapant les genoux.

« Ah c’est ben d’être un sire ! Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? »

Je réfléchis. Et j’ai une superbe idée :

« Eh bien, t’es un chevalier, alors on va aller au village faire un tournoi ! »

Margot se remettant de ses émotions, elle approuve mon plan.

Et donc, tous les trois, on est descendus dans les faubourgs. Margot a prit un bâton et ouvre la voix, pour servir de garde-du-corps à Triboulet. Le seigneur Triboulet marche fièrement, le museau relevé, tandis que je me courbe derrière lui pour soulever sa cape d’hermine comme s’il s’agissait d’une traîne gigantesque où il faut prendre gare qu’elle ne tombe pas au sol. Et on marche fièrement à travers le pavage des faubourgs, des habitations soumises au ban de mon père.
Il en est très fier de ce village. Il est grand et richement doté. Y a un gros moulin à vent et puis un lavoir domanial et puis un four seigneurial et puis d’autres trucs. Là on est en été et c’est le mois de la fenaison, donc plein de paysans sont pas chez eux parce qu’ils s’occupent des champs de papa – c’est des serfs donc la terre est à ma famille, et ils ne font que la louer en échange de taxes et de redevances. Ils travaillent très sérieusement et mon papa en est bien content. Mais c’est dommage parce que du coup y a que nous trois qui avons la tête à nous amuser. Les rares personnes que nous croisons sont toutes occupées à travailler – le meunier doit faire tourner son moulin, le forgeron il doit faire des fers à cheval pour les bêtes de somme qui poussent les charrettes, le menuisier il retape des essieux… Tous ceux que nous croisons sont bien souvent couverts de sueur sur leur front, et occupés à ne pas chômer. On essaye bien d’amuser la galerie, on en exige à quelques-uns pris au hasard de s’agenouiller devant le seigneur Triboulet en faisant plein de bruits, et ils obéissent, mais ils s’excusent bien vite en disant qu’ils doivent faire telle chose ou tel machin et nous demandent poliment s’ils peuvent retourner à leur ouvrage, car ils sont déjà bien en retard...


Qu’à cela ne tienne. Margot nous conduit tout au bout des faubourgs, nous le fait quitter, et, alors, on saute par-dessus une barrière qui délimite une sorte de prairie. Je préviens Margot qu’ici ce n’est pas la résidence d’un serf – c’est un alleutier qui vit là, c’est-à-dire un gueux qui a négocié un traité avec papy pour posséder son propre champ au lieu d’en être juste le locataire. C’est pour ça qu’il a foutu des barrières pour bien marquer ce qu’il possède. Margot s’en fiche – alleutier ou serf, ça reste un gueux, et le seigneur Triboulet il peut bien aller là où il le souhaite sans se faire arrêter.

On s’approche doucement d’une petite grange de l’alleutier. Dedans, on trouve un tas de porcs et de truies qui agitent leurs groins dans tous les sens pour renifler. Nos yeux pétillent à l’idée de la prochaine ânerie qu’on va faire.
On trouve un épouvantail qui traîne. Il est tout nu : Peut-être que les paysans du coin l’ont rentré du champ pour le repriser avant de le remettre à garder les semailles des corbeaux et de leur rapine. Triboulet trouve une grosse planche de bois qu’il dit être un bouclier. Puisqu’il est plus grand que nous, il nous aide à mettre l’épouvantail en place au milieu de la prairie. Et on lui dit quelle est la suite de notre plan.


Triboulet s’assoit sur la clôture d’un des box. Immédiatement, des cochons un peu curieux approchent leurs groins pour renifler ses bottes. Moi et Margot, on en profite pour passer un peu derrière et sauter dans leur enclos. On se salit en passant à travers la paille souillée. On se fait des signes pour essayer de prendre un des porcins à revers. On se jette en avant, en même temps, mais le porc est plus rapide que nous deux et nous esquive en grouinant toute sa peur. Margot trébuche et tombe dans la paille, moi je parviens à bien rester debout, ce qui me permet de me moquer d’elle. Triboulet nous siffle et nous ordonne de nous dépêcher.
On met un bordel pas possible dans la grange. Les porcs nous fuyant renversent des seaux, un porcelet se jette dans son propre abreuvoir. Finalement, on parvient, difficilement, à se saisir de l’un d’eux et de l’approcher de la clôture sur laquelle se tient Triboulet.

« Allez, vite, vite ! »

Margot remonte la barrière et l’escalade comme elle sait si bien escalader les arbres et les statues. Elle tend un grand bâton à Triboulet. Celui-ci se soulève, et se jette sur le porc que je maintiens en place en contrebas. Margot déverrouille l’enclos et en pousse la barrière…
...Et voilà que le chevalier Triboulet s’élance au-dehors, chevauchant fièrement et à cru un porc enragé qui court dans tous les sens en hurlant, entraînant avec lui toute sa famille ! Triboulet se retient d’une main en le tirant par l’oreille, soulève son bâton de l’autre comme si c’était une lance d’arçon ; Il tente de le diriger en lui criant dessus et en lui donnant des coups de pieds soit à gauche, soit à droite ! À pleine vitesse, il charge tout droit vers l’épouvantail qu’on a placé au milieu du champ :

« MOOOONTJOOOIIiiiiieeeeeeee ! »

Il brise l’épouvantail au passage. Mais le porc continue tout droit. Triboulet panique ; Il glisse sur le côté du cochon et se jette à terre dans une roulade. Le porc sprinte à toute vitesse. Il rentre net dans la barrière qui délimite le champ de l’alleutier et la défonce. Il court et s’échappe dans la nature comme s’il avait le feu aux fesses, tout droit vers les arbres de la réserve seigneuriale.
Margot et moi on se tord de rire. Triboulet se relève et nous fait de grands signes pour nous indiquer qu’il va bien. Il trotte vers nous, tout joyeux et tout sourire.

On entend un grand bruit derrière nous, et les traits du visage de Triboulet se muent en une expression d’horreur. Moi et Margot on se retourne, pour découvrir que le corps de ferme vient d’être ouvert par un homme qui l’a défoncé d’un coup de pied. Il traîne avec lui un très grand bâton ferré, une sorte de bec de corbin qu’il agite dans tous les sens. C’est un grand homme au nez rouge, et à la barbe sale, qui agite son arme en l’air, et voilà qu’il hurle comme un fou :

« Zêtes qui ?! Qu’est-ce vous foutez chez moi ?!!
J’vais vous corriger ! Par Taal, j’vais tellement vous corriger ! »


Je me retourne en levant les mains. J’ouvre ma bouche pour expliquer la situation, mais Margot panique ; Elle me pousse et me crie dessus :

« Courez, vite, vite !
– Faut qu’on s’sépare ! »

Triboulet nous fait signe de courir vers la grange, tandis que lui-même se penche à terre et ramasse une grosse motte de terre au sol. Il vise et la jette en plein dans le visage de l’alleutier, avant de lui faire un doigt d’honneur.
Enragé, le paysan décide de le poursuivre lui. Triboulet ne demande pas son reste et se casse à toute vitesse, ayant créé pour nous une héroïque diversion.

On retourne donc dans la grange maintenant vidée de ses porcins échappés. On regarde dans tous les sens. Margot me tire par la manche.

« Par là ! »

Elle trouve une brouette et un établi. Elle me demande de pousser une caisse et glisse dessous. On se cache tous les deux. Anxieux. On entend l’alleutier hurler comme un fou furieux au loin. On sait pas ce qu’il fait. On reste juste là, à attendre, tandis que Triboulet doit être en train de le faire courir et l’épuiser. Margot me chuchote de me taire, me dit qu’on s’enfuira dès qu’on cessera de l’entendre.
On l’entend plus. Par sécurité, on reste quand même planqués. Une minute. Deux minutes. Margot et moi on reste tout collés l’un contre l’autre.
On entend des bruits de pas. L’alleutier ressurgit. Il a la gueule couverte de terre, expire à toute vitesse. Il a les joues rougies par l’effort. Il regarde autour.
Il remarque quasiment immédiatement le bazar qu’on a laissé derrière nous en nous cachant. Il pointe le bec de corbin vers nous et commence à s’approcher :

« Là ! Bande de morveux… Sortez d’là ! »

Margot crie tandis qu’il s’approche lentement.
On entend d’autres bruits de pas. Et deux ombres qui s’approchent dans son dos. Une main se saisit de ses cheveux sales et le tire en arrière. Un couteau se place sous sa gorge, et une dague vers sa cuisse. Il tente de lutter mais aperçoit vite le métal qui scintille juste sous ses yeux. Il lâche son arme, tandis que deux paires de bras le tiennent solidement en place, et deux sourires aux dents jaunes l’encercle.

« Beh alors mon gars, t’as envie d’faire la connerie d’ta vie ?
– Remercie les sergents Gamet et Laurens, pass’que t’allais t’promettre à un destin des plus horribles.
– C’est… C’est deux…
– C’est la fillotte du sire Hubert d’Ternant.
– Et l’héritier du sire Armand d’Lyrie. »

L’expression de colère de l’alleutier se change en un air de peur panique. Il est comme foudroyé sur place. Ses doigts se mettent à trembloter.
Le grand Gamet le tiens bien en place. Le gros Laurens nous fait un grand sourire de derrière la brouette.

« V’nez donc là, les galopins, vous pouvez sortir. Y vous a pas fait d’mal j’espère ? »

Margot qui criait l’instant d’avant, prend une expression bien fière en sortant. Elle passe ses mains dans le dos, et dévisage l’alleutier tout tremblant des pieds à la tête.

« Il nous a menacés. »

Laurens se retourne avec un grand sourire. L’alleutier bouge la tête de gauche à droite, à toute vitesse.

« J’suis… J’suis désolé, j’savais pas ! C’est… C’est comme zêtes habillés, je… Je vous jure, par Shallya, j’pouvais pô savoir, je-
– Tout doux mon grand.
– J’vous jure, j’suis désolé, vous d’vez m’pardonner… Je… J’vous d’mande pardon- »

Gamet le lâche. Il se jette aussitôt à terre, les deux genoux au sol, le front dans la boue et la merde et la paille de la grange. Et il répète, mille fois encore, à quel point il est désolé.
Gamet lui donne une petite tape sur l’épaule, rassurante, et certainement très sarcastique. Gamet s’approche de nous et nous prend chacun par la main, pour nous diriger dehors. Laurens, dans notre dos, parle à l’alleutier :

« L’sire de Lyrie l’est très occupé ces quéques jours. Mais en fin d’semaine, t’viendras à son donjon pour t’expliquer. T’entends ?
– Oui… Oui j’entends, bon sergent, j’entends.
– Ta fille, l’est toujours pas mariée ? »

C’est une question étrange à poser, je trouve. L’alleutier semble pas trop comprendre non plus, parce qu’il lève les yeux. Il a soudain cessé de pleurer. Il a soudain cessé d’avoir peur. Il a l’air de défier Laurens du regard. Le sergent ne fait que sourire, les mains dans son dos, comme pour le provoquer.

« … Pourquoi ?
– T’as pas à savoir. Dis-moi juste.
– Non. Non elle est pô mariée.
– Alors t’l’amèneras avec toi pour t’expliquer d’vant l’seigneur. T’as menacé son gosse, tu lui diras c’que ça fait qu’il fasse la même chose avec la tienne. »

L’alleutier serre très très fort la boue sous ses mains. Au point où je vois ses veines trembler sous sa peau.
Mais Laurens se détourne juste de lui, et se dirige nonchalant vers la clôture.

« Bonne journée à toi. »

Gamet et Laurens nous escortent jusqu’à Triboulet. Il est dans un drôle d’état : Il est pieds-nus, portant une botte dans la main et cherchant l’autre en bougeant la tête dans tous les sens en cherchant l’autre ; Il les a probablement jetées pour mieux s’enfuir, trop grande qu’elles étaient pour ses pieds. Mais le voilà qui nous découvre, et il sautille en nous revoyant sains et saufs. Il fait un signe de tête aux deux sergents :

« Heureusement qu’z’étiez lô, tiens.
– Beh, qu’c’est not’ boulot, les galopins. On vous surveille toujours d’loin.
D’vez être fatigués d’vos conneries, vous rentrez au donjon ? »


Margot fait oui de la tête. Et ainsi, passant à travers la barrière toute défoncée, on retourne vers la route et vers le long chemin qui mène jusqu’à mon donjon, tous les trois tout fatigués d’avoir trop ris et trop joué.

« C’est très amusant le Jour de la Folie en fait.
– Oui, on devrait avoir cette fête en Bretonnie !
– Faut la rendre populaire, oui-da. »





Sur le chemin vers le donjon, nous sommes tous les trois dépassés par un chevalier qui trotte tout droit vers le pavage et ensuite vers l’enceinte. Il disparaît dans la petite foule de la basse-cour. En continuant notre chemin, on trouve les portes de la haute-cour grandes ouvertes. Gamet et Laurens nous abandonnent devant, et on retourne vers la statue de vouivre, en découvrant cet étrange chevalier qui est descendu de son cheval et qui attend devant. Curieux, on décide tous les trois de l’épier.

Les portes du château s’ouvrent, elles aussi. Mon papa et celui de Margot en descendent les marches, ayant apparemment terminé leur réunion. Ils sont tout bien habillés, avec pourpoints de velours et manteaux tailladés. Le chevalier à terre a lui un aspect bien plus rustre : Il est habillé presque comme un valet, c’est juste le fait qu’il ait du bleu et du blanc sur sa brigandine qui prouve qu’il ne peut pas être roturier. En voyant mon père, il pose un poing sur son cœur, et se courbe pour poser un genou à terre-
-et à mon grand étonnement, mon père accélère la cadence, et lui parle, même si à cette distance je ne comprends pas ce qu’il dit. Et là, papa fait quelque chose d’improbable, que je l'ai rarement vu faire :
Alors que le chevalier allait lui témoigner toute sa soumission en tombant devant lui, papa le relève, et le prend dans ses bras. Il le serre, de toutes ses forces, dans une franche accolade fraternelle. Il a un gai et joyeux sourire alors qu’il lui tapote la joue, puis il se tourne pour lui présenter un Hubert de Ternant tout sourire, qui tend sa main pour serrer celle du chevalier et ainsi faire connaissance avec lui.

Margot me regarde :

« Qui est-ce ? »

Je pivote ma tête pour la voir.

« Aucune idée, je l’ai jamais vu de ma vie.
– Ah bon ? »

Je plisse les sourcils pour m’assurer que je ne le reconnais vraiment pas. Papa a vraiment l’air très familier avec lui. C’est un grand bonhomme, moustachu, mal coiffé, bien musclé. Mais il me dit vraiment rien. Je hausse les épaules à nouveau.

« Eh bien ce n'est pas grave.
Sire Triboulet va se présenter ! »


Triboulet se retourne. Il a l’air paniqué.

« Nan. Vous êtes pô sérieuse m'dam'zelle.
– Pourquoi pas ?
– Beh… C’est qu’vos parents, ils… Beh…
– Enfin Triboulet, c’est juste une blague, ça les fera rire !
– Puis c’est nos pères, c’est notre idée à tous les deux, pas la tienne.
– Tout à fait. On leur dira ça s’ils se mettent en colère.
– On a rigolé toute la journée, puis tu nous as sauvé face à ce sale paysan ; tu peux bien te permettre ça ! »

Triboulet hésite. Il mord sa lèvre. Agite la tête.
Il a des raisons de se méfier. Nos parents c’est des nobles. Ils risquent plus de se mettre en colère que de trouver la blague drôle. Mais mon papa, c’est vrai qu’il est… Il est bizarre. Il y a des choses qui devraient l’enrager qui pourtant le font rire, et à l’inverse, de vraies plaisanteries qui, pour une raison quelconque, le mettent en rogne. C’est jamais trop certain avec lui.

Puis, finalement, il sourit en nous regardant. Et il se lève, remet en place ma cape d’hermine, et, jouant le même rôle qu’il a joué toute la journée dans les faubourgs, il va tout droit vers les trois adultes. On le suit derrière, en ricanant déjà de la tête de nos pères.


On avance dans le dos de mon père. Papa donne une tape à celui du père de Margot, et il s’exclame en désignant le chevalier :

« Il fait le modeste, mais je te jure que c’est un putain de monstre. Y a pas meilleur bretteur que lui dans tout le duché.
– Armand ne fait jamais de compliments sans qu’ils ne soient fondés, sire paladin. Vous vous êtes battu au Moussillon ?
– J’y ai achevé mon errance. Mais ce n’est pas aussi impressionnant que monseigneur, lui est allé en Albion.
– Conneries ! Et arrête de me donner du monseigneur, bordel…
Hubert, t’as besoin de quelqu’un pour régler ton emmerde, c’est le gars qu’il te faut, il- »


Le chevalier se détourne de mon père, ce qui l’oblige à se taire. Il s’approche tout droit de Triboulet qui est juste là. Le grand chevalier le regarde des pieds à la tête, puis, se présente :

« Bonjour, damoiseau. Mon nom est Quentyn de Beauziac. Je suis venu ici pour- »

Il se tait tandis que la main de mon père se pose sur son épaule. Il la serre de toutes ses forces, faisant craqueler le cuir de ses gants. Il dépasse le chevalier, et regarde tour à tour Triboulet qui fait un pas en arrière. Puis Margot qui est couverte de boue. Puis moi avec sa chemise qui me descend jusqu’aux chevilles. Hubert de Ternant vient se placer à ses côtés, et les yeux du père de Margot s’écarquillent en découvrant ça.
Une sorte de silence pesant tente de régner. Margot est hilare. Elle rit, mais en voyant son père sidéré sur place, elle cesse soudain ses ricanements pour n’arborer qu’une grimace malaisée.

« C’est le souffre-douleur de mon fils. C’est lui, mon fils. »

Le dénommé Quentyn de Beauziac a un hoquet sympathique, il croit à une blague – c’est bien ce que c’est, une blague.

« Je suis pas sûr de comprendre la plaisanterie !
– Oh moi non plus », répond papa bien plus froidement.

Papa s’approche de Triboulet. Mon paysan a deux autres pas de recul. Il lève les mains en l’air.

« C’est l’jour d’la folie- »

Papa lui attrape la gorge et lui fait une balayette pour le jeter à terre.

« C’est l’jour d’la folie messire ! »

Je fais un pas en avant et me prépare à crier pour m’expliquer – mais Margot est plus rapide que moi. Elle sprinte et va dans les jambes de mon père pour l’empêcher de frapper un Triboulet qui se recroqueville en boule sur lui-même.

« Messire, c’était mon idée !
– Margot ! Crie son père alors que le mien cesse son mouvement pour la regarder.
– Il y est pour rien, c’est moi qui lui ait dit ! Je l’ai forcé ! C’est moi qui aie pris vos vêtements messire, je-
– MARGOT FERME-LA ! »

Mon père rouvre son poing et recule. Hubert s’élance devant lui et pointe sa fille du doigt.

« Rends-toi compte. Tu humilies ta lignée, toute ta lignée, en te comportant ainsi...
– C’était une blague, père ! C’était juste un jeu !
– Je t’ai dit de te taire !
Monte, monte voir ta mère, immédiatement. C’est une affaire d’hommes. Je m’occupe de toi tout de suite après. »


Le comte de Lyrie se redresse, et pose ses mains dans le dos. Il laisse Margot défier son père du regard.
Mais finalement, elle se résigne. Elle monte les marches du donjon et disparaît. Hubert de Ternant paraît alors affreusement gêné.
Les trois adultes m’observent alors, tous les trois. Papa fait un pas en avant. Il a l’air pensif. Circonspect. Puis, finalement, il me regarde droit dans les yeux.

« Armand, je t’ai déjà parlé des lois somptuaires. Il y a des choses licites, et d’autres illicites, dans ce pays. Et elles sont essentielles. Sais-tu pourquoi je mets des roseaux sur nos tapis de velours ? Pourquoi on mange dans une vaisselle en argent et pas dans un autre métal ?
– C’était juste une plaisanterie, père.
– Ce n’est pas une excuse suffisante, Armand. Tu ne comprends pas ce à quoi tu touches. »

Il s’agenouille. Il me tire par le collet, et me fait presque trébucher en me ramenant violemment vers lui. Il désigne alors Triboulet du doigt.

« Il est ignoble – tu sais ce que ça veut dire ce mot ? Ig-noble. »

Il me pose alors le doigt sur mon cœur, qu’il serre de toutes ses forces, au point de me faire mal.

« Je t’ai transmis quelque chose. Mon prénom. Mon blason. Mon sang. Tu fais partie d’une race, d’une généalogie. Tu es le dépositaire de traditions et d’œuvres millénaires. Tu n’es rien devant.
Et pourtant, tu es effroyablement humain. Comme lui. Tu te débats ? Je te fais mal lorsque je t’attrape par le poignet, n’est-ce pas ?

– Oui !
– Parce que t’es qu’un homme. Un homme avec toute ta chair, et toute ta trouille, et toute ta faiblesse. Mais le souci c’est que ceux comme lui, là, l’ignoble, le roturier, ils ne doivent jamais le savoir.
Tu sais les autres pays du monde nous prennent pour des gens étranges ? À cause de nos vêtements, nos usages, nos coutumes qui réglementent absolument tout ? C’est qu’ils se rendent pas compte. Armand, regarde-le. »


Il me tire vers lui et me force à observer Triboulet, tout tremblant au sol.

« Ces gens-là ne t’aimeront jamais. Ils n’aiment jamais les nobles. Même le plus pur et le plus noble des chevaliers du Graal, ils ne l’aiment pas, c’est un mensonge, c’est une connerie qu’on met dans les chansons de geste pour justifier le moment où toute la foule applaudit un paladin héroïque. Tu ne seras jamais ami avec l’un d’eux. Ils ne seront jamais vraiment tes confidents, ou tes frères.
Tu ne peux inspirer que deux choses chez les roturiers, que deux sentiments, seulement deux, tu m’écoutes ? T’as le choix : Tu peux inspirer leur mépris, ou leur terreur.
Tu vaudras toujours mieux qu’eux. Tu seras plus grand, plus éduqué, plus beau, plus fort. Et pour ça ils te jalouseront. Ils jalouseront tes biens, ton sang, tout ce que tu es et que tu deviendras. Et la seule chose que tu peux faire pour contrebalancer ce mépris, c’est les terroriser. Leur rappeler leur rang. Les obliger à faire des courbettes. À porter des vêtements et pas d’autres.
Tu sais ce qu’il ferait, ton Triboulet, le jour où il cesserait d’avoir peur de moi ?
Il t’égorgerait dans ton sommeil. »


Je regarde le visage terrifié de Triboulet. Les larmes sur ses joues.
Je refuse d’y croire. Comment Triboulet pourrait me vouloir du mal ?
Je hoche la tête de gauche à droite, comme simple refus du discours de mon père. Je sens son regard lourd qui pèse sur moi.

Hubert de Ternant fait un pas en avant. Il dessine un sourire forcé sur son visage. Et il dégage sa gorge.

« Erf… Armand…
Est-ce qu’il y a vraiment besoin de ça ? C’est bon, ce sont des gosses, les gosses ça fait des conneries, on en faisait bien quand on avait leur âge ! On a qu’à demander à leurs mères de leur faire copier des lignes, et les priver de dessert, ça les calmera. Pas besoin d’en faire toute une dispute philosophique non plus ! »


Papa me lâche. Lentement, avec flegme, il se relève. Il se tourne, et s’approche de Hubert à pas feutrés. Comme un loup. Il le regarde droit dans les yeux. Alors, le sourire forcé du papa de Margot disparaît.

« Hubert… Tu sais que je t’aime ? Tu sais que je t’aime. Tu es comme un frère pour moi. »

Papa passe une main sur sa joue. Et c’est impressionnant comment il ne lâche pas son regard. Comme s’il…
Comme s’il l’hypnotisait.

« Alors s’il te plaît, pour notre fraternité…
Ne t’avise plus, jamais, de me contredire, devant mon fils. Certainement pas devant l’un de mes vassaux. Certainement pas devant mon propre donjon. »


Hubert est figé. Un petit moment.
Puis, il sourit à nouveau.

« Bien sûr que non, Armand… Je… Je suis désolé, je ne le pensais pas à mal. »

Papa lui sourit en retour, et le lâche. Il passe ses mains dans son dos. Claque sa langue contre son palais.
Puis, reprenant un ton débonnaire et agréable, il reprend :

« Non, en vrai tu as raison Hubert, je ne devrais pas t’ennuyer à voir ça…
Dis, pourquoi tu n’amènerais pas Quentyn dans le petit salon ? Tu n’as qu’à ouvrir une petite bouteille de Mauriac, vous feriez connaissance et tu parlerais de ton problème !
Je n’en ai pas pour longtemps, juste le temps pour moi de me changer. »


Hubert approuve d’un hochement de tête, et fait signe à l’étrange chevalier qui a regardé toute la scène silencieusement, afin qu’il le suive.

« Bien sûr Armand ! Venez donc, sire paladin. Vous connaissez déjà le château, non ? C’est que je ne vous avais jamais vu, et-
– Plus tellement, vous me rafraîchirez la mémoire. »

Sire Quentyn me regarde tout en marchant, avec insistance. Il ne cesse de croiser mon regard que pour monter les escaliers qui le mène à la grande porte. Et voilà qu’ils disparaissent pour me laisser seul avec mon père.
Sitôt qu’ils sont entrés, papa cesse de paraître impassible et détendu. Tout vivement, il se penche pour attraper la main de Triboulet. Il le traîne au sol et le force à se relever, uniquement pour le balancer plus loin et lui désigner une voie en levant le doigt.

« Aux écuries ! Magne-toi ! »

Je le suis en courant. J’attrape le pantalon de mon père pour le tirer.

« Papa, le puni pas, il y est pour rien on l’a obligé, et- »

Papa se retourne en levant sa main. Il me gifle pour me faire taire. Je sens toute ma joue marquée, après une grosse claque. Je demeure tout droit, sur mes pattes, et je lève mes yeux, choqué.
Un petit instant, papa semble lui aussi outré par ce qu’il vient de faire. Mais il secoue vite sa tête et il reprend, avec une voix à la fois douce et en colère, un mélange bizarre. Pas naturel.

« Je dois punir quelqu’un Armand. Qui dois-je punir ? Margot ? Tu me dis que tout est de la faute de Margot, comme elle s’est impliquée elle-même ? Je dois dire à son père qu’elle ne peut plus jamais venir ici ?
– Non ! Je réponds.
– Alors c’est la faute aux sergents Gamet et Laurens ? C’est eux qui devaient vous surveiller, ils ont vu que vous faisiez des conneries et vous ont pas empêché, donc c’est logique qu’ils doivent payer ! Tu veux que je les fasse venir pour qu’ils s’expliquent ?
– Non…
– Alors qui, Armand ? Qui ?
Toi ? »


Je baisse mes yeux. La claque m’a fait atrocement mal.

« Mais te punir toi c’est punir lui. C’est pour ça qu’il existe. C’est son rôle, c’est sa fonction. C’est un souffre-douleur.
À moins que… À moins que tu veuilles souffrir à sa place ? Tu sais, tu n’as qu’à me le dire. C’est ce que tu veux ? »


Je ne lève pas les yeux.

« Armand, c’est ce que tu veux ? »

Je ne lui réponds pas. Je n’ai pas le courage de lui répondre.

« C’est ce que je pensais. »

Il déboucle sa ceinture. Il la retire de son pantalon. Il en noue le cuir autour de son gant. Il fait un nœud puissant. Puis, il se retourne vers Triboulet, qui maintenant se met à trembler comme une feuille.

« Viens avec moi dans l’écurie, Armand.
Je veux que tu comprennes la faute que tu as commise. »


Triboulet se résigne. Il entre dans l’écurie. Il retire la cape en hermine que je lui aie prêtée. Retire le pourpoint de mon père avec lequel il s’est habillé. Son dos est couvert de cicatrices. De marques qui lui lacèrent le dos.
Et papa va lui en donner de nouvelles.





Il faisait nuit dehors. Il pleuvait un peu. Les gouttes tombaient en petits ricochets sur ma fenêtre. Je me souviens que j’avais du mal à dormir. Mais pas à cause de la pluie – ça c’est un bruit qui détend. À cause de la musique en bas. Père avait invité du monde. Et ils ricanaient en bas, plutôt braillards, lui et ses vassaux, et ses chevaliers et ses sergents.
Pour avoir volé les affaires de mon père et avoir joué au gueux, j’avais été enfermé dans ma chambre, comme Margot dans celle des invités. J’étais… En colère, et frustré. Enroulé sous mes draps, je regardais la pluie plutôt que d’essayer de dormir. J’avais tenté de m’occuper en ouvrant un livre à la lueur d’une bougie – moins pour le récit en lui-même que pour les images. Galérand et Joanna, un chevalier Aquitainois des Croisades qui devait parcourir tout un pays ravagé par les Arabéens du Sultan Jaffar pour aller sauver sa belle Estalienne prisonnière de la ville de Magritta… Les enluminures étaient magnifiques. Le cheval de Galérand avait l’air si réaliste. Les Arabéens, une gigantesque horde exotique de milliers de guerriers, avaient été dessinés presque comme des gobelins, avec de grandes dents qui dépassaient de leurs lèvres et des nez tordus et grossiers au milieu du front. Il y avait une éclipse dans le ciel. Ils étaient donc baignés dans l’obscurité, les Mamelouks d’Arabie, tandis que la tour dans laquelle Joanna pleurait en chantant l’amour qu’elle éprouvait pour le Bretonnien était baignée dans une lueur divine.

Je rêvassais un peu d’être Galérand. Je n’avais que ça à faire. C’était mon échappatoire. Ce n’était pas la première fois que j’étais enfermé dans ma chambre. J’y ai passé mon enfance, presque enfermé. Paraît-il que je tombais souvent malade.

Lentement, la porte de ma chambre s’est mise à grincer. J’ai eu un petit sursaut, et mon ventre s’était noué. Une ombre s’est faufilée à l’intérieur. J’ai eu peur – j’ai cru sur l’instant qu’il pouvait s’agir de mon père. Mais l’ombre portait une robe, et j’ai reconnu ma mère.
Je me suis redressé, alors elle parut surprise en retour. Et avec une petite voix, chuchotante, elle s’est assurée, inquiète :

« Armand ? Tu ne dors pas ?
– Non. »

Elle refermait la porte derrière moi. Même dans le noir, elle arrivait à voir le petit chevalier en bois que j’avais laissé traîner par terre, et le reposait dans une boîte avec ses compagnons. Elle vint s’asseoir à côté de moi, et borda mon lit.

« J’ai parlé aux sergents Gamet et Laurens. Ils m’ont dit… Comment le paysan t’as poursuivi. »

J’essayais de distinguer son visage, dans le noir. Lorsque mon père était remonté avec moi dans le château, il avait expliqué à ma mère comment j’avais fauté, et il lui avait ordonné de me punir. C’est ainsi qu’elle m’avait ordonné de m’enfermer dans ma chambre.
Mais là, elle ne me paraissait pas en colère. Tout au contraire. Il me semblait qu’elle souriait.
Mais je restais silencieux, car je pensais qu’elle me disait ça comme un reproche.

« Tu aurais dû commencer par dire ça à ton père, plutôt que de chercher à défendre ton gueux. Il aurait dirigé sa colère ailleurs que sur toi.
Armand, il aurait pu t’arriver quelque chose de grave ! Ne te mets plus jamais en danger comme ça, l’apprendre de la bouche de Laurens, ça m’a terrifié… »


Je regardais au sol.

« Je suis désolé, j’ai… J’ai pris peur…
– Tu ne faisais que jouer. Ton père n’aurait pas dû se mettre en colère comme ça, sans même savoir s’il t’était arrivé quelque chose.
Il te présentera ses excuses. Je lui dirai ce que Laurens m’a dit. Et je le forcerai à te présenter des excuses. Tu verras. »


Elle disait ça d’un air résolu. Dur. Aussi dur que lorsque père avait remis le seigneur de Ternant en place.
Elle approcha sa main pour caresser ma joue. Et avec une petite voix, elle demandait :

« Est-ce qu’il t’a giflé ? »

Les larmes me montaient aux yeux. Alors, j’approuvais en hochant simplement de la tête.
Ma mère m’attrapait dans ses bras, et me serrait de toutes ses forces, en embrassant le sommet de mon crâne.

« Mon trésor… Il n’aurait pas dû… C’est… C’est ma faute, j’aurais dû être là, j’aurais…
Tu n’as rien fait de mal mon trésor. Tu m’entends ? Ton père…
Ton père qui préfère boire comme un trou et chanter des chants paillards au lieu de s’occuper de toi… De ta sécurité…

– Je vais bien maman.
– Oui tu vas bien, mais je m’en veux, mon trésor. »

Elle posait ses deux mains sur mes joues, et apposait ses lèvres aux miennes. Elle embrassait son enfant avec passion. Langoureusement.

« Ton père présentera tes excuses, oui. Je t’aime mon trésor, plus que quoi que ce soit d’autre dans tout cet univers. »

Et il les présenta bien, des excuses. J’ai su pourquoi il avait l’air aussi terrifié après m’avoir collé une gifle – il savait que son fils ne lui appartenait pas totalement. Il savait que son fils avait une place spéciale dans ce domaine. Et comment pouvait-il lutter contre ? Ça le mettait mal à l’aise. Mais il commettait déjà tant de crimes. Tant de fautes. Comment pouvait-il en vouloir à son épouse ? Il ne pouvait que faire comme s’il ne comprenait pas, quand bien même il avait été bien assez perspicace et clairvoyant pour tout deviner dès la première nuit.

Le jour de la folie, les nobles et les paysans, les riches et les pauvres, les prêtres et les hérétiques échangent de place, et ils font régner ce que Ranald avait ordonné – la folie insane.

Et Anne de Lanneray était folle. Alors, il y a des nuits, où les maris et les fils échangeaient leurs rôles.
Fiche : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_armand_de_lyrie
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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Johannes La Flèche
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Re: [Événement temporaire] Le Jour de Folie (2020)

Message par Johannes La Flèche »

"Hey Elohim, du musst jetzt aufwachen!"

Cette simple phrase fit sortir le bandit d'un sommeil pourtant profond et inconscient. Il pouvait désormais, alors qu'il sortait du royaume de Morr, ressentir de nouveau son corps et son esprit. Toutefois ce n'était pas un réveil normal: quelque chose embrumait ses pensées, les rendant incohérentes et désarticulées, tandis que tous ses muscles étaient fortement engourdis, presque tétanisés, comme s'il venait de sortir d'une longue hibernation. Le hors-la-loi était à peine conscient de ce qui entourait.

"Gehen! Pionierarbeit beendet! Steh auf, ohne herumzuspielen!"

C'est en entendant ces bruits répétitifs et de plus en plus bruyants que le renégat, dans un grand effort, finit par ouvrir ses yeux, pour les plisser de suite aprés. En cette fin de matinée, même les quelques rayons de soleil qui parvenaient à traverser la canopée des bois arrivaient à l'aveugler. Et ce son, ce bruit qui résonnait dans ses oreilles commençait sérieusement à le déranger. Le rôdeur voulu alors parler à son tour, ne serait-ce que pour dire à cette personne de se taire. Mais de sa bouche pâteuse ne sortit qu'une petite voix au son désarticulé et unique, un peu plus et il commencerait à baver. Toutefois dans sa tentative lamentable de communiquer, il constata également qu'une haleine fétide se dégageait de sa bouche: une odeur qui mélangeait bière et viande grillée....mais c'était surtout l'alcool qui dominait en fait.

"Scheiße, aber wirst du deinen Arsch bewegen oder ?!"

Se sentant soudainement concerné par ce qui était en train d'être crié, sentant une certaine menace, le malandrin se releva aussi vite que possible. En fait, étant à peine réveillé, il mit plusieurs secondes pour arriver à tenir péniblement sur ses jambes; sa tête baissée en avant et ses bras tenus devant son visage.

"Qu'ech....qu'ech'qui a p'tain." finit-il par prononcer d'une voix enrouée.

Il voulu faire un pas en avant, mais à la place il commença à tituber sur plusieurs mètres, la vision floue. Ses mains cherchant désepérément une surface sur laquelle s'appuyer tandis qu'un étrange mal faisait irruption au niveau de son ventre, ne tardant pas à remonter vers sa tête et sa gorge.
Il fini par voir un tronc d'arbre sur lequel poser ses mains, mais son esprit à moitié conscient et à moitié embrumé ne fut pas capable de soliciter son corps pour réussir ce geste pourtant simple. A la place, il se prit les pieds dans les racines de l'arbre et tomba au sol, se retrouvant à quatre pattes, sur ses genoux et ses mains. D'un seul coup, ne pouvant plus contenir tout ce qui s'accumulait dans sa gorge et sa bouche, le hors-la-loi dégueula tout ce qu'il avait ingurgité la veille. Entre deux vomissements, il put reprendre un peu son souffle et entendre quelqu'un qui s'approchait de lui.

"Ach! Enfin! Y en a ki ze réfeillent!"

Ce fut la dernière chose qu'entendit Johannes avant de subitement ressentir une sorte de liquide glacé qui se déversait sur lui. Cela eut l'effet d'un électrochoc sur le malandrin, qui devint soudainement plus éveillé et sobre, reprenant rapidement la possession de tout ses moyens. Aprés avoir expiré un grand coup et secoué sa tête pour essayer de sécher ses cheveux, le renégat finit par se relever, correctement cette fois-ci, distinguant devant lui un homme aussi grand que lui, le crâne rasé et large d'épaule, un sceau dans ses mains, vêtu un peu comme Johannes, comme un bandit, un rictus amusé fendant son visage aux traits angulaires; la seule chose pouvant rivaliser avec la largeur de son sourire étant un grosse moustache noire tombante, si caractéristique des impériaux.

"Guten tag Elohim! Alors? On a eu une mauffaisse descente? le rôdeur mit quelques secondes à comprendre ce que disait son interlocuteur, mais sa pratique du reikspiel lui revint petit à petit.

-Ah....T'parles d'hier soir Helmut? répondit-il en se grattant la tête avant de remettre sa capuche.

-Bien zûr que ffoui! Tu t'en zouviens pas? T'as été lé premier à ttomber raide. Ha! répliqua le chef de bande avec un accent typiquement impérial. Ach. Quand faut attaker les confois, là t'es prézent. Mais quand faut ténir la bièrr des nains y a plus perzonne! Conclua-t'il sur un ton amusé tout en donnant une tape franche dans le dos de Johannes.

-Ouais ouais, c'est ça. prononça le bandit sur un ton blasé. Mais....c'te fête là....Pourquoi qu't'as voulu qu'on la fasse? Nan parc'que.... marquant une pause, le hors-la-loi plissa les yeux et réfléchit. C'est vrai ça, pourquoi la bande de malandrins avait organisé une fête? Mais que faisait-il ici d'ailleurs, dans l'Empire, avec d'autres de ses semblables? Qu'est-ce qu'il leur avait encore raconté pour pouvoir s'intégrer dans cette bande? Johannes tenta de s'en souvenir....

Houlà.

On se calme un peu.

Beaucoup trop d'efforts à demander pour son cerveau, à peine sortit de l'ébriété et réveillé uniquement depuis quelques secondes.

-Eh ppien, za ze foit ké t'es un ausländer. Tu n'é konné pas lé Verrückter Tag? reprit alors Helmut, tirant Johannes de sa réflexion.

-Qu...Que quoi? Le Vérrouqutère Tague? C'quoi ça?

-Ach? Lé Chour dé Folie. Z'est une fête pien à nous, dans lé Reich, on fête Ranalt auchourd'hui. Z'est pour za qu'on z'est pourré la gueule hièrr. Pour fêter za koi.

Pour toute réponse, il ne put voir qu'une expression interrogative sur le visage du malandrin.

Ah scheiße! Arrêtes dé té pozer des keztions et fiens nouss'aider à démonter lé kamp." Conclua le chef de bande tout en désignant du doigt le campement du groupe, où s'activaient déjà quelques hommes. Certains commençant à ranger les quelques affaires qu'ils possédaient tandis que d'autres essayaient, en donnant de petits coups de pieds dans les épaules ou le dos, de réveiller leurs camarades encore assoupis et embrumés par l'alcool; comme l'était Johannes quelques instants plus tôt.


Des toiles tendues entre les branches d'arbres, de petites huttes faites de branchages, des peaux de bêtes servant de couchage; et au centre de tout cela, un petite cercle de pierre abritant des débris de branches carbonisées. Voilà en quoi consistait le campement des malandrins: tout était temporaire, rien n'était prévu pour durer. A la moindre alerte, à la moindre attaque de chasseurs de prime, d'hommes-bêtes, d'orques en maraude ou pire encore, tout pouvait être attrapé ou abandonné pour s'enfuir sous le couvert des bois. C'est qu'il faut être vigilant et savoir réagir rapidement quant on est un bandit, sous peine de se faire dévorer ou tuer par les sombres créatures de la forêt....ou bien par les forces de l'ordre....
Avec de telles habitudes et une fois tout le monde réveillé, le camp fut démonté en cinq minutes. Une fois ceci accompli, toute la bande se rassembla en un demi-cercle autour d'Helmut; ce dernier prenant la parole avec une voix portante:

"Pon les gars. Fous lé safez, c'est Verrückter Tag auchourd'hui. Et ché penze qué z'est une pelle occaz' pour aller fers la zivilizazzion. Komme za on pourra ékouler tout lé putin grapillé zette zaizon. Donk cé k'on fa faire, on fa aller à Diesdorf pour ezzayer dé sé fondre dans la masse. Et....on férra zé k'on fera zur pplace. Verstanden?"

Tous approuvèrent la décision du chef de bande, que ce soit par un "Jawoll" ou par un hochement de tête comme dans le cas de Johannes.
Ainsi donc, la bande de manlandrins, forte d'une vingtaine d'hommes, abandonna les lieux et commença à progresser sur les pistes et les petits sentiers forestiers. Aprés une traversée des sous-bois étonnamment calme, les bandits quittèrent la pénombre et les frondaisons de la Reikwald pour rejoindre une véritable route en terre battue menant au bourg de Diesdorf.
Aprés quelques heures de marche, au début de l'aprés-midi, les murs et les toitures de la bourgade pouvaient être vus à l'horizon. Au fur et à mesure qu'ils se rapprochent de l'entrée, le chef Helmut, en avant de la bande, commence à cacher ses armes sous sa pélerine rapiécée; il en va de même pour les malandrins qui le suivent, chacun dissimulant du mieux qu'il peut son épée courte, son gourdin ou sa dague sous ses loques. Johannes quant à lui, ne pouvant pas cacher son arc, se contente de le mettre en bandoullière et vérifie que son capuchon et son foulard masquent bien son visage. Dans le pire des cas, il se fera passer pour un chasseur.
Au final, c'est un groupe d'hommes, aux vêtement quelques peu misérables et aux visages patibulaires ou à moité masqués, qui finit par se présenter devant les portes de Diesdorf. Face à eux se trouvent cinq hommes: un sergent assez âgé étant sur son trente-et-un, avec une armure ornée, bien polie et entretenue, dirigeait quatre autres personnes plus jeunes; ces dernières étant vêtues comme des civils, et malgré une confiance pouvant se lire sur leurs visages, ne semblent pas vraiment à l'aise avec les les épées, les lances et les boucliers qu'elles portent. Probablement un sergent à la retraite encadrant des citoyens volontaires pour remplacer le guet, qui disposait d'une permission lors des jours de fête.

-"Halt herren! Ki êtes fous et qué féné fous faire à Diesdorf? entama l'ancien sous-officier d'une voix plutôt forte pour son âge.
Avant même qu'on ne lui réponde, le sergent jaugea du regard le groupe, puis fronça les sourcils en constatant l'absence de femme ou d'enfant dans la petite troupe, ce qui ne lui donnait pas vraiment une allure pacifique....

Fous n'êtes pas dé payzans à cé qué ché fois.... poursuivit-il sur un ton professionnel.

Aie, ce fonctionnaire un peu trop zélé menaçait de faire capoter la tentative des bandits de rentrer en ville. Comprenant un peu et tentant d'anticiper ce qui allait se passer; Johannes, malgré sa nature taciturne, commença à se faufiler entre ses "camarades", se dirigeant vers la tête du groupe où un Helmut, ayant plus l'habitude de se servir de ses armes plutôt que de sa langue, hésitait sur ce qu'il fallait dire.

-Ach. Mais....Pien zûr qué nein mein Herr, nous né zommes pas des payzans.... répondit le chef de bande.

-On est d'z'aventuriers maÏne hère, même qu'on est v'nus ici pour....pour le....Aller, Le Jour de Folie là. reprit le renégat, se tenant désormais aux côtés d'Helmut et ayant retiré partiellement son foulard pour parler.

-Ah....le Verrückter Tag. Mais fous êtes prétonnien fous? K'è zé ké fous faites là? Dans lé Reich? répliqua le sergent tout en plissant des yeux, ayant distingué l'accent du hors-la-loi.

-En pien, herr. Za zuffis pas? Komme on fient dé dire, on est dez'afenturiers. On fient à Diesdorf pour le Verrückter Tag. Kant au prétonnien dit Helmut tout en tournant la tête vers Johannes Nous l'afons troufé à la frontière dé zon pays, il nouss'akkompagne dépuis zé temps là. Conclua le chef de bande en regardant de nouveau l'ancien sous-officier. Ce dernier considérant désormais la bande d'un oeil un peu moins méfiant.

-Hhmm....Aller, z'est pon. Fous poufez rentrer. Pienfenue à Diesdorf." Acheva-t'il tout en faisant à ses hommes d'ouvrir le passage et d'ouvrir les portes.


Dés qu'ils pénétrèrent à l'intérieur de la bourgade, les truands ne purent que constater la cohue qui régnait dans les rues. Dans une ambiance festive et presque fraternelle, les gens se bousculaient, se saluaient et s'interpellaient en riant. Deux mots reviennent constamment dans toutes les bouches: "Ranald" et "Jour de Folie".
Helmut, Johannes, et le reste de la bande sont désorientés, voire presque appeurés. Eux qui vivent depuis longtemps sous les frondaisons de la Reikwald, n'en sortant que pour attaquer et piller les voyageurs, se retrouvent d'un coup mêlés au reste de l'Humanité: des hommes, des femmes et des enfants, pacifiques, confiants et quasiment sans défense....
A la base, les bandits étaient venus à Diesdorf pour profiter du Jour de Folie et dépenser tout leur butin mal acquis en cette occasion. Mais à chaque pas effectué dans les rues en fête, décorées de lampions et de banderoles, une autre tentation refait surface et supplante peu à peu la surprise du début. Voler de l'argent, ou même tout ce qui peut aider à survivre dans la forêt, dérober ce qui brille et couper les bourses sont les seuls savoir-faire de la plupart des malandrins; et ces derniers ont là, tout autour d'eux, de la volaille prête à être plumée. Oh oui. La tentation est grande et Helmut commence à le comprendre. Alors il finit par se retourner pour s'adresser à sa bande sur un ton assez bas mais ferme:

"Pon, k'on zoit klair. On n'est pas izi pour foutre lé pordel. Ranalt nouz'a zourit à l'entrée, mais faudrait pas trop lé tenter non plus. On est là pour zé fondre dans la masse. Donk z'il y en a qui feulent tenter leurs chanzes, fous fous zéparez du groupe et fous fous démmerdez pour pas fous faire prendre. Kant'auz'autres qui restent afec moi ché fous préfiens, lé prémier qué ché fois faire une konnérie ché lui koupe lé nez et léz'oreilles. On zé rétroufe izi démain, même endroit, à l'aube, pour zé kasser dé là et rétourner dans la Reikwald. Komprit?" Prononça-t'il tout jaugeant ses hommes du regard, attendant de leur part une approbation qui ne tarda pas à venir.

Si la majorité des bandits resta aux côtés d'Helmut, certaint prirent la liberté de se séparer du groupe pour arpenter à leur guise les rues de Diesdorf. Johannes fut de ceux-là. Et c'est ainsi qu'il vagabonda dans les allées et les venelles de la bourgade, rasant les murs ou se faufilant à travers la foule joyeuse et fétarde. Pouvant apercevoir ici et là des personnes aux vêtements étrangement bariolés, remontant la rue à la queue leu-leu et chantant à tue-tête une chanson populaire dont il n'arrivait pas à saisir les paroles au milieu de ce brouahaha. Plus loin, il voit alors tout un tas de gens agglutinés autour d'une personne portant plusieurs masques étranges, les changeant au gré de son petit spectacle. S'attardant brièvement sur cette attraction, le renégat remarque que l'homme, avec une maladresse comique et volontaire, semble parodier et imiter les comportements de diverses classes sociales; et visiblement son public doit deviner quels stéréotypes il incarne, des spéculations et des exclamations s'échappant à chaque fois de la foule. Détournant son regard, le hors-la-loi continue d'errer dans la ville.
Où qu'il aille, il croise des bourgeois arborant des masques à la mode tiléenne, des vêtements de marque élégants et aux couleurs chatoyantes, mais n'ayant pas les manières des aristocrates. Des prolétaires qui se sont confectionnés des costumes faits de toutes pièces pour l'occasion. Ou encore des nobles vêtus de manière simple et sobre: le plus souvent avec des gilets en cuir, des braies en laine et des capes volontairement abîmés, voir déchirés en certains endroits pour essayer de paraître miséreux. Mais leur éducation et leur attitude maniérée finissent par les rattraper; aprés deux secondes passées à tous les observer, le hors-la-loi peut aisément deviner leur véritable "nature".
Mais il y a aussi des sourires, des rires, des confettis qui pleuvent du haut des fenêtres, et plus généralement, qu'ils soient de la roture, de la bourgeoisie ou de la noblesse, des gens à moitié ivres qui imitent et se prennent pour ceux qu'ils ne sont pas.


A vrai dire, s'il y a bien une seule personne dans toute cette ville dont l'esprit n'est pas à la fête, c'est Johannes. Le rôdeur erre dans les rues, animé par une sorte de vague à l'âme; il est présent....mais en même temps il n'est pas là, tel un fantôme que l'on ne remarque pas, ou bien qu'on ignore aprés qu'il vous ait adressé un regard austère et presque intimidant. Même au milieu de toute cette foule, le renégat arrive à se sentir seul -ce qui ne lui arrive que trés rarement, habitué qu'il est à la solitude- et étranger à ceux qui l'entourent. Car en vérité, peut-être qu'au milieu de tout ces gens, le malandrin est le seul qui ne se fait pas d'illusion, même comique, sur ce qu'il est.

Un bretonnien dans l'Empire. Un étranger qui ne connait pas le pays dans lequel il est et ne comprend pas vraiment ses habitants, ce qu'ils font, ou même le dieu qu'ils fêtent.

Il faut dire en même temps que jusque là, Johannes n'avait guère eu l'occasion de faire la connaissance de Ranald. Ayant grandit en Bretonnie, nation où le culte de ce dieu est réprimé dés que faire ce peut, dans une famille de paysans se voulant travailleurs et honnêtes, le rôdeur avait donc bien plus entendu parler de la Dame du Lac, de Taal et Rhya ou bien de Shallya. Il savait juste vaguement que c'était le dieu des marchands et des voleurs.

Toutefois aprés plusieurs minutes de vagabondage, en proie à l'ennui et à l'envie de retourner dans les bois, voire à un début de déprime, le malandrin finit tout de même par se resaisir. Aprés tout, il était venu à Diesdorf pour prendre du bon temps et dépenser les quelques couronnes qu'il avait accumulé durant toute une saison de pillages. C'est donc avec un esprit plus léger et un peu plus déterminer à s'amuser que le rôdeur s'en alla vers la place centrale de la bourgade.
C'est alors qu'en chemin, la tentation de voler quelque chose revint dans sa tête. Et Johannes n'y résista pas bien longtemps, ne serait-ce que pour tromper son ennui. Aprés tout, c'était le Jour de Folie n'est-ce pas? Voyons-voir si ce fameux Ranald est vraiment le dieu des voleurs....
Ainsi, il ne tarde pas à repérer un objet à chaparder, ledit objet étant un panier de fruit placé sur un tonneau, juste à côté d'un petit groupe de gens regardant deux types visiblement éméchés et montés sur les épaules de deux autres personnes, semblant livrer une grossière parodie de tournois de chevalerie, chacun essayant de pousser et déséquilibrer son adversaire pour le faire tomber. M'enfin, là n'était pas le sujet, car la faim et l'envie pressaient le malandrin de voler ces fruits. Croisant les doigts de sa main gauche et avec un soupçon d'excitation, le hors-la-loi s'approcha et prit le panier dans son autre main d'une manière tout à fait normale, comme s'il avait toujours été le propriétaire de ces fruits. Inutile de dire que ça marche, ni vu ni connu Johannes part de l'endroit et se retrouve désormais à croquer dans une pomme tout en arpentant, avec une certaine satisfaction, les rues de Diesdorf.

Et qui vole un oeuf est forcément tenté de voler un boeuf. Aprés avoir recraché le dernier pépin d'une grappe de raisins, le rôdeur se dit qu'il peut du coup voler les bourses de quelques badauds distraits, avec un peu de chance et un coup de pouce de Ranald ça doit passer. C'est donc en tenant "son" panier à fruits dans une main que le renégat cherche une nouvelle victime dans les allées du bourg, et il finit par en trouver une, visiblement captivée par un des innombrables spectacles de rue présents en cette journée. Passant derrière elle, croisant de nouveau les doigts avec cette fois-ci un frisson lui parcourant tout le corps, le bandit délie le fil de laine qui retient la bourse à son propriétaire. Quand d'un coup il se retrouve bousculé vers l'avant par un mouvement de foule, heurtant malencontreusement l'homme à qui il est en train de voler.

"Eh! F'gaffe où qu'tu vas mon gars! lance le rôdeur dans une tentative de distraction.

-Dé....Mais dé koi tu parle? répliqua la personne qui lui fait face, cette dernière se rendant compte que Johannes a une main sur sa bourse. Aie, il faut improviser et vite. Oh toi mon zalop tu vas...."

Il n'a pas le temps de terminer sa phrase que le bandit, dans un geste brusque, lui balance le panier de fruits dans sa face; lui arrachant sa bourse et commençant à courir le plus vite possible pour lui échapper. Zigzaguant à travers les badaux et plongeant au coeur de la foule pour essayer de se fondre dans la masse.

"Ach! Au foleur!"

Son cri se perd dans dans le brouhaha de l'avenue remplie de monde, alors il tente de poursuivre Johannes du mieux qu'il peut. Mais au bout de quelques mètres, il finit par perdre sa trace, ne rencontrant que des gens au regard étonné. Dommage que dans sa précipitation il n'ait pas été trés attentif. Car s'il aurait porté son regard vers les ruelles adjacentes à l'avenue qu'il venait de dépasser, cet homme aurait pu voir une silhouette encapuchonnée qui jetait fréquement des coups d'oeil par-dessus son épaule, puis soupesant ensuite la bourse qu'il avait acquis.
Cependant, le rôdeur voulait faire désormais profil bas, car ce serait une bien mauvaise chose d'attirer l'attention des forces de l'ordre pour quelques pistoles d'argent. Ayant ainsi l'intention de disparaître de la circulation, le renégat arpente les venelles du centre-ville de Diesdorf, se fiant aux enseignes situées au-dessus des bâtiments à colombage et aux toitures d'ardoise pour trouver une petite taverne où il pourrait se poser et boire un coup. Et bien sûr il finit par en trouver une rapidement, et en pousse la porte d'entrée.

Pour ceux qui veulent:
Alors qu'il pénètre à l'intérieur de l'estaminet, Johannes se retrouve plongé dans une atmosphère enfumée et un peu obscure. Seuls de petits halos orangés, émis par les torches et le foyer de la pièce, font office de sources de lumière. Petit à petit ses yeux s'habituent à cet environnement, tandis que des notes de musique parviennent à ses oreilles. Ainsi, il parvient à distinguer un peu la pièce dans laquelle il se trouve. Partout dans la salle se trouvent des tablées, certaines remplies par plusieurs personnes, d'autres étant tout simplement vides.
Contrairement à ce que l'on pourrait s'attendre, l'ambiance n'était pas particulièrement bruyante. Quelques personnes assises en cercle autour du foyer discutaient tout en fumant leurs pipes. Mais la majorité des clients parlaient à voix basse ou écoutaient la musique. Ainsi l'atmosphère était plutôt calme, comparé aux son tumultueux qui était produit par la cohue se pressant dans la ruelle, au dehors de l'établissement. Ensuite, le rôdeur aperçoit face à lui un comptoir: basiquement une longue planche de bois supportée par plusieurs tonneaux, un tavernier en train de nettoyer des godets en bois se trouvant derrière le tout. A côté de ce comptoir se trouvait une petite estrade sur laquelle se tenaient les bardes jouant leur musique; celle-ci suivant un rythme tantôt lent, tantôt rapide, mais toujours un peu entraînant, les notes produites par leurs divers instrument trouvant le moyen de s'accorder en toute circonstance. On ne pouvait dire si les musiciens s'inpiraient de l'ambiance déjà existante dans la taverne, ou bien en créaient carrément une avec leur musique.
Mais ces réflexions ne risquent d'intéresser que les amateurs de musique, et il se trouve que le malandrin n'en est pas un. Ainsi, il se dirige vers le comptoir et le tavernier finit par le remarquer:

"Pienfenue mein herr, qué puis-che pour fous? entama-t'il.

-Ben z'auriez pas une bolée d'cidre? Ou du vin? A ces mots là, le tavernier commence à froncer les sourcils.

-Koi? Du zidre? Dé la finazze? Ekoutez, on est dans lé Reich izi, pas en Prétonnie. Ché peux fous zervir dé l'eau ou notre bièrr lokale , mais zé zera tout. répliqua-t'il au bandit, ce dernier se contentant d'hausser les épaules.

-Bon....Ben va pour d'la....

-Allons allons tavernier, donnez-nous deux chopes de votre meilleure bière à notre ami et moi. C'est moi qui régale! interrompit une voix avec un bretonnien persque sans accent, provenant d'une des tables à côté du comptoir. Le tavernier, aprés quelques secondes passées à observer l'homme, hocha de la tête dans sa direction et s'en alla dans l'arrière-boutique pour chercher un tonneau. Johannes se retourna alors pour regarder celui qui s'était invité dans la discution.

Face à lui se trouvait pourtant un homme au faiciès typiquement impérial: la peau pâle, une tignasse dorée, un visage anguleux ainsi qu'une moustache et un bouc blonds encadrant une bouche arborant un sourire confiant et insouciant. Pourtant son attitude décontractée contrastait avec les vêtements qu'il portait sur lui: un doublet possédant une broderie aux motifs complexes ainsi qu'une culotte verte, en soie et bouffante, lui descendant jusqu'aux genoux; des chausses blanches achevant de recouvrir le reste de ses jambes jusqu'aux chaussures.

-Mais qu'è's'tu causes bretonnien toi? lui demanda le rôdeur tout en plissant ses yeux.

-Eh bien mon cher, j'ai appris votre langue car je me rends souvent dans votre contrée. Mais qu'importe, j'en oublie ma politesse, mon nom est Marius. Et vous? Allez, ne soyez pas timide comme ça venez vous asseoir, je vous invite! Je cherche un partenaire de jeu. dit-il tout en affichant un air jovial.

-Bah....Moi c'est Pierre. répondit le bandit. Une certaine curiosité côtoyant désormais la méfiance qu'il avait envers cet homme. Aprés un court instant d'hésitation, il finit par s'avancer pour s'attabler en face de Marius. Et t'veux qu'on joue ensemble hein? questionna Johannes avec une pointe d'intérêt dans sa voix alors que le tavernier passait devant leur table pour leur servir les bières, avant de retourner au comptoir.

-Eh bien c'est cela oui. Il ne vous aura pas échappé qu'aujourd'hui c'est le Jour de Folie. Alors je ne compte pas déroger à la règle, je veux honorer Ranald comme il se doit. Et quoi de mieux pour célébrer le dieu de la Chance que de jouer au dés? prononça-t'il tout en sortant de son doublon une paire de dés. Et il fallait dire que ces deux petits cubes étaient plutôt spéciaux, possédant des surfaces couleur or sur lesquelles étaient incrustées de petits éclats de pierre bleue et polie indiquant les chiffres. Alors? Tenterez-vous votre chance auprés de Ranald mon ami?

Aprés que Johannes lui ait adressé un hochement de tête avec un petit sourire sur son visage, Marius sortit alors d'un coup de sa manche une carte de jeu. Quant il la posa sur le rebord de la table, le rôdeur put voir qu'un X stylisé était dessiné sur cette carte.

-Je vous demande juste de poser une pièce sur dix de vos paris sur cette carte, c'est pour le Patron.

-Y a pas de soucis. Bon on commence? s'exprima le malandrin avec un soupçon d'excitation alors qu'il posait et ouvrait sur la table la bourse qu'il avait volé il y a peu. J'parie quinze pistoles sur un doub' trois.

-Trés bien, dix couronnes pour ma part sur un double six.

Juste avant que les dés ne soient jetés, chacun se mit à invoquer Ranald à sa manière. Si Johannes lui fit une petite demande silencieuse tout en croisant les doigts, Marius quant à lui, sortit de son doublon une amulette ayant la forme d'une main dont l'index et le majeur étaient croisés, il la porta au niveau de ses lèvres.

Tout de suite aprés, les dés furent lancés. Un petit frisson parourant l'échine du renégat alors qu'il les voyait rouler puis se stabiliser. Pour finir par donner un double six.

-Héhé. Il est avec moi. prononça Marius alors qu'il ramassait tout l'argent et plaçait sa pièce sur la carte.

-Ouais ouais....T'as juste eu d'la chatte. répliqua le hors-la-loi alors qu'il posait lui aussi une pièce sur cette fameuse carte. Aller, j'mets vingt pistoles sur trois et quatre.

-Bien, toujours dix couronnes sur cinq et deux.

De nouveau, Ranald fut invoqué, à nouveau, les dés furent lancés, Johannes étant pris d'une excitation larvée alors qu'il les regardait parcourir la table avant de se figer. Pour afficher un et six.

-Houlà, égalité. Rien pour personne. Mais je serais vous je poserais quand même une pièce. fit Marius d'un air étonné.

-Pas d'soucis. On garde les mêmes sommes pour la suite non? En tout cas j'mise sur double quatre.

-Bien, je penche pour ma part sur un trois et un cinq.

Et le même cycle se répéta, malgré tout le rôdeur ne perdit pas une miette de ce qui se passait et sur ce que les dés affichaient: un trois et un cinq.

Raah la poisse. se marmonna Johannes.

-Et bien, j'en connais un qui trouve cette partie trés intéressante. prononça Marius sur ton ironique.

-Fais pas l'malin comme ça. Ranald va t'faire perdre t'vas rien piger à c'qui t'arrive. En attendant j'pose dix-huit pistoles sur double cinq.

La roue de la Chance est juste avec moi vous savez. déclara son interlocuteur avec un grand sourire. Mais qui sait? Peut-être que je gagnerai à nouveau en misant quinze couronnes sur un et trois.


Et c'est ainsi que Johannes passa le reste de la journée dans cette taverne, à jouer aux jeux de hasard, frôlant la ruine et la fortune à chaque jet de dés, à chaque pile ou face, à chaque jeu de cartes; faisant preuve d'une audace qui ne se révélait pas toujours payante, mais qui, au moment où il gagnait, lui arrachait une grimace jubilatoire sur son visage. Peu importait qu'il gagne ou qu'il perde, le démon du jeu s'était emparé de lui et il savourait chaque moment passé à parier avec Marius, qui était en réalité un prêtre de Ranald sous couverture et qui, lui aussi, fut grandement amusé de la situation, ayant enfin trouvé un joueur à sa hauteur.
Ainsi les choses se passent-elles lors du Jour de Folie: les bandits marchent aux côtés d'honnêtes citoyens, les roturiers jouent avec les aristocrates insouciants, et même les solitaires sérieux arrivent à se transformer en joueurs grégaires et passionnés.

Pourtant, ce n'est pas ce jour là qui compte, c'est son lendemain....
Modifié en dernier par Johannes La Flèche le 30 août 2020, 20:53, modifié 5 fois.
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Re: [Événement temporaire] Le Jour de Folie (2020)

Message par Alicia »

La jungle, terrible jungle, était désormais derrière lui. Il avait quitté les meurtrières canopées, remplies de prédateurs mortels et impitoyables, pour ce réfugier dans ce vieux temple à la gloire de quelques divinité oubliée, aujourd'hui lieu d'offrandes diverses pour les créatures misérables qui peuplaient encore ses alentours. Ces primitifs qui le chassaient ne devraient normalement pas songer à venir le chasser jusque là, leurs absurdes interdits religieux leur interdisant, peuplade barbare et arriérée qu'ils étaient, de passer trop de temps en ces lieux sacrés. Il était donc sauf. D'eux.
Mais restait la bête.

Celle ci parcourait les allées de ces lieux austères. Certes, moult trésors se cachaient dans les coins et recoins des caves et couloirs des lieux.... Et également un mal terrible. Un mal qui ne dormait jamais. Dont il aurait à se défaire, s'il voulait passer la journée en paix, plutôt que pourchassé. Sa survie propre passait par la mort de cette créature terrible....

Il attendait celle ci, en embuscade, silencieux et sans mouvement, depuis déjà plusieurs heures. Hors de question de laisser celle ci le remarquer, ni de tomber entre les mains de ses innombrables ennemis impitoyables au dehors. Qu'il vienne à se faire capturer, et c'en était complètement fini de lui. La fuite n'était pas une option.
Ainsi était il ici, à attendre en embuscade la bête, tout en faisant de son mieux pour rester caché, et ne pas tomber entre leurs griffes.

Soudainement, il repéra un endroit dans la pénombre, où une masse un peu plus grise que l'ombre projetée par les piliers se mouvait lentement. En plissant de ses yeux, sa vision adaptée à la pénombre des lieux, il distingua enfin la terrible chose qui hantait cette place.
Des yeux gros comme des poings, rouges comme des rubis, trahissant la vile nature de la chose, et sa soif de sang jamais satisfaite. Une gueule béante, assez grande pour avaler d'un coup sa tête. Un nez, assez développé pour capturer toute odeur étrangère à ces lieux, mais hélas insuffisante pour le percer à jour, lui qui s'était roulé dans la terre, la boue et la poussière pour échapper à son odorat. Ses pattes géantes, capables de poursuivre une proie sur des lieux et des lieux. Une queue puissante, pouvant abattre les barricades placées sur son passage. Un poil noir de ténèbres, lui conférant une grande discrétion dans ces lieux constamment bercés de ténèbres, mais également assez épaisse pour repousser la plupart des coups portés.
Mais ce n'était pas le pire. Oh non. Cette créature était dotée de l'arme la plus puissante de toutes. L'intellect. Elle n'était pas ces créatures grosses et imposantes mais maladroites qui le poursuivaient. Non. Celle ci pouvait faire preuve de réflexions. Elle pouvait réfléchir, penser et établir des plans. C'était quelque chose de bien supérieur à la ruse. Ainsi évitait elle les pièges des lieux. Elle ne se nourrissait pas du poison dissimulé dans des mets placés là pour mettre fin à ses jours. Elle ne sautait pas non plus sur les appâts placés là. Ni ne tombait dans les stratagèmes qu'il avait auparavant mis en place.

Un digne adversaire, tout à fait à sa mesure. Car cela restait une bête. Une bête qui succomberait néanmoins à son étreinte. Par le passé, il avait essayé de lui ouvrir la gorge de ses lames. En vain. Il lui était nécessaire de prendre cette chose, cette proie, au sérieux. Il ne pouvait se permettre de jouer avec elle.

En embuscade, pas repéré par la proie, rôles inversés, il attendait patiemment dans l'ombre que celle ci lui tourne le dos....

Maintenant !

Bondissant de l'alcove, il se jeta tête en avant sur le monstre, usant de ses lames pour viser les yeux, non protégés par le pelage de la terrible bête, sombre incarnation de la pestilence et des ténèbres. Se cramponnant sur son dos, sans jamais laisser celle ci le décrocher malgré les coups de queue ou les chocs avec les murs, il parvint à fatiguer la créature jusqu'à l'épuisement, rendant celle ci aveugle et immobile, exténuée par les efforts et encore plus affaiblie par le saignement sur son visage. Une glorieuse victoire pour le chasseur, qui n'avait eut qu'à se mettre en embuscade, viser les yeux et se cramponner sur le dos de la bête, à l'aide de ses lames mortelles.
Le devoir sanglant enfin accomplit, il lui restait à traiter convenablement cet adversaire rusé et dangereux. Hors de question de laisser son corps là, à pourrir jusqu'à ce que quelques parasites viennent rafler le prix de son combat.

Tout occupé qu'il était à éventrer le cadavre de la bête pour la vider des boyaux, à moitié aveuglé par le sang de l'ennemi qui lui coulait sur le visage, il n'eut hélas pas le temps de réagir lorsqu'il fut soudainement saisit par les côtes par de froides mains impitoyables, sans égard pour sa personne.
Il était prit. Ces inférieurs lancés à sa poursuite, malgré leur impotence et manque de discrétion, étaient parvenues à le retrouver et, occupé qu'il était, à s'emparer de lui lorsqu'il était le plus vulnérable. Malédictions !!! Déjà ces misérables choses se mettaient à meugler leur succès dans sa capture, le tirant et enferrant dans leurs solides bras pour le livrer à quelque sombre sort. Malgré ses lames, malgré ses coups, son adresse, il ne pouvait échapper à leur étreinte sauvage et il désespérait de voir le jour à nouveau....




Eh ben Touki ! On t'a cherchées partout tu sais !? Et puis c'est quoi ce gros truc moche entre tes pattes là ? Un rat ? Beurk. Allez arrête de gigoter. On est déjà en retard.

Donnant une claque sur la tête du pauvre animal déjà bien malmené, une complice en rajoutait une couche.

C'est comme ça qu'il faut le calmer. Les mots doux ça marche pas. Une bonne claque sur le museau et ça suffit pour qu'il arrête de grogner.

Oui. C'est aussi pour ça qu'il arrête pas de crotter sous ton lit. T'es pas assez douce avec lui. Allez vient. La mère nous attend.

Un chat bien grognon entre les bras, les deux fillettes traversèrent l'orphelinat, coupèrent en passant par le jardin, puis coururent jusqu'à la basilique de Sigmar, où le reste de l'établissement les attendait. Les préparatifs étaient presque terminés et les invités déjà présents. On leur avait fabriqués quelques couronnes de fleurs et préparés un repas correct, tandis que la chorale entonnait quelques chants. Mais il manquait l'empereur pour annoncer le début des festivités. Le bon Franz se devait en effet de donner, depuis son trône, le signal pour le début de la fête.

Le long d'une table où se trouvaient des messieurs certes très souriants mais pas pour autant très beaux, et parfois avec des mains abimées et recouvertes de cicatrices - c'étaient les représentants des guildes, et un officier de la milice, Alicia les reconnaissait puisque parfois des pensionnaires de chez eux leurs étaient envoyés après quelques visites - étaient assis le long d'une table, tandis qu'à tout au bout de celle ci se trouvait une grosse chaise avec des dorures en cuivre et un gros coussin rembourré de plumes où devait s'assoir la personne la plus importante de la fête. En l’occurrence l'Empereur Karl Franz Ier, dit aussi Touki.

Confiant le chat à la mère supérieure, un peu fâchée qu'elles aient été longues, celle ci passa un savon aux jeunes fillettes sur la préséance et le fait d'être à l'heure, avant de leur intimer de rejoindre la chorale.

Chaque année c'est la même chose, il se planque toujours dans un coin le méchant....

Touki Karl Franz Ier enfin assis sur le trône, lançant un gros MIAW menaçant à l'adresse de la tablée, les griffes s'accrochant au bois de la table avant de se rétracter sous le regard noir de la mère supérieure, prit le temps de renifler l'assiette en face de lui où se trouvait une tête de poisson bouilli, et se mis à manger celle ci. C'était le signal, et aussitôt la chorale cessa, les gamins pouvant se mettre à manger, et les adultes discuter, boire et plaisanter entre eux, sous le regard attentif et toujours sur ses gardes de "l'Empereur" de Touki Ier, qui n'en perdait pas une miette, près à griffer le premier essayant de lui piquer son poisson.

C'était un jour de folie dans l'orphelinat de Meissen. Une plutôt belle journée, où les enfants s'amusaient en courant partout, les artisans s'amusant en se faisant passer pour de grands seigneurs et Touki Ier du nom, le grand et puissant matou du quartier, gardien du sacro-saint grenier, parés d'atours lourds, ceint d'une couronne de bois qui ne tenait pas bien longtemps sur ses oreilles, honorait ces barbares arriérés de sa présence plus ou moins volontaire...
Alicia, voie du répurgateur

L'innocence n'existe pas il n'y a que des degrés de culpabilités

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Ici la dernière aventure de la déchue.... Eldorado !

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Alekzan Gievlevitch
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Re: [Événement temporaire] Le Jour de Folie (2020)

Message par Alekzan Gievlevitch »

Cela faisait des heures qu'il déambulait au hasard dans les beaux quartiers. "La Ville Haute" que ça s'appelait. C'était assez haut placé, en effet. Et ça ressemblait vraiment à une ville : les pavés partout, les murs brun-gris qui pâlissaient lorsqu'on levait le regard au ciel, les toits colorés, ... C'est sûr que cela changeait beaucoup des histoires de Mama. En plus, aujourd'hui, personne ne l'avait arrêté aux abords du quartier-blanc - c'était comme ça que l'on appelait les demeures étincelantes autour du Temple de Dazh. Et puisque personne ne l'avait bousculé depuis, il n'avait eu aucun problème jusque-là. Bon, il était loin du quartier-blanc, mais ça, ce n'était pas important.

Soudain, quelqu'un ne s'était pas écarté du chemin. Le choc les ébranla dans leur course respective, amenant chacun à jurer en grognant. En levant le nez à l'opposé du dallage, il fut stupéfait d'une chose : comment avait-il pu se faire renverser par quelqu'un d'aussi frêle ?

Image


- " Eh bien, c'est quoi ton nom, mioche ? T'as un renard dans la panse pour avancer comme ça ?

- " Alekzan, et c'est toi-vous qui m'avez renversé d'abord !"

Il n'arrivait pas à jauger la richesse de l'individu, mais vu la pâleur des environs et de son visage, il avait tenté de le vouvoyer. En se précipitant pour répondre, il avait donc... prononcé les deux. L'homme frêle s'épousseta brièvement, visiblement peu enclin à nettoyer son habit, se dardant simplement d'un trait sur le visage.

- "Dis-moi, Zan, ça te dirait de faire la course ? J'ai des amis qui m'attendent plus loin, alors on pourra voir qui est plus rapide, et qui donc a renversé l'autre. Ca te va ? "

- "Da, mais qui sont vos amis ? Des gens d'ici ?"

L'homme ne répondit que d'un hochement de tête avant de se jeter dans la pente pavée qui menait jusqu'à l'avenue principale.

Après quelques brassées, Alekzan enrageait autant qu'il admirait l'individu qui le devançait : là où ses propres pas étaient poussifs, durs, et même douloureux à travers les épais sabots confectionnés par Mama, le blondin semblait fureter avec trop d'aisance, quel que soit l'obstacle à venir - Non, en fait, par moments, on aurait dit qu'il trichait, comme s'il ne touchait plus le sol, ou qu'il volait. Oui, ce ne pouvait être que cela : il volait.

Une fois en bas, la masse populaire empêchait toute progression, ce qui amena simplement l'homme à se retourner vers son poursuivant essoufflé.

- "Ca te va si on s'arrête ? Maintenant excuse-toi, mioche.

- "Pfff-Pourquoi ? Vous êtes qui ? Tch.... Vous ... Ffff... Vous avez attrapé un дух ветра ?"

La réplique honnête n'amena qu'un rire aussi chaud qu'inattendu. Tout en jetant un regard vers l'avenue dévalée, il jeta son manteau sur Alekzan.

- "Tu peux m'appeler Syni, ou Vlad. Et malheureusement, je n'ai pas d'esprit avec moi. Enfin bref, tu ne vois rien d'ici, non ? Attends, on sera mieux là. Viens."

Une fois assis sur ces tonneaux agglutinés, Zan et "Syni" étaient aux premières loges pour observer ce qui amenait tant de monde à stagner dans l'avenue principale. Au loin, les reflets lumineux et les claquements de fouets annonçaient la venue d'un cortège - ou d'un individu extrêmement important.

- " Qui est l'homme qui vient ? C'est un de vos amis ?

- Oui, en quelque sorte. On ne se connaît pas beaucoup, mais je vais chez lui de temps en temps... Attends, tu ne sais pas qui vient aujourd'hui ? ... T'as quel âge, mioche ?

- J'ai... Je finirai ma 3e urtza au prochain printemps. "

Un silence s'installa pendant quelques secondes, laissant juste le temps pour que le cortège se distingue.

- "La grande toque que tu vois au-devant, sur le лошадь blanc, c'est Konstantin Vorontsov. C'est le prince d'Erengrad, et un peu aussi des alentours. C'est pour ça qu'on l'appelle le Knyaz. Il va conclure sa ... 12e urtza ? Tiens, descend et lance-lui ceci. Je devais lui rendre depuis quelque temps."

- " Un prince ? Mais il connaît donc le Tsar ? Et c'est votre ami ?! "

L'émerveillement du jeune ungol fut certainement très perceptible, vu l'intonation de la réponse, et la grimace qui survint au visage de Siny.

- " Oui, oui, oui. Ils se connaissent, mais le Knyaz n'est pas un homme très obéissant. Si tu veux mon avis, ils seraient bien mieux l'un sans l'autre, mais toutes ces histoires coûtent cher. Allez, va lui rendre ça. Et n'essaye pas de te perdre dans la foule, sinon je te retrouve, et je te bouscule pour de vrai cette fois."

La poche qu'il venait de jeter était, après un curieux regard, pleine de pièces en bois. Des pièces rondes, rectangulaires, gravées ou tordues, mais toutes avaient un visage ou un symbole particulier - tantôt des couronnes, tantôt des têtes auréolées, des marteaux, des calices, etc.

Au début, Zan avait voulu jeter la poche en une fois, mais la peur de se ridiculiser une deuxième fois et de devoir s'excuser auprès de ce Siny l'amena à une autre solution : vider la poche, et lancer le contenu comme une poignée de cendres. Il avait vu Mama le faire une dizaine de fois, alors pourquoi pas lui. Vu l'agitation, il avait sans doute touché sa cible, et quelques autres alentours. Et vu le tohu-bohu, il n'avait pas été le seul à "rendre la monnaie". Mais quoiqu'il en fût, Syni lui faisait déjà signe de venir, tout en s'élançant ventre-à-terre vers le Port.

À nouveau à l'arrêt, Vlad reprit la conversation de manière nonchalante :
- " Alors ? Qu'est-ce qu'il en dit ? Je crois que ça lui a plu, n-!

- " Vladimir Sinyuliana ? "

La femme qui venait de faire irruption avait presque piétiné Alekzan en s'interposant sur leur chemin. Une femme grande, droite, sèche de visage comme de ton, entièrement vêtue de noir. La vue d'un tel spécimen - et surtout la réputation qui précédait de tels individus - stupéfia l'ungol, au point de le faire reculer avant d'être foudroyé par l'intruse.

- "C'est bien possible, je suis un de ses amis, pourquoi ?"

- Seriez-vous au courant des agissements de certains Voroskoi Mir ?

- Oui, tout à fait.

- Seriez-vous donc un Vor ?

- En effet. Oui, je suis un vor. "

L'accolade qui suivit n'avait pas vraiment de sens, surtout vu les accusations émises, mais elle survint quand même.

Syni se retourna et s'accroupit entièrement à coté de Zangief, avant de lui dire très sérieusement :

- " Bon, mioche, tu vois bien que j'ai d'autres amis qui m'attendent. Tiens, pour ton service. C'est une pièce du Tsar, mais ne le dit à personne. Maintenant dégage, et va jouer. La journée n'est pas finie, profite !"

Agrippé, retourné, le derrière botté, Alekzan était de nouveau seul dans les rues, bien que cette fois, il vagabondait près des marchés et des longues avancées de la Baie, parmi les tumultes du triomphe et des farandoles. En fait, une seule chose avait changé : désormais, il avait une pièce... Et pas n'importe laquelle, une pièce métallique frappée de l'ours rugissant du Tsarat ! Après moult tentatives pour la mâcher, il en conclut que c'était une vraie pièce en or. Et malgré toutes ses tentatives, il n'arrivait pas à comprendre pourquoi celle-ci était marquée d'une croix.[/align]
Alekzan "Zangief" Gievlevitch
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Re: [Événement temporaire] Le Jour de Folie (2020)

Message par [MJ] Ombre de la Mort »

Xp attribué, merci à vous :)
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