[Katarina] Antonlied

Nuln est la seconde ville de l’Empire et du Reikland. Nuln centralise tout le commerce du sud, c’est là que convergent les voyageurs du Wissenland, du Stirland, d’Averland et des régions plus à l’est. Nuln est le siège de l’Ecole Impériale d’Artillerie, où les canons sont fondus et où les artilleurs apprennent la balistique. Ils y étudient les nombreux problèmes pratiques liés au déplacement et à la mise en œuvre des pièces d’artillerie. Grâce à leurs efforts, l’Empire bénéficie d’un vaste et efficace corps d’artillerie, de loin supérieur à tous ceux des pays frontaliers.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

À l’approbation de Katarina, Reikhard se pencha à moitié sur elle pour se faire voir du barman. Ce n’était pas facile : les deux rangées entières du bar étaient remplies de monde attendant leur dose comme lui. Il lui fallut attendre bien une demi-minute pour qu’une jeune fille travaillant derrière le remarque et s’approche — il leva deux doigts, cria juste « Schnaps ! » pour se faire entendre au-dessus de la musique, et alors celle-ci sortit deux verres qu’elle remplit sur le comptoir. Les pièces en cuivre posées, l’Ulricain tendit son verre à la rousse, trinqua, et but le tout cul-sec.

Il eut du mal à s’en remettre. Les larmes lui montaient aux yeux et il commença à devenir tout rouge. Mais il souriait, quand bien même il toussotait un peu. Le même rituel était attendu de la dame Gildenspiegel…

Le poison écorcha sa gorge, et endormit sa langue. Elle aussi se mit un peu à pleurer, alors que ça réchauffait franchement son abdomen. Mais pour une raison inexplicable, elle ne pouvait s’empêcher de sourire. Ce n’était pas juste un verre qui allait la rendre sèche, mais quand on était angoissée et impressionnée, ça faisait un bien fou…

Alors qu’elle parlait de la table à côté, Reikhard arbora à nouveau un de ses sourires goguenards.

« Pourquoi un jour ?! Pourquoi pas maintenant ?! À chaque partie ils réinitialisent le pot, vous pouvez vous asseoir, jouer deux minutes et repartir ! »

C’était vrai, mais c’était aussi la grande arnaque pour attirer tous les joueurs du monde. « Allez, jeune une », on abattait les cartes, on gagnait, « Allez, la revanche », on gagnait encore, « Zut alors, j’ai de la veine, on continue », puis on perdait, alors, « bon faut se rembourser »…
…On ne voyait pas l’heure passer, et au final en fin de soirée on était toujours à défier les chevaliers et les princes encartés. Son frère l’avait déjà abandonnée dans ses soirées, à répéter qu’il « finissait juste une partie » pour au final ne pas décrocher de la table et y demeurer des heures durant, ce qui était bien infernal quand elle avait envie de rentrer…
…Mais là, c’est Reikhard qui lui proposait de prendre la place de son frère, et de diriger comme elle voulait sa fortune et le diable de Ranald.

« Le combat que je veux vous faire voir est censé débuter d’ici un quart ou une demi-heure — en attendant, si vous ne voulez pas jouer, est-ce qu’on peut danser ?! »

Et, prêt à l’embarquer dans un traquenard comme tous les jeunes hommes de la Terre, le voilà qui se penchait à nouveau vers le bar pour indiquer « deux » avec ses doigts à la serveuse, qui revenait avec la bouteille de schnaps.
Résistance à l’alcool : 11, léger échec, pas de symptômes pour l’instant à part que Katarina a la gorge brûlante et un sourire aux lèvres.
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Katarina von Gildenspiegel
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Re: [Katarina] Antonlied

Message par Katarina von Gildenspiegel »

Katarina prit une grande inspiration, sentant encore la brûlure du schnaps dans sa gorge. Elle essuya discrètement une larme au coin de l'œil, puis tourna son regard vers la table de jeu, un sourire malicieux aux lèvres.

"Vous savez quoi, Reikhard ? Vous avez raison." Elle se redressa, ajusta sa tenue. "Pourquoi attendre ? Autant voir si la chance me sourit ce soir."

Elle lança un clin d'œil amusé à son compagnon avant de jeter un dernier coup d'œil à la table où les cartes changeaient de mains rapidement. "Allons voir si la chance est avec moi."

Katarina se leva avec élégance, son verre en main, et s’avança vers la table de jeu, ses yeux scintillant d’un mélange de curiosité et de malice. Elle attendit que la partie en cours se termine. Le vieux monsieur aux cheveux blancs, visiblement contrarié, ramassa brusquement ses pièces et s’éloigna en maugréant, laissant une place libre. Katarina saisit l’opportunité, s’assit gracieusement et observa les quatre autres joueurs, un sourire en coin.
Elle fixa d’abord le jeune homme qui mélangeait les cartes, un Strigany à la peau hâlée, couvert de piercings, incarnant à merveille tous les clichés qu’elle connaissait sur ce peuple nomade. Elle garda un œil méfiant sur lui, s’attendant à une ruse ou un tour de passe-passe à tout moment.
À sa droite, un colosse moustachu, impeccablement habillé, arborait un tatouage au cou. Katarina fronça légèrement les sourcils. Un ex-mercenaire des Maraudeurs de Trott, pensa-t-elle. Leur réputation brutale et violente n’était plus à faire, mais elle le salua d’un léger hochement de tête.
À sa gauche, un homme d’une cinquantaine d’années, lunettes sur le nez, murmurait pour lui-même. Un érudit, ou du moins, quelqu’un de bien peu intéressant. Enfin, la jeune femme à sa droite, en robe noire boutonnée jusqu’au cou, semblait au bord des larmes. L’ambiance à la table était variée, c’était le moins qu’on puisse dire.
" Je vais prendre la place de ce monsieur, et voir si j'ai plus de chance que lui, si cela vous conviens"

Après avoir eu la validation des présent autours de la table, Les cartes furent distribuées, et les mises débutèrent. Katarina, toujours dans l’euphorie de la soirée, perdit sa première pistole sans sourciller.

"Pas grave, la chance n’a pas encore décidé de me sourire,"
dit-elle avec un sourire au mercenaire, qui ricana en réponse.

"C’est le jeu, ma belle. Faut savoir quand plier ou persister," répondit-il d’un ton moqueur.

La deuxième manche fut plus serrée. Katarina réussit à prendre un léger avantage sur le mercenaire, un sourire victorieux se dessinant sur ses lèvres alors qu’elle récoltait trois pistoles.

"Pas mal," grogna le mercenaire, visiblement agacé."T’as de la chance ce soir."
Katarina, désormais pompette après son schnaps, s’enhardit et accepta une troisième manche. Mais cette fois, la chance ne lui sourit pas. Le mercenaire triompha, éclatant de rire et offrant une tournée de bière à la table.

"Allez, tout le monde, c’est pour moi !" lança-t-il avec arrogance.

Katarina félicita le vainqueur d’un ton léger, levant son verre. "On ne peut pas gagner à tous les coups," dit-elle en riant, tout en s’efforçant d’ignorer la légère piqûre de frustration qui montait. Elle venait de perdre une pistole supplémentaire, mais l’ambiance joviale lui faisait oublier ses pertes... pour l’instant.

"Encore une, hein ?" proposa le mercenaire en jetant un coup d'œil à Katarina, son sourire carnassier exposant une rangée de dents dorées.

Poussée par l’alcool et la chaleur de la soirée, Katarina hocha la tête. "Allez, une dernière pour la route," lança-t-elle, déjà impatiente de recommencer.

La jeune femme en noir tira l’Impératrice Écarlate, et Katarina la vit blêmir encore plus. Cette pauvre fille semblait vraiment au bout du rouleau. Finalement, c’est encore le mercenaire qui remporta la partie, braillant de rire tandis que Katarina avalait une nouvelle perte avec grâce, bien qu’elle sentit sa bourse se vider peu à peu.

"Vous avez un sacré coup de main," remarqua-t-elle en feignant la légèreté. Mais au fond, elle sentait le poids des pistoles perdues qui pesaient dans son esprit.

Alors que les hommes l'encourageaient à rester pour
"une dernière, vraiment !" , une serveuse apparut avec une tournée de bières, rendant difficile pour Katarina de refuser.

"Allez, une toute dernière. Cette fois, Ranald est avec moi," déclara-t-elle en croisant les doigts, tout sourire. Mais une nouvelle manche débuta et s'acheva sur une égalité. Katarina hésita un instant, puis, poussée par le mercenaire et l’ambiance festive, elle ajouta une pistole de plus au pot. Malheureusement, ce fut encore le mercenaire qui rafla tout. Katarina soupira, amusée malgré elle, tout en observant le sourire triomphant de l’homme. Elle se disait qu’elle aurait dû partir avant cette dernière manche, mais l’alcool aidant, elle ne pouvait qu'en rire.

"Eh bien, je suis a sec, il semblerait !" plaisanta-t-elle en levant son verre vide. "Peut-être aurai-je plus de chance la prochaine fois."

Le mercenaire, toujours en veine, se pencha vers elle avec un sourire charmeur. "Allez, je te paye un dernier verre, ce que tu veux."

Katarina, les joues légèrement rosies par l’alcool, fit mine de réfléchir, puis afficha un air innocent. "Eh bien, j’ai entendu parler du cognac bretonnien... vous pensez qu’ils en auraient ici ?"
Le visage du mercenaire se crispa un instant, mais il se ressaisit rapidement et héla la serveuse. Quelques minutes plus tard, une belle bouteille de cristal à la teinte ambrée fit son apparition, suivie de plusieurs verres.
"Je paie pour toi, pour la demoiselle là"déclara le mercenaire, généreux dans sa victoire. L'homme a lunette proposa aussi de payer pour l’un des autres joueurs le voleur de poule.

Quant à Reikhard, Katarina tenta de l'inclure dans la fête. "C’est lui qui m’a amenée ici, c’est ma première fois dans cet endroit. Il mérite bien un verre aussi !" lança-t-elle avec enthousiasme.
Mais l'homme a lunette fit une remarque sarcastique : "Ah, mais il n’a pas joué, n’est-ce pas ?"

Reikhard, tout rouge de honte, finit par payer son propre verre. La serveuse leur proposa des glaçons. Le mercenaire refusa fièrement, tandis que les autres en prirent un ou deux. Katarina pris deux glaçon, avec un sourire ravie.Les verres furent remplis de cognac, et, suivant une étrange tradition, chacun posa sur la table un symbole religieux, qu’il recouvrit d’un mouchoir ou d’une serviette.

Reikhard expliqua discrètement à Katarina : "C’est pour que les Dieux ne nous voient pas boire un alcool illégal."
Amusée, Katarina les laissa faire, puis leva son verre sans le trinquer. L’alcool était délicieux, une liqueur cendrée, douce et brûlante à la fois. Katarina ferma les yeux, savourant la chaleur qui se répandait en elle.

"C’est... divin,"
murmura-t-elle en souriant.
L’effet fut immédiat : elle se sentit encore plus détendue, presque euphorique. L’alcool la rendait tactile, et elle riait à chaque blague, même les moins drôles.
"Bon, cette fois, vraiment... c’est ma dernière partie. Mais ce fut très plaisant de faire mes toute premières partie avec vous. Je me suis grandement amusée"
Katarina von Gildenspiegel, Voie de l'Aristocrate
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Katarina] Antonlied

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Si la partie d’Impératrice Écarlate avait coûté une somme non-nulle à Katarina (Trois pistoles de perdues, trois jours de salaire d’un aide-ouvrier), l’expérience lui avait prodigué beaucoup d’alcool à l’œil, une excitation certaine, et puis, maintenant, quelques connaissances ; pas sûr qu’elle retienne tous les noms, ou toutes les bêtises qui avaient été dites autour de cette table… Mais elle avait pu rapidement faire connaissance, avec le Hauptscharführer Othon Vierdelk (Ancien mercenaire des Maraudeurs de Trott, et visiblement un bon vivant ami de Ranald qui cherchait à un peu fleureter avec elle), Arshad (Un Strigany toujours souriant et de bonne humeur, même quand il venait d’être totalement plumé aux cartes), Nicolas Blinov (Le nom sonnait Kislévite — il disait travailler à l’université, ce qui pouvait vouloir dire tout et n’importe quoi, et il n’avait apparemment pas l’âge d’être un jeune étudiant…), et mademoiselle Lydie (Avec son apparence et ses belles manières, elle avait l’air d’être une noble — mais comme elle avait passé tout le jeu à se retenir de pleurer et à se fermer chaque fois qu’on lui parlait, il avait été difficile d’obtenir plus d’elle qu’un prénom).

Dans tous les cas, c’est une Katarina totalement pompette et toute rouge qui se relevait. Reikhard, tout sourire, la guida avec son bras alors que les hommes de la table se plaignaient en rigolant et cherchaient tous les moyens de la convaincre de rester — sans doute qu’ils appréciaient ses pistoles autant que sa bonne compagnie. Enfin, accrochée à son Ulricain, elle retraversait la grande salle remplie de gens dansant et chantant dans tous les sens, jusqu’à passer une porte de service gardée par un autre vigile large comme un vitrail, et voilà que le pas devenait incertain : les planches au sol craquaient, le plafond, sombre, ruisselait de gouttelettes noires d’humidité, et l’air donnait envie de tousser.

Puis il y avait une autre pièce, une sorte de grand préau avec un toit, mais pas de murs, si bien qu’on sentait l’air du dehors — mais il ne faisait pas froid, à la fois parce qu’on était une nuit d’un été caniculaire et parce qu’il y avait partout des feux de bûches et des gens accolés. Une trentaine, voire quarantaine de personnes bruyante se tenaient là, autour de barrières en bois. Reikhard se pencha au-dessus, et Katarina découvrait alors une grande fosse au sol en terre battue, avec un peu partout des taches sales de sang séché.

Au milieu de la fosse bien profonde se tenait un étrange bonhomme : il était habillé comme une femme, avec une écharpe à plumes et des talons aiguilles aux pieds, ses yeux couverts de fard et ses lèvres de rouge — mais il portait quand même la barbe, les cheveux courts, et un piercing à l’oreille gauche, ce qui était la mode masculine. L’excentrique tenait un objet en métal relié au plafond par une très longue corde de fer qui montait dix mètres plus haut, jusqu’au plafond du préau. Et en parlant dans l’objet en métal, sa voix portait dans des échos et des grésillements à travers tout le bâtiment :

« Dernière chance dernière chance ! Dernièèèèère chance mesdames, mesdemoiselles, messieurs — bonhommes et seigneurs, gentes dames et mauvaises filles de la Ville-Lumière !
Dernière chance pour parier ! Dernière chance pour confier à la Lame Sanglante vos rêves de crimes et votre soif de rouge ! Dernière chance pour exciter votre appétit et vous repaître de crimes et de gloire ! »


« La Lame Sanglante »… Khaine. Il faisait une référence au Dieu du meurtre, censé être le petit frère de Mórr selon les mythologies — un Dieu illégal dont les adeptes étaient des fous furieux traqués par la loi. Il n’avait pas peur d’être poursuivi pour blasphème, celui-là.

« Dernière chance pour consacrer votre argent, et placer un pari auprès de notre bookmaker ! Dernière chance pour risquer votre fortune !
Pour rappel, s’affrontent ce soir pour votre excellent plaisir deux monstres assoiffés de sang !

À ma droite ! De cette cage, va surgir trois, oui, vous avez bien entendu, trois chiens-truffiers du royaume de Bretonnie ! Et grâce au parrainage de monseigneur, sachez qu’ils auront mangé des truffes !
Un tonnerre d’applaudissement pour monseigneur ! »


La foule applaudit alors que l’excentrique habillé en femme élevait la main avec théâtralité pour porter l’attention vers une petite estrade construite au-dessus de la fosse. Là, il y avait quelques personnes assises sur des chaises.
Le monseigneur était un homme vêtu d’un terrifiant et étrange masque de blanc, une jeune femme sur ses genoux qui lui caressait les cheveux.
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Et sur le siège d’à côté, un autre homme, élégamment habillé, dont on devinait le beau corps sous son costume de soie parfaitement taillé, portait un ridicule et amusant masque de… rat.
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Ce devait être des gens très riches ou très importants de Nuln, qui ne voulaient pas qu’on reconnaisse leurs visages, mais qui aimaient quand même se donner en spectacle. Et voilà qu’on les ovationnait, alors qu’ils régnaient sur la fosse de gueux.

En tout cas… Des chiens truffiers de Bretonnie. Ça disait quelque chose à Katarina. Elle savait que c’était là des bêtes monstrueuses et laides, qui devenaient complètement folles quand ils avaient la chance de manger une truffe qu’ils convoitaient — ces monstres se mettaient à voir des rivaux mâles partout, quitte à se jeter sur les testicules de leur maître. Il fallait toujours solidement les garder en laisse et ne pas les laisser manger le fruit si cher qu’on convoitait avec eux…
Trois bestioles sous l’emprise de leur champignon de luxe, ça allait saigner.


« Et à ma gauche, des contrées glaciales du Kislev, nous avons la chance d’avoir pour nous…
UN OURS ! »


La foule devint folle, ça tapait sur les rambardes et ça sifflait. Reikhard avait prévu un combat de chiens — ça allait être encore plus incroyable que prévu.
Katarina regardait la foule bruyante et assoiffée de sang autour d’elle. Il y avait des malfrats et des truands, des étudiants bien habillés, des gens en costumes sous des imperméables ce qui laissait dire qu’ils gagnaient bien leur vie… Des gueux pieds-nus étaient coudes-à-coudes avec des gens qui devaient gagner en une semaine ce qu’ils gagnaient en un an. Le décor était si étrange…

« Dernière chance, mesdames mesmoidzelles messieurs ! Dernière chance ! Qui vaincre ce soir ?! L’immense avatar d’Ursus, brun comme les forêts, avaleur d’enfants errants ?! Ou les teigneux des sous-bois d’Artenois, vicelards et prédateurs obsédés de la bite ?! Kislev ou Bretonnie ?! Païens barbares ou violeurs patentés ?! Lequel des monstres de nos nations voisines triomphera pour la joie et l’amusement de l’Empire ?!
Pariez, mesdames messieurs ! Pariez !
Pour rappel ! La cote sur les chiens est de 3 ; La cote sur l’ours est de 1,75 ! En cas de forfait pour quelque raison que ce soit, la cote est de 7 — mais ce sera un combat sans interruption avant la mort ! Alors à moins que le roi Charles III et le tsar Boris ne décident de calmer leurs braguettes et que leurs bestioles s’endorment dans la fosse, je ne vous conseille pas de miser là-dessus ! »



Reikhard souriait à lui-même, tout en bourrant sa pipe de tabac qu'il proposa à Katarina - celle-ci choisit de décliner.

« J’ai prévu de miser une grosse somme sur l’ours, ça me semble être de l’argent facile. Qu’en pensez-vous ? »
Trois jets de charisme pour la partie autour de la table ; 10, 16, 11 → deux réussites ! Tu as gagné des noms dans ton carnet d’adresse.

Jet de théologie (Difficile : -4) : 5, réussite

Jet de connaissances générales sur la Bretonnie (Difficile : -4) : 3, réussite
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Katarina von Gildenspiegel
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Re: [Katarina] Antonlied

Message par Katarina von Gildenspiegel »

Katarina, encore toute rouge et pompette après sa série de parties d'Impératrice Écarlate, se laissa guider par Reikhard à travers la salle bruyante. Bien que trois pistoles, soit l’équivalent de trois jours de salaire d’un aide-ouvrier, aient glissé de sa bourse, elle avait gagné en expérience et en compagnie, à défaut d’avoir retenu tous les noms et les bêtises échangées autour de la table.

Tandis qu'ils traversaient la salle bruyante remplie de gens dansant et chantant à tue-tête, Katarina avait du mal à suivre le rythme, trébuchant parfois, se rattrapant sur son guide, mais elle ne cessait de sourire, son esprit flottant entre l’ivresse et l’excitation. Ils passèrent finalement une porte de service gardée par un colosse au visage impassible, pour s’engouffrer dans un couloir sombre et humide, les planches craquant sous leurs pieds et l’air moite collant à leur peau. L’endroit n’avait plus rien à voir avec l’ambiance festive de la salle principale.

Ils débouchèrent ensuite sur une sorte de grand préau sans murs, où une foule bigarrée et bruyante s'amassait autour d’une large fosse creusée dans le sol. L’air extérieur, bien que chaud en cette nuit d’été, portait avec lui une odeur de suie et de sueur. Le spectacle qui se déroulait ici n’avait rien de mondain : au milieu de la fosse, une scène grotesque se préparait, encadrée par des barrières en bois. La terre battue du sol était maculée de taches sombres, comme autant de preuves d’anciens combats sanglants.

Un homme étrange se tenait au centre de la fosse, vêtu de manière flamboyante et grotesque. Avec sa barbe, son fard à paupières, ses talons aiguilles, et une écharpe de plumes autour du cou, il semblait tout droit sorti d’une pièce de théâtre maléfique. Il tenait un objet métallique qui amplifiait sa voix à travers des échos grinçants tandis qu’il haranguait la foule, invitant les spectateurs à placer leurs paris. Les mots qu’il employait étaient grossiers, provocants, évoquant des images de violence et de mort. Il parlait de "La Lame Sanglante", un surnom lourd de sens pour ceux qui connaissaient le culte de Khaine, le dieu du meurtre.

Katarina frissonna en entendant ce nom. Un instant, elle se demanda ce qu’elle faisait là, au milieu de cette foule avide de sang et de violence, mais l’alcool continuait de brouiller ses pensées, la maintenant dans un état d’excitation latente. Autour d’elle, des hommes et des femmes de toutes classes sociales, du truand à l’étudiant élégant, se pressaient contre les rambardes, criant, riant, pariant.

L’excentrique au centre de la fosse annonça alors le programme : trois chiens truffiers de Bretonnie contre un ours venu des contrées glaciales du Kislev. La foule devint hystérique. Reikhard, à côté d’elle, souriait d’un air satisfait en bourrant tranquillement sa pipe de tabac, comme s’il avait déjà tout prévu.

Les chiens truffiers, Katarina en avait déjà entendu parler. Ces bêtes monstrueuses et laides, qui devenaient folles après avoir goûté une truffe, étaient réputées pour leur agressivité démesurée. Et l’ours… Un animal sauvage, brut et puissant, tout droit venu des terres glaciales de Kislev, c’était un spectacle rare et grandiose qui s’annonçait. Elle pouvait sentir l’excitation dans l’air, presque palpable. Mais sa préférence irait a la meute.

Reikhard, sans même lever les yeux, murmura qu’il comptait miser une somme importante sur l’ours, qu’il voyait comme un pari sûr. Il n’attendait visiblement pas de réponse, certain de son choix.

Katarina, quant à elle, observa un instant la fosse en contrebas, le cœur battant un peu plus vite à chaque instant. Peut-être était-ce l’alcool ou l’atmosphère démente de cette nuit, mais un sentiment de fascination morbide l’envahissait, un mélange d’appréhension et de curiosité. Reikhard avait raison : elle n’avait peut-être pas su gagner aux cartes, mais ce combat, cet affrontement bestial et sanglant, promettait d’être un spectacle unique.

Katarina hésitait, son regard oscillant entre la foule déchaînée et la fosse où les combats allaient bientôt débuter. L'ivresse lui brouillait l'esprit, mais elle sentait une étrange excitation la gagner, amplifiée par l'ambiance électrique et les cris autour d'elle. Reikhard, sûr de lui, l'avait déjà convaincue du potentiel de l'ours, et l'idée de récupérer un peu de l'argent perdu aux cartes lui traversa l'esprit.

Elle fixa un instant la rambarde en bois, puis tourna la tête vers Reikhard, qui continuait de bourrer sa pipe sans se soucier du tumulte. Après un long moment de réflexion, elle inspira profondément, ses lèvres formant un léger sourire malicieux.

"Très bien," dit-elle enfin. "Je vais parier aussi, mais sur les chiens voyez vous, par pur esprit de compétition mon cher. Mais je vais tacher d'être sage, je ne veux pas totalement me ruiner et être chassé de mon hôtel... Vous imagineriez le scandale" dit elle en riant.

Souriante, elle tapota la main de son cavalier. "Je n'y entends rien à ces choses-là, combien dois, je misais pour que cela soit une somme raisonnable et ne pas fâcher ces braves gens avec une faible mise ?"
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Re: [Katarina] Antonlied

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Reikhard tira une grosse bouffée avant de répondre, et la pipe toujours entre ses lèvres, il lança :

« Oh, vous pouvez bien parier ce que vous voulez. Y a des gens, simples ouvriers ou matelots, qui misent juste une pistole, pour voir… Mais il y en a aussi qui viennent risquer des fortunes entières. Les deux masqués là-haut, ça m’étonnerait pas qu’ils proposent un pari de cinquante, cent, deux-cent couronnes… »

Qui étaient ces deux messieurs, l’un grimé en rat, l’autre avec un étrange masque blanc qui lui donnait une apparence sadique ? Les derniers fiefs de la famille von Gildenspiegel, maintenant que leur mine était à sec, qu’une grosse partie de leur domaine avait été séparé en deux pour atterrir au Sudenland, et que la crise des terres foncières était passée par là, rapportaient pour quatre-vingt à quatre-vingt dix couronnes de revenus par an… Que eux puissent miser en une soirée ce que son frère gagnait en un an montrait bien le fossé de différence de revenus entre les hommes.

Reikhard éteignit sa pipe en écrasant les feuilles de tabac à l’intérieur — ça sentait vraiment fort, à se demander pourquoi tant d’hommes adoraient fumer ça… Et après, il réoffrit son bras à Katarina afin que tous les deux puisse se diriger là où une petite foule s’amassait.

Un bookmaker était en train de prendre des paris : il avait une sorte de petit stand protégé par un gros vigile et une grille ferrée qu’il pouvait abaisser en cas de besoin. Ça criait, ça bousculait, et ça s’agitait dans tous les sens, tandis que de l’argent sonnant était échangé de main en main. Quand ce fut au tour de Reikhard et Katarina de passer devant lui, le bookmaker apparut plus clairement : c’était un petit bonhomme gras et chauve, qui parlait à toute vitesse en bondissant à droite à gauche, si bien qu’il suait de manière bien visible dans sa chemise blanche tachée d’auréoles jaunâtres.

« À qui le tour, à qui le tour ?! Vous misez sur quoi messieurs-dames ?! »

Katarina annonça dix-sept pistoles sur la meute.

« Madame prend des risques, ils sont pas favoris ! C’est bien ! Je fais le pari à quel nom ? »

Elle posa l’argent et déclina son identité. Alors, à toute vitesse, le bookmaker attrapa la monnaie, la posa sur une balance (Peut-être pour vérifier que les pièces n’avaient pas été volontairement rayées pour en récupérer du métal précieux…), et en échange, offrit un petit ticket sur lequel il avait écrit à toute vitesse la mise, son nom, et l’heure à la minute près à laquelle elle avait parié. Ça paraissait efficace comme système, rodé à défaut d’être très élaboré…

« Surtout perdez pas ce papier ! Encore que j’me souviendrai de votre bouille mademoiselle, mais c’est mieux de l’avoir ! »

Reikhard s’approcha, et posa une lourde escarcelle sur le comptoir.

« Sept couronnes. Sur l’ours. »

Sept couronnes. 140 jours de travail d’un manœuvre. Des gens ne gagnaient pas ça en quatre mois. Même pour des hommes de la comtesse, la somme était loin d’être quelconque — ça devait représenter un demi-salaire mensuel d’un huissier ou d’un chevalier sous gages. Difficile de savoir si Reikhard était un malin, ou juste un immense flambeur… En tout cas, avec son sourire insolent et la certitude dans sa voix, il s’était persuadé de repartir avec plus que sa mise.

« Sept couronnes pour le monsieur ! Je note je note ! »

Puis, les deux s’éloignèrent avec leurs papiers pour aller reprendre leur place au-dessus de la fosse, et le Middenheimer rallumait sa pipe avant de refumer un peu de tabac.



Il y eut encore une longue attente, qui amplifiait la tension et la nervosité dans tous les visages et les ventres des spectateurs. Alors, l’homme habillé en femme dans la fosse revint, et réattrapa l’objet de métal, pour sonner l’hallali.

« MEEESDAMES, MESMOIDZELLES MESSIEURS DE NUUULN ! SOUS LES DIVINS AUSPICES DU SADISME, DU DIEU-ARGENT, ET DU VICE DU JEU — JE DÉCLARE LA CURÉE OUVERTE ! »

Il y eut des cris de joie, et des gens qui tapaient sur les rambardes. L’homme-femme commença à trotter pour s’éloigner, et passa derrière une grille de fer tandis qu’un jeune homme pieds-nus lui tendit la main pour l’aider à grimper les marches avec ses talons. Il y eut la même tension, et le même vacarme, tandis que d’un côté de la fosse, une lourde barrière en métal était soulevée. Il y eut des cris horribles, des aboiements stridents et aigus, qui résonnaient… La barrière avait à peine été soulevée, que déjà, trois molosses grattaient le sol pour passer dessous et se mettre à courir à toute blinde en rond dans la fosse.

Les trois chiens semblaient complètement fous furieux. Ils tournaient et tournaient en courant la circonférence de la fosse, en aboyant et en rageant très bruyamment. C’étaient d’étranges bêtes, qui semblaient avoir été volontairement rendues folles, prétendument en les nourrissant des truffes qu’ils convoitaient. Mais ça semblait pire que ça : ils n’avaient pas d’oreilles, comme si quelqu’un les avait sectionnées afin d’en faire des combattants plus efficaces, et leur pelage était couvert d’horribles stigmates et cicatrices un peu partout. C’était là des bêtes de fosse, probablement habituées à être jetées dans des mises à mort.
La foule ne semblait pas être touchée par leur calvaire. Au contraire : ça applaudissait, ça tapait sur les rambardes, et dans une satire de mauvais goûts, certains se mirent à chanter l’hymne national de la Bretonnie, comme si on était à une représentation sportive ; avec leurs accents à couper au couteau, ils récitaient en rythme les strophes de Gods save the King.

Mais le pire restait à venir en face : la grille remontait, et une lourde bête fit un grognement sourd et terrifiant — le sol tremblait, et même la foule de fous furieux fut convaincue de rester silencieuse quelques secondes… Une masse, noire, large, volumineuse, projetant une ombre qui ressemblait à un abysse. Les chiens, rendus complètement tarés, ne cessaient pas leurs ronds, et se mirent maintenant à aboyer comme des abrutis devant la grille où le nouvel intrus se montrait. Alors, un gigantesque ours au pelage brun montra son museau, et ouvrit sa gueule afin de présenter ses rangées de dents.

La foule devint folle. Il n’y eut pas de coup de sifflet pour indiquer le début du combat : c’est immédiatement un des chiens qui se rua sur la bestiole pour planter les crocs dans le cou du plantigrade : l’ours cria, fit quelques mouvements, et envoya se projeter dans le décor le truffier qui s’écrasa lourdement contre un pan de la fosse. Hurlant de douleur, le chien se releva aussitôt et se remit à courir à la manière d’un dératé…

Le combat fut long. Long, et sanglant, et brutal, et complètement débile. Les trois chiens n’arrêtaient pas de courir, de se jeter sur l’ours, de s’accrocher avec les crocs pour l’arracher pièce par pièce — et en retour, l’ours leur donnait d’atroces coups de pattes, coups de crocs, leur fonçait dessus pour les piétiner. Un des chiens en perdit son œil et une partie de son crâne avec… Mais il continuait de se battre, gagné par l’ivresse du sang, même au péril de sa propre sécurité. Qu’est-ce qu’ils avaient fait à ces chiens ? Des flots de sangs n’arrêtaient pas de jaillir des bestioles, de se répandre et de se mélanger à la terre battue, et ça se blessait, et ça se tuait…

À un moment, un des truffiers, claudiquant et hurlant, parvint à passer dans le dos de l’ours. Et il se jeta sur son arrière-train, pour en saisir ses testicules. À vif, il commença à tirer dessus, et à lui arracher net les bourses, lentement, sous les acclamations, les sifflets, les vociférations d’une foule devenue colérique ou ivre de sang — et Reikhard, à côté de Katarina, se mettait à cogner la rambarde avec ses poignets en hurlant de rage, même lui si éduqué et courtois paraissait soudain bien terrifiant…

Les chiens étaient des morts-vivants, sanguinolents et brutalisés. Mais ils parvinrent à forcer l’ours à terre et à lui déchiqueter museau, yeux, oreilles, panse… Sur l’estrade, l’homme en costume de rat se leva et sauta de joie, poings fermés, tandis que parmi les spectateurs, ça frappait, ça jetait ses tickets de paris, ça insultait et ça s’agrippait. L’ours avait été vaincu.

Katarina faisait partie de ceux qui avaient parié juste ! Elle venait de gagner le triple de sa mise — en retirant sa mise initiale, elle pourrait empocher 34 pistoles ! Elle pouvait voir dans la fosse, comment la grille se relevait, et que des garçons portant des gilets et des chemises de maille entraient avec de lourds bâtons pour commencer à tabasser les truffiers et les forcer à rentrer. Elle pouvait être bien heureuse de son pari…

…Sauf qu’à côté d’elle, Reikhard, le front contre la rambarde, était devenu tout blanc, et au bord des larmes. Et elle l’entendit malgré-lui chuchoter une phrase pour lui-même…

« J’ai tout perdu… Putain j’ai tout perdu… »
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Katarina von Gildenspiegel
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Re: [Katarina] Antonlied

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Katarina, toujours en proie à l'adrénaline et encore légèrement ivre, ressentit une étrange satisfaction face à sa victoire. Elle avait parié contre toute attente sur les chiens, et voilà qu’elle se trouvait sur le point de tripler sa mise, un gain inespéré. Mais son triomphe était immédiatement terni par la réaction de Reikhard. L’homme, si sûr de lui quelques instants plus tôt, semblait totalement brisé.

Elle regarda Reikhard, la tête baissée, fixée sur la fosse ensanglantée. Lui, d’habitude si confiant et imperturbable, paraissait vidé de toute énergie. Les murmures désespérés qu’il laissait échapper, trahissant une perte bien plus importante que ce qu’elle avait imaginé, frappèrent Katarina. Le spectacle de ce combat brutal, qui quelques minutes auparavant faisait jubiler la foule, avait soudain pris une toute autre signification. Le prix à payer pour ce genre de pari pouvait être bien plus élevé que l'argent. Katarina, qui avait déjà vu tant de visages trahis par l’échec et la défaite, sentit un léger malaise monter en elle. Elle aurait pu partir, le laisser se débrouiller avec sa douleur et sa perte. Après tout, elle ne lui devait rien.

Mais… Il était son compagnon de la soirée. Ils avaient partagé ces moments, même frivoles, et malgré son propre pragmatisme, elle ne pouvait pas se résoudre à l’abandonner là, dans cet état. Elle soupira doucement, un mélange de frustration et de compréhension. Ce genre de situation lui rappelait à quel point la vie pouvait basculer d’un rien. Combien de fois avait-elle frôlé la ruine elle aussi ?

Elle s’approcha lentement de lui et posa une main légère sur son épaule. Son geste n’était ni forcé ni envahissant, juste une marque de présence. Il ne réagit pas tout de suite, perdu dans ses pensées, mais elle perçut un léger tressaillement sous sa paume.

« Reikhard… » murmura-t-elle, son ton plus doux qu’à l’accoutumée.

Elle marqua une pause, cherchant ses mots. Katarina n’était pas du genre à prodiguer des paroles réconfortantes, mais elle sentait qu’il avait besoin d’entendre quelque chose, n’importe quoi pour ne pas sombrer complètement. Elle connaissait la sensation de se tenir au bord du gouffre, cette panique qui étreint le cœur quand tout semble perdu.

« Je ne vais pas prétendre savoir ce que cela représente pour vous, mais… ce n’est pas une fin. Vous vous en relèverez. Vous êtes quelqu'un plein de courage et de ressource»


Elle retira lentement sa main de son épaule, ne voulant pas forcer un contact plus long qu’il n’était nécessaire. Reikhard n’avait toujours pas levé la tête, mais elle pouvait sentir son désespoir palpable, presque lourd, pesant sur l’atmosphère entre eux. Katarina savait qu’elle n’allait pas l’aider davantage en restant ici, mais elle n’était pas non plus du genre à fuir sans un dernier mot.

Elle s’approcha légèrement, baissant un peu la voix pour que seuls eux deux puissent entendre, même dans ce brouhaha de foule assoiffée de sang et de spectacle.

« Reprenez-vous, Reikhard. Vous n’êtes pas seul ce soir. Vous pouvez encore finir la soirée debout, pas brisé. Alors… faites-le. »

Elle resta là un instant, juste assez pour lui laisser le temps d’assimiler ses paroles, puis fit un pas en arrière. Reikhard ne répondit pas, mais elle espérait que ses mots auraient planté une graine dans son esprit. Il n’y avait pas de miracle à espérer dans un tel endroit, mais peut-être que, quelque part, ses paroles l’empêcheraient de sombrer plus profondément dans cette spirale de défaite.

Katarina n’était pas une sauveuse. Elle avait appris à se battre pour elle-même, à survivre par ses propres moyens. Mais elle n’était pas insensible aux luttes des autres, et elle savait reconnaître la fragilité d’un homme au bord du gouffre.
Katarina von Gildenspiegel, Voie de l'Aristocrate
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Katarina] Antonlied

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Les quelques paroles de Katarina eurent un lourd effet sur Reikhard. L’Ulricain commença par lever le museau — il avait les yeux creux, entourés de cernes, et un regard parfaitement torve. Mais voilà que, petit à petit, il hocha de la tête. Il observa longuement la rousse, et d’un coup, il se mit à ricaner… Puis à éclater de rire. On aurait pu croire qu’il devenait fou, un instant, et qu’il se mettait juste à craquer nerveusement ; Mais il se rapprocha de Katarina pour l’attraper, et avec son ton goguenard et heureux de retour, il la félicita :

« Au moins vous avez eu une grande victoire ! C’est ainsi que joue Ranald — parfois on perd, parfois on gagne, mais la roue tournera toujours, et demain, le soleil se lèvera comme tous les jours de la Terre. »

Puis, il se calma, et, très solennellement, avec toute la sincérité du monde, il offrit juste un mot :

« Merci. »

Il respira bruyamment. Il regarda la tribune : l’homme au masque de rat était en train de taper dans des mains, tandis que l’homme en blanc frappait tout seul contre la rambarde. Là aussi, il y avait des heureux et des malheureux…

Katarina proposa alors qu’ils rentrent, et que Reikhard se remette en buvant quelque chose.

« Allons chercher votre mise, alors… »


Il fallut refaire la queue devant le bookmaker. Celui-ci était pressé de toute part, et il avait été renforcé par deux vigiles en plus qui avaient sorti les matraques pour paraître menaçants. Ça se bousculait, ça criait, ça invectivait, et ce n’est qu’après un long moment que Katarina put enfin paraître devant sa petite trappe — le bookmaker la félicita chaleureusement, et après avoir compté et pesé, il déposa des tas de pièces de dénominations différentes devant la rousse : des pièces d’argent Bretonniennes, de l’or frappé sous Wilhelm III, y avait même des lires de Sartosa dans le tas… Mais au total, le compte était bien là. L’équivalent de cinquante-et-une pistoles au standard de Nuln s’offraient à elle. Il n’y avait pas de quoi remplir son escarcelle — Reikhard offrit donc la sienne, vide, pour qu’elle puisse ranger et emporter sa monnaie.

Bras-dessus, bras-dessous, les deux éméchés un peu titubants regagnèrent la rue. Quelques taxis faisaient la ronde, et ils purent héler un cab. Et les revoilà donc retraversant tout Nuln, jusqu’au quartier Kaufmann, qui bizarrement ne désemplissait pas malgré la nuit — la ville resplendissait de mille feux de lanternes, il y avait des fêtards dans les rues, et au loin, la tour de la comtesse était toute illuminée.

C’était à en oublier qu’aujourd’hui, on avait tué un homme…


Le taxi déposa en toute sécurité Reikhard et Katarina aux marches du Marteau du Feu Noir. Le quartier était encore bien animé, et il y avait non loin un bar dansant d’où venait de la musique qui faisait très envie. Alors qu’ils montaient tous les deux, un garçon d’hôtel reconnu Katarina et lui ouvrit la porte en la saluant avec un grand sourire. Et les deux se retrouvèrent dans la salle à manger.

Il n’y avait pas beaucoup de monde, mais quelques couples et quelques familles conversaient à voix basse, tandis que dans un coin, une pianiste jouait un petit morceau d’ambiance tout calme. Les oreilles de Katarina bourdonnaient encore après le tintamarre du Porc Aveugle, et même si cet endroit était moins joyeux, il n’en était que plus calme…

Les deux s’installèrent non loin du piano, près de petits canapés. Un serveur déposa devant eux une carte des vins et cocktails avant de disparaître. Et voilà, elle était face-à-face avec un Reikhard qui faisait une tête de chien battu, mais qui n’arrêtait pas de sourire en la regardant.

« Désolé d’avoir cassé l’ambiance. Vous devez plus être d’humeur à danser… »

Il marqua une petite pause.

« Alors, vous en avez pensé quoi de ma proposition de rendez-vous ? C’est sûr que c’était pas très galant, mais je crois ne pas me tromper en me disant que vous allez vous souvenir longtemps de cette soirée. »
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Katarina von Gildenspiegel
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Re: [Katarina] Antonlied

Message par Katarina von Gildenspiegel »

Katarina et Reikhard avancèrent dans la nuit illuminée de Nuln, bras-dessus, bras-dessous, laissant derrière eux la frénésie des combats de chiens et l’atmosphère oppressante du Porc Aveugle. La fraîcheur de l’air nocturne venait effleurer leurs visages, et malgré l’ivresse qui alourdissait leurs pas, ils se déplaçaient avec une certaine légèreté, comme libérés du poids des événements récents. La tension palpable entre eux s’était dissipée, remplacée par une complicité née de cette épreuve commune.

La ville semblait vivre une tout autre nuit que celle à laquelle ils venaient d’assister. Le quartier Kaufmann, bien qu’animé à une heure aussi tardive, avait une atmosphère presque festive. Les lanternes brillaient de mille feux, projetant des ombres dansantes sur les pavés tandis que des rires et des chants s'élevaient des tavernes environnantes. Des groupes de fêtards, parés de vêtements colorés et accompagnés de musiciens ambulants, déambulaient dans les rues, insouciants des drames qui s’étaient joués ailleurs.

Ils finirent par héler un taxi, un cab dont les roues grinçaient sur les pavés luisants de Nuln. Le cocher, un homme corpulent et taciturne, jeta un œil curieux à la paire quelque peu titubante qui grimpait dans son véhicule, mais ne fit aucun commentaire. Le trajet à travers la ville, malgré l’agitation nocturne, était étrangement serein. Le bruit lointain des cloches et des musiciens créait une toile de fond apaisante, presque onirique. Katarina observa les lumières des boutiques et des hôtels qui défilaient, se perdant dans ses pensées.

Le cab les déposa finalement devant le Marteau du Feu Noir,un garçon d’hôtel les accueillit avec un sourire respectueux, reconnaissant aussitôt Katarina. Il s’empressa de leur ouvrir la porte, et les deux compagnons pénétrèrent dans la salle à manger de l’auberge. Comparé à l’effervescence extérieure, l’intérieur était un véritable havre de paix. La lumière tamisée, les conversations murmurées des quelques clients encore présents, et la douce mélodie jouée au piano créaient une atmosphère feutrée, propice à la détente.

Katarina s'installa confortablement dans le canapé, profitant du calme apaisant de la salle après le tumulte du Porc Aveugle. Ses pensées étaient encore agitées par les événements de la soirée, mais elle s’efforça de paraître détendue. Son regard se posa sur Reikhard, dont le sourire semblait dissimuler une fatigue bien plus profonde.

« Vous savez, Reikhard, » commença-t-elle d'une voix douce, « ce n'était pas vraiment ce à quoi je m'attendais pour un rendez-vous. » Elle esquissa un sourire en coin, laissant planer une touche d'ironie. « Mais vous aviez raison sur un point : je m'en souviendrai longtemps. »

Elle prit une pause, observant son interlocuteur, cherchant à comprendre ce qu’il ressentait vraiment sous ses airs décontractés. Le chaos de la soirée lui avait fait réaliser que ce n’était pas tant l’endroit ou les circonstances qui comptaient, mais la personne avec qui elle partageait ces moments.
« Parfois, les choses ne se passent pas comme prévu, mais ce n'est pas une défaite pour autant, » ajouta-t-elle plus doucement. « Ce soir, on a vécu quelque chose d'inhabituel. Peut-être que ça a aussi son charme.»

Katarina lui offrit un sourire plus sincère, espérant que ses mots trouveraient un écho chez lui.

Katarina le regarda un instant, réfléchissant à la manière d’aborder ce qu’elle avait sur le cœur. Elle finit par se pencher légèrement en avant, et parla d’une voix plus mesurée, presque compatissante :

« Je dois avouer, Reikhard, vous permettez que j'use de votre prénom? Que j’ai été surprise quand vous avez misé autant… C’était plus de toute ma fortune actuelle. » Elle fit une pause, cherchant son regard. « Je ne m'attendais pas à ce que vous risquiez une somme pareille. »
Elle garda son ton calme, presque bienveillant, ne cherchant ni à juger ni à critiquer, mais plutôt à exprimer sa sincère curiosité et un brin d'inquiétude. « Est-ce que ça en valait vraiment la peine ? »


Elle espérait qu'il comprendrait qu'elle ne parlait pas que d'argent, mais aussi de ce qui l’avait poussé à prendre un tel risque.
Katarina von Gildenspiegel, Voie de l'Aristocrate
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Katarina] Antonlied

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Le Middenheimer ne put s’empêcher d’esquisser un subtil sourire quand Katarina demanda s’il était permis de l’appeler par son prénom — et probablement que l’alcool, qu’il avait ingurgité avec au moins autant de force et de rapidité que la Wissenlanderin, contribuait à empourprer ses joues. Néanmoins, ce petit rictus disparu assez rapidement quand elle se mit à poser des questions plus personnelles…

« Si j’avais gagné, cela en aurait grandement valu la peine, oui.
L’argent, ça fait tourner le monde… On dira ce qu’on voudra, on inventera mille choses, sur la foi, l’honneur, le service, la démocratie… Au final, tout ce qui dans ce monde fait qu’on est quelqu’un, ou personne, c’est l’argent. Certains sont nés sans, certains l’ont perdu, mais si on en gagne pas, on ne réalisera jamais ce qu’on veut. »

Il regarda un peu dans le vide ; ses yeux semblaient se diriger vers le piano qui était en train de continuer à jouer sa petite mélodie sous les touches d’un musicien tout attaché à sa partition. C’était un air qui semblait légèrement triste.

« J’ai toujours été pauvre. J’ai toujours su donner le change, faire croire aux gens que j’étais plus fortuné que je ne le suis… Mais je n’ai jamais eu assez de biens pour me sentir en sécurité. Ce n’est pas agréable, de se lever le matin dans un lit sans être sûr de le retrouver le soir venu, de devoir raser les murs de peur de tomber sur quelqu’un à qui on a emprunté quelque chose… ça m’a tué des amitiés, de manquer d’argent. Et dès que j’en reçois, il faut que je le dépense par ailleurs, pour rembourser des choses à crédit…
Je m’en sors toujours, au final. Mais parfois, il m’est arrivé de faire des choses peu reluisantes pour joindre les deux bouts. »


Il fit la moue, et ses sourcils s’arquaient sur le front. Quelques souvenirs semblaient revenir à lui, assez pour profondément l’attrister.
Mais il retrouva son sourire gaillard, et il releva le museau pour observer la réaction de la rousse.

« Mais je parviens à toujours trouver mon bonheur ailleurs, même quand tout me semble écrasant. Le soleil chauffe toujours autant, l’eau est toujours bonne à boire…
…Et il y a des jeunes femmes qui sont toujours aussi belles. »


Il hocha de la tête en observer sa cavalière.

« La soirée n’est pas encore finie.
Est-ce que tu veux danser ? »
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Katarina von Gildenspiegel
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Re: [Katarina] Antonlied

Message par Katarina von Gildenspiegel »

Elle se remémora ce moment où, face à son destin arrangé, elle avait décidé de fuir. Nuln était devenue son refuge, un endroit où elle pouvait manœuvrer sans être surveillée de trop près. Elle s'était présentée ici non pour parfaire son éducation comme elle l’avait prétendu, mais pour se créer un chemin loin de ce mariage imposé, loin de Strasser. Elle jouait habilement son rôle de jeune noble prude et bien éduquée, mais derrière ce masque, c'était une femme en quête de pouvoir, utilisant chaque sourire et chaque mot pour sa survie, tout comme Reikhard utilisait son humour et ses ruses pour cacher ses propres faiblesses.

Lorsque Reikhard parla de son passé, de ses luttes financières et de ses subterfuges pour paraître plus fortuné qu'il ne l'était, Katarina ne put s'empêcher de le comprendre. Elle savait trop bien ce que c'était que de masquer la vérité, d'apparaître comme quelqu'un de plus puissant, de plus noble que ce que la réalité révélait. Reikhard se débattait dans un monde où l'argent faisait loi, et Katarina aussi.

Reikhard, avec son air triste, lui semblait soudain plus familier, plus proche. Il avait lui aussi choisi de lutter, de tromper, de cacher ses véritables sentiments sous un masque de légèreté. En réponse à son invitation à danser, elle prit un moment, posant ses mains fines sur la table, réfléchissant à la meilleure manière de répondre.

« Vous avez raison, l’argent fait tourner le monde, bien plus que l’honneur ou même la noblesse... » Dit-elle doucement, le regard légèrement fuyant. « Je comprends mieux pourquoi vous avez misé autant. C'était risqué, mais je suppose que, comme moi, vous savez que parfois, le risque est la seule option. Je suis comme vous, dans quelques jours, je devrais peut être dire adieu à ce cadre ravissant qui me sert de demeure, même si cette soirée m'a donné quelques sursis de plus.»

Elle soupira doucement, puis le regarda dans les yeux. « Vous avez un don pour masquer ce qui vous accable, Reikhard, mais ce soir… Vous m’avez montré une facette que peu de gens doivent voir. Peut-être que, pour une fois, nous pouvons arrêter de prétendre. Juste le temps d'une danse. »

Elle se leva lentement, tendant la main vers lui, prête à accepter son invitation. Ce n'était pas simplement un geste de légèreté, mais une manière de reconnaître qu'ils partageaient tous deux quelque chose de bien plus profond : le désir de dépasser leur condition, d'échapper à un destin qu'ils n'avaient pas choisi.
Katarina von Gildenspiegel, Voie de l'Aristocrate
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