[Katarina] Antonlied
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Re: [Katarina] Antonlied
Dans son dos, Reikhard était bien silencieux. Peut-être qu’il avait été mouché par la remise à plus tard de ses plans, ou alors il ne voulait tout simplement pas gêner la Wissenlanderin, mais en tout cas, juste un pas derrière, contre le lampadaire, il n’était pas possible de savoir ce qu’il trafiquait hors de son champ de vision…
L’Estalien sourit encore plus en entendant la réflexion de Katarina. Il hocha très légèrement de la tête en reprenant :
« Si… Votre cavalier m’a fait le petit… comment qu’elle dit?… El petit laïus. »
Il jeta un coup d’œil fugace à Reikhard, avant de soudain semi-changer de sujet.
« Il m’a dit qué vous vendiez le bijou pour quatre couronnes d’or, et j’ai les moyens d’y pouvoir.
Mais à qui donc ai-je l’honneur d’acheter des choses si précieuses ? »
L’Estalien sourit encore plus en entendant la réflexion de Katarina. Il hocha très légèrement de la tête en reprenant :
« Si… Votre cavalier m’a fait le petit… comment qu’elle dit?… El petit laïus. »
Il jeta un coup d’œil fugace à Reikhard, avant de soudain semi-changer de sujet.
« Il m’a dit qué vous vendiez le bijou pour quatre couronnes d’or, et j’ai les moyens d’y pouvoir.
Mais à qui donc ai-je l’honneur d’acheter des choses si précieuses ? »
- Katarina von Gildenspiegel
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Re: [Katarina] Antonlied
Katarina conserva son sourire poli en entendant la remarque de l’Estalien. Elle nota avec une certaine satisfaction qu’il semblait réceptif aux signaux qu’elle envoyait, mais elle devait rester vigilante pour mener cette négociation à bon port.
« Monsieur, je dois vous confier que je préfère maintenir une certaine discrétion dans ce genre de transaction », répondit-elle d'une voix douce mais ferme. « La pudeur et le respect de la vie privée m’imposent de garder certaines choses pour moi, même si cela peut sembler paradoxal dans une situation telle que celle-ci.»
Elle marqua une pause, s’assurant que ses mots étaient bien compris avant de poursuivre : « Je vous montrerai le bijou, mais je souhaite que cette discussion reste confidentielle et que nous abordions ce sujet avec la plus grande discrétion. Je suis certaine que vous comprenez l’importance de préserver la réserve en de telles circonstances. »
Katarina fit un geste élégant vers la petite boîte contenant le collier, la sortant doucement de son sac. Elle l’ouvrit avec soin et le présenta à l’Estalien, mettant en valeur ses pierres délicates et son artisanat soigné. « Monsieur, avant de poursuivre, permettez-moi de souligner que ce bijou, lorsqu'il était à la boutique, se vendait entre quatorze et quinze couronnes d’or », commença-t-elle, sa voix douce mais pleine de conviction. « Il est crucial de comprendre que, dans le domaine du luxe, nous ne payons pas seulement pour le matériel mais également pour la marque, le prestige et l’exclusivité qui accompagnent ces pièces. Le collier que vous voyez ici est presque comme neuf et a été conservé avec le plus grand soin, ce qui augmente considérablement sa valeur. »
Elle laissa ses yeux se poser sur l’Estalien avec une certaine insistance. « Ce collier a été conçu avec un soin méticuleux et une attention particulière aux détails. Il est orné de pierres variées, ce qui lui confère une beauté unique et une valeur qui ne peut être pleinement appréciée qu’en examinant chaque élément avec soin. Je vous encourage à considérer la qualité exceptionnelle de ces pierres ainsi que le travail artisanal réalisé. »
Katarina se rapprocha légèrement, son regard fixant l’Estalien avec une intensité mesurée. « Je suis bien consciente des valeurs que nous attribuons aux objets de luxe, et je suis prête à vous faire grâce des taxes somptuaires habituelles qui augmenteraient considérablement le prix en boutique. Après tout, nous n’avons pas besoin de ces sangsue de marchands pour nous arranger entre gens bien élevés. Je suis disposée à trouver un prix raisonnable qui reflète justement la valeur de ce bijou, tout en évitant les marges exorbitantes des intermédiaires.»
Katarina inclina légèrement la tête, ajoutant d’une voix empreinte de tact : « Je souhaiterais que nous discutions du prix en tenant compte non seulement de la valeur matérielle du bijou, mais aussi de son caractère personnel et de son état impeccable. Il est essentiel pour moi que le prix reflète ces aspects. Peut-être pourrions-nous envisager un montant qui reconnaît pleinement la valeur de ce collier. »
Elle marqua une nouvelle pause, laissant ses mots résonner. « Je vous invite à considérer non seulement le prix d’achat d’origine, mais aussi l’état impeccable et la rareté de ce collier. Je suis certaine que nous pouvons parvenir à un accord qui respecte à la fois la valeur réelle de la pièce et votre intérêt. Mais quatre couronne Senor, vous me saignerez de la sorte, cela serai tout autant efficace que de prendre votre épée et de me la planté en plein coeur. Au delà du bijoux c'est aussi la satisfaction de votre dame que vous cherchez, vaux t'elle seulement le fait de se débarasser de quatre couronne d'or ? Vous m'avez l'air d'être un homme qui estime la gente féminine, je suis certaine que votre dame mérite plus de considération.»
Katarina attendit patiemment la réaction de l’Estalien, observant ses expressions pour évaluer s’il était prêt à ajuster son offre en fonction des arguments qu’elle venait de présenter.
« Monsieur, je dois vous confier que je préfère maintenir une certaine discrétion dans ce genre de transaction », répondit-elle d'une voix douce mais ferme. « La pudeur et le respect de la vie privée m’imposent de garder certaines choses pour moi, même si cela peut sembler paradoxal dans une situation telle que celle-ci.»
Elle marqua une pause, s’assurant que ses mots étaient bien compris avant de poursuivre : « Je vous montrerai le bijou, mais je souhaite que cette discussion reste confidentielle et que nous abordions ce sujet avec la plus grande discrétion. Je suis certaine que vous comprenez l’importance de préserver la réserve en de telles circonstances. »
Katarina fit un geste élégant vers la petite boîte contenant le collier, la sortant doucement de son sac. Elle l’ouvrit avec soin et le présenta à l’Estalien, mettant en valeur ses pierres délicates et son artisanat soigné. « Monsieur, avant de poursuivre, permettez-moi de souligner que ce bijou, lorsqu'il était à la boutique, se vendait entre quatorze et quinze couronnes d’or », commença-t-elle, sa voix douce mais pleine de conviction. « Il est crucial de comprendre que, dans le domaine du luxe, nous ne payons pas seulement pour le matériel mais également pour la marque, le prestige et l’exclusivité qui accompagnent ces pièces. Le collier que vous voyez ici est presque comme neuf et a été conservé avec le plus grand soin, ce qui augmente considérablement sa valeur. »
Elle laissa ses yeux se poser sur l’Estalien avec une certaine insistance. « Ce collier a été conçu avec un soin méticuleux et une attention particulière aux détails. Il est orné de pierres variées, ce qui lui confère une beauté unique et une valeur qui ne peut être pleinement appréciée qu’en examinant chaque élément avec soin. Je vous encourage à considérer la qualité exceptionnelle de ces pierres ainsi que le travail artisanal réalisé. »
Katarina se rapprocha légèrement, son regard fixant l’Estalien avec une intensité mesurée. « Je suis bien consciente des valeurs que nous attribuons aux objets de luxe, et je suis prête à vous faire grâce des taxes somptuaires habituelles qui augmenteraient considérablement le prix en boutique. Après tout, nous n’avons pas besoin de ces sangsue de marchands pour nous arranger entre gens bien élevés. Je suis disposée à trouver un prix raisonnable qui reflète justement la valeur de ce bijou, tout en évitant les marges exorbitantes des intermédiaires.»
Katarina inclina légèrement la tête, ajoutant d’une voix empreinte de tact : « Je souhaiterais que nous discutions du prix en tenant compte non seulement de la valeur matérielle du bijou, mais aussi de son caractère personnel et de son état impeccable. Il est essentiel pour moi que le prix reflète ces aspects. Peut-être pourrions-nous envisager un montant qui reconnaît pleinement la valeur de ce collier. »
Elle marqua une nouvelle pause, laissant ses mots résonner. « Je vous invite à considérer non seulement le prix d’achat d’origine, mais aussi l’état impeccable et la rareté de ce collier. Je suis certaine que nous pouvons parvenir à un accord qui respecte à la fois la valeur réelle de la pièce et votre intérêt. Mais quatre couronne Senor, vous me saignerez de la sorte, cela serai tout autant efficace que de prendre votre épée et de me la planté en plein coeur. Au delà du bijoux c'est aussi la satisfaction de votre dame que vous cherchez, vaux t'elle seulement le fait de se débarasser de quatre couronne d'or ? Vous m'avez l'air d'être un homme qui estime la gente féminine, je suis certaine que votre dame mérite plus de considération.»
Katarina attendit patiemment la réaction de l’Estalien, observant ses expressions pour évaluer s’il était prêt à ajuster son offre en fonction des arguments qu’elle venait de présenter.
Katarina von Gildenspiegel, Voie de l'Aristocrate
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Re: [Katarina] Antonlied
L’Estalien demeura fixe lors du nouveau laïus (Puisque c’est ainsi qu’il nommait) de la rousse. De temps à autre, il secouait la tête, il bombait les lèvres, il faisait des grimaces très appuyées, et même exagérées, ouvrant grand la bouche en « o » quand elle disait que c’était un bijou personnel… En fait, c’est alors qu’elle terminait ses explications qu’elle se rendait compte que le diestro était en train de magnifiquement se foutre de sa gueule.
Quand elle eut terminé, il se mit à faire des bruits avec sa bouche. Des sortes de grognements, qui semblaient au départ être de l’hésitation audible… Et il se mit même à ricaner. Il pointa du doigt d’abord Katarina, puis Reikhard, puis à nouveau Katarina, tout vite, et, le grand sourire aux lèvres, et un peu d’hilarité dans la voix, il se mit à railler :
« Excellente, excellente… Dites, hééé… Vous deux, vous adorez vous entendre parler.
Mé dites-moi donc… Où c’est que ça vous a mené ? »
Et puis, d’un coup, il fit un pas, leste, comme celui d’un chat. Puis un autre. Et voilà que, il se retrouvait à presque coller la rousse. Petit qu’il était, il la dépassait quand même, et il pouvait maintenant presque coller son visage contre elle.
Reikhard fit un pas en avant et leva la main.
« Hélà, du calme, pas besoin de- »
D’un geste vif, l’Estalien posa la main à l’étui de son pistolet, sans même lancer un œil à l’Ulricain, qui se figea de côté, sa poigne s’enfermant sur le pommeau de son épée. En un seul instant, la situation avait totalement échappé de nulle part à Katarina, et devant la présence de l’Estalien à la gueule couturée, même en pleine rue, même devant la folie et la disproportion de la scène, alors qu’elle ne voulait que négocier un bijou d’occasion… Elle se mettait à trembler de peur et à voir des mouches danser devant ses yeux.
« J’avais douze nobles qu’attendaient dans ma poche, comme promis à ta puta de… cabellero », lança-t-il en chuchotant d’un tutoiement très agressif, et un pouffement de rire en prononçant le titre de l’Ulricain. « Maintenant tu vas en avoir onze. »
Il sourit à nouveau. À cette distance, si proche, Katarina pouvait sentir l’odeur de l’Estalien — lui ne se parfumait pas, il exhalait plutôt un musc de transpiration, celle d’un homme qui avait dormi dans les vêtements qu’il portait et qui avait marché longtemps sous le soleil estival.
« Fait oui de la tête, et donne-moi la boîte. »
Quand elle eut terminé, il se mit à faire des bruits avec sa bouche. Des sortes de grognements, qui semblaient au départ être de l’hésitation audible… Et il se mit même à ricaner. Il pointa du doigt d’abord Katarina, puis Reikhard, puis à nouveau Katarina, tout vite, et, le grand sourire aux lèvres, et un peu d’hilarité dans la voix, il se mit à railler :
« Excellente, excellente… Dites, hééé… Vous deux, vous adorez vous entendre parler.
Mé dites-moi donc… Où c’est que ça vous a mené ? »
Et puis, d’un coup, il fit un pas, leste, comme celui d’un chat. Puis un autre. Et voilà que, il se retrouvait à presque coller la rousse. Petit qu’il était, il la dépassait quand même, et il pouvait maintenant presque coller son visage contre elle.
Reikhard fit un pas en avant et leva la main.
« Hélà, du calme, pas besoin de- »
D’un geste vif, l’Estalien posa la main à l’étui de son pistolet, sans même lancer un œil à l’Ulricain, qui se figea de côté, sa poigne s’enfermant sur le pommeau de son épée. En un seul instant, la situation avait totalement échappé de nulle part à Katarina, et devant la présence de l’Estalien à la gueule couturée, même en pleine rue, même devant la folie et la disproportion de la scène, alors qu’elle ne voulait que négocier un bijou d’occasion… Elle se mettait à trembler de peur et à voir des mouches danser devant ses yeux.
« J’avais douze nobles qu’attendaient dans ma poche, comme promis à ta puta de… cabellero », lança-t-il en chuchotant d’un tutoiement très agressif, et un pouffement de rire en prononçant le titre de l’Ulricain. « Maintenant tu vas en avoir onze. »
Il sourit à nouveau. À cette distance, si proche, Katarina pouvait sentir l’odeur de l’Estalien — lui ne se parfumait pas, il exhalait plutôt un musc de transpiration, celle d’un homme qui avait dormi dans les vêtements qu’il portait et qui avait marché longtemps sous le soleil estival.
« Fait oui de la tête, et donne-moi la boîte. »
- Katarina von Gildenspiegel
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Re: [Katarina] Antonlied
Katarina sentit une vague de terreur l'envahir tandis que l'Estalien se rapprochait d'elle. Le sourire sinistre de l'homme et l'odeur âcre qui émanait de lui accentuaient son anxiété. Chaque mouvement qu'il faisait semblait augmenter la pression dans ses épaules, et elle avait du mal à maintenir un semblant de calme. Son esprit se trouvait en proie à une panique croissante, l'incapacité à se défendre ou à contre-argumenter l'enfermait dans une paralysie glaçante.
Les mots de l'Estalien résonnèrent dans sa tête comme un coup de tonnerre. Le montant proposé — onze pièces d'or bretonnien, soit trois couronnes, treize pistoles et quatre sous — semblait, en comparaison avec les valeurs dont elle avait discuté plus tôt, dérisoirement bas. Pourtant, elle se rendait bien compte qu'elle était maintenant dans une position désespérée, incapable de refuser l'offre en raison de sa peur écrasante.
Avec une main tremblante, Katarina ouvrit lentement la boîte contenant le collier, l'affichant devant l'Estalien. Ses yeux fixaient le bijou, la vue de ce bien précieux qu'elle savait être en de bonnes mains si elle parvenait à obtenir une offre plus équitable. Mais face à l'intensité de la situation, elle savait que ses options étaient extrêmement limitées.
Elle murmura, presque inaudible, en essayant de garder un semblant de dignité malgré sa peur : « Señor, je… je suis prête à accepter votre offre. Je ne suis pas en position de négocier davantage sous ces conditions. »
Elle tendit la boîte vers l'Estalien, ses mains encore tremblantes. Ses yeux se baissèrent, incapables de soutenir son regard menaçant plus longtemps. Ses pensées tournaient en rond, cherchant désespérément un moyen de sortir de cette situation sans trop de dégâts, mais elle était incapable de penser clairement, dominée par une terreur paralysante.
Le collier, précieux et chargé de souvenirs personnels, était désormais à la merci de cet homme impitoyable. Le fait de céder à sa demande était un choix douloureux, mais Katarina se résignait à accepter la proposition de l’Estalien, espérant qu'il se retirerait bientôt et qu'elle pourrait trouver un moyen de se reprendre après cet affrontement désastreux.
Les mots de l'Estalien résonnèrent dans sa tête comme un coup de tonnerre. Le montant proposé — onze pièces d'or bretonnien, soit trois couronnes, treize pistoles et quatre sous — semblait, en comparaison avec les valeurs dont elle avait discuté plus tôt, dérisoirement bas. Pourtant, elle se rendait bien compte qu'elle était maintenant dans une position désespérée, incapable de refuser l'offre en raison de sa peur écrasante.
Avec une main tremblante, Katarina ouvrit lentement la boîte contenant le collier, l'affichant devant l'Estalien. Ses yeux fixaient le bijou, la vue de ce bien précieux qu'elle savait être en de bonnes mains si elle parvenait à obtenir une offre plus équitable. Mais face à l'intensité de la situation, elle savait que ses options étaient extrêmement limitées.
Elle murmura, presque inaudible, en essayant de garder un semblant de dignité malgré sa peur : « Señor, je… je suis prête à accepter votre offre. Je ne suis pas en position de négocier davantage sous ces conditions. »
Elle tendit la boîte vers l'Estalien, ses mains encore tremblantes. Ses yeux se baissèrent, incapables de soutenir son regard menaçant plus longtemps. Ses pensées tournaient en rond, cherchant désespérément un moyen de sortir de cette situation sans trop de dégâts, mais elle était incapable de penser clairement, dominée par une terreur paralysante.
Le collier, précieux et chargé de souvenirs personnels, était désormais à la merci de cet homme impitoyable. Le fait de céder à sa demande était un choix douloureux, mais Katarina se résignait à accepter la proposition de l’Estalien, espérant qu'il se retirerait bientôt et qu'elle pourrait trouver un moyen de se reprendre après cet affrontement désastreux.
Katarina von Gildenspiegel, Voie de l'Aristocrate
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Re: [Katarina] Antonlied
Enfin, l’Estalien recula d’un pas. Il hocha la tête en pérorant joyeusement :
« À la bonne heure ! »
Il jeta un regard en croix à Reikhard, toujours tout sourire. Peut-être se méfiait-il encore un peu de la réaction de l’Ulricain. Mais enfin, voilà qu’il attrapa la boîte pour la ranger dans son petit sac en papier, plein d’un joli chapeau et de quelques bijoux.
« Tends donc tes mains, mi hermosa. »
Alors que la noble s’exécutait, l’Estalien attrapa d’un geste vif son escarcelle, en posant son sac contre sa cheville. Il ouvrit la bourse, et sortit une pièce en or, qu’il posa dans la paume de la main de Katarina. Si la rousse souhaitait être discrète, c’était complètement raté : plusieurs passants s’arrêtaient maintenant pour regarder la scène avec des gros yeux, un jeune homme en tenue de marin se mit à rigoler tout seul en observant ce qui se tramait.
Une deuxième pièce. Une troisième pièce. Une quatrième pièce… Une à une, il posa les nobles clinquants, avec un avers représentant un monarque Bretonnien (CAROLUS II REX BRETONNIAE) en armure et sur un bateau, au revers l’héraldique de la maison des loups, la dynastie de Blois.
Quand il eut fini de déposer la onzième pièce, il rangea sa bourse, attrapa son sac, et pinça son chapeau pour lancer :
« J’ai grande hâte de vous revoir, mi hermosa, en espérant que vous restiez à Nuln un moment…
Senor, un plaisir de vous rencontrer aussi. »
Il ne leur tourna pas le dos tout de suite. Il fit des pas en arrière, toujours leste tel un matou. Visiblement, il n’était pas assez bête pour risquer d’avoir une balle dans le dos. Mais quand il vit que l’Ulricain demeurait stoïque et impassible, il se tourna enfin à 180° pour reprendre son trajet dans la rue.
Il y eut quelques instants de silence, quand enfin Reikhard se mit à dire quelque chose en se plaçant aux côtés de la rousse.
« Quel énergumène… Au moins, c’est enfin fait. »
Il fit un sourire un peu figé et gêné, et prit une voix douce.
« Comment allez-vous ? »
« À la bonne heure ! »
Il jeta un regard en croix à Reikhard, toujours tout sourire. Peut-être se méfiait-il encore un peu de la réaction de l’Ulricain. Mais enfin, voilà qu’il attrapa la boîte pour la ranger dans son petit sac en papier, plein d’un joli chapeau et de quelques bijoux.
« Tends donc tes mains, mi hermosa. »
Alors que la noble s’exécutait, l’Estalien attrapa d’un geste vif son escarcelle, en posant son sac contre sa cheville. Il ouvrit la bourse, et sortit une pièce en or, qu’il posa dans la paume de la main de Katarina. Si la rousse souhaitait être discrète, c’était complètement raté : plusieurs passants s’arrêtaient maintenant pour regarder la scène avec des gros yeux, un jeune homme en tenue de marin se mit à rigoler tout seul en observant ce qui se tramait.
Une deuxième pièce. Une troisième pièce. Une quatrième pièce… Une à une, il posa les nobles clinquants, avec un avers représentant un monarque Bretonnien (CAROLUS II REX BRETONNIAE) en armure et sur un bateau, au revers l’héraldique de la maison des loups, la dynastie de Blois.
Quand il eut fini de déposer la onzième pièce, il rangea sa bourse, attrapa son sac, et pinça son chapeau pour lancer :
« J’ai grande hâte de vous revoir, mi hermosa, en espérant que vous restiez à Nuln un moment…
Senor, un plaisir de vous rencontrer aussi. »
Il ne leur tourna pas le dos tout de suite. Il fit des pas en arrière, toujours leste tel un matou. Visiblement, il n’était pas assez bête pour risquer d’avoir une balle dans le dos. Mais quand il vit que l’Ulricain demeurait stoïque et impassible, il se tourna enfin à 180° pour reprendre son trajet dans la rue.
Il y eut quelques instants de silence, quand enfin Reikhard se mit à dire quelque chose en se plaçant aux côtés de la rousse.
« Quel énergumène… Au moins, c’est enfin fait. »
Il fit un sourire un peu figé et gêné, et prit une voix douce.
« Comment allez-vous ? »
- Katarina von Gildenspiegel
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Re: [Katarina] Antonlied
Katarina sentit le poids des pièces d'or dans ses mains, leur surface froide et dure contrastant avec la chaleur étouffante de l'air de Nuln. Alors que l'Estalien s'éloignait, elle inspira profondément, essayant de calmer le tremblement persistant dans ses doigts. Les passants curieux continuaient de la fixer, certains avec amusement, d'autres avec une curiosité mal dissimulée. Elle se sentait exposée, vulnérable, et surtout, profondément humiliée par la manière dont les choses s'étaient déroulées.
Lorsque Reikhard se plaça à ses côtés, elle leva enfin les yeux vers lui. Son sourire figé témoignait de son malaise, et sa voix douce contrastait avec l'intensité de l'épreuve qu'elle venait de traverser. Ses mots résonnaient dans l'air, et elle prit un moment pour rassembler ses pensées avant de répondre.
« Je... je vais bien. » murmura-t-elle, bien que sa voix trahisse encore un peu de tension. « Ce n'était pas une situation facile, mais au moins, c'est terminé. »
Elle serra les pièces dans sa main, puis les glissa dans une petite bourse qu'elle attacha à sa ceinture. La valeur du collier, les souvenirs qu'il portait, tout cela semblait maintenant lointain, éclipsé par le besoin de sortir de cette situation sans plus de dégâts.
« Je regrette seulement de n'avoir pas su mieux gérer cet échange... » Elle s'interrompit, cherchant les mots justes pour exprimer ce qu'elle ressentait. « Mais au moins, nous avons conclu l'affaire, même si ce n'est pas dans les conditions que j'aurais souhaitées. Cette somme est misérable... je suppose que cela ne suffira pas pour arranger nos affaires.»
Elle leva les yeux vers Reikhard. « Merci d'avoir été là. Votre présence a été... rassurante. »
Katarina avait le rouge aux joues, partager entre la honte et la colère et se contenta de prendre un moment pour redescendre après l'intervention effrayante de l'individu.
Lorsque Reikhard se plaça à ses côtés, elle leva enfin les yeux vers lui. Son sourire figé témoignait de son malaise, et sa voix douce contrastait avec l'intensité de l'épreuve qu'elle venait de traverser. Ses mots résonnaient dans l'air, et elle prit un moment pour rassembler ses pensées avant de répondre.
« Je... je vais bien. » murmura-t-elle, bien que sa voix trahisse encore un peu de tension. « Ce n'était pas une situation facile, mais au moins, c'est terminé. »
Elle serra les pièces dans sa main, puis les glissa dans une petite bourse qu'elle attacha à sa ceinture. La valeur du collier, les souvenirs qu'il portait, tout cela semblait maintenant lointain, éclipsé par le besoin de sortir de cette situation sans plus de dégâts.
« Je regrette seulement de n'avoir pas su mieux gérer cet échange... » Elle s'interrompit, cherchant les mots justes pour exprimer ce qu'elle ressentait. « Mais au moins, nous avons conclu l'affaire, même si ce n'est pas dans les conditions que j'aurais souhaitées. Cette somme est misérable... je suppose que cela ne suffira pas pour arranger nos affaires.»
Elle leva les yeux vers Reikhard. « Merci d'avoir été là. Votre présence a été... rassurante. »
Katarina avait le rouge aux joues, partager entre la honte et la colère et se contenta de prendre un moment pour redescendre après l'intervention effrayante de l'individu.
Katarina von Gildenspiegel, Voie de l'Aristocrate
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Re: [Katarina] Antonlied
Reikhard hocha négativement de la tête, de gauche à droite.
« Je vous dois des excuses, plutôt, oui. »
Il jeta son regard vers l’Estalien qui disparaissait plus loin dans la foule.
« Ce rat n’avait pas à vous parler ainsi. Ma lame en démange, je regrette de ne pas avoir tiré le fer… Mon expérience m’a très tristement appris qu’il fallait parfois ranger son honneur, que la fierté ne valait pas la peine de risquer sa vie, mais ce n’est jamais agréable.
Cet homme mourra jeune. Un jour, il va tomber sur quelqu’un de plus costaud ou plus adroit que lui, qui n’appréciera pas qu’on lui tienne un tel discours. Il crèvera dans une ruelle, et il regrettera d’avoir ainsi fait le fier.
Mais tout de même, vous auriez probablement préféré un homme qui vous défende, mademoiselle. J’espère que je saurai me faire pardonner autrement. »
Il regarda les pièces dans les mains de Katarina.
« Je peux faire envoyer l’argent à notre futur nouvel ami, j’ai une relation épistolaire avec lui, certes irrégulière, mais qui marche quand même.
En attendant… Peut-être pourrais-je vous changer les idées en vous amenant à la Neuestadt cette nuit ? Enfin, sauf si ça ne vous plaît pas, je n’insiste évidemment pas. »
Il récupéra l’argent, et rangea soigneusement les pièces dans son escarcelle à lui. Puis, il offrit son bras, et commença le trajet jusqu’au quartier Kaufmann — il raccompagna Katarina à son hôtel. Tout le long, il essaya d’être de compagnie un peu sympathique, posa quelques questions sur le passé de la rousse, et, en comprenant qu’elle n’était vraiment pas à Nuln depuis bien longtemps, il commença à raconter telle ou telle anecdote sur le quartier qu’ils traversaient ; visiblement, il avait beau venir à Middenheim, il connaissait vraiment bien la ville.
Il la laissa seule à la porte, promettant de revenir sur les coups de sept heures trente du soir — l’avantage du monde urbain, c’est qu’on rythmait tous ses emplois du temps en fonction d’horloges millimétrées et de montres présentes dans les têtes de tout le monde, rien à voir avec la campagne du Wissenland où on faisait ses horaires selon le son du clocher et la position du soleil.
Revenant à la réception du Marteau du Feu Noir, Katarina put enfin se remettre de ses émotions. Commençant à vraiment sentir la sueur, c’était le bon moment pour se couler un bain grâce à la plomberie et l’eau chauffée disponible de l’hôtel — il fallait bien payer quatre pistoles la nuit pour quelque chose — avant de trouver des vêtements neufs. Grâce à la merveille de l’ingénierie moderne, sa chambre était équipée d’un Porte-voix acoustique, un petit téléphone permettant de joindre la réception et de donc commander une collation ainsi qu’éventuellement autre chose, on n’arrêtait décidément pas le progrès. Ayant quelques heures à occuper, avant le soir, c’était un bon moment de demander un exemplaire de journal. Un groom bien poli amena tout ça une bonne demi-heure après sur un plateau, et après qu’il eut fait sa livraison, on put lui fermer la porte au nez et profiter d’un peu d’instant de tranquillité.
Avachie dans son bain, chaud et parfumé de sels, Katarina pouvait donc lire l’édition de cette semaine du Marteau de Sigmar, l’organe officiel du culte Sigmarite. C’était une gazette hebdomadaire diffusée à travers la totalité de l’Empire, qui relatait des informations générales sur l’état du pays, un peu de pages sur l’économie et les événements culturels et sportifs, mais aussi beaucoup d’informations qui essayaient de vulgariser et diffuser au plus grand nombre la situation actuelle du clergé — le tout clairement orienté pour être pro-Sigmarite, évidemment. Lire le journal était donc une habitude des gens de la ville, à laquelle il fallait se mettre pour tout le temps être au courant de tout…
Reikhard avait la politesse d’arriver en retard. Voilà une autre chose de l’étiquette noble : il était impoli d’arriver pile à l’heure, au cas où on avait encore besoin de se préparer. C’est uniquement à dix-neuf heures quarante-cinq que le téléphone de la chambre de Katarina sonna. La dame de la réception indiqua que « Un monsieur Velndez vous demande ; est-il attendu ? », histoire de savoir s’il était nécessaire de l’éconduire ou non. Ayant répondu par l’affirmative, Katarina pu quitter sa chambre et descendre les escaliers dans sa toilette — elle avait décidé de s’habiller en femme bourgeoise, même si elle s’était parfumée et accoutrée des quelques bijoux qui lui restaient ; aucun n’avait la beauté de son collier désormais entre les mains d’un Estalien, malheureusement…
Arrivant dans le hall de l’hôtel, elle découvrit Reikhard. Lui aussi s’était fait tout beau, et même beaucoup plus que Katarina : il portait un magnifique complet coloré, avec une broche autour de son cou, son épée qui le désignait comme noble ostensiblement au flanc, et un chapeau en feutre un peu bombé sur la tête. Il s’était habillé pour le bal, et désormais elle faisait moins resplendissante à ses côtés — visiblement, traîner dans la Neuestadt ne l’invitait absolument pas à la discrétion. En voyant arriver Katarina, il lui sourit, retira son chapeau, et fit une révérence et un baise-main — le bon petit noble parfait. Il lui lança même le compliment attendu, avec une grande sincérité dans sa voix :
« Meine Herrin, vous êtes élégante. »
Il commença à se diriger vers la sortie.
« Je nous ai fais louer un taxi pour aller dans la Neuestadt — vous avez beaucoup marché aujourd’hui, je me disais que vous aviez besoin du repos.
Et puis, vous avez déjà des gambettes suffisamment taillées. »
Il avait lancé le petit compliment légèrement osé sur un ton taquin, comme s’il n’était pas sérieux — mais ça devait quand même faire plaisir à entendre. Et lui venait la chercher, contrairement à Lorenz…
« Il y a plein de choses de prévues ce soir. Mais je me demandais sous quel jour vous vous attendiez à découvrir Nuln, puisque j’ai promis de vous la montrer, telle qu’elle était.
Il y a quelque chose de… Vulgaire, qui est prévu au Dédale. Mais vous pouvez me dire non, j’ai d’autres projets beaucoup plus sages et beaucoup plus dignes. »
Le Dédale… L’un des pires quartiers de tout Nuln. Un dépotoir à ciel ouvert, rempli de truands, de puterelles et de matelots sans contrat. On disait que l’endroit était un coupe-gorge immense, où on ne pouvait pas marcher sans risquer de se prendre un coup de couteau, en plus d’être parcouru de ruelles dégoûtantes et non-pavées. Un furoncle sur le dos de la Ville-Lumière.
« Un combat de chiens, figurez-vous. C’est féroce, et violent, mais il y a une telle électricité dans la foule…
Je crois savoir que jamais personne dans la totalité de votre existence vous a jamais invité à un combat de chiens, je me trompe ? »
Il lui offrait un vilain sourire.
« Je vous dois des excuses, plutôt, oui. »
Il jeta son regard vers l’Estalien qui disparaissait plus loin dans la foule.
« Ce rat n’avait pas à vous parler ainsi. Ma lame en démange, je regrette de ne pas avoir tiré le fer… Mon expérience m’a très tristement appris qu’il fallait parfois ranger son honneur, que la fierté ne valait pas la peine de risquer sa vie, mais ce n’est jamais agréable.
Cet homme mourra jeune. Un jour, il va tomber sur quelqu’un de plus costaud ou plus adroit que lui, qui n’appréciera pas qu’on lui tienne un tel discours. Il crèvera dans une ruelle, et il regrettera d’avoir ainsi fait le fier.
Mais tout de même, vous auriez probablement préféré un homme qui vous défende, mademoiselle. J’espère que je saurai me faire pardonner autrement. »
Il regarda les pièces dans les mains de Katarina.
« Je peux faire envoyer l’argent à notre futur nouvel ami, j’ai une relation épistolaire avec lui, certes irrégulière, mais qui marche quand même.
En attendant… Peut-être pourrais-je vous changer les idées en vous amenant à la Neuestadt cette nuit ? Enfin, sauf si ça ne vous plaît pas, je n’insiste évidemment pas. »
Il récupéra l’argent, et rangea soigneusement les pièces dans son escarcelle à lui. Puis, il offrit son bras, et commença le trajet jusqu’au quartier Kaufmann — il raccompagna Katarina à son hôtel. Tout le long, il essaya d’être de compagnie un peu sympathique, posa quelques questions sur le passé de la rousse, et, en comprenant qu’elle n’était vraiment pas à Nuln depuis bien longtemps, il commença à raconter telle ou telle anecdote sur le quartier qu’ils traversaient ; visiblement, il avait beau venir à Middenheim, il connaissait vraiment bien la ville.
Il la laissa seule à la porte, promettant de revenir sur les coups de sept heures trente du soir — l’avantage du monde urbain, c’est qu’on rythmait tous ses emplois du temps en fonction d’horloges millimétrées et de montres présentes dans les têtes de tout le monde, rien à voir avec la campagne du Wissenland où on faisait ses horaires selon le son du clocher et la position du soleil.
Revenant à la réception du Marteau du Feu Noir, Katarina put enfin se remettre de ses émotions. Commençant à vraiment sentir la sueur, c’était le bon moment pour se couler un bain grâce à la plomberie et l’eau chauffée disponible de l’hôtel — il fallait bien payer quatre pistoles la nuit pour quelque chose — avant de trouver des vêtements neufs. Grâce à la merveille de l’ingénierie moderne, sa chambre était équipée d’un Porte-voix acoustique, un petit téléphone permettant de joindre la réception et de donc commander une collation ainsi qu’éventuellement autre chose, on n’arrêtait décidément pas le progrès. Ayant quelques heures à occuper, avant le soir, c’était un bon moment de demander un exemplaire de journal. Un groom bien poli amena tout ça une bonne demi-heure après sur un plateau, et après qu’il eut fait sa livraison, on put lui fermer la porte au nez et profiter d’un peu d’instant de tranquillité.
Avachie dans son bain, chaud et parfumé de sels, Katarina pouvait donc lire l’édition de cette semaine du Marteau de Sigmar, l’organe officiel du culte Sigmarite. C’était une gazette hebdomadaire diffusée à travers la totalité de l’Empire, qui relatait des informations générales sur l’état du pays, un peu de pages sur l’économie et les événements culturels et sportifs, mais aussi beaucoup d’informations qui essayaient de vulgariser et diffuser au plus grand nombre la situation actuelle du clergé — le tout clairement orienté pour être pro-Sigmarite, évidemment. Lire le journal était donc une habitude des gens de la ville, à laquelle il fallait se mettre pour tout le temps être au courant de tout…
LE MARTEAU DE SIGMAR
Semaine du 21 Vorgeheim 2512
36e année — N°1824
16 rue Wilhem III — Altdorf 4e / Télégraphe : KÖNIGPLATZ 13 ALTDORF
Hebdomadaire — 12 pages
Prix conseillé : 3 s / Abonnement annuel : 8 p (Reikland, Middenheim, Nuln, Talabheim), 10 p (Ailleurs, sous conditions)
VIOLENCES ANTI-SIGMARITES : L’APPEL AU CALME DE L’AR-ULRIC SERA-T-IL ÉCOUTÉ ?
Frère Luitpold Gelt, Middenheim
Après le saccage du grand-temple Sigmarite de Middenheim, l’Ar-Ulric a fait un discours public dans lequel il a condamné « avec la plus grande fermeté » les violences, et demandé aux fidèles du culte d’Ulric de retourner au calme.
Fait-il bon d’être Sigmarite dans le pays de Sigmar ? De plus en plus de fidèles signifient à leurs prêtres, et écrivent à notre journal, pour témoigner de leur malaise et de leur sentiment d’hostilité à leur encontre, notamment dans les provinces les plus septentrionales de notre pays. Ce que le chancelier de l’Empire, Immanuel-Ferrand, a qualité de « violences protéiformes » lorsqu’il fut interrogé par la presse masque une réalité bien plus simple que celle-là : aujourd’hui, les fidèles de Sigmar ne sont plus en sécurité.
À travers l’Empire, une culture de la violence semble s’être emparée des âmes des sujets de Sa Majesté Impériale. Les chiffres des diverses cours de justices provinciales ne sont pas équivoques — le brigandage augmente, de même que la criminalité de toute sorte. La compagnie d’assurance Fogger a indiqué dans son dernier exercice trimestriel avoir quadruplé son paiement de primes pour cambriolage, notamment avec violence et sur les grands chemins. Les grandes routes de l’Empereur, autrefois réputées sûres et faciles d’accès, sont maintenant parcourues de criminels et de voleurs qui utilisent la menace, et parfois n’hésitent même pas à commettre des meurtres, afin de s’emparer de biens et de personnes.
Mais derrière cette violence caractérisée pour l’intérêt matériel, se camoufle une véritable violence anti-Sigmarite qui vise particulièrement nos croyants pour des faits de religions. Presque chaque fois par semaine, que ce soit dans le Nordland ou le Talabecland, nous apprenons des histoires de pèlerins Sigmarites qui sont dépouillés par des brigands, de croyants qui sont chassés de leur auberge du Middenland parce qu’ils ont refusé de dire que Sigmar n’était pas un Dieu, mais simplement un homme saint, et d’insultes humiliantes ou de situations discriminatoires.
La mise à sac du temple de Sigmar à Middenheim n’a été que la culmination d’années d’intolérance et de laxisme des autorités officielles de la cité du Loup Blanc, et d’irresponsabilité des prêtres du culte d’Ulric. Plusieurs dizaines, voire centaines selon des témoins, de fidèles Ulricains sont entrés en plein throng de Festag pour y abattre une pure furie iconoclaste, détruisant des images saintes de Sigmar et de Johann Helstrum, cassant du matériel liturgique, bastonnant plusieurs fidèles, tout en scandant des slogans Ulricains. Ulrich Schutzmann, commandant du guet de Middenheim, et fidèle Sigmarite avoué (Une position dangereuse dans le Middenheim d’aujourd’hui !) a bien réussi à disperser la foule et mettre en sécurité les Sigmarites, mais pourtant, la justice appelée en référé n’a pas encore condamné les meneurs parmi ces fauteurs de troubles, actuellement en liberté conditionnelle en attente de leur jugement…
L’Ar-Ulric a publiquement condamné ces actions, et a eu des mots très durs pour les participants à ce qu’il a qualifié « d’émeute criminelle ». C’est ce qu’on attendait d’un homme d’une telle stature. Pourtant, même si nous le remercions de ses mots, nous savons aussi que les paroles n’ont plus assez de sens. Si l’Ar-Ulric se désole de voir ses fidèles s’en prendre à des Sigmarites dans le plus important de leurs lieux de culte, force est de constater que c’est son manquement à son devoir de discipline au sein de son clergé, son incapacité à contrôler les paroles des prêtres sous ses ordres, qui ont conduit à un tel crime.
Il ne fait plus bon d’être Sigmarite aujourd’hui. Il devient de plus en plus important de se défendre, et de défendre les pèlerins de Sigmar face à de tels agissements.
Le Grand Théogoniste, Sa Sainteté Yorri XV, a fait savoir qu’il remerciait l’Ar-Ulric pour ses mots fermes et sans ambiguïté. Néanmoins, Mannfred von Hindenstern, haut-capitulaire d’Altdorf, aurait pétitionné Sa Sainteté pour demander à ce que dorénavant, les temples sigmarites de Middenheim soient gardés par des chevaliers de l’Ordre du Cœur Flamboyant — les services de Sa Sainteté n’ont pas encore répondu à cette pétition, mais nous ne pouvons que appuyer le haut-capitulaire dans sa demande. En tant que prêtre Sigmarite de Middenheim, je peux personnellement dire comment j’ai aujourd’hui peur de sortir de chez moi, peur d’officier, et peur pour mes fidèles. Si nous ne pouvons plus avoir confiance envers nos frères impériaux Ulricains, il faudrait pouvoir s’armer et se défendre nous-mêmes.
LUTHOR HUSS REFUSE DE SE PRÉSENTER AU TEMPLE DE NULN
Frère Julian Eisenhorn, Wissenburg
Luthor Huss, prêcheur de Sigmar controversé à l’origine de critiques envers la doctrine et l’organisation de notre culte, a refusé de répondre à l’invitation qui lui a été faite par l’Archilecteur du Sud, Son Éminence Kaslain, qui souhaitait faire un débat théologique avec lui.
On ne présente plus Luthor Huss. Le prédicateur à la parole acérée et au marteau facile continue de voyager à travers les provinces de l’Empire, parvenant à rallier auprès de lui paysans, bourgeois, et même nobles qui ont trouvé dans ses mots et ses écrits un creuset pour émettre des doutes, plus-ou-moins fondés, sur la manière dont le culte de Sigmar s’organise. Si, comme tout prêtre Sigmar, Luthor Huss a le droit à la parole et au doute, plusieurs voix se sont levées contre lui pour demander des explications sur certains points douteux qu’il a pu soulever au cours de prêches ou de lettres écrites à des gens qui lui posaient des questions d’ordre théologique ou séculaire.
Nous croyons en la liberté d’expression. Et le culte de Sigmar croyant fort également en cette liberté, l’archilecteur de Nuln, Kaslain, a invité le mois dernier Luthor Huss à se présenter à la cathédrale de Sigmar de Nuln, afin de pouvoir débattre de certains points doctrinaux — notamment, les Quatre Points revendiqués par Luthor Huss et ses disciples dans leurs pamphlets. Pour rappel à nos lecteurs, Luthor Huss défend à travers ces quatre points la possibilité de faire les offices et la traduction des livres saints en reikspiel (Et non en khazalid, la langue sainte et pure parlée par Sigmar lui-même), la saisine de toutes les terres ecclésiastiques de tous les clergés, afin de les transformer en fonctionnaires et contraindre tous les clercs à la pauvreté (Ce qui serait un pur désastre pour l’indépendance de la religion !), l’interdiction des indulgences tarifées et des pénitences par le travail (Ce qui limiterait la vie d’un fidèle à la Foi seule, sans avoir besoin de travailler personnellement à son salut — un moyen de rester indolent et faible !), et la possibilité pour la totalité des fidèles du culte d’obtenir purification et confession des fautes chaque Festag au lieu d’uniquement les jours saints.
Luthor Huss n’a pas cru bon de daigner répondre à l’invitation de Son Éminence. Et le voilà donc qui continue, aujourd’hui dans le Wissenland, de prêcher de façon sauvage, en ignorant ainsi les invitations de ses supérieurs. Le simple diacre que je suis propose plutôt de convoquer franchement Luthor Huss et ses amis devant l’autorité ecclésiastique, et d’urgence, car sa controverse théologique commence à dangereusement tendre vers le chaos laïc — beaucoup des personnes convaincues par les propos de Huss commencent à commettre des abus, et j’ai pu voir des fidèles exiger avec violence envers leurs prêtres d’obtenir le sacrement de purification, tandis que d’autres se sont mis à accuser le clergé de « superstition » en offrant de toucher des reliques ; bientôt, peut-être ces bons Sigmarites se transformeront en vils iconoclastes à la manière d’Ulricains du nord, si nous ne répondons pas fermement aux propos des Hussites !
Reikhard avait la politesse d’arriver en retard. Voilà une autre chose de l’étiquette noble : il était impoli d’arriver pile à l’heure, au cas où on avait encore besoin de se préparer. C’est uniquement à dix-neuf heures quarante-cinq que le téléphone de la chambre de Katarina sonna. La dame de la réception indiqua que « Un monsieur Velndez vous demande ; est-il attendu ? », histoire de savoir s’il était nécessaire de l’éconduire ou non. Ayant répondu par l’affirmative, Katarina pu quitter sa chambre et descendre les escaliers dans sa toilette — elle avait décidé de s’habiller en femme bourgeoise, même si elle s’était parfumée et accoutrée des quelques bijoux qui lui restaient ; aucun n’avait la beauté de son collier désormais entre les mains d’un Estalien, malheureusement…
Arrivant dans le hall de l’hôtel, elle découvrit Reikhard. Lui aussi s’était fait tout beau, et même beaucoup plus que Katarina : il portait un magnifique complet coloré, avec une broche autour de son cou, son épée qui le désignait comme noble ostensiblement au flanc, et un chapeau en feutre un peu bombé sur la tête. Il s’était habillé pour le bal, et désormais elle faisait moins resplendissante à ses côtés — visiblement, traîner dans la Neuestadt ne l’invitait absolument pas à la discrétion. En voyant arriver Katarina, il lui sourit, retira son chapeau, et fit une révérence et un baise-main — le bon petit noble parfait. Il lui lança même le compliment attendu, avec une grande sincérité dans sa voix :
« Meine Herrin, vous êtes élégante. »
Il commença à se diriger vers la sortie.
« Je nous ai fais louer un taxi pour aller dans la Neuestadt — vous avez beaucoup marché aujourd’hui, je me disais que vous aviez besoin du repos.
Et puis, vous avez déjà des gambettes suffisamment taillées. »
Il avait lancé le petit compliment légèrement osé sur un ton taquin, comme s’il n’était pas sérieux — mais ça devait quand même faire plaisir à entendre. Et lui venait la chercher, contrairement à Lorenz…
« Il y a plein de choses de prévues ce soir. Mais je me demandais sous quel jour vous vous attendiez à découvrir Nuln, puisque j’ai promis de vous la montrer, telle qu’elle était.
Il y a quelque chose de… Vulgaire, qui est prévu au Dédale. Mais vous pouvez me dire non, j’ai d’autres projets beaucoup plus sages et beaucoup plus dignes. »
Le Dédale… L’un des pires quartiers de tout Nuln. Un dépotoir à ciel ouvert, rempli de truands, de puterelles et de matelots sans contrat. On disait que l’endroit était un coupe-gorge immense, où on ne pouvait pas marcher sans risquer de se prendre un coup de couteau, en plus d’être parcouru de ruelles dégoûtantes et non-pavées. Un furoncle sur le dos de la Ville-Lumière.
« Un combat de chiens, figurez-vous. C’est féroce, et violent, mais il y a une telle électricité dans la foule…
Je crois savoir que jamais personne dans la totalité de votre existence vous a jamais invité à un combat de chiens, je me trompe ? »
Il lui offrait un vilain sourire.
- Katarina von Gildenspiegel
- PJ
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Re: [Katarina] Antonlied
Katarina laissa échapper un soupir de soulagement en s'enfonçant davantage dans l'eau chaude, ses pensées dérivant vers les événements récents. L'Estalien, la vente du collier, et la tension palpable de cette transaction désagréable. Heureusement, tout cela appartenait au passé pour l'instant. Elle tourna à nouveau les pages du Marteau de Sigmar, se perdant dans les nouvelles de l'Empire, tout en cherchant un moment d'apaisement.
Mais cette fois, le bain ne suffisait pas à apaiser son esprit. La lecture du *Marteau de Sigmar* n’avait fait qu’attiser son inquiétude, voire sa colère. En tant que fervente Sigmarite et conservatrice, les violences anti-Sigmarites la touchaient profondément. Le saccage du temple à Middenheim lui semblait être une abomination, une preuve irréfutable de la dégradation morale et de la montée de la barbarie dans certaines provinces de l'Empire.
Comment pouvait-on en arriver là ? Sigmar, le fondateur de l’Empire, n’était pas simplement un homme saint, comme certains osaient le prétendre, mais un dieu. La simple idée que des Ulricains puissent détruire les icônes de leur propre protecteur divin la révoltait. Que faisaient les autorités ? Où étaient les chevaliers, les hommes d’honneur qui devaient défendre le culte de Sigmar ? Remaque si ils étaient aussi courageux que Reikhard face a cet horrible estalien... cela expliquait bien des choses. Il lui semblait de plus en plus évident que ces violences ne pouvaient rester impunies.
Le nom de Luthor Huss éveilla en elle un sentiment de mépris. Ce prêcheur rebelle n'était qu'un trouble-fête, un danger pour l’ordre établi. Ses propositions de réforme étaient non seulement imprudentes, mais blasphématoires. Traduire les écritures saintes en reikspiel ? Absurde ! La pureté de la foi passait par la langue sacrée choisie par l'église lui-même, le khazalid. Quant à son désir de saisir les terres ecclésiastiques, cela relevait d’une insulte envers l’Église. Comment pouvait-on s’attendre à ce que les prêtres vivent dans la pauvreté, eux qui œuvraient pour le salut de l’âme de l’Empire tout entier ?
En repensant à ces "Hussites" qui gagnaient du terrain, Katarina sentit une vague d’amertume monter en elle. Ces agitateurs risquaient d’affaiblir le culte et de diviser les Sigmarites, ce qui ne pouvait mener qu’au chaos. Pour elle, il était clair que l’Empire avait besoin de plus de discipline, pas de moins, et que ces prêcheurs hérétiques devaient être rappelés à l’ordre, voire écartés du chemin si nécessaire.
Relisant une dernière fois les nouvelles, elle ne pouvait qu’approuver la proposition de l'archilecteur de Nuln d’armer les temples de Sigmar. Si les fidèles n'étaient plus en sécurité, alors il était temps de prendre des mesures pour défendre ce qui était sacré. Il ne s'agissait pas seulement de protéger les pierres des temples, mais aussi l'âme de l'Empire.
Plongée dans ses pensées conservatrices, elle réalisa que sa foi dans l’autorité du clergé, et dans la nécessité de préserver les traditions séculaires, était plus forte que jamais. La soirée à venir avec Reikhard pouvait bien l’aider à oublier momentanément ces préoccupations.
Katarina sortit du bain, laissant derrière elle la chaleur apaisante qui l’avait enveloppée. La douce fragrance des sels de bain flottait encore dans l’air de la chambre, tandis qu’elle se préparait soigneusement, choisissant avec minutie sa toilette pour la soirée. Ses cheveux, encore légèrement humides, furent peignés et attachés avec soin, tandis qu'elle se parait de ses rares bijoux, songeant un instant avec une pointe d'amertume au collier désormais entre les mains de l'Estalien.
Elle descendit finalement les escaliers de l'hôtel, chaque pas résonnant doucement contre les marches de pierre. Dans le hall, Reikhard l'attendait, impeccablement vêtu d’un ensemble noble et raffiné, bien plus élégant que ce à quoi elle s’était attendue. Son complet coloré, la broche ornant son cou et l'épée au flanc affichaient ostensiblement son statut, et son chapeau feutré ajoutait une touche théâtrale à l'ensemble. Lorsqu'il la vit arriver, il s'avança avec un sourire chaleureux, retirant son chapeau pour lui offrir une révérence accompagnée d’un baise-main. Le geste, parfaitement exécuté, aurait pu paraître convenu, mais la sincérité dans sa voix lorsqu’il la complimenta ne passa pas inaperçue.
Katarina observa Reikhard avec un mélange d'intrigue et d'hésitation. L’idée de se rendre dans un endroit aussi mal famé que le Dédale, pour assister à un combat de chiens, éveillait en elle des sentiments contradictoires. D’un côté, cela représentait une expérience totalement étrangère à son monde ; une curiosité obscure qui l’attirait malgré elle. Cependant, la perspective de se retrouver au milieu de la violence, de l’agitation d’une foule ivre de brutalité, la plongeait dans l’inquiétude.
Elle se rappelait encore trop bien l’Estalien et la sensation de vulnérabilité qu’elle avait éprouvée face à son arrogance et son agressivité. Dans un lieu aussi dangereux que le Dédale, les risques d’une nouvelle rencontre avec une brute étaient bien réels, et cette simple idée la mettait mal à l’aise. Le souvenir de la peur qui l’avait saisie lors de cette transaction lui faisait envisager les pires scénarios.
« Un combat de chiens… » murmura-t-elle, le regard pensif, avant de relever les yeux vers Reikhard. « C’est vrai, personne ne m’a jamais invité à une telle… distraction. Il faut avouer que c’est tentant, d’une certaine manière. Découvrir une facette de Nuln si différente de ce que je connais, si éloignée de la bienséance habituelle. Mais… » Elle marqua une pause, cherchant ses mots, sans pouvoir dissimuler totalement sa nervosité.
« Vous comprenez bien que ce genre d’endroit n’est pas sans danger. Si on devait tomber sur une brute semblable à ce… ce disgracieux Estalien, ou pire encore, je ne pourrais pas compter sur la protection d’un environnement civilisé. Je crains que la situation ne puisse se reproduire, ou dégénérer. » Ses yeux glissèrent un instant vers le sol, avant de retrouver le visage de Reikhard. « Croyez-vous vraiment que nous serions en sécurité là-bas ? »
Elle savait qu’il comprendrait ses réserves. Reikhard semblait à l’aise dans toutes les sphères sociales, mais Katarina, malgré sa curiosité, ne voulait pas risquer sa sécurité pour une simple aventure nocturne dans les bas-fonds de Nuln.
Mais cette fois, le bain ne suffisait pas à apaiser son esprit. La lecture du *Marteau de Sigmar* n’avait fait qu’attiser son inquiétude, voire sa colère. En tant que fervente Sigmarite et conservatrice, les violences anti-Sigmarites la touchaient profondément. Le saccage du temple à Middenheim lui semblait être une abomination, une preuve irréfutable de la dégradation morale et de la montée de la barbarie dans certaines provinces de l'Empire.
Comment pouvait-on en arriver là ? Sigmar, le fondateur de l’Empire, n’était pas simplement un homme saint, comme certains osaient le prétendre, mais un dieu. La simple idée que des Ulricains puissent détruire les icônes de leur propre protecteur divin la révoltait. Que faisaient les autorités ? Où étaient les chevaliers, les hommes d’honneur qui devaient défendre le culte de Sigmar ? Remaque si ils étaient aussi courageux que Reikhard face a cet horrible estalien... cela expliquait bien des choses. Il lui semblait de plus en plus évident que ces violences ne pouvaient rester impunies.
Le nom de Luthor Huss éveilla en elle un sentiment de mépris. Ce prêcheur rebelle n'était qu'un trouble-fête, un danger pour l’ordre établi. Ses propositions de réforme étaient non seulement imprudentes, mais blasphématoires. Traduire les écritures saintes en reikspiel ? Absurde ! La pureté de la foi passait par la langue sacrée choisie par l'église lui-même, le khazalid. Quant à son désir de saisir les terres ecclésiastiques, cela relevait d’une insulte envers l’Église. Comment pouvait-on s’attendre à ce que les prêtres vivent dans la pauvreté, eux qui œuvraient pour le salut de l’âme de l’Empire tout entier ?
En repensant à ces "Hussites" qui gagnaient du terrain, Katarina sentit une vague d’amertume monter en elle. Ces agitateurs risquaient d’affaiblir le culte et de diviser les Sigmarites, ce qui ne pouvait mener qu’au chaos. Pour elle, il était clair que l’Empire avait besoin de plus de discipline, pas de moins, et que ces prêcheurs hérétiques devaient être rappelés à l’ordre, voire écartés du chemin si nécessaire.
Relisant une dernière fois les nouvelles, elle ne pouvait qu’approuver la proposition de l'archilecteur de Nuln d’armer les temples de Sigmar. Si les fidèles n'étaient plus en sécurité, alors il était temps de prendre des mesures pour défendre ce qui était sacré. Il ne s'agissait pas seulement de protéger les pierres des temples, mais aussi l'âme de l'Empire.
Plongée dans ses pensées conservatrices, elle réalisa que sa foi dans l’autorité du clergé, et dans la nécessité de préserver les traditions séculaires, était plus forte que jamais. La soirée à venir avec Reikhard pouvait bien l’aider à oublier momentanément ces préoccupations.
Katarina sortit du bain, laissant derrière elle la chaleur apaisante qui l’avait enveloppée. La douce fragrance des sels de bain flottait encore dans l’air de la chambre, tandis qu’elle se préparait soigneusement, choisissant avec minutie sa toilette pour la soirée. Ses cheveux, encore légèrement humides, furent peignés et attachés avec soin, tandis qu'elle se parait de ses rares bijoux, songeant un instant avec une pointe d'amertume au collier désormais entre les mains de l'Estalien.
Elle descendit finalement les escaliers de l'hôtel, chaque pas résonnant doucement contre les marches de pierre. Dans le hall, Reikhard l'attendait, impeccablement vêtu d’un ensemble noble et raffiné, bien plus élégant que ce à quoi elle s’était attendue. Son complet coloré, la broche ornant son cou et l'épée au flanc affichaient ostensiblement son statut, et son chapeau feutré ajoutait une touche théâtrale à l'ensemble. Lorsqu'il la vit arriver, il s'avança avec un sourire chaleureux, retirant son chapeau pour lui offrir une révérence accompagnée d’un baise-main. Le geste, parfaitement exécuté, aurait pu paraître convenu, mais la sincérité dans sa voix lorsqu’il la complimenta ne passa pas inaperçue.
Katarina observa Reikhard avec un mélange d'intrigue et d'hésitation. L’idée de se rendre dans un endroit aussi mal famé que le Dédale, pour assister à un combat de chiens, éveillait en elle des sentiments contradictoires. D’un côté, cela représentait une expérience totalement étrangère à son monde ; une curiosité obscure qui l’attirait malgré elle. Cependant, la perspective de se retrouver au milieu de la violence, de l’agitation d’une foule ivre de brutalité, la plongeait dans l’inquiétude.
Elle se rappelait encore trop bien l’Estalien et la sensation de vulnérabilité qu’elle avait éprouvée face à son arrogance et son agressivité. Dans un lieu aussi dangereux que le Dédale, les risques d’une nouvelle rencontre avec une brute étaient bien réels, et cette simple idée la mettait mal à l’aise. Le souvenir de la peur qui l’avait saisie lors de cette transaction lui faisait envisager les pires scénarios.
« Un combat de chiens… » murmura-t-elle, le regard pensif, avant de relever les yeux vers Reikhard. « C’est vrai, personne ne m’a jamais invité à une telle… distraction. Il faut avouer que c’est tentant, d’une certaine manière. Découvrir une facette de Nuln si différente de ce que je connais, si éloignée de la bienséance habituelle. Mais… » Elle marqua une pause, cherchant ses mots, sans pouvoir dissimuler totalement sa nervosité.
« Vous comprenez bien que ce genre d’endroit n’est pas sans danger. Si on devait tomber sur une brute semblable à ce… ce disgracieux Estalien, ou pire encore, je ne pourrais pas compter sur la protection d’un environnement civilisé. Je crains que la situation ne puisse se reproduire, ou dégénérer. » Ses yeux glissèrent un instant vers le sol, avant de retrouver le visage de Reikhard. « Croyez-vous vraiment que nous serions en sécurité là-bas ? »
Elle savait qu’il comprendrait ses réserves. Reikhard semblait à l’aise dans toutes les sphères sociales, mais Katarina, malgré sa curiosité, ne voulait pas risquer sa sécurité pour une simple aventure nocturne dans les bas-fonds de Nuln.
Katarina von Gildenspiegel, Voie de l'Aristocrate
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Re: [Katarina] Antonlied
Reikhard eut un sourire bien vilain à la réflexion de Katarina :
« Parce que vous vous sentez en sécurité quand vous êtes chez les civilisés ? »
Il laissa sa réflexion rhétorique flotter dans l’air, avant de faire face à la rousse, et changer de ton pour paraître plus ferme et plus sûr de lui.
« Pleins de lieux sont dangereux dans ce monde, et on n’est pas plus sûr sur l’Aldig qu’au Dédale. Est-ce qu’il y a des crimes dans les bas-fonds de Nuln ? Évidemment, c’est un risque, cela arrive — mais un risque ne doit pas nous empêcher de vivre. Ceux qui risquent le plus au Dédale, c’est ceux qui font les branquignoles, qui asticotent des costauds… Une femme accompagnée par un homme à l’épée, qui sait se tenir, elle ne risque pas plus que si elle allait ailleurs.
Je vous protégerai, et je serai en même temps assez malin pour ne pas attirer l’attention sur nous. Je vous en fais la promesse. »
Il paraissait, à nouveau, très sincère dans ses paroles — ou du moins, très sûr de lui, ce qui ne voulait pas forcément dire qu’il savait de quoi il parlait.
« Allons, ça vous fera une sacrée histoire à raconter, mademoiselle. »
Il offrit son bras. Les deux quittèrent alors l’hôtel. Juste devant, garé sur le bas-côté, attendait un cab, un étrange attelage à deux roues et un seul cheval où un cocher patientait sur un siège surélevé à l’arrière. Le-dit homme-taxi était un gros monsieur moustachu. En voyant débarquer Reikhard, il retira son chapeau en guise de salutation ; il y avait seulement deux sièges, couverts au cas où il pleuvait, pour les deux passagers qui prirent place. Alors, le clocher fit claquer son fouet et rejoint la circulation.
C’était beaucoup plus agréable de découvrir Nuln assise dans un taxi qu’à pied. En fait, Katarina se rendait compte que depuis son arrivée ici, ce n’était jamais arrivé — tout élégant qu’était Lorenz, il ne lui avait jamais offert la courtoisie de juste lui payer le fiacre. Les fesses assises à l’aise, à dérouler à vitesse régulière le long d’une chaussée, on pouvait prendre plus le temps de perdre son regard à l’horizon et tout observer autour de soi ; ça secouait un petit peu, mais l’habitacle était de qualité, Nuln était vraiment une ville moderne pour être capable de fabriquer des voitures aussi stables et bien élaborées. Et alors, on pouvait observer la vie des passants, les grands bâtiments du quartier Kaufmann qui s’étalaient partout, les avenues et les statues, les foules de gens qui descendaient et montaient les carrefours, le mélange de chevaux, de charrettes, de bicyclettes, et même, chose incroyable, d’un carrosse ahippique, une automobile fonctionnant sans animal pour la tirer, fumante et bruyante — et un unique policier, surélevé sur une petite colonne de pierre tout au centre, devait organiser tout ce chaos infernal avec un sifflet et des petits drapeaux de signalisation qui s’étendaient automatiquement lorsqu’il appuyait sur un bouton, et ainsi, chacun dans des foules d’hommes-moutons savait quand il devait s’arrêter et repartir, selon que le fanion devenait rouge ou vert : la beauté du ballet d’une ville.
L’ambiance changeait progressivement alors qu’on suivait l’avenue commerciale. La rue était toujours impeccablement pavée, mais elle devenait plus étroite, et entourée de bâtiments qui faisaient plus « décrépits » — on atteignait les limites de la modernisation de Nuln. Là, on voyait partout, sur les côtés, des échafaudages pour permettre à des couvreurs d’escalader les tuiles de toitures, des étals de marchands à la sauvette offrant pour l’un des agrumes, pour l’autre ses services de remmouleur. Partout, des grues, des chevaux, des gens fatigués qui rentraient du travail, et quelques mendiants. Le soleil était en train de se coucher, il miroitait une dernière lueur orangée à travers la brume épaisse de Nuln, et déjà, quelques allumeurs de réverbères entamaient leur service, grimpant sur les lampadaires à huiles un par un afin que la Ville-Lumière ne s’éteigne pas.
Pas sûr que leur service soit assuré partout dans le Dédale. Car plus on s’enfonçait dans les taudis de Nuln, plus l’ambiance devenait morne, pauvre, sale, plus l’air, déjà pas mal vicié partout à Nuln, devenait étouffant à en pleurer… Mais c’était toujours aussi bruyant, comme si on chantait des charivaris au fond du smog.
Le taxi s’arrêta en pleine rue. Un panneau indiquait les deux voiries adjacentes : Allée aux Aveugles et Rue des Culs-de-Jatte — ça promettait, à se demander quel édile avait nommé l’endroit. Reikhard descendit, lança quelques pièces au cocher qui demanda s’ils avaient fait bon voyage, et leur recommanda d’à nouveau faire appel aux services de Über Taxi s’ils en avaient le besoin. Puis, le Middenheimer offrit sa main, et Katarina put descendre.
Déjà deux pas de faits, et elle devait éviter une flaque de gadoue au milieu d’un pavé arraché. En la voyant faire, Reikhard ricana un peu.
« Vous ne sauverez pas vos bottes ce soir, mais je vous payerai évidemment le cirage. »
Il offrit à nouveau son bras, et l’invita à bien se coller à lui. Alors qu’ils s’avançaient au milieu du brouillard et du soir qui commençait à étendre ses bras, ils passèrent au milieu de gens tumultueux : de jeunes gens, peut-être des étudiants vu qu’ils étaient bien habillés, sifflaient et couraient en rigolant, comme s’ils venaient de faire une connerie — ils se criaient dessus en s’insultant, mais ça semblait bizarrement amical, même quand ils se lançaient des « revient fils de chienne ! » portés avec l’écho des bâtiments. Une vieille dame bizarre qui parlait toute seule attendait sur le bas-côté, et en voyant passer les deux amoureux, elle grinça des dents et ragea sur eux sans raison :
« Ah bah à la bonne heure que ça pèle le chaud hein il a fait chaud, il a fait chaud aujourd’hui ! Vous avez pas vu mon chat ?! Mon chat il pèle il miaule il crie parce qu’il fait chaud, il fait chaud ! »
Reikhard la dépassa en lui faisant un signe de tête amical, et en lui lançant un : « Ah bah non mamie, j’ai pas vu votre chat, mais les chats ça part et ça revient ! », ce qui ne la rassura aucunement, puisque la vieille dame repartait dans une diatribe incohérente : « Les chats font pas des chiens qui aiment pas le chaud ! Les chats font pas des chiens, ZUT ! PUTE ! »
Et au bout de quelques minutes de marche, Katarina découvrait le pire rade qu’elle aie jamais vu de son existence.
C’était en plein milieu de l’Allée aux Aveugles : une sorte de cour intérieure qui menait à un complexe de bâtiments, certains délabrés, comme si un incendie avait commencé à consumer l’un d’eux sans jamais être rebâti depuis. Du sol boueux partout, alors qu’il avait pourtant fait un temps caniculaire ces derniers jours — à l’odeur qui grimpait dans les narines de Katarina, elle ne pouvait que deviner que c’était une canalisation des eaux usées qui avait sauté et qui déversait continuellement urines et merdes en ruissellement sur le sol. Aux murs, à côté de fenêtres cassées, on voyait des centaines de slogans à la peinture, de mots griffonnés au couteau, et de petites ou grandes affiches blanches ou jaunâtres, qui montraient un tas d’injonctions incohérentes : Engagez-vous : Dans la Légion Étrangère de Bretonnie ! ; Craignez la Fin des Temps ; Pisque les femmes veulent pas de moi maintant je baise des culs d’hommes ; Streissen — Ni oubli, ni pardon ! ; Ta gueule sale gauchiste de merde ; Commentaires de Luthor Huss : lectures publiques tous les soirs à dix-neuf heures au square Saint-Dieter…
Au bout de la cour, un grand bâtiment. Des fenêtres sales, une d’entre elle brisée. Des dizaines de gens, tant au balcon que avachis sur les marches à l’entrée. Une musique endiablée, entraînante, venant de l’intérieur — une chanson Strygani, une chanson de gitans. Une enseigne, comme sur une vraie échoppe, était suspendue par des chaînes de fonte rouillées — elle représentait une tête de cochon décapitée, aux yeux bandés d’un linceul blanc ; le rade s’appelait Le Porc Aveugle.
Les gens qui étaient avachis sur les marches étaient « bizarres », sans que Katarina sache trop savoir pourquoi. Il y avait des hommes et des femmes, des vieux et des jeunes… Elle reconnaissait un trio qu’elle pensait être des étudiants, car ils étaient bien vêtus et braillards. Mais il y avait aussi une jolie femme au teint hâlé, qui portait d’étranges vêtements colorés, amples et qui dévoilaient ses jambes, et elle était recroquevillée contre un bonhomme avec une immense moustache et portant un turban — oui, ça devait forcément être des Stryganis, ce peuple de nomades voyageant à travers le Vieux Monde, venus de contrées orientales, qu’on disait être peuplé de diseuses de bonnes aventures et de voleurs de poules. On leur collait mille stéréotypes à la peau, mais les deux amants offrirent un sourire à la rousse qui les regarda une seconde un peu trop longue. Enfin, collé à une poutre, on voyait un gros bonhomme, chauve, torse-nu, dont les biceps et le thorax étaient une galerie de tatouages, représentant une grenade, des hallebardes croisées, des mots en classique ou en bretonni… Il offrit un sourire aux dents soit cariées, soit en or, aux deux nobles. Ce devait être un videur, vu sa posture et ses muscles.
« Bonne soirée à vous, m’sieur et m’dame. »
Au moins il était courtois…
À l’intérieur, ça puait. Ça puait l’alcool et la sueur. Il faisait chaud, étouffant même, et la musique devenait de plus en plus forte. On avait du mal à tout distinguer, parce qu’il faisait sacrément sombre — pour toute lumière, quelques petites bougies suspendues à des lanternes de fer forgé au plafond, qui peinaient à projeter une lumière suffisante. On comprenait qu’il y avait une grande salle à gauche, surtout parce qu’il y avait un monde fou en train de danser — ils devaient être au moins une vingtaine, à sautiller dans ce qui faisait la taille de la chambre d’hôtel de Katarina, garçons et filles, parfois filles avec filles et garçons avec garçons, qui sautillaient tandis que des vieux et des timides autour tapaient dans les mains en rythme pour les encourager.
À droite, il y avait un bar qui s’allongeait. Collés à des tabourets de tailles et de formes différentes, que des objets de récup’, des dizaines de gens aux portraits tous plus différents les uns des autres : il serait impossible d’élaborer le profil typique de la clientèle, tant on observait que des costumes, des tailles, des genres divers parmi eux. Il y avait un jeune homme très gros aux cheveux mi-longs, habillé de simples vêtements de bourgeois — à la volée, Katarina apercevait qu’il avait une soutane avec un col rémain dessus, ce qui devait dire que ce monsieur était un prêtre, peut-être de Mórr ou Véréna. Il y avait une femme en corset et collants déchirés, assise directement sur le bar, qui agitait ses jambes en l’air — elle avait un tatouage de rose noire sur la cuisse qu’elle n’avait pas la pudeur de masquer. Tout au fond, deux silhouettes vêtues de capuches discutaient à voix basse, tout en sirotant une bière camouflée au fond d’une chope en étain.
Comble de tout ça, il y avait même un Nain ! Une figure tassée, petite, vêtu de soieries-vermeil qui était au milieu d’autres clients, avec une jeune fille humaine blonde juste à côté qui jouait à enrouler son doigt dans sa barbe ; s’ils avaient une relation, elle était impie et interdite. Ils n’étaient pas les seuls ici.
Reikhard trouva un tabouret de libre. Il laissa Katarina s’asseoir et resta debout juste en la collant — il était forcé, tant il n’y avait pas d’amplitudes dans ce rade. Pile à la droite de la rousse, il y avait une table, avec cinq joueurs de cartes qui misaient gros : il y avait des dizaines de pièces d’argent qui servait de pot face à eux. Ils s’amusaient à jouer à l’Impératrice Écarlate, un jeu de hasard et de compte où il fallait arriver à faire des combinaisons de cartes chiffrées le plus haut possible, tout en prenant gare à ne pas tirer la-dite Impératrice : Molrella III, en l’honneur de qui le jeu était nommée, était connue pour être une décadente qui faisait sauter les têtes de ses amants lorsqu’ils l’ennuyaient.
À cause de son frère, Katarina connaissait trop bien les règles de ce jeu…
« Alors, l’ambiance ?! »
Reikhard était obligé de crier pour se faire entendre, quand bien même il se trouvait juste à côté de Katarina.
« On va pas commencer doucement — je paye un schnaps ?! »
« Parce que vous vous sentez en sécurité quand vous êtes chez les civilisés ? »
Il laissa sa réflexion rhétorique flotter dans l’air, avant de faire face à la rousse, et changer de ton pour paraître plus ferme et plus sûr de lui.
« Pleins de lieux sont dangereux dans ce monde, et on n’est pas plus sûr sur l’Aldig qu’au Dédale. Est-ce qu’il y a des crimes dans les bas-fonds de Nuln ? Évidemment, c’est un risque, cela arrive — mais un risque ne doit pas nous empêcher de vivre. Ceux qui risquent le plus au Dédale, c’est ceux qui font les branquignoles, qui asticotent des costauds… Une femme accompagnée par un homme à l’épée, qui sait se tenir, elle ne risque pas plus que si elle allait ailleurs.
Je vous protégerai, et je serai en même temps assez malin pour ne pas attirer l’attention sur nous. Je vous en fais la promesse. »
Il paraissait, à nouveau, très sincère dans ses paroles — ou du moins, très sûr de lui, ce qui ne voulait pas forcément dire qu’il savait de quoi il parlait.
« Allons, ça vous fera une sacrée histoire à raconter, mademoiselle. »
Il offrit son bras. Les deux quittèrent alors l’hôtel. Juste devant, garé sur le bas-côté, attendait un cab, un étrange attelage à deux roues et un seul cheval où un cocher patientait sur un siège surélevé à l’arrière. Le-dit homme-taxi était un gros monsieur moustachu. En voyant débarquer Reikhard, il retira son chapeau en guise de salutation ; il y avait seulement deux sièges, couverts au cas où il pleuvait, pour les deux passagers qui prirent place. Alors, le clocher fit claquer son fouet et rejoint la circulation.
C’était beaucoup plus agréable de découvrir Nuln assise dans un taxi qu’à pied. En fait, Katarina se rendait compte que depuis son arrivée ici, ce n’était jamais arrivé — tout élégant qu’était Lorenz, il ne lui avait jamais offert la courtoisie de juste lui payer le fiacre. Les fesses assises à l’aise, à dérouler à vitesse régulière le long d’une chaussée, on pouvait prendre plus le temps de perdre son regard à l’horizon et tout observer autour de soi ; ça secouait un petit peu, mais l’habitacle était de qualité, Nuln était vraiment une ville moderne pour être capable de fabriquer des voitures aussi stables et bien élaborées. Et alors, on pouvait observer la vie des passants, les grands bâtiments du quartier Kaufmann qui s’étalaient partout, les avenues et les statues, les foules de gens qui descendaient et montaient les carrefours, le mélange de chevaux, de charrettes, de bicyclettes, et même, chose incroyable, d’un carrosse ahippique, une automobile fonctionnant sans animal pour la tirer, fumante et bruyante — et un unique policier, surélevé sur une petite colonne de pierre tout au centre, devait organiser tout ce chaos infernal avec un sifflet et des petits drapeaux de signalisation qui s’étendaient automatiquement lorsqu’il appuyait sur un bouton, et ainsi, chacun dans des foules d’hommes-moutons savait quand il devait s’arrêter et repartir, selon que le fanion devenait rouge ou vert : la beauté du ballet d’une ville.
L’ambiance changeait progressivement alors qu’on suivait l’avenue commerciale. La rue était toujours impeccablement pavée, mais elle devenait plus étroite, et entourée de bâtiments qui faisaient plus « décrépits » — on atteignait les limites de la modernisation de Nuln. Là, on voyait partout, sur les côtés, des échafaudages pour permettre à des couvreurs d’escalader les tuiles de toitures, des étals de marchands à la sauvette offrant pour l’un des agrumes, pour l’autre ses services de remmouleur. Partout, des grues, des chevaux, des gens fatigués qui rentraient du travail, et quelques mendiants. Le soleil était en train de se coucher, il miroitait une dernière lueur orangée à travers la brume épaisse de Nuln, et déjà, quelques allumeurs de réverbères entamaient leur service, grimpant sur les lampadaires à huiles un par un afin que la Ville-Lumière ne s’éteigne pas.
Pas sûr que leur service soit assuré partout dans le Dédale. Car plus on s’enfonçait dans les taudis de Nuln, plus l’ambiance devenait morne, pauvre, sale, plus l’air, déjà pas mal vicié partout à Nuln, devenait étouffant à en pleurer… Mais c’était toujours aussi bruyant, comme si on chantait des charivaris au fond du smog.
Le taxi s’arrêta en pleine rue. Un panneau indiquait les deux voiries adjacentes : Allée aux Aveugles et Rue des Culs-de-Jatte — ça promettait, à se demander quel édile avait nommé l’endroit. Reikhard descendit, lança quelques pièces au cocher qui demanda s’ils avaient fait bon voyage, et leur recommanda d’à nouveau faire appel aux services de Über Taxi s’ils en avaient le besoin. Puis, le Middenheimer offrit sa main, et Katarina put descendre.
Déjà deux pas de faits, et elle devait éviter une flaque de gadoue au milieu d’un pavé arraché. En la voyant faire, Reikhard ricana un peu.
« Vous ne sauverez pas vos bottes ce soir, mais je vous payerai évidemment le cirage. »
Il offrit à nouveau son bras, et l’invita à bien se coller à lui. Alors qu’ils s’avançaient au milieu du brouillard et du soir qui commençait à étendre ses bras, ils passèrent au milieu de gens tumultueux : de jeunes gens, peut-être des étudiants vu qu’ils étaient bien habillés, sifflaient et couraient en rigolant, comme s’ils venaient de faire une connerie — ils se criaient dessus en s’insultant, mais ça semblait bizarrement amical, même quand ils se lançaient des « revient fils de chienne ! » portés avec l’écho des bâtiments. Une vieille dame bizarre qui parlait toute seule attendait sur le bas-côté, et en voyant passer les deux amoureux, elle grinça des dents et ragea sur eux sans raison :
« Ah bah à la bonne heure que ça pèle le chaud hein il a fait chaud, il a fait chaud aujourd’hui ! Vous avez pas vu mon chat ?! Mon chat il pèle il miaule il crie parce qu’il fait chaud, il fait chaud ! »
Reikhard la dépassa en lui faisant un signe de tête amical, et en lui lançant un : « Ah bah non mamie, j’ai pas vu votre chat, mais les chats ça part et ça revient ! », ce qui ne la rassura aucunement, puisque la vieille dame repartait dans une diatribe incohérente : « Les chats font pas des chiens qui aiment pas le chaud ! Les chats font pas des chiens, ZUT ! PUTE ! »
Et au bout de quelques minutes de marche, Katarina découvrait le pire rade qu’elle aie jamais vu de son existence.
C’était en plein milieu de l’Allée aux Aveugles : une sorte de cour intérieure qui menait à un complexe de bâtiments, certains délabrés, comme si un incendie avait commencé à consumer l’un d’eux sans jamais être rebâti depuis. Du sol boueux partout, alors qu’il avait pourtant fait un temps caniculaire ces derniers jours — à l’odeur qui grimpait dans les narines de Katarina, elle ne pouvait que deviner que c’était une canalisation des eaux usées qui avait sauté et qui déversait continuellement urines et merdes en ruissellement sur le sol. Aux murs, à côté de fenêtres cassées, on voyait des centaines de slogans à la peinture, de mots griffonnés au couteau, et de petites ou grandes affiches blanches ou jaunâtres, qui montraient un tas d’injonctions incohérentes : Engagez-vous : Dans la Légion Étrangère de Bretonnie ! ; Craignez la Fin des Temps ; Pisque les femmes veulent pas de moi maintant je baise des culs d’hommes ; Streissen — Ni oubli, ni pardon ! ; Ta gueule sale gauchiste de merde ; Commentaires de Luthor Huss : lectures publiques tous les soirs à dix-neuf heures au square Saint-Dieter…
Au bout de la cour, un grand bâtiment. Des fenêtres sales, une d’entre elle brisée. Des dizaines de gens, tant au balcon que avachis sur les marches à l’entrée. Une musique endiablée, entraînante, venant de l’intérieur — une chanson Strygani, une chanson de gitans. Une enseigne, comme sur une vraie échoppe, était suspendue par des chaînes de fonte rouillées — elle représentait une tête de cochon décapitée, aux yeux bandés d’un linceul blanc ; le rade s’appelait Le Porc Aveugle.
Les gens qui étaient avachis sur les marches étaient « bizarres », sans que Katarina sache trop savoir pourquoi. Il y avait des hommes et des femmes, des vieux et des jeunes… Elle reconnaissait un trio qu’elle pensait être des étudiants, car ils étaient bien vêtus et braillards. Mais il y avait aussi une jolie femme au teint hâlé, qui portait d’étranges vêtements colorés, amples et qui dévoilaient ses jambes, et elle était recroquevillée contre un bonhomme avec une immense moustache et portant un turban — oui, ça devait forcément être des Stryganis, ce peuple de nomades voyageant à travers le Vieux Monde, venus de contrées orientales, qu’on disait être peuplé de diseuses de bonnes aventures et de voleurs de poules. On leur collait mille stéréotypes à la peau, mais les deux amants offrirent un sourire à la rousse qui les regarda une seconde un peu trop longue. Enfin, collé à une poutre, on voyait un gros bonhomme, chauve, torse-nu, dont les biceps et le thorax étaient une galerie de tatouages, représentant une grenade, des hallebardes croisées, des mots en classique ou en bretonni… Il offrit un sourire aux dents soit cariées, soit en or, aux deux nobles. Ce devait être un videur, vu sa posture et ses muscles.
« Bonne soirée à vous, m’sieur et m’dame. »
Au moins il était courtois…
À l’intérieur, ça puait. Ça puait l’alcool et la sueur. Il faisait chaud, étouffant même, et la musique devenait de plus en plus forte. On avait du mal à tout distinguer, parce qu’il faisait sacrément sombre — pour toute lumière, quelques petites bougies suspendues à des lanternes de fer forgé au plafond, qui peinaient à projeter une lumière suffisante. On comprenait qu’il y avait une grande salle à gauche, surtout parce qu’il y avait un monde fou en train de danser — ils devaient être au moins une vingtaine, à sautiller dans ce qui faisait la taille de la chambre d’hôtel de Katarina, garçons et filles, parfois filles avec filles et garçons avec garçons, qui sautillaient tandis que des vieux et des timides autour tapaient dans les mains en rythme pour les encourager.
À droite, il y avait un bar qui s’allongeait. Collés à des tabourets de tailles et de formes différentes, que des objets de récup’, des dizaines de gens aux portraits tous plus différents les uns des autres : il serait impossible d’élaborer le profil typique de la clientèle, tant on observait que des costumes, des tailles, des genres divers parmi eux. Il y avait un jeune homme très gros aux cheveux mi-longs, habillé de simples vêtements de bourgeois — à la volée, Katarina apercevait qu’il avait une soutane avec un col rémain dessus, ce qui devait dire que ce monsieur était un prêtre, peut-être de Mórr ou Véréna. Il y avait une femme en corset et collants déchirés, assise directement sur le bar, qui agitait ses jambes en l’air — elle avait un tatouage de rose noire sur la cuisse qu’elle n’avait pas la pudeur de masquer. Tout au fond, deux silhouettes vêtues de capuches discutaient à voix basse, tout en sirotant une bière camouflée au fond d’une chope en étain.
Comble de tout ça, il y avait même un Nain ! Une figure tassée, petite, vêtu de soieries-vermeil qui était au milieu d’autres clients, avec une jeune fille humaine blonde juste à côté qui jouait à enrouler son doigt dans sa barbe ; s’ils avaient une relation, elle était impie et interdite. Ils n’étaient pas les seuls ici.
Reikhard trouva un tabouret de libre. Il laissa Katarina s’asseoir et resta debout juste en la collant — il était forcé, tant il n’y avait pas d’amplitudes dans ce rade. Pile à la droite de la rousse, il y avait une table, avec cinq joueurs de cartes qui misaient gros : il y avait des dizaines de pièces d’argent qui servait de pot face à eux. Ils s’amusaient à jouer à l’Impératrice Écarlate, un jeu de hasard et de compte où il fallait arriver à faire des combinaisons de cartes chiffrées le plus haut possible, tout en prenant gare à ne pas tirer la-dite Impératrice : Molrella III, en l’honneur de qui le jeu était nommée, était connue pour être une décadente qui faisait sauter les têtes de ses amants lorsqu’ils l’ennuyaient.
À cause de son frère, Katarina connaissait trop bien les règles de ce jeu…
« Alors, l’ambiance ?! »
Reikhard était obligé de crier pour se faire entendre, quand bien même il se trouvait juste à côté de Katarina.
« On va pas commencer doucement — je paye un schnaps ?! »
- Katarina von Gildenspiegel
- PJ
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Re: [Katarina] Antonlied
Katarina écouta Reikhard avec attention, ses paroles résonnant en elle, mais pas sans une certaine méfiance. Il n’avait pas tort, elle le savait bien. La sécurité, même parmi les civilisés, était souvent une illusion fragile. Pourtant, l’idée d’entrer dans un lieu aussi réputé pour sa violence que le Dédale éveillait une crainte bien réelle en elle. La mémoire de l’Estalien brutal qu’elle avait croisé plus tôt dans la journée revenait à l’esprit. S’il existait de tels hommes dans les quartiers plus respectables, qu’en serait-il là-bas ?
Mais lorsqu’il lui fit cette promesse, d’une voix ferme et pleine d’assurance, Katarina sentit une certaine conviction se glisser en elle, comme une tentation douce et insidieuse. Reikhard, avec son sourire presque canaille, avait un charme, une confiance qui semblait parfois éclipsée par son exubérance. Et peut-être avait-il raison. Après tout, n’était-elle pas venue à Nuln pour découvrir autre chose, pour vivre ?
Elle hésita un instant, puis hocha légèrement la tête, avant d’accepter son bras.
Ils quittèrent l’hôtel ensemble, et elle fut surprise par le spectacle qui les attendait à l’extérieur : un petit cab, un véhicule à deux roues avec un seul cheval. Le cocher moustachu les salua d’un geste en retirant son chapeau, et sans un mot, ils prirent place sur les deux sièges confortablement installés sous un auvent de cuir, prêts à affronter la circulation de la ville.
Une fois installée, Katarina prit conscience du plaisir inattendu de cette balade. C’était la première fois depuis son arrivée à Nuln qu’elle pouvait profiter de la ville de cette manière, en étant simplement assise, le corps détendu, observant la vie se dérouler autour d’elle. Jusqu’ici, elle avait arpenté les rues à pied, sous la pluie, parfois dans l’urgence. Mais là, confortablement installée à côté de Reikhard, elle pouvait enfin apprécier le spectacle de la Ville-Lumière.
Les rues étaient animées, fourmillantes de vie. Des passants élégants et des ouvriers en sueur se croisaient, se faufilant entre les voitures hippomobiles, les bicyclettes, et même un carrosse ahippique – une automobile bruyante et fumante qui détonnait au milieu du flot de circulation. Les grandes avenues du quartier Kaufmann s’étiraient sous leurs yeux, bordées de bâtiments imposants et de statues grandioses qui racontaient l’histoire de cette cité, avec ses richesses, ses ambitions et ses contradictions. Katarina se laissa happer par ce ballet chaotique, où un simple policier, perché sur une colonne de pierre, parvenait à diriger le flux de la ville grâce à un sifflet et des drapeaux automatisés qui régulaient le va-et-vient incessant.
Katarina descendit du taxi avec une légère crispation. Le contraste entre les grandes avenues de Nuln et ce quartier déliquescent était saisissant. À peine avait-elle mis pied à terre qu'elle devait déjà éviter une flaque de boue nauséabonde. Tout, ici, trahissait l'abandon : les pavés défoncés, les façades délabrées, les échafaudages en suspens. Le bruit incessant de la ville s’était transformé en une cacophonie chaotique, amplifiée par les cris et les rires des étudiants braillards et les divagations de la vieille femme. C’était un monde à part, un univers de marginaux où la modernité semblait avoir abandonné ses prétentions de grandeur.
Son esprit s’alarmait. Elle n’était pas encore parvenue à ses fins à Nuln, et si elle échouait, ce genre de lieu pourrait bien devenir son unique horizon. La possibilité de finir dans une impasse semblable, sans avenir, sans fortune, la hantait. Que deviendrait-elle si elle échouait ici, ou pire encore, mais l’idée de finir à la merci d’étrangers dans un endroit aussi inhospitalier l’effrayait. Ce quartier, à la dérive, n’était qu’un avant-goût de cet échec.
Elle observa la foule qui grouillait autour d’eux : des mendiants épuisés, une jeune femme aux vêtements colorés et à l’air insouciant, des hommes ricanant dans des coins d’ombre. Katarina resserra son bras autour de celui de Reikhard. Il avait promis de la protéger, mais pouvait-elle vraiment compter sur lui dans un endroit pareil ? Sa bravade ne suffisait pas à dissiper ses inquiétudes.
Le « Porc Aveugle » s'élevait devant eux, décrépit et sinistre. L’enseigne, avec cette tête de cochon bandée, n’avait rien de rassurant. À l’intérieur, la musique strygane, la sueur, l'odeur d’alcool : tout contribuait à lui donner l’impression d’étouffer. Le brouhaha ambiant était tel qu’elle devait se forcer à ignorer les rires, les chants, et surtout ces clients bizarres, dépareillés. C’était un chaos organique, où personne ne semblait à sa place, pas même elle.
Reikhard, fidèle à son attitude désinvolte, lui proposa un schnaps.Katarina jeta un coup d'œil à Reikhard, et malgré le tumulte ambiant, elle lui offrit un léger sourire. Elle était tendue, certes, mais une partie d’elle-même se disait qu’elle n’avait pas le luxe de refuser. Pas ici, pas dans cette situation. Elle était loin de sa zone de confort, et elle le savait, mais il lui fallait s’adapter. Peut-être que se prêter au jeu était, finalement, une façon de reprendre un semblant de contrôle sur la situation.
« Un schnaps, pourquoi pas, » dit-elle en haussant la voix pour se faire entendre.
Le simple fait d'accepter ce verre, de se mêler à cette ambiance si éloignée de ce qu’elle connaissait, l’aidait à camoufler ses appréhensions. En s’asseyant, elle prenait part au théâtre de cette soirée : elle n'était plus seulement une spectatrice. Elle se glissa sur le tabouret, jetant un autre regard aux joueurs de cartes, leurs gestes rapides et habiles réveillant des souvenirs enfouis.
Katarina esquissa un sourire en coin en fixant la table des joueurs de cartes, curieusement c'était quelque chose qui la rassurée, c'était un élément famillier. Elle se tourna vers Reikhard. Il était inutile de cacher à quel point elle connaissait bien ce jeu.
« L’Impératrice Écarlate, » dit-elle d’un ton enjouée. « Un jeu de hasard pour certains… mais il y a aussi de la stratégie, si on sait s’y prendre. »
Elle observa les mises élevées sur la table, les combinaisons de cartes qui se dévoilaient à chaque tour, et ajouta à voix basse, pour Reikhard : « C’est ironique… Molrella III aimait jouer, mais elle faisait sauter les têtes de ceux qui ne savaient pas la divertir. Ici, les enjeux ne sont pas aussi mortels, mais on y perd bien plus que de l'argent parfois. »
« Mon frère adore ce jeu, » confia-t-elle finalement. « J’ai vu beaucoup de gens perdre bien plus qu’ils n’étaient prêts à risquer. » Ses yeux s’arrêtèrent sur la pile de pièces d’argent, puis elle haussa légèrement les épaules. « Peut-être qu'un jour je tenterai ma chance… pour le plaisir. »
Elle fit un signe à Reikhard, lui indiquant qu’elle était prête pour ce schnaps.
Mais lorsqu’il lui fit cette promesse, d’une voix ferme et pleine d’assurance, Katarina sentit une certaine conviction se glisser en elle, comme une tentation douce et insidieuse. Reikhard, avec son sourire presque canaille, avait un charme, une confiance qui semblait parfois éclipsée par son exubérance. Et peut-être avait-il raison. Après tout, n’était-elle pas venue à Nuln pour découvrir autre chose, pour vivre ?
Elle hésita un instant, puis hocha légèrement la tête, avant d’accepter son bras.
Ils quittèrent l’hôtel ensemble, et elle fut surprise par le spectacle qui les attendait à l’extérieur : un petit cab, un véhicule à deux roues avec un seul cheval. Le cocher moustachu les salua d’un geste en retirant son chapeau, et sans un mot, ils prirent place sur les deux sièges confortablement installés sous un auvent de cuir, prêts à affronter la circulation de la ville.
Une fois installée, Katarina prit conscience du plaisir inattendu de cette balade. C’était la première fois depuis son arrivée à Nuln qu’elle pouvait profiter de la ville de cette manière, en étant simplement assise, le corps détendu, observant la vie se dérouler autour d’elle. Jusqu’ici, elle avait arpenté les rues à pied, sous la pluie, parfois dans l’urgence. Mais là, confortablement installée à côté de Reikhard, elle pouvait enfin apprécier le spectacle de la Ville-Lumière.
Les rues étaient animées, fourmillantes de vie. Des passants élégants et des ouvriers en sueur se croisaient, se faufilant entre les voitures hippomobiles, les bicyclettes, et même un carrosse ahippique – une automobile bruyante et fumante qui détonnait au milieu du flot de circulation. Les grandes avenues du quartier Kaufmann s’étiraient sous leurs yeux, bordées de bâtiments imposants et de statues grandioses qui racontaient l’histoire de cette cité, avec ses richesses, ses ambitions et ses contradictions. Katarina se laissa happer par ce ballet chaotique, où un simple policier, perché sur une colonne de pierre, parvenait à diriger le flux de la ville grâce à un sifflet et des drapeaux automatisés qui régulaient le va-et-vient incessant.
Katarina descendit du taxi avec une légère crispation. Le contraste entre les grandes avenues de Nuln et ce quartier déliquescent était saisissant. À peine avait-elle mis pied à terre qu'elle devait déjà éviter une flaque de boue nauséabonde. Tout, ici, trahissait l'abandon : les pavés défoncés, les façades délabrées, les échafaudages en suspens. Le bruit incessant de la ville s’était transformé en une cacophonie chaotique, amplifiée par les cris et les rires des étudiants braillards et les divagations de la vieille femme. C’était un monde à part, un univers de marginaux où la modernité semblait avoir abandonné ses prétentions de grandeur.
Son esprit s’alarmait. Elle n’était pas encore parvenue à ses fins à Nuln, et si elle échouait, ce genre de lieu pourrait bien devenir son unique horizon. La possibilité de finir dans une impasse semblable, sans avenir, sans fortune, la hantait. Que deviendrait-elle si elle échouait ici, ou pire encore, mais l’idée de finir à la merci d’étrangers dans un endroit aussi inhospitalier l’effrayait. Ce quartier, à la dérive, n’était qu’un avant-goût de cet échec.
Elle observa la foule qui grouillait autour d’eux : des mendiants épuisés, une jeune femme aux vêtements colorés et à l’air insouciant, des hommes ricanant dans des coins d’ombre. Katarina resserra son bras autour de celui de Reikhard. Il avait promis de la protéger, mais pouvait-elle vraiment compter sur lui dans un endroit pareil ? Sa bravade ne suffisait pas à dissiper ses inquiétudes.
Le « Porc Aveugle » s'élevait devant eux, décrépit et sinistre. L’enseigne, avec cette tête de cochon bandée, n’avait rien de rassurant. À l’intérieur, la musique strygane, la sueur, l'odeur d’alcool : tout contribuait à lui donner l’impression d’étouffer. Le brouhaha ambiant était tel qu’elle devait se forcer à ignorer les rires, les chants, et surtout ces clients bizarres, dépareillés. C’était un chaos organique, où personne ne semblait à sa place, pas même elle.
Reikhard, fidèle à son attitude désinvolte, lui proposa un schnaps.Katarina jeta un coup d'œil à Reikhard, et malgré le tumulte ambiant, elle lui offrit un léger sourire. Elle était tendue, certes, mais une partie d’elle-même se disait qu’elle n’avait pas le luxe de refuser. Pas ici, pas dans cette situation. Elle était loin de sa zone de confort, et elle le savait, mais il lui fallait s’adapter. Peut-être que se prêter au jeu était, finalement, une façon de reprendre un semblant de contrôle sur la situation.
« Un schnaps, pourquoi pas, » dit-elle en haussant la voix pour se faire entendre.
Le simple fait d'accepter ce verre, de se mêler à cette ambiance si éloignée de ce qu’elle connaissait, l’aidait à camoufler ses appréhensions. En s’asseyant, elle prenait part au théâtre de cette soirée : elle n'était plus seulement une spectatrice. Elle se glissa sur le tabouret, jetant un autre regard aux joueurs de cartes, leurs gestes rapides et habiles réveillant des souvenirs enfouis.
Katarina esquissa un sourire en coin en fixant la table des joueurs de cartes, curieusement c'était quelque chose qui la rassurée, c'était un élément famillier. Elle se tourna vers Reikhard. Il était inutile de cacher à quel point elle connaissait bien ce jeu.
« L’Impératrice Écarlate, » dit-elle d’un ton enjouée. « Un jeu de hasard pour certains… mais il y a aussi de la stratégie, si on sait s’y prendre. »
Elle observa les mises élevées sur la table, les combinaisons de cartes qui se dévoilaient à chaque tour, et ajouta à voix basse, pour Reikhard : « C’est ironique… Molrella III aimait jouer, mais elle faisait sauter les têtes de ceux qui ne savaient pas la divertir. Ici, les enjeux ne sont pas aussi mortels, mais on y perd bien plus que de l'argent parfois. »
« Mon frère adore ce jeu, » confia-t-elle finalement. « J’ai vu beaucoup de gens perdre bien plus qu’ils n’étaient prêts à risquer. » Ses yeux s’arrêtèrent sur la pile de pièces d’argent, puis elle haussa légèrement les épaules. « Peut-être qu'un jour je tenterai ma chance… pour le plaisir. »
Elle fit un signe à Reikhard, lui indiquant qu’elle était prête pour ce schnaps.
Katarina von Gildenspiegel, Voie de l'Aristocrate
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