[Katarina] Antonlied

Nuln est la seconde ville de l’Empire et du Reikland. Nuln centralise tout le commerce du sud, c’est là que convergent les voyageurs du Wissenland, du Stirland, d’Averland et des régions plus à l’est. Nuln est le siège de l’Ecole Impériale d’Artillerie, où les canons sont fondus et où les artilleurs apprennent la balistique. Ils y étudient les nombreux problèmes pratiques liés au déplacement et à la mise en œuvre des pièces d’artillerie. Grâce à leurs efforts, l’Empire bénéficie d’un vaste et efficace corps d’artillerie, de loin supérieur à tous ceux des pays frontaliers.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Katarina] Antonlied

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Quand Katarina toucha son collier, l’Ulricain se permit un geste assez peu convenable, pour un homme qui avait été d’une élégance rare et irréprochable : il posa sa main sur les doigts de la rousse, les serra un peu, et la regarda tout droit dans les yeux en serrant les dents.

« Cela en vaudra l’humiliation, ma damoiselle. »

Il y avait une certitude impressionnante dans sa voix. Même sans barbe, même sans muscles, on entendait dans sa voix rauque le pedigree de ses ancêtres Teutogens, le sang des guerriers qui avaient tenu l’Empire aux côtés de Sigmar, de génération en génération, du roi Artur jusqu’à Boris Todbringer.

Il sembla gêné de son propre geste, puisqu’il baissa vite la main, et rougit un peu. Son regard s’éloigna, alors qu’il commençait à partir dans un autre sens.

« Partons discrètement, il ne faudrait pas qu’on se fasse trop remarquer. »

Il se dirigea non vers l’entrée, mais plus loin dans l’hôtel de ville. Ainsi, ils passèrent devant les bureaux des secrétaires, contournèrent une grande salle d’audience, afin de pouvoir regagner les rues de Nuln par un autre endroit.

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Quand on venait de la campagne, il y avait toujours un temps d’adaptation à Nuln. La ville était si immense, sans nulle autre comparaison à travers tout le sud de l’Empire — dans son enfance et sa jeunesse, Katarina avait déjà été plusieurs fois à Wissenburg et ses dix mille habitants, et même jusqu’à Grissenwald pour un grand bal d’hiver, une bourgade très peuplée et moderne… Mais même ces belles urbanités aux murs épais et aux chaumières à colombage semblaient être des villages comparé à l’immense Nuln. On disait, selon le dernier recensement, que Nuln avait plus de soixante mille âmes intra-muros, plus encore si l’on souhaitait compter les faubourgs encerclant immédiatement la cité. Des gens de tout l’Empire avaient émigré ici au cours des siècles, et maintenant, vivaient des personnes de toutes les classes sociales derrière les enceintes qui défendaient les Nulner. C’était une fourmilière immense, et pourtant, elle avait des rues larges, un système sanitaire moderne, beaucoup de nouveautés qui avaient été permises par les parrainages de grands monarques, notamment l’Empereur Dieter IV « l’Incapable », qui avait tant donné à Nuln — avant d’être déposé par les grands princes du pays.

La Neuestadt, qui encerclait immédiatement l’hôtel de ville, en tout cas, était le quartier qui avait le plus profité des constructions urbaines les plus récentes ; au loin, par-delà l’immensité du Reik, on voyait pointer les nombreuses cheminées des fonderies de la Faulestadt, qui crachaient leur épaisse fumée qui flottait sur toute la ville. Et l’on pouvait marcher au milieu de rues noires de mondes, remplies de marchands à la criée, de passants de toutes les conditions, patrouillées par un duo de policiers, arpentée par quelques pèlerins pieds-nus, occupée par un ou deux mendiants qui s’asseyaient aux virages des avenues, tout en s’écartant parfois de la chaussée, quand des chevaux ou un chariot à bras passaient pour livrer personnes et marchandises à travers la cité. Des gens ne cessaient d’aller-et-venir, alors que d’autres zonaient sans trop de but, et on ne pouvait faire dix pas sans rencontrer un ouvrage public — là une statue, ici un banc avec une plaque commémorative effacée par le temps, plus loin une fontaine dans laquelle jouaient de vilains enfants des rues sales et dissipés pour se rafraîchir de cette étouffante journée d’été. Ça sentait fort — Nuln sentait toujours un peu, les excréments, les reflux d’égouts, le goudron en train de cramer, la suie des cheminées… avec le temps, ça devenait une odeur familière, réconfortante même, pour ceux qui avaient été adoptés par la Ville-Lumière.

D’un pas sûr, au bras de Reikhard, Katarina se sentait bizarrement rassurée. Alors que remonter l’avenue depuis le district Kaufmann jusqu’à l’Orme Deutz l’avait inquiétée, quand bien même elle sortait du quartier des bons marchands et des petits secrétaires, ici, elle se sentait plus à l’aise, alors même qu’elle découvrait enfants errants et prêtres en bures. Le grand homme à son flanc y était probablement pour beaucoup.

Alors qu’ils empruntaient une ruelle, devenant soudain étroite et humide, ils passaient pile devant un homme par terre, sale, collé à un lampadaire. Il souriait au couple :

« Bonjour messieurs-dames ! Vous auriez de la monnaie ? »

Reikhard lui sourit, et sans dire un mot, il lâcha deux sous en se penchant au fond du chapeau que le mendiant avait laissé là. Le mendiant sourit et hocha sa tête en les remerciant, mais Reikhard reprit vite sa route. Aucun jugement, aucun commentaire, aucun mot — il avait juste naturellement donné à autrui sans rien attendre de sa part.



Finalement, il arriva devant l’endroit que Katarina cherchait : devant une insula, un bloc de maisons avec des résidences à l’étage et des boutiques au rez-de-chaussée, il y avait, parmi les vitrines, entre une boulangerie et une blanchisserie, des fenêtres quadrillées de barres en métal, et une inscription peinte en blanche : WEISS & ROSEMANN — PRÊTEURS SUR GAGES. De même, sur ces fenêtres un peu sales, on découvrait les divers produits offerts par le commerçant, en inscriptions peintes en rouge : OR — ARGENT — BIJOUX ET JOAILLERIE — INSTRUMENTS DE MUSIQUE — ACCESSOIRES DE TABAC — ARMES & MUNITIONS — CURIOSITÉS… Et une promesse : Paiement Sonnant & Trébuchant ! Prêts intéressants ! Achat & Vente !

Le moment était venu. Reikhard s’approcha de la porte, la poussa, et une petite clochette alerta sur son entrée, et voilà que les deux tombaient au milieu d’un immense capharnaüm de bibelots en tout genre…



Tout autour de Katarina, au milieu d’un bâtiment un peu sombre car pas beaucoup éclairé, les destins de centaines de personnes semblaient se croiser à travers les choses matérielles qu’ils avaient laissées derrière eux. Il y avait de tout dans ce magasin, à se demander ce qu’on ne pouvait pas dénicher ici. Sur les étagères, on pouvait voir des livres imprimés, et même certains calligraphiés. On voyait des poupées, des soldats de plombs, des petits jouets ayant appartenu à des enfants, devenus peut-être trop vieux pour continuer de s’amuser avec. Un gros ours en peluche attendait sur un petit cheval de bois. Il y avait de la vaisselle, des tabatières, des services à thé ou café… Plein de choses amusantes et originales, comme des Nains de Jardin taillés selon les grands monarques du Karaz Ankor (Meilleur moyen de vexer un Dawi qui vous rendrait visite, tiens…), des bustes de couture en métal chromé pour faire porter des vêtements et mieux les présenter, des valises, des violons, un énorme orgue dans un coin (Qui avait vendu un foutu orgue?!), et contre un mur, des têtes de bêtes sauvages, tel un gigantesque sanglier parfaitement étrange et avec quatre cornes, ou un horrible orque à la tête verte toute bouillie.

En s’approchant du comptoir, sous des vitres ferrées, on découvrait les choses les plus coûteuses du magasin : des bijoux de toutes les tailles et de toutes les sortes, des arquebuses et des tromblons de différentes époques, et, au-dessus du présentoir, des horloges, des montres, des miroirs encadrés d’or… Même quelques tableaux de maître, et deux bustes de marbre blanc, représentant des grands seigneurs tout barbus.

Derrière la caisse, un homme à chapeau était en train de discuter avec le propriétaire.
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Un étrange bonhomme, à la tenue bouffante et toute colorée — en rose et en violet, le gars faisait immensément tache dans le décor, il attirait l’œil de quiconque observait rien qu’une seconde l’horizon. Couvert de partout d’étuis, de ceintures, de pochettes, il avait ostensiblement à sa droite un pistolet, à son cul un long coutelas, et surtout, à sa gauche, une fine rapière à la garde ferrée et plaquée d’or. Le visage buriné, marqué de cicatrices, il avait de longs cheveux d’un noir profond, tout de jais.
Et quand il parlait, il avait un accent chantant, à couper au couteau — nul doute, c’était un Diestro, un bretteur venu des contrées d’Estalie, un spadassin vendant sa lame pour quelques sous… Ou bien un escroc qui se donnait des airs.
Présentement, il était en train de monopoliser l’attention du prêteur sur gage qui tenait la boutique — il était en train de prendre là une bague, de la lever, de l’observer à la lumière d’une bougie au plafond, avant d’hésiter, de la reposer, et de s’en saisir d’une autre.

« Ma… Qué, celle-là conviendrait, mé… Yé ne sais pas trop… Quelque chose qui irait plus… Avec le violet ? »

Le vendeur souriait et lui répondait sur un ton commerçant, tout doux mais dynamique.

« L’améthyste est belle, mais ça ne coûte pas cher. J’ai des arrivages de temps en temps, si ça peut patienter un peu…
– Naaah, c’est tlé préssent, yé ne souis pas toujours à Nuln, comprende ?
– Y a vraiment rien qui vous plaît ? J’ai pas plus de stock dans la boutique, tout ce que j’ai de disponible c’est dans la vitrine.
– Mmmh… mhh… Oké… Yé réfléchis.
– Mais sinon, je pensais… Si vous voulez faire plaisir à votre belle, ce qui serait original, ça serait pas un chapeau ? C’est très à la mode les chapeaux ! En plus tel que vous me la décrivez, elle doit souvent se faire offrir des bijoux.
– Qu’est-ce tou a dis ? Fit-il en grognant comme un chien.
– Hé ! Tout doux mon beau ! Je dis juste qu’une belle femme ça se fait offrir des cadeaux, mais toi tu peux lui offrir un cadeau un peu plus original. Le chapeau ça fait Bretonnien, pis j’ai entendu dire qu’la comtesse Emmanuelle rivalisait d’invention dans les chapeaux.
Là, au fond de la boutique, j’en ai de toutes les couleurs et de tous les types, ça va de une pistole à trente selon la matière, franchement, tu peux essayer. »


Il continua ses salamalecs avec l’Estalien, un échange un peu vif et amusant, avant qu’enfin il parvienne à s’en débarrasser un petit instant. Alors il leva haut les bras et invita avec un geste des doigts les deux nobles à s’approcher.

« Venez venez, messieurs-dames ! Je ne mords pas, je ne mords pas !
Mon nom est Walther Weiss, co-propriétaire de Weiss & Rosemann ! Comment allez-vous donc que puis-je faire pour vous ? »


L’homme qui se tenait derrière le comptoir en parlant à toute vitesse n’était pas très grand, pas très musclé, mais il marquait les esprits. Il avait de longs cheveux grisonnants et brillants comme tout, collés sur son crâne et pourtant bouffis de volume — on aurait dit qu’il s’était étalé du beurre dessus. Il avait une petite chemise trop étroite, rouge et avec des poix, ce qui était d’un mauvais goût absolu — et en plus il l’avait entrouverte, si bien qu’on avait une vue plongeante sur son torse couvert de poils. Sur son nez, des lunettes en or, sur son cou, trois colliers en or, chacun de ses doigts avait une bague, il avait une montre sur chacun des poignets, et en se levant un peu, on aurait pu voir qu’il avait un pantalon blanc cassant et des mocassins en peau de fauve.
C’était l’homme le plus vulgairement habillé que Katarina aie jamais vu de son existence. Mais le pire, c’est qu’il sentait fort, très fort.
Pas mauvais, fort. On aurait dit que le gars s’était recouvert d’un flacon entier d’eau de Wurtbad, il cocotait le sapin et l’odeur « mâle », la sorte d’essence que seuls les hommes acceptaient de porter, puisqu’évidemment, il était très viril de se recouvrir d’une fragrance de musc piquant et fort, réservant les odeurs normales de choses qui sentaient bon comme les fruits aux jeunes femmes…
Jet de VOL : 4, réussite

Jet d’endurance pour résister à l’empoisonnement de parfum de Walther : 19, échec. -1 à tous les jets en sa présence.
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Katarina von Gildenspiegel
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Re: [Katarina] Antonlied

Message par Katarina von Gildenspiegel »

Katarina sentit un léger frisson parcourir ses doigts lorsque Reikhard posa sa main sur les siens, un geste inattendu, mais empreint d’une sincérité brute qui la toucha plus qu’elle ne l’aurait admis. Ce n’était pas un geste de séduction ou de manipulation, mais une expression d’une émotion profonde, presque douloureuse. La certitude dans sa voix, lorsqu’il lui assura que ce sacrifice en vaudrait l’humiliation, résonna en elle. Elle perçut dans son regard une détermination qui surpassait les apparences — un homme prêt à tout, même à l’impensable, pour garder un semblant de dignité dans un monde qui semblait vouloir la lui arracher.

Le silence qui suivit, brisé seulement par son discret murmure, semblait alourdir l’atmosphère entre eux. Elle le vit baisser la main, comme s’il regrettait d’avoir franchi une limite invisible, et un sourire presque imperceptible se dessina sur ses lèvres. Katarina comprenait parfaitement ce que cela signifiait pour lui, cet instant d’humanité partagée, et elle ressentit un lien inattendu avec cet homme qu’elle connaissait à peine.

Lorsqu’il proposa de partir discrètement, elle acquiesça d’un léger signe de tête, appréciant cette prudence qui semblait aussi naturelle pour lui que de respirer. Ensemble, ils se faufilèrent à travers l’hôtel de ville, évitant l’agitation. Le passage devant les bureaux et la grande salle d’audience renforçait le contraste entre leur situation actuelle et ce qu’ils espéraient atteindre : un endroit où ils pourraient être en sécurité, unis dans une alliance fragile, mais nécessaire.

Lorsqu’ils émergèrent finalement dans les rues animées de Nuln, Katarina ressentit une bouffée d’air frais, même si celui-ci était chargé de l’odeur omniprésente de la ville. Nuln, avec son chaos organisé, sa diversité, et son dynamisme effréné, la submergeait. Malgré ses origines nobles, elle se sentait encore étrangère à cette immense métropole, bien plus grande que tout ce qu’elle avait connu auparavant. Mais la présence rassurante de Reikhard à son côté lui donnait une certaine confiance, un sentiment qu’elle n’avait pas éprouvé depuis longtemps.

Leur marche à travers la ville fut marquée par une série de tableaux vivants — les marchands criant leurs produits, les enfants jouant dans les fontaines, les mendiants cherchant de quoi survivre. Chaque coin de rue révélait une nouvelle facette de cette ville immense et complexe. Et lorsque Reikhard déposa silencieusement des sous dans le chapeau du mendiant, sans attendre quoi que ce soit en retour, Katarina ressentit un profond respect pour cet homme. Il n’avait pas besoin de paroles pour exprimer sa compassion ; ses actions parlaient pour lui, et c’était ce genre de noblesse d’esprit, plus que le rang ou les titres, qui faisait la différence dans ce monde dur et impitoyable.

Au fur et à mesure qu’ils avançaient, Katarina réalisa que le chemin qu’ils empruntaient, bien que sinueux et incertain, était le seul qu’ils pouvaient prendre. Elle serra un peu plus fort le bras de Reikhard, un geste silencieux, mais plein de reconnaissance. Pour l’instant, elle pouvait se permettre de croire que tout cela en valait la peine, et que leur alliance, aussi fragile soit-elle, était un pas dans la bonne direction.

En entrant dans l’insula, Katarina fut immédiatement frappée par l’atmosphère du prêteur sur gages, un lieu où l’histoire de tant de vies semblait être suspendue dans un état d’attente incertaine. Les objets éparpillés autour d’elle étaient des témoins silencieux de sacrifices personnels, de moments de désespoir ou de nécessités urgentes. La diversité des articles présentés — allant des jouets d'enfants usés à l’imposant orgue poussiéreux, en passant par des armes, des bijoux et même des curiosités exotiques — donnait au lieu un caractère à la fois fascinant et mélancolique.

Le contraste entre l’austérité de la ville et l’exubérance presque grotesque de l’intérieur du magasin n’était pas moins marqué que celui entre Katarina et l’homme qui occupait actuellement l’attention du prêteur sur gages. Cet étranger coloré, avec ses vêtements flamboyants et son accent chantant, était une figure qui aurait pu paraître comique si ce n’était pour son attitude dangereusement désinvolte. Ses manières hautes en couleur et son air débraillé témoignaient d'une certaine assurance, probablement héritée de nombreux duels remportés ou de combines réussies.

Katarina ne put s’empêcher de frissonner en passant près de lui, ressentant une légère tension dans l’air. Ce n’était pas simplement un homme de spectacle, mais un individu avec une expérience de la vie — peut-être même de la mort — bien plus profonde qu’elle n’aurait pu le supposer au premier abord. Elle serra un peu plus le bras de Reikhard, cherchant un soutien dans cette situation inconfortable.

Lorsque l’homme à la chemise écarlate et aux cheveux luisants les invita d’un geste vif, Katarina eut du mal à retenir une grimace. Cet homme, qui se présenta comme Walther Weiss, incarnait tout ce qu’elle trouvait déplaisant chez certaines figures du commerce : une exubérance tape-à-l’œil, une vulgarité non dissimulée et une odeur si forte qu’elle semblait presque tangible. Chaque détail de son apparence, du torse poilu exposé au mépris des conventions jusqu’aux multiples bagues ornant ses doigts, transpirait la surenchère.

Cependant, elle savait pourquoi elle était là. Reikhard avait raison : il ne s’agissait pas d’un échange équitable, mais d’un choix nécessaire. Se redressant, elle adressa un regard déterminé à l’homme derrière le comptoir.

« Monsieur Weiss, » commença-t-elle avec un ton de voix posé, presque distant, « je souhaiterais mettre en gage un bijou. Un héritage de famille auquel je tiens énormément, mais les circonstances m’obligent à envisager cette option. J’aimerais savoir ce que vous pouvez m’offrir en échange. »

Elle glissa une main sur son cou, cherchant le pendentif qu’elle portait toujours contre son cœur. Le collier d’or, serti de petites pierres précieuses, brillait faiblement dans la lumière tamisée du magasin. Un instant de doute la saisit, mais elle savait qu’elle ne pouvait plus reculer.
Katarina se tenait droite face à l'homme exubérant qui se trouvait derrière le comptoir. L'odeur envahissante de musc lui piquait les narines, mais elle ignora cette sensation désagréable, se concentrant plutôt sur l'acte qu'elle allait accomplir. Ce n’était pas une décision facile, mais elle savait qu’elle n’avait pas le choix. Son cœur battait plus fort à mesure qu’elle glissait sa main sous son col, saisissant le pendentif familial. Le contact du métal froid contre sa peau lui rappela la valeur sentimentale de cet objet, bien au-delà de sa simple valeur matérielle.

Elle fixa le bijou un instant, se rappelant les souvenirs associés à cet héritage — les mains de son père le lui attachant autour du cou pour la première fois, les promesses murmurées, les espoirs qu’il avait pour elle. Un poids s'installa dans sa poitrine, mais elle ne laissa rien paraître.

D'une main tremblante mais déterminée, elle détacha le collier et le plaça doucement sur le comptoir devant l’homme. Le bijou scintillait faiblement sous les lumières tamisées, contrastant avec l'atmosphère poussiéreuse du magasin.

Katarina observa le collier pendant un moment, puis leva les yeux vers l’homme en face d’elle, son expression neutre mais empreinte de détermination. Elle attendait de voir quel prix il mettrait sur cet objet précieux, consciente que la somme qu’il proposerait ne refléterait jamais ce que ce bijou représentait réellement pour elle. Pourtant, elle se tenait là, prête à sacrifier une partie de son passé pour ce qu’elle espérait être un avenir meilleur.

Malgré l’inconfort de la situation, Katarina resta silencieuse, laissant l’homme évaluer le bijou. Chaque seconde qui passait semblait s’étirer, mais elle savait qu’elle devait rester forte. C’était un moment crucial, et elle ne voulait montrer aucune faiblesse, même si son cœur était lourd de l’importance de cet échange.
Katarina von Gildenspiegel, Voie de l'Aristocrate
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Katarina] Antonlied

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Weiss souriait. Ce n’était ni un sourire narquois, ni un sourire mesquin, ni un sourire de truand — mais dans la situation où la rousse était, et avec sa fierté noble coulant dans ses veines, ce petit monsieur vulgairement habillé paraissait être un renard bien sournois. Il attendit qu’elle retire le bijou et le pose pour délicatement l’attraper.

« Voyons voir, voyons voir… »

Il posa ses lunettes sur son front, et sortit de sa poche une petite loupe de bijoutier, une minuscule petite lorgnette de la taille de son pouce — il dépoussiéra le verre avec un morceau de tissu, le colla à son œil, et commença à étudier le bijou sous tous les angles, triturant les pierrettes qui le composait comme s’il s’agissait d’un chapelet, tout en tirant une grimace étrange qui montrait sa concentration.

« Or rose, cuivre et argent… Les pierres sont précieuses… Ouais, c’est un joli petit collier que vous avez là. »

Son travail ne lui prit pas longtemps — une grosse minute, pendant laquelle Katarina, avec son nouveau cavalier dans son dos, ne pouvaient qu’attendre qu’il termine son ésotérique travail d’évaluation. Qu’est-ce qu’il schlinguait le parfum, bon sang…
Finalement, Weiss reposa le collier sur le comptoir, retira la loupe de son œil, et sourit.

« Il avait bon goût celui qui a acheté ce collier.
Est-ce que vous cherchez à obtenir un prêt sur gages ou bien vous souhaitez le vendre ? »


Il gratta sa joue, bomba ses lèvres, et commença à tenter une offre.

« Normalement, je mets pas beaucoup de valeur pour les pierres précieuses, c’est surtout l’or et l’argent qui m’intéressent. Mais je veux bien faire une exception pour le collier vu que c’est surtout les pierrettes qui resplendissent dessus, et j’aurai pas une grosse quantité de métal…
Je peux vous en proposer une couronne six pistoles. »

La proposition frappa Katarina immensément fort. Elle savait que ce collier avait coûté très cher à sa famille — elle ne savait pas vraiment estimer comment un bijoutier faisait ses affaires, encore moins un prêteur sur gages, mais elle avait déjà entendu sa grand-mère dire que le collier valait quelque chose comme quinze couronnes d’or.

Le prêteur sur gages était en train de lui faire une offre onze fois inférieure à sa valeur initiale.
Jet de mémoire de Katarina : 13, échec
Jet d’évaluation de Weiss : Caché
VS
Jet d’évaluation de Katarina : 12

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Katarina von Gildenspiegel
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Re: [Katarina] Antonlied

Message par Katarina von Gildenspiegel »

Katarina prit une grande inspiration, sentant le poids du moment sur ses épaules. Ce collier n'était pas seulement un bijou pour elle ; c'était un symbole de son héritage, de tout ce qu'elle avait perdu et de tout ce qu'elle espérait encore récupérer. Elle devait s'assurer que ce sacrifice temporaire en valait la peine.

Elle posa un regard déterminé sur le prêteur sur gages, prenant soin de maintenir son calme et sa dignité, même dans une situation aussi délicate.
« Monsieur Weiss, » commença-t-elle doucement, sa voix pleine de gravité, « ce bijou que je vous confie en gage n'est pas un simple ornement. C'est un héritage familial, un objet qui a traversé les générations. Sa valeur dépasse de loin celle des pierres qui le composent ou du métal qui le soutient. C'est une partie de mon histoire, de l'histoire de ma famille. »

Elle marqua une pause, observant attentivement la réaction de Weiss. « Je comprends que vous devez évaluer les objets avec un regard commercial, et je respecte cela. Mais vous devez aussi comprendre que ce bijou vaut bien plus que ce que vous avez proposé. Ce n’est pas seulement une question de métal ou de pierres précieuses, c’est aussi une question de ce qu’il représente, et de la qualité du travail qui l’a façonné. »

Katarina se redressa un peu, mettant tout son poids sur son port noble. « J’ai besoin d’une dizaine de couronnes pour ce gage. Ce n'est pas une somme anodine, je le sais bien. Mais je vous assure que le collier que je vous laisse mérite cette évaluation. »

Elle prit une autre pause, cette fois pour souligner l’importance de ses prochains mots. « Je ne cherche pas à vendre ce bijou, mais à le récupérer une fois que j’aurai réuni la somme nécessaire. Votre offre actuelle est bien en deçà de ce qu'il vaut. Dix couronnes me permettraient de surmonter une période difficile et, en retour, je pourrai récupérer cet héritage que je ne souhaite pas perdre définitivement. Je vous demande donc de reconsidérer votre évaluation et de me proposer une somme plus juste. »


Katarina espérait que son discours, empreint à la fois de respect et de fermeté, inciterait Weiss à revoir son offre. Elle savait que les prêteurs sur gages n’étaient pas connus pour leur générosité, mais elle espérait qu’en soulignant la valeur sentimentale et historique du collier, elle pourrait toucher une corde sensible ou au moins le convaincre du sérieux de sa demande.
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Re: [Katarina] Antonlied

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Weiss avait toujours son sourire sur ses lèvres, mais il le ferma pour faire disparaître ses dents. Il hocha de la tête plusieurs fois, et son œil paraissait bizarrement brillant. Il attendit que Katarina ait fini de faire son exposé pour se pencher un peu plus, et de répondre avec une petite voix plus basse, bizarrement plus gentille.
Pourtant, les propos qu’il tenait alors étaient bien peu rassurants.

« Mademoiselle, je n’ai aucun doute sur le fait que ce collier ait une valeur sentimentale grandement importante pour vous : toute la joaillerie qui s’échange sur le continent entier est composée au moins à 50 % de valeur sentimentale. »

Il ricana à sa petite plaisanterie, avant d’expliciter ce qu’il entendait par là :

« Qu’est-ce qui fixe un prix dans une transaction ? C’est pas, contrairement à ce qu’on croit, le vendeur — c’est l’acheteur. C’est la somme que quelqu’un est prêt à payer qui détermine le prix. Et les pierres précieuses ont beau être magnifiques, attirer l’œil de tous les aristocrates de tous les pays, et même motiver Karl-Franz ou le Roi de Bretonnie à composer des panels de joyaux de la couronne, la triste vérité c’est que les pierres précieuses…
ça vaut rien du tout. »


Il désigna le collier du bout du doigt.

« Vous me dites que ce collier vaut 10 couronnes. Je n’en ai pas le moindre doute. Je suis sûr et certain que celui de votre famille qui l'a acquis, ou vous-même, est entré chez un bijoutier, a vu ça, on lui a dit que le prix était de dix couronnes, et il a acheté avec le sourire — il ne s’est pas fait arnaquer, mais le prix était de dix couronnes car il était prêt à l’acheter. Dans le domaine du luxe, on ne paye pas le collier lui-même, on ne paye pas son prix brut ; on paye la marque, le prestige, le fait que ce soit taillé, neuf, fait à soi. Les gens qui achètent des bijoux d’occasion sont beaucoup plus pauvres que ceux qui veulent du bijou neuf et coupé à la demande pour soi-même. Y a même des superstitieux qui fuient les bijoux ayant déjà été portés, ils pensent que ça attire le mauvais œil…

Votre bijoutier, qui a vendu le bijou et qui a son magnifique magasin sur le quartier Kaufmann, il a dû acheter les pierres précieuses non-taillées à un vendeur de gros — des négociants en pierres précieuses, il en court pas les rues, en fait, y a seulement deux gros cartels dans tout le continent qui se partagent genre soixante-quinze-pourcent du marché : les Nains de l’Ankor avec leur guilde des joailliers, et la cité-État de Tobaro où les mines de pierres précieuses sont concédées par le prince de la ville.

Votre bijou à dix couronnes, il a été acheté pour cinq par le bijoutier à l’un ou l’autre de ces deux acteurs — tout le reste c’est des coûts, la taxe somptuaire que la comtesse met sur les produits de luxe pour empêcher les roturiers et les nobles de petit rang d’en acheter trop, les salaires du personnel, les loyers de la bijouterie, la réclame pour vendre ses produits… Et surtout la marge du bijoutier, qui est capable parfois d’avoir des marges de fou furieux à plus de la moitié de son coût initial.

Mais le pire, c’est que Tobaro ou les Nains eux-mêmes ont fait une inflation totalement artificielle du prix du produit. Parce qu’ils contrôlent les mines riches en pierres précieuses, et parce qu’il y a peu de concurrents, ils peuvent activement faire en sorte de limiter la productivité, pour éviter de trop casser les prix. Pareil avec ce qui est importé — y me semble avoir lu dans le journal que Marienburg, par exemple, n’importait que deux mille carats de diamants d’Inja par an, alors que si vous allez dans les bleds paumés de ce pays si lointain, j’ai entendu des grands mythes comme quoi même les enfants des rues portent des couronnes de diamants sur le front. Le prix ne correspond à rien de rationnel, parce qu’une pierre précieuse, hormis quelques applications alchimiques bien particulières, ne sert vraiment pas à grand-chose. Vous savez qu’un rubis pas taillé, il vaut dix fois moins cher que le rubis taillé ? Un conquistador venu de Lustrie m’avait raconté qu’une fois il avait vu son capitaine vendre un tonneau contenant trois cent kilos de gemmes et pierres précieuses de tout type pour deux cents couronnes, et il était persuadé d’avoir fait là une magnifique affaire — l’acheteur avait réussi à revendre les pierres une couronne à l’unité. Vous voyez là à quel point tout ceci n’a pas beaucoup de rationalité…

Vous n’êtes pas la première personne qui arrive et qui essaye de négocier avec moi — j’en ai ou un deux par jour en fait, et à chaque fois je ressors le même discours, mademoiselle. Les gens ont les bijoux de papa-maman, ils sont persuadés qu’ils vont le vendre en perdant juste quinze ou vingt pourcents du prix… Mais en réalité, dès la minute où vous sortez d’une bijouterie avec votre bague ou votre collier flambant neuf, celui-ci a déjà perdu la moitié de sa valeur. Et c’est encore pire si vous venez devant un prêteur sur gages. »


Silence.
Reikhard gronda derrière :

« Je crois que vous exagérez un peu. La différence de prix que vous demandez est énormissime. »

Weiss souriait toujours.

« Il n’y a que l’or dans un bijou qui soit intrinsèque — parce que l’or on peut le refondre et le revendre ainsi.
Quant aux pierres… »


Il se pencha de derrière son comptoir. Il prit un mug qu’il posa juste sous le nez de Katarina.

Le mug débordait de pierres précieuses : saphir, émeraudes, perles, jades, tourmaline, topaze, améthyste… La gamme complète. On aurait dit un trésor de pirate, on racontait mille et une histoire fantastiques sur les propriétés de ses pierres, on disait que les alchimistes pouvaient changer la matière et pratiquer de la magie à l’aide de ces bijoux fantastiques.
Et lui, vil marchand qu’il était, il les avait toutes foutues dans un mug comme si c’était là quantité insignifiante.

« Je me répète : les pierres précieuses ne valent quelque chose que lorsque vous les achetez à un bijoutier. Autrement, on en trouve partout et pour pas cher si vous vous embêtez à aller à la source. Vous voyez tous ces cailloux ? Quand j’ai des bijoux que j’arrive pas à vendre, je les retire, je fonds la bague ou l’anneau, et tous ces cailloux, y a parfois un alchimiste ou un magicien qui arrive et m’achète le mug rempli pour vingt-trente pistoles la totalité, ce qui me fait une petite somme.

Mademoiselle, je ne peux pas racheter votre collier dix couronnes, non seulement parce qu’il ne vaut pas dix couronnes, mais aussi parce que personne ne va jamais venir ici dans mon magasin avec autant de fric sur lui pour l’acquérir. Si c’est quelqu’un qui vaut quelque chose, il va vouloir acheter un caillou taillé rien que pour lui neuf dans une bijouterie. Si c’est quelqu’un qui vaut un petit peu moins, il va être pince et va vouloir limiter le prix au maximum.

Même si j’achetais votre collier pour plus cher que ma proposition, il me resterait sur des bras pour des mois, sinon des années. Pourquoi garder sur les bras votre collier à dix couronnes et ne pas le vendre, quand je peux avoir cinq tromblons qui passent dans mes mains sur lesquelles je me fais un profit de une couronne pièce ? J’acquiers des objets pour les revendre, et me faire une marge également. »


Ayant longuement exposé et douché les espoirs de Katarina, Weiss tordit un peu ses lèvres, l’air un peu gêné.

« Si c’est pour un prêt, je peux, en échange du collier, vous donner une couronne six pistoles — avec un intérêt de 40 % par quarante jours, sachant que je ne peux réserver le collier que maximum quatre-vingt-jours.
Si vous souhaitez plus, il va falloir malheureusement me donner plus de bijoux en gages. Je suis désolé, je comprends si vous souhaitiez réfléchir… Ou aller voir ailleurs. Mais je vous préviens, même le Mont-de-Piété du culte de Shallya vous donnera une somme similaire à la mienne, avec la même explication. »

Jet de charisme de Katarina (Bonus : Naïveté adorable : +2) : 8
VS
Jet de volonté de Weiss : 2, réussite du duel

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Katarina von Gildenspiegel
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Re: [Katarina] Antonlied

Message par Katarina von Gildenspiegel »

Katarina écoutait Weiss en silence, absorbant chaque mot comme un coup porté à son espoir de tirer un avantage financier plus important de son collier. Le sourire du prêteur sur gages, son ton presque bienveillant, tout cela la mettait mal à l’aise, comme si elle se retrouvait piégée dans une toile invisible mais inévitable.

Chaque phrase de Weiss semblait lui rappeler à quel point elle était démunie, non seulement financièrement, mais aussi en termes de connaissance des réalités économiques qui régissaient le monde des transactions. Il n'y avait rien de rationnel ou de juste dans ce qu'il disait, mais Katarina savait au fond d'elle-même que, dans cette situation, il détenait une forme de pouvoir. C’était un homme du marché, habitué à jongler avec les valeurs matérielles sans jamais se laisser émouvoir par les histoires personnelles des objets qu’il évaluait.

Lorsque Weiss exposa les pierres précieuses dans un simple mug, comme s'il s'agissait de vulgaires cailloux ramassés au bord d'un chemin, Katarina sentit une vague de frustration et de désespoir la submerger. Elle comprenait maintenant qu’il n’y aurait pas de miracle. Le monde du commerce, froid et indifférent, ne laisserait pas la place aux émotions ou aux souvenirs. La valeur de son collier, malgré ce qu'il représentait pour elle, se réduisait ici à une simple équation d'offre et de demande.

En fin de compte, Weiss lui offrait une couronne six pistoles pour son collier, avec un intérêt qui rendait cette transaction encore plus amère. Katarina savait que c’était insuffisant pour atteindre les dix couronnes dont elle avait besoin, mais elle ne pouvait pas se permettre de partir les mains vides. L'idée de revenir avec plus de bijoux, ou même d'aller voir ailleurs, semblait futile. Elle n’avait ni le temps ni les ressources pour entamer une quête incertaine à travers les autres prêteurs sur gages de la ville.

Katarina, toujours droite et fière, écouta la longue tirade de Weiss sans un mot, son regard fixé sur le marchand. Elle ne montrait aucun signe d’émotion, mais au fond d'elle, la frustration bouillonnait. Weiss pensait avoir tout dit, avoir fait une proposition qui ne pouvait être refusée, mais il sous-estimait la détermination de la jeune femme.

Elle prit le collier du comptoir avec une lenteur délibérée, le tenant délicatement entre ses doigts avant de le remettre autour de son cou. « Je vais y réfléchir, monsieur Weiss, » dit-elle d'une voix douce, mais ferme, laissant planer un silence significatif après ses paroles.

Faisant un signe subtil de la main, Katarina invita Reikhard à s’écarter légèrement. D'un geste gracieux, elle déploya son éventail, le plaçant devant ses lèvres comme pour se protéger de la chaleur de la pièce, mais en réalité pour dissimuler les mots qu’elle chuchota à son compagnon.

Katarina se tourna légèrement, utilisant son éventail pour dissimuler ses lèvres alors qu'elle chuchotait ses intentions à Reikhard. Elle savait que ce plan était risqué, mais les enjeux étaient trop importants pour ne pas tenter le coup.

Elle prit soin de ne pas attirer l'attention de Weiss, puis murmura à Reikhard :

« Mein Herr, écoutez-moi attentivement. Ce prêteur sur gages cherche à nous duper, mais je pense que nous pouvons tirer parti de cette situation. Vous vous souvenez de l'Estalien que nous avons croisé en entrant ? Il cherchait des bijoux pour sa belle. S'il est prêt à dépenser, il pourrait nous offrir bien plus que ce que Weiss propose. Cependant, ce dernier ne nous laissera jamais négocier directement ici. »

Elle jeta un coup d'œil rapide à Weiss.

« Voici le plan : je vais distraire Weiss, essayer de l'appitoyer, peut-être même pleurer pour attirer son attention. Pendant ce temps, vous vous approcherez discrètement de l'Estalien. Expliquez-lui la situation, dites-lui que ce collier vaut bien plus que ce que Weiss veut nous offrir. Proposez-lui de conclure l'affaire en dehors de cette boutique, loin des yeux du prêteur. Dites-lui qu'il pourrait obtenir ce bijou pour un prix raisonnable, tout en nous aidant à atteindre notre objectif. »

Elle serra brièvement la main de Reikhard pour s'assurer qu'il comprenait la gravité de la situation.

« Ce sera un sacrifice, mais il vaut mieux obtenir une bonne somme maintenant que de laisser ce collier nous glisser entre les doigts pour des miettes. Si l'Estalien accepte, nous pourrons conclure la vente à l'extérieur et obtenir les couronnes dont nous avons besoin. »

Katarina prit une inspiration, reprenant son rôle de noble en détresse. « Alors, Mein Herr, êtes-vous prêt ? Faites bien attention, Weiss est rusé, il ne doit rien soupçonner. Si vous réussissez, cela pourrait nous sauver. »

Elle le regarda dans les yeux, attendant son accord avant de se remettre en position pour lancer la distraction.

Katarina savait que la situation exigeait d'elle une performance subtile mais convaincante. Se retournant légèrement, elle dissimula ses mains sous son éventail en dentelle, feignant d'ajuster quelque chose sur sa robe. À l'abri du regards de Weiss, elle serra ses doigts sur sa peau avec force, provoquant une douleur suffisamment intense pour faire monter des larmes dans ses yeux. Le pincement était si fort qu'elle en ressentit une vive brûlure, mais elle savait que ce sacrifice était nécessaire pour la réussite de leur plan.

Les larmes commencèrent à affleurer, embuant son regard d'une brillance émotive. Après quelques secondes pour s'assurer que les larmes étaient bien présentes, elle se retourna lentement vers Weiss, les yeux désormais rougis et humides. Elle garda ses mains cachées sous l'éventail, jouant avec l'angle de celui-ci pour que Weiss ne puisse voir les traces de l'effort qu'elle venait de faire.

« Monsieur Weiss… » murmura-t-elle d'une voix tremblante, qu'elle laissa volontairement vaciller, « ce collier… il est tout ce qui me reste de mon défunt père. Le perdre, ce serait comme… comme perdre une partie de moi-même, une partie de mon passé. »

Elle laissa sa voix se briser légèrement à ce moment, laissant une larme solitaire rouler sur sa joue, accentuant son expression de détresse. Elle détourna brièvement les yeux, comme si elle était trop accablée par l'émotion pour soutenir le regard du prêteur sur gages, mais elle s'assura de rester dans une position où son éventail continuait de dissimuler ses mains.

Chaque détail était soigneusement orchestré pour capter toute l'attention de Weiss, espérant que son air vulnérable et ses larmes le toucheraient ou du moins le distrairaient suffisamment pour que Reikhard puisse agir sans être remarqué. Elle jeta un coup d'œil rapide vers son compagnon, voyant qu'il commençait à s'approcher de l'Estalien avec une discrétion feinte, prêt à entamer une conversation qui, elle l'espérait, détournerait l'attention du marchand du collier et de la transaction à venir.

Pendant qu'elle parlait, elle accentua sa fragilité, ses épaules tremblant légèrement comme si elle retenait à peine ses sanglots. « Comprenez-vous, monsieur Weiss… Je ne peux pas me résoudre à le perdre pour une si petite somme… C'est une question de survie.» Elle espérait que cette diversion, mêlée à l'intervention de Reikhard, suffirait à détourner l'attention de Weiss, au moins pour un moment, permettant à l'Estalien de devenir une alternative intéressante pour le précieux collier.
Katarina von Gildenspiegel, Voie de l'Aristocrate
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Katarina] Antonlied

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Reikhard semblait assez gêné du plan de Katarina. Il observa l’Estalien en se mettant un peu sur la pointe des pieds, afin de l’apercevoir entre deux étagères remplies à craquer de bibelots. Alors qu’il était en train de fouiller des chapeaux, l’Estalien paraissait un être racé et couvert de cicatrices, même s’il était un peu plus petit que l’escroc…

« Négocier avec quelqu’un dans un magasin, alors qu’il a des prix de bijoux qui s’affichent juste dans la vitrine…
Je vais tenter quelque chose, mais pas sûr qu’on en tire vraiment grand-chose. »


Pendant ce temps, Katarina tenta de revenir vers le comptoir pour faire son numéro de théâtre. C’était plutôt réussi — elle parvint bien à pleurer sur commande et à capter l’attention du prêteur sur gages. Ça se voyait à sa mine et sa grimace qu’il était plus gêné que véritablement ému, mais le voilà qui pencha la tête un peu à gauche et à droite.

« Je comprends votre situation, mademoiselle, mais malheureusement moi aussi je dois travailler, j’ai des factures à payer et une famille à entretenir.
Redonnez-moi donc votre collier, je vais le réétudier rapidement. »


Alors que Katarina découvrait à nouveau son cou, le prêteur sur gages remit sur son œil la loupe. Dans son dos, la noble pouvait voir Reikhard en train de chuchoter à voix basse avec l’Estalien — celui-ci se contentait de croiser les bras, une main sur sa joue, à l’observer, sans dire un seul mot. Silence absolu, et particulièrement gênant. Le diestro observait le Middenheimer comme un chat qui regardait une souris, ou bien à la manière d’un loup qui se faisait raconter des salamalecs apitoyés par la brebis, comme dans les fables que la nourrice de Katarina lui racontait enfant… Dur de savoir si c’était efficace.

Ayant réétudié le collier pierre par pierre à toute vitesse, comme une prière vite dite sur le chapelet, Walther Weiss tiqua des lèvres et reprit une petite explication :

« Les pierres sont bien taillées, le collier n’est que très peu abîmé et encore clair — je vous félicite, vous en avez pris grand soin, souvent les pierres d’occasion ont des défauts, y a que les diamants qui soient assez durs pour pas avoir une usure très marquée… c’est du deux carats quand même, mais de pierres variées, qui n’ont pas toute la même valeur. Et ça se voit qu’il a été porté, même s’il est bien entretenu.
Je pense que le collier seul, neuf, en boutique aujourd’hui, il se vendrait pour… Huit à dix couronnes, gros maximum. Comme vous voyez c’est une fourchette un peu large. Peut-être qu’acheté, il y a eu une grosse marge de la bijouterie, ou c’était à la mode quand c’est sorti, je sais qu’il y a vingt ans quand j’étais plus jeune l’or rose ça se vendait bien, peut-être il a été acheté douze… »


On était déjà loin des quinze dans le souvenir de Katarina. Mais le prêteur sur gages avait malheureusement l’air très honnête.

« Malheureusement, même bien entretenu, je vous ai expliqué qu’un collier perdait très, très vite sa valeur. En occasion, vous devez plutôt partir sur quatre à cinq couronnes de valeur de revente en moyenne. Comme vous voyez, on est très loin des dix couronnes que vous vouliez…
Peut-être que je peux faire un effort dans mon évaluation à la base, pour vous. Je veux bien monter le prix jusqu’à deux couronnes, et baisser mon taux d’intérêt à 30 %, par gentillesse. Mais je ne peux malheureusement pas faire plus. »


Il marqua une petite pause et hocha de la tête.

« J’ai besoin de faire ma marge et de trouver un acheteur vous comprenez, et c’est le plus compliqué sur le marché d’occasion. Votre bijou ne vaut pas rien, les bijoux ça se vend encore, les nobles les adorent pour tenir leur rang, les roturiers les adorent pour faire grandir le leur — même les truands et les gens de peu désirent en avoir de nos jours, et tout le monde n’est pas comme moi à bosser dans la joaillerie et à lire des journaux d’économie ; comme je vous l’ai dit dans mon p’tit discours, ce qui fonde l’économie, le prix, et même d’ailleurs tous les échanges entre êtres humains, c’est la volonté et la connaissance de l’acheteur.
Je ne vais pas vous voler ce collier, si vraiment il est important pour vous, je ne peux que vous inviter à essayer de trouver quelqu’un qui pourrait l’obtenir de vous — en ce moment y a plein de nobles du Wissenland à Nuln d’après ce que j’ai entendu, en plus de la cour, vous me semblez être deux petits nobles, vous devez bien connaître du monde qui peut vous le prendre pour quelque chose qui tourne plus autour de quatre, cinq, peut-être six couronnes si vous êtes convaincante… Si tout le monde était bêtement rationnel et au courant de l’économie mondiale comme moi, plus personne sur Terre n’achèterait de pierres précieuses et toutes les boutiques du quartier Kaufmann fermeraient. »


Il ricana jaune à sa propre blague.

« Reprenez votre collier, mademoiselle. Si au pire vous avez besoin d’argent trébuchant rapidement, ma boutique restera ouverte, tous les jours sauf le Festag — comme d’autres prêteurs ou le Mont-de-Piété d’ailleurs. Deux couronnes pour ma part, c’est mon offre finale. »

En s’éloignant du comptoir, Katarina pouvait voir Reikhard encore en train de parler avec l’Estalien, qui restait absolument silencieux. Mais celui-ci leva alors ses yeux pour foudroyer du regard celui de la jeune rousse — le diestro avait des yeux cuivre, un brun un peu étrange, au blanc autour des yeux visiblement injecté de sang. Des yeux qui semblaient en avoir beaucoup vu, et qui faisaient un peu froid dans le dos…
Il ouvrit les lèvres, et prononça un mot. Reikhard s’éloigna, s’apercevant tout seul que le prêteur sur gage était réapparu de son côté du comptoir, et qu’il risquait de ne pas être content de voir quelqu’un essayer de lui voler un client…


Le noble Ulricain se planta devant Katarina pour lui chuchoter :

« L’Estalien nous propose quatre couronnes d’or. »

Il tordit un peu ses lèvres.

« Je pense qu’il faudrait accepter, c’est déjà un gain assez inespéré comparé à ce que le prêteur sur gages évaluait, je ne crois pas qu’on aura mieux… »
Jet de comédie de Katarina pour réussir à pleurer toute seule : 4, réussite

Jet de négociation de Katarina (Malus : -1, commence à être un peu chiante. -1, parfum insupportable) : 1, réussite critique
VS
Jet de volonté de Weiss : 9, réussite, mais échec du duel

Réévaluation de Weiss : Caché

Jet de rat qui écoute ce qui le regarde pas de l’Estalien : 2, réussite large
Jet de négociation entre Reikhard et l’Estalien : caché
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Katarina von Gildenspiegel
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Re: [Katarina] Antonlied

Message par Katarina von Gildenspiegel »

Katarina prit une profonde inspiration pour calmer les battements de son cœur et essuyer les larmes sur son visage. Elle se tourna lentement vers le prêteur sur gages, son expression mêlant gratitude et tristesse, tout en prenant soin de ne pas trahir la nouvelle direction que leur plan prenait.

« Monsieur Weiss, » commença-t-elle d’une voix douce et légèrement tremblante, « je tiens à vous remercier sincèrement pour le temps que vous avez consacré à réévaluer ce collier. Je comprends parfaitement les contraintes de votre métier, et je vois que vous avez été plus que raisonnable dans votre offre. »

Elle fit une légère pause, comme pour peser ses mots avec soin, puis continua en inclinant légèrement la tête, en signe de respect.

« Toutefois, après mûre réflexion, et bien que votre proposition soit généreuse, je pense qu’il serait plus judicieux pour moi de chercher un autre acquéreur, comme vous l’avez si justement suggéré.»


Elle adressa à Weiss un sourire faussement triste mais reconnaissant, avant de se tourner légèrement vers Reikhard qui revenue, acquiesçant doucement à ses propos en parlant a voix basse. « Je pense que nous allons suivre votre suggestion, » murmura-t-elle à son compagnon, confirmant ainsi qu’elle était prête à accepter la proposition de l’Estalien, même si elle ne l’exprimait pas encore à haute voix.

Se retournant une dernière fois vers le prêteur sur gages, elle conclut : « Merci encore pour votre temps et votre compréhension, monsieur Weiss. Peut-être qu’un jour, si les circonstances changent, je reviendrai vers vous. » Puis, elle prit délicatement le collier et, après un dernier regard empli de reconnaissance, elle commença à s’éloigner du comptoir, prête à suivre la suite de leur plan.

En quittant le comptoir, elle sentait le poids du regard du prêteur sur gages, mais elle savait qu'ils avaient fait ce qu'il fallait. Il ne restait plus qu'à espérer que l’offre de l’Estalien soit aussi bonne qu’elle semblait l’être.
Katarina von Gildenspiegel, Voie de l'Aristocrate
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Katarina] Antonlied

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Weiss sourit poliment aux deux nobles, avant de retourner à une quelconque tache qui l’occupait derrière le comptoir. Retournant à l’extérieur, dans la chaleur étouffante et l’odeur âcre de Nuln, l’Ulricain amena Katarina un peu plus loin : les deux trouvèrent un lampadaire de l’autre côté de la rue devant lequel ils purent se tenir droit et attendre, en observant comment des dizaines et des dizaines de gens allaient-et-venaient d’un côté et de l’autre de l’artère, à suivre un trajet de circulation semi-chaotique comme seule une grande mégalopole comme Nuln pouvait produire.

Alors qu’ils attendaient ainsi, Reikhard sortit de sa poche une petite pipe qu’il commença à bourrer de tabac. Il l’alluma, fuma, et proposa à Katarina de tirer dessus — cette commodité était un peu connue dans le reste du Wissenland, elle savait qu’un de ses oncles était totalement accro et qu’à chaque fois qu’il allait pour une raison ou une autre dans la ville de Wissenburg, il en ramenait toujours des boîtes entières. L’aumônier de la famille, un vieux père Sigmarite, avait maintes fois répété que le tabac était une bien mauvaise chose, un confort indolent qui enrichissait les Halfelins et les marchands Marienbourgeois, mais on avait l’impression que cette drogue s’était répandue dans toute la société à une vitesse saisissante, des simples débardeurs de chantiers jusqu’aux intellectuels de cour…

« Quand les choses se seront calmées à l’hôtel de ville, les nobles du Wissenland vont probablement être conviés au palais de l’Aldig, du moins pour ceux qui n’auront pas été écœurés et chercheront à tout de suite rentrer chez eux…
Je sens que ça va être une soirée très longue et très fatigante, vous préféreriez peut-être une occasion plus calme ? »


Il était en train de poliment lui proposer de sortir. Ce pouvait être un bon moyen de faire connaissance avec lui… Mais ça voudrait dire poser un lapin à ce pauvre Lorenz. Et puis, l’Aldig, il y avait tout le temps des choses fantastiques et incroyables à voir…




L’Estalien prenait vraiment son temps. C’est au bout de dix minutes qu’il quitta enfin le prêteur sur gages — avec un sac en papier à la main. Visiblement, il avait fait quelques emplettes. Il regarda à droite, à gauche, vit les deux petits nobles, et se dirigea vers eux d’un pas de certain, la tête haute. C’était un petit bonhomme en fait, vraiment pas grand pour un homme, mais il marchait d’un pas tellement certain, vif, leste, et avec ses lames bien au fourreau pendouillant autour de ses vêtements violets, qu’il n’était pas certain que ce soit une bonne idée de se moquer de lui. En tout cas, le voilà qui s’arrêta tout proche du lampadaire, et qu’il retira son chapeau d’une main gantée — il avait un tout début de calvitie au milieu de ses cheveux mi-longs et lisses, un gros poireau près du nez, et quelques balafres autour des yeux et des lèvres, les stigmates d’un homme qui avait senti du sang dégouliner sur son visage. Il faisait vieux, et pourtant il n’avait pas l’air d’avoir la quarantaine.

Avec son chapeau, il fit une sorte de geste de salut, qui virevolta la plume attachée à la ceinture la bouclant. Et avec son accent à couper au couteau, il piailla :

« Buen jour à vous, encantado mademoiselle.
Votre cavalier m’a dit que je pouvais découvrir votre cou pour quelques pièces, ce serait avec plaisir. »


Il souriait à pleines dents en disant cette phrase beaucoup trop équivoque pour être parfaitement respectable — un flirt un poil agressif.
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Katarina von Gildenspiegel
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Re: [Katarina] Antonlied

Message par Katarina von Gildenspiegel »

Katarina prit un moment pour réfléchir, puis se tourna vers Reikhard. « Très longue et fatigante ? N'est ce pas là où nous pourrions faire des contacts interessant? » dit-elle doucement, croisant son regard. « Nous pourrons en reparler après notre entretien avec l’Estalien. Je préfère être concentrée sur cette affaire déplaisante avant»

Elle laissa ces mots en suspens, son ton reflétant une légère hésitation, avant de se tourner pour accueillir l’homme qui s’approchait, prête à entamer les négociations.

Katarina haussa un sourcil à la remarque équivoque de l’Estalien, mais elle dissimula habilement son malaise derrière un sourire poli. Les rues animées de Nuln étaient bruyantes, mais elle entendait clairement l’audace dans la voix de l’homme. Elle sentait le regard de Reikhard posé sur elle, observant sa réaction avec attention.

Avec la grâce que lui conférait son éducation, elle répondit d'une voix douce, mais ferme : « Señor, vous avez un sens de l'humour tout à fait... déconcertant... j'ignorais qu'il était de coutume et de bon ton dans certaine contrée de se moquer malicieusement des malheurs d'une noble dame. Mais visiblement j'ai encore tant a apprendre» Elle marqua une légère pause, ses yeux clairs se fixant sur ceux de l’Estalien, sans fléchir. « Mais je suis certaine que vous comprenez la véritable nature de cette rencontre. »

Elle laissa ces mots planer un instant, avant de reprendre plus formellement.« Le collier dont je dispose est précieux pour moi, non seulement en raison de sa valeur matérielle, mais aussi pour des raisons plus... personnelles. Cependant, il semble que nous devions trouver un arrangement qui satisfasse toutes les parties. Tachons de jouer en bonne intelligence pour être gagnant tous les deux. Moi avec l'or qui m'est nécéssaire pour faire face au coup du sort, et vous avec une bijouterie de qualité pour faire plaisir a votre demoiselle.»

Katarina savait qu’il ne fallait pas se laisser intimider par le personnage. Malgré sa taille modeste, il émanait de l’Estalien une aura de danger et de calcul froid, visible dans ses yeux marqués par la vie. Elle savait que ce n’était pas un homme à sous-estimer. Elle ne mentionne pas encore le prix pour essayer de voir ce que l'estalien avait dans le ventre.
Katarina von Gildenspiegel, Voie de l'Aristocrate
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