« Oh. »
Il semblait un peu surpris. Voire bizarrement déçu.
Il reprit ensuite son sourire, et se pencha un peu vers l’avant.
« Allons, Meine Herrin, je n’ai fait rien du tout hormis ce qu’un gentilhomme se devait d’accomplir. Je sentais votre urgence, et du moment que vous êtes sauve et que vous vous sentez mieux, je n’ai besoin d’aucun autre remerciement. »
Sourire amical. Quand la rousse se présenta, il tendit sa main afin de pouvoir baiser la sienne, et avec toujours la même posture un peu révérencieuse, fort polie, il se présenta :
« Je suis Reikhard Velndez. Ma famille possède des terres près de Solzheim. C’est dans le grand-duché de Middenheim, très loin d’ici, je ne pense pas que vous trouverez ça sur une carte. »
Il eut un petit sourire amusé. Middenheim, la Cité du Loup Blanc, la troisième ville de l’Empire — et une de ses plus importantes historiquement. On racontait qu’elle avait été bâtie par Ulric qui avait aplati une montagne pour faire de la place, et ce que les gens retenaient de cet endroit, c’est qu’il était magnifique, même s’il y faisait très froid.
Reikhard, en tout cas, n’avait pas l’apparence stéréotypée des Middenheimer : pas de peau de loup sur les épaules, pas d’énorme barbe fournie sur son visage. Peut-être qu’il aurait déçu certaines dames qui s’imaginaient un grand guerrier primal aux larges épaules quand on leur promettait un descendant des Teutogens. En tout cas, il était grand, à défaut d’être vraiment musclé.
« Vous ne devriez pas avoir peur pour vos camarades. Cette émeute spontanée n’est pas anti-nobiliaire. Le peuple de Nuln est toujours au bord de l’explosion, mais ce n’est pas contre les sangs-bleus qu’ils en ont, et ils ne soutenaient pas la personne qu’on a rouée aujourd’hui non plus ; les Nulner sont en colère depuis des mois maintenant contre leur municipalité pour des raisons très urbaines…
…Enfin, pardonnez-moi, je suis vilain, je vous dis des choses que vous devez mieux savoir que moi. Ce n’est pas un Middenheimer qui va vous apprendre des choses sur votre propre pays. »
En réalité, non, Katarina n’avait aucune foutue idée de pourquoi les Nulner étaient en colère. Elle était logée dans le quartier Kaufmann où vivaient les banquiers et les fonctionnaires, et il n’était pas dans son habitude de lire le journal. Peut-être devrait-elle s’y mettre plus assidûment, il est vrai que l’idée que des papiers imprimés tous les jours donnent des ragots et des nouvelles sur tout et rien était quelque chose de bien novateur et qu’on avait pas dans le Wissenland, où on obtenait les informations au Temple et à la taverne…
« Ce que je veux dire, c’est qu’ils se sont probablement éloignés pour échapper aux heurts, mais que leurs corps ne sont pas en danger.
En plus, votre cavalier doit savoir se débrouiller si quelque bandit lui voulait du mal. En espérant qu’il n’oublie pas quelle damoiselle il est censé protéger. »
Il avait fait cette dernière remarque sur le ton de la blague pince-sans-rien, un humour Bretonnien pas forcément au goût de tout le monde.