[Le Coësre] Dénouement

Nuln est la seconde ville de l’Empire et du Reikland. Nuln centralise tout le commerce du sud, c’est là que convergent les voyageurs du Wissenland, du Stirland, d’Averland et des régions plus à l’est. Nuln est le siège de l’Ecole Impériale d’Artillerie, où les canons sont fondus et où les artilleurs apprennent la balistique. Ils y étudient les nombreux problèmes pratiques liés au déplacement et à la mise en œuvre des pièces d’artillerie. Grâce à leurs efforts, l’Empire bénéficie d’un vaste et efficace corps d’artillerie, de loin supérieur à tous ceux des pays frontaliers.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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[Le Coësre] Dénouement

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31. Vorgeheim 2532.
Trois jours avant la nuit des mystères.


Nuln n’était plus la même depuis quelques années maintenant. La cité de Magnus, le joyau de l’Empire, avait maintenant un adjectif étrange et incongru qui lui collait au pavé : Calme. La turbulente mégalopole, le bruyant melting-pot, le mouvementé carrefour du Vieux-Monde, avec toutes ses industries, ses artistes, ses prodiges, était devenue calme. Solennelle. Résolue. Une cité en deuil permanent. Comment pouvait-il en être autrement ? Son université était fermée, ses magiciens consignés dans l’enceinte de leur académie, ses presses détruites et sous séquestres, sa comtesse et sa cour absents, ses guildes en grève, ses industriels morts, malades ou corrompus. La ville était morte, et ne revivrait peut-être jamais plus.

Mais aujourd’hui était un jour plus saisissant que les autres par sa solennité : Aujourd’hui étaient les funérailles civiles de Bernhard Steiner, premier échevin de Nuln tué dans un attentat commis — c’était ce qu’avait déclaré officiellement le directeur de police Irmfried Brandt, après enquête — par un groupuscule de néo-millénaristes, de dangereux révolutionnaires rêvant de semer pagaille et désordre parmi le corps social.
Pour l’occasion, une partie de l’armée comtale de Nuln était entrée en ville — la partie de l’armée qui était plus loyale envers Maximale Leistung que Emmanuelle von Liebwitz, les officiers et soldats qui préféraient le prévôt de la cité à la seigneuresse féodale censée détenir tous les pouvoirs : alors que Leistung avait juré d’être l’homme de la comtesse, et qu’il avait prêté serment envers elle, depuis un moment maintenant il faisait cavalier seul, si bien qu’il avait pu physiquement faire fuir les Liebwitz et leurs sycophantes, lui laissant les coudées franches pour mener son monde à Nuln. Au moins les fonderies fondaient encore, et l’on coulait encore les canons et les arquebuses qui armaient tout l’Empire — voilà une chose qui n’avait pas cessé, et la rhétorique militariste de Leistung lui attirait beaucoup de faveurs auprès des hommes en uniforme. Aussi, pour ce Marktag, les passants devaient baisser la tête et se faire tout petit devant les hallebardiers qui montaient la garde le long des places, des ronds-points et des carrefours de la cité.

Et Nuln continuait de vivre, discrètement, silencieusement, sans musique, sans odeurs, sans même brouhaha : jamais on avait connu de marché plus silencieux. Les gens continuaient de travailler, de faire fonctionner les fonderies qui coulaient les armes et les artilleries de l’Empire, on filait, on produisait, on vendait, mais sans hâte, sans vacarme, sans marchandage : on se contentait de remplir des carnets de commandes, car Nuln devait garder sa place de producteurs des denrées du pays. C’était ça qu’était Nuln, maintenant — une usine géante, parce que son dirigeant était un ancien ouvrier, qui avait du mal à imaginer le monde qu’autrement qu’avec les règles rigides et difficiles qui l’avaient brisé.




À Nuln, il y avait un prêtre de Mórr, qu’on nommait Gerhard. Un homme sans importance, un orphelin du culte, qui n’avait rien connu d’autre de sa vie que le marbre des tombes et les chuchotements des fantômes. Un homme au cœur froid, qui n’avait aimé que trois fois dans sa vie, et qui maintenant qu’il fût grisonnant et avait mal aux hanches, décida de s’enfermer dans un mutisme que les jeunes novices jugeaient pieux — en réalité, c’était un homme las de parler, lui qui avait rarement vu ses sermons être écoutés. Il servait de cellérier dans le chapitre local de la Garde Noire, un ordre de moines-chevaliers au service du Faucheur : en guise de retraite, ce petit prêtre passait tout son temps à gérer les stocks du chapitre, il s’occupait de s’assurer qu’on avait toujours des vivres en cas de siège, ou s’il fallait redistribuer aux pauvres, et il tenait les finances de l’édifice. Caché dans son petit bureau, il projetait de lentement s’effacer jusqu’à ce que viendrait le jour où sa divinité fermerait ses yeux, et il connaîtrait la paix. Et peut-être reverrait-il la dernière personne qui avait pu le faire sourire, il y a si longtemps de ça…

Et pourtant, aujourd’hui, Gerhard allait parler, et marquer un grand changement pour tout Nuln. Il n’avait pas prévu ça en se réveillant alors qu’il n’était pas l’aube, pas plus que lorsqu’il fit ses prières du matin, ou qu’il prit son petit-déjeuner avec ses frères. C’est vers midi que le père-commandeur envoya un novice le chercher, lui, ainsi que le chapelain, et le gonfanonier. Le commandeur attendit que la porte de son bureau fut bien fermée derrière eux pour annoncer la nouvelle. Il la lança en une phrase, aussi sèche que directe. 5 mots, qui choquèrent les stoïques Morriens. Puis il y eut un blanc, lourd de sens. Et c’est frère Gerhard qui parla le premier : il ne posa pas de questions sur la véracité du propos, car il n’avait pas l’habitude, tout ancien chevalier qu’il était, de mettre en doute les ordres et les dépêches descendant de plus-haut — en revanche, il demanda comment les officiels allaient se répartir l’annonce. Ils avaient déjà un plan pour ça, une procédure, ce genre de convention qui était transmise de poste en poste, une tradition couchée sur le papier, spécifiquement pour ces situations-là — ça permettait de tranquilliser son esprit d’être humain, de savoir qu’il y avait tout le temps un plan, une manière d’agir. Le commandeur confirma le propos exact qui devait être transmis, et il ordonna qu’on le fasse recopier. Puis, il désigna les places importantes de Nuln, et recommanda la marche à suivre. Il sépara ses officiers après quelques échanges avec eux, et tout le monde se sépara en sachant quoi faire.

Mórr, Mórr veille sur nous…

Frère Gerhard était allé chercher sa vieille armure noire poussiéreuse et plus vraiment à sa taille. La retraite avait tassé son dos, et grossit son ventre. C’est avec difficulté et souffrance qu’il s’habilla de son grand harnois qui le fit passer pour un monstre de métal, alors qu’un écuyer lui ceint le manteau et l’épée à son flanc, avant de recouvrir ses mains de gantelets. Puis, Gerhard alla avec quelques frères-sergents trouver son cheval apprêté, il grimpa dessus, tandis que les sergents continuèrent à pied, l’un d’eux allant chercher une bannière mise en sécurité dans un coffre — deux griffons rouges entourant un bouclier estampillé des lettres « K » et « F », et surmonté d’un casque à couronne, avec une devise dessous, La Vérité Prévaudra. Les couleurs d’une immensément illustre maison, qui combattit à Middenheim, même si sa naissance fut un échec dans la boue du marais Grootscher…

Le cheval de frère Gerhard était précédé par un jeune novice, tout de noir vêtu, qui agitait fort une cloche devant lui. Par trois fois, le garçon sonna, puis il cria : « Ora pro nobis ! ». Il eut l’effet escompté : les passants regardaient par la fenêtre, certains se signaient à son passage, et surtout, beaucoup cessaient tout ce qu’ils faisaient pour se mettre à suivre le cheval au pas et les chevaliers derrière. En une demi-heure de route, à travers Nuln, le cheval et ses quatre escorteurs devinrent une véritable procession, alors que des curieux inquiets formaient tout un groupe derrière : des enfants et des vieux, des riches et des pauvres, des nobles et des roturiers suivaient en ordre et en discipline le Morrien silencieux, haut sur sa selle. Tous savaient que l’on prononçait ces mots dans un cas grave, et la bannière était reconnaissable par chacun. Pour l’heure, il n’y avait pas encore de murmures, pas encore de rumeurs, mais les ventres étaient aussi serrés que les gorges.

Frère Gerhard arriva à la Reikplatz, pile au centre géographique de Nuln, devant le carrefour entre le Grand-Pont, le port et le Handelbezirk, à mi-chemin entre le palais comtal et les bas-fonds de la Faulestadt, juste en face de l’université et de l’hôtel de ville. Sur son passage, il y avait les stands et les étals des marchands, qui écartaient vite leurs affaires devant leur passage : une Halfeline faisait fuir ses poules en levant des bras dans tous les sens, tandis qu’un sergent poussa vigoureusement un enfant pas assez rapide. Et ainsi, le cheval de frère Gerhard s’arrêta juste devant le Deutz Elm, cet immense chêne avec un tronc gros comme une hutte, symbole de la ville. En face, se dressait la grande statue de l’Empereur Magnus, natif de la cité, et héros du continent qui avait défait une horde Chaotique deux cents ans avant Archaon. Ces magnifiques monuments, que les Nulner voyaient tous les jours jusqu’à y être trop habitués, faisaient presque peur au vieux Gerhard : jamais ces éléments si communs ne lui paraissaient avoir autant de sens qu’aujourd’hui… Mais avec une simple inspiration, il bannit ses doutes, descendit de sa selle, et grimpa des marches construites devant le grand arbre, sur une estrade faite pour les crieurs publics municipaux. Gerhard n’était pas prévenu ou annoncé aujourd’hui, pourtant aucun des placiers présents n’osa l’arrêter ou lui faire une remarque, et au contraire, ceux-ci s’avançaient au milieu de la foule qui devenait compacte, s'agglutinant autour de l’arbre.

Le garçon à la cloche sonna, dix fois cette fois, avant de hurler à pleins poumons, pour essayer de se faire entendre à travers la foule :

« Silence ! Silence ! Silence !
L’Empire parle ! »

Frère Gerhard s’avança au bout de l’estrade. Il leva la visière de son casque. Il regarda la foule devant lui, les visages contrits et inquiets, les sourcils froncés, les mines inquiètes. Le prêtre ferma les yeux une seconde, puis, il fit tonner sa voix de vieux guerrier, pour annoncer son message :

« L’Empereur est mort cette nuit ! »

Un frisson parcouru les corps de toute l’assemblée. Les cinq mots avaient été prononcés. Et avec eux, s’ouvrait le début de l’angoisse, et de la terreur.

« Ghal Maraz et les reliques Impériales ont été placées entre les mains du Grand Théogoniste de Sigmar, qui se chargera de convoquer Leurs Altesses les Comtes-Électeurs en venue de la prochaine élection ! En tant que pays de la loi du Reik, Nuln est à présent sous l’autorité régente du vicaire du sud, son altesse le duc Alberich Haupt-Anderssen du Stirland et de Sylvanie, tandis que les pays de la loi du Talabec sont sous l’autorité régente du vicaire du nord, Boris von Wüterich de Middenheim et du Nordland !
La dépouille de Sa Majesté Impériale, Karl-Franz von Holswig-Schliestein, sera montrée à ses fidèles sujets en la cathédrale d’Altdorf en vue d’un culte public ! Le Conseil d’État de l’Empire décrète un deuil national sur tous les territoires et dépendances de l’Empire pour un mois !
Priez pour Karl-Franz, feu votre Empereur ! Priez pour l’âme d’un homme mortel ! »




Et après une douloureuse minute de silence, suivi la sidération. Puis la rumeur. Et l’intrigue. Et partout, l’on ne parlait plus que de ça : dans les tavernes, dans les halls du palais, dans les cours des maisons, dans les salles d’éditeurs-en-chef de journaux, dans les bureaux de l’hôtel-de-ville, sur les quais des ports, et les plateaux des fonderies. Et tout le monde y allait de son information, et de son avis.

« …Karl-Franz Holswig-Schliestein, premier du nom, s’est éteint paisiblement dans la nuit d'hier. Selon son archiatre, il a été emporté par une complication de la grippe agrypniaque, contractée la saison passée. Je répète : Karl-Franz est mort. L’Empereur et Grand-Prince du Reikland et d’Altdorf nous a quitté, et avec lui s’ouvre une phase d’interrègne… »
« Les Morriens ont été informés par l’envoi des corbeaux-voyageurs dans tous les grands jardins du culte. Chaque électeur doit avoir appris la nouvelle d’ici ce soir, afin de faire respecter le deuil national et se préparer le mieux possible à l’interrègne. »
« Allez les gars, c’est l’deuil ! Pas d’fête ce soir, pas d’alcool, pas d’garces sur les quais ! Tout le monde en noir, même les clodos ! L’Empereur est mort, paix à son âme ! »
« Selon les règles de l’interrègne, les pouvoirs Impériaux sont partagés entre deux vicaires temporaires, traditionnellement les dirigeants du Stirland et de Middenheim, représentant chacun les deux grandes lois de l’Empire. Mais le pouvoir de ces vicaires n’est que temporaire, et tous deux doivent surtout se préparer à l’élection… »
« …Le prince-héritier du Reikland, Wolfgang von Holswig-Adenauer, a fait savoir qu’il quittait immédiatement la commanderie de Castel-Reiksgarde, afin de se rendre au chevet de son oncle. Celui qui est l’héritier officiel et déclaré de Karl-Franz de son vivant semble être l’héritier légitime de l’Empire, qui n’a pas connu un autre dirigeant qu’un membre de la maison Holswig-Schliestein depuis l’année 2429 et la déposition de l’Empereur Dieter IV. Mais c’est oublier que Karl-Franz a également un fils, le prince Luitpold, qui est l’héritier déclaré d’Altdorf elle-même, jugé par certains comme malade et incapable d’exercer le pouvoir. »
« Mais attends, Boris Todbringer, là, il voulait pas faire la guerre ?! Et le gars a les mêmes pouvoirs que l’Empereur maintenant ?! »
« Vends ! Vends les actions ! Vends tout je veux rien savoir ! Tu sais ce que ça veut dire ?! Les Bretonniens c’est des requins, Kurt Helborg leur a mit la pâtée mais maintenant y a du sang dans l’eau ! Avant ce soir je veux plus rien dans le portfolio, brade tout s’il faut, on est sur la paille la semaine prochaine ! »
« Cette grosse pute d’Emmanuelle a la bonne excuse pour déguerpir de son comté maintenant ! Et pas sûr qu’elle revienne, haha ! »
« Nous attendons toujours la réaction de l’hôtel de ville, qui pour l’heure ne nous a pas encore offert de communiqué. »
« Karl-Franz I restera à jamais connu pour sa victoire à Middenheim, où il est devenu l’égal de Magnus en sauvant l’Empire face à la horde noire d’Archaon. La fin de son règne fut malheureusement obscurcie par des décisions polémiques, comme l’édit de tolérance sur les mutants, et de difficiles événements, notamment la guerre du Nordland, et le regain de tensions entre l’Ostland et le Talabecland — l’homme qui a sauvé l’Empire face aux périls du mal nous laisse une nation déchirée, et à présent résolument entrée dans la guerre civile… »
« C’était un assassinat. Le gars avait 40 piges ! Tu connais des gens qui crèvent de la grippe à 40 piges ?! Un coup de son neveu, ça ! Le gars est un mutant, je rappelle ! »
« Tout s’effondre un jour ou l’autre. Et tout le monde finit par pourrir. Les petits Morriens vont embaumer le grand Empereur. Mais lui aussi va être dévoré par les asticots. Lui aussi. Et comme vous tous… Le Coësre me l’a dit ! LES ASTICOTS NOUS DÉVORERONS TOUS ! »
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Reinhard Faul
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Re: [Le Coësre] Dénouement

Message par Reinhard Faul »

Mes proches ont été surpris de me retrouver si changé après un séjour de trois heures sur le Pellagra. C’est parce que pour moi ça a duré une semaine. J’ai voyagé entre les dimensions, acquis de nouveaux pouvoirs, de nouvelles mutations, et j’ai appris beaucoup.
Notamment qu’on pouvait s’affranchir du Grand Jeu, et qu’un autre mec est déjà sur le coup.

C’est l’Interlope qui me l’a dit. Un type qui certes, de loin, impressionne pas, mais qui peut voyager entre des mondes différents et me bolosser comme si j’étais une petite fille (alors que je suis pas poids plume non plus dans ma catégorie). Tous ces éléments poussent à au moins écouter ce qu’il a à dire. Ça ressemble à cette blague où une entité qui dépasse l’entendement abuse du désespoir de ce bon vieux Reinhard, qui a déjà perdu beaucoup pendant le Grand Jeu. Mais moi je fais confiance. C’est la première fois qu’on me propose pas une éternité de tourments dans une fosse à caca géante.
Bien sûr, petit malin que tu es, tu vas me rétorquer qu’il y avait une solution toute bête à ce problème : ne pas me vendre au Mal Absolu en premier lieu... J’ai envie de dire : va te faire enculer. Tout ce que l’humanité m’a proposé c’est une vie assez atroce, et un au-delà où je suis censé attendre comme un con avec mes petites misères jusqu’à je sais pas quand. Déjà que passer quarante ans en compagnie de moi-même m’a donné beaucoup de pensées suicidaires, l’idée de rester pour l’éternité Reinhard Faul le Clodo Mort du Typhus... Pardon de pas m’être chié dessus de joie ! Si je dois présenter des excuses pour avoir le droit au pardon, je prends les tourments éternels et le caca, merci beaucoup.

Situation géo-politique ? Y a plein de gonzesses qui veulent me tuer. Elspeth, Emma, Eva, Valitch sans doute… visiblement je fais de l’effet aux dames de pouvoir qui tirent la tronche. Là ma favorite pour le titre d’assassin ça serait celle qui a un dragon, un sablier qui remonte le temps et le pouvoir des morts, mais on est pas à l’abri d’un outsider comme Eva pour remonter la pente. Si j’avais un fétichisme là-dessus ça serait très bien, mais hélas on est bien loin de mes goûts, et de toute façon vu les réagencements de ma biologie je suis plus très porté sur la chose… du coup ce que j’en retiens c’est qu’on veut me tuer.

Et Nuln… Nuln est au bord de l’explosion. Je le vois. Si on détache un pavé de la rue on trouve des racines noires, du pus, des nids d’insectes qui attendent de se développer et se répandre. Si on regarde les reflets comme les flaques d’eau ou les miroirs, on peut discerner mon cauchemar de la ville sur le point de rentrer en collision avec le réel. Si on dort ici on se réveille fou. Si on y vit on dépérit. Ça ne peut plus être arrêté. La fin viendra, qu’on me tue ou non je ne resterai plus très longtemps sur le Vieux Monde. En attendant bah… on s’occupe.

Je me sens paumé depuis que je suis rentré du Pellagra. Le premier truc que j’ai fait, malgré mon épuisement physique, ça a été de chercher le nom Aekold dans les livres de Mémé. C’est le chef de la faction ennemie, mais pour des raisons personnelles j’ai très très envie de lui parler… mais je ne sais pas comment je m’y prendrais une fois que j’aurais trouvé où le bougre se cache. Déjà parce que les adorateurs de l’Aigle sont pas connus pour le côté franc et ouvert, ensuite parce qu’on a aucun moyen de se faire confiance. J’ai des raisons de me méfier de lui et vice versa, même si on a soi-disant le même but.

Tout en m’endormant sur l’écriture en pattes de mouche de Mémé, je cogite dur. Je pourrais renvoyer des hommes dans la bibliothèque de Tylos. On aurait l’avantage de la surprise sur les membres des Neuf Yeux – la secte Tzeentchis - qui traînent là-bas. Le problème c’est que ça me tuerait des mecs qui pourraient être plus utiles à mourir contre un dragon. Et puis ça pourrait servir de preuve de bonne volonté de ne pas trucider ses copains. Hmmm…
Mes yeux se ferment tout seuls. Pour mon horloge interne ça fait plusieurs jours que je crapahute sans dormir, en ayant à peine mangé. Je peux pas lutter. Je m’endors en bavant sur la prose atroce de Mémé.

Je peux rejoindre mon autre travail, celui que je fais pendant mon sommeil : corrompre Nuln. Ce n’est pas vraiment volontaire, à ce stade j’agis plus comme une malédiction que comme un être vivant. J’ai recréé la ville quelque part dans un rêve, mais sous la forme d’une parodie atroce. Ici il ne fait jamais beau, les éboueurs ne font jamais leur travail et personne n’est jamais heureux. Moi je suis à genoux dans la boue, le regard vide, et je modèle inlassablement des cadavres, des ordures, des choses abîmées et sales. Je fais ça toute la nuit, sans relâche, puis je me réveille aussi crevé qu’en allant me coucher.

Ensuite, je vais m’occuper des égouts. Les champignons qui y poussent, le compost, les canaux, les réservoirs d’eau potables (qui perd souvent ce qualificatif après mon passage). Là encore c’est pas comme si j’avais le choix. Ça m’appelle. Nurgle aime les jardins et par la force des choses ça fait de moi un jardinier. Je peux partager le boulot avec Sigrid, au moins. Mais ça me déplaît pas d’entretenir la corruption des égouts. Entre tout le bordel qui se produit autour de moi et l’attention que me demandent les gens, ça fait du bien de bricoler en silence un truc simple et répétitif. J’aime beaucoup les champignons, par exemple. On peut faire beaucoup de trucs avec, et y a plein de couleurs et de formes différentes.
Enfin là je me dirige vers les ruches. Nous les nurglites on a nos abeilles, et elles butinent pas des putain de fleurs. Plutôt des cadavres ou de la merde. Ça donne un miel avec beaucoup de bouquet, très apprécié sur les tartines locales. Là j’ai mon couteau à la main, quelques bocaux, et j’enfonce gaillardement le bras dans la ruche pour récupérer un rayon. Ces insectes ne me piqueront pas. Ils n’attaquent même pas mes mouches.

Pendant ce temps, mentalement, je suis encore une fois ailleurs, comme ça peut arriver quand on effectue une tâche manuelle qu’on connaît par cœur. Je repense à la bibliothèque de Tylos. Bon sang, ce que j’ai été con, si j’avais su… j’y ai laissé mon vrai nom, ça craint. En plus j’ai fauché des trucs aux Tzeentchis, et puis j’ai lu leur courrier. Qu’est-ce qu’ils disaient déjà ? J’avais pas de quoi prendre des notes, j’étais à moitié mort… il y avait quelque chose à propos de Nuln je crois. Je me souviens pas du détail, mais ce que j’en ai conclus - en sus de mes conversations avec Valitch - c’est que mes plans ne les intéressent pas beaucoup. Si je fous le bordel à Nuln ça leur fait une diversion pour leur plan à eux beaucoup plus ambitieux et plus grand. Jusque-là je m’en fichais et ça m’arrangeait bien qu’ils me fichent la paix en retour. Maintenant que j’ai fait mon petit malin…

Heidemarie interrompt mes pensées en venant me saluer. J’ai mon casque en crâne de cerf sur la tête alors elle ne peut pas voir ma mine fatiguée et anxieuse. Elle-même semble avoir ses propres préoccupations. Elle dégage une énergie fébrile qui me fatigue d’avance. Je m’inquiète : il y a encore un truc qui veut me tuer ? Le dragon arrive déjà ? Qu’est ce qui se passe ? Tout est possible. Heidemarie a bien changé depuis la jeune fille qui se cachait du monde chez Mémé. Maintenant elle espionne et elle complote – quoi que je ne l’aie pas laissé partir dernièrement. Bref, le champ de mauvaises nouvelles qu’elle peut m’annoncer est plutôt large. Je tremble déjà. Mais au lieu de ça elle demande d’une voix légèrement plus aiguë que d’habitude :

« C’est inattendu des abeilles sous terre, non ?! »

Sa phrase se termine dans un petit glapissement interrogatif, sans doute à cause de sa nervosité, ce qui fout le bordel dans la ponctuation. Le crâne de cerf se tourne vers elle. Elle ne peut voir de moi que mes yeux au fin fond des orbites creuses de l’animal, et pourtant elle fait des efforts visibles afin d’éviter mon regard. Je peux pas lui en vouloir, juste m’entrapercevoir est devenu extrêmement pénible - même pour des nurglites. La magie fait ce qu’elle veut de moi et on peut seulement suivre le mouvement.

« Ben euh ouais… mais comme tout le reste, j’imagine, oui ?! »

Dis-je d’une voix de fausset en enveloppant d’un geste du bras les champignons lumineux, les mutants, et le reste. Heidemarie me fait ce petit air penaud de celle qui s’est fait chambrée et n’a pas de réplique spirituelle sous la main. Du coup elle passe à la vraie raison de sa présence pendant que je remplis un pot de miel :

« Enfin je voulais te demander… tu as tué mon oncle hier ?

- Hein ? Ah euh oui oui. Tout à fait. Hier, c’est ça. L’est mort. »

C’est vrai que j’ai fait ça moi, ça me semble loin... La jeune femme hoche gravement la tête en regardant dans le vide. Celui qui prend l’affaire en cours de route pourrait être surpris par son manque de chagrin, je rappelle donc en passant que c’était un gros violeur incestueux.
Je me sens un peu connard d’être intérieurement soulagé qu’elle m’annonce pas une mauvaise nouvelle. Qu’on parle d’un type déjà mort, c’était mon rêve sans que je le sache. Du coup j’attends avec bienveillance la question suivante :

« Est-ce que ça s’est produit quand… enfin il y a toute une rue qui a brûlé, même les lampadaires et les clôtures des jardins ont fondu. J’ai vu les cadavres… c’était à ce moment-là ? »

Je réfléchis. C’est vrai que j’ai détruit la secte Slaaneshis locale avant de partir. À quel moment est mort ce gros con ? Ça a pas été sous ce sort-là. Je m’en suis servi pour détruire une démonette. Je crois… je crois qu’il est mort avant, sous les tirs, après avoir été transformé en espèce de monstre violeur tout rose par l’Esthète (leur chef). C’est peut être un dénouement moins satisfaisant. Du coup je mens avec assurance :

« Ouaip, il est mort à ce moment-là. L’a cramé dans la pourriture de Nurgle. Ça… ça te fait plaisir hein ?

- Oui. »

Mais en fait la conversation va pas tellement plus loin parce que les nurglites ne sont pas portés sur la vengeance, le sadisme ou le Sens de l’Histoire. Heidemarie embraye sur ce qui la préoccupe vraiment :

« Est-ce-que… est ce que tu peux refaire ce sort ? Quand j’ai vu ce qu’il pouvait faire, l’état de la rue, ce… c’était si beau ! »

C’est difficile à dire vu mon état, mais si j’avais encore apparence humaine j’aurais rougi puis gloussé. Là ce qu’on peut dire c’est que mes mouches bourdonnent un peu plus fort et que je suinte avec conviction. Du coup j’explique :

« C’est gentil, mais je peux pas faire un sort comme ça "pour rire" ». Je fais les petits lapins avec mes doigts. « Trop dangereux.

- Oh. »

Elle a l’air déçue. Je la comprends. Je m’imagine pas être sourd et aveugle au Dhar et à sa manipulation, ça doit être atroce d’attendre les messes noires pour avoir un bref aperçu de la beauté de Grand-Père dans son Royaume. Mais Heidemarie a l’habitude d’être mondaine et change de sujet :

« J’ai entendu que tu avais été blessé au niveau de la… que tu as été blessé gravement. Ça va mieux ?

- Ouais. »

Je cherche des yeux quelque chose propre à remonter le moral des troupes. Hélas, je suis moi-même un peu raide niveau joie de vivre. Je demande :

« Tu veux du miel ? J’le fais à partir de la pile de fœtus de chien, là-bas. Il dégage tellement de méthane que j’peux pas fermer le pot, sinon ça explo…

- Non merci, Max m’a déjà fait des tartines tout à l’heure. Il a réussi à mettre des raisins secs dans son orbite, ne me demande pas comment. »

Je hoche la tête d’appréciation. On veut pas des raisins secs dénués de pus à traîner partout, c’est très bien qu’il les ait mis là. Puis ça me rappelle le bon temps, quand on mangeait tous des tartines dans la cave de Mémé. Mais tout a changé, et je dois courir partout tout le temps. À regret, j’annonce :

« ‘fin faut que j’aille… je vais aller faire mes dévotions à Petit Karl, puis faut que j’vomisse dans le réservoir du secteur nord, et y a la messe noire après… enfin salut, à plus tard. »

Je m’en suis allé, j’ai fait mes trucs. Après j’ai couru après Irmfried pour lui montrer le P90. J’ai eu un mal de chien à le trouver, alors qu’il était gentiment en train de regarder des cartes de Nuln dans la grande salle. Je sais pas pourquoi je le cherchais du côté des caves à vin. Il a eu l’air très content quand je lui ai montré l’arme extraordinaire que j’ai ramené d’un autre monde. Il m’a demandé :

« T’as trouvé ça où ? »

Là je me suis senti con. Je ne pouvais pas lui dire, ni à lui ni à personne, que j’avais voyagé entre les dimensions et ce que j’y avais fait. Ranald m’a prévenu : les gens ne prendraient pas très bien ma curiosité pour ce qui se trouve au-delà du domaine de Nurgle. Du coup j’ai improvisé une réponse plus acceptable :

« Bah ça m’est apparu, comme ça, du côté du Pellagra. Tu sais comme le coin est bizarre. »

Irmfried a vigoureusement hoché la tête pour montrer son assentiment. Je me suis rappelé trop tard que j’ai tué sa sœur à bord du bateau, ce qui l’a transformée en être plus maudit qu’aucun d’entre nous ne le sera jamais. Du coup, de honte, j’ai tourné la tête sur le côté, ce qui a mis un grand coup de casque maléfique dans la figure du pauvre garçon.

« Oh ! Je suis désolé !

- C’est trop tard, les regrets ça change rien. » Il me faut trop de temps pour comprendre ce qu’il entend par là, et on est déjà passé au sujet suivant : « On a pas beaucoup de munition, si ça tire aussi vite que tu le dis. Ça servira à quoi à ton avis ?

- Bah, le putain de dragon.

- Ouais, je demandais pour être sûr. »

Avec un soupir, je tire à moi une des cartes de Nuln. Grâce à Maximale Leistung on a accès à des plans officiels très détaillé. Je pose mon index sur l’école d’artillerie et je résume ce que je sais :

« Bon, je t’ai raconté quand le rat géant est venu ? Thanquol, qu’il s’appelle. Idéalement faudrait que ses potes à lui et Elspeth s’entre tuent et qu’on intervienne le plus tard possible. Ça nous arrangerait bien les affaires. Bon, plus simple à dire qu’à faire parce que, EVIDEMMENT, tout le monde en a après mon cul. Les hommes-rats font pas ça par bonté d’âme. Quelle bande d’enculés ! Bref. Faudrait faire croire au dragon que je suis à l’école d’artillerie quand en vrai on va faire les cons dans les collèges de Magie. On pourrait déguiser Sigrid… »

Je finis pas ma phrase parce que c’est une conversation qu’on a déjà eue plusieurs fois en réalité. Je crois. Je sais plus. Le dragon m’empêche de réfléchir clairement, il est déjà en train de me buter sans être là ! C’est terrible les angoisses que j’ai. Difficile de me traiter de fou néanmoins : le dragon va très probablement me tuer. Lui ou une des meufs ténébreuses dont je parlais tout à l’heure. Je sais pas ce qui me ferait le plus chier comme mort, sans doute la version où c’est Emma qui gagne. C’est une prêtresse de Shallya. Je sais pas ce qui pourrait m’arriver entre ses mains mais ça sera sans doute pas rigolo.

En colère devant la futilité de mes efforts et mon inaptitude à faire un stratège de guerre roublard, je… bah j’ai pas grand-chose à faire. Je suis à court d’idée pour faire du bruit dans ma tête et oublier deux secondes ce qui pèse sur mes épaules. J’ai pas envie de picoler ni de me droguer, ce qui est curieux quand on me connaît. Les plaisirs terrestres deviennent de moins en moins intéressants, la nourriture a souvent un goût de cendre et je peux pas me rappeler la dernière fois que je me suis masturbé. Ce qui m’intéresse vraiment maintenant c’est la magie. En réalité, si on mettait toutes ces histoires de côté, ce que je voudrais c’est m’asseoir tranquille dans ma chambre et regarder les jolies couleurs qui voltigent dans tous les sens, possiblement pour l’éternité. Hélas, le monde ne marche pas comme ça. Pour être un bon sorcier je dois tuer, massacrer, piller, re-tuer derrière, en vouloir toujours plus… c’est pour ça que Nuln ne suffira pas à Furuga’th et que je suis baisé depuis le départ.

Du coup je me lance dans deux cents activités à la minute, que je pressens toutes vouées à l’échec. Je bricole des poisons, je fouine dans les bouquins, j’écris un brouillon de lettre pour Aekold… mais j’ai quand même très fortement la sensation que je vais crever contre le dragon. J’en peux plus. J’arrive pas à penser à autre chose. Quelques fois je pique du nez sur les bouquins de Mémé et je me réveille en sursaut deux minutes plus tard parce que j’ai peur que le dragon vienne dans mon sommeil. Et je suis pas le genre de type qui supporte bien la pression, si t’as pas remarqué.

Quel jour on est ? Je sais plus trop, la nuit des Mystères est bientôt là en tout cas. Je regarde à droite, je regarde à gauche, y a personne. Bon merde tant pis hein. Je me mets à genoux au bord de l’eau, puis je plonge les bras dans le canal pour y récupérer l’objet de ma convoitise : un cadavre de vieillard qui date de la semaine dernière. Il est vraiment pas frais en tout cas. Tout gonflé, tout blanc, avec le visage très très abîmé. Je lui ouvre le ventre avec mon couteau, certains gaz se libèrent d’un seul coup et le corps en devient si agité qu’il semble vivant pendant quelques secondes (vivant et adepte d’un régime riche en fibre). L’illusion s’estompe vite quand on voit les entrailles de l’homme à moitié fondues. Et je te parle pas de l’odeur ni des petits crustacés et poissons que je dérange dans leur besogne. Avec délicatesse, je chasse les animaux d’un revers de la main. Je n’aime pas blesser des charognards par négligence. Ce sont des créatures de Nurgle, elles méritent mon respect.

Suite à quoi je plonge avec avidité mon visage dans les entrailles du vieux mort depuis une semaine. Avec mes crocs je déchire les rares tissus encore solides. Le foie est une bouillie liquide et puante, les intestins valent même plus la peine qu’on en parle et les poumons sont une espèce de mousse de champignon… J’avais vraiment, vraiment envie de ce goût doucereux, des petits insectes charognards qui me coulent dans la gorge et de sentir de la viande pourrie partir en lambeaux sitôt que j’y plonge les crocs. D’ailleurs, pourquoi Grand Père m’aurait donné une dentition énorme et empoisonnée si c’était pas pour élargir mon régime alimentaire ? D’un air attentif, je grignote un morceau de cœur, en le faisant passer d’une joue à l’autre pour mieux le goûter. Je fais la même chose avec la rate. Le reste est trop décomposé pour un tel examen. Peut-être que le cerveau…

Des prions ! Ce vieux avait la maladie de Creutzfeldt-Jakob ! C’est ça qui m’a attiré ! Je prends un gros morceau de mortier du mur et je lui éclate sur le crâne avec un enthousiasme de chien fou. Je fais un peu pipi dans mon pantalon à l’idée de fouir mon visage dans la délicieuse bouillie graisseuse d’un cerveau plein de trou. À ce moment-là j’entends une voix qui fait :

« Bonjour ! »

Je sors ma tête des entrailles du cadavre pour feuler vers Sigrid – car c’est elle qui parle. Puis je lui crie :

« Casse-toi ! C’est mon cadavre à moi ! Pas à toi ! »

J’ai vérifié deux cents fois qu’il n’y avait personne dans ce tunnel ! La petite sorcière recule, choquée. Ah oui c’est vrai, j’me rappelle. Je remets mon crâne de cerf sur la tête pour cacher ma vilaine trogne – qui est encore plus vilaine recouverte de viande pourrie. Ensuite j’entame une manœuvre de fuite qui marche pas très bien parce que j’essaie d’embarquer le cadavre sous mon bras. Il semble comme agité de convulsion, mais c’est toutes les petites bestioles à l’intérieur qui s’agitent parce que j’ai secoué leur maison. Y a la cheville du vieux qui se prend dans une racine, je tire violemment dessus pour le décoincer, plusieurs fois. Ça vient pas.

« Merde ! »

Je crie parce que le cadavre part en morceau comme un biscuit dans du lait. Bizarrement c’est la colonne vertébrale qui lâche à plusieurs endroits. Je savais même pas ça possible. Emporté par mon élan, je tombe sur les fesses en entraînant un bras détaché de sa scapula avec moi. Les jambes restent là où elles se trouvent. L’autre tiers du corps glisse dans le canal…

« Non ! Merde ! Regarde ce que tu as fait ! Quel gâchis… Il avait la bonne couleur ! Il sentait le... »

Je laisse ma voix mourir. Il n’existe pas de mot pour décrire ce que je ressens en matière de magie, du coup je le fais pas. Ensuite, Sigrid et moi on se regarde l’un l’autre en silence. Serait-ce le grand jour, celui où mon apprenti me trahit… ? Elle ne tient même pas son bâton, quelle andouille ! J’ai presque autant envie de la frapper que j’ai eu envie de bouffer de la charogne. Des fois, aussi, j’ai envie de lui supplier de me pardonner en pleurant à genoux, mais la plupart du temps j’ai simplement envie de lui faire du mal. Les sectes chaotiques c’est comme les colonies d’abeille, mis à part les périodes de transition y a qu’une seule reine. Par conséquent ça appuie dans ma tête en permanence, un peu comme avec Lise. Quelque part je désire la présence de Sigrid, j’en ai même besoin... de l’autre ça me démange de la tuer. De lui faire du mal. Pourtant je lui apprends tout ce que je sais du Chaos, du warp, des démons, sans rien lui cacher, par conséquent je laisse tomber l’histoire du cadavre et je continue ce que j’ai à faire en ignorant la petite sorcière. Moi je pense qu’on apprend en regardant alors ça peut pas faire de mal qu’elle me suive partout en silence.

De toute façon je ne vais pas très loin. Au bout du couloir il y a un des six réservoirs du réseau d’eau de Nuln. Ça ressemble à de grands temples tout en brique, avec des piliers dont je peux pas faire le tour avec mes deux bras. Ce sont ces bassins qui alimentent les lavoirs et les puits de la ville.
Je me mets à genou au bord de l’eau et je commence à vomir à grand bruit. Ça dure plusieurs minutes. Moi je reste la bouche grande ouverte tel un serpent, et avec la même immobilité aussi. Une boue noire se répand dans l’eau, quelques fois y a des éclaboussures quand un morceau solide tombe de mon estomac. J’ai pas bouffé qu’un cadavre, j’ai aussi bu de l’huile de lampe, du jus de poubelle et une sorte de boue particulièrement intéressante que j’ai trouvé sous la rue des tanneurs. Je sais pas trop pourquoi je fais ce que je fais, mais je sais que ça, c’était le dernier réservoir qui n’avait pas été parfaitement souillé de haut en bas (c’est grand Nuln et j’ai qu’une seule bouche). Maintenant il y fait plus sombre, plus chaud, et des créatures et plantes étranges sont visibles. C’est pas qu’elles sont brutalement apparues, comme ça, d’un seul coup, c’est que maintenant tout le monde peut voir le monde comme moi je le vois. Avec quelques spasmes je finis de décharger ma cargaison de corruption – y a des morceaux solides qui ont tendance à se coincer à mi-parcours.

« Hé mais je reconnais ça ! C’est les ongles de pied de Frida ! Elle les gardait pour une occasion spéciale.

- Bah j’vois pas pourquoi, elle peut pas voir ses pieds de toute façon avec tout son gras. Puis elle veut garder tous les trucs bien pour elle, cette grosse égoïste. Tu sais que ça vient de sa jambe qu’a eu la gangrène ? C’est vraiment des rognures d’ongle exceptionnelles. »

Ensuite on reste tous les deux en silence à regarder mon œuvre. Après m’être vidé comme un saumon, le coin semble plus vivant, plus douillet. La lumière des champignons est douce, avec des couleurs un peu pastel. Je commente :

« Ça c’est d’la vraie potion, tel que Grand-Père l’a voulu. C’est un peu romantique de voir le corps humain comme une espèce de creuset pour créer autre chose, non ? Enfin les gens ils chient des galettes à propos des bébés, mais si tu fous des milliers de nouveaux êtres dans l’eau potable t’es le pire des salauds. Pffff. En tout cas moi ça me parle. Même avant ma conversion les démons me disaient de manger des choses qui ne sont pas de la nourriture. »

Je rajoute d’un ton éteint, comme une pensée qui me viendrait après-coup :

« J’aimais pas ça, ça me faisait pleurer. Mais je ne me souviens plus pourquoi. »

Je cligne des yeux comme si je sortais d’un rêve, puis je demande à Sigrid :

« Tu voulais me demander quelque chose à la base ?

- C’est bientôt l’enterrement de Steiner, le soleil est levé.

- Oh. Faut que j’aille me changer alors. Tu feras attention à toi hein ? Eva elle est aussi méchante que les autres. »

Puis je laisse Sigrid là pour trouver des haillons. C’est l’enterrement « civil » de Steiner, mais je ne m’y rendrais pas sous l’apparence de Maximale Leistung. J’irais là-bas déguisé en clodo. Avec un peu de chance, Eva se fera avoir et attaquera ma doublure.
*
**
Je sors d’un puits que tous les cadastres de la ville ont oublié. Puis je pars ben… à pied quoi. Je peux pas me rappeler la dernière fois que j’ai marché dans les rues, bêtement, tout seul. Il fait sombre mais c’est à cause des nuages de pollution au-dessus de la ville – à mes yeux ils ont de jolies nuances vertes, mais je sais pas si tous le monde les voit de cette couleur, j’ai pas osé demander pour pas paraître bizarre.

Afin de ne pas affoler les foules avec mon physique de rêve, j’ai pris les haillons d’un lépreux. Normalement on en croise pas en ville mais vu que Maximale Leistung a fermé deux léproseries… en tout cas ça fait un déguisement épatant. Je peux me couvrir le visage, les cheveux, les mains et obliger les passants à m’esquiver.
Néanmoins avant d’enjamber la clôture du terrain vague d’où je surgis je jette un coup d’œil à droite à gauche pour m’assurer que personne ne me voit. On pourrait être surpris qu’un mendiant tout miteux et gravement malade lève les jambes avec souplesse.

Je me retrouve en périphérie de l’autel de ville, dans une rue pleine de gens normaux. La populace s’agglutine un peu plus loin, mais je ne m’y dirige pas. Un lépreux qui joue des coudes dans une foule ? Je me ferais tabasser à mort en moins de deux mètres. De toute façon ça ferait bizarre. Les mendiants ne vont pas au milieu des rassemblements. Les gens n’y donnent pas d’argent et c’est un coup à se faire accuser de quelque chose alors qu’on s’occupe de ses affaires – j’ai jamais été voleur à la tire, ça me faisait beaucoup trop peur. Non, la bonne place, c’est dans les rues adjacentes, là où les gens vont et viennent.

Je cherche un endroit d’où je peux tout voir mais ne pas être trop en vue moi-même – la rue c’est un endroit dangereux. Évidemment que le plus gros enculé du coin c’est moi, mais on veut pas en venir aux mains hein ?
J’opte pour le bord d’un lavoir au carrefour entre les rues. Personne ne viendra faire son linge maintenant. Je m’assois avec précaution hors de la trajectoire des passants, le dos appuyé contre un des piliers en bois au quatre coins du lavoir. Je remonte mes genoux contre ma poitrine. Puis je glande.

Je suis arrivé en avance. Je voulais pas que Eva voie un lépreux arriver pile à l’heure pour les funérailles, comme si il avait noté le rendez-vous dans son carnet de bal. Par conséquent je m’emmerde et j’ai mal aux fesses. J’observe les gens qui passent, les visages, je flaire la magie, mais je suis pas espion professionnel. Ni un mendiant non plus visiblement parce que je sursaute quand une vieille dame jette une pièce à mes pieds. Machinalement je réponds :

« Va t’faire frire le cul sale pute. »

La dame élargit les yeux d’indignation et de peur puis prend rapidement le large. Dans le temps, j’aimais bien insulter les femmes et les gens plus petit que moi dans la rue. Ça défoulait. Enfin c’était une brave vieille quand même, elle m’a donné une vraie pièce et pas le demi sous qui traînait au fond de sa poche. J’ai aucune raison de le faire, mais je ramasse mon butin. C’est quand même dur de laisser de l’argent par terre.
Un peu plus tard, une dame, jeune cette fois, commet la même erreur que sa collègue en m’approchant pour poser sa petite monnaie devant moi. Elle est seule alors je me permets la même chose :

« Casse-toi sale coche m’approche pas.

- Reinou ? »

Oh merde ! C’est pas la femme qui a parlé – elle a déjà fui là -, c’est une voix masculine sur ma gauche. Je tourne la tête. Un mendiant cul-de-jatte avance vers moi sur une planche posée sur quatre roues. Je fais semblant de pas avoir entendu.

« C’est toi Rein ?

- Non.

- Ah c’est toi ! Tout le monde te croyait mort ! Alors, on embête encore les filles ?

- Mais barre-toi Hans tu vois bien que j’essaye de me faire des ronds ! »

En général les mendiants se mettent pas en groupe pour mendier parce que ça fait peur aux gens et qu’il faut diviser le bénéfice entre plusieurs personnes. S’espacer de cinq mètres, c’est pas mal. ‘videmment maintenant avec la politique d’action sociale de Maximale Leistung y a des rues où on a à peine la place de s’asseoir tellement c’est plein de clodo.
Mais Hans s’en fout, il a son petit événement du mois – du moins jusqu’au prochain décès violent ou retrouvailles avec un autre collègue. La vie de miséreux à la fois on s’y ennuie beaucoup et on y subit trop de rebondissements et de drama pour une vie. Bref, le cul-de-jatte – vétéran de guerre, comme à peu près tous les mendiants de l’Empire - demande :

« T’es malade ? »

Il le voit pas, mais je lève les yeux au ciel. Ma capuche a les couleurs de la plus grosse léproserie de la Faulestadt ! Y a des mouches qui se posent sur mes yeux ! Qu’est-ce que je peux répondre à ça ?

« Nan, c’est pour me cacher. Alors maintenant laisse-moi, et dis à personne que tu m’as vu ! »

Y a aucune chance que ça arrive. Je comprends pas pourquoi les mendiants ont la réputation d’espion discret. Comment tu peux confier tes petites magouilles à un mec qui vendrait sa mère pour une demie pinte de cidre ? Personnellement j’étais aussi fiable qu’une casserole en chocolat.

« C’est des Sansovino dont tu te caches ? Tu devrais pas, on entend plus parler d’eux depuis belle lurette ! J’sais pas ce qui leur est arrivé. »

J’ai l’impression que Hans me parle de trucs qui datent de ma petite enfance. C’est vrai que j’avais peur des mafieux autrefois. J’ai déjà bossé pour eux, mais te fait pas un film j’étais les petites mains du copain du sous-traitant d’un mec. Faire le guet pendant un cambriolage, faire la mule pour fourguer les bijoux ensuite, ce genre de truc risqué et mal payé. Du coup des malandrins ont eu l’occasion de faire ma connaissance et donc de me casser la gueule. Ma vie a abondé en coups de pied dans le visage et autres réjouissances, et je suis très content qu’un témoignage vivant de cette époque vienne rouler jusque sous mon nez. D’ailleurs il continue de parler :

« Moi j’pense… j’pense c’est le Grand Coësre qui s’est occupé de ces connards. Il pourrait ! Tu… tu connais ? »

Oh bon sang, c’est pas vrai.

« Un peu.

- Ouais j’me disais, sapé en lépreux t’en es forcément… moi j’ai déjà pu aller à un de leurs bazars là. Y a de la bouffe gratuite tu sais ? Y a même un type qui m’a donné des clopes. Et puis… après ils chantent… »

Je vois un visage d’ordinaire rustre et facile à lire qui se plisse de perplexité en essayant d’expliquer l’inexplicable. Mais il ajoute avec bienveillance :

« Je pourrais te faire rentrer tu sais. C’est pas mal comme coin, il fait chaud et c’est peinard. En plus y a plein de gonzesses. »

Là-dessus mon existence est encore une fois secouée par une autre péripétie inattendue. Dix cloches sonnent, et on les entend très bien. Je me mords le poing pour ne pas hurler de douleur. Puis j’entends la nouvelle.

Oh non.
Oh.
Putain.

C’est heureux qu’on ne puisse pas voir ma tête, parce que je dois afficher un pur masque de surprise horrifiée en entendant que l’Empereur est mort de ma maladie. D’habitude je parle pas trop d’elle. Elle vit sa vie et le meilleur service que je puisse lui rendre c’est de vivre la mienne. Mais j’aurais pu tuer Karl-Franz… sans le sentir ? Même pas un petit peu ? Même de là où j’en suis j’ai des restes de religion de la petite enfance et… oh, tu vas me trouver stupide, mais je croyais que c’était un espèce de demi-dieu ou je sais pas quoi. J’y pense pas souvent à l’Empereur en vrai. Moi j’agis sur Nuln, je m’occupe pas de ce qu’il y a en dehors.
Mais j’pense que ça ressemble bien à un plan à la con de Tzeentchis quand même. Appelle ça comme tu veux, le talent, l’instinct, mais j’pense que quelqu’un est en train de m’enfiler. Tuer l’Empereur, c’est vraiment pas le genre d’attention dont j’ai besoin.

Et là maintenant… je fais quoi ? Je reste vautré sur mon cul, les bras ballants. Les autres ont dû entendre les annonces comme moi, je sais pas à quoi ça m’avancerait de retourner dans les égouts. Mais en même temps… merde quoi ! Je sais plus quoi dire !
Natus est cacare et abstergere coactus est.
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Stats :
Voie du sorcier de Nurgle (Profil avec empreintes occultes et mutations)
For 9 | End 14 | Hab 10 | Cha 6 | Int 15 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 9 | Foi 8 | Mag 18 | NA 3 | PV 140/140

Mutations/marques :
Nuages de mouches : -1 ATT/PAR/TIR/INI pour toutes les personnes à moins de 6m
Plaies suppurantes : 1d3 dégâts retranchés à chaque blessure
- Morsure Venimeuse : Poison hallucinogène
- Hideux (Effet : Peur)
- Organe du Chaos (-1 CHA/HAB, +1 END, +5 PV)
Pourriture de Neiglish : Porteur sain
Protection de Papy : 2d4 PdC à chaque critique en incantation
Grimoire :

- Lumière : À appliquer sur un objet ; Fait de la lumière pendant 1h
- Flammèche : Petite étincelle au doigt pendant une minute
- Météo : Connaît la météo prochaine
- Repos : Peu faire se détendre quelqu'un

- Infestation de Nurglings : 24m / 1d4 tours / Projectile magique. Une fois qu'une personne est touchée, elle subit 10+2d10 dégâts magiques par tour / Dès la fin du sortilège ou la mort de l'ensorcelé, des bubons explosent, libérant 2d3 amas de chair, qui sont autant de nurglings
- Fontaine putride : 6m / Instantané / 30+2d10 dégât devant lui + gain de 7 armure temporaire magique / +5 dégât par point de MA
- Gerbe corruptrice : 12m / 10+1d10 dégât dans une zone de 6m, esquivable ; métal rongé après 1d4 tours / -1 esquive par MA

- La multitude fait le tout : Se change en nuée de mouches
- Prodigieuse santé : Contact / Devient ultra bogosse et ultra chad
- Grande invocation de petits amis : Invoque des insectes pour servir d'ingrédients
- Immonde messager : Peut envoyer des messages twitter (Caractères limités)
- Allégresse fétide : Supprime toute douleur mentale ou physique
- Divine urgence : Force la cible à faire un jet d'END. Diarrhée en cas d'échec.
- Paludisme dévorant
- Vent de Nurgle
- Torrent de corruption

- Invocation : Nurglings
- Invocation : Bête de Nurgle
- Invocation : Porte Peste
- Octogramme de conjuration
Compétences :
- Résistance accrue : +1 END aux jets testant la résilience physique (Fatigue, drogue, alcool, torture...)
- Vol à la tire : +1 pour escamoter quelque chose
- Baratin : +1 pour endormir la vigilance de quelqu'un
- Déplacement silencieux : +1 pour fureter quelque part
- Déguisement : +1 pour s'infiltrer en étant déguisé
- Alphabétisation
- Autorité
- Humour
- Empathie
- Coriace

- Sens de la magie : Sur un test, détecte les événements magiques
- Incantation (Domaine de Nurgle)
- Maîtrise de l'Aethyr (Nurgle) : 3
- Contrôle de la magie
- Divination (Oniromancie) : Sur un test au cours de son sommeil, peut découvrir la destinée de certains personnages
- Langue hermétique (Langue Noire) : Parle la langue immonde du Chaos
- Confection de maladies : Peut fabriquer des maladies communes et rares
- Connaissance des démons
Équipement de combat :
- Bâton démoniaque : 2 mains ; 10+1d8 dégâts ; 8 parade ; Assommante & Utilisable seulement par les classes magiques. +1 PAR
- Pistolet à répétition : 46+1d8 dégâts, malus -2 TIR/8 mètres, peut tirer cinq fois à la suite avec un malus de -1 TIR par chaque nouveau canon qui fait feu
- Agaga (Épée à une main) : 18+1d10 dégâts ; 13 parade ; Rapide, Précise, Perforante (2) ; +1 INI
- Cocktail Molotov (x4) : Dans un rayon de 1m, toute personne qui est touchée par la bouteille prend trois états de « Enflammé ». Dans un rayon de 2m, c'est 2 états seulement. Dans un rayon de 3m, un seul état.

- 15 balles et poudres

- Tenue de cultiste de Nurgle : 5 protection ; Tout le corps sauf tête

- Anneau d'Ulgu : Lorsque porté, vous pouvez faire croire à ceux qui vous entourent que vous êtes un humain lambda (sans mutation aucune ni trait particulier) pendant 1 heure. Vous ne pouvez utiliser cette capacité qu’une fois par jour. Vous ne pouvez pas prendre l’apparence d’une personne en particulier.

- Miroir de la Demoiselle d'Acques
- Cor de la harde des Museaux Annelés
Équipement divers :

- Marque de Nurgle
- Caresse de la vipère (poison) : Un sujet blessé par une arme enduite de ce venin doit réussir un jet d'END-4 sous peine de mourir dans END minutes. Chaque minute avant sa mort, le sujet subit 5 points de dégâts non sauvegardables, et un malus cumulable de 2 à ses caractéristiques.


- Couverts en bois
- Sac à dos
- Couronnes dentaires en bois
- Tatouages
- Porte-bonheur

- Sap-biscuit

- Costume de répurgateur + Fleuret (Déguisement)
Divers divers :

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Le Coësre] Dénouement

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Se faire tenir la jambe par un ancien collègue était loin d’être la pire chose qui pouvait arriver à Reinhard, mais les petits agacements sont bien souvent ressentis plus douloureusement que les pires des peines — surtout lorsqu’on a pas l’envie de les gérer. Sur les dizaines d’emmerdes qui tombaient sur le Nurglite, voilà qu’il décrochait le pompon : la mort de l’Empereur. Ce n’était que son instinct et ses déductions, mais il savait au fond de lui qu’il visait juste — ce n’était pas sa maladie qui avait fait trépasser l’Empereur, mais les serviteurs de l’Aigle qui tentaient de contrôler la marche du monde depuis les ombres. Des années à être l’outsider, à faire mentir les pronostics, et à mettre le continent à genoux en peignoir planqué au fond des égouts de Nuln, et pourtant d’autres continuaient de ne le considérer que comme un pion sur un échiquier…

Les retombées de la mort de Karl-Franz seraient immenses. Mais pour aujourd’hui, au moins pour la prochaine heure, cet événement ne déviera pas les plans du Grand Coësre. Il devait toujours ferrer une meurtrière.



Les rues n’étaient pas noires de monde pour la procession funéraire de Bernhard Steiner. Rares sont les hommes politiques qui sont pleurés, d’autant plus pour le partisan d’un homme aussi controversé que le maire Leistung — on ne voyait pas sur les trottoirs des familles entières éplorées, mais plutôt des gens qui étaient là parce qu’ils étaient forcés : des enfants des écoles de la ville qui accompagnaient leurs instituteurs, même s’ils tapaient du pied et étaient fort dissipés ; des ouvriers les bras croisés, silencieux, surveillés par leurs contremaîtres, parce que c’était surtout leurs patrons qui avaient insisté pour qu’ils viennent ici sur leur 31, ils étaient payés pour être ici ; et puis, des voyous, des criminels aux crânes rasés et aux bras couverts de tatouages, les bourreurs d’urnes, poseurs d’affiches et casseurs de bouches acquis à la cause du prévôt des marchands, sans doute les seuls à être vraiment sincères dans leur deuil. Autour de ce monde, on croisait surtout dans les rues des clochards et des lépreux, qui tentaient de mendier la charité aux passants — le peuple parmi lequel Faul s’infiltrait.
Partout, dans toutes les bouches, on ne parlait maintenant plus que de Karl-Franz, chaque discussion, chaque murmure, chaque insinuation était dédiée au monarque. La mort d’un Empereur obscurcissait que bien trop la mort d’un simple adjoint de mairie. Ça avait de quoi faire grincer des dents, car tellement d’inconnues entraient dans le jeu — L’archilecteur Kaslain allait-il se dégonfler ? Emmanuelle von Liebwitz en profiterait-elle pour réagir ? Karl-Franz avait eut tellement peu d’importance dans la vie de Nuln, mais maintenant qu’il disparaissait, on regretterait durement la stabilité minimale que son règne continuait d’assurer, même quand on était un serviteur du Chaos.

Reinhard tentait de remonter l’avenue où il savait que le cortège funéraire passerait : de loin, dans l’ombre, il pouvait tenter de suivre l’avancée de son sosie, et éventuellement intervenir si l’opportunité se présenterait. Ce n’était pas une tâche trop difficile pour lui — des années de prédation dans la rue avaient fait du Grand Coësre un homme aussi discret que perceptif, et maintenant, c’est en toute confiance qu’il marchait comme un inconnu au milieu de sa Nuln qui lui serait bientôt totalement acquise.
Hélas, la planche à roulettes de son camarade cul-de-jatte attirait bien plus l’attention qu’un simple homme encapuchonné, surtout que Hans n’arrêtait pas de brailler avec enthousiasme, tout heureux de tomber comme par hasard sur un vieil ami. Ce pot de colle rameutait les regards sur lui, et peut-être bientôt les condés. Surtout que presque toute la putain de police allait être là…


La grande Emmanuellestrasse était vide et dégagée. De simples clôtures en bois barraient les rues adjacentes, mais quelques policiers en uniforme, pistolet à la ceinture, surveillaient également les passages et les passants. Sur les toits, un œil observateur pouvait parfois découvrir le canon d’un fusil long d’un sniper, qui surveillait en contrebas. Dans un contexte de risques d’assassinat, et alors que le maire et tous les personnages importants de Nuln étaient de sortie, la police avait misé gros sur la sécurité, à se demander si un assassin risquerait vraiment quelque chose aujourd’hui. Peut-être que Reinhard perdait son temps, et qu’il serait bon pour lui de juste rentrer dans les égouts et faire autre chose…

L’objectif du cortège était de faire le chemin de la cathédrale de Sigmar, où le corps de Steiner avait été mis en bière la semaine dernière, jusqu’au cimetière de Mórr hors-les-murs — et Maximale Leistung ne résistant pas à l’envie de parler à nouveau à son peuple, il y aurait un arrêt devant l’hôtel de ville pour une sonnerie aux morts et un discours. En réalité, le véritable corps de Bernhard Steiner avait déjà été commémoré et enterré par ses amis sectateurs de Nurgle, et le corps produit n’était que celui d’un quelconque quidam dont le visage avait été arraché pour être remplacé par un pastiche de peau humaine filée comme du coton.
Devant le carrosse funéraire, marcheraient des oblats de Mórr, et en clôture des dizaines et des dizaines de policiers en uniformes de cérémonie. Leistung marcherait juste derrière la voiture, avec les anciens camarades du parti, des bureaucrates, et puis la famille et les amis de Steiner — en fait, Steiner n’avait ni amis ni familles, donc il s’agissait de serviteurs de la secte plus « présentables » (C’est à dire pas encore mutants). Un peu partout, Reinhard pouvait sentir ses agents. Les serviteurs de Nurgle étaient partout : parmi les tireurs d’élite de la police, parmi les invités du cortège, parmi la foule de badauds qui regardaient derrière les barrières… Tant de gens avaient reçu son baptême, et le Coësre pouvait sentir leur présence, leur haleine, la pourriture de Neiglish qu’il leur avait inoculés lorsqu’ils n’étaient que de la chair à canon — autant dire que vues les pertes prévues dans un combat à mort contre un dragon, il y en avait beaucoup de prévus. Si combat il devait y avoir contre un assassin, Reinhard avait toutes les ressources à sa disposition pour transformer la Nouvelle-Ville en champ de bataille : mais l’assassin devait être au courant de ça aussi, une deuxième raison pour laquelle attaquer en plein jour, ici et maintenant, était suicidaire, et donc peu probable.

L’ambiance était lourde, et pesante, comme si tout Nuln se plaignait d’avoir le ventre noué. Les yeux de Reinhard observaient calmement les immeubles, les ruelles, les endroits potentiels d’où quelqu’un pouvait surgir. Sigrid l’avait beaucoup renseignée sur son ennemie — la petite sorcière avait été umbramancienne, tout comme Eva Seyss. Celle que Reinhard affrontait était une polymorphe, capable de prendre l’apparence de n’importe qui, même celle d’un homme : il devait se méfier de tout le monde. Impossible de se reposer sur ses vents de magie non plus ; Ulgu avait la capacité unique de se camoufler en se mélangeant aux autres, et il ne pourrait pas sentir une trace du passage de l’espionne. Seyss avait la chance de pouvoir jouer en premier, ce qui était une situation fort désagréable…
…Mais elle n’était ni omnipotente, ni omnisciente. Si elle était difficile à attraper, les balles la troueraient comme n’importe qui d’autre, et si elle se cachait dans la foule, c’était actuellement tout autant le cas de Reinhard. En fait, ce crétin de Hans lui offrait même un avantage : jamais le Grand Coësre ne risquerait d’avoir un camarade braillard et bruyant tout près de lui. Pour l’heure, le vétéran lui servait de bel alibi, et il était peut-être utile de le garder tout proche de lui.

L’estrade d’où Maximale Leistung s’exprimerait était déjà prête : les ouvriers terminaient de fignoler les détails, et quelques petites mains déployaient des draps noirs, des drapeaux et des roses noires un peu partout autour du pupitre et de la tribune officielle. Reinhard était arrivé en avance, et nul doute que si la tueuse se décidait à se pointer, elle en avait fait de même.
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Reinhard Faul
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Re: [Le Coësre] Dénouement

Message par Reinhard Faul »

Je regarde des employés municipaux installer des fleurs et des machins, à une bonne distance de la cathédrale de Sigmar – ça me file mal au crâne d’en approcher. J’ai presque oublié qu’il s’agissait de « l’enterrement » de Steiner. Ça me fait un petit coup au cœur de m’en rappeler. Je regrette de pas lui avoir consacré assez de temps de son vivant, et maintenant qu’il est mort je continue. C’est trop triste. Afin d’appuyer le cynisme, on se sert d’un faux cadavre grossièrement grimé pour faire des plans sur son dos. Des procédés aussi dégueulasses que ceux d’Eva Seyss et ses Vents d’Ulgu. Mais mes réflexions déprimantes sont interrompues par des braiments dans mon dos :

« Hé ! Lud ! Viens voir ! VIENS J’TE DIS ! Là ! »

Et Hans qui fait de grands signes vers un vieux type en train de fumer sous un porche. Celui-ci fronce les sourcils de perplexité, mais se met debout pour nous rejoindre. Encore pire : il fait signe à un autre type accroupi en train de fouiner dans la boue d’une ruelle. Je reconnais les deux, et je me mets à jurer dans les bandages qui me couvrent le visage. Ce con de Hans est en train de faire rappliquer tous ses copains vétérans ! On dirait une réunion de cousins dégénérés ; ils se ressemblent tous, et moi aussi j’ai eu cette apparence-là. Des hommes entre deux âges, tout burinés, tout noueux, avec des gros tarins de poivrots, le cheveu rare et du poil qui sort des oreilles. Celui qui trifouillait dans la gadoue demande :

« Quoi ? J’étais en train de chercher ma clope ! »

Hans annonce triomphalement, et à hauteur d’aine parce qu’il est cul-de-jatte :

« Devine qui j’ai croisé ?

- Tu parles du truc avec l’Empereur ? On est au courant, on a entendu les cloches aussi hein.

- Mais non ! On s’en fout de ça ! Le type tout emballé dans des torchons à côté de moi, c’est Reinou ! »

Je regarde la catastrophe se produire au ralenti, sans pouvoir rien y faire. Je m’attendais pas à ça. Le chercheur de clope (qui s’appelle aussi Kurt, aucune parenté) me toise et ne semble pas très impressionné par nos retrouvailles. Il dit simplement :

« C’est pas Reinhard.

- Mais si ! Je l’ai reconnu direct ! Il était en train d’embêter les filles comme d’habitude, tu sais comment il est. Mais parle aussi toi ! »

Hans me met un coup de coude. Par la force des choses, il a les bras musclés. J’aurais bien mal au genou si j’étais pas une entité maléfique qui est loin de ces problèmes-là. Cependant, je ne parle pas, et c’est une preuve éloquente aux yeux des autres. Kurt rétorque :

« C’est pas Reinhard, il est mort. Je l’ai vu, il était tout froid et il sentait mauvais.

- C’est toi qui m’as piqué mes grolles ! »

La réplique est sortie du cœur. J’ai même pas réfléchi. S’il m’a vu « mort », c’est forcément lui qui l’a fait. J’ai jamais su qui était le connard qui m’avait piqué mes foutues bottes pendant que j’agonisais, mais j’aurais dû deviner que c’était ce gros con de Kurt. J’ai eu un mal de chien à en dénicher d’autre ! Est-ce que tu sais à quel point c’est difficile de renaître en sorcier maléfique du Chaos ? Aurais-tu envie de le faire pieds nus ?! Je m’approche de son visage pour lui cracher à la gueule :

« Tu m’as vu mort et t’as juste fauché mes putain de pompes ! Tout aurait été différent si t’avais essayé de m’enterrer ! C’était peut-être pas trop tard !

- Hein ? »

Mais je réponds pas, je me contente de lui sauter dessus pour lui mettre des coups de poing. Lud m’attrape les bras et Kurt s’éloigne en crabe d’un air inquiet et surpris. Hans nous ignore totalement – il sait qu’on aura la politesse de ne pas mêler un handicapé à nos bêtises. Les chamailleries ça arrive tout le temps, mais le Reinhard habituel ne saute pas sur un vétéran encore en forme pour se battre avec. C’est pour ça que c’est très facile de lui faucher des trucs, d’ailleurs. Là je me débats comme un fou furieux. Lud a peut être coupé mon élan, mais je peux encore tous les carboniser sur place. Ça serait comme souffler une bougie. Ils ne verraient rien venir.
Mais je le fais pas. Je suis peut-être en colère, mais je me rappelle encore vaguement avoir un devoir de discrétion. Hans essaie de faire le médiateur, d’un ton enjôleur il propose :

« Kurt, tu devrais lui offrir des bottes quand même. Regarde ses pieds le pauvre. »

Le voleur hausse des épaules, ne cherche même pas à nier le vol, et la dispute s’arrête là. Personne ne garde de rancœur à propos d’une bagarre dans un milieu grand consommateur d’alcool et de maladies mentales. On en finirait jamais. Maintenant l’attention générale est portée sur mes pieds difformes emballés dans des bandages répugnants. Lud demande :

« Pourquoi t’es fringué comme un lépreux ? T’es pas malade. T’as failli me démettre l’épaule avec tes conneries là ! »

Il se masse l’articulation, l’air inquiet. Grand, costaud, il a servi dans l’armée pendant la Tempête du Chaos, et semble le moins andropausé de nous quatre. J’aurais pas dû pouvoir le bousculer comme je l’ai fait. Je réponds pour détourner l’attention :

« Je me cache, c’est ce que je disais à Hans avant qu’il se mette à braire mon nom en pleine rue.

- Mais j’étais content de te voir ! Ça fait quoi… deux ans que t’es tout disparu ? T’étais passé où ?

- Je… je bossais pour un type. Tu connais pas.

- L’autre gus là ?

- Quel autre gus ?

- Le Grand Coësre. »

Encore ?! Merde, cette conversation est pleine de chausse-trappe. Bravo la mission infiltration mon vieux. Là, on reconnaît l’être discret et habile que tu es. L’enfant du pays, le roi des bas fonds. Pas foutu de se cacher vingt mètres dans la rue. Fait chier. Kurt enfonce le clou :

« T’es habillé en malade, tu daubes comme animal crevé et tu fais le mystérieux, c’est pas dur. On est pas con tu sais. »

Lud rajoute avec un reniflement méprisant :

« On arrête pas de croiser de ces types-là. Y traînent du côté des asiles et des bonnes œuvres, parlent de leur grand-père violeur là, qui rentre dans les gens ou je sais pas quoi. »

Il pince la joue de Hans puis le taquine :

« Ça te plairait hein ? C’est pour ça que t’es allé à leur kermesse dans les égouts ?

- J’y ai juste piqué à manger ! Je m’en fous de leurs histoires ! »

Lud agite le doigt comme pour le disputer :

« Attention ! Si t’es pas sage le papy de Reinou viendra pas t’apporter son gros cadeau !

- Rôh arrête t’es con.

- Bref, je disais ? Ouais, les gens du Grand Coësre ils viennent nous voir. Ils viennent voir tout le monde dans le coin. Sans parler des cauchemars, ça, ça fait vraiment chier. Mais c’est pas pour nous leur truc. Que des chouineries là-bas, à bouffer du caca pour s’punir et dire qu’il y a pas d’avenir. Ça fout la gerbe. J’aimerais pas me faire réifier comme ça en une espèce d’icône de la souffrance ou j’sais pas quoi. Tout le monde a des problèmes, c’est pas sain de faire la victime comme ça. »

Là, je comprends ce qu’a ressenti Valitch le jour où je me suis moqué de ses bougies en forme d’aigle. Après la colère, je suis maintenant à deux doigts de pleurer. Lud doit percevoir mon trouble parce qu’il ajoute d’un ton conciliant :

« Nan mais c’est pas toi, toi on t’entendait jamais. C’est l’autre con là, avec ses cauchemars. Il chouine toutes les nuits. Tout le monde l’entend. Si on s’en plaint à un prêtre on finit au Donjon de Fer direct, mais on sait que le Grand Coësre existe ! Et il a une vie de merde. Il habite dans une Nuln en caca ou je sais pas quoi.

- T’as fait ce rêve où il se fait payer pour se faire pisser dessus par des gosses de riche là ? Il est vraiment horrible celui-là. »

Je ne résiste pas, j’interromps Hans pour mentir :

« C’est peut être une métaph…

- Nan. Il se fait vraiment pisser dessus. Les types lui balancent trois pièces à la gueule après et ils rigolent. Lui il reste à pleurer dans sa pisse. »

Je fixe les trois de mes anciennes connaissances pour voir si ils me charrient. Peut-être qu’ils savent depuis le début que Reinhard Faul est le Grand Coësre et qu’ils se moquent de moi depuis tout à l’heure. Mais si ils mentent, ils le font bien. Là ils se mettent à parler entre eux avec passion du monde onirique qui vient les harceler toutes les nuits depuis plus de deux ans. Entre ça et la maladie, pas possible de passer une nuit correcte ! Pas étonnant que l’Empereur en soit mort, eux-mêmes sont épuisés par ce harcèlement. Je devine aux tournures de phrase qu’ils parlent souvent des visions qui leur viennent en boucle depuis tout ce temps. Hans mourrait sans doute d’envie de raconter l’anecdote de la pisse à un nouveau spectateur. J’ai l’habitude des conversations qui tournent en boucle, c’est un sport poussé à haut niveaux chez ceux qui ont une vie chiante – et j’ai longtemps fait partie de ces gens-là. Je reconnais les symptômes. Je suis un peu fier de moi. Tellement que j’ose dire :

« J’ai un service à vous demander. »

Je gardais le silence depuis plusieurs minutes, mes trois compères ont la politesse de se tourner vers moi pour m’accorder du temps de parole. J’explique :

« Je cherche quelqu’un… quelqu’un qui est très fort pour se cacher. Je ne sais pas son âge, si c’est un homme ou une femme… mais il est sans doute venu espionner les gens qui vont monter sur l’estrade. Il est très discret, c’est sa spécialité. »

Nous nous tournons vers la place de la cathédrale. Les gens commencent à arriver. Ça fait beaucoup de monde, surtout pour chercher quelqu’un dont on sait seulement qu’il aura l’air un peu louche. J’insiste :

« Vous pouvez pas le tenter ? Vous risquez rien, vous sentez pas le… le grand-père violeur. » Mes mouches s’énervent tandis que je crache ces mots à contrecœur. « Kurt, s’teu plaît, j’oublie les bottes si tu m’aides. »
Natus est cacare et abstergere coactus est.
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Lien Fiche personnage: Ici

Stats :
Voie du sorcier de Nurgle (Profil avec empreintes occultes et mutations)
For 9 | End 14 | Hab 10 | Cha 6 | Int 15 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 9 | Foi 8 | Mag 18 | NA 3 | PV 140/140

Mutations/marques :
Nuages de mouches : -1 ATT/PAR/TIR/INI pour toutes les personnes à moins de 6m
Plaies suppurantes : 1d3 dégâts retranchés à chaque blessure
- Morsure Venimeuse : Poison hallucinogène
- Hideux (Effet : Peur)
- Organe du Chaos (-1 CHA/HAB, +1 END, +5 PV)
Pourriture de Neiglish : Porteur sain
Protection de Papy : 2d4 PdC à chaque critique en incantation
Grimoire :

- Lumière : À appliquer sur un objet ; Fait de la lumière pendant 1h
- Flammèche : Petite étincelle au doigt pendant une minute
- Météo : Connaît la météo prochaine
- Repos : Peu faire se détendre quelqu'un

- Infestation de Nurglings : 24m / 1d4 tours / Projectile magique. Une fois qu'une personne est touchée, elle subit 10+2d10 dégâts magiques par tour / Dès la fin du sortilège ou la mort de l'ensorcelé, des bubons explosent, libérant 2d3 amas de chair, qui sont autant de nurglings
- Fontaine putride : 6m / Instantané / 30+2d10 dégât devant lui + gain de 7 armure temporaire magique / +5 dégât par point de MA
- Gerbe corruptrice : 12m / 10+1d10 dégât dans une zone de 6m, esquivable ; métal rongé après 1d4 tours / -1 esquive par MA

- La multitude fait le tout : Se change en nuée de mouches
- Prodigieuse santé : Contact / Devient ultra bogosse et ultra chad
- Grande invocation de petits amis : Invoque des insectes pour servir d'ingrédients
- Immonde messager : Peut envoyer des messages twitter (Caractères limités)
- Allégresse fétide : Supprime toute douleur mentale ou physique
- Divine urgence : Force la cible à faire un jet d'END. Diarrhée en cas d'échec.
- Paludisme dévorant
- Vent de Nurgle
- Torrent de corruption

- Invocation : Nurglings
- Invocation : Bête de Nurgle
- Invocation : Porte Peste
- Octogramme de conjuration
Compétences :
- Résistance accrue : +1 END aux jets testant la résilience physique (Fatigue, drogue, alcool, torture...)
- Vol à la tire : +1 pour escamoter quelque chose
- Baratin : +1 pour endormir la vigilance de quelqu'un
- Déplacement silencieux : +1 pour fureter quelque part
- Déguisement : +1 pour s'infiltrer en étant déguisé
- Alphabétisation
- Autorité
- Humour
- Empathie
- Coriace

- Sens de la magie : Sur un test, détecte les événements magiques
- Incantation (Domaine de Nurgle)
- Maîtrise de l'Aethyr (Nurgle) : 3
- Contrôle de la magie
- Divination (Oniromancie) : Sur un test au cours de son sommeil, peut découvrir la destinée de certains personnages
- Langue hermétique (Langue Noire) : Parle la langue immonde du Chaos
- Confection de maladies : Peut fabriquer des maladies communes et rares
- Connaissance des démons
Équipement de combat :
- Bâton démoniaque : 2 mains ; 10+1d8 dégâts ; 8 parade ; Assommante & Utilisable seulement par les classes magiques. +1 PAR
- Pistolet à répétition : 46+1d8 dégâts, malus -2 TIR/8 mètres, peut tirer cinq fois à la suite avec un malus de -1 TIR par chaque nouveau canon qui fait feu
- Agaga (Épée à une main) : 18+1d10 dégâts ; 13 parade ; Rapide, Précise, Perforante (2) ; +1 INI
- Cocktail Molotov (x4) : Dans un rayon de 1m, toute personne qui est touchée par la bouteille prend trois états de « Enflammé ». Dans un rayon de 2m, c'est 2 états seulement. Dans un rayon de 3m, un seul état.

- 15 balles et poudres

- Tenue de cultiste de Nurgle : 5 protection ; Tout le corps sauf tête

- Anneau d'Ulgu : Lorsque porté, vous pouvez faire croire à ceux qui vous entourent que vous êtes un humain lambda (sans mutation aucune ni trait particulier) pendant 1 heure. Vous ne pouvez utiliser cette capacité qu’une fois par jour. Vous ne pouvez pas prendre l’apparence d’une personne en particulier.

- Miroir de la Demoiselle d'Acques
- Cor de la harde des Museaux Annelés
Équipement divers :

- Marque de Nurgle
- Caresse de la vipère (poison) : Un sujet blessé par une arme enduite de ce venin doit réussir un jet d'END-4 sous peine de mourir dans END minutes. Chaque minute avant sa mort, le sujet subit 5 points de dégâts non sauvegardables, et un malus cumulable de 2 à ses caractéristiques.


- Couverts en bois
- Sac à dos
- Couronnes dentaires en bois
- Tatouages
- Porte-bonheur

- Sap-biscuit

- Costume de répurgateur + Fleuret (Déguisement)
Divers divers :

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Le Coësre] Dénouement

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

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À l’intérieur de la cathédrale de Sigmar de Nuln, la fausse dépouille de Bernhard Steiner reposait au centre de la nef, juste sous le regard d’un immense vitrail représentant le Dieu-Empereur et son marteau, Ghal Maraz, triomphant au-dessus de la dépouille du sorcier Nagash. Alors que des oblats de Mórr répandaient de l’encens pour rendre leurs auspices autant que masquer la pourriture d’une charogne en voie de décomposition, des chevaliers de l’ordre du Cœur Ardent tenaient une vigie autour du cercueil, surveillant d’un œil taciturne les bonnes gens bien habillés qui venaient présenter leurs hommages tour à tour, dans une file ordonnée et disciplinée — des patrons d’entreprises, des représentants de factions, des aristocrates, qui se sentaient obligés d’être là. Aucun d’entre eux n’était un proche ou un ami de Steiner, mais tous voulaient bien se faire voir de Maximale Leistung, aussi, il y avait bizarrement foule. On offrait à un simple adjoint de mairie des funérailles dignes d’un grand héros : il y avait même quelques artistes, et des personnalités du tout-Nuln qui avaient fait le déplacement — du moins, parmi ceux qui n’avaient pas fui la ville et ses cauchemars, ou qui n’avaient pas rejoint les masses de malades mourants qui remplissaient les entrepôts à viande transformés en morgues tant les infections fauchaient les habitants de la cité.

En couple ou en petit groupe, ces invités venaient, passant la première rangée de pupitres pour aller vers la bière, ils s’inclinaient, ou se signaient, avant de continuer leur chemin de croix devant des inscriptions représentant des prières Sigmarites en khazalid, et ils quittaient la cathédrale pour aller rejoindre le cortège, les claquements sur le carrelage de leurs souliers étant vite remplacés par le son des marches en marbre. Et alors qu’ils remettaient leurs chapeaux ou leurs gants en quittant l’église, ils passaient devant une femme Morrienne qui les dévisageaient intensément — une jeune femme aux cheveux blonds, discrète, mais si on s’arrêtait une seconde, on serait frappé de voir son visage trop bronzé pour une croque-mort compagne des catacombes ;
La nonne était Sigrid, et elle tentait de dénicher Eva parmi les gens de la haute. Autour d’elle, même s’ils étaient discrets, il n’y avait que des agents de Nurgle. Tel prêtre de Sigmar passait ses nuits à lécher de la merde, tel chevalier tout rutilant en armure s’était agenouillé dans l’eau des égouts pour embrasser la main du Grand Coësre, telle dame de compagnie avait passé les dernières semaines à piéger des rats pour dévorer leurs entrailles. Depuis longtemps maintenant, la milice du roi des mendiants était omniprésente, une armée sans uniforme, pleine de soldats et de munitions. Comment Eva Seyss pouvait-elle espérer frapper alors que toutes les précautions avaient été prises ?

Et puis, dans la cathédrale de Sigmar, il y eut un frisson. Une nouvelle personne arrivait, canne à la main, chapeau dans la main, une élégante femme à son bras. Il y eut des hochements de tête, des inclinaisons, des saluts militaires, des sourires inquiets. Le maire était là. Maximale Leistung, toujours aussi grand, beau, avec sa noble et richissime héritière à son bras. Le prévôt des marchands refusa de passer devant un bourgeois qui s’écartait sur son passage, et il attendit patiemment son tour pour s’arrêter devant la dépouille de son fidèle camarade de route. Deux larmes coulèrent des yeux de Heidemarie von Bedernau, qui semblait plus émue que son mari renfrogné — Leistung s’enfermait publiquement dans le stoïcisme, et à en croire ses lèvres retroussées et sa mâchoire serrée, tous ceux qui le regardaient pourraient rapporter comment le chef de Nuln désirait vengeance.

Finalement, des hommes étranges entrèrent dans la cathédrale : des hommes jeunes, musclés, aux nez de boxeurs, aux mains calleuses, avec des costumes mal taillés comme s’ils venaient de les louer au magasin, et aux cheveux mal peignés et collés avec de la graisse — ils cachaient leurs tatouages de truands sous des chemises et des collerettes. C’étaient des militants du parti, des anciens du gang Schatzenheimer, des fidèles de la rue de Leistung. Ils s’approchèrent du cercueil que les serviteurs de Mórr fermèrent, puis que les cultites de Sigmar recouvrirent d’un immense drapeau aux couleurs de Nuln. Alors, les petites frappes saisirent les poignées autour du cerclage de chêne, et le soulevèrent pour le porter à leurs épaules ; les malfrats étaient aujourd’hui des porteurs. Ils allèrent jusqu’aux portes de la cathédrale, où les chevaliers tirèrent l’épée pour saluer son passage. On descendait la dépouille jusqu’à une immense calèche, où on le déposa. Et alors, on claqua le fouet, et au pas tranquille, on commençait la descente de la Vieille jusqu’à la Nouvelle ville, tandis que derrière suivaient en marchant la procession funéraire, par ordre d’importance protocolaire. Ils marchaient dans les rues dégagées et protégées par la police, sous des fanions et des gerbes de roses noires décorant les façades des immeubles, dans un silence presque complet, car on n’entendait que les roues du carrosse, les bruits des pas, la cloche d’un oblat de Mórr, et des quintes de toux intempestives. Pas de paroles, sinon des murmures si basses qu’on ne pouvait que les deviner. Pas de sifflets ni d’applaudissements, car on enterrait Steiner comme on l’avait connu : dans l’indifférence.

Alors que tout ça se jouait, Reinhard Faul (Le vrai) était toujours empêtré dans la rue, près de l’objectif de la procession. Le pupitre dont l’on parlait était bien en avance de l’estrade, en plein milieu de la grand-place, cerné par les immeubles en hauteur — on aurait presque pu rajouter des flèches et des lumières histoire de bien complètement désigner à un assassin où il devait viser s’il désirait tuer. Le prix était gros, et il fallait espérer qu’Eva Seyss était la seule personne de Nuln qui souhaitait mettre fin au mandat de monsieur le maire.

Planqué parmi ses anciens amis clochards, sa « suggestion » ne reçut pas beaucoup d’approbation : les clodos ne comprenaient pas trop ce qu’ils devaient chercher, mais par amitié envers un ancien pote, ils acceptèrent de faire un effort et de chercher un gars ou une fille « espionneur » et « super bien caché ». On faisait pas plus vague comme description, mais c’est pas comme si Reinhard pouvait espérer mieux décrire une Umbramancienne.
Au moins, le Grand Coësre gagna quelque chose de précieux : un coin d’observation vraiment bien. C’était près des poubelles de l’hôtel de ville : il y avait un morceau de clôture cassé, des trous bien larges entre les planches. Il pouvait s’y asseoir calmement, et avoir une vue plongeante, à contre-jour, sur l’esplanade et sur la majorité des immeubles autour de lui. C’était pas idéal, mais ça lui permettait de garder un œil du sol vers les étages, et en grimpant sur les poubelles et en se mettant sur la pointe des pieds, il aurait au contraire une vue parmi la foule — ce n’était pas non plus voir avec un millier d’yeux, comme s’en vantait Valitch, mais c’était plutôt pas mal. Seul défaut : cette racaille de Hans continuait de le suivre avec sa planche à roulettes, et il était bruyant. Au moins, cela contribuerait au déguisement.

Et voilà donc comment Reinhard passa sa prochaine heure : à discuter avec Hans, qui n’arrêtait pas de parler, racontant des nouveautés à son Reinou, et de vieux radotages qu’il avait entendu — son ancienne gonzesse (En fait une prêtresse de Shallya toute gentille dont il était tombé amoureux et qui n’avait jamais retourné son affection autrement que par la piété que lui imposait son service), son service militaire dans les montagnes noires, la technique qu’il avait pour gagner aux cartes facilement… C’était presque touchant, comment il s’intéressait aussi beaucoup à Reinhard, lui posant des dizaines de questions à la volée, auxquelles le Coësre devait toujours répondre avec une demi-vérité ou une semi-omission brodée à la va-vite.

« En vrai j’ai d’la chance d’être un vétéran, les Invalides ça a toujours du fric à donner. La plupart des copains ont plus rien à se mettre sous la dent, plus un rond. Ils ont même fait fermer les maisons de travail. Remarque ils engagent même plus les étrangers pour les usines, alors je me demande comment elles font pour tourner… »

Et puis, Hans, au détour d’une conversation absolument futile, eut une question terrible :

« Ah, au fait ! T’as les nouvelles de Martha ? »

Le prénom agit comme une clé, une clé qui entra dans une serrure, et qui fit sauter le loquet d’une boîte trop pleine, sous pression. Ça s’ouvrit comme avec un ressort, pour déballer quelque chose — et c’est là que Reinhard se rappela qu’il n’était plus totalement un homme, et qu’un squatteur partageait sa chair avec lui.
Furug’ath, il avait appris à le maîtriser, à l’enfermer en lui, à la fois en faisant ce qu’il désirait et en gardant son indépendance — en se débarrassant de ce qui faisait de lui un humain, pour devenir quelqu’un d’autre, avec une nouvelle identité. Furug’ath s’était désintéressé du corps de son hôte au fur et à mesure qu’on lui promettait, et qu’on lui délivrait une offrande bien plus immense encore qu’un simple sorcier. Et puis, il fallait l’admettre, le Catalyste du Chaos qui voyageait entre les dimensions n’était plus le petit sbire terrifié de Mémé Gâteuse prêt à tout pour sauver sa peau, il avait lui aussi des armes mentales et magiques pour garder sa chair, quand bien même on avait écrit un pacte dans le temple d’Epidemius, en gravant des lignes dans l’aethyr.
Mais Furug’ath sentit une faiblesse, une trace, un lien qui raccrochait Reinhard à son ancienne vie — il n’avait pas su satisfaire ses envies de délice en découvrant le village natal de monsieur Faul, qui avait préféré gentiment ignorer les siens, mais là, le démon pouvait se lécher les babines en découvrant un nouveau protagoniste qu’on avait planqué et ignoré dans un coin. L’ancienne vie de Reinhard l’attrapait, et ça allait le tuer…


Martha Genscher avait été l’épouse civile de Reinhard Faul pendant des années. Sa vraie femme, embrassée dans le Temple de Sigmar, et avec un contrat de mariage signé par un scribe de Véréna — il y avait même eut une petite réception, avec la famille de son épouse, et puis pas mal d’amis. La cérémonie était pas géniale : ils avaient co-loué une salle des fêtes qu’ils devaient partager avec une espèce de fête d’un gosse Nain et les barbus faisaient plein de bruit, mais il y avait un gâteau, deux damoiselles d’honneur, et puis un bon d’achat pour des parfums offert par l’usine de munitions où taffait Reinhard à cette époque, soit la seule fois de sa vie où il avait eu un cadeau d’entreprise.
Ça avait été un mauvais mariage, misérable même, ça faisait jamais l’amour, ça s’engueulait tout le temps, ça vivait mal dans un studio pourlingue, les voisins faisaient du bruit, ils avaient pas eu d’enfants mais juste un chien qui était mort d’un cancer. Ils n’avaient jamais officiellement divorcé, mais Martha avait fini par se casser, et elle avait vécu une existence misérable d’indigente de la Faulestadt, à pêcher des anguilles qu’elle vendait aux boui-bouis de la côte du Reik pour une pistole la journée. Ça n’avait pas été le fol amour, la passion, l’âme sœur, ça n’avait pas même été le désir, car au grand dam de la fille, Reinhard n’avait jamais réussi à vraiment vouloir de son corps — mais il y avait eut de la tendresse, parfois, et de la joie, quand la vie l’offrait.

Et voilà qu’elle ressortait. Planquée dans ses souvenirs. Il se souvenait maintenant de sa rencontre, la pote d’un pote dans une taverne après avoir débauché. La première fois où il l’avait invitée à danser — elle avait refusé en disant qu’elle fréquentait quelqu’un. Le hasard d’une seconde rencontre, elle était très triste. La fois où Reinhard avait décidé de lui faire une surprise, en prenant un congé exprès auprès de son contremaître pour pouvoir aller choper une barque afin de lui faire un petit tour sur l’Aver, hors des murs, afin qu’ils grignotent ensemble des sandwich sur un bord de flotte.

Et alors que tous ces souvenirs s’agitaient, et commençaient à sortir de leurs compartiments bien rangés, Reinhard sentit avec horreur Furug’ath en train de feuilleter à travers, à toute vitesse, comme un espion qui n’avait que quelques minutes pour chercher un document compromettant. Une terrible migraine, une bonne à hurler et à se casser les dents en serrant la mâchoire, s’empara du crâne du sorcier : il eut presque envie de s’arracher l’œil droit. Mais il put se sentir éloigner le Grand Immonde, et le circonscrire au coin dans lequel il devait désirer.

Reinhard Faul ! osait rire le monstre, en se moquant du sorcier avec ce vieux nom qui devrait disparaître. Reinhard Faul !




La grande calèche noire finit par arriver. Sous les yeux des curieux (Comme dit, il y en avait peu), le tout-Nuln grimpa dans les gradins temporaires, pour trouver leurs sièges, dirigés protocolairement par des maître-d’hôtels habillés en pingouins, afin que tout le monde se place selon son importance. La fausse-famille de Steiner au premier rang, avec le maire, l’archilecteur Kaslain, et le chef de la police, évidemment.

La cérémonie s’ouvrit par l’arrivée d’une sorte de grand-prêtre de Mórr, qui commença un discours un peu chiant de curé, puis il y eut des prières en Classique, et une minute de silence. La fausse-épouse de Steiner vint commencer un discours qu’elle arrêta pour chialer, car elle était une excellente comédienne (Comment se faisait-il que les Nurglites étaient si forts pour recruter des acteurs ? Mystère mystère). Il y eut encore des prières reloues qui firent saigner le nez à Reinhard, mais cette fois avec des Sigmarites. Ensuite, histoire de bien chauffer l’ambiance, un invité surprise fit son apparition : Karl Schatzenheimer, le chef des skinhead, sortit de prison grâce à une grâce que Leistung avait arraché à la comtesse l’année dernière. Le truand avait pris du gras et perdu des cheveux, mais il agita bien les gens avec sa verve et sa hargne.

Pendant que toute cette bande de faux-gens et d’inconséquents pantins déblatéraient les niaiseries qu’on attendait d’une cérémonie publique, Reinhard s’attelait à quelque chose de plus intéressant : trouver Eva. Comme Sigrid cachée dans l’assistance, qu’il reconnaissait d’ailleurs, il tenta de surveiller les réactions dans la foule, dans les gradins, ou bien il cherchait à déceler un mouvement ou un scintillement provenant d’une fenêtre ou d’une ruelle annexe. Hélas, rien ne semblait trop alerter. À un moment, un type parmi les curieux qui n’arrêtait pas de se coller à une barrière pour mieux voir fut emporté à l’écart par deux policiers, mais vu sa réaction, ça ne ressemblait pas à un assassin — peut-être juste un abruti de journaliste qui cherchait à bien zieuter pour écrire son article.

Bref, chou blanc pour l’instant. Pourtant, Reinhard pouvait le sentir dans ses tripes, une sorte de sixième sens qui le titillait — elle était là. Trop maline pour frapper tout de suite, et se sachant traquée et en sous-nombre. Peut-être qu’elle n’oserait pas se dévoiler. Il fallait trouver un moyen de la forcer…



Enfin, il fut l’heure pour Maximale Leistung de parler. La première chose que le maire de Nuln fut une fois sur ses pattes, fut de s’approcher de la femme de Steiner, et de poser une main sur son épaule, avant de lui offrir un sourire très réconfortant. Alors, il s’approcha du pupitre, avec un air serein, mais des sourcils un peu obliques, ce qui trahissait son malaise. À ses pieds, le cercueil maintenant fermé et recouvert d’un drapeau de Steiner. Si des gens s’étaient déplacés, c’était pour le maire, et pour personne d’autre — et il fallait l’admettre, l’acteur-sosie sorti d’asile psychiatrique pour entrer dans la secte jouait mieux Leistung que Leistung lui-même, c’était presque vexant.


« Chers grand-officiers et officers de Nuln, messeigneurs et mesdames les grand-prêtres des cultes, chers concitoyens, chère Valerie Steiner, chère famille…
La nuit recouvrait Nuln, alors que Bernhard Steiner travaillait, juste ici, devant vous, dans notre hôtel de ville. »


Dramaturgiquement, le maire levait la main vers la mairie, qui en effet, gardait encore les séquelles de l’attentat : des échafaudages et du contreplaqué recouvraient un trou béant dans l’étage, là où un colis piégé s’était déclenché.

« Bernhard… Maître Steiner », se corrigea-t-il faussement, « avait une immense qualité que toute personne qui le connaissait, même ses adversaires, lui reconnaissaient : travailleur. Il était, et vivait, comme un travailleur. Du matin au soir, à chaque moment de sa vie, son esprit était toujours illuminé par une force, une vivacité, qui inspirait tous ceux autour de lui. Travailleur, il le devait l’être, car il n’est pas un homme qui est né avec tout qui lui était donné. Né d’un père secrétaire, orphelin de mère, il est entré à l’âge de treize ans à l’université de Nuln avec une bourse d’études, et a obtenu une commission méritoire dans l’administration comtale en sortant parmi les premiers du concours de la fonction publique. Pendant de longues années, il a servi avec diligence la ville, avec discrétion, avec rigueur, et surtout, en relevant toujours sa charge de travail. Avec la même dignité, il a fondé une famille, et apporté beaucoup aux siens, à son quartier, et à sa ville, car il était un homme d’une grande générosité. Calme, discret, mais jamais effacé — il est une de ces personnes qui donne tout, sans attendre de recevoir en retour. Le genre de personne sur laquelle Nuln se repose.
Sans Bernhard Steiner, la révolution qui s’est emparée de Nuln ces dernières années, n’aurait jamais été possible. Sans Bernhard Steiner, nous n’aurions jamais pu casser l’ancien monde, et faire naître un nouveau. Et c’est parce que nos ennemis savaient cela, qu’ils ont décidé de nous prendre Bernhard Steiner. »


Il y avait une espèce de chose malsaine dans le discours de Leistung. Bizarrement, tout le monde se sentait mal à l’aise. Les insinuations étaient lourdes de sens. Nos ennemis. Encore aucun coupable n’était vraiment désigné pour l’attentat, la police cherchait toujours, même s’il y avait des suspects, surtout des révolutionnaires, ces méchants anarchistes Nouveau-Milléniaristes… Qu’est-ce que le maire entendait par là ?

« Lorsque je me suis mis au service de Nuln, notre belle ville était au bord du gouffre. Il a fallu de nombreux sacrifices, des peines et du labeur, de votre part, mes chers concitoyens, afin de nous redresser, et de sortir la tête de l’eau. Mais certains voudraient nous faire replonger dans l’abîme, et c’est pour cela qu’une attaque aussi ignoble a eu lieu. Une arme lâche, mais ingénieuse, frappant indistinctement, blessant aussi deux autres employés de mairie — j’ai une pensée pour cette maman et ce jeune homme qui ont été également touchés par l’explosif qui a pris mon ami. Une arme qui tue sans signature, qui permet de prendre des vies en restant tapis dans l’ombre, afin de ne rien assumer. Une arme qui pourrait toucher d’autres personnes — car si l’on peut poser une bombe dans l’hôtel de ville, dans le palais du peuple, où ailleurs serions-nous à l’abri ?
Nos ennemis se croient ainsi malins, et camouflés. Mais ils ont tort. Nous savons qui ils sont, mes chers concitoyens. Et nous travaillons en ce moment même à les saisir, afin qu’aucun d’entre vous n’ait à vivre dans la terreur d’être une victime, voulue ou collatérale, de leurs desseins. »


Leistung fit la moue, et marqua un long silence, fort pénible. Et c’est avec une voix un peu différente, mais en regardant toujours les curieux avec un œil alerte, qu’il reprit :

« La mort de Bernhard Steiner est pour moi une tragédie personnelle. Il était pour moi un compagnon, un mentor, et un ami tout à la fois. Mais je pense que beaucoup ici, ont ressenti les mêmes peines personnelles à cause des actes de ceux qui l’ont pris. Je sais que beaucoup d’entre vous ont perdu leur emploi, ou leur maison, ou leurs économies, durant les événements récents.
Les gens de pouvoir et d’argent. Les aristocrates d’Altdorf. Les banques de Marienburg. Les Nains. »


Il y eut des gens adossés aux murs, assis par terre, ou avachis sur les rambardes qui se levèrent avec intérêt. Et il y eut au contraire des regards interloqués, des yeux écarquillés, des poitrines redressées dans les gradins.
Pendant deux ans, Leistung avait fait des appels du pied par des insinuations, par des amitiés tendancieuses, par des sous-entendus avec écho. Jamais le maire n’avait osé utiliser une rhétorique plus poussée. Ce genre de choses pourrait amener à des troubles, ou des émeutes.

« Tous ensemble, ils dirigent un système terriblement puissant, et armé, qui leur permettent de créer le chaos et la panique partout où ils veulent ! Ils peuvent, s’ils le souhaitent, mettre des provinces entières à genoux, jeter des masses humaines à la rue et sur les routes, et posséder vos biens, vos corps, et même vos pensées, par la force de papier-billet, de journaux, et de mousquets !
Et ils ont le pouvoir, surtout, de mettre à terre toute assemblée éclairée qui souhaite s’opposer à eux ! Je parle de vrais gens unis, et portés par le peuple, comme les guildes, ou les gouvernements de communes, forcés de marcher à la cadence imposée par les pouvoirs-qui-sont !
Pendant des générations, les efforts de gens comme vous ont été appropriées, et ont servi à équiper vos ennemis ! Ce que l’on vous prend d’une main, est offert à l’étranger de l’autre ! Et voilà ainsi comme vous, fils de l’Empire, avez été trahis ! Votre travail, votre valeur, a été mise en compétition avec les masses serviles et innombrables de nations ennemies ! Même vos religions, même votre art qui vous entoure, a été spolié et remplacé par celui venu d’ailleurs !
Et c’est cette vérité, que je connais, et que Steiner connaissait, qui fait que nous sommes aujourd’hui victimes ! Entendez-moi bien : personne ne peut résister à ces ennemis tapis dans l’ombre ! Personne ! Pas même le plus grand des hommes, pas même l’Empereur lui-même, ne peut survivre, s’il ose dénoncer ces politiques mises en place par les sbires au service de la destruction de l’Empire ! »


Il y eut des applaudissements spontanés. Des sifflets. Et un pur regard d’inquiétude dans le visage d’un des rares Nains présent dans les gradins. Et Leistung ne faisait que commencer…
C’était un départ d’incendie, un magnifique d’ailleurs.


Alors que Reinhard patientait avec Hans, il vit dans la foule quelqu’un d’un peu étrange : une sorte de gros homme un peu bourru, avec un air de docker, jouait des bras pour s’éloigner des curieux qui commençaient à s’agiter. Il ne savait pas pourquoi, mais ce docker faisait tâche dans le décor… Et voilà qu’il entrait dans un des immeubles d’habitation, alors qu’il n’avait pas les habits de quelqu’un qui pouvait se payer le loyer de ce quartier.
Peut-être une fausse piste…

Jet de charisme de Reinhard : 4, réussite, les clodos acceptent de t’aider

Jet d’observation : 15, crois-le ou non, mais Reinhard est devenu tellement intelligent que c’est une réussite. Reinhard trouve un spot vraiment coolos pour observer les immeubles.

Jet de force mentale : 4
Jet de force mentale de Furug’ath : 8, tu repousses Furug’ath.

Jet de perception : 17, échec
Jet de sixième sens : 6, réussite

Jet d’acuité : 1, réussite critique
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Reinhard Faul
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Re: [Le Coësre] Dénouement

Message par Reinhard Faul »

Je me tiens la tête à deux mains, je vois des couleurs, la douleur de la migraine est très violente. C’est à cause du démon qui fouine dans ma tête et moi qui essaie de l’en empêcher. Peut-être le choc aussi.
Faut me comprendre. J’ai oublié mon propre mariage. Je sais que j’ai des trous de mémoire sur ma vie d’humain, je me souviens plus de mon plat préféré ou de la différence entre du dentifrice et du savon, mais ma femme putain ! Certes, c’est pas l’épopée romantique qu’on pourrait en attendre, d’autant que je vis plus avec Martha depuis au moins quinze ans… mais bon merde ça compte quand même. Du moins pour moi.

Furuga’th a failli m’avoir sur ce coup-là, j’ai senti sa présence appuyer dans ma tête. Ce n’est pas très agréable. Son essence en contact avec la mienne me fait mal. Plus je connais les démons, moins j’apprécie de faire affaire avec. Leur vision du monde est… froide, partielle. Leur manque d’intérêt pour mon bien-être est évident. Mais cette description c’est que des mots, il faut le vivre. Se voir par les yeux d’un monstre comme un… un chiotte trop propre qu’on a hâte de souiller. J’ai senti sa déception de ne pas m’avoir vu tuer ma propre famille. Cette volonté de tout salir, tout corrompre.
Mais j’ai enchaîné mon destin à ce gros con, je lui ai donné mon vrai nom, et maintenant il me le balance à la tête et ça fait comme des coups de laisse dans un collier étrangleur. Je sais pas comment j’arrive à l’empêcher de foutre le bordel dans ma tête, mais ça marche et je peux focaliser mon attention sur Hans qui me demande des nouvelles de ma femme. Je bafouille :

« Euh… bah… aucune idée. Je l’ai pas revu depuis… »

Il peut pas voir mon visage, mais j’ai l’air complètement perdu. J’ai recroisé mon épouse plusieurs fois après notre vie commune, à une beuverie ou une autre, mais quand ? C’est tellement bizarre de repenser à tout ça ! Je me souviens mieux des moments horribles parce que c’est ce qui intéresse Grand-Père et qui le nourrit. J’ai une mémoire quasi photographique lorsqu’il s’agit des nombreuses maladies que j’ai attrapés, des crises de folie à cause de la magie et des gens qui me voulaient du mal, mais quand il s’agit des trucs normaux… je comprends mieux pourquoi Valitch cherche celle qu’elle était, et découvrir cet abysse dans ma propre tête me fait peur.

Je ferme les yeux et j’incline la tête sur le côté, comme si j’essayais d’écouter une mélodie lointaine. Martha, Martha… une rouquine, petite et assez dodue. Elle avait le teint pâle et la peau fragile, ce qui lui donnait beaucoup d’eczéma. Ça a empiré quand elle a été contrainte de pêcher des anguilles dans le fleuve après notre séparation. Voir les plaies sur ses avant-bras m’attristait. Le froid et l’humidité donnent des crevasses, qui s’infectent…
Non.

Je brise le fil de mes pensées comme l’échine d’un chat agaçant. J’aime l’eczéma et la tristesse comme tout un chacun, mais c’est pas le sujet. Seulement, mes souvenirs sont si flous… j’ai un brouhaha incohérent dans la tête, des images décousues, des bruits dénués de sens. Je me souviens de mon agacement à la cérémonie de mariage, parce que j’avais des plats à poser et que les cons de nain avec qui on partageait la salle prenaient toutes les tables. Il faisait chaud, et les rituels du temple de Sigmar obligent à porter des vêtements traditionnels très épais (on peut les louer directement sur place pour la petite heure que prend la cérémonie). Ensuite, je me souviens des disputes, de beaucoup de disputes… et aussi que j’appréciais d’être marié, même si c’était la relation amoureuse la plus merdique qui ait jamais existé. Je me formalisais pas trop quand Martha me balançait des objets à la tête ou me lançait ses piques les plus humiliantes sur notre vie sexuelle. J’aime bien avoir une femme qui s’occupe de moi, j’ai cherché d’autres relations de ce style par la suite avec des prêtresses de Shallya, mais sans jamais retrouver le confort douillet qu’on peut ressentir avec une gonzesse qui se sent obligée d’être la moitié de nous-mêmes.

Je ne me souviens plus exactement quand est-ce qu’on a arrêté de vivre ensemble, quel a été l’élément déclencheur. Les problèmes de fric, sans doute. L’absence flagrante d’enfant après plusieurs années de vie commune a pas dû aider non plus. Je sais pas pour Martha mais moi ça m’a bouffé. On parle d’une période où j’étais dans ma vingtaine, donc désespéré de m’intégrer à la société des adultes normaux – il m’a fallu dix ou quinze ans de plus pour réaliser que ça n’existait pas. À cet âge-là j’avais encore une haute idée de ma propre valeur, car j’étais une andouille de première classe. Bref, tout cet enrobage pour dire qu’un jeune homme de vingt ans n’a pas envie d’entendre « stérile et impuissant » comme épithète après son nom. Un jour, Martha m’avait traîné à une consultation chez une prêtresse de Shallya pour m’aider, la honte qui m’a brûlé le cerveau ce jour-là, je m’en souviens encore. Là, maintenant, vingt ans plus tard, je suffoque en y repensant. Ça, ça aurait dû rester oublié ! Même si je dois faire encore mille ans de nurglisme, j’aurais jamais l’impression de souillure que m’a donné ce moment où j’ai parlé de ma semence à une petite religieuse de l’âge de ma mère.

J’enfonce mes ongles dans mon avant-bras pour couper mon flot de pensée. Assez de trifouillage de mémoire, c’est trop pénible. Maintenant j’ai plein d’images bizarres dans la tête, et ça me fait mal parce que ça se bouscule en succession rapide dénuée de sens. Martha qui jette un sac de charbon de son épaule pour charger le poêle, Hans qui essuie le goulot d’une bouteille avant de me la tendre (il avait encore ses jambes), le décor de la fonderie où je travaillais à l’époque… il faut que je reconcentre sur Eva, la tuer, tuer tuer tuer. Et puis chier dans son cadavre, bouffer son cœur, le dégueuler sur des nouveaux nés et…

« Oh Reinou ! Rein ! T’inquiète pas je suis sûr qu’elle va bien, elle… c’est quoi ce bruit ? »

Ce bruit c’est les glandes à poison dans ma gorge qui vibrent parce que je suis pas content. Je me rends compte que ça fait bien deux minutes que je balance d’avant en arrière en tenant ma poitrine entre mes bras. Un sentiment d’urgence me prend parce que je me rappelle ce que je fous là. Je m’accroupis devant Hans pour avoir son visage à hauteur du mien. Il prend une mine inquiète parce que les gens ne se soucient de ce détail que quand ils ont un truc chiant à dire. Je déroge pas à la règle :

« Écoute, il faut que tu quittes la ville ! Toi et les autres ! Martha, Lud, petit Lud, Hermann, Gros Poireau, Wil… enfin tout le monde ! »

Hans ne comprend visiblement pas ce que je veux, mais mon affolement est communicatif. Comment j’ai pu oublier ?! J’avais des amis et des gens que j’ai pas envie de tuer en ville ! Comme tout le monde ! Je bafouille des conneries dans la panique :

« Bon je peux vous retrouver plus tard ! OK ?! Oui ?! Je vous file du pognon, et zou vous partez… je sais pas où ! Je me souviens plus des autres villes ! D’accord ?! Mais là maintenant faut que tu t’éloignes de la place ! »

Le pauvre cul-de-jatte commence à ouvrir la bouche pour poser des questions, mais j’ai pas le temps. Je sens Eva dans le coin. Par conséquence, je fais quelque chose de très grossier : Je porte Hans comme un meuble pour que sa planche à roulette soit face à la pente, et je le pousse du pied. Jamais j’ai bousculé le pauvre homme de cette façon, le respect est venu spontanément quand il est réapparu de la guerre sans ses jambes (moment horrible, gangrène, plus de gangrène...). Je l’ai toujours attendu quand il roulait derrière moi ou qu’il escaladait péniblement un de ces trottoirs surélevé dans les beaux quartiers… maintenant je regarde son dos s’éloigner à toute vitesse tandis que le pauvre invalide rebondit sur les pavés de la rue et j’ai envie de vomir tellement je me sens mal. Mais j’ai mes raisons pour avoir fait ça. J’ai vu du coin de l’œil ce docker bizarre rentrer dans l’immeuble. Je bave du poison à l’idée de l’affrontement qui m’attend (mes dents font ça toutes seules).

Néanmoins l’envie de tuer est tempérée par la prudence. J’ai plein d’hommes à moi dans le coin, pourquoi foncer bille en tête dans un piège ? Je fais des grands mouvements de bras vers un des soldats sur un toit au-dessus – au départ on avait convenu d’un geste discret mais les soldats sont bien sûr trop cons et trop inattentif pour ça. Je pointe l’immeuble du doigt puis je fais le signe pour y envoyer du monde. Moi je me changerai en mouche et je rentrerai par une fenêtre plus tard, quand d’autres gens auront fait bouclier humain sur les chausse-trappes les plus évidentes. On pourrait être surpris de mon calme brutal, mais j’aime vraiment beaucoup tuer les gens et chier dans leur cadavre. Et manger leur viande pourrie. Et les dégueuler. Et tuer d’autres gens. C’est facile et ça me donne beaucoup moins mal à la tête.
Natus est cacare et abstergere coactus est.
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Lien Fiche personnage: Ici

Stats :
Voie du sorcier de Nurgle (Profil avec empreintes occultes et mutations)
For 9 | End 14 | Hab 10 | Cha 6 | Int 15 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 9 | Foi 8 | Mag 18 | NA 3 | PV 140/140

Mutations/marques :
Nuages de mouches : -1 ATT/PAR/TIR/INI pour toutes les personnes à moins de 6m
Plaies suppurantes : 1d3 dégâts retranchés à chaque blessure
- Morsure Venimeuse : Poison hallucinogène
- Hideux (Effet : Peur)
- Organe du Chaos (-1 CHA/HAB, +1 END, +5 PV)
Pourriture de Neiglish : Porteur sain
Protection de Papy : 2d4 PdC à chaque critique en incantation
Grimoire :

- Lumière : À appliquer sur un objet ; Fait de la lumière pendant 1h
- Flammèche : Petite étincelle au doigt pendant une minute
- Météo : Connaît la météo prochaine
- Repos : Peu faire se détendre quelqu'un

- Infestation de Nurglings : 24m / 1d4 tours / Projectile magique. Une fois qu'une personne est touchée, elle subit 10+2d10 dégâts magiques par tour / Dès la fin du sortilège ou la mort de l'ensorcelé, des bubons explosent, libérant 2d3 amas de chair, qui sont autant de nurglings
- Fontaine putride : 6m / Instantané / 30+2d10 dégât devant lui + gain de 7 armure temporaire magique / +5 dégât par point de MA
- Gerbe corruptrice : 12m / 10+1d10 dégât dans une zone de 6m, esquivable ; métal rongé après 1d4 tours / -1 esquive par MA

- La multitude fait le tout : Se change en nuée de mouches
- Prodigieuse santé : Contact / Devient ultra bogosse et ultra chad
- Grande invocation de petits amis : Invoque des insectes pour servir d'ingrédients
- Immonde messager : Peut envoyer des messages twitter (Caractères limités)
- Allégresse fétide : Supprime toute douleur mentale ou physique
- Divine urgence : Force la cible à faire un jet d'END. Diarrhée en cas d'échec.
- Paludisme dévorant
- Vent de Nurgle
- Torrent de corruption

- Invocation : Nurglings
- Invocation : Bête de Nurgle
- Invocation : Porte Peste
- Octogramme de conjuration
Compétences :
- Résistance accrue : +1 END aux jets testant la résilience physique (Fatigue, drogue, alcool, torture...)
- Vol à la tire : +1 pour escamoter quelque chose
- Baratin : +1 pour endormir la vigilance de quelqu'un
- Déplacement silencieux : +1 pour fureter quelque part
- Déguisement : +1 pour s'infiltrer en étant déguisé
- Alphabétisation
- Autorité
- Humour
- Empathie
- Coriace

- Sens de la magie : Sur un test, détecte les événements magiques
- Incantation (Domaine de Nurgle)
- Maîtrise de l'Aethyr (Nurgle) : 3
- Contrôle de la magie
- Divination (Oniromancie) : Sur un test au cours de son sommeil, peut découvrir la destinée de certains personnages
- Langue hermétique (Langue Noire) : Parle la langue immonde du Chaos
- Confection de maladies : Peut fabriquer des maladies communes et rares
- Connaissance des démons
Équipement de combat :
- Bâton démoniaque : 2 mains ; 10+1d8 dégâts ; 8 parade ; Assommante & Utilisable seulement par les classes magiques. +1 PAR
- Pistolet à répétition : 46+1d8 dégâts, malus -2 TIR/8 mètres, peut tirer cinq fois à la suite avec un malus de -1 TIR par chaque nouveau canon qui fait feu
- Agaga (Épée à une main) : 18+1d10 dégâts ; 13 parade ; Rapide, Précise, Perforante (2) ; +1 INI
- Cocktail Molotov (x4) : Dans un rayon de 1m, toute personne qui est touchée par la bouteille prend trois états de « Enflammé ». Dans un rayon de 2m, c'est 2 états seulement. Dans un rayon de 3m, un seul état.

- 15 balles et poudres

- Tenue de cultiste de Nurgle : 5 protection ; Tout le corps sauf tête

- Anneau d'Ulgu : Lorsque porté, vous pouvez faire croire à ceux qui vous entourent que vous êtes un humain lambda (sans mutation aucune ni trait particulier) pendant 1 heure. Vous ne pouvez utiliser cette capacité qu’une fois par jour. Vous ne pouvez pas prendre l’apparence d’une personne en particulier.

- Miroir de la Demoiselle d'Acques
- Cor de la harde des Museaux Annelés
Équipement divers :

- Marque de Nurgle
- Caresse de la vipère (poison) : Un sujet blessé par une arme enduite de ce venin doit réussir un jet d'END-4 sous peine de mourir dans END minutes. Chaque minute avant sa mort, le sujet subit 5 points de dégâts non sauvegardables, et un malus cumulable de 2 à ses caractéristiques.


- Couverts en bois
- Sac à dos
- Couronnes dentaires en bois
- Tatouages
- Porte-bonheur

- Sap-biscuit

- Costume de répurgateur + Fleuret (Déguisement)
Divers divers :

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Le Coësre] Dénouement

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

La tentative de Reinhard de sauver son ami en l’alertant de l’immense péril qu’il courrait, et de finalement le dégager manu militari hors de la future scène de guerre, parvint probablement à offrir une nouvelle journée de survie à Hans — même si le pauvre cul-de-jatte ne comprenait absolument pas la réaction de son camarade, et hurla de terreur alors que sa planche dégageait hors de la grande place.
Mais il y avait un témoin oculaire qui n’appréciait pas du tout ce qui était en train de se passer. Furug’ath, le Grand Immonde, se mit à rager intérieurement. Il commença à faire bouillir le sang de son hôte, et essaya de faire souffrir le sorcier qui l’avait accueilli dans son esprit.

Comme oses-tu ?! Il n’est pourtant pas dans tes habitudes de me décevoir, petit asticot ! Ah, il reste encore de l’humain en toi… Laisse-moi donc le liquider !


Hélas pour le démon, Reinhard Faul n’était plus le petit sorcier qu’il était autrefois. En trois bouffées d’air, en se rappelant la manière qu’avait Valitch de méditer, il parvint à éloigner mentalement le monstre de son esprit, et regagna entièrement le contrôle de son corps, comme s’il balayait n’importe quelle autre idée parasite de sa psyché. Surtout qu’il avait beaucoup plus urgent à faire que s’occuper des pleurnicheries d’une autre personne, même si c’était un des enfants de Nurgle.

Avec un petit signe de la main, Reinhard alerta un des snipers sur le toit. Le tireur d’élite commença à froncer des sourcils, puis il les rendit obliques sur son visage en reconnaissant le simple clochard au visage camouflé qui marchait au milieu de la foule. Immédiatement, le tireur se leva, observa le docker en train de traverser une porte qu’on lui désignait, et il déguerpit : trottant sur le toit, il allait trouver un de ses camarades :

« Affineur a possiblement identifié Saule, mobilise une escouade.
– Compris. »


D’un pas pressé, le lépreux passa à travers la foule de curieux, esquivant les épaules et les torses qui barraient le chemin vers le grand bâtiment où il avait pu voir sa cible — c’était un grand hôtel, Le Repos du Mousquetaire, un palace Nulner de la classe supérieure voire très supérieure : sept étages, d’immenses baies vitrées avec des fenêtres à la mode Bretonnienne, des alcôves et des balcons, un toit en ardoise avec des ouvertures dedans, probablement pour les chambres de bonne. Une vue parfaite sur la Grand-Place, où même le Deutz Elm ne gênerait pas la ligne de visée d’un assassin.
Et alors qu’il marchait tout droit en serrant fort le manche de son bâton camouflé sous son manteau, Reinhard pouvait entende gronder dans son oreille la suite du discours de son alter-ego, qui se mettait à hurler avec maintenant des applaudissements d’approbation, des yeux pétillants de rages — et de la peur, gravée dans de nombreux visages.


« Ceux que nous affrontons, sont un cartel qui utilise la mobilité absolue de la monnaie invisible pour semer le chaos comme bon leur semble, quitte à voler votre labeur pour le dilapider ailleurs ! Les ateliers d’Estalie, les ateliers de Tilée — Créés avec de l’argent Impérial, mais utilisés pour mettre au chômage les jeunes gens de Kemperbad et Wissenburg ! Les usuriers de Barak Varr, les masses serviles de Bretonnie — unis ensemble pour pousser au suicide, les éleveurs d’Averland et les mineurs du Vorbergland !
Et tout ceci avec le consentement d’hommes qui sont les pantins de la finance Naine !
Voilà ceux qui ont volé ce qui vous appartenait ! Mais c’est moi et ceux qui connaissent cette vérité, qui vont attraper leur poignet et crier : Halte, voleurs ! »

Reinhard arriva jusque devant l’hôtel. Il fit tomber son bâton de sa manche, et le fit claquer au sol, tandis qu’à sa droite comme à sa gauche, des gaillards en uniformes bleus s’avançaient en synchronisation parfaite, en file indienne, en dégainant leurs pistolets de leurs étuis.
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Ils ignoraient Reinhard comme s’il faisait partie du décor — mais tous sentaient un picotement sur leur échine. Avec son sixième sens, le sorcier pouvait sentir une odeur infecte qui émanait de leurs haleines : ces hommes de loi, avec leurs insignes dorés et leurs casques bombés, ils servaient Papy, et donc lui-même par ordre hiérarchique. Et c’est ainsi qu’un clochard se contenta de claquer des doigts, et voilà que les bottes des policiers se ruaient à l’intérieur du palace, armes dégainées, à se répandre dans le hall dans tous les sens à la recherche de leur cible.

Pendant que ces pros s’amusaient à foncer de front, pour servir de chair à canon, Reinhard se mit à chanter de manière fort lugubre. Lancer un sort en plein jour ne l’inquiétait plus tellement : le Grand Coësre était connu de tout Nuln, maintenant, et personne qui pouvait le reconnaître personnellement n’était encore présent.

En un instant, Reinhard et tout son équipement se désagrégèrent en mouches. La nuée vola en tourbillon le long de la façade du palace, passant devant les fenêtres translucides des chambres. Il alla tout, tout en haut, jusqu’à trouver la fente d’une cheminée dans laquelle il s’engouffra avec tous ses camarades insectes. Virevoltant dans les interstices de l’hôtel, traversant les vieilles planches où personne n’osait plus s’aventurer, il parvint à se repérer grâce à des millions d’ommatidies, jusqu’à retourner au cœur du bâtiment, son immense hall qui ressemblait à un préau.

Il y avait là beaucoup de canapés, de tables, de chaises dans tous les sens, des escaliers qui donnaient sur des accès en hauteur, avec vue plongeante en contrebas. Les mouches se mirent à tourbillonner autour d’une lampe au plafond, et regardaient en contrebas les policiers armés qui allaient au pas de course en fouillant dans tous les recoins par deux — le docker s’était tout simplement volatilisé en un instant ! Comment pouvait-il fuir dans un endroit aussi ouvert ?

Heureusement, la position avantageuse de Reinhard, tout en hauteur, lui permit de trouver sa cible : Il avait d’excellentes cuisses, car il avait déjà grimpé toute une série d’escalier et il se trouvait à atteindre le troisième étage. Il était en train d’escalader, visiblement tout en haut, à moins qu’il ne s’arrête plus tôt…
L’attaquer tout de suite serait facile : il était visiblement en train de prendre la tangente, il cherchait à gagner un endroit plus avantageux, ou une cachette d’où échapper aux policiers qui lui collaient au train. Mais ça semblait peut-être trop facile… Fallait-il le charger tout de suite par surprise ? Le suivre prudemment sous forme de mouches ? Alerter les flics pour qu’ils le prennent en chasse ?

Furug’ath attaque ton esprit.
Jet d’endurance : 13, réussite. Tu n’as pas de dégâts et repousse le Grand Immonde en toi.

Jet de langage codé (Assez dur, -2) : 13, réussite de justesse. Tu mobilises la Reinhard Team.

Jet de sortilège magique : 1, réussite critique. Reinhard peut rester sous forme de nuée de mouches autant qu’il veut, sans être détecté.
Empreinte occulte : Vlan, +6 PdC de Nurgle d’un coup.

Jet d’observation (Bonus : lieu en hauteur : +2) : 16, réussite

Jet d’instinct : Caché.
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Reinhard Faul
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Re: [Le Coësre] Dénouement

Message par Reinhard Faul »

Je me pose sur le plafond, grâce à mes milliers de milliers de pattes équipées de petits crochets. J’observe le décor : nous nous trouvons dans le hall de l’immeuble. Il y a un grand escalier et plein de meubles. Difficile d’être plus précis, il m’a déjà fallu beaucoup d’entraînement pour comprendre ce que je regardais en étant des milliers d’insectes volants. As-tu idée du mal de crâne que ça me file de pouvoir regarder à 360° ? Par des milliers d’yeux différents ? Qui bougent en permanence ?

En vrai, je râle pour râler. J’adore ce sort. Même quand je ne pouvais pas faire deux mètres sans me manger un mur en pleines têtes je l’adorais. Y a aucune expérience terrestre qui ressemble à celle-là. Ne pas avoir accès aux mêmes sens, pouvoir voler, contrôler un corps composé de plein d’éléments autonomes qui partent dans tous les sens… Je peux m’étaler sur une surface de plusieurs mètres carré ou former un tas compact, me faufiler par un trou plus petit que l’ongle de ton petit doigt ou obscurcir le ciel au-dessus de toi… J’avoue que c’est très tzeentchi comme façon de prendre son pied et j’en ai un peu honte, mais pas assez pour ne pas abuser de ce sort à la moindre occasion.

Pour l’instant je cherche mon pote le docker, mais comme j’ai dit j’ai du mal à observer un décor fixe. Tout est flou. Ça a rapport avec le fonctionnement des yeux des mouches, même si je ne saurais pas expliquer pourquoi. Je remarque mieux les choses en mouvement. J’en conclus que la pièce est vide d’être humain et je continue mon ascension vers les étages.
Je finis par retrouver ma cible au troisième. Elle monte les escaliers comme si sa vie en dépendait – ce qui est sans doute le cas. Elle ne m’a pas vu : entre les boiseries partout et l’essence sombre utilisée pour les meubles j’ai de nombreux recoins où me cacher. Je l’observe quelques secondes, le temps de laisser la plupart de mes mouches se nettoyer les yeux avec leurs pattes avant – c’est plus agréable d’adopter le comportement naturel de l’animal plutôt que de se conduire comme une horde d’automates. Il serait facile d’attaquer maintenant, néanmoins… je me méfie. Ça me semble trop facile. Eva serait juste passée devant moi comme ça pour se suicider toute seule en s’acculant dans un immeuble ? J’ai pas confiance.

Je pourrais continuer de suivre le type, ou faire demi-tour pour indiquer aux gens d’armes sa position. Pas les deux en même temps, hélas. Je ne peux pas diviser les mouches en deux groupes autonomes. J’ai déjà essayé et je me suis blessé tout seul, comme une tendinite mais dans tout mon corps. Du coup, que faire ?

Je pourrais tuer le type, dans le doute, problème réglé. Même si c’est pas Eva je m’en fous qu’un innocent meurt. Et comme j’adore tuer les gens ça devrait pas être un problème. Ce qui retient mes pattes c’est la peur du piège, crois-moi que c’est pas l’envie qui manque. C’est aussi ce qui m’empêche de faire demi-tour auprès de mes alliés, ça me ferait vraiment chier qu’une proie valable s’échappe par excès de prudence.
Du coup je décide de continuer à suivre le type. Je crois vraiment qu’il ne m’a pas vu.
Natus est cacare et abstergere coactus est.
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Stats :
Voie du sorcier de Nurgle (Profil avec empreintes occultes et mutations)
For 9 | End 14 | Hab 10 | Cha 6 | Int 15 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 9 | Foi 8 | Mag 18 | NA 3 | PV 140/140

Mutations/marques :
Nuages de mouches : -1 ATT/PAR/TIR/INI pour toutes les personnes à moins de 6m
Plaies suppurantes : 1d3 dégâts retranchés à chaque blessure
- Morsure Venimeuse : Poison hallucinogène
- Hideux (Effet : Peur)
- Organe du Chaos (-1 CHA/HAB, +1 END, +5 PV)
Pourriture de Neiglish : Porteur sain
Protection de Papy : 2d4 PdC à chaque critique en incantation
Grimoire :

- Lumière : À appliquer sur un objet ; Fait de la lumière pendant 1h
- Flammèche : Petite étincelle au doigt pendant une minute
- Météo : Connaît la météo prochaine
- Repos : Peu faire se détendre quelqu'un

- Infestation de Nurglings : 24m / 1d4 tours / Projectile magique. Une fois qu'une personne est touchée, elle subit 10+2d10 dégâts magiques par tour / Dès la fin du sortilège ou la mort de l'ensorcelé, des bubons explosent, libérant 2d3 amas de chair, qui sont autant de nurglings
- Fontaine putride : 6m / Instantané / 30+2d10 dégât devant lui + gain de 7 armure temporaire magique / +5 dégât par point de MA
- Gerbe corruptrice : 12m / 10+1d10 dégât dans une zone de 6m, esquivable ; métal rongé après 1d4 tours / -1 esquive par MA

- La multitude fait le tout : Se change en nuée de mouches
- Prodigieuse santé : Contact / Devient ultra bogosse et ultra chad
- Grande invocation de petits amis : Invoque des insectes pour servir d'ingrédients
- Immonde messager : Peut envoyer des messages twitter (Caractères limités)
- Allégresse fétide : Supprime toute douleur mentale ou physique
- Divine urgence : Force la cible à faire un jet d'END. Diarrhée en cas d'échec.
- Paludisme dévorant
- Vent de Nurgle
- Torrent de corruption

- Invocation : Nurglings
- Invocation : Bête de Nurgle
- Invocation : Porte Peste
- Octogramme de conjuration
Compétences :
- Résistance accrue : +1 END aux jets testant la résilience physique (Fatigue, drogue, alcool, torture...)
- Vol à la tire : +1 pour escamoter quelque chose
- Baratin : +1 pour endormir la vigilance de quelqu'un
- Déplacement silencieux : +1 pour fureter quelque part
- Déguisement : +1 pour s'infiltrer en étant déguisé
- Alphabétisation
- Autorité
- Humour
- Empathie
- Coriace

- Sens de la magie : Sur un test, détecte les événements magiques
- Incantation (Domaine de Nurgle)
- Maîtrise de l'Aethyr (Nurgle) : 3
- Contrôle de la magie
- Divination (Oniromancie) : Sur un test au cours de son sommeil, peut découvrir la destinée de certains personnages
- Langue hermétique (Langue Noire) : Parle la langue immonde du Chaos
- Confection de maladies : Peut fabriquer des maladies communes et rares
- Connaissance des démons
Équipement de combat :
- Bâton démoniaque : 2 mains ; 10+1d8 dégâts ; 8 parade ; Assommante & Utilisable seulement par les classes magiques. +1 PAR
- Pistolet à répétition : 46+1d8 dégâts, malus -2 TIR/8 mètres, peut tirer cinq fois à la suite avec un malus de -1 TIR par chaque nouveau canon qui fait feu
- Agaga (Épée à une main) : 18+1d10 dégâts ; 13 parade ; Rapide, Précise, Perforante (2) ; +1 INI
- Cocktail Molotov (x4) : Dans un rayon de 1m, toute personne qui est touchée par la bouteille prend trois états de « Enflammé ». Dans un rayon de 2m, c'est 2 états seulement. Dans un rayon de 3m, un seul état.

- 15 balles et poudres

- Tenue de cultiste de Nurgle : 5 protection ; Tout le corps sauf tête

- Anneau d'Ulgu : Lorsque porté, vous pouvez faire croire à ceux qui vous entourent que vous êtes un humain lambda (sans mutation aucune ni trait particulier) pendant 1 heure. Vous ne pouvez utiliser cette capacité qu’une fois par jour. Vous ne pouvez pas prendre l’apparence d’une personne en particulier.

- Miroir de la Demoiselle d'Acques
- Cor de la harde des Museaux Annelés
Équipement divers :

- Marque de Nurgle
- Caresse de la vipère (poison) : Un sujet blessé par une arme enduite de ce venin doit réussir un jet d'END-4 sous peine de mourir dans END minutes. Chaque minute avant sa mort, le sujet subit 5 points de dégâts non sauvegardables, et un malus cumulable de 2 à ses caractéristiques.


- Couverts en bois
- Sac à dos
- Couronnes dentaires en bois
- Tatouages
- Porte-bonheur

- Sap-biscuit

- Costume de répurgateur + Fleuret (Déguisement)
Divers divers :

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Le Coësre] Dénouement

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Toujours sous forme de mouches, en hauteur à virevolter au-dessus du lobby, on ne pouvait pas vraiment dire qu’il était discret. Mais visiblement, l’assaut de policiers courant dans tous les sens semblait être plus inquiétant pour les clients de l’hôtel qui commençaient à discrètement détaler (Sauf pour ceux qui restaient scotchés bien en place). Les condés avaient beau être nombreux à traquer le docker, ils étaient à la traîne, et pas sûr qu’ils arrivent à temps. Mais en soi, Reinhard jouait-il vraiment contre la montre ? Il ne risquait pas grand monde là-dehors — son sosie n’était que ça, un sosie remplaçable. La proximité de Heidemarie ou Irmfried était plus gênante, puisqu’ils étaient en plein public, mais ils étaient au milieu de dizaines de cibles plus importantes, comme Kaslain, Richthofen ou les généraux de l’armée. Alors, le Nurglite préféra jouer la patience et demeura bien en l’air à virevolter sous forme de milliers d’insectes séparés.

Le docker, en tout cas, finit par s’arrêter devant une chambre où l’on trouvait un petit écriteau « Ne pas déranger » sur la poignée. Parce qu’elle n’était pas verrouillée, il tira sur la poignée et rentra en trombe dans la pièce, et il n’en sortit pas. Une, deux minutes semblèrent passer sans qu’il ne remontre son museau — plutôt que d’en profiter pour charger tout droit, Faul demeura en sordide observation, alors que toute son âme et tout son corps était réduit à l’état de magie impie.

Finalement, les policiers arrivèrent à l’étage. Séparés en trois duos, ils allèrent dans plusieurs côtés, et toquaient aux portes pour forcer les pensionnaires à ouvrir, afin de pouvoir regarder où était passée leur proie. Il ne fallut pas longtemps pour que l’un d’eux, un jeune homme moustachu, ne découvre la porte laissée entrouverte. Il alla tout droit, pistolet en main, protégé par son comparse, un monsieur bourru avec un nez de boxeur. Le jeune flic toqua sur la porte ouverte en couvrant l’entrebâillement avec le canon de son pistolet, et cria afin de se faire entendre :

« Police de Nuln ! Monsieur, madame, veuillez vous approcher ! »

Il dut entendre un bruit suspect, ou quelque chose qui clochait, car le voilà qui se décala contre le mur, et donna un petit coup de pied dans la porte pour que la porte s’ouvre en grand. Ça donnait sur une entrée, et au fond, il y avait la pièce à coucher — c’est qu’elles étaient grandes, les « chambres » du Repos du Mousquetaire. Le policier décida de s’avancer imprudemment à l’intérieur.
Il n’eut pas le temps de faire trois pas que la salle d’eau opposée s’ouvrit, et qu’une main ne jette une sorte de gros pot en métal. Le policier recula en toute hâte en hurlant aigu :

« POLICE DE NULN ! »

Le pot était une grenade : elle explosa net en déversant son shrapnel, dans un bruit terrible qui alerta tout le monde dans l’hôtel — et probablement la rue en face. Alors, tout ce qui était en verre explosa : les fenêtres, les miroirs, les vitres, les verres. Les couvertures volèrent, le papier peint se déchira, et des gerbes de flammes naquirent, se consumèrent et disparurent en un éclair. Et le pauvre flic vola en arrière, la mâchoire et les doigts de pieds déchirés avec ses chaussures et son uniforme, et il tomba raide mort comme un sac par terre.

Il y eut alors partout des cris, des hurlements, des sifflets, des sabots qui frappèrent le pavé. Et au milieu de tout ça, l’ouïe très fine de Reinhard, ou plutôt celle de ses mouches, parvint à entendre quelque chose : Un tac comme une langue qui claque, un si strident comme un sifflement, et un toe comme une cloche qui sonne. Une détonation d’une arme à feu, qui venait d’un tout autre bâtiment — l’Université fermée. Il n’y avait pas un, mais deux tireurs ! Et ici, dans cet hôtel, ce n’était peut-être qu’une diversion pour permettre à un tireur d’élite de prendre discrètement la tangente au milieu du chaos !

Les flics de l’hôtel ne devaient pas avoir entendu ce tir, il faut dire qu’ils étaient concentrés sur la grenade qui venait de souffler une chambre à dix mètres d’eux. Immédiatement, des douzaines de poulets accoururent dans tous les sens, armes brandies. Il y eut des cris, des jurons, des ordres aboyés — puis un tir, on ne sait qui ouvrit le feu en premier. Sans même voir où le docker était passé, les policiers se mirent à tous tirer avec leurs pistolets à répétition chèrement payés par le contribuable, leurs balles traversant les murs, les meubles, la literie : ils transformèrent la porte éclatée en gruyère, et vidèrent leurs barillets à l’aveuglette, jusqu’à répandre une fumée épaisse de poudre noire sur tout le troisième étage.

Puis le docker se releva du lit derrière lequel il s’était planqué. Calmement, il visa avec une arquebuse, tira, et atteint à l’épaule un flic qui s’écrasa de côté : sitôt, pour riposter à ce carton d’un tireur exercé, des dizaines de nouvelles balles sifflèrent au-dessus de sa tête, tandis qu’un des agents se jeta sur son camarade pour le tirer en sécurité et lui préparer un bandage.

S’il n’était pas sûr que ce docker était Eva, c’était tout de même quelqu’un de vétéran et au sang-froid. Le siège risquait de durer longtemps… Et visiblement, le second tireur dans l’université devait être en train de filer.

Reinhard retarde son action et demeure à ne rien faire.

Le docker fait un truc.

Deux policiers s’arrêtent devant la chambre.

Jet d’observation du flic : 16, échec.
Jet de précision du docker : 9

La grenade explose, plein de dégâts partout. Reinhard étant bien en haut sous forme de mouches, il n’est pas visé par l’attaque.

Jet d’acuité auditive de Reinhard (Difficulté : Légendaire (-10)) : 5, réussite.

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Reinhard Faul
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Re: [Le Coësre] Dénouement

Message par Reinhard Faul »

Quand la grenade a explosé, toutes mes mouches sont parties dans des directions différentes à cause de la surprise. C’est ce qu’on pourrait appeler « sursauter » dans l’état où je me trouve. En l’occurrence ça me donne la sensation de planer ou d’être malade quand elles font ça. Déjà que j’ai un champ de vision considérablement élargie, si je me trouve à plusieurs endroits en même temps je comprends plus rien. J’ai essayé de me séparer en deux, ou d’envoyer une mouche solitaire en éclaireur, mais ça ne marche pas, et à terme ça semble me faire mourir. Du coup je rassemble mes troupes avec un sentiment d’urgence – le-dit sentiment renforcé d’avoir vu la moitié du décor exploser bruyamment.

Que faire ? Poursuivre le tireur caché à l’Université évidemment. Le bâtiment est fermé grâce à ce brave Maximale Leistung, une bonne cachette donc. Je décide de filer le plus vite possible. Un trou dans la toiture n’est pas rarissime dans un immeuble de l’Empire, je peux retrouver le ciel sans difficulté. C’est la suite qui va poser problème.

Le truc c’est que je me méfie beaucoup d’une autre surprise type bombe, boule de feu… mes mouches n’y survivraient pas, et moi avec. Je ne veux pas découvrir ni le sens de l’humour des mages impériaux, ni l’intérieur du Donjon de Fer. Tu as vu comme j’ai réussi à éviter les forces du bien jusque-là ? Qu’est-ce qu’on a au compteur ? Emma, les types qui poursuivaient Sigrid, Eva maintenant, le dragon à l’avenir… et c’est tout. Je connais très peu leurs forces, en réalité. Eux doivent s’être renseigné sur les sorciers du Chaos, par contre. Je ne suis pas le premier à fouler cette terre, peut être qu’ils connaissent mes petites ruses mieux que moi-même. Du coup, contrairement à l’époque de mon combat contre la vampire, je ne fonce pas en plein dans la truffe du tireur isolé tel un gros suicidaire.

Au lieu de ça je descends en altitude pour survoler avec une proximité insupportable le crâne des passants. D’accord une nuée de mouches qui fonce comme ça, c’est bizarre, mais est-ce qu’on ne voit pas tous les jours des choses incroyables à Nuln ? Des mutants à trois yeux, des cadavres de bétail qui semblent apparaître par magie, des graffitis angoissants… honnêtement je m’inquiète moins de la foule que du tireur, qui aura beaucoup plus de mal à me discerner au milieu de la rue.

Une fois à l’Université je remonte pour chercher mon ennemi, mais en faisant très attention. Je reste là où un humain ne pourrait pas aller, comme le long des façades, à l’intérieur des gouttières ou des cheminées. J’espère que quelqu’un de mon camp m’a vu me déplacer et m’a suivi, mais j’ai peu d’espoir.
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Mutations/marques :
Nuages de mouches : -1 ATT/PAR/TIR/INI pour toutes les personnes à moins de 6m
Plaies suppurantes : 1d3 dégâts retranchés à chaque blessure
- Morsure Venimeuse : Poison hallucinogène
- Hideux (Effet : Peur)
- Organe du Chaos (-1 CHA/HAB, +1 END, +5 PV)
Pourriture de Neiglish : Porteur sain
Protection de Papy : 2d4 PdC à chaque critique en incantation
Grimoire :

- Lumière : À appliquer sur un objet ; Fait de la lumière pendant 1h
- Flammèche : Petite étincelle au doigt pendant une minute
- Météo : Connaît la météo prochaine
- Repos : Peu faire se détendre quelqu'un

- Infestation de Nurglings : 24m / 1d4 tours / Projectile magique. Une fois qu'une personne est touchée, elle subit 10+2d10 dégâts magiques par tour / Dès la fin du sortilège ou la mort de l'ensorcelé, des bubons explosent, libérant 2d3 amas de chair, qui sont autant de nurglings
- Fontaine putride : 6m / Instantané / 30+2d10 dégât devant lui + gain de 7 armure temporaire magique / +5 dégât par point de MA
- Gerbe corruptrice : 12m / 10+1d10 dégât dans une zone de 6m, esquivable ; métal rongé après 1d4 tours / -1 esquive par MA

- La multitude fait le tout : Se change en nuée de mouches
- Prodigieuse santé : Contact / Devient ultra bogosse et ultra chad
- Grande invocation de petits amis : Invoque des insectes pour servir d'ingrédients
- Immonde messager : Peut envoyer des messages twitter (Caractères limités)
- Allégresse fétide : Supprime toute douleur mentale ou physique
- Divine urgence : Force la cible à faire un jet d'END. Diarrhée en cas d'échec.
- Paludisme dévorant
- Vent de Nurgle
- Torrent de corruption

- Invocation : Nurglings
- Invocation : Bête de Nurgle
- Invocation : Porte Peste
- Octogramme de conjuration
Compétences :
- Résistance accrue : +1 END aux jets testant la résilience physique (Fatigue, drogue, alcool, torture...)
- Vol à la tire : +1 pour escamoter quelque chose
- Baratin : +1 pour endormir la vigilance de quelqu'un
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- Empathie
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- Incantation (Domaine de Nurgle)
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- Confection de maladies : Peut fabriquer des maladies communes et rares
- Connaissance des démons
Équipement de combat :
- Bâton démoniaque : 2 mains ; 10+1d8 dégâts ; 8 parade ; Assommante & Utilisable seulement par les classes magiques. +1 PAR
- Pistolet à répétition : 46+1d8 dégâts, malus -2 TIR/8 mètres, peut tirer cinq fois à la suite avec un malus de -1 TIR par chaque nouveau canon qui fait feu
- Agaga (Épée à une main) : 18+1d10 dégâts ; 13 parade ; Rapide, Précise, Perforante (2) ; +1 INI
- Cocktail Molotov (x4) : Dans un rayon de 1m, toute personne qui est touchée par la bouteille prend trois états de « Enflammé ». Dans un rayon de 2m, c'est 2 états seulement. Dans un rayon de 3m, un seul état.

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Équipement divers :

- Marque de Nurgle
- Caresse de la vipère (poison) : Un sujet blessé par une arme enduite de ce venin doit réussir un jet d'END-4 sous peine de mourir dans END minutes. Chaque minute avant sa mort, le sujet subit 5 points de dégâts non sauvegardables, et un malus cumulable de 2 à ses caractéristiques.


- Couverts en bois
- Sac à dos
- Couronnes dentaires en bois
- Tatouages
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- Sap-biscuit

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