Heureusement, Reinhard atteint bien vite les portes malgré son boulet de camarade ; l’espèce de rideau de métal commençait à descendre, mais les deux s’agenouillèrent et passèrent dessous juste avant que ça se ferme derrière eux.
Le gros fourgon blanc grognait encore très fort — son moteur résonnait dans cette grande pièce fermée, et on entendait des portes claquer tandis que des gens en uniformes bleus descendaient une sorte de grand lit sur lequel était assise une vieille dame portant un masque.
Comment s’orienter dans un tel endroit ? Après avoir évité les ambulanciers, Erwan et Reinhard s’enfonçaient dans un long couloir vide, et cerné de grandes portes un peu partout — chacun de leurs pas résonnait dans un écho, et avec toute la lumière et les longues lignes qui formaient le bâtiment, on ne pouvait pas dire que la discrétion allait marcher longtemps…
Surtout qu’Erwan tira sur le vêtement de Reinhard, pour l’arrêter en criant :
« Attends ! Des caméras ! »
Il fit un signe de tête vers le plafond : il y avait une sorte de petite boule vitreuse collée.
« Fait chier ! Ils nous ont vus ! Faut vite se bouger avant que des vigiles n’arrivent ! »
L’infiltration aura bien duré à peine dix secondes — c’était quand même plus simple à Nuln.
Sur un des murs, il y avait une carte — apparemment, c’était un plan d’urgence contre les incendies, comme quoi les gens ici avaient tout de même un peu de bon sens, parce que le feu était bien un danger de tous les jours dans l’urbanité. À défaut de comprendre grand-chose à cet univers, ce plan là était bizarrement simple et schématique ; il y avait tout de parfaitement clair et indiqué, y compris les laboratoires qui apparemment étaient au rez-de-chaussée, pas trop loin de cet emplacement d’ailleurs.
Le docteur Dextre devait y être, vu qu’il paraissait être un grand chercheur concoctant des maladies.
Une double-porte coupe-feu passée plus tard, Erwan et Reinhard, pressés, à petites foulées, s’arrêtèrent devant une sorte d’immense porte bien solide, assez pour ne pas pouvoir être forcée. Le guide de Reinhard tapota dessus, en ayant l’air triste.
« Oh merde, faut une carte d’accès pour ouvrir ça… »
Comme s’il avait deviné que Reinhard ne comprendrait pas, il eut la politesse de s’expliquer.
« Faut qu’on récupère un badge de quelqu’un d’ici qui a l’air bien placé ; il doit la porter autour du cou. »
Du détour d’un couloir, on entendait une voix grésillante. Puis quelqu’un qui fit le tour, et qui se présenta aux deux intrus, une main sur une boîte métallique à son torse.
« PC, j’m’en occupe.
Hé ho ! Messieurs ?! »
Grand, costaud, en uniforme noir, bâton sombre à la ceinture, cette personne devait être la soldatesque locale du laboratoire.
« Je vais vous demander de vous arrêter, d’accord ?! La police a été appelée ! »