[Le Coësre] Le Nouvel Ordre

Nuln est la seconde ville de l’Empire et du Reikland. Nuln centralise tout le commerce du sud, c’est là que convergent les voyageurs du Wissenland, du Stirland, d’Averland et des régions plus à l’est. Nuln est le siège de l’Ecole Impériale d’Artillerie, où les canons sont fondus et où les artilleurs apprennent la balistique. Ils y étudient les nombreux problèmes pratiques liés au déplacement et à la mise en œuvre des pièces d’artillerie. Grâce à leurs efforts, l’Empire bénéficie d’un vaste et efficace corps d’artillerie, de loin supérieur à tous ceux des pays frontaliers.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Le Coësre] Le Nouvel Ordre

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

« Reinhard… Faul… »

Elle avait répété le prénom et le nom, à voix basse, tout en fermant les yeux. Elle essayait de s’en rappeler. Et alors, elle sourit. Pas cruellement, pas de façon mesquine — du moins, il fallait l’espérer. Ça semblait être un sourire un peu doux. Honnête.

« Je suis née… Au Nordland. Je ne saurais te dire où. Je me souviens de détails, très parcellaires. Je me souviens qu’il y avait des arbres à perte de vue, qu’on voyait toutes les étoiles, la nuit, et que j’étais à dix minutes de la mer des Griffes. Je me souviens que j’étais blonde, alors. Que je passais tout mon temps à grelotter, et qu’on avait pas assez de bois pour se chauffer l’hiver.
Je ne me souviens pas d’un village. Il n’y avait aucune autre maison, aucun bâtiment, aucun voisin. Ma… Ma mère m’élevait seule, dans une hutte un peu à l’écart. Elle était une rebouteuse. Une sorcière de campagne. Pas une créature ignoble, quand bien même elle était discrète pour échapper aux répurgateurs et leurs bûchers. Elle était une bonne femme. Elle travaillait pour me protéger, me réchauffer, et me nourrir. Je me souviens de sa voix. Je me souviens des histoires qu’elle me racontait. »


Elle ferma les yeux. Valitch était en train de s’endormir.

« Je n’ai pas échappé aux collèges. Mais c’est ça qui m’a fait échapper à une sentence plus ignoble, quand les forestiers sont arrivés. J’ai quitté tout ce que je connaissais : la forêt, la vie au milieu des animaux et de la nature, la communion avec les esprits de Laurelorn… On m’a envoyé dans cette… Ville… Immonde, et grouillante, et remplie de gens, d’Altdorf…
J’aurais dû être une druïde ou une chamane naturelle. Finir dans le collège d’Ambre ou de Jade. Ça aurait été terriblement logique, ça aurait été lié à mon histoire. Mais le magistère qui m’a arraché des bras de ma mère en pensait tout l’inverse : il pensait que c’était important, de couper mes racines. Il m’a envoyé dans la Pyramide. Le collège d’Hysh.
Je me souviens… Des chants… Cela fait tellement longtemps que je n’ai pas chanté. C’était tellement apaisant… J’étais habituée à vivre dans le noir, mais au collège lumineux, il ne fait jamais nuit. Je n’avais pourtant pas peur des ombres, j’ai toujours aimé vivre dedans…
J’ai passé… Tellement d’années, dans ce collège… J’y ai connu l’amour, et l’amitié… J’étais heureuse…
C’est un homme que j’aimais qui m’a fait changer de chemin… Il avait une telle autre vision, de tout… Il était si talentueux… Egrimm van Horstmann, l’homme qui est devenu patriarche à vingt-six ans… »

Elle fut prise d’une crise de rire.

« C’est fou, comme histoire, hein ? C’est la seule explication qu’il y a. J’ai tourné à cause d’un homme. C’est pathétique, pas vrai ? »

Elle devint plus triste. Plus sombre.

« Quand les hommes de la Loi et de la Foi sont tombés sur nous, on s’est tous battus comme des lions pour échapper à la mort, nous, la Cabale. Egrimm est allé jusqu’aux profondeurs de la pyramide. Il a déchaîné un dragon. Et il s’est enfui. En me laissant derrière, pour être arrêtée.
J’ai réussi à m’enfuir. Et ensuite j’ai voyagé à travers l’Empire. En changeant d’identité à chaque fois.
J’ai été un tas de personnes, Reinhard Faul. Je me suis pas juste teint les cheveux : j’ai appris à modifier ma voix, la structure de mon visage, ma façon d’être et de penser, jusqu’à ma tête elle-même. J’ai été pauvre et riche, j’ai été de telle ou telle nation… J’ai même été un homme, à l’occasion.
Alors, j’ai été recrutée. Par quelqu’un d’autre. J’ai rejoint la conspiration des Neuf Yeux, celle pour laquelle je t’ai enrôlé. Utilisé, comme j’ai utilisé tout le monde dans ma vie.
C’est dur, de prendre la place de quelqu’un d’autre. De jouer avec les sentiments d’autres personnes… Il y a un homme, vieux, qui est réellement mort dans mes bras, en pensant que j’étais la personne la plus importante de sa vie. Dès l’instant où il a rendu son dernier souffle, je l’ai jeté et je suis allée chez le notaire prendre son héritage. »


Elle rouvrit ses yeux, et regarda Reinhard en coin.

« Le chef des Neuf Yeux, de ma secte… Celui qui nous a tous réunis… C’est un homme étrange. Il… Il a été béni de Tzeentch, il est un immense sorcier, et un excellent guerrier…
Mais il est très différent du reste de la secte. Ou même de tout serviteur du Chaos que j'ai jamais rencontré. Nous tous, nous huit, on a tous des raisons très viles, très ignobles pour œuvrer avec lui : on cherche à obtenir le pouvoir suprême, les sortilèges qui ont été oubliés de l’Histoire de la magie, simplement pour le pouvoir, l’argent, l’ambition, ou pour régler des ennuis personnels, obtenir vengeance et solder des rancunes…
Le Premier Œil, il fait tout ça, parce qu’il croit sincèrement qu’il peut sauver le monde. Qu’il peut le changer pour son bien. Il veut un continent sans aristocrates, sans schismes religieux, où chacun est libre de son propre destin. C’est pas juste un oripeau, une connerie de discours derrière laquelle il se cache : il a le cœur vraiment pur. En ça, il me terrifie, parce qu’il y a rien de plus dangereux sur cette Terre, qu’un homme véritablement juste.
Reinhard, tu dois me le promettre… Quoi que tu comptes faire, cet homme doit te faire peur autant qu’il me fait peur à moi. »


Et elle posa sa main sur le poignet de Reinhard, en attendant de le faire jurer.
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Reinhard Faul
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Re: [Le Coësre] Le Nouvel Ordre

Message par Reinhard Faul »

« Je te promets, je me souviendrais de ton avertissement. »

Le silence tombe entre nous. Pas par gêne ou parce qu’on a rien à se dire, simplement parce qu’on est fatigué. C’est un silence où je réfléchis à ce qu’elle vient de me dire. La Pyramide, la Cabale, un dragon, le Premier Œil, une vie bien plus longue que la mienne avec des décors que je peine à imaginer. Visualiser Valitch en petite fille blonde qui vit dans les bois, voilà un exercice mental bien curieux. La concernée m’interrompt dans mes pensées pour me dire :

« Je vais me coucher. »

Je lui réponds d’un ton suppliant :

« Reste encore un petit peu. »

Elle me regarde avec perplexité, je lui explique :

« Sinon je vais boire jusqu’à m’évanouir, j’ai pas envie de faire ça. S’il te plaît ? »

Quelque chose passe sur son visage que je ne déchiffre pas. Elle a l’air de réfléchir. Puis elle soupire, et tapote le canapé à côté d’elle en disant « viens ». Je m’approche avec circonspection. Et là… elle me fait un câlin. Elle m’attire vers elle et me fait basculer contre son sein. Ensuite elle me caresse les cheveux avec des gestes lents. C’est pas désagréable, sous sa forme de femme oiseau elle est plus grande que moi et je suis bien installé. Je suis trop bourré pour vraiment m’indigner de ce traitement de toute façon. Au bout d’une minute ou deux de malaise initial je me détends. Le tissu de ce qu’il reste de sa robe contre ma joue est doux, elle sent la fumée et le sang. Elle tire le rideau que je lui ai donné sur mes épaules aussi, je commence à m’endormir.

Au fil des minutes, je m’affaisse de plus en plus jusqu’à finir allongé sur le canapé, la tête sur les cuisses de Valitch. Elle continue de jouer avec mes cheveux, de lisser la couverture sur mes épaules et c’est vraiment très agréable. Je crois pas qu’une femme m’ait déjà fait un câlin, mis à part ma mère. Je vois pas pourquoi ça serait arrivé en tout cas. C’est super de s’affranchir de tout le bagage hétérosexuel pour partager un moment de…

« Qu’est-ce que tu fais ?!

- Chut, c’est rien, ça va t’aider à dormir. J’ai été mariée plusieurs fois tu sais. »

Puis elle se plie en avant pour m’embrasser sur la bouche, avec sa main qui continue son bricolage bizarre que j’avais pas demandé. Moi je reste étendu là comme un insecte cloué à une planche en liège, coincé. Ses cheveux me chatouillent le cou. Sa langue est froide, elle a le goût de la Langue Noire qu’elle a prononcé toute la soirée, des mutations que son corps a subi et du Patron qu’elle sert. Et qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Elle est en train de tout gâcher en croyant me faire plaisir ! Et moi j’ai trop honte pour dissiper le malentendu avec un dialogue oiseux. Trop de… passif sigmarite, si tu veux, et puis j’ai peur de la vexer. C’est bête hein ? En plus… bah elle est pas très douée. Soit ça me chatouille soit ça me fait mal, et j’arrête pas de me tortiller pour échapper à ce qui m’arrive. En plus ça me rappelle à toutes mes douleurs, le bras en charpie, le trou dans ma poitrine et le reste... Mais j’ai vraiment, vraiment trop honte pour arrêter tout ça. Néanmoins Valitch remarque que quelque chose cloche et recule pour me jeter un regard interrogatif. Je marmonne :

« T’en as pas envie, p…

- Mais si. Je t’assure. »

Elle m’a pas laissé finir ma phrase. C’est dommage. Et en dépit de ses mots, elle passe sa robe par-dessus sa tête avec des gestes maladroits qui évoquent plus la femme bourrée que l’excitation sexuelle débridée. Moi je suis juste dans le passage et je glapis :

« Tu m’as mis ton coude dans l’œil !

- Pardon. »

Mais elle continue sur son idée comme un cheval lancé à pleine vitesse et moi bah… maintenant qu’on en est là c’est trop gênant de lui dire hein ? J’ai des gestes maladroits issus de ma connaissance théorique de la chose, et quand je la touche elle se met à gémir comme la sirène de la pause midi à la fonderie. C’est du théâtre. Je crois, du moins ? Je fais une prière fervente à mon Dieu pour tomber raide mort et interrompre le malaise proprement ahurissant que je suis en train de vivre. Je suis allongé sur le dos avec le pantalon sur les chevilles et une Valitch ivre à califourchon sur moi. Oh seigneur. Oh bordel. On est vraiment en train de le faire. Le calvaire dure pas longtemps, du moins, parce que tout fout le camp ma bonne dame. Moi je fous le camp en tout cas. Au début ça a tenu un peu parce qu’elle m’a pris par surprise dans un moment de détente, mais je peux pas endurer un truc pareil. Ça faisait mal en plus. C’est pas censé hein ? La sorcière se méprend sur mon expression honteuse :

« C’est pas grave ça ar…

- Non ! »

Je me redresse brutalement et j’enroule le rideau autour de moi, comme une barrière entre ma peau et le regard instigateur d’une femme curieuse. Si y a bien un truc qu’un homme peut pas prendre avec philosophie, c’est passer pour impuissant. Le visage caché dans mes mains par honte, je lui explique en quelques mots le problème.

Valitch éclate de rire, un très joli rire teinté d’une joie sincère. Moi j’ai déjà les doigts sur le schnaps pour noyer la scène traumatisante que je viens de vivre. Je ne peux pas la regarder en face, mais elle est pliée en deux et se gondole comme jamais, avec des petites remarques comme « oh oh oh on me l’avait jamais faite celle-là ». Elle n’est pas gênée pour deux sous, elle prend même pas la peine de se rhabiller en poussant des hauts cris. Non, elle est juste absolument morte de rire. Essuyant les larmes de ses yeux, elle me demande :

« Pourquoi tu ne l’as pas dit avant ?

- Bah… j’aimais bien que tu me caresses les cheveux moi…

- Et t’es tout le temps entouré de femmes !

- Je me l’explique pas non plus. »

Elle éclate une nouvelle fois en lançant sa tête en arrière, puis me fait un grand signe pour que je m’approche d’elle. On refait des câlins platoniques, allongés ensemble sur le canapé. Je peux enfin avoir mon épouillage de cheveux. On a une nouvelle conversation, beaucoup plus légère. Elle me demande si j’ai déjà été amoureux, des trucs comme ça, c’est mignon. Elle me pose aussi des questions très techniques qui me font rougir. Je sais pas trop à quel moment je me suis endormi, sans doute pendant un monologue très long de sa part sur un type qu’elle a connu et qui est mort de vieillesse avant ma naissance. La bouteille tombe par terre et se vide sur le tapis déjà imbibé de moisi.
Natus est cacare et abstergere coactus est.
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Lien Fiche personnage: Ici

Stats :
Voie du sorcier de Nurgle (Profil avec empreintes occultes et mutations)
For 9 | End 14 | Hab 10 | Cha 6 | Int 15 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 9 | Foi 8 | Mag 18 | NA 3 | PV 140/140

Mutations/marques :
Nuages de mouches : -1 ATT/PAR/TIR/INI pour toutes les personnes à moins de 6m
Plaies suppurantes : 1d3 dégâts retranchés à chaque blessure
- Morsure Venimeuse : Poison hallucinogène
- Hideux (Effet : Peur)
- Organe du Chaos (-1 CHA/HAB, +1 END, +5 PV)
Pourriture de Neiglish : Porteur sain
Protection de Papy : 2d4 PdC à chaque critique en incantation
Grimoire :

- Lumière : À appliquer sur un objet ; Fait de la lumière pendant 1h
- Flammèche : Petite étincelle au doigt pendant une minute
- Météo : Connaît la météo prochaine
- Repos : Peu faire se détendre quelqu'un

- Infestation de Nurglings : 24m / 1d4 tours / Projectile magique. Une fois qu'une personne est touchée, elle subit 10+2d10 dégâts magiques par tour / Dès la fin du sortilège ou la mort de l'ensorcelé, des bubons explosent, libérant 2d3 amas de chair, qui sont autant de nurglings
- Fontaine putride : 6m / Instantané / 30+2d10 dégât devant lui + gain de 7 armure temporaire magique / +5 dégât par point de MA
- Gerbe corruptrice : 12m / 10+1d10 dégât dans une zone de 6m, esquivable ; métal rongé après 1d4 tours / -1 esquive par MA

- La multitude fait le tout : Se change en nuée de mouches
- Prodigieuse santé : Contact / Devient ultra bogosse et ultra chad
- Grande invocation de petits amis : Invoque des insectes pour servir d'ingrédients
- Immonde messager : Peut envoyer des messages twitter (Caractères limités)
- Allégresse fétide : Supprime toute douleur mentale ou physique
- Divine urgence : Force la cible à faire un jet d'END. Diarrhée en cas d'échec.
- Paludisme dévorant
- Vent de Nurgle
- Torrent de corruption

- Invocation : Nurglings
- Invocation : Bête de Nurgle
- Invocation : Porte Peste
- Octogramme de conjuration
Compétences :
- Résistance accrue : +1 END aux jets testant la résilience physique (Fatigue, drogue, alcool, torture...)
- Vol à la tire : +1 pour escamoter quelque chose
- Baratin : +1 pour endormir la vigilance de quelqu'un
- Déplacement silencieux : +1 pour fureter quelque part
- Déguisement : +1 pour s'infiltrer en étant déguisé
- Alphabétisation
- Autorité
- Humour
- Empathie
- Coriace

- Sens de la magie : Sur un test, détecte les événements magiques
- Incantation (Domaine de Nurgle)
- Maîtrise de l'Aethyr (Nurgle) : 3
- Contrôle de la magie
- Divination (Oniromancie) : Sur un test au cours de son sommeil, peut découvrir la destinée de certains personnages
- Langue hermétique (Langue Noire) : Parle la langue immonde du Chaos
- Confection de maladies : Peut fabriquer des maladies communes et rares
- Connaissance des démons
Équipement de combat :
- Bâton démoniaque : 2 mains ; 10+1d8 dégâts ; 8 parade ; Assommante & Utilisable seulement par les classes magiques. +1 PAR
- Pistolet à répétition : 46+1d8 dégâts, malus -2 TIR/8 mètres, peut tirer cinq fois à la suite avec un malus de -1 TIR par chaque nouveau canon qui fait feu
- Agaga (Épée à une main) : 18+1d10 dégâts ; 13 parade ; Rapide, Précise, Perforante (2) ; +1 INI
- Cocktail Molotov (x4) : Dans un rayon de 1m, toute personne qui est touchée par la bouteille prend trois états de « Enflammé ». Dans un rayon de 2m, c'est 2 états seulement. Dans un rayon de 3m, un seul état.

- 15 balles et poudres

- Tenue de cultiste de Nurgle : 5 protection ; Tout le corps sauf tête

- Anneau d'Ulgu : Lorsque porté, vous pouvez faire croire à ceux qui vous entourent que vous êtes un humain lambda (sans mutation aucune ni trait particulier) pendant 1 heure. Vous ne pouvez utiliser cette capacité qu’une fois par jour. Vous ne pouvez pas prendre l’apparence d’une personne en particulier.

- Miroir de la Demoiselle d'Acques
- Cor de la harde des Museaux Annelés
Équipement divers :

- Marque de Nurgle
- Caresse de la vipère (poison) : Un sujet blessé par une arme enduite de ce venin doit réussir un jet d'END-4 sous peine de mourir dans END minutes. Chaque minute avant sa mort, le sujet subit 5 points de dégâts non sauvegardables, et un malus cumulable de 2 à ses caractéristiques.


- Couverts en bois
- Sac à dos
- Couronnes dentaires en bois
- Tatouages
- Porte-bonheur

- Sap-biscuit

- Costume de répurgateur + Fleuret (Déguisement)
Divers divers :

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Le Coësre] Le Nouvel Ordre

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Jets de réactions politiques suite à l’attentat (CHAR+INT) :
Karl Fleissig : 20, échec critique
Joachim Schultz : 15
Maximale Leistung (Bonus : +4, a échappé à l’attentat) : 11
Avant même l’aurore, Nuln était déchaînée. Une heure après l’incendie du navire, le ciel tout entier de la plus grande ville de l’Empire était illuminé de rouge, de bleu, de fusées lancées dans tous les sens, par divers services d’urgence. Et le Reik tout entier pullulait de militaires du Héron Bleu, de policiers de la ville, et de renforts venus de toute hâte de Wissenburg et de la noblesse du comte Pfeifraucher.

Les shalléennes et miliciens venus en urgence furent vite rattrapés par des curieux, des paysans volontaires, et, inévitablement, par des journalistes. Et alors que Nuln se réveillait de son sommeil, de l’Halbinsel jusqu’au palais, on ne parlait plus que de l’attaque si horrible contre la nièce de la comtesse, qui venait d’avoir lieu à un jet de pierre de chez eux.

Le bilan définitif était source de tous les fantasmes. Combien de morts ? Combien de blessés ? Qui parmi eux ?
Et tout de suite après, suivirent les autres questions. Dont la plus importante : Qui avait fait ça.


Le pauvre Karl Fleissig avait été laissé dans l’ombre. Pourtant, en tant que proche de la comtesse, on s’attendait à ce qu’il ait toutes les réponses. Sorti de l’hôtel de ville tout juste après avoir été briefé, il fut harcelé par une dizaine de journalistes fous furieux, que son détail de gardes du corps peina à retenir. Il gaffa. En croyant bien faire.

« Je prie pour la sécurité de sa seigneuresse Maria-Ulrike, ainsi que toutes les personnes à bord. Le guet de Nuln mettra tout en œuvre pour trouver les responsables d’un tel crime.
– Maître Fleissig ! La police a-t-elle actuellement des suspects recherchés ?!
– Personne n’a revendiqué l’attentat pour l’instant. Nous exploiterons toutes les pistes. Il y a des rumeurs de… D’obédience noire. Nous les pensons fondées. »


La rumeur se répandit comme une traînée de poudre, malgré un démenti publié par le Parlement de Nuln le soir-même — personne n’avait jamais parlé de sorciers du Chaos à bord du navire. Il n’y en avait aucune preuve. Ceux prétendant le contraire étaient de dangereuses personnes.


Joachim Schultz, l’allié des bateliers, celui tant admiré par Assmus Kassel, fit à nouveau une de ses diatribes plébiscitées, mais pourtant avec des relents complotistes fort étranges — lui accusait des fanatiques d’être à l’origine de l’attaque, en se basant sur des sources sûres qui étaient à bord au moment de l’attaque. Il jurait de faire le ménage une fois élu.


Et pendant tout ce temps, Maximale Leistung ne disait rien. Parce que Maximale Leistung était blessé, à l’hôpital, en convalescence. Pourtant, lui était bien sur la liste des invités. Et il y eut rapidement des policiers et des hommes de la foi en tout genre pour venir toquer à sa porte, pour le pourchasser-
-pas pour l’arrêter. Mais pour s’assurer qu’il allait bien.


Les mensonges de la comtesse le servirent bien. Officiellement, l’attaque avait été une simple tentative de rançon de la part de la mafia Sansovino. Une attaque de la pègre qui avait absolument mal tourné. Fleissig et Schultz avaient tous les deux menti, en réagissant dans l’instant.

Alors, Maximale Leistung eut juste à paraître devant des journalistes avec son bras en écharpe, et son visage fatigué, soutenu par sa femme qui lui serra la main. Il demanda pardon à Nuln. Pleura devant eux en racontant une histoire où il fuyait comme un lâche, sauvant la vie de son épouse face à des Tiléens qu’il avait croisés sur le pont inférieur.


Et comme ça, il paraissait être un héros…

Jets de discours et de programme (CHAR) :
Fleissig (-4) : 15
Schultz : 10
Leistung (+2 : Valitch est en vie) : 8
Après une semaine passée loin du public, Leistung reprenait les serrages de mains et les discours devant des personnes acquises à sa cause. Et en tant que survivant de l’attentat, ses paroles étaient répercutées avec encore plus de force.

D’un coup, Leistung passa pour un parangon de loyauté. Il accusa publiquement les bateliers et le guet d’avoir trop longtemps évité d’affronter les Sansovino. De s’être rendus coupables de l’attentat. D’avoir été mous face à la pègre. Un discours terriblement dangereux — pour peu qu’on ne s’en prît pas à une famille qui était en train de crever, et qu’on n’était pas un magus chaotique… Partout où Leistung allait, il y allait entouré de solides gardes-du-corps, en promettant partout de nettoyer la racaille et de déporter les criminels étrangers. Nouveaux budgets pour la police, construction d’un pénitencier : il commençait déjà à formuler ses promesses sécuritaires.


Le Batelier Déchaîné s’invectiva contre Leistung. Assmus Kassel s’efforça de détruire son discours, d’appeler les Nulner à la raison, à la modération — mais en fait, en s’opposant à ce candidat minoritaire, il lui faisait sa pub. Kassel entra petit à petit en dépression nerveuse, en se rendant compte qu’il était en train de faire monter en popularité celui qu’il souhaitait détruire.


Face à tout ça, Fleissig s’écrasait encore plus : le candidat du pouvoir était lâché par ses soutiens. Et Schultz n’en bénéficiait pas plus — ancien ami de la famille Valantina, le syndicaliste devait faire attention, à ne pas voir son passé se retourner contre lui-même…

Jets de propagande (INT) :
Fleissig (+4) : 11
Schultz (-2) : 4
Leistung (+6 : Ruchen et les von Bedernau sont en vie) : 13
L’argent était le nerf de la guerre, en politique. Même un candidat incompétent et héritier de dizaines d’affaires comme Fleissig pouvait s’en sortir, juste parce qu’il avait le plus d’amis dans son camp qui alignaient des chèques.

Mais Maximale Leistung aussi, avait des amis. Et son discours séduisait de plus en plus.

Marteen Ruchen, qui avait passé toute l’attaque à bord planqué dans son coin, à pleurer, avant de s’enfuir en courant, avait de quoi se faire pardonner. Devant ses sectateurs, Reinhard ne révéla rien de la lâcheté de son « partenaire » — en coulisses, le maître de la secte de la Larve Sanctifiée savait qu’on risquait de le faire chanter. Aussi, Ruchen décida de se faire pardonner, en redoublant d’efforts financiers pour soutenir l’élection du Coësre.
Quant aux nobles von Bedernau, ils devaient la vie de leur fille à son nouvel époux. S’ils étaient restés dubitatifs du rapt de cette étrange personne dont on ne savait rien, ils savaient maintenant ce qu’ils devaient à ce politicien.

Jamais Reinhard n’avait serré autant de mains. Richthofen, Oldenhaller, ils venaient tous un par un pour se montrer intéressés par son programme. Ils étaient séduits, par son air populaire mais pas proche des guildes trop grévistes, et par son programme qui mettait au centre de tout l’argent, la liberté économique, et qui, pourtant, était soutenu par les masses.

Plus que tout, Maximale Leistung était opposé aux mesures sanitaires. Il souhaitait lever les quarantaines, et les barrages médicaux. Si tel discours lui vouait une haine absolue de la part des cultes de Véréna et Shallya, il avait de quoi séduire les industriels et artisans.

Et donc, Nuln se couvrait d’affiches à son nom. De jeunes hommes tabassaient les colleurs d’affiches des autres candidats dans le quartier des imprimeurs. Petit à petit, on répétait le slogan de campagne de maître Leistung : « Ça suffit ! »

Jets de subversion (INT) :
Fleissig : 20, échec critique
Schultz : 6
Leistung (+2 : A tué le capo des Sansovino dans un RP précédent) : 11
Un beau matin, alors que Maximale Leistung était au contact des électeurs au beau milieu du quartier du Westen, il reçut soudainement un jet de tesson bouteille à la figure. Les gardes-du-corps payés par Ruchen se pressèrent pour le protéger, et on évita un drame.
Le malotru était un fils d’immigré de Remas, sans histoire, qui était simplement fatigué des blagues potaches et des sous-entendus violents de Leistung lors de ses meetings. En réalité, si les communautés étrangères de Nuln étaient bien remontées contre le 3e homme de la campagne, cet acte violent acheva de convaincre des nobles de la Vieille-Ville de peut-être changer de bord.

La campagne prit soudain une tournure plus violente. Leistung, comme les autres, pouvait compter sur un service d’ordre, composé de jeunes gens qui croyaient sincèrement en ce qu’il disait — et notamment des mafieux de la bande Schatzenheimer. Lors d’un discours, Maximale acheva de convaincre les crâne-rasés de la ville, en déclarant que Karl Schatzenheimer était un héros de Nuln, et qu’en tant que prévôt, il chercherait à le faire libérer de prison.

Soudain, Nuln s’enflammait. Le soir, les bagarres de colleurs d’affiches se terminaient violemment, avec des personnes envoyées dans les hospices de Shallya après avoir été surinées. Dans le même temps, on enquêtait sur le passé de tout le monde ; Schultz parvint à bien se protéger, et ce satané candidat gardait encore une influence bien trop importante sur les travailleurs de guildes trop tranquilles et sur les universitaires trop mielleux. Il était une immense épine dans le pied de Maximale, qui devait multiplier les invectives et les attaques contre lui pour gratter des points dans les sondages.

Fleissig, le candidat du pouvoir, achevait de s’effondrer, sa campagne prenant une tournure catastrophique. On l’avait découvert se rendant au domicile de sa maîtresse, une actrice de théâtre de la ville. Si cela choquait quelques religieux pudibonds, ça provoquait surtout l’hilarité et la moquerie chez la majorité des Nulner.

Le prévôt des marchands sortant devait se rendre à l’évidence : Il n’avait plus aucune chance d’être réélu. Et dorénavant, plus personne au conseil de la comtesse l’informait de quoi que ce soit. Il fallait juste acter la prochaine perte de l’hôtel de ville, au profit d’un candidat inconnu des bureaucrates de von Liebwitz.


Dans un tel scénario, un Schultz qui relevait de l’opposition historique, pro-guildes, pro-étrangers, pro-travailleurs, paraissait beaucoup plus dangereux que Leistung…

Le QG de campagne de Maximale Leistung était en pleine effervescence. Les grandes affiches du candidat déployées sur la petite maison en colombage louée par Ruchen, ses grandes grilles avaient été fermées et étaient gardées par de solides gaillards issus des quais ou du gang Schatzenheimer.

Dans le bâtiment, tout un tas de gens étaient réunis, et pourtant, il n’y avait aucun brouahaha. La faute à la tension. Perché en haut d’un escalier, Leistung observait son équipe s’agiter silencieusement dans tous les sens. Kurt Holger, le chef par intérim du gang des crânes-rasés, discutait avec un Marteen Ruchen qui avait l’air plus détendu, les bras croisés et semi-assis sur un bureau. De temps-à-autres, la porte d’entrée s’ouvrait, et un coursier haletant arrivait pour annoncer des résultats, qui étaient immédiatement rédigés à la craie sur un grand tableau par d’autres militants. Et tout au milieu, devant son bureau, Steiner replaçait ses petites lunettes sur son nez et griffonnait des carnets.

Ça sentait pas bon.


Les premiers chiffres étaient arrivés, évidemment, de la Vieille-Ville : il y avait peu d’électeurs, et peu de bulletins à décompter, et les chiffres étaient au final assez peu surprenant : Fleissig arrivait en tête, et raflait la majorité des électeurs, encore que Leistung avait réussi à faire un score étonnamment bon dans le quartier de l’Altestadt ; il pouvait remercier les von Bedernau pour ça. Mais voilà, les aristocrates étaient plus importants pour leur argent que pour leurs minables deux voix offertes sur soixante-dix…

Ensuite, ça avait été le déluge de la Faulestadt. Et au départ, l’excellant score-surprise dans ce quartier avait provoqué la joie générale : il y a une heure, ces militants silencieux étaient à deux doigts de faire sauter le mousseux de Parravon. Les travailleurs pauvres avaient trahi Schultz, leur candidat traditionnel, et ils étaient tentés par celui qui avait tant courtisé leur vote et passé de si nombreux meetings auprès d’eux…
Mais ensuite, les imprimeurs, les bateliers et les universitaires de la Neuestadt avaient commencé à annoncer leurs résultats. Et le tribun Joachim Schultz fit une remontée éclair, assez pour talonner Leistung et rattraper son retard. Il n’y avait qu’à l’hôtel de ville qu’on pouvait être certain que Karl Fleissig allait devoir déménager. Mais son remplaçant n’était pas encore désigné…

Ce que tout le monde attendait avec impatience, c’étaient les chiffres du Westen. Les tous derniers, pour tout clôturer. 8 électeurs étaient désignés par la classe moyenne de Nuln, issue de ce quartier tranquille, en périphérie de la ville. On pouvait attendre n’importe quoi d’eux. Vers qui allaient-ils pencher ?


Vingt-cinq pour Leistung. Vingt-trois pour Schultz. Quatorze pour Fleissig. L’avance était trop minuscule pour encore crier victoire. Et l’on pouvait sentir, par des murmures, que la campagne allait se terminer cruellement. Déjà, à voix basse, Holger le truand fustigeait les couilles-molles de ceux trop attachés à la stabilité, Ruchen se désola du discours trop violent de Leistung, Heidemarie se plaignait qu’on avait pas plus parlé de rénovation urbaine. Il n’y avait que Max’ pour prétendre qu’il avait tout bien fait, alors qu’en réalité l’avance de la Faulestadt n’était pas si exceptionnelle que ça : deux électeurs d’avance sur le tribun.



Finalement, alors qu’il était bientôt minuit, la porte s’ouvrit. Et entra Frida, suivie par quelques bourgeois. À bout de souffle, la jeune fille cria :

« On a les chiffres du Westen !
On en est où ?! »


Tout le monde s’écarta du chemin qui menait vers la table de Steiner. Celui-ci bondissait, en claquant frénétiquement des doigts. Frida lui déposa le papier, qu’il lut à voix haute.

« Rue d’Ostland — Schultz.
Avenue aux Sirènes — Leistung.
Rue Salieri — Leistung. »


Et ça passait, ça passait, alors qu’on griffonnait au tableau.

Grand moment de silence. Steiner calcula à voix haute, avec d’autres.

« C’est… Définitif ?
– Je pense que ça peut encore bouger sur l’Aver…
– Kaufmann c’est bouclé.

– Frida, t’es sûre à cent pourcents que c’est les bons chiffres ?
– Certaine.
– L’Aver votera jamais pour Schultz.
– Oui, c’est foutu pour lui, il peut pas rattraper l’avance…

– Au pire, il peut gratter deux voix de plus, et c’est pas assez… »

Grand silence général.

Steiner, tout tremblant comme une feuille, s’éloigna d’un pas lent. Il arriva aux premières marches de l’escalier. Grimpa. Regarda Reinhard droit dans les yeux.

« Maximale…
T’as gagné. »

La phrase semblait tellement irréelle, qu’il se sentit obligé de répéter très fort, avec cette fois un immense sourire :

« Tu vas devenir prévôt des marchands de Nuln. »

Heidemarie se mit à taper dans ses mains. Toute seule.
Puis Ruchen l’imita.
Puis ce fut tout le monde.

Un tonnerre d’applaudissement. Un sifflet. Le bouchon de la bouteille de mousseux qui explose. D’énormes sourires radieux. Quelques larmes de joie. Des embrassades.

Et tout le monde qui se pressait devant Maximale, pour lui serrer très volontiers la main, en disant cette phrase qu’ils rêvaient de prononcer : « Félicitations monsieur le bourgmestre. »



Dans le même temps, au QG de Joachim Schultz, il y avait un silence de Mórr. Puis des hurlements, du tribun, qui se mettait à fustiger la presse, les nobles et les bourgeois d’avoir tous conspirés contre lui.
On prenait la défaite avec plus de philosophie à l’hôtel de ville. Fleissig s’y était déjà préparé. On avait déjà consommé l’apéro qui avait été préparé, et maintenant on rangeait juste les chaises et la vaisselle.

Avant deux heures du matin, devant des journalistes aux trois endroits de la ville, Schultz et Fleissig félicitèrent leur adversaire pour sa victoire, avec des dents serrées et des mots qui eurent beaucoup de mal à sortir de leurs gorges. Tandis que Leistung, lui, pouvait remercier ses soutiens, ses militants, et tous ceux qui lui avaient accordé sa confiance — même s’il serait, évidemment, le prévôt de tous les Nulner, et qu’il souhaitait à présent rassembler autour de lui.

Jets finaux pour tout achever (CHAR+INT)
Fleissig : 13
Schultz : 6
Leistung : 5


Résultats finaux :
Vieille-Ville :
Aldig : Fleissig (2)
Altestadt : Leistung (2), Fleissig (1)
Temple : Fleissig (4), Leistung (1)
Kaufmann : Leistung (2), Fleissig (1), Schultz (1)


Nouvelle-Ville :
Neuestadt : Schultz (3)
Handelbezirk : Leistung (3), Schultz (2)
Westen : Leistung (5), Schultz (2), Fleissig (1)
Shantytown : Leistung (4), Schultz (4)
Universität : Schultz (4), Fleissig (1)


Faulestadt :
Leistung (11), Schultz (9), Fleissig (2)


Halbinsel et Aver :
Fleissig (3), Leistung (2)
Nombre d’électeurs :
Maximale Leistung : 30
Joachim Schultz : 25
Karl Fleissig : 15

Maximale Leistung est le nouveau prévôt des marchands de Nuln.




Image

Il avait encore fallu attendre l’élection proprement dite, mais ce n’est pas comme s’il y avait la moindre surprise : Avec trente électeurs assurés, Leistung était en tête, et il revenait aux soixante-dix notables élus de simplement officialiser la décision des Nulner au centre de l’hôtel de ville. Ce n’était pas ça le plus important.

Dès la nuit-même du résultat, le QG de Leistung reçu la visite du chancelier de Nuln en personne, qui présenta les félicitations de la comtesse, avant de demander comment organiser la suite, et notamment la cérémonie de la passation de pouvoir.

Pendant deux semaines, il y eut des tractations, des échanges, entre l’équipe privée de Leistung, et les bureaucrates travaillant pour Emmanuelle von Liebwitz, afin de régler un tas de contingences matérielles et symboliques : Où Leistung allait résider, quelles clés de la ville il allait posséder, comment organiser sa sécurité, comment lui transmettre les dossiers importants… Globalement, Leistung souhaitait garder une équipe restreinte autour de lui, même s’il souhaitait rencontrer tous les bureaucrates et permuter aussi peu de nominés que possible — difficile, quand on est un cultiste secret de Nurgle, de faire trop confiance à beaucoup trop de gens.

Finalement, tout rentrerait bien dans l’ordre. Il n’y avait plus qu’à mettre en place son programme.



Les rues de la Vieille-Ville étaient noires de monde, ce qui était très rare. Les portes gardées du quartier avaient été ouvertes, même avec la contagion et la quarantaine, même avec la peur sociale, même avec la crainte des fanatiques — pendant trop longtemps, Nuln avait été mise sous cloche, et chacun savait que ça ne pouvait pas durer trop longtemps. Leistung avait assuré aux fidèles de la comtesse qu’il appellerait au calme et que le maintien de l’ordre était sa priorité ; aussi, on accepta, dans l’intérêt des deux parties, de faire une cérémonie grandiose, pour montrer la réunion entre le peuple et la comtesse.

L’armée de Nuln avait tout de même été mobilisée pour prêter main-forte au guet et aux mercenaires du Héron Bleu. On croisait des types en uniforme à chaque coin de rue, tandis qu’un tas de curieux et d’électeurs en tout genre avaient allumé des lampes et des lanternes, et encombraient la plupart des avenues.

Leistung s’était fait plus beau que jamais, avec un costume tout neuf et coloré. Sa calèche flambant neuve était constituée de son épouse, de Steiner, de Max’, et d’Irmfried et Frida qui servaient tous deux de gardes-du-corps — et derrière suivaient ses fidèles qui vivaient dans l’ombre, ceux qui admiraient Maximale Leistung sans se douter qu’il était la même personne que le Grand Coësre qui n’était qu’une rumeur, ou un délire de mutants des égouts.

La foule s’arrêta aux portes du château de la comtesse. Là, les portes étaient gardées par de solides Tiléens en armures de plates complètes. Et derrière, les invités étaient beaucoup plus restreints. On ouvrit la porte de la calèche de Reinhard, on invita tout le monde à suivre un grand tapis vermeille dans la cour qui menait jusqu’à l’entrée.
Sauf Leistung.

Leistung, un élégant chambrier accompagné de mercenaires lui demandait de bien vouloir le suivre — et tous deux contournèrent le bâtiment, pour aller jusqu’à une petite antichambre.
Il reconnaissait parfaitement cet endroit.
C’était là où on avait emmené Emma Silverstein après l’avoir sortie de prison, quand il espionnait ses souvenirs. Bizarrement, il était incapable de retrouver les rêves de la prêtresse depuis l’attentat sur le navire, il y a des mois de ça. Peut-être était-elle morte.


On fit entrer Maximale dans une petite pièce élégante, avec des tableaux, des broderies, du marbre partout, et une immense table en chêne sertie de napperons en soie et de corbeilles de fruits exotiques. Et tout au bout, assise sur un fauteuil de velours, une femme — la plus belle femme qu’il ait jamais vu de toute sa vie.
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Il avait déjà vu des tenues « extravagantes ». Le mot ne convenait même pas à la mise de cette femme. Son épaulière était un tas de dorures, probablement une matière légère qui en avait été plaquée pour que ça ne soit pas lourd comme de l’or pur, mais tout de même — ça représentait des chérubins en train de danser et de jouer de la musique. Gants blancs, plumes de grands oiseaux, elle tenait même entre ses mains un serpent avec lequel elle était en train de jouer : probablement que l’animal venait d’Inja.

Derrière elle, se tenait l’être humain le plus massif au monde :
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Trapu, costaud, il devait faire bien sept pieds de haut au moins — on aurait dit un Nain, mais un Nain gigantesque. Où donc avait-elle trouvé un garde-du-corps de cette trempe ?
Il se tenait silencieusement derrière elle. Un peu trop proche pour que Reinhard puisse se sentir à l’aise. D’autant plus qu’il portait à sa ceinture une épée spéciale, à l’acier sombre, solide, le pommeau gravé de runes Naines, et qui suintait d’un peu de magie stable ; un Croc runique, une arme légendaire de l’Empire.


La femme était, c’était sûr, Son Altesse Illustrissime, Emmanuelle II von Liebwitz-Meissen, grande-comtesse de Nuln, comtesse du Wissenland, baronne du Solland, duchesse de Meissen, seigneuresse de Dottrahof, Grätz, Rohrhausen, Maselhof, Steinheim et Höslwang, protectrice du Sud, et électrice de l’Empire.


Cette femme était la femme la plus puissante de tout le sud de l’Empire. Une amie personnelle de Karl-Franz. La cheffe ultime, suprême, absolue, de Nuln et de tout ce qu’il y avait autour. Celle dont Reinhard avait toujours entendu parler, sans jamais la voir.

Et à présent, elle levait ses yeux, fit la moue, et lui parla d’une voix froide qui tentait d’être un peu agréable :

« Bonsoir à vous, monsieur le bourgmestre.
Je souhaitais m’entretenir personnellement avec vous, avant la cérémonie très officielle. Installez-vous. »


Elle désigna la chaise tout de suite à sa droite. Derrière elle, des valets en gants blancs arrivaient avec des plateaux d’argent, surmontés de flûtes en cristal et d’aspics de gibiers rares.
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Reinhard Faul
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Re: [Le Coësre] Le Nouvel Ordre

Message par Reinhard Faul »

Ces dernières semaines ça avait été un défilé, à la fois épuisant et ennuyeux, puisque je ne pouvais pas utiliser la magie mis à par pour me grimer en bourgeois. Si il m’était resté une seule illusion sur la nature humaine, elle est morte pendant cette campagne après avoir vu des gens tracter, négocier ou applaudir sans réserve les moindres conneries qui me sortaient de la bouche. Pour une bande d’amateurs, on s’en est bien sorti puisque j’ai gagné. J’en suis le premier surpris. J’ai eu l’impression de beaucoup subir ces dernières semaines, même si il m’est arrivé de faire par hasard quelques suggestions presque pertinentes. Je peux te dire que ça a brassé des heures à propos de tel quartier, tel noble, tel notable. Maintenant je connais tous les foutus coins de Nuln mieux que jamais à force de tapiner à droite à gauche, à tel repas ou autre sauterie de dégénérés. Est ce que ça a éveillé chez moi des scrupules à tout détruire après avoir croisé tous ces gens ? Absolument pas.
Emma ? La boucherie sur le bateau ? C’est comme si ça n’avait jamais existé. J’ai dû expliquer que j’avais fui pour sauver ma femme – personne ne me l’a reproché, je ne suis pas un combattant. Il y a bien eu quelques rumeurs dans les rues d’un vol de bestioles maléfiques traversant le fleuve, mais ça n’a pas duré.

Néanmoins deux choses pas très politiques se sont passés pendant cette période. D’une part, j’ai développé un sentiment de respect et de… tendresse, en quelque sorte, envers Valitch. Nous ne nous sommes pas revus en privé depuis la nuit au manoir, mais les blagues sur son côté Tzeentchie me viennent moins facilement quand je la croise. C’est pas dans l’ordre des choses mais c’est comme ça.
De l’autre, j’ai envoyé quelques membres de la secte me chercher les ingrédients pour la potion des notes de Mémé. Celle qui permet de parler en privé, loin des oreilles indiscrètes de Furuga’th. Je sais que je vais recroiser la vieille dans un avenir proche, et je me suis dit que ça serait hm… utile. Au cas où quoi.

Là présentement on se rend au château de la comtesse. Comme d’habitude, mes pensées sont principalement tournées vers l’embarras que je ressens à être grimé comme un putain de guignol. Mon costume pour cette occasion pèse plusieurs kilos, il a fallu des valets pour m’aider à m’habiller – parce que oui, il y a des domestiques dans la maison où je séjourne, c’est super chiant. Hors de question d’aller chez la comtesse dans une tenue bourgeoise « normale », qui exigeait déjà de moi beaucoup de patience. Je ne peux pas tourner la tête normalement. Il y a de la dentelle qui dégueule de mes manches - je ne sais pas encore comment je vais manger sans en foutre partout. Le chapeau est plus grand, et il a des plumes. Et prions pour que je n’ai pas besoin de pisser ce soir !

La calèche s’arrête, je descends avec des allures de biche effarouchée parce que j’ai peur d’être déséquilibré par le poids du brocard et du baudrier en cuir épais autour de mon ventre. J’ai l’impression d’être un de ces petits chiens que certaines dames nobles portent partout, à qui elles font porter des vêtements. Peut être que ces pauvres bêtes se rappellent leur cousinage avec des molosses et qu’elles ont la haine. Moi je l’ai en tout cas.

Et alors que ma cervelle est plutôt concentrée sur ces détails prosaïques, un domestique m’attire ailleurs. Ça sent le putain de traquenard. Je dois faire semblant de ne pas connaître les lieux, parce que je ne les ai vu qu’en rêves, mais on m’amène dans un lieu privé où m’attend la comtesse Emmanuelle, en toute simplicité. Le truc qui m’attire l’oeil en premier c’est qu’elle a un putain de buffet en or sur l’épaule, à côté j’ai l’air habillé presque normalement. Et puis le serpent.

J’ai peur des serpents, ce qui ne m’a jamais semblé extraordinaire. Personne n’aime croiser un serpent. Du coup je reste quelques secondes comme un con à regarder les mains de la comtesse et la petite bête aux écailles rouges qui se faufile entre ses doigts. Est-ce que je dois dire « pardon votre Altesse vous avez un serpent sur vous » ? Elle a l’air déjà au courant, ainsi que le grand monsieur armé qui se tient près d’elle. Ça l’oblige à parler avant que j’ai pu présenter mes hommages, parce que je la fixe d’un air ahuri, paniqué par la présence de l’animal. Après qu’elle ai dit quelques mots, je me ressaisis et m’incline profondément. J’aimerais qu’Heidemarie soit avec moi, c’est très malin de leur part de m’avoir séparé de mon « épouse » parce que je suis comme un poulet sans tête quand elle est pas là. Je sais quand même vaguement comment être poli, alors je dis :

« Bonsoir votre Altesse, c’est un honneur de vous rencontrer. »

Elle m’a fait signe de m’asseoir juste à côté d’elle. C’est un honneur bien sûr, mais ça me rapproche aussi dangereusement du serpent. Qu’est-ce que je peux faire ? Rien. Je peux pas dire à cette dame que son animal de compagnie m’incommode. Du coup j’obéis, j’ai pas le choix. J’ai moins peur du reptile que de la femme qui le tient. C’est la comtesse Emmanuelle, elle pourrait me faire jeter dans le fleuve si ça lui passe par la tête, prévôt des marchands ou pas. Dans cette pièce j’ai intérêt à être extrêmement prudent. Pendant mes discours politiques j’ai pris garde à ne jamais énerver les gens importants, mais enfin… parfois c’était un peu limite en lisant entre les lignes. Et puis l’humour on oublie, définitivement. Pas de taquineries potaches sur Nuln, ses habitants, ou quoique ce soit.

Il me faut une maîtrise de moi comme j’en ai rarement eu besoin pour ne pas faire des mines effrayées en m’asseyant. J’ai quand même une posture un brin tendue, mon malaise est flagrant. Ça n’a pas l’air de beaucoup déranger la comtesse, elle sourit, puis rapproche le serpent de son visage pour lui faire un petit bisou. J’ai failli hurler. Quand je serais un démon, je lui ferais bien payer ce moment à cette connasse sadique.

Les domestiques nous servent des petites saloperies hors de prix. Des alcools raffinés et de la nourriture délicate. J’ai déjà vu des aspics ailleurs, je sais ce que c’est. En l’occurrence, des ovales de gelée avec des morceaux de viande qui flottent dedans. On dirait de la bouffe pour chat. De toute façon j’ai pas faim parce que je suis à table avec une putain de saloperie de serpent de merde !
Natus est cacare et abstergere coactus est.
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Lien Fiche personnage: Ici

Stats :
Voie du sorcier de Nurgle (Profil avec empreintes occultes et mutations)
For 9 | End 14 | Hab 10 | Cha 6 | Int 15 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 9 | Foi 8 | Mag 18 | NA 3 | PV 140/140

Mutations/marques :
Nuages de mouches : -1 ATT/PAR/TIR/INI pour toutes les personnes à moins de 6m
Plaies suppurantes : 1d3 dégâts retranchés à chaque blessure
- Morsure Venimeuse : Poison hallucinogène
- Hideux (Effet : Peur)
- Organe du Chaos (-1 CHA/HAB, +1 END, +5 PV)
Pourriture de Neiglish : Porteur sain
Protection de Papy : 2d4 PdC à chaque critique en incantation
Grimoire :

- Lumière : À appliquer sur un objet ; Fait de la lumière pendant 1h
- Flammèche : Petite étincelle au doigt pendant une minute
- Météo : Connaît la météo prochaine
- Repos : Peu faire se détendre quelqu'un

- Infestation de Nurglings : 24m / 1d4 tours / Projectile magique. Une fois qu'une personne est touchée, elle subit 10+2d10 dégâts magiques par tour / Dès la fin du sortilège ou la mort de l'ensorcelé, des bubons explosent, libérant 2d3 amas de chair, qui sont autant de nurglings
- Fontaine putride : 6m / Instantané / 30+2d10 dégât devant lui + gain de 7 armure temporaire magique / +5 dégât par point de MA
- Gerbe corruptrice : 12m / 10+1d10 dégât dans une zone de 6m, esquivable ; métal rongé après 1d4 tours / -1 esquive par MA

- La multitude fait le tout : Se change en nuée de mouches
- Prodigieuse santé : Contact / Devient ultra bogosse et ultra chad
- Grande invocation de petits amis : Invoque des insectes pour servir d'ingrédients
- Immonde messager : Peut envoyer des messages twitter (Caractères limités)
- Allégresse fétide : Supprime toute douleur mentale ou physique
- Divine urgence : Force la cible à faire un jet d'END. Diarrhée en cas d'échec.
- Paludisme dévorant
- Vent de Nurgle
- Torrent de corruption

- Invocation : Nurglings
- Invocation : Bête de Nurgle
- Invocation : Porte Peste
- Octogramme de conjuration
Compétences :
- Résistance accrue : +1 END aux jets testant la résilience physique (Fatigue, drogue, alcool, torture...)
- Vol à la tire : +1 pour escamoter quelque chose
- Baratin : +1 pour endormir la vigilance de quelqu'un
- Déplacement silencieux : +1 pour fureter quelque part
- Déguisement : +1 pour s'infiltrer en étant déguisé
- Alphabétisation
- Autorité
- Humour
- Empathie
- Coriace

- Sens de la magie : Sur un test, détecte les événements magiques
- Incantation (Domaine de Nurgle)
- Maîtrise de l'Aethyr (Nurgle) : 3
- Contrôle de la magie
- Divination (Oniromancie) : Sur un test au cours de son sommeil, peut découvrir la destinée de certains personnages
- Langue hermétique (Langue Noire) : Parle la langue immonde du Chaos
- Confection de maladies : Peut fabriquer des maladies communes et rares
- Connaissance des démons
Équipement de combat :
- Bâton démoniaque : 2 mains ; 10+1d8 dégâts ; 8 parade ; Assommante & Utilisable seulement par les classes magiques. +1 PAR
- Pistolet à répétition : 46+1d8 dégâts, malus -2 TIR/8 mètres, peut tirer cinq fois à la suite avec un malus de -1 TIR par chaque nouveau canon qui fait feu
- Agaga (Épée à une main) : 18+1d10 dégâts ; 13 parade ; Rapide, Précise, Perforante (2) ; +1 INI
- Cocktail Molotov (x4) : Dans un rayon de 1m, toute personne qui est touchée par la bouteille prend trois états de « Enflammé ». Dans un rayon de 2m, c'est 2 états seulement. Dans un rayon de 3m, un seul état.

- 15 balles et poudres

- Tenue de cultiste de Nurgle : 5 protection ; Tout le corps sauf tête

- Anneau d'Ulgu : Lorsque porté, vous pouvez faire croire à ceux qui vous entourent que vous êtes un humain lambda (sans mutation aucune ni trait particulier) pendant 1 heure. Vous ne pouvez utiliser cette capacité qu’une fois par jour. Vous ne pouvez pas prendre l’apparence d’une personne en particulier.

- Miroir de la Demoiselle d'Acques
- Cor de la harde des Museaux Annelés
Équipement divers :

- Marque de Nurgle
- Caresse de la vipère (poison) : Un sujet blessé par une arme enduite de ce venin doit réussir un jet d'END-4 sous peine de mourir dans END minutes. Chaque minute avant sa mort, le sujet subit 5 points de dégâts non sauvegardables, et un malus cumulable de 2 à ses caractéristiques.


- Couverts en bois
- Sac à dos
- Couronnes dentaires en bois
- Tatouages
- Porte-bonheur

- Sap-biscuit

- Costume de répurgateur + Fleuret (Déguisement)
Divers divers :

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Le Coësre] Le Nouvel Ordre

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

« Je vous en prie. L’honneur est tout pour moi, monsieur le bourgmestre. Je trouvais très important de pouvoir converser en personne avec celui qui a suscité tant d’émoi parmi mon peuple de Nuln, en bien comme en mal. »

La voix de l’Électrice était bizarrement éthérée. Claire, monotone. Il n’y avait strictement aucun sentiment qui transparaissait dans le ton qu’elle employait, alors même que ses mots prenaient au moins l’apparence de l’amabilité.
Elle était plus noble que tous les nobles que Reinhard avait jamais rencontrés. Les aristocrates savaient très bien comment faire semblant, la façon dont se maîtriser en public, d’offrir un visage public qui masquait leur vérité tapie en-dessous d’eux ; mais Emmanuelle von Liebwitz n’avait pas la cuistrerie des von Bedernau, ces ploucs qui s’étaient élevés en investissant dans des mines et en pillant les fiefs volés à la vieille noblesse Sollandaise. Elle avait un air beaucoup plus régalien, et une dignité plus impérieuse. Celle d’une famille qui était véritablement noble.

Elle tendit son bras, alors que le serpent s’enroulait autour. Et lentement, elle battit des cils, avant de plonger ses yeux bleus cachés derrière son masque dans ceux factices de Maximale Leistung.

« En tout premier lieu, mon chancelier vous les a déjà transmises, mais j’aimerais réitérer de vive voix mes félicitations républicaines pour votre victoire. »

« Républicain » était sans doute le plus neutre et le plus banal des adjectifs qu’on puisse employer pour féliciter qui que ce soit. Il n’y avait pas besoin d’être grand clerc pour que Reinhard parvienne à sentir un grand malaise —
Emmanuelle le détestait.

Et pourtant, sa manière d’afficher sa détestation était de lui offrir un verre. Le maître d’hôtel, un valet si bien vêtu qu’il passait pour un grand chevalier, avec des médailles et des colliers d’or, annonça le breuvage dont il venait de verser à peine un doigt au prévôt des marchands :

« Brandy Marennes, de la Réserve Royale de Parravon — cuvée 2470. »

Même un cuistre comme Reinhard connaissait le nom du vin.
C’était l’alcool le plus exclusif du monde entier. Un domaine lié à la couronne du roy Louen, qui ne produisait que douze bouteilles par an d’un cognac d’exception, son vin distillé dans de la glace et du sable de diamants — et soixante ans d’âge, en plus de ça. La bouteille ne se chiffrait pas en centaines de couronnes ; elle se chiffrait en milliers.
Toute sa campagne de ces derniers mois devait valoir à peine plus que cette bouteille d’alcool. Si Emmanuelle voulait trouver un moyen de rabaisser quelqu’un, elle n’aurait pas pu trouver mieux.

Elle leva son verre de cristal, et hocha de la tête, avant de poser une question d’un ton clair et presque inquisiteur :

« À quoi portez-vous donc un toast ? »

Un test. Très clairement. Un test où, quel qu’en soit la réponse, elle boirait tranquillement sa gorgée, avant de reposer le verre, et d’élégamment sécher ses lèvres avec son napperon en soie de Cathay.

Puis, elle lèverait son serpent, et le tendrait vers une jolie damoiselle de compagnie, en grande robe à traîne et corset décolleté, le visage blanchi par du maquillage. La damoiselle partirait avec le serpent, et les valets reculeraient, de même que l’énorme garde-du-corps avec le croc runique — pour laisser Maximale dans un semblant d’intimité totalement faux, vu qu’il restait une dizaine de personnes dans la pièce.

« Je dois dire — votre candidature surprise a, au cours de ces dernières semaines, provoqué de très nombreux rebondissements au sein de mon conseil restreint, et des changements d’émotions bien vifs alors que votre nom est revenu de plus en plus souvent dans la bouche de mes mignons. Cela me rappelle une citation fameuse, d’un grand homme politique de Tilée :
« En premier lieu, ils vous ignorent.
Ensuite, ils se rient de vous.
Après quoi, ils vous combattent.
Et enfin, vous gagnez. »

Connaissez-vous l’auteur de cette citation ? »

Il n’en avait aucune idée.

« Orso Antenoreo. Un jeune homme de la classe populaire, mais marchande de Verezzo, qui a vécu dans la deuxième moitié du XXIVe siècle ; l’ère des troubles et des guerres civiles en Tilée. Il était charismatique, séduisant, et savait manipuler les foules — un peu comme vous, monsieur le bourgmestre.
C’est lui qui a convaincu les grandes familles et les capitaines de condottas de renverser le prince de Verezzo. Il a dirigé une foule en colère qui s’est rendue chez le gouverneur de la cité, et ils l’ont pris dans son lit, arraché à sa famille — violé ses filles et tué ses garçons. Lui-même, ils l’ont castré, donné ses parties à manger à des chiens, l’ont traîné dans toute la ville, avant de le débiter en morceaux et de le jeter au fleuve.
Nous sommes terriblement inspirés de lire notre histoire et d’en tirer des enseignements — ma belle Heidemarie ne vous-a-t-elle donc pas enseigné un peu de lecture académique ? »


Cette fois-ci, elle souriait. Et d’un sourire terrible, mesquin, avec ses dents d’un blanc éclatant. Son petit discours pérorant avait un tas de sous-entendus outrageusement évidents.
En fait, le Grand Coësre pourrait même faire le vexé d’être ainsi franchement comparé avec un violent qui renversait le pouvoir. Elle aurait pu trouver un sous-entendu plus subtil.

« Il est vrai que vos discours ont une fraîcheur séduisante, même s’ils ont une apparence grossière et rustre — un peu comme votre aspect, si vous me permettez… »

Elle venait de fleureter et l’insulter dans la même phrase.

« Et puis, c’est vrai que ma belle Nuln pullule d’étrangers… Comme si ces rats de Stirlander bigots et ces Averlander paillards ne suffisaient pas, les fonderies ont des ventres si énormes — et les propriétaires des-dites fonderies ont des bourses si radines — qu’elles importent des bras d’outremont, des Bretonniens qui ne parlent même pas la langue, et des Tiléens qui ne savent rien faire d’autre que former des bandes criminelles et attaquer des navires ; mes navires, dont celui où se trouvait ma nièce et vous-même, d’ailleurs.
Peut-être serait-il bon que quelqu’un comme vous fasse le ménage… »


C’était faux.
Tout ce qu’elle venait de dire était faux. Un immense piège.
Emmanuelle la libérale ; Emmanuelle la tolérante ; Emmanuelle la cosmopolite ; Celle qui cite des livres Tiléens, qui est entourée d’artistes étrangers, dont la garde rapprochée elle-même est constituée de militaires venus de Remas et Miragliano — comment pourrait-elle tenir de tels propos aussi grossiers ?

Elle était en train de tester Maximale Leistung. Elle voulait voir si le prévôt des marchands était réellement un xénophobe, ou s’il endossait simplement cette personnalité pour se faire élire, pour créer un débat facile à gagner, qui divisait des bateliers et des ouvriers entre eux et les empêchait de se retourner contre lui, un marchand.

Visiblement, si Maximale voulait être apprécié de la comtesse, il fallait lui faire croire qu’en privé, maître Leistung n’avait pas d’ire particulière face aux immigrés…

Jets d’intelligences : 2 et 8.
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Reinhard Faul
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Re: [Le Coësre] Le Nouvel Ordre

Message par Reinhard Faul »

« Hmmm… à l’avenir de Nuln ? Puisse-t-il ressembler à hier. »

Puis je sirote le vin. Pour être honnête, si on me l’avait servi dans une taverne de la Faulstadt, je n’aurais même pas fait la différence. Je n’ai pas un palais très développé. Puis là mon esprit est ailleurs, j’essaie de ne pas verdir de rage face à la comtesse Emmanuelle.

Je m’imagine la jeter au sol, l’immobiliser de tout mon poids puis lui vomir du pus magique et corrosif au visage. Elle hurlerait. Ses insultes seraient lavées par ma bile, tandis que son beau visage fusionnerait avec son masque, ses cheveux, le sol en dessous. Et elle mourrait. Oui, je vais la tuer quand je deviendrai un démon, et j’y prendrais beaucoup de plaisir. Pour l’instant je dois me concentrer pour ne pas afficher un sourire de pervers devant le spectacle de ma propre imagination. Je dois encore endurer ces conneries – et je n’en peux plus. Je réponds à sa question à propos de Heidemarie :

« Si, un peu, mais mes lacunes en la matière sont considérables, comme vous pouvez l’imaginer Votre Altesse. En tout cas je n’ai pas les illusions de grandeur de ce monsieur Antenoreo. »

Je suis fou de rage, mais je crois savoir ce que veut la comtesse : ma soumission absolue à la noblesse de ce pays, la conscience de ma propre infériorité, mon admission que nous ne jouons pas dans la même cour. Comme pour l’instant mon but c’est qu’elle me laisse tranquille et qu’elle ne me voit pas comme une menace, je joue le jeu à fond.
Ensuite elle fait une petite remarque sur mon physique, comme la moitié des nobles de cette ville semble-t-il. Je retiens une petite grimace de dégoût. J’en ai marre qu’on me reluque comme un morceau de viande, que ça soit homme ou femme. Ce n’est plus flatteur ni amusant. Les nobles ont une façon bien à eux d’être des dégénérés, ils croient jouer à des jeux quand en réalité les trois quarts du temps c’est un vieux barbon ivre mort qui vient me souffler des paillardises peu inspirées au visage. Je trouve ça humiliant, et ça vient me blesser d’une façon nouvelle que j’ai encore du mal à comprendre. Ça aussi, ça sera rendu au centuple quand je deviendrais un démon.

Quant aux paroles suivantes de la comtesse, le piège est évident. Je hausse des épaules et prend le ton de la confidence :

« Le ménage de quoi ? Comment pourrions-nous vivre en vase clos ? Je n’ai pas le pouvoir d’isoler Nuln du reste du monde. »

Mais je l’aurais bientôt ma jolie, ne t’inquiète pas.
Natus est cacare et abstergere coactus est.
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Lien Fiche personnage: Ici

Stats :
Voie du sorcier de Nurgle (Profil avec empreintes occultes et mutations)
For 9 | End 14 | Hab 10 | Cha 6 | Int 15 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 9 | Foi 8 | Mag 18 | NA 3 | PV 140/140

Mutations/marques :
Nuages de mouches : -1 ATT/PAR/TIR/INI pour toutes les personnes à moins de 6m
Plaies suppurantes : 1d3 dégâts retranchés à chaque blessure
- Morsure Venimeuse : Poison hallucinogène
- Hideux (Effet : Peur)
- Organe du Chaos (-1 CHA/HAB, +1 END, +5 PV)
Pourriture de Neiglish : Porteur sain
Protection de Papy : 2d4 PdC à chaque critique en incantation
Grimoire :

- Lumière : À appliquer sur un objet ; Fait de la lumière pendant 1h
- Flammèche : Petite étincelle au doigt pendant une minute
- Météo : Connaît la météo prochaine
- Repos : Peu faire se détendre quelqu'un

- Infestation de Nurglings : 24m / 1d4 tours / Projectile magique. Une fois qu'une personne est touchée, elle subit 10+2d10 dégâts magiques par tour / Dès la fin du sortilège ou la mort de l'ensorcelé, des bubons explosent, libérant 2d3 amas de chair, qui sont autant de nurglings
- Fontaine putride : 6m / Instantané / 30+2d10 dégât devant lui + gain de 7 armure temporaire magique / +5 dégât par point de MA
- Gerbe corruptrice : 12m / 10+1d10 dégât dans une zone de 6m, esquivable ; métal rongé après 1d4 tours / -1 esquive par MA

- La multitude fait le tout : Se change en nuée de mouches
- Prodigieuse santé : Contact / Devient ultra bogosse et ultra chad
- Grande invocation de petits amis : Invoque des insectes pour servir d'ingrédients
- Immonde messager : Peut envoyer des messages twitter (Caractères limités)
- Allégresse fétide : Supprime toute douleur mentale ou physique
- Divine urgence : Force la cible à faire un jet d'END. Diarrhée en cas d'échec.
- Paludisme dévorant
- Vent de Nurgle
- Torrent de corruption

- Invocation : Nurglings
- Invocation : Bête de Nurgle
- Invocation : Porte Peste
- Octogramme de conjuration
Compétences :
- Résistance accrue : +1 END aux jets testant la résilience physique (Fatigue, drogue, alcool, torture...)
- Vol à la tire : +1 pour escamoter quelque chose
- Baratin : +1 pour endormir la vigilance de quelqu'un
- Déplacement silencieux : +1 pour fureter quelque part
- Déguisement : +1 pour s'infiltrer en étant déguisé
- Alphabétisation
- Autorité
- Humour
- Empathie
- Coriace

- Sens de la magie : Sur un test, détecte les événements magiques
- Incantation (Domaine de Nurgle)
- Maîtrise de l'Aethyr (Nurgle) : 3
- Contrôle de la magie
- Divination (Oniromancie) : Sur un test au cours de son sommeil, peut découvrir la destinée de certains personnages
- Langue hermétique (Langue Noire) : Parle la langue immonde du Chaos
- Confection de maladies : Peut fabriquer des maladies communes et rares
- Connaissance des démons
Équipement de combat :
- Bâton démoniaque : 2 mains ; 10+1d8 dégâts ; 8 parade ; Assommante & Utilisable seulement par les classes magiques. +1 PAR
- Pistolet à répétition : 46+1d8 dégâts, malus -2 TIR/8 mètres, peut tirer cinq fois à la suite avec un malus de -1 TIR par chaque nouveau canon qui fait feu
- Agaga (Épée à une main) : 18+1d10 dégâts ; 13 parade ; Rapide, Précise, Perforante (2) ; +1 INI
- Cocktail Molotov (x4) : Dans un rayon de 1m, toute personne qui est touchée par la bouteille prend trois états de « Enflammé ». Dans un rayon de 2m, c'est 2 états seulement. Dans un rayon de 3m, un seul état.

- 15 balles et poudres

- Tenue de cultiste de Nurgle : 5 protection ; Tout le corps sauf tête

- Anneau d'Ulgu : Lorsque porté, vous pouvez faire croire à ceux qui vous entourent que vous êtes un humain lambda (sans mutation aucune ni trait particulier) pendant 1 heure. Vous ne pouvez utiliser cette capacité qu’une fois par jour. Vous ne pouvez pas prendre l’apparence d’une personne en particulier.

- Miroir de la Demoiselle d'Acques
- Cor de la harde des Museaux Annelés
Équipement divers :

- Marque de Nurgle
- Caresse de la vipère (poison) : Un sujet blessé par une arme enduite de ce venin doit réussir un jet d'END-4 sous peine de mourir dans END minutes. Chaque minute avant sa mort, le sujet subit 5 points de dégâts non sauvegardables, et un malus cumulable de 2 à ses caractéristiques.


- Couverts en bois
- Sac à dos
- Couronnes dentaires en bois
- Tatouages
- Porte-bonheur

- Sap-biscuit

- Costume de répurgateur + Fleuret (Déguisement)
Divers divers :

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Le Coësre] Le Nouvel Ordre

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Jet de charisme de Reinhard : 8, réussite.

Les jeux sont faits.
Emmanuelle von Liebwitz sourit d’un grand sourire satisfait. Elle hocha la tête aux quelques phrases de Maximale. Après avoir marqué une petite pause, durant laquelle elle sirota la fin de son brandy, elle reposa le verre et reprit la parole :

« J’avais de nombreux a priori à votre sujet. Mais vous semblez très doué pour les premières impressions.
Nous collaborerons, monsieur le bourgmestre. Dans l’intérêt de Nuln. Et des affaires. »


Elle se releva dignement. Immédiatement, les valets et dames de compagnie se pressèrent autour d’elle, pour tenir sa robe, tendre une serviette ou bien refixer la décoration à son épaule.

« Allons donc officialiser votre élection. »




On avait prévenu Reinhard sur l’organisation protocolaire de la cérémonie. On l’avait fait bien réviser, deux fois. Mais au cas où il était véritablement idiot, le pauvre prévôt Leistung était entouré d’au moins trois chambellans, d’élégants vieux messieurs en robes noires, couverts de médaillons et colliers d’or, qui l’accompagnaient et ne cessaient de tout lui indiquer par de légers mouvements de mains gantées de blanc.

Maximale Leistung entrait dans le palais de la comtesse. La pièce était pleine à craquer. Des chaises disposées en de nombreux rangs permettaient à des invités de bien observer — il y avait là les soixante-dix notables élus par le peuple, des bourgeois, des aristocrates, des militaires habillés en officiers, des prêtres, un duo de Nains, des survivants de l’attentat contre le bateau ; Ruchen et les von Bedernau, les alliés de Maximale, évidemment. Et beaucoup de journalistes, debout dans un coin, solidement gardés par des militaires. Kassel se trouvait parmi eux. Le mari de Valitch griffonnait à toute vitesse, alors qu’on croquait des portraits du prévôt. Il y eut même un flash lumineux — une machine à fixer la lumière du collège de Hysh, afin d’immortaliser des instants de la vraie vie sur de l’argentique.

Maximale alla tout au bout de la salle d’apparat, où se trouvait dressé sur des marches en marbre le trône de la grande-comtesse. Emmanuelle était toute droite, figée comme une statue, avec autour de son front un diadème de pourpre et d’or, dans sa main gauche un sceptre, dans sa droite une main de justice ; à ses côtés, des aristocrates en grandes tenues de cérémonie, ainsi que son garde-du-corps géant, tenaient des petits coussins rouges brodés, sur lesquels se trouvaient des décorations, des bijoux, et, pour le cas du costaud, l’immense Croc runique, Verse-le-Sang.

Il y avait là Karl Fleissig, aussi. L’ex-prévôt des marchands était tout rouge et étonnamment souriant. Il empestait le champagne. Il était debout devant un pupitre, sur lequel il y avait un document qu’il signa. Reinhard vint à ses côtés, guidé par les chambellans, et prit lui aussi sa plume pour signer le papier. Ils s’échangèrent quelques paroles inutiles, Fleissig le félicitant et lui souhaitant bonne chance, Leistung le remerciant de son travail — puis ils se serrèrent la main, et la machine à capturer la lumière cliqueta et fit un nouveau flash, alors que les croqueurs griffonnaient leurs croquis.

Maximale fut invité à se tourner, pour être de côté, afin d’afficher un profil à la comtesse, et l’autre côté aux invités. Marieke van der Pressen, qui tirait la gueule, s’approcha. Elle était accompagnée de deux prêtresses de Véréna, toutes les trois habillées avec les costumes de l’université, et elles portaient ensemble une petite boîte en argent serti de bijoux.
Marieke annonça :

« Le crâne de Saint-Dieter le Juste de Nuln ! »

Une âme vénérée de Véréna, patron-saint des procureurs, hommes de loi, et de Nuln — un juge d’instruction, qui avait mis un tas de mafieux en prison, avant d’être tué horriblement chez lui par une bande de fidèles du Cercle Huydermann, qui lui avaient arraché la langue et cloué à son front.
Heureusement, on ne demanda pas à Reinhard de toucher la relique elle-même, mais simplement le reliquaire. Cette sensibilité toute moderne sauva probablement le prévôt ; Reinhard connaissait le pouvoir de la foi, et des saints qui protègent la ville. Il pouvait sentir, sous l’argent, la force de l’ex-juge, qui souhaitait protéger sa ville.
Mais non. Reinhard posa juste le bout de ses doigts sur la boîte, et attendit que Marieke prononce la profession :

« Jurez-vous sur cette sainte-relique, devant les hommes et les Dieux, sur votre âme et votre honneur, d’à jamais servir Nuln dignement, de remplir votre charge avec dignité, de refuser de vous rendre coupable de crimes et délits envers les lois terrestres ?
– Je le jure. »

On lui retira la boîte des mains. Alors, Maximale vint poser ses deux genoux sur le sol, devant le trône de la comtesse. Le chancelier de Nuln s’approcha, et lui répéta un nouveau texte plus détaillé sur lequel jurer. Puis, le haut-chambellan baissa un coussin, sur lequel se trouvait l’anneau d’Emmanuelle ; il posa ses lèvres dessus. L’intendant de Nuln lui mit autour du cou un collier, en lui annonçant qu’il obtenait par là des prérogatives seigneuriales négociées par une charte ancienne. Et alors, Emmanuelle prit la parole :

« Maximale Leistung — par ma volonté, et sur recommandation du peuple, tu deviens prévôt des marchands de Nuln. J’accepte ton serment de fidélité et d’assistance, et te confie pleinement les pouvoirs prévus par cette charge. Je te présente les clés de la ville de Nuln, qui sont à présent sous ta garde. »
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Maximale se releva, alors qu’on lui confiait cette clé géante, simplement symbolique. Plus concrètement, on confierait à ses subalternes les clés des différentes portes, de l’écluse, de l’hôtel de ville, et de plusieurs lieux importants. À présent, c’était à lui, et à lui seul, que revenait le pouvoir de contrôler la voirie et la circulation urbaine et fluviale dans toute la cité.

On l’applaudissait, alors qu’il se relevait et remerciait tout le monde, en serrant la main au chancelier, au haut-connétable, à toutes les fonctions importantes de la ville. En fin de soirée, il présenterait à la grande-comtesse la composition de la nouvelle prévôté.
Bernhard Steiner, Maximilian Schneeberger, et même Frida et Irmfried Brandt allaient se répartir de nouveaux postes puissants et bien payés. Les occultistes de Ruchen ne seraient pas en reste. Quant aux vieux fonctionnaires qui n’allaient pas être relevés de leurs fonctions, il faudrait simplement les corrompre au fur et à mesure, et tuer ceux qui ont des états d’âmes et préfèrent Shallya et Véréna au Seigneur des Mouches — mais tout ça, ce n’était que de la politique, après tout.

Reinhard possédait enfin la ville. À présent, les décisions viendraient de lui. Il n’y avait qu’à se mettre au travail.



Pour l’heure, les chambellans dirigèrent Maximale à l’étage, alors que les invités étaient priés de bien vouloir quitter la salle d’apparat pour aller sous le grand préau du rez-de-chaussée écouter la suite. Seuls quelques proches sélects furent admis à suivre Maximale là-haut : les plus proches agents de la secte. Heidemarie, Sigrid, Steiner, Max, Irmfried, Frida, Ebba, Oswin, Waldo, et même ce gros taré de Kurt. Ceux qui avaient partagé toutes les peines de Reinhard, combattu avec lui, tué avec lui. Ceux qui le suivaient depuis les premières heures. C’était leur victoire à eux aussi.

Tout ce beau monde bien habillé, maquillé à l’extrême pour cacher les verrues et les pustules, parfumés jusqu’à en donner mal à la tête pour dissiper leur odeur d’égout, ils montèrent jusqu’à un immense balcon tout au bout du palais de la comtesse.

En dessous de ce balcon, le peuple. Des centaines, voire des milliers de curieux. Des ouvriers, des universitaires, des gens venus avec leurs enfants tenus à la main ou sur leurs épaules. Nuln était à ses pieds. Et on lui offrait, tant de la foule que des gens bien-nés sous le préau, un tonnerre d’applaudissement.

Les chambellans fixèrent des porte-voix en bronze tout le long du balcon, et placèrent sur un pupitre des feuilles de papier qui leur avaient été transmises par le prévôt : son discours, écrit avec l’aide de Valitch. Maximale eut juste à se poser devant, faire un grand sourire. Et il pouvait commencer à parler.





« Mes chers concitoyens — Merci ! Merci pour cela ! Merci pour votre courage, pour vous être battus au cours de cette élection !
Vous vous êtes battus, et vous avez gagné ! »



Ils ne le savaient pas encore, mais le destin de Nuln était scellé. Pas avec des cris, des larmes et du sang — mais avec des cris de joie, des jets de confettis, et des gens qui criaient en boucle un seul mot : « Leis-tung ! Leis-tung ! Leis-tung ! »


« En votant pour moi, vous avez décidé de m’accorder votre confiance. Vous m’avez donné les clés de la ville, dans le but de tout changer — de renouveler la politique, le travail, d’apporter une nouvelle définition de ce que c’est d’être Nulner, d’instaurer un nouvel ordre entre tous ces habitants. Notre candidature, celle portée par vous tous, encourage un programme sans aucun équivalent dans la grande histoire de notre glorieuse cité.
Cette victoire m’engage, et j’en prends humblement acte devant vous. Elle m’engage à utiliser toute mon énergie, et tous mes moyens administratifs, pour reconstruire notre cité, pour ramener sa prospérité, pour assurer le sort du plus petit de ses citoyens — pour, en somme, retrouver notre gloire d’antan ! Revenir à l’époque où Nuln était une capitale digne des Empereurs ! »



Il fallait signer des ordonnances. Recevoir des remontrances du culte de Shallya. Les faire casser devant le Parlement de la comtesse, avec un subtil mélange de promesses, de pots-de-vins, voire de menaces. Mais le résultat serait le même : On ne va pas à l’encontre d’un prévôt nouvellement élu. Tout ce que les servantes de la Colombe pouvaient gagner, c’était quelques semaines.

Bientôt, les postes de quarantaine seraient supprimés. Les miliciens mobilisés ramèneraient leurs armes et leurs uniformes à la caserne, avant de rentrer chez eux. Les entrepôts saisis pour accueillir des malades seraient rendus à leurs propriétaires. Nuln tout entier pouvait souffler : plus de contrôles, plus de mesures d’interdiction, plus de couvre-feu non plus même si cela prendrait encore quelques mois à faire accepter — et alors que le peuple de Nuln se sentirait plus libre, plus à l’aise, plus riche aussi, la Maladie pourrait circuler d’autant plus vite. On laisserait les mesures impopulaires à d’autres.
Mais avec la moitié de l’Empire en proie à la guerre civile, grâce aux amis de Valitch, qui oserait encore s’intéresser à la Peste ? Les militaires font plus peur que les miasmes. C’est ainsi.



« J’ai ce soir, une pensée, pour tous ceux qui n’ont pas voté pour moi — aujourd’hui, je ne suis pas le prévôt de quelques-uns, mais le prévôt de Nuln tout entier. Je ne dirigerai pas avec jalousie, ou népotisme ; je suis un homme de la rue, né à la Faulestadt, travaillant dans le quartier Kaufmann, mon épouse a passé sa jeunesse à l’Aldig — je n’ignore pas la défiance envers les politiciens, et l’hostilité ressentie par certains de mes discours.
À ces personnes, je vous dis : Je vous comprends. Mais j’œuvrerai pour vous. Mon travail consistera à cicatriser notre belle cité, à favoriser l’apaisement, et l’union. C’est pour cela que ma prévôté sera composée de mes anciens adversaires, et qu’il y aura toujours une place à ma table pour les guildes et les cultes — en bon Nulner, je connais et respecte les traditions. Je veux une Nuln qui connaît son passé, afin d’appréhender son futur. »



Valitch partait. C’était leur dernier soir ensemble, avant longtemps. La Tzeentchi offrit ce qu’elle avait promis à Reinhard, en échange de la neutralisation de Nuln — des dossiers. Tout ce qu’elle avait accumulé depuis tant d’années. Du chantage sur des prêtres, sur des maîtres de guildes. Des noms à faire fuiter auprès de répurgateurs de Sigmar. Comme celui de Kavenner.
Gouverner serait difficile, si Leistung souhaitait réellement gouverner. Mais le véritable plan de Reinhard Faul était de semer le chaos, la haine, la méfiance généralisée. Et il avait à présent assez de munitions pour.


« Mon urgence, vous la connaissez, c’est la lutte contre la criminalité. Pendant trop longtemps, la loi de la comtesse a été bafouée sans retenue dans cette ville. La décence, la pudeur, et l’obéissance ont été des valeurs piétinées, alors que partout, tout n’est plus que mafias, bandes violentes, et hérétiques bruyants. Je vous fais ce serment, ici : C’est assez !
D’ici quelques mois, la prévôté initiera une grande réforme du maintien de l’ordre, en accord avec Son Altesse Emmanuelle. Une nouvelle police verra le jour, pour mieux lutter face à tous les actes criminels, petits et organisés, ainsi que de détruire tous les foyers de rébellion contre l’ordre établi ! »



Si le guet de Nuln avait prouvé quelque chose ces derniers mois, c’était bien sa crasse incompétence. Quant au haut-connétable lui-même, le neveu de Karl Richthofen, il n’était plus en odeur de sainteté à la cour.
Maximale Leistung mettrait en place une nouvelle force de police, recrutant les meilleurs dans le guet, et trouvant des compléments dans les rangs grâce au soutien de la famille Schatzenheimer. Les loubards au crâne-rasé couvriraient leurs têtes de képis, alors que discrètement, l’atroce Karl serait libéré de prison.
En échange, Leistung posséderait sa propre milice. Avec une liberté quasi-totale d’enquêter et de séquestrer sur tous ses ennemis.

Des ennemis comme la mafia Sansovino. Ou comme les flagellants de la Rédemption. Après s’être attaqués si ouvertement à la comtesse, pressés qu’ils étaient de découvrir le Grand Coësre, qui pourrait leur en vouloir ?

Et c’est ainsi qu’un magus de Nurgle deviendrait le meilleur ami du Donjon de Fer de la cité.


« Il est temps pour Nuln d’avoir de nouvelles têtes ! De renouveler son administration ! Je veux une Nuln gérée par le peuple, pour le peuple, et uniquement dans l’intérêt du peuple — nous sommes la plus grande ville de l’Empire, et alors que l’Empire s’effondre sous la prédation de quelques-uns, vous verrez que notre futur sera à jamais prospère. Voyez Nuln comme un grand jardin : ce sont nos semailles des prochains mois, qui porteront leurs fruits au moment de la récolte. Et il revient à vous tous, d’agir avec moi, pour entretenir ce jardin. »


Derrière l’ombre d’une cheminée, Eva Seyss braquait une longue-vue sur le visage de Maximale Leistung. Elle ne savait pas encore que, dans quelques semaines, elle serait invitée à retourner chez elle, auprès des Graukappen. La faute à des témoignages, expliquant qu’au moment de l’attaque contre le navire sur lequel se trouvait la gravine Maria-Ulrike, on l’avait vu combattre aux côtés d’une des preneuses d’otages. De toute façon, Karl Franz et sa cour provoquaient déjà bien trop la méfiance des hommes de la comtesse. Une méfiance qui ne pouvait être qu’encouragée par Maximale Leistung.

Nuln pouvait se permettre de s’isoler. Pour ne pas s’effondrer avec le reste de l’Empire. Mais il fallait toujours exporter. Vendre des arquebuses et des canons à tous les camps. De la viande et des vivres, également. Tous ces navires, remplis de marchands qui toussaient ou avaient des crampes d’estomacs.

Un foyer de contamination.

Nurgle est la prospérité. Nurgle est la création et la naissance. Nurgle est l’entropie. Et le peuple de Nuln avait voté pour toutes ces choses-là, de façon bien consciente.


« Gloire à Son Altesse Emmanuelle ! Gloire à Véréna ! Et surtout — Gloire à Nuln ! »


Il y eut une liesse. Maximale quitta le balcon, pour laisser sa place à Reinhard, tandis qu’il embrassait un par un ses cultistes.





Au milieu des Royaumes du Chaos, la prophétie de quelqu’un venait d’être réalisée. L’âme d’une vieille femme, morte au fin fond des égouts, ne put s’empêcher de ricaner. Son fragment de ce qu’elle était, torturé et muté par les énergies du hasard et du chaos, il se mit à sourire. Et la chose dans laquelle elle était enfermée s’agita.
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« HAHAHA ! IL L’A FAIT ! CE MINABLE ASTICOT L’A FAIT !

Ooooh… Hahaha… Nous nous reverrons très vite…


Reinhard Faul ! »



Et c’eeeest la fiin du RP !

Au cours de cette aventure, Reinhard :
— A unifié les cultes de Nurgle de Nuln derrière lui
— A découvert le plan final des Neuf Yeux
— A combattu durement les forces de la Rédemption alliées à la famille mafieuse Sansovino
— A blessé grièvement Eva Seyss, l’agente des collèges de magie à Nuln
— Est devenu le prévôt des marchands de Nuln


Tu gagnes :
– 218 XP grâce à tes posts
– 25 XP de prime de fin de RP
– 22 XPm pour tes sorts et ton utilisation prolongée de la magie
– Une mutation supplémentaire pour ton utilisation prolongée de la magie
(Dring dring dring, sur un roll de 1d30 : 11, morsure venimeuse. Je te laisse choisir quel effet tu préfères dans la liste)
– 5 PdC de Tzeentch pour ton alliance avec Valitch, constamment honorée
– 5 PdC de Nurgle pour ton respect envers le culte
– Les clés de la cité de Nuln, et l’hôtel de ville
– Une force de police entièrement loyale et dévouée à toi

La suite… Bientôt.
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