La chambre d'Elinor Helseher était éclairée par une lumière provenant du soleil de Nuln, rendue diffuse par le rideau devant la fenêtre. Le père bibliothécaire était riche, expliquant ainsi l'intérieur de la pièce décoré avec des meubles élégants, sans compter le bois qui semblait de très bonne qualité aux murs et au sol. Les tissus du rideau et du lit n'avaient eux non plus rien à envier, provenant d'après les dires de Dieric Helseher "d'un petit commerce tenu par un ami en Tilée".
Pourtant, et n'en déplaise aux tissus tiléens, le clou du spectacle consistait en la personne elle-même d'Elinor. Enlacée avec Ulricht et ses cheveux bruns étalés sur son oreiller, ses formes attrayantes étaient particulièrement mises en valeur par le jeu d'ombres et de lumières de la pièce. Ses deux bras étaient enroulés autour du torse d'Ulricht, tandis que du côté du jeune Nulnien, une main était posée sur l'une de ses fesses, l'autre sur son sein.
Lorsque ces paupières tombèrent sur le visage serein et endormi d'Elinor, il n'avait que deux choses à l'esprit. Konrad von Halbinsel.
Konrad von Halbinsel. Gravé en lettres de feu dans ses pensées. Il n'aurait même pas pu l'oublier s'il l'avait voulu.
- "Je sais ! Il me l'a révélé !" s'exclama-t-il joyeusement.
Les yeux d'Elinor papillonèrent. Était-ce les paroles d'Ulricht, ses secousses sur son corps ou la fameuse haleine matinale du jeune homme qui l'avait réveillée ?
- "Il... Que... Hein ?" répondit de manière fort peu bourgeoise sa jeune amante.
- "Tzeentch ! Il m'a répondu !"
Les yeux bleus d'Elinor se teintèrent d'inquiétude au nom du Dieu du Changement.
- "Moins fort ! Tu vas finir par nous... Causer des problèmes, à crier de la sorte."
Après un ultime regard préoccupé, son visage se fit plus souriant.
- "Alors, tu vas me dire qui, ou continuer à me regarder bêtement ?"
- "La deuxième solution me paraît bien valable," ronchonna Ulricht avant de se reprendre. "Plus sérieusement, je me suis réveillé avec un nom véritablement gravé dans ma mémoire : Konrad von Halbinsel."
Son poing, toujours posé sur la fesse d'Elinor, se serra.
- "Et dire qu'il était marié à ma sœur. Et qu'il l'a probablement tué ! Cet immonde fils de truie, je..."
- "Eh, tu me fais mal !"
Le poing se desserra.
- "Von Halbinsel... Le père du Konrad n'est pas justement un des plus puissants vassaux de la comtesse électrice Emmanuelle ?"
- "Tout juste," grogna Ulricht. "Rien de moins que la moitié sud du Wissenland, l'ex-Suddenland. Il a collé son foutu fils benjamin dans la cour de la comtesse Emmanuelle pour lui apprendre les règles de la noblesse."
- "Et c'est donc ta cible. Le fils d'un des nobles les plus influents de la région," fit remarquer d'un air sceptique la jeune femme.
- "Peut-être qu'il a le bras long, mais moi aussi !" riposta Ulricht en se redressant. "J'ai beau ne pas avoir donné signe de vie depuis quelques semaines, j'ai toujours des contacts et un réseau !"
- "Mmmh... "
Elinor regardait la cuisse droite d'Ulricht, quelque peu songeuse. "Et ça, c'est quoi ?" fit elle, en pointant une tâche sur la cuisse du jeune nulnien du doigt.
Ulricht suivit son regard. La deuxième chose. Juste sous ses yeux.
- "C'est..." Il hésita. "Il m'a marqué. C'est un de ses symboles." Ulricht gratta inconsciemment la marque. "Il a donné... Et il a pris."
- "Et que dirais-tu de prendre autre chose dans l'immédiat, mmmh... ?"fit-elle de manière aguicheuse.
Un sourire étincela sur le visage d'Ulricht.
- "En voilà une bonne idée !" rétorqua-t-il.