[Raël] Nuln est au dessus des lois

[[MJ] Kriegsherr]

En entendant le plan de Raël, Amalia parut totalement conquise. Elle ne put s’empêcher de siffler d’admiration en regardant son compagnon avec un air impressionné, avant de lui adresser dans un souffle, un grand sourire sur les lèvres :

-Ton plan est génial, Sobek ! Simple, mais c’est ce qui le rend encore meilleur. Et qui plus est il nous évite d’affronter en personne ce Roman von Herzang qui doit vraiment être un excellent combattant s’il est plus fort que toi, parce que franchement je t’ai vu te battre et je peux te dire que tu es de loin le meilleur guerrier que je connaisse…

Le gros Heinz, un peu plus loin dans la pièce, toussa bruyamment à cet instant, interrompant les deux compères. Il leur indiqua la porte de la chambre et en mettant un doigt devant ses lèvres. Il avait dû voir quelque chose que ces derniers n’avaient pas remarqué, car tout semblait normal, à première vue. Aucun bruit suspect n’était audible, et la porte n’avait pas bougé d’un cheveu.
C’est alors que l’aubergiste s’approcha de son employée et du scythien et leur révéla à voix basse ce qui l’avait inquiété :

-Il y a une torche qui éclaire cette partie du couloir, juste de l’autre côté de la porte. Normalement, personne ne devrait venir ici, car cette partie de l’auberge est réservée au personnel et qu’à part Amalia et Héloïse tout le monde travaille en ce moment. Or j’ai vu une ombre passer et cacher l’espace d’un instant le reflet de la torche sur le trou de serrure. Quelqu’un qui ne devrait pas s’y trouver est dans le couloir en ce moment même, et je jurerais qu’il essaye de nous espionner.

Cette nouvelle n’enchanta pas Amalia, mais, déterminée, elle ne perdit pas son calme. Au contraire, elle resta totalement silencieuse en attendant qu’une décision soit prise sur la marche à suivre. Dans un murmure, elle demanda à Raël :

-Qu’est-ce qu’on fait, Sobek ? On bluffe pour l’intoxiquer en restant sur le sujet, mais en lui refourguant de fausses infos ? On fait semblant qu’on parlait de toute autre chose, mais qui nécessitait quand même d’être en privé ? On s’en va comme si de rien n’était ? Ou on sort brusquement en armes pour tenter de le chopper ?

L’espion présumé qui se trouvait dans le couloir était probablement resté complètement immobile, car on n’entendait pas un bruit, au dehors de la pièce. A en croire le gros Heinz, Romain d’Albon avait probablement au moins un homme dans son établissement à toute heure du jour et de la nuit. Ce pouvait-il qu’il s’agisse d’un de ses agents ? Le tenancier du Goret Aveugle avait entendu la dernière proposition d’Amalia et supplia Raël en chuchotant :

-Faites comme vous voulez, mais de grâce, ne me mêlez pas personnellement à tout ça, et évitez de saccager mon auberge ! Par pitié, j’essaye simplement de travailler normalement moi, ne me causez pas d’ennuis, s’il vous plaît…

Le gros Heinz savait que la décision finale allait reposer uniquement sur le choix du guerrier, et avait essayé de dissuader ce dernier d’opter pour une solution qui lui aurait été désavantageuse de son point de vue. Mais il ne semblait pas hostile ni dangereux en lui-même, il ne tenterait pas de gêner le scythien et sa compagnonne quelle que soit leur décision, du moins pouvait-on raisonnablement le supposer.

[Raël Khem]

Un petit sourire éclaircit le visage tanné du Scythien sous les félicitations de l'impériale. Enfin quelqu'un qui reconnaissait sa véritable valeur parmi l'immense troupeau d'imbéciles qui constituait la population de ce pays impie! Ce n'était pas trop tôt. De plus elle avait raison, plus longtemps on évitait l'affrontement avec le vampire, mieux ça serait... Raël ne se souvenait que trop bien de leurs précédentes rencontres.

-"Oui et maintenant il faut que..."

La toux du gros Heinz l'interrompit et quand il se retourna vers lui, vexé, ce fût pour trouver la mine inquiète et la voix basse du tavernier, quelqu'un était là et les écoutait... Sans aucun doute il s'agissait d'un employé trop curieux mais l'aubergiste invalida rapidement cette hypothèse. La situation était critique, s'il s'agissait d'un sbire du vampire, tout ce qu'ils auraient prévu ne servirait à rien. Impossible de savoir ce qu'il avait déjà entendu et compris, mieux valait jouer la sécurité. A voix basse à son tour, Raël conclut:

-"Laissez-moi faire et tenez vous prêts à le bâillonner, je vais le faire rentrer de force. Amalia, parle comme avant, comme si tu voulais finalement changer le plan..."

A pas de loup, il se rapprocha de la porte, tentant d'utiliser le flot de parole de la jeune femme pour couvrir ses bruits de déplacement, quand il arriverait près de la porte, il la tirerait d'un coup sec et se saisirait de l'intrus pour le jeter dans la pièce et l'immobiliser. Rapide et efficace.

A Nehekhara on savait s'occuper des gêneurs, notamment les pilleurs de tombes dans les tavernes qui préparaient leurs plans... Celui-là ne dérogerait pas à la règle.

Si ça peut être utile j'utilise ma compétence "Mort Silencieuse".

[[MJ] Kriegsherr]

Amalia hocha la tête pour acquiescer tout en continuant de parler sur le même ton bas qu’avant. Il n’était pas certain qu’un espion hors de la pièce, avec des oreilles humaines seulement et sans utiliser d’artifice ou de technique d’écoute aux portes ait pu entendre ce qu’elle disait, mais parler brusquement plus fort aurait attiré l’attention dans le cas contraire. L’aubergiste, lui, paraissait horrifié par le choix de Raël, mais il avait compris qu’il serait vain d’essayer de le dissuader d’en changer, et s’était résigner à devoir supporter les conséquences des agissements de « l’ami de son employée ».
Pendant que le scythien se rapprochait à pas feutrés de la porte et se préparait à agir, Amalia le couvrait d’un flot de paroles ininterrompu :

-Oh, non, je sais, j’ai une meilleure idée. Ecoutez-moi, on aura qu’à se faire embaucher et ensuite on serait à l’intérieur, on pourrait de là faire ce que l’on veut et on sera même payés pour ça. C’est un plan infaillible, j’en suis sûr, et d’ailleurs…

Test d’HAB de Raël (bonus de +1D6=5 pour la couverture sonore) : 12. Réussite.
Test d’ATT (bonus de +1 accordé car même si ce n’est pas vraiment mort silencieuse les compétences requises sont à peu près les mêmes) : 8. Réussite.
Test de FOR comparées (bonus de + 4 pour Raël, en comptant la musculation et la surprise) : Raël : 10. Adversaire : 1. Réussite critique. Dommage, c’est pas passé loin !

La porte que Raël ouvrit à la volée révéla un homme de corpulence et de taille moyenne, aux vêtements et au visage banal. Il faisait sûrement partie des clients de l’auberge et non du personnel. L’homme, totalement surpris, ne put rien faire pour éviter la prise du guerrier venu du Sud. Bien qu’il sembla beaucoup plus faible physiquement que son agresseur, l’impérial se débattit par réflexe en s’excitant en tous sens tel un diable en poussant un petit cri étouffé de surprise avant que la main de Khem ne vînt lui couvrir la bouche. Ces mouvements étaient totalement désordonnés, mais ils furent suffisants pour faire lâcher prise au scythien qui tentait de le tirer dans la chambre. Celui-ci avait été repoussé brutalement jusqu’à la porte, ce qui laissa un court répit à l’inconnu. En apercevant l’aubergiste juste derrière Raël, l’homme tenta de l’appeler à l’aide tout en levant ses bras pour de tenter de maintenir son assaillant à l’écart et de stopper le combat :

-Pitié Heinz arrête le ! C’est un fou je ne sais pas ce qu’il me veut ! Je cherchais juste les toilettes ! Je te jure que je me suis trompé !

Mais Amalia qui s’était rapprochée glissa à l’oreille de son compagnon :

-Il ment c’est un habitué de la taverne, et il sait très bien qu’il n’y a pas de toilettes ici.

Le gros Heinz, lui, n’hésita pas une seconde, s’approchant de Raël par derrière comme s’il voulait intervenir en calmant l’agresseur, il lui parla à l’oreille. Au lieu de protéger celui qui implorait son aide, il confirma les dires de son employée :

-Il était là immobile depuis trop longtemps pour s’être juste trompé, et de toute façon il est souvent chez moi et n’aurait pas pu se tromper de cette façon. Et personne ne sait ce qu’il fait : il semble ne pas travailler mais a toujours de l’argent à dépenser quand même. C’est sûrement un espion de von Herzang.

Cette petite pause dans le combat avait permis à Raël de se préparer. En face de lui dans le couloir, l’homme semblait désarmé, mais ses amples vêtements pouvaient dissimuler une dague ou un couteau. Pour l’instant l’homme semblait espérer que ces deux compagnons l’aient dissuadé de repartir à la charge, mais il restait méfiant, attendant une éventuelle réaction violente du scythien...

[Raël Khem]

La sale bête s'était échappée et le voilà à se tenir dans le couloir, aux aguets, faisant l'innocent comme si jamais rien ne s'était passé! Ah vraiment, certains innovaient même dans la lâcheté! Le patron comme la serveuse étaient formels: il ne pouvait pas se tromper sur l'emplacement des latrines, il était nécessairement en train de mentir. Les Dieux savaient reconnaître les tromperies rien que dans la plus faible intonation des mots, pour autant ce n'était pas pareil avec les mortels... Une idée naquit dans la caboche du Scythien. Non, ce n'était pas pareil du tout.

Sombre, il remit son turban sur son visage, pour cacher au maximum ses expressions, c'était l'heure de rire un peu des superstitions paysannes. Après tout, n'était-il pas considéré comme un étranger effrayant? D'un doigt accusateur, il pointa l'inconnu et prononça d'une voix audible:

-"Trop tard! Tu crois pouvoir t'échapper, mais tu es condamné! Tu succomberas à ma sorcellerie!"

Il dût se retenir d'offrir un large sourire à l'auditoire. Heureusement que les tissus noirs couvrant sa bouche cachaient tout ça...

-"Par Ptra! Djaf! Usirian! Asaph (vrai nom d'Aspic)! Je te maudits! Ta descendance s'éteindra et ceux qui te sont chers s'éteindront dans des souffrances terrifiantes!"

Les prêtres-liches répétaient souvent ce genre de phrases pour effrayer les enfants quand ceux-ci venaient voler les offrandes aux dieux ou quand ils les surprenaient à déranger les squelettes qui gardaient la ville. A vrai dire la plupart semblaient retomber dans leurs jeunes années (c'est à dire 3000 ans en arrière) quand ils grondaient les gamins. Raël les soupçonnait donc d'y prendre plus de plaisir que prévu.

-"Par la main que sur toi j'ai posé et par la volonté de Sokth, dieu du meurtre et des Ténèbres, je t'ordonne d'aller droit dans les Enfers à ta mort où des nuées de scarabées dévoreront tes entrailles dans un cycle infini! Tes cris de douleurs resteront dans la légende! Et enfin, je briserai ton âme meurtrie pour l'avaler plus aisément!"

Ce registre était déjà bien plus sinistre, nul ne sollicitait Sokth sans avoir de solides raisons et jamais un prêtre ne se serait permis d'avoir un tel langage devant une petite tête brune.

-"Mais tout peut encore être réparé! Viens, approche-toi et laisse-moi retirer la marque du mal que j'ai posé sur ton âme! Mais d'abord, il faudra tout me dire, qui tu es, d'où tu viens, pourquoi tu écoutais... Tous les dieux voient et jugent à présent tes paroles, prends bien garde à ne rien oublier ni à mentir!"

Jamais il ne l'aurait avoué, mais c'était mot pour mot ce qu'un nécrotecte lui avait dit quand, jeune enfant, Raël et ses amis avaient volé son fouet...

[[MJ] Kriegsherr]

Pendant tout le discours de Raël, l’homme sembla médusé. Il entendait son agresseur le menacer de tous les maux et de le maudire théâtralement en invoquant des noms inconnus et aux consonances bizarres à la manière d’un puissant sorcier... Ou d’un fou. Comme Khem semblait de son point de vue avoir été calmé par la présence des deux membres du personnel qui l’entouraient, Amalia et le gros Heinz, l’espion présumé n’avait pas cherché à fuir, ce qui serait un aveu de culpabilité ou tout au moins de peur. Il semblait croire que si le guerrier s’excitait à nouveau et tentait de lui foncer dessus, il serait retenu et maîtrisé par leurs trois forces conjointes. Il ne voyait donc pas de raison immédiate de se croire en danger.

Test de CHA de Raël : 18. Raté. Hé bien tu n’as pas choisi la voie du comédien, mais bien tenté quand même.

Quand le scythien eut terminé sa comédie, l’homme qu’ils avaient surpris dans le couloir jeta un regard sans équivoque aux deux personnes qui entouraient le guerrier. Il le prenait clairement pour un fou, un dingue, un détraqué mental. Maladroitement, il s’éclaircit la voix et répondit :

-Je n’ai que faire des élucubrations d’un fou furieux ! J’ignore pourquoi vous tentez de l’aider, mais sachez qu’il m’a frappé sans raison et que je ne reviendrai pas dans cette auberge de sitôt. M’est avis qu’il faudrait l’amener aux prêtres de Shallya ou à l’asile au plus vite, avant que son cerveau n’explose dans sa tête ! Maintenant si vous le voulez bien, je m’en vais ! Adieu !

Jetant un regard méfiant sur Raël, il recula de quelques pas en restant face à son assaillant, avant de lui tourner le dos et de commencer à revenir vers la pièce principale et la sortie en marchant avec un air qu’il essayait de rendre digne et outré...

[Raël Khem]

Visiblement les talents d'acteurs du Scythien laissaient gravement à désirer. Après un flottement de quelques secondes où l'on aurait pu entendre un scarabée khepra voler, l'intrus d'indigna de toutes ses forces et, tentant de faire bonne figure, tourna le dos à l'assistance pour s'en retourner en bas. "Erreur fatale", pensa le guerrier, cet énergumène pensait-il qu'il trompait qui que ce soit avec son attitude désinvolte. Personne n'était dupe et surtout pas Raël qui en avait plus qu'assez de tous les mensonges qu'on le forçait à ingurgiter depuis le début de son séjour en Empire.

Se retourna rapidement, il offrit un hochement de la tête à Amalia et au gros Heinz, essayant de leur signifier que le temps du jeu était terminé et qu'il y allait avoir de l'action. Quand il revint au client qui tentait de s'échapper en marchant lentement de l'air le plus digne du monde, une lueur mauvaise brillait dans ses yeux.
Avec sa vitesse habituelle il dégaina son épée... Dans le mauvais sens. En effet, comme les arabéens le savent le khopesh est une longue larme formant comme un croissant de lune mais l'observateur attentif remarquera que le début de l'épée ne se situe pas à la suite du manche, mais en parallèe! Cette forme particulière permet à l'arme d'être utilisée pour faucher un adversaire en utilisant la partie "intérieure" non-tranchante.

Telle était l'idée qui germait dans la tête du maître-d'armes à ce moment, faucher à la gorge ou aux jambes, selon ce qui passait le plus près, son fuyard... Et une fois à terre, il n'y aurait plus qu'à l'assommer de quelques coups de pieds bien placés.

[[MJ] Kriegsherr]

Cette fois l’attaque ne pouvait pas rater, sauf malchance extrême. En effet, l’homme soupçonné d’être un espion ne prêtait plus aucune attention à Raël Khem, certain qu’Amalia et le gros Heinz le retiendrait en cas de nouvelle tentative d’agression. Evidemment, il ne savait pas que les trois compères étaient de mèche, sans quoi il aurait été plus prudent.

Test d’ATT de Raël (+4 pour la situation) : 15. Réussite.
Test de Force comparés : 1 Réussite critique pour Raël. 3. Réussite pour l’autre.
Test d’INT pour Amalia : 1. Réussite critique.

L’homme fut pris totalement au dépourvu. Le guerrier scythien, l’arme dégainée, n’eut aucun mal à le faucher l’espion présumé comme s’il n’avait s’agit que d’un épi de blé. Le suspect qui ne s’y attendait tomba lourdement sur le sol et voulut crier. Mais le croc-en-jambe l’avait envoyé voler et tomba lourdement à plat ventre par terre, ce qui lui coupa la respiration. Il n’eut pas le temps de reprendre son souffle pour tenter d’appeler à l’aide. Le pied de Raël fit connaissance avec son visage et l’homme s’effondra, assommé net. Horrifié par ce qui venait de se produire dans son établissement, le gros Heinz voulut au plus vite régler l’affaire. Amalia, elle, avait placé sa confiance en son compagnon d’infortune. Quel que soit le choix que ce dernier ferrait, elle le suivrait. Mais elle glissa quand même à l’oreille du scythien :

-Je suis sûre que tu n’auras pas besoin de moi pour interroger ce type et lui faire dire ce qu’il sait. Mais il se peut qu’il y ait d’autres espions, si tu veux je peux monter la garde devant la porte pour empêcher qu’on te gêne. Ou on pourrait sinon laisser le gros Heinz faire la garde devant la porte, si tu préfères.

Pour l'instant ils avaient été relativement discrets, et il était probable que personne n'ait remarqué leur petit manège dans la partie de l'auberge qui était strictement réservée au personnel. Toutefois, comme l'avait fait remarqué Amalia, l'espion ne travaillait peut-être pas en solo et il vaudrait peut-être mieux rester prudent.

Bon, tu as la possibilité de faire ce que tu veux, tu peux décrire où tu l’emmènes, tu as si tu veux le droit de l’attacher/bâillonner, et éventuellement ce que tu lui demandes.

[Raël Khem]

La technique classique du fauchage suivie de la mise à mort, pratique, efficace, indémodable. D'ailleurs, Raël aurait mis sa main à couper qu'elle continuerait à être utilisée sur des générations... Par contre, rien n'égala le plaisir que ressenti le guerrier quand son pied rencontra le visage de son interlocuteur... Frapper un impérial dans la bouche, ça faisait tellement longtemps qu'il attendait ça! Dessus leur peau de lys, les vices se glissaient, mais pour autant ils ressentaient comme chaque homme la force d'une botte dans la mâchoire.

Laissant là les considérations purement charnelles, le Scythien tira plus loin dans la pièce le corps inanimé de l'espion probable et demanda rapidement des cordes et un bâillon, histoire de faire se tenir tranquille le gredin à son réveil. Quand à la proposition d'Amalya, mieux valait être plus fin...

-"Va me chercher ce que j'ai demandé, surtout les cordes. Sinon, il vaut mieux que toi tu tiennes la garde et que Heinz descende pour faire comme si de rien n'était, quelqu'un dans la salle a peut-être déjà remarqué quelque chose."

Il attacha l'assomé et se tourna vers sa compagnonne.

-"Va te mettre derrière la porte, la suite pourrait être trop violente pour une femme."

Il attendit qu'elle accepte, ou non d'ailleurs cela ne changeait rien, pour réveiller son endormi à coup de mandales. A peine ce dernier ouvrit-il les yeux que sa gorge rencontra le bronze fois d'un khopesh.

-"Tu ne crois pas à la magie? Ceci est bien plus réel. Alors parle: pour qui travailles-tu, pourquoi nous écoutais-tu? Je te préviens qu'au moindre mensonge ou à la moindre tentative d'évasion je te tranche les doigts phalange par phalange."

[[MJ] Kriegsherr]

Bientôt l’homme assommé se retrouva solidement ligoté et bâillonné, dans la pièce privée même où il avait tenté de surprendre les conversations quelques instants plus tôt. Le gros Heinz fut soulagé de pouvoir enfin retourner à la gestion normale de son établissement. Avec tout le raffut que Raël et Amalia avaient semé chez lui au cours des derniers instants, il risquait gros. D’autant plus que leur ennemi maintenant commun n’était autre que le très puissant et très redouté Romain d’Albon, alias « Roman von Herzang » dans l’Empire. Mieux valait donc pour lui retourner dans la salle principale afin d’éviter tout soupçon.
Quant à Amalia, elle ne semblait pas avoir peur de ce qui pourrait arriver à l’espion présumé. Au contraire, elle semblait se ficher de son sort, puisqu’elle souhaita à son compagnon d’infortune de le faire parler, avant de sortir pour monter la garde devant la porte.

-Ne t’en fais pas pour moi, après ce qui m’est arrivé durant toute ma vie et encore plus au cours de ces dernières heures, ce n’est pas la vue d’un peu plus de sang qui pourrait m’effrayer… Surtout si c’est celui d’un salaud au service de celui qui a enlevé Héloïse.
Mais je ferrai comme tu voudras, je te laisse t’occuper de lui et je fais le guet devant la porte. Tu me diras plus tard ce que tu as appris. Amuse-toi bien.

Cette dernière phrase fut prononcée sur le ton de l’humour, car il était peu probable que Raël et son « invité » ne soient là pour « s’amuser ».
Et d’ailleurs la séance d’amusements commença fort par une série de gifles qui réveillèrent bien vite l’homme attaché. Celui-ci reconnu aussitôt Raël et tenta en vain de crier et de se débattre contre ses liens. Ses yeux affolés roulaient en tous sens dans leurs orbites pour chercher de l’aide, qui évidemment ne pouvait venir de nulle part pour lui. Dans la foulée, le scythien le rudoya et le menaça de son kopesh qu’il lui mit sous la gorge. L’espion cessa immédiatement de gigoter et ses yeux se fixèrent sur le guerrier. Il avait une expression de terreur intense sur le visage, puisqu’il se savait à la merci d’un homme qu’il prenait pour un fou.

Test de CHA bonus de +8 pour les circonstances (je ne vais pas faire les choses à moitié dans cette situation presque n’importe qui parlerait) : 9. Réussite.

C’est pourquoi il répondit positivement en hochant frénétiquement la tête affirmativement quand il fut menacé d’être torturé. Même une fois son bâillon ôté, l’impérial se garda bien de crier, au contraire, il se mit à révéler tous ses secrets à son interrogateurs, et il semblait sincère.

-Bien, comme vous voudrez, je vais tout vous dire, vous avez gagné, mais par pitié ne me faites pas de mal.
Oui je suis bien un espion, je sers maître Roman von Herzang, enfin, indirectement. Normalement, il fait en sorte de garder le mystère et d’utiliser des intermédiaires, je ne le connais donc pas personnellement, et j’ignore l’identité de la plupart des membres de notre propre organisation…

Ayant peur de la réaction de son interlocuteur s’il semblait en savoir trop peu et ne lui livrait pas toutes les informations qu’il savait, il se hâta de rajouter.

-Mais heureusement je suis un espion et mon travail est précisément d’en savoir plus que ce que je devrais. Je connais donc la plupart des membres de la ville de Nuln, et très peu hors d’ici.
Il y a peu tous les informateurs ont reçu des instructions claires qui étaient de nous renseigner sur vous, de vous repérer et de surveiller tous vous déplacements. En effet il avait perdu votre trace jusqu’à ce que je la retrouve. J’ai transmis l’information à mon chef dès que j’ai retrouvé votre trace quand vous êtes entrés dans l’auberge. Il m’a ordonné de vous filer discrètement puis de revenir lui faire un rapport, mais à l’heure qu’il est vous pouvez être sûr qu’il sait déjà que j’ai été repéré.
C’est vraiment quelqu’un de très doué, mon chef, un espion hors-normes. Il s’appelle Lukas Wiedenfelher, et on raconte que depuis la mort de Reginald, il veut prendre sa place de bras droit auprès du boss. Pour cela il a un objectif prioritaire : vous et ceux qui ont tué l’âme damnée du boss, son bras-droit, Reginald. C’est lui qui a organisé le projet d’attaque de ce soir.

L’homme hésita puis rajouta encore.

-Le boss est vraiment en rogne. Il va agir lui-même, à ce qu’on dit. Si vous voulez je pourrais encore vous en dire plus, au point où j'en suis... Maintenant par pitié laissez-moi tranquille, je vous jure que je vais quitter le pays et ne plus jamais y remettre les pieds. De toute façon si je reste ici il me tuera.

L’espion tremblait comme une feuille morte. En fait, il était vraiment terrorisé et craignait pour sa vie. Enfin, l'essentiel était que Raël et sa nouvelle camarade Amalia semblaient vraiment avoir un coup d'avance sur le vampire cette fois-ci. Ce dernier savait certes où ils se trouvaient à l'heure qu'il était, mais il ignorait leurs projets à court terme, alors qu'eux connaissaient les siens. Mais la nouvelle de ce chef des espions de Romain d'Albon, ce Lukas Wiedenfelher qui avait repris l'affaire personnellement en main n'était pas une perspective très réjouissante non plus.

[Raël Khem]

Pour une fois les choses se déroulaient comme prévu, voilà la bonne nouvelle! Dénué de courage mais pas de bon sens, l'impérial se fit un devoir de tout expliquer par le menu au Scythien, éclaircissant nombre de points sombres sur ces dernières heures. Alors comme ça le vampire tenait absolument à garder un œil sur lui? Sous son apparence glaciale et sa politesse glacée se trouvait donc la peur d'un guerrier du désert... C'était sage, mais ce ne serait pas suffisant.
Restait le problème de ce... Lukas Wiendenfelher. Un arriviste qui semblait vouloir se faire une place près du monstre en l'éliminant. De là, il était aisé de voir comment la soirée allait se dérouler: le vampire attaquerait le répurgateur qui le pourchassait et Lukas tenterait de tuer Raël. A cette idée le guerrier sourit: que cet homme essaie, les dieux se régaleraient de son âme damnée.

Pour le choix du soir comme heure d'attaque, en soi c'était parfaitement compréhensible: moins d'activité, moins de visibilité et surtout... Moins de soleil. Il était de notoriété publique que Ptra blessait les vampires et permettait à des guerriers humains de les affronter en combat singulier. Là arrivait le problème: et si le vampire revenait trop tôt, durant la nuit? Le duel serait inévitable et la défaite probable... Il faudrait faire vite.

-"Dis-moi quand aura lieu l'attaque, s'il emporte beaucoup d'hommes avec lui et où je peux trouver ce... Lukas."

Il se doutait qu'il finirait par rencontrer ce maître-espion et que les tentatives d'assassinats se multiplieraient sur personne. Autant prendre les devants et se débarrasser de lui tout de suite. Ensuite il faudrait prévenir le répurgateur de l'arrivée du vampire, non pas que Raël l'apprécie particulièrement mais si un avertissement pouvait lui permettre de retenir Roman une ou deux heures de plus... Ce serait toujours ça de pris.