Néanmoins, il remarqua rapidement que la jeune femme avait pris ombrage sur sa réflexion quant à l'affectueux surnom répondant à "Mon petit chaotique" dont elle l'avait affublée. De fait, elle n'écoutait que d'une oreille, constat rapidement confirmé par sa réponse :
Un profond sentiment de solitude envahit le jeune Nulnien, tandis qu'il maîtrisait son envie de se masser les tempes.Elinor Helseher a écrit :-"Ça devrait marcher j'imagine Ulrichounet... Enfin si c'est toi qui le fait, ça ne peut que marcher..."
À ce rythme-là, son amante allait lui apporter plus d'ennuis que d'avantages. Et avoir un cerveau pour deux se révèlerait vite épuisant avec le projet qui était le sien !
Il n'avait pourtant pas eu l'impression de discuter avec une cruche de première catégorie lors de sa première rencontre avec la fille du bibliothècaire. L'amour, semble-t-il, pouvait transformer les gens, en bien, mais hélas parfois en mal.
Au moins n'était-elle pas obsessivement possessive...
Ulricht préfèra sauter au sujet suivant plutôt que de ruminer de tels pensées. Il eut une étrange satisfaction à observer la réaction d'Elinor.
Enfin, il observait chez elle autre chose que de l'amour éperdue ou une réaction enfantine !Elinor Helseher a écrit :-"Je... Je... Et bien... Tu avais l'air si occupé, si pressé... Je ne voulais pas... Je ne voulais pas que tu prennes une arme pour aller te venger sans réfléchir, je ... J'ai eu peur..."
Elle déglutit et se rapprocha doucement de la porte, se préparant à la franchir:
-"Je... Vais chercher les livres interdits..."
À vrai dire, que la jeune femme l'idolâtre de la sorte commençait presque à gêner Ulricht.
Toutefois, il remarqua qu'il avait trop déteint de sa colère sur la jeune femme. Or, une servante terrifiée lui serait encore plus inutile qu'une amante maladivement amoureuse.
C'est pourquoi il décida de sortir la carotte après avoir brandit le bâton, et se dirigea avec les bras ouverts vers Elinor, l'air protecteur, avant que celle-ci ne puisse quitter la pièce.
Après l'avoir étreint dans ses bras quelques instants, il saisit son visage et força doucement la jeune femme à le regarder dans les yeux.
- "Regarde-moi. Suis-je réellement du genre à être colérique, à réagir sous le coup de mes émotions ?"dit-il en la regardant droit dans les yeux.
Dans les faits, concernant la maîtrise de ses émotions, Ulricht tenait plus du reptile que de l'humain. Maîtrisant facilement les émotions sur son visage et ses tumultes intérieurs, son coup de colère précédent le préoccupait d'autant plus que cela ne lui ressemblait pas.
Hélas, la vérité était là : il avait horreur que l'on adopte une attitude paternaliste à son égard, ce qui ne l'empêchait pas de l'adopter lui-même envers d'autres personnes.
- [color=#8000FF"]Non"[/color], fit-il sans attendre de réponse. "Tu es excusée, car tu ne connaissais pas encore cette facette de ma personnalité... Pour cette fois." termina le jeune homme avant d'embrasser longuement son amante. "Ne me cache plus rien désormais. J'ai les nerfs pour encaisser toute nouvelle, et je t'apprendrai à les avoir, car je te veux comme ma compagne dans mes projets à venir, et je te veux plus utile à mes côtés."
Ses lèvres descendirent jusqu'au cou d'Elinor, tandis que ses mains se firent plus baladeuses.
- "Et je veux que tu te serves autant de ta tête que de ton cœur, ma belle. Si tu ne fais pas cette effort, tu nous mèneras tous les deux au bûcher, comprend-tu ?" questionna-t-il alors que ses baisers se déplaçaient vers la nuque de la jeune femme. "Nous deviendrons puissants. Mais nous devons être compétents, intelligents et prudents pour réussir." Il recolla ses lèvres à celles de la jeune Helseher. "Et un peu chanceux, il est vrai. Mais s'Il le veut", fit-il en emphasant le Il, "nous réussirons. Et nous le ferons, ensemble."
Il alla derrière la jeune femme avant de poser sa main gauche sur son ventre et celle de droite sur sa croupe, tout en lui embrassant la nuque.
- "File me trouver les livres, ma mie", lança-t-il d'un ton enjoué avant de relâcher son étreinte.
Il l'encouragea d'une petite tape sur sa croupe avant de lancer une dernière phrase tandis qu'elle s'éloignait.
- "Ramène-les dans la chambre. Je t'attendrai là-bas. Oh, et n'en prend qu'un ou deux, pas besoin d'attirer l'attention malvenue de ton père par la disparition de nombreux bouquins."
Tandis qu'Elinor partait cherchait les livres, Ulricht, conformément à ses promesses, s'en alla vers la chambre de la jeune femme où il s'installa confortablement en attendant son retour.