La feinte fonctionna à merveille et l’épée fine du seigneur de l’Empire ne put que glisser sur le bouclier elfique sans ne rien faire d’autre qu’une légère plaie à l’Asur. Mais Eranor n’avait abaissé son épée pour aucune raison, aussitôt le coup de l’impériale avait-il frappé ses protections élégantes que son arme décrit un arc de cercle vers le haut, blessant de nouveau la jambe du malheureux guerrier pour redescendre immédiatement, rencontrant l’acier qui la dévia légèrement sur le bras d’un adversaire déjà en mauvais état.
Espérant mettre un terme à ce combat en profitant de sa supériorité temporaire, le seigneur de Caledor lança une dernière fois son arme pour un coup d’estoquer vers le cœur, malheureusement trop hâtif pour s’avérer efficace, laissant les protagonistes s’éloigner un instant pour reprendre leur souffle. Voyant une forme d’inquiétude apparaitre sur Anton, l’Asur, toujours sur ses gardes, se décida à offrir une fleur à ce combattant dont la mort n’aurait finalement rien apporté à personne.
-C’est fini, vous avez…
Il n’avait guère eu le temps de prononcer plus de mots, car, à la surprise générale, l’impériale sortie de ses habits une amulette qui sembla le rendre fou de rage en un instant. Il semblait que cet homme avait abandonné toute conscience pour se soumettre au plus bestiale des appels du sang.
Alors que l’animal qui était autrefois un adversaire honorable se jetait dur l’Asur, ce dernier prit la décision qui scellerait peut-être son sort à jamais. N’importe qui aurait fait son possible pour abattre ce fou furieux, mais pas le noble Eranor, non. Les humains ne sont que des enfants jouant avec le feu, il le savait, et celui en face de lui semblait intègre, talentueux et honorable. L’empire avait plus que besoin d’homme de cette trempe et l’elfe se savaient tel un père bienveillant dont le devoir était de protéger les jeunes races, et ceux, même d’elles-mêmes s’il le fallait.