Même dans les nations les plus barbares, avec à leur tête les pires tyrans et despotes méprisant leurs sujets, on essaie de déguiser l'esclavage par d'autres mots, d'autres institutions, l'infamie derrière ce concept étant universellement condamnée. Ainsi les tyrans de la lointaine Bretonnie nommaient cela "servage".
Ainsi tout monstre d'apparence humaine se livrant à cette pratique barbare qu'était l'esclavage, était abattu sur place comme le misérable chien qu'il était, aucune pitié n'étant d'ordre, aucun interdit religieux n'existant pour leur mise à mort, et aucune tombe ne devait leur être creusée.
Aussi, lorsque vos proches vous sont enlevés par ces sinistres créatures, massacrer celles ci jusqu'à la dernière, et écorcher vif les prisonniers pour servir d'avertissement à d'éventuels survivants, c'est là faire preuve d'une très grande piété. D'un très grand honneur.
De même qu'il n'y a de plus grand honneur pour un homme que de défendre la maison d'un autre, prendre les armes pour libérer les siens des chaines des trafiquants de chaire humaine est un acte de noblesse. Encore plus lorsque ceux ci ne sont pas des membres de votre propre communauté.
Car les esclavagistes n'avaient pas razziés uniquement la région où l'ethnie de Yan Xishan vivait. Ils avaient également capturé, enlevé et pillé les zones alentours, dépeuplant divers communautés visitées au cours de sa vendetta contre ceux derrière ces raids.
Désormais à la tête d'une compagnie comprenant certains de ses coreligionnaires, mais également des indigènes d'autres villages, la petite troupe d'une centaine d'hommes - et de quelques femmes - écumait les landes et collines, sur les traces de la colonne esclavagiste, égorgeant les groupes retardataires, libérant les captifs, et forçant le pas afin de rattraper le gros de l'expédition adverse.
A cet effet, Yan Xishan s'était aventuré bien au-delà de la région où la dynastie de ses ancêtres s'était étendue. Ils avaient même rejoint la côte, la mer sur leur gauche, à mesure qu'ils progressaient vers le Sud.
Après plusieurs jours de marche, leur petit ost parvint aux alentours d'une crique. D'après les informations obtenues des quelques mercenaires capturés, et diligemment "titillés", le gros des forces des esclavagistes avait établi une base dans cette zone, et utilisait la crique pour faire embarquer les captifs. C'était une très grande opération, impliquant plusieurs centaines d'hommes en armes et des milliers de captifs. Cela nécessitait des vivres en quantité importantes, et donc une flotte d'embarcations effectuant un roulement constant pour acheminer ces vivres, avant qu'une flotte de cogues ne vienne dans le courant du mois pour embarquer tout ce petit monde.
Les mercenaires étaient retranchés dans un fortin non loin de la crique. Et ils soupçonnaient que quelques forces talonnaient leurs expéditions, certaines d'entre elles ayant été annihilées.
Aussi Yan Xishan estima qu'attaquer le camp adverse par la terre, même de nuit comme ils avaient procédés au cours des dernières semaines, serait vain, trop de pertes et pas assez de chances de réussir.
Ainsi vint il avec un nouveau plan. Les navires faisaient la navette jour et nuit. Ils se repéraient, lors de cette dernière, avec les feux du campement. Le plan était donc, à plusieurs kilomètres de là, d'allumer des feux dans les collines et dunes proches de la côte, pour faire croire que le point d'ancrage était ailleurs. Avec un peu de chance, une ou deux embarcations esclavagistes tomberait dans le panneau. Pour ne pas éveiller les soupçons, Yan Xishan et ses hommes se feraient passer pour des mercenaires. Une dizaine d'entre eux, habillés ainsi, et la ruse fonctionnerait. On capturerait les équipages, passait par les armes ceux trop loyaux à leurs employeurs, puis utiliserait les navires pour infiltrer les camps depuis la plage. Ce plan était bien plus solide qu'une bête attaque nocturne.
Déjà à la première soirée où ils se livrèrent à cette mascarade le long des dunes, une rapide embarcation vint s'échouer sur la plage, à sa barre un individu patibulaire, le gaussant de l’œil.
Eh l'ami ! débuta Yan Xishan avec son reikspeil haché, qu'est ce que tu as pour nous ? demanda-t-il, sans parvenir à dissimuler la solide prise qu'il avait sur sa lance, ses phalanges se blanchissant sur le bois de celle ci.
