Durant de longues minutes, l'étreinte entre les deux coques de noix se resserra, emplissant l'air des cris insupportables du bois suppliant la mort de le prendre, des cordages meurtriers frappant de tout leur saoul les malheureux tombant sous leurs coups... Puis le combat se termina aussi rapidement qu'il avait commencé par l'apparition d'un léviathan, roi des mers et des océans, défiant l'orage et les flots dans un brame déchirant l'air, avant de replonger dans les flots, emportant avec lui navires et équipages dans une déferlante implacable.
C'est sur une plage au sable chaud que Martin se réveilla parmi les morts, les moustiques et les bois. Sur la bande de sable, du Nord au Sud, venaient s'échouer hommes et débris de ce que l'arrogance humaine qualifiait de “navires”. Puis il y avait aussi les corsaires drucchis qui se relevaient. Certaines aidaient des hommes d'équipages à se relever... Pour ensuite les égorger ou les étrangler. Mieux valait ficher le camps d'ici, de toute façon les survivants humains étaient trop peu nombreux pour pouvoir lutter. C'est donc dans la jungle, en courant droit devant lui, que Martin s'enfuit.
Mais sauf qu'à courir tout droit sans précaution pour distancer ses poursuivants, on fait des rencontres particulières. Un lézard vert, géant, au regard meurtrier, une place en pierre d'un kilomètre de long avec des pyramides d'où coulent du sang, des bestioles larges comme un navire et hautes de trois mètres, des plantes carnivores, une danseuse qui essaya de l'étrangler sans qu'il ne comprenne le pourquoi du comment.... En débouchant sur un marias à l'eau plutôt claire, notre héros estima qu'il pouvait s'arrêter pour prendre du repos et essayer de réfléchir à un moyen de survivre au dix prochaines minutes.
C'est alors qu'il vit une créature ondine, contemplative, observant son reflet dans l'eau. Ses jambes à nues jusqu'aux cuisses, pieds baignant dans la la mare, cette robe légère trahissant ses formes sensuelles, ces lèvres exquises, cette chevelure de ténèbres mais néanmoins légèrement chatoyante par la force du soleil en cet après midi... Tout en cette créature transpirait la beauté, la séduction, le désir... S'en détacher fut extrêmement difficile mais néanmoins payant puisque cela lui permi de voir la surface de l'eau, non loin d'elle, onduler. Une créature, et pas des moindres, s'y déplaçait avec discrétion mais sans faire de secret sur sa destination... Elle.
Prenant son courage à deux mains, Martin se précipita vers l'inconnue pour la tirer vers la berge dans l'intention de la sauver, son parfum entêtant le poussant à des folies. Au moment où une créature verte, écaillée et à très forte dentition sortait de l'eau pour refermer sa très grande gueule sur la petite créature, Martin réussit à la sauver en la tirant brutalement vers l'arrière. Les dents de la créature se refermèrent sur de l'air tandis que Martin était écroulé dans l'herbe. Sur la personne qu'il avait sauvé. Et quelle magnifique personne cela était et....
“Non. Non. Non. Pense à autre chose. Reprend toi. Tu ne la connais pas. Relève toi douuucement.... Comme ça. Maintenant écarte toi d'elle... Pense à quelque chose d'effrayant pour te reprendre. Oui. Ce démon qui a manqué de te tuer par exemple...”
Alors que Martin s'éloignait de la magnifique sylve qu'il venait de sauver, il fut violemment percuté dans le dos et tomba à la renverse sur Umah. Encore. Surpris, il roula sur le côté sans un instant faire attention à ce qui se passait avant de se relever, arme au poing. Ce qui l'avait percuté n'était pas une bête comme il l'avait craint, mais plutôt... Une courtisane. Aux pieds nus. Celle qui avait fait la traversée avec le capitaine. Il l'avait vu une fois. Mais là... Elle avait un regard de chien enragé, des bleus sur le corps, sa robe était déchirée à divers endroits, des traces de terre et de sang sur ses joues... Elle avait du en baver la pauvrette. Mais il ne pouvait détacher son regard de ces pieds nus. C'était vraiment étrange qu'elle ait fuit sans rien aux pieds. Et vu la distance avec la plage elle devait avoir un mal de chien à ceux ci. Elle risquait de se les être blessés la pauvre? Ou pire, ils pourraient même être infectés ! Il fallait vite qu'elle s'allonge pour qu'il les observe et la soigne.
Mais alors qu'il allait ranger son poignard, il fut glacé sur place lorsqu'il vu la jeune femme faire quelques mouvements d'escrimes vers l'elfe, car c'en était une, il en avait déjà vu quelques unes dans le Nordland, avec l'intention visible de la tuer. Et celle qu'il avait sauvé dégainer une dague, le regard terrifié, dans l'intention de se défendre contre la courtisane et... Et Martin.
Martin n'avait aucune intention de tuer quiconque puisque les personnes ici n'étaient pas ses ennemis. Mais il défendrait sa vie ardemment par contre. S'il était attaqué, il essaierait de reculer et donner des coups de couteau devant lui afin d'effrayer son assaillante et la ramener à la réalité. Ou l'assommer d'un coup de pommeau de dague bien placé sur le front... Journée de Merd*.
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