Quand soudain les coups ont retenti à la porte. Lents, fermes ; ç'auraient pu être les gongs assourdis d'un glas réduit à une main humaine, frappant un panneau de bois.
C'était l'heure. L'heure d'entrer dans la gueule du loup impérial. Pour la gloire, l'orgueil, le goût du défi ? Chacun avait ses motivations, mais il fallait bien avouer qu'elles se rejoignaient en une même source.
Votre respiration, pour ceux qui respirent, est terriblement bruyante. Les sons portent loin, dans l'air froid de ces profondeurs. Peut-être vaut-il mieux se fier à l'ouïe qu'à la vue pour ceux qui choisiront d'aller non vers l'éclat, mais vers les ténèbres.
La suite appartient à chacun d'entre vous...
Erik :
Tu as été autorisé à emporter chacune de tes affaires pour l'épreuve. Nulle lumière ne te parvient ; l'obscurité est complète, si ce n'est quelques cristaux au vert malsain qui te permettent à peine de distinguer les parois luisantes qu'ils ornent. Pour toi, le choix du chemin à emprunter est aussi simple qu'il est opaque : la droite ou la gauche.
Tandis que tu réfléchis, l'image du mage qui t'a envoyé ici te revient en mémoire avec une insistance dont tu doutes qu'elle est naturelle - a-t-il inscrit une instruction dans ton esprit ? Son sourire en coin, lorsqu'il a posé la main sur ton épaule en murmurant les paroles du sort de téléportation...
[Jet caché]
Et, alors même que des mots impérieux commençaient à se faire entendre de ton esprit, ils ont disparu sans laisser aucune trace. En fait... tu perçois qu'ils sont juste là, à la lisière de ton âme, maintenus en respect par la force de ta volonté. Il te suffirait de les autoriser à te pénétrer pour les entendre ; mais est-ce là une décision sage ?
Posés en évidence sur le râtelier finalement bien vide qui te fait face, tu reconnais le cornet du père Duredelafeuille ainsi que cet objet que tu as reçu la veille, avec cette lettre mondaine...
Décidément, ces épreuves respirent la manigance.
Zack :
Tu as été autorisé à emporter chacune de tes affaires pour l'épreuve., ce qui revient au final à bien peu de choses. Eclairé d'une lampe-tempête parfaitement discrète, le râtelier auprès duquel tu as été téléporté est aussi rempli que tes possessions sont rares. Un arc court, un filet utilisé quelquefois dans certaines arènes exotiques et tout un attirail d'épées se tient là - des grandes lames bâtardes aux glaives plus courts. Il est évident que tu ne pourras pas en emporter autant, mais du moins un vaste choix t'a-t-il été laissé.
Après t'être équipé à ta convenance, tu constates que tu te tiens en haut d'une corniche qui flanque une paroi minérale... dans un coin d'une gigantesque caverne aux dimensions improbables - si énormes que tu ne distingues ni le plafond, ni les autres murs. Un chemin sinueux contourne, sur ta gauche, un dénivelé de pierre qui n'est autre que la berge d'une fantastique rivière ; l'eau en est d'un bleu spectral, enchanteur. Une barque repose sur le côté, accessible en descendant cette pente douce.
[Jet caché]
Aller vers le courant paresseux ou emprunter le sentier rocheux sur la gauche, le choix t'appartient...
Raël :
Satanés impériaux. Cette grotte est gelée, ces ténèbres sont gelées, tout est gelé ici ! Bien loin du climat aride de l'Arabie. Ceci dit, tu n'as pas vraiment le luxe de te déconcentrer ; tu as été téléporté presque le nez dans le râtelier qui t'est dévoyé. Avec une éventuelle mauvaise humeur qui serait bien compréhensible, tu remarques qu'il n'y a ici aucune arme, pas la plus petite dague. En parlant de petite dague, bien malin serait celui qui sait où se trouve Aziz ; autant on l'a autorisé à t'accompagner jusque devant le mage qui t'a envoyé ici, autant il est désormais introuvable.
En revanche, un long vêtement sombre, fait d'une seule pièce, repose sur le bois rugueux. Il te rappelle un peu certaines combinaisons dont usent parfois les assassins pour remplir leur office. Allons bon ! Quel genre d'épreuve est-ce là...? Ni indication, ni consigne, et ceci maintenant !
Il n'y a qu'une seule chose dont tu sois sûr, à cette seconde précise. C'est que le parfum qui flotte dans cette grotte est un parfum de mort.
Que tu te sois vêtu de cet habit ou non, tu constates alors que tu te trouves un peu en hauteur, sur une plate-forme surplombant une rivière surnaturelle, à la lueur glacée agréable à l'oeil. Elle repousse l'obscurité, la nimbe d'un halo aussi froid que pur.
[Jets cachés]
Soudain, tu remarques un éclat... pas tout à fait bleuté. Pas tout à fait provenant de la rivière. En fait, cela vient d'au-delà du courant. Mais il se confond si aisément avec les volutes de lumière qui ondoient au-dessus de l'eau que tu es bien incapable d'en dire plus - de là où tu te trouves, en tous cas.
Tu peux tenter la descente assez abrupte vers cette artère dans la montagne, ou toute autre chose qui te paraîtra avisée.
Vlad :
Il est assez rare que tu sois mal à l'aise, il faut bien l'avouer. Tu ne sais d'ailleurs pas vraiment si tu l'es en cet instant ; mais lorsque ce type en robe grise a posé sa main gantée sur ton épaule... lorsqu'il a murmuré le sort de téléportation... oui, juste avant que le monde ne devienne un amalgame tempétueux de couleurs et de forme, ce mortel t'a adressé un sourire. Un sourire moqueur.
Et jamais tu n'as eu sentiment aussi intime d'avoir été envoyé dans un piège.
Les ténèbres ne te gênent guère, car la rivière loin devant exsude une lumière suffisante pour que tu distingues bien l'endroit où tu te trouves. Une sorte de plage de cailloux et de gravier, sans vent et silencieuse. Les crocs de roc que sont les stalagmites et les stalactites te cernent de toutes parts, et tu les sens confusément gorgés de magie. A ce qui aurait été le Nord-Est et le Nord-Ouest si tu t'étais tenu devant une carte, se tiennent deux tunnels qui s'enfoncent dans le noir et l'inconnu. Devant toi s'étend cette berge inégale de caillasse, et au bord de l'eau se découpe la forme singulière d'un... objet ? D'un meuble ? D'une autre excroissance rocheuse ?
[Jet caché]
C'est un peu loin pour le distinguer précisément. Réalisant que tu as toutes tes affaires, il ne te reste plus qu'à choisir où tes pas vont te mener.
Et ce que peuvent bien te réserver ces profondeurs...