Silencieusement, s’agrippant à droite à la paroi rocheuse, elle avançait le long de la corniche jusqu’au moment où la paroi s’ouvrit et où elle tourna dans un petit renforcement aux murs raides, au sol herbeux, où régnait le silence et la tranquillité. L’entrée qu’elle avaient découverte était invisible d’en bas à cause du surplomb de l’escarpement, et de plus loin aussi car elle était si petite qu’elle ne paraissait qu’une fissure noire, sans plus. Ce n’était pas une caverne, le renfoncement était à ciel ouvert, mais à son extrémité inferieure s’élevait un mur aussi lisse et droit que l’ouvrage d’un maçon, mais sans aucun joint ni fente.
On n’y voyait aucun signe de montant, de verrou ou de serrure. Mais elle ne douta point qu’elle avait enfin découvert l’antre d’un dragon. Astiay se recula, prit son élan et vint au contact de la pierre et lentement un pan rocheux céda. De longues fentes droites apparurent, qui allèrent en s’élargissant. Une porte de deux mètres se dessina et lentement sans aucun bruit, elle s’ouvrit vers l’intérieure. Une bouche béante s’ouvrait menant vers les profondeurs…
Les étoiles sortaient derrière elle dans le ciel pâle, quand l’elfe se glissa dans la porte enchantée et pénétra en catimini dans la montagne. La chose fut beaucoup plus aisée qu’elle ne s’y attendait. C’était un passage creusé par les nains à l’apogée de leur richesse et de leur art, droit comme un règle, au sol lisse et aux parois douces, il descendait directement par une pente toujours égale vers quelque but éloigné dans les ténèbres d’en bas…
Quoi qu’il en soit, après une courte halte, Astiay reprit sa progression. Elle arriva bientôt à l’extrémité du tunnel, c’est-à-dire à une ouverture de la même dimension et de la même forme que la porte d’en haut. Devant elle s’étend la grande cave la plus profonde. Elle y rentre et il y règne une obscurité presque totale. Mais devant elle est étendue, un énorme ogre. Sous lui, sous tous ses membres et de tous côtés autours de lui, se trouve une masse de chose précieuse, or travaillé et or brut, pierres et joyaux, et argent… et bien sûr l’œuf, tant rechercher par Astiay…
L’ogre se leva en voyant l’elfe entrer dans son nouveau domaine et il la dévisagea pendant de longues secondes, quasiment interminable…