[Duel] Rencontre au sommet ! (Groupe 04)

[Ishar]

Elle lui cria dessus et il commença à pleurer face à la détresse de cette femme perdue dans les ténèbres des faux dieux ! Combien de milliers de personnes étaient ainsi réduit à seulement espérer une mort rapide ? Combien de personne n'avait plus aucun espoir ? Et on osait lui parler des bienfaits des anciens dieux ? Comment pouvait-on être à ce point aveugle ! Il s'avança d'un pas, cherchant à attraper la demoiselle. Mais celle-ci se dégagea de son étreinte. Elle chercha à lui porter un coup de sa dague bénie. Toutefois, elle manquait de force et de conviction dans ses coups et Ishar n'eut aucun mal à esquiver l'attaque. Il s'approcha d'elle tandis qu'elle reculait d'un pas. Une fois de plus, elle esquiva sa prise et chercha à le frapper sans plus de succès. Il s'avança toujours et elle recula encore et encore.

Bientôt, ils se retrouvèrent dans un coin du vaste hall. Une large tenture tombait du plafond, finement brodée, elle semblait raconter une bataille épique d'un temps bien trop lointain pour être encore connu des hommes. Le seigneur liche souriait à la répurgatrice qui était collée à ce tapis mural :

-Jeune dame, vous n'êtes pas la première ni la dernière personne que j'ai accueilli dans la chaleur de Mae. La Grande Déesse connaît la détresse des Hommes, elle connaît le poison du doute qui coule dans vos veines. Ce maléfice que La Mort a laissé dans vos âmes et la terreur qui vous ronge à chaque respiration... Mais vous n'êtes pas condamnée... Car Mae aime tous ses enfants avec une telle force que toute ce que vous avez fait avant de la rejoindre n'aura plus aucune importance à ses yeux... ni aux miens ! Venez mon enfant ! Rejoignez nous et ensemble, construisons un monde où la mort ne sera plus une fin inévitable !

Il lui saisit alors le bras qui tenait la lame la faisant glisser sur sa cuirasse, il la tira vers lui avant de la serrer profondément dans ses bras. D'un geste de la main, il plongea la tête rousse dans ses épaules dorées. Une douce chaleur réchauffa le corps de la jeune pécheresse, comme si une divinité l'accueillait dans son jardin d'or et d'argent, doucement réchauffé par un soleil radieux.

-Comment peut-on vous faire croire que Morr et son jardin lugubre sont une fin naturelle ? Sentez... Sentez le doux parfum de la vraie vie ! Aujourd'hui, je vous accueille dans le foyer de Mae... Aujourd'hui, brebis égarée, tu deviens un valeureux lion au cœur chaud d'une vie éternelle !

Il la regarda dans les yeux, une lueur blanche sortait désormais de ses orbites incrustés de pierres précieuses.

-Aujourd'hui, mon enfant, vous pouvez enfin vous reposer... Car vous êtes enfin à la maison !

La jeune femme aux cheveux bruns qui avait attendu jusque là à côté du trône de son mari était maintenant à côté de celui-ci. Elle affichait un large sourire amicale et parla avec la voix qu'on aurait attendu d'un ange :

-Je pense que vous avez bien mériter un peu de repos... Voulez-vous que je vous conduise à vos appartements ? Ou préférez-vous prendre un bon bain chaud avant cela ?

[Alicia]

Mensonge ! Tu mens ! Parjure ! Hérétique ! Tes injures sont des insultes à mon intelligence. Tu es juste comme les autres.... Payes salopard ! Lâches moi infâme ordure !

Alors que la liche cherchait à l'enserrer dans ses bras chaleureux, pleins de bonne volonté et d'amour, l'inquisitrice parvint à échapper à son étreinte consolatrice par un coup de pied dans le tibias du non-mort, pour ensuite lui adresser un violent coup de dague en dessous de l'épaule, y mettant toute sa force, sa haine et sa colère contre cette espèce tant haït qu'étaient les manipulateurs et menteurs peuplant le vieux monde.

Hélas, le fanatisme dont elle avait fait preuve auparavant s'amenuisait, cet établissement autrefois solide qu'était sa foi s'effondrait par blocs entiers, ne laissant derrière que tristesse, un vide immense que seule sa rage et sa colère, adressées à l'égard de la liche et du monde, semblaient pouvoir combler... Pour un temps. Elle devait détruire le Roi-Sorcier. Cela lui offrirait au moins la maigre consolation qu'était de remplir ce vide, ce vide émotif. Au moins temporairement.
C'étaient donc des gestes violents, emplis d'une malveillance grandissante, qu'elle envoyait vers Ishar de Sombre Bois.... Entreprise certainement louable pour ce vieillard aigri de Solkan... Mais extrêmement condamnable pour tout maître d'arme se respectant. Car elle était encore plus prévisible qu'auparavant.
Alicia n'avait jamais été une grande combattante. Ses talents martiaux étaient tout juste passables, sa vraie force se trouvant dans son intellect, sa soif insatiable de connaissances, sa capacité à enquêter sur un individu, un réseau, une organisation, identifier des schémas... A ce moment où elle était capable de comprendre ce qu'elle affrontait, le comprendre assez bien pour le détruire, c'était aussi ce moment où elle l'aimait. Car il n'était pas possible de comprendre quelqu'un, ce qu'il veut, ce en quoi il croit, sans l'aimer comme il s'aime soit même. Et à ce moment précis où l'on l'aime... On l'annihile complètement.
L'empathie était une arme redoutable. Une arme qu'elle maniait terriblement bien.

Le soucis étant que l'on envoyait pas un cerveau accomplir un travail de muscles.

Car la résistance qu'opposait Alicia était tout aussi symbolique que futile et, pis encor', elle se détruisait elle même.

Malgré son désire de nuire, de détruire, le mépris pour sa propre vie, pourvu qu'elle parvinsse à faire souffrir, même un petit peu, l'ennemi, elle ne pouvait que reculer sous les coups et assauts de la liche, celle ci ayant bien meilleure escrime, expérience martiale et allonge. Elle était complètement surclassée, jouée comme une enfant soumise à la force des éléments. Et ce sinistre "jeu" se poursuivit jusqu'à ce qu'elle ne soit bloquée, dos à une colonne de marbre. Prise au piège, elle ne pouvait plus qu'attendre le coup final.... Mais celui ci se faisait désirer. Il tardait, alors que le non mort lui répétait son offre, l'assurant de la sincérité de celle ci, de la pureté de ses intentions, qu'il n'y avait nul autre sens ou stratagème derrière ces mots si désirés, et pourtant si cruels à son cœur déchiré. A son esprit en passe d'être brisé.
Ce ne pouvait être vrai. C'était un mensonge, certainement. Encore un. Des paroles vides de sens. Des promesses déjà brisées.
Et pourtant.... Et pourtant....
Non. Elle ne pouvait accepter cela. C'était trop tard. La damnation était son destin. Il n'y avait d’échappatoire. Puis que vaudrait le serment d'une parjure ? Que pouic.

Ta gueule ! La ferme ! Hérétique ! lui hurla-t-elle à la figure. Mais même elle, dans son état, dans cette ascenseur émotionnel devenu fou, ne pouvait manquer le fait que sa voix faiblissait. Que sa volonté se brisait, comme un édifice brisé en million de poussières.

Son cœur lui pesait. Son arme lui pesait. Se tenir debout lui pesait. Elle voulait en finir. C'était trop dur de vivre. Trop douloureux.
Faisant fit de l'épée que le Roi-Sorcier tenait distraitement en travers elle, elle s'avança dans l'idée de se faire terrasser d'un rapide coup de travers.... En vain, encore une fois. Il n'avait visiblement l'intention de la terrasser sur le champ. Il voulait jouer avec elle encore un peu, la faire souffrir....
S'avançant encore davantage, elle prit le poignet du Roi-Sorcier qui se laissa étrangement faire, pour forcer celui ci à placer le fil de sa lame sur la gorge.
Et dans un sourire n'ayant rien de joyeux, mais uniquement une infinie tristesse, elle le supplia de mettre un terme à cette farce.

Elle allait souffrir avec de mourir. Et....

Oh Sigmar. Il fallut qu'il prononce ces mots. Ces putains de mots ! Il allait la planter dans la seconde et elle allait mourir à petit feu, vidée de son sang. Mais avant ça il... Pourquoi donc ces mots, ces mêmes mots, qu'elle avait prononcée auparavant à l'être aimé. Être aimé qu'elle avait manquée. Qu'elle avait déçue. Tuée. Elle allait mourir. Oui. Mais même si tout ceci n'était que mensonge.... Était-ce au final si mal, que de se faire ouvrir le ventre, en étant dans l'illusion de se trouver dans un lieu sauf, en sécurité, en amour ?

Elle allait se faire ouvrir la gorge. Oui. Mais au moins elle ne sentirait que peu de choses. Car elle ne serait pas en cet état. Elle se réfugierait dans l'illusion du moment.

Et elle le fit. Lâchant la poignée du non mort, elle l'embrassa. Toute en pleurs et la morve au nez, Alicia embrassa de ses bras le non mort, dans un gros câlin, comme une enfant vous ayant manquée vous ferait un gros câlin avant d'aller se faire porter à table. Pendant une bonne minute, elle s'accrocha aux épaules de la liche, ne cessant de pleurer de tout son saoul contre lui, braillant des paroles incompréhensibles entre deux pleurs et de multiples hauts le cœur. L’ascenseur émotionnel était violent.

Puis, manquant de larmes, mais le visage malgré tout baigné de celles versées auparavant, reprenant son souffle, à moitié coupé par l'armure qui la gênait durant son câlin, elle essaya de se calmer pour placer quelques mots pouvant avoir un sens.


Bon. Et maintenant ?


L'espoir était la porte ouverte au désespoir et la déception. Car on ne pouvait être déçu si l'on avait d'espoir. Mais c'était son choix. Celui de croire, à nouveau, qu'il puisse y avoir la moindre chance, dans ce monde ou un million d'autre, que l'offre qui lui avait été faite, que les mots qui lui avaient été donnés, que la promesse qui avait été offerte, soient vrais et puissent être saisis. Elle avait fait ce choix, et s'attendait à être empalée d'un instant à l'autre alors qu'elle attendait...
Mais non.
Il semblait, aussi improbable que cela soit, qu'il ait été honnête.


Je.... Ahhhhhh..... Je....


Cherchant les mots, butant sur les phrases, l'inquisitrice se mit finalement à genoux et, le visage déchiré par les larmes et la morve, elle prêta allégeance au maître des lieux. Désormais son Maître, quel que puisse être le futur qu'il lui réservait. Quel que puisse être ce que le destin avait en réserve pour elle.


Notre service, éternel. Notre sacrifice, infini. Nos regrets : inexistants. Vos désirs sont des ordres, ô mon Maître....


Qu'il lui ordonne de se couper la gorge ici et maintenant, et elle le ferait avec joie, le sourire aux lèvres, car ce serait son désir, et celui ci était absolu. Le reste n'avait pas d'importance. La loyauté était sa propre récompense...
Calmée, c'est là qu'elle découvrit la seconde chose qui allait changer sa vie aujourd'hui, pour le meilleur tour que tout ce que le passé lui avait donnée. La Maîtresse.
Encore un peu hagarde par la beauté de la créature qui lui faisait face, ayant honte de sa propre condition, suite aux larmes et à la morve qui coulaient encore par intermittence, la répurgatrice ne pu qu'éructer qu'en effet, un bain ne serait vraiment pas de trop.
Et tout en étant supportée par la jeune femme aux cheveux bruns, Alicia désormais trop faible pour marcher sans buter, elle suivi celle ci, essayant malgré tout de s'éloigner d'elle, dans un réflexe de ne pas trop la coller et la salir avec la poussière du voyage qui s'était accumulée sur ses propres atours, le sang, qui désormais venait tâcher la magnifique robe de la compagne du maître, et sa propre morve, qu'elle trouvait honteuse, en compagnie de pareil trésor qu'était l'ange qui servait de compagnie au maître. Elle était indigne de pareilles attentions, et pourtant....

Un nouveau commencement s'offrait à Alicia, malgré ses échecs, ses manquements et déceptions cumulées. Un commencement dans lequel elle instilla toute son énergie et sa dévotion, pour le plus grand malheur des ennemis de son Maître, et la plus grande gloire de celui ci.
Les ennemis de l'Empire devaient périr. Et ils périrent de sa main, car elle servait Sigmar, en son incarnation du Noble et Juste souverain de Sombre-Bois....