[Edmond de la Niche] Les dents de la mer

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[MJ] Bugman
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[Edmond de la Niche] Les dents de la mer

Message par [MJ] Bugman »

Post rédigé par l'assistant MJ Surcouf, Dan Surcouf
Sartosa était un endroit unique en son genre. Il n'y avait ici aucun Roi pour gouverner, aucun racketteur richement vêtu, portant le sceau d'un Empereur pour vous extirper le moindre guilder de votre poche à chaque écluse, aucun bourgeois s'engraissant sur le dos de petites gens en les dépouillant de leur dur labeur, aucune armée prête à rouler sur le monde entier pour un vulgaire morceau de terre. A Sartosa, il n'y avait que deux maîtres. L'or et le code de la Piraterie. L'or était ce qui définissait votre réelle valeur, mais il n'était rien face au code.

Nombreux étaient les pirates qui peuplaient Sartosa. Nombreux étaient ceux qui avaient amassé assez de richesse pour s'offrir le titre pompeux de seigneur Pirate. Mais ce titre ne valait plus rien lorsque le code était piétiné. Nombreux étaient les seigneurs et les prétendus Roi des pirates, qui avaient payé cher le prix de cette erreur. Nombreux étaient les ambitieux qui, dans leur quête d'or, de gloire et de pouvoir, avaient été ramenés à la dure réalité par le code.

C'était une chose qu'Edmond ne devait jamais oublier. C'était quelque chose que son séjour sur la Tentatrice lui avait fortement inculqué. Ça et le respect des dames et du travail bien fait. Mais le monde et ses mers n'en attendait pas moins d'un marin bretonnien, d'un marin bretonnien de sang bleu de surcroît! Même si ce sang, jadis pur, ne valait tripette dans un endroit comme l'île des pirates.

Edmond marchait sur le long des quais de la cité, admirant l'incessant ballet des navires battant le pavillon noir, allant et revenant de la course. La guerre de course. Un bel euphémisme, inventé par quelques romantiques, pour masquer avec pudeur ce qui n'était rien d'autre que l'une des besogne les plus infâmes de ce monde : le vol, avec violence et fracas.

Toutefois, cet euphémisme était loin de cacher la réalité qui attendait ceux qui s'engageaient dans une telle carrière. Edmond pouvait en effet admirer le sombre travail des canons des lourd galions bretonniens et impériaux. Quand ce n'était pas des pans entiers des vaisseaux qui manquaient, c'était un marin à la jambe fraîchement amputée, qui clopinait sur ses béquilles, en direction du tripot le plus proche.

Edmond le suivit, d'ailleurs. Certaines mauvaises langues auraient pu dire qu'il était attiré, tel son dieu, vers la mince couche de sang séché qui maculait le nœud masquant le moignon du misérable. En réalité, leurs routes coïncidaient juste.

Edmond était sans emploi. Il avait quitté la Tentatrice, après avoir racheté sa liberté, dans un vain espoir de retrouver celle qui avait été sa promise. Cruels ou bons furent les dieux de lui rappeler qu'un homme mort depuis près de dix n'avait plus grande place dans le cœur de sa belle.

Après avoir conclu, dans un accès de rage, un pacte avec le puissant Stromfels, il s'était vite retrouvé, pendant plusieurs jours, à errer dans les rues de Bordeleaux, en quête d'un équipage pour le recruter, ou d'un pilote assez hardi ou fou pour l'emmener à Sartosa. Il finit par trouver l'un de ces pilotes, un contrebandier anonyme, qui troquait du cognac de contrebande contre les épices et autres trésors que les pirates de Sartosa arrivaient à piller.

Edmond pénétra dans la taverne. Un bouiboui miteux, heureusement rehaussé par l'ambiance paillarde et les rires gras de marins s’encanaillant avec des filles de joie bien en chair. Il avait vaguement vu un panneau à l'entrée. Le Lion de Mer. Sans doute un nom bien adapté à l'endroit. Ou pas, selon ce qu'on s'imaginait être un lion de mer.

Quelques hommes, dans une alcôve, s'étaient lancés dans une partie de cartes endiablée. Un dandy richement vêtu semblait dépouiller trois autres marins.

Une jolie rousse passait entre les tables, distrayant les convives en jouant de la flutte, esquivant avec grâce les mains potelées qui visaient vainement son séant.

Un poivrot semblait assoupi au comptoir, presque sur le point de s'écrouler.

Enfin, dans un coin plus discret, un homme bâti comme une armoire à glace, avec un petit coffret posé sur la table et un morceau de parchemin déroulé devant lui, jaugeait une demi-douzaine de gaillard s'alignant devant lui pour rejoindre son équipage.

Peut-être était-ce l'occasion qu'Edmond recherchait. Ou peut-être, après tant de jours passés sur les mers, en compagnie d'un contrebandier cherchant à lui vendre sa propre mère au prix de la Couronne Bretonnienne, avait-il envie de se détendre avec une bière fraîche, une partie de carte perdue d'avance ou une jolie musicienne.

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Edmond
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Re: [Edmond de la Niche] Les dents de la mer

Message par Edmond »

"- Les quais sont toujours aussi pleins depuis la dernière fois. Heh... ça ferait presque plaisir à voir s'il n'y avait pas autant de faces de rats et de coupe-gorges dans le lot."

Telles sont les pensées d'Edmond alors qu'il arpente de nouveau les quais de Sartosa. Remplis de cette odeur salée dont le jeune matelot ne pourra, il le sait, plus jamais se passer. Les étals à la sauvette, les cargaisons déchargées par les membres d'équipage et autres débardeurs. Ces derniers braillent, hurlent ou chantent tout en accomplissant leurs besognes, heureux d'être de retour sur le sol libre.

En maraude, sur les quais, il faut toujours avoir une main proche d'un couteau ou de son épée. Juste histoire d'être sûr. On peut rapidement se faire prendre dans une rixe ici, sur les quais plus qu'ailleurs. En marchant, une main proche de la garde de son épée, une vive douleur à la main fait grimacer Edmond. Relevant la main et l'ouvrant doucement, la blessure qu'il s'est infligée lui-même, trace de son pacte, lui pique encore alors qu'elle est guérie. Il ne reste plus qu'une marque encore bien vive, recouverte par un léger tissu.

Une fois la douleur passée, le matelot désœuvré peut observer çà et là des bâtiments venus des quatre coins du monde, facilement reconnaissables par leurs constructions, leurs bois, mais surtout par leur figure de proue. Ici un navire venu de l'Empire au bois sombre, là un de ces maudits vaisseaux Estaliens dont les équipages sont au moins aussi agréables qu'une colonie de rats dans un silo à grain. Et là... Là, la figure de proue de ce navire lui rappelle bien trop la Dame pour qu'Edmond ne puisse retenir un grognement.

Depuis qu'il est rentré chez lui et a constaté, après avoir bravé la mort et mille dangers, que son passé l'avait enterré, la moindre figure de la Dame, ou s'en approchant, lui rappelle sa terre natale. Et ce qu'il a perdu... Ceux qui l'ont mis en terre... Son grognement se change en crachat sur le sol à l'attention du navire venu de Bretonnie et il reprend sa route en direction du premier tripot venu.

Le Lion de mer. Un tripot comme mille autres dans la ville libre de Sartosa, avec ses odeurs d'alcool, de tabac, de sueur et, par-dessous tout ça, une légère odeur de sang à cause des rixes. Sûrement. Ce tripot en vaut bien un autre, alors Edmond y entre et trace sa route jusqu'à l'un des piliers de l'endroit pour pouvoir y voir plus clair.

Il jette un coup d'œil distrait à l'homme richement habillé en train de plumer des matelots, et se dit que l'homme devrait arrêter s'il ne veut pas payer le prix du sang pour humilier ainsi des hommes libres. Mais les deux personnes qui attirent son regard sont le recruteur et la musicienne.

La fille n'est pas désagréable au regard, et elle sait jouer de son instrument. Il ira très certainement voir cette dernière pour lui demander une représentation en privée, histoire de voir si sa voix est aussi agréable que sa flûte. Mais d'abord, il doit se trouver un travail.

Il remet ses vêtements avec un semblant d'ordre, puis se dirige vers le recruteur. Mais il ne passe pas par la file d'attente. Il ne compte pas attendre son tour comme un clampin et risquer de perdre une place à bord d'un navire. Aussi, pendant qu'il dépasse la file, il garde une main sur son épée. Une fois arrivé devant le recruteur, Edmond parle.

"- Respects, m'sire. J'm'appelle Edmond. Z'avez du travail y parait ? J'sais nager, j'sais m'battre, j'sais obéir aux ordres et j'saute pas du navire quand y'a du danger comme ces femmelettes derrière moi."
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[MJ] Bugman
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[Edmond de la Niche] Les dents de la mer

Message par [MJ] Bugman »

Par Dan Surcouf, Assistant MJ
Une vague de protestations rugit derrière Edmond.

-Qui tu traites de femmelette, espèce de buveur de cognac ?

-Tu sais obéir aux ordres mais tu sais pas suivre une putain de queue ?

-On va voir si tu sais te battre !

-Eh ! Moi aussi je sais nager !

Il sentit même une main l'empoigner par l'arrière du col et commencer à le secouer.

Le gaillard derrière la table leva les yeux au ciel. Il n'était pas spécialement impressionné. Il se redressa, son tabouret raclant bruyamment le sol de la taverne. L'espace d'un instant, Edmond aurait pu jurer que ce n'était plus un homme, mais un ogre qu'il avait en face de lui.

La carrure impressionnante de l'homme suffit à ramener le calme dans la ligne. Les protestations cessèrent, rapidement remplacées par des regards noirs, fixés sur l'arrière du crâne d'Edmond. Le géant posa deux grosses paluches, aussi grosses que des écus, sur la table, afin de mieux observer le jeune pirate, en plissant les yeux.

Son visage semblait avoir été dessiné par un enfant. Une mâchoire grotesquement carrée, un gros nez rouge et une cicatrice en travers du visage. Un gros sabre d'abordage pendait à sa ceinture. Une de ses grosses main plongea dans un revers de sa veste, pour en tirer très délicatement une paire de minuscules lunettes. Il sembla mieux voir et détendit ses yeux. Il se redressa.

-T'as une bien grande gueule, le bretonnien.

Il avait prononcé ces mots avec un accent tiléen ou estalien.

-Nager, se battre, obéir aux ordres et pas sauter du navire, c'est la base. Le capitaine Lipari n'en demande pas moins.

Il croisa les bras.

-Je dois reconnaître que tu as des couilles. J'aime ça. Le capitaine Lipari aimera ça. Mais on en demande pas moins d'un pirate. Alors, t'as quelque chose de particulier pour pas faire la queue comme les autres ?

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Edmond
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Re: [Edmond de la Niche] Les dents de la mer

Message par Edmond »

Les protestations que les autres lancent à l'arrière d'Edmond ne le font que sourire davantage. Les autres gars ont visiblement que de la gueule, et ne mordent pas énormément. Mais quand il se sent attraper par l'arrière du col, il serre vivement la garde de son épée avant qu'un bruit lourd ne fige toute la file et le Bretonnien avec. Le colosse vient de se lever, et putain ce qu'il est grand ! S'il ne se met pas à parler avec autant d'éloquence, Edmond penserait sûrement qu'il s'agit là d'un Ogre. Mais un Ogre ne sait pas aligner plus de trois mots, et l'un d'entre eux est soit "Manger", soit "Payer", soit "Tuer". Enfin, normalement... Mais ce l'est quand il fait apparaître des verres pour ses yeux que les soupçons d'Edmond disparaissent. Un Ogre, ce n'est pas assez intelligent pour faire ça.

Sorti de sa rêverie par les paroles du colosse, Edmond se racla la gorge, se défait de l'empoignade arrière dont il est victime et remet ses vêtements en place avant de reprendre la parole avec une grande assurance.

"- M'sire, je trimais sur La Tentatrice pendant une bonne décennie. L'second m'a appris un peu à utiliser l'gouvernail. J'saurai faire des plats pour l'équipage, l'maître coq d'La Tentatrice y a veillé. Et si il vous manque un gars pour faire sonner les canons du navire en rythme, je peux aussi l'faire. Je peux aussi cavaler d'une voile à l'autre sans problème. Je peux être efficace à peu près partout m'sire ! Sauf pour raffistoler les gars. J'suis meilleur pour les bousiller."

Ses dernières paroles, Edmond les prononce en jetant un œil furtif derrière lui avant de replonger ses yeux dans ceux du recruteur colossal. Puis, à son tour, il croise les bras et reprend la parole face au géant.

"- Vous cherchez des gars pourquoi ? Il donne dans quoi l'capitaine Lipari ?"
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Lien Fiche personnage : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_edmond_de_la_niche

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