Mais la ville était encore loin et Adrian se dépêchait d'atteindre le prochain village en vue d'y passer la nuit. Il nota que la route s'écartait du rivage et s'enfonçait un peu dans les collines pendant quelques kilomètres avant de déboucher sur une petite vallée entourée d'une forêt de pins dans laquelle se pavanait un petit village bien caractéristique de Tilée. Quelques petites tours, érigés par les plus puissants marchands de la ville pour montrer leur richesse, un petit fortin de pierre et des ruelles étroites pour préserver les passants de la chaleur en les abritant à l'ombre des toits voisins. Le tout trônait au milieu de vignes et de champs d'oliviers dont le parfum ennivrait le voyageur exténué. Pourquoi donc Marielle n'était-elle pas avec lui! Comble de malheur, aux douces odeur de la campagne Tiléenne venait s'ajouter l'odeur de la cendre. C'est alors qu'il remarqua qu'une partie de la forêt de la colline d'en face avait été entièrement ravagée par les flammes et ce, il n'y avait pas plus de trois jours au regards des fumées qui s'en échappait encore. Irrésistiblement, l'image de feu sa femme lui revint.
Notre homme se remémora les derniers moments passés avec elle, ce qui l'amena immanquablement à repenser à la voie qu'il était en train d'embrasser pour le restant de sa vie et donc, à sa mission actuelle. Car si notre futur chevalier se trouvait en ce lieu, à pied et sans arme, c'est bien parce qu' il y avait été envoyé. Le métier d'écuyer n'est pas fait que de servitude au près de ceux qui ont été fait chevaliers et d'entraînement à l'arme et à l'équitation, oh non! On est le plus souvent amené à faire ce que les autres ne veulent pas faire. Or ici, aucun prêtre ni garde noire n'était prêt à faire la route jusque Rémas pour y délivrer une lettre à la confrérie du Suaire dont le siège y est justement situé. Cette fameuse lettre, il l'avait choyé dans la plus grande poche de son manteau pour être certain de ne pas en casser le sceau à l'image d'une rose noire et ainsi, ne pas manquer au "service" qui lui était demandé. Adrian avait demandé à prendre le bateau mais on lui avait rétorqué que ce moyen de transport était trop chère et trop dangereux, d'autant plus qu'il serait fâcheux de voir la lettre tomber aux mains de gens malveillants.
Le soleil brillait à l'horizon lorsqu'il entamait la descente de la colline sur le chemin caillouteux qui menait au village. Fatigué et affamé, il rêvait de pouvoir enfin se reposer sur un matelas de paille fraiche lorsque le son d'un instrument se fit entendre, provenant d'un peu plus bas sur la route. Après un petit moment, Adrian vit venir dans le sens opposé, un homme de petite taille aux cheveux sombre et habillé comme un ménestrel. Il marchait tout en chantant et jouant du luth.
Brûlez vos richesses et adorez la déesse! ♫