[Maria] L'Estrella

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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par [MJ] Le Grand Duc »

- "C'est pas à Sartosa qu'tu vendras ces couilles molles, la Sire ! Faudra penser à aut'chose pour t'sortir d'la merdre dans laquelle tu t'es fourrée !" lui lança Elias "Trois-Doigt" en grimaçant de douleur, appuyé sur le bastingage, tandis que Maria s'élançait déjà vers le gaillard arrière à la suite des arabéens.

La scène aurai pu faire peine à voir pour ceux qui n'avaient pas un cœur de pirate. Les matelots étaient tous couchés au sol, les bras écartés et les mains bien en évidence. Certaines avaient les bras ou le visage lacérés par les échardes qui avaient fusé de toute part lorsque le boulet avait fracassé le garde-fou. Un membre ou une jambe arrachée traînaient ça et là, non loin de quelques cadavres horriblement mutilés par le projectile, et qui baignaient désormais dans une mare de sang. Au milieu, cramponné au gouvernail dont une manette avait été, elle aussi, arrachée par le boulet, se trouvait le capitaine du navire, blême. Et derrière, appuyé contre la balustrade au lambris brun, l'officier des marineros. Il s'était traîné là, blessé à la cuisse par le tir de la Sire, et regardait cette dernière le visage figé et la mâchoire crispée. Cependant, il leva son pistolet dès qu'elle s'approcha et pointa la gueule de son arme vers le front de la jeune femme.

Derrière Maria, les arabéens se tenaient prêts à agir, sabre en main. En quelques coups de pieds, ils éloignèrent les armes potentielles hors de portée des membres d'équipage qui, de toute manière, essayaient de se faire le plus petit possible.


- "Le hijo de puta que tu cherches est là, ma belle." siffla l'officier estalien en armant le chien de son pistolet, toujours braqué sur la Sire. "Toi et tes gibiers de potence avaient réussi à vous échapper, bueno ... et maintenant ? Je t'ai au bout de mon canon. Voilà qui est bien dommage, mourir ainsi après s'être tant battu pour retrouver la liberté. Maintenant écoute moi bien : ordonne à tes macaques de jeter les canons par dessus-bord et laisse les marins appareiller la chaloupe. Et ne bouge pas d'un pouce, ou je te fais sauter la cervelle."
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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La Sire
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par La Sire »

«C’est évident ». Bien entendu que je n’allais pas vendre quelque esclave que ce fût à Sartosa ; notre ville de pirates était aux antipodes du choix que je venais de prendre. Ville de liberté, ville où l’on pouvait s’évaltonner en-dehors du joug des puissants, l’esclavage y était prohibé en tout point, au moins de manière officielle. Il y avait tout de même quelques travers qui subsistaient çà et là malgré tout, notamment en la présence des seigneurs pirates qui siégeaient au conseil de l’île, ou à ce qui n’étaient pas autres que des serfs, ou presque, que l’on exploitait librement aux quais de l’Homme Mort. Cela dit, dans la mesure où ces enfoirés avaient tenté de nous mettre en cage et de nous prendre pour des morceaux de quartiers humains, je me demandais bien le supplice qui leur eût été réservé une fois arrivés dans nos eaux. La pendaison, peut-être, le supplice de la cale, ce genre de délires, assurément. Mais, compte tenu de ce que je prévoyais de faire, c’était, à mes yeux, un bon gros gâchis d’argent. D’ailleurs, en ce qui concernait mes plans, j’aurais très bien pu développer sur la question comme j’étais en train de rétorquer à Elias, mais, dans la mesure où rien n’était encore sûr et que nous n’avions pas encore mis les voiles, il m’était avis que la prudence s’imposait.
A croire que je ne l’avais pas été assez.

Le gaillard arrière n’était rien d’autre qu’une boucherie sanglante, un carnage où s’entreposaient bras et jambes déchiquetés. La complainte des souffrants comme des mourants vous montait à la tête, et vos yeux ne cessaient de s’égarer sans cesse sur des morceaux de cervelles, de chairs, et d’autres traces poisseuses d’un sang qui continuait de s’épancher des artères ouvertes. Ça puait l’humeur humaine, et l’odeur capiteuse et cuivrée du sang vous prenait à la gorge. Et je me retrouvai bientôt avec un canon braqué sur le front.

Ainsi, je venais de trouver celui que je cherchais. Piteusement adossé contre la lisse de couronnement de l’Estrella, il semblait avoir rampé jusque-là avec grande difficulté, espérant trouver refuge au milieu de tous ces marins qui ne savaient pas même se battre dignement. Je fus fort satisfaire de voir que l’une de ses jambes gisait là, comme morte, perforée qu’elle était d’une balle de plomb. Bien ; je n’avais pas manqué ma cible. Il avait les traits cireux et la mâchoire crispée de ceux qui retenaient une intense douleur, un effort de volonté et de concentration pour ne pas défaillir. Assurément, il avait perdu pas mal de sang et, si aucune action chirurgicale n’était entreprise, sûrement trouverait-il tôt ou tard la mort. Il trouva tout de même le courage de me dicter ses conditions de salut. Balancer les canons par-dessus bords et appareiller la chaloupe afin de laisser s’échapper tous les marins.

Me retrouver dans une position de cet acabit n’était pas de ce que je préférais, m’enfin, vu son teint, je gageai à ce qu’il tremblât bientôt. En sus de cela, dans la mesure où je m’étais simplement approchée du capitaine, lequel se tenait à la roue du gouvernail, l’homme comme la roue se trouvaient entre l’officier et moi-même, ce qui me laissait déjà une bien plus belle chance de m’en sortir si j’initiais un mouvement d’esquive, de façon à m’aligner avec lui, le capitaine, et l’imposante roue. Toutefois, il me semblait qu’il y avait mieux à faire. J’écartai légèrement les mains de chaque côté de mes épaules, lui montrant ostensiblement que je n’avais rien à cacher, et que je ne tenterai nulle action –pour le moment. Et je tâchai d’être la plus nonchalante possible pour lui exprimer une vérité que la douleur lui avait occultée.

«Bien, je ne bougerai donc pas. Mais c’est là la seule condition que je puisse, pour le moment, remplir. »

En fait, il me fallait surtout gagner du temps. Il y avait bien un pirate pour lui coller une balle entre les deux yeux, bordel, non ? De quoi se glisser à la périphérie de son regard et lui en coller une, alors qu’il avait le regard braqué sur moi –comme la plupart des hommes, pour changer.

«Vous n’êtes pas sans ignorer que si un canon de six livres pèse déjà une demie tonne, les canons que nous avons là… Du douze et du dix-huit, il me semble, doivent respectivement peser deux trois tonnes. Enfin… Ce n’est pas pour rien qu’ils sont équipés de roue –pour faciliter leur déplacement et leur rechargement, et qu’ils sont chargés à bord des navires par l’intermédiaire de grues. Ainsi… Même si tous les hommes ici présents se réunissaient, je doute qu’ils parviennent à soulever ne serait-ce que le plus léger. Quant à la chaloupe… »

Mains toujours en évidence, je me permis de tourner la tête, regardant derrière moi pour la situer. Et surtout pour accrocher quelques regards, comme celui des tiléens, afin que l’un d’entre eux décide à bouger leur cul pour empêcher l’autre bouffon de me loger sa balle dans la tronche. J’en profitai également pour faire un rapide tour d’horizon, voir ce qui se passait.

«Eh bien, je m’y oppose quelque peu. Après tout, j’aimerais que nous en venions à étudier votre situation plutôt que la mienne. Vous n’avez qu’une balle, et êtes en mesure de me descendre. Bien. Que se passera-t-il alors ? Vous mourrez ? Oui, car l’on me vengera, j’en suis certaine. Mais pas d’une mort aussi propre et nette que la mienne, non. A la place, je crois que l’on vous arrachera les ongles un à un, que l’on vous écorchera la peau, et l’on vous croquera les phalanges et brisera les genoux avant de vous faire bouffer votre merdre. Et si personne n’y avait pensé jusque-là, alors je suis tout aussi certaine que je viens de placer ces brillantes idées dans l’esprit de mes compagnons.
A vous de voir. La balle est justement dans votre camp.
»

Je le fixai du regard, le visage plus dur et fermé que jamais. Non seulement parce que j’étais emplie d’une violente résignation, mais également parce que je me tenais prête, au moindre coup de feu –qui, je l’espérais, proviendrait de l’un des pirates plutôt que de l’estalien, à me jeter sur le côté, derrière la roue du gouvernail.

Je ne sais pas si tout se passera aussi bien à l’issue de ce poste, mais, pour la conclusion de ce Rp et même du prochain que j’écrirai (si j’oublie de le mentionner), je reposerai au capitaine les questions de mon dernier Rp.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 07 mars 2016, 19:16, modifié 1 fois.
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Test de Charisme de Maria : 16, raté.
- "Baja te, gilipollas !" gueula l'officier au capitaine du navire.

Ce dernier poussa un juron et s'exécuta, se couchant rapidement contre les planches et laissant le champ libre entre la gueule du pistolet et Maria.


- "Tu parles beaucoup, puta, mais c'est pas ça qui va te sortir de là. Manaan m'en soit témoin, je préfère t'emmener avec moi dans la tombe plutôt que de te laisser te pavaner comme tu le fais sur un navire de la couronne. Tu te targues de donner des ordres, tu parades sur ces ponts comme un amiral. Pour qui te prends-tu, polluelo. Tu n'es qu'une femme, et ta place est devant la marmite ou dans un bordel. Maintenant, assez parlé. Calla te et fais ce que j'ai dit, ou je t'en colle une dans la cabeza." cracha-t-il, plein de haine, sans baisser son arme.

Lorsque Maria jeta un coup d'oeil vers le tillac, elle croisa le regard de Lucio. Le tiléen fronça les sourcils en voyant la jeune femme bras écartés sur le gaillard arrière, et se précipita vers les escaliers, pistolet en main.

- "Acelera, perra ! Je perds patience !" averti l'officier estalien en agitant brièvement le canon de son arme.

C'est à ce moment que Lucio déboula des marches qu'il avait monté quatre à quatre et, sans attendre, mit en joue l'officier affaissé contre la lisse et appuya sur la gâchette. Son pistolet claqua en même temps que celui du chef des marineros, dans un écran de fumée âcre.
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par La Sire »

L’enfoiré ne semblait pas du tout enclin à me laisser le champ libre et, s’il réfléchit l’espace de deux secondes à mes paroles, il les balaya avec une morgue peu commune. Pour autant que je pusse en constater, son comportement avait été totalement altéré par les derniers évènements. Dans la calle, la personne qui s’était pavanée avec une suffisance doublée d’une condescendante nonchalance, c’était lui. Là, il ne se cramponnait à la vie que par la haine que je lui inspirais subitement. C’en était presque beau. En fin de compte, par sa négligence et par ma faute, il avait tout perdu. Son contrat, ses hommes, son navire, et, le plus important, assurément, pour un estalien, son honneur. Il en était tellement devenu fou que j’avais presque envie de faire des pitreries devant lui, telles que tirer la langue tout en mettant le pouce au nez et tortiller de la main. Mais bon, le gus pointait un pistolet droit dans ma gueule, et, étrangement, ça me passait quelque peu l’envie de faire le mariolle.

Entre temps, j’avais jeté un petit coup d’œil à la dérobade en direction de l’équipage qui m’entourait, et je ne m’étais pas plantée. Si je devais trouver du soutien, ce n’était pas en un autre pirate que Lucio. J’accrochai son regard l’espace d’une demi seconde ; il me le rendit bien. Je fus soudainement fort aise de constater qu’il y avait encore quelqu’un céans-même pour piger ce qu’il se passait, et à quel point tout cela pouvait prendre une fâcheuse tournure pour moi. Et même pour eux, en fait. Après toutes les conneries d’Elias, je l’imaginais mal devenir le soudain meneur de cette petite troupe, lui qui ne pensait qu’à foncer dans le tas sans réfléchir. Si nous étions encore une quinzaine après avoir récupéré le gaillard arrière sans même perdre un seul et unique homme, c’était grâce à moi.

Et l’autre qui continuait d’aboyer à tue-tête, à m’invectiver sans jamais s’arrêter, allant jusqu’à tenter de me recadrer en appuyant sa pathétique argumentation sur mon genre. Ouais, bha là encore, j’avais bien envie de lui dire qu’il s’était fait descendre par une cuisinière et que cette dernière, armée de sa cuillère à soupe, avait couru sus à ses hommes et les avait mis en déroute, tous autant qu’ils étaient. Là aussi, c’était plutôt fâcheux, pour un noble estalien, non pas ?
Mais, comme toujours, il avait ce putain de pistolet braqué sur moi. C’était un combat d’ego qui s’était engagé, au travers duquel je devais faire preuve d’une énorme maîtrise de moi-même pour ne pas lui répondre sur le même ton, pour ne pas braver ce cracheur de mort et lui cogner mon poing dans la gueule, pour lui donner un bon coup de talon dans la jambe, écrasant de mon poids sa plaie suppurante de sang et la balle logée à l’intérieur. Mais agir de la sorte, esquisser ne serait-ce que le moindre mouvement, et la mort m’attendait assurément. Fallait attendre, attendre, et attendre encore, fermer sa gueule, réprimer toutes ses pulsions, et gagner du temps en espérant qu’un de ces connards bougeât enfin son cul. Et ce fut le moment que j’attendais.

Lucio surgit de l’escalier, pistolet –que j’espérais chargé, merde !, en main, dirigé dans la direction de l’officier. A vrai dire, je savais très exactement ce qui allait se passer ;le tiléen allait faire feu, et je n’attendis clairement pas d’entendre la détonation pour m’esbigner de là. L’attendre, c’était là aussi m’en remettre à la chance en espérant que l’estalien se loupât, car j’imaginais tout à fait bien la balle partir si rapidement qu’elle m’attendrait en même temps que le son. Bouger à ce moment-là, et ce serait bien trop tard. Mieux valait prendre les devants, et je me balançai sur le côté. Une demi seconde plus tard, et les pétards retentissaient, résonnant infiniment sur la vastité de la mer plate.

Si je ne refais pas de nouveau personnage, je repose les mêmes questions. :mrgreen:
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 08 mars 2016, 00:47, modifié 1 fois.
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Test de Tir de Lucio (-2) : 4, réussi.
Test de Tir de l'officier (-2) : 16, raté.
La balle siffla aux oreilles de Maria tandis que l'officier estalien s'affaissait avec un râle. Il laissa tomber son pistolet et baissa les yeux sur son torse où une grosse tâche rouge commençait à se répandre, puis bascula sur le côté, les yeux encore ouverts.

Le silence retomba sur le gaillard arrière, tandis que Lucio se redressait en replaçant une mèche de ses cheveux ondulés.


- "Je suis arrivé à temps, semble-t-il."

La bataille pour l'Estrella était définitivement remportée par les forbans. Les arabéens se chargèrent de faire se relever les marins estaliens et de les regrouper sur le pont, bras levés, tandis que la Sire, Lucio et Ducio entouraient le capitaine du navire. Ce dernier avait bien compris qu'il fallait mieux coopérer, et dit à la femme pirate ce qu'elle voulait savoir. L'Estrella était un vieux bateau de la flotte magrittaine reconvertit en geôle flottante. Il mouillait dans cette crique où les galions et les galères alliées venaient décharger leur trop-plein de prisonniers et, une fois les cages remplies, le capitaine mettait le cap vers le Sud et l'Arabie pour vendre sa marchandise enchaînée au plus offrant. La cale abritait également une cargaison de fourrure des Irranas, principalement de la loutre, du renard et du vison, ainsi que huit fûts de Segre, un vin rouge de la région de Molena. Ces biens étaient destinés à être écoulés en Arabie également, ou à Barak Varr. Une fois fait, l'Estrella revenait à Magritta pour distribuer les bénéfices entre l'équipage et les services royaux. Quant au journal de bord, le capitaine lui indiqua qu'il se trouvait dans sa cabine personnelle.
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par La Sire »

Dans le feu de l’action, je ne ressentis rien, si ce n’était, que trop légèrement, le bois du château arrière venir à ma rencontre, mon épaule le percuter, et moi qui roulai de côté en m’étalant sur le flanc. Je relevai vivement le regard, déchevelée, prête à bondir sur quoi que ce fût, quitte à ressentir, peut-être, la morsure vorace d’une balle venant de taillader mes chairs et mes muscles, mêlant le plomb au sang. La déflagration résonna encore longtemps par-delà le navire, et je ne pus entendre ce qui se passait de l’autre côté de la lourde roue du gouvernail. Mais j’étais déjà prête au combat, quand bien même, me dis-je par la suite, tous ces efforts avaient été vains. Je n’imaginais que trop mal l’officier s’en tirer sans aucun mal alors qu’il venait de livrer sa dernière arme, d’abandonner son dernier moyen de défense en la présence de cette seule et unique balle qu’il me destinait. Nul doute que, s’il était encore en vie, les pirates s’étaient jetés sur sa personne et étaient en train de le déglinguer définitivement.

Je me relevai vivement, en dépit de mes dernières blessures que je ne ressentais plus, en ce moment précis. Pareillement que la possible balle qui pouvait m’avoir écharpée. A vrai dire, je ne doutais pas que, dans des conditions normales, un tel impact m’eût couchée au sol, voire m’eût fait tomber dans les pommes, sous le choc et la douleur. Mais là, à fleur de peau, les sens aux aguets et mes muscles tendus, prêts à jaillir, l’adrénaline avait repris le pas sur tout autre émotion.

Mon regard se riva en direction du dernier endroit où j’avais pu apercevoir l’estalien, par-dessus le gouvernail et le capitaine qui s’était effondré au sol lorsqu’avait retenti l’ordre de ce premier. Il n’avait pas bougé, toujours à la même place. Le même, ou presque ; il paraissait plus blanc encore qu’avant, et, alors que son visage s’immobilisait dans un dernier râle, paupières encore ouvertes, une large tache rougeâtre commença à naître au niveau de sa poitrine. Lucio ne l’avait pas manqué. Je lâchai un soupir, mais qu’en était-il de ma personne ?

S’il y avait bien un moment où je devais défaillir après m’être mangé une balle, c’était là, à ce moment précis où la pression était redescendue de moitié. Toujours assez haute, dans l’expectative de ressentir une vive douleur, et devenue soudainement basse, après avoir découvert la mort de mon adversaire. J’auscultai mon corps, mes jambes, mes bras, mon ventre, que pour m’apercevoir, non sans un soulagement certain, que je n’avais rien de plus que ce que j’avais déjà reçu de la part des épées estaliennes. Nouveau soupir de soulagement. Le dernier.

Le silence s’était fait, à croire que les pirates n’avaient pas vraiment eu en tête de profiter de la faiblesse de l’officier une fois qu’il avait usé de son pistolet en se ruant sur lui. Il n’y eut que Lucio pour oser le briser, à présent lui aussi sur le gaillard arrière.

«Ouais, carrément, putain. Merci. J’observai tout le bordel répandu sur le pont et autour de moi. Ce merdier est enfin terminé, et il ne dépend que de nous de nous fourrer dans un nouveau, que j’espère tout de même plus facile. Ces foutues cages, que vont retrouver nos amis les estaliens, ne sont plus que de mauvais souvenir, et l’Estrella nous appartient désormais. »

J’eus enfin le temps de poser mes questions au capitaine du navire que nous venions de capturer, et j’eus également le droit à mes réponses. Comme je le soupçonnais quelque peu, mieux valait ne pas d’attarder céans-même, car il s’agissait plus ou moins d’un point de repère où l’Estrella mouillait en attendant ses prochaines mais fréquentes rencontres avec d’autres navires estaliens. Nous venions tout juste de terminer de croiser le fer, et je doutais, aussi pirates que nous pouvions l’être, qu’aucun de nous eût envie de remettre le couvert.
Du coup, il nous fallait dégager de là, mais le choix d’une destination s’imposait. La cale contenait, en sus de nos nouveaux prisonniers, des marchandises, comme des fourrures et du vin, à vendre en Arabie ou dans ce qui devait être une lointaine citée naine, eu égard au nom évoqué. L’Arabie. C’était bel et bien là que je prévoyais de me rendre pour refourguer toutes ces prises et écouler le contenu de la cale. Mais peut-être existait-il un autre choix ?

«J’espère qu’il y a encore quelqu’un capable de parler l’arabéen, car, autrement, ça va être tendu. Je veux savoir qui ils sont précisément, s’ils étaient pirates ou autre chose, et, le cas échant, leur métier d’autrefois. Je me tournai vers Lucio et ses comparses. Cela vaut tout autant pour vous, mes gaillards. En outre, si jamais il y a un bougre sur ce navire qui connaîtrait une personne à qui refiler toute la marchandise sans trop poser de question, et qui achète en plus de cela des esclaves, alors qu’il se prononce ; il est le bienvenu, très clairement. Peut-être du côté des arabéens ? »
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 08 mars 2016, 20:43, modifié 1 fois.
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par [MJ] Le Grand Duc »

- "Pour l'arabéen, ça risque d'être compliqué ..." lâcha Lucio en poussant un soupir, coulant un regard vers les pirates des mers du Sud qui parlaient entre eux dans leur langue âpre. "Et pour ce qui est de nous ... Nous servions sur le même navire, le Mangiatore du capitaine Da Lozzo. Coulé au large de San Pedro Del Sur. Nous sommes les seuls rescapés, et ils nous ont emmené ici. J'étais Quartier-Maître, Valante cambusier et Toro chef de pièce."

Le tiléen jeta un regard alentours, sur le carnage du gaillard arrière et sur les estaliens que l'on faisant descendre dans les cages de la cale.

- "Il va falloir décider ce que nous faisons, maintenant. Et, j'en ai peur, Sartosa n'est pas une option. Notre ami Toro y a eu quelques ... difficoltà qui rendent cette destination délicate." continua avec un sourire. "Peut-être serait-il préférable que nous mettions le cap vers un petit port arabéen, au Sud du Golfe Noir. Nous n'avons pas le nombre ou la cohésion nécessaire pour prendre le risque de croiser les corsaires des mers d'azur qui rôdent le long de la côte. J'imagine que ..."

Il allait continuer, mais fut interrompu par Elias "Trois-Doigt" qui montait difficilement les marches pour se rendre sur le gaillard arrière, s'aidant de la rambarde en grognant.

- "Bravo la Sire, t'as finit ton petit spectacle. Maintenant on arrête les conneries, et on met l'cap vers la maison. Y'a des choses qui doivent être réglée." Il se tourna vers les hommes du Corbin, restés sur le tillac. "Les gars, on met l'cap vers Sartosa !"

Les quelques forbans lancèrent une clameur, et Lucio échangea un regard rapide avec Valante. Ce dernier descendit quelques marches pour se retrouver à hauteur d'Elias et lui tapota sur l'épaule. L'ancien capitaine se retourna en fronçant les sourcils au moment où le couteau du tiléen s'enfonçait profondément entre ses côtes. Le bougre poussa un râle étouffé et Valante le poussa violemment par dessus le bastingage. Elias tomba à l'eau, et son corps revint vite flotter à la surface de l'eau turquoise qui commençait à se souiller de son sang.

Sur le tillac, les marins du Corbin restèrent stupéfiés, sans savoir comment réagir. Devaient-ils venger leur capitaine ? Que venait-il de se passer ? Les arabéens, eux-aussi, s'étaient interrompus et regardait la scène sans comprendre. Valante, éternellement calme, se contenta quant à lui de ranger son couteau et d'allumer sa pipe en regardant le corps flotter.

Image
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par La Sire »

Apparemment, il n’y avait personne pour être capable de faire la conversation aux arabéens dans leur langue, si ce n’était un de leur groupe. Ça promettait, cette histoire. Mais peut-être qu’il y en avait quelques-uns pour lesquels notre dialecte ne sonnerait pas trop étranger. Car manier un navire et le faire voguer demandaient une précision certaine dans chacun des mouvements, ainsi qu’une coordination sans faille. Et celle-ci ne passait que par le biais d’une entente certaine entre le capitaine, le second, et le maître d’équipage. Aussi, si les arabéens n’étaient pas capables de piger un traître mot de ce que l’on demandait de faire, c’était comme si nous avions six marins en moins à bord. Et ça, ça puait vraiment. D’ailleurs, j’y pourpensais quelque peu, et même s’ils demeuraient capables de balbutier quelques mots de notre langue, je les voyais très mal comprendre le vocabulaire précis de la marine. Et il n’était pas même certain qu’ils fussent matelots dans leur ancienne vie. En fin de compte, je n’en avais pas fini, de soupirer.

Quant à Lucio, Valante et Toro, les trois bougres remplissaient à merveille quelques-uns des postes à pouvoir, notamment en la personne du quartier-maître, du cambusier, et d’un chef de pièce. Je ne sus quel était la tâche qui leur avait été confiée alors même qu’ils naviguaient de concorde sur le Mangiatore, mais, à présent, je gageais que cela n’avait plus trop d’importance.

«Bha, ès qualité de maître d’équipage, comme on dit dans l’jargon, ça sera à toi de mener ta petite enquête, au sujet des arabéens. En repérer un pas trop con, capable de piger ce que tu diras pour les manœuvres afin de les retranscrire aux autres et faire en sorte que l’Estrella puisse évoluer sur l’eau. Sans quoi, on n’est pas tirés d’affaire. Voir aussi ce qu’ils faisaient avant, sait-on jamais. Tiens, avec un peu de chance, il y en aura bien un dans le tas qui a de bons yeux ; on le colle dans la vigie, au hunier du grand-mât, et ça en fait un de moins à caser. Qu’importe le langage ; suffit qu’il gueule bien fort en agitant le bras pour la direction, et ça fera l’affaire. Ah ouais, aussi. Nouveau soupire. Vu que tu piges l’estalien, faudra que tu me fasses la lecture du journal de bord de l’Estrella. Un vrai trésor en eux-mêmes, ces bouquins. On peut trouver des routes commerciales, les trajets des autres navires estaliens, les ports d’attache, les coordonnées de nouvelles terres, de hauts-fonds, de courants… ‘Fin, tu vois le genre. Si tu trouves un truc intéressant, tu me le diras. »

Ça, c’était pour Lucio. Maintenant, je passai à Valante.

« Il ne me semble pas que l’on ait un autre cambusier que toi sur le navire. Alors, bienvenu à bord. Si tu pouvais faire un rapide inventaire de la nourriture qu’il nous reste, et, surtout, une estimation des jours en mer que l’on pourra faire avec ça, ça serait super. De quoi prévoir notre prochain plan de route, voir si l’on vise du long séjour ou du court pour vendre tout notre beau bordel. »

Puis Torro.

«Chef de pièce, ça marche. On a peut-être un maître canonnier, voire mieux, un canonnier tout court, dans ce qui nous reste d’équipage, et faudra se référer à lui. J’irai voir les marins du Corbin pour en savoir davantage. »

C’était toujours un bon début, mais il nous manquait encore des gens de première importance. Je songeais notamment au maître voilier, capable de réparer le gréement, au maître charpentier, afin de s’occuper des œuvres vivres comme des œuvres mortes, d’autant plus que le gaillard arrière, lui, avait pris cher en se mangeant un boulet de canon, un maître calfat, pour les voies d’eau, un canonnier –je venais justement d’en parler, et, surtout, un second. Pour le pilote, ma foi, je pouvais m’en charger en même temps que tenir la barre, et pour le coq, l’on trouverait bien un gus qui voudrait se charger de faire la popote. Ce n’était pas comme si nous étions super nombreux, en ce moment. En tout cas, rentrer à Sartosa n’était pas dans mes idées premières, et les trois tiléens partageaient le même avis que moi. Ce n’était pas le cas d’Elias.

Parvenu à son tour mais avec difficulté sur le gaillard arrière, le voilà qui prit la parole que pour aller à l’exact opposé de ce que nous voulions faire. Sartosa. Il n’avait que ce mot à la bouche, et son injonction fut bientôt reprise par les quatre marins qui le connaissaient depuis bien plus longtemps que moi. Puis ce fut le drame.

Valante se porta à sa hauteur et, sans rien dire, avec un stoïcisme particulier, lui tapota l’épaule, juste de quoi le déconcentrer afin de lui perforer le bide à l’aide de son couteau. Le vieux marin se trouvant déjà dans un état quelque peu critique, ce fut assez pour qu’il défaillît, et Valante n’eut plus qu’à le pousser par-dessus bord, dans la flotte. Il tomba, et avec lui, un lourd silence.

Ok, génial. Je venais de me débarrasser sans rien avoir à faire d’un arêteux problème que pour en avoir un second sur le dos, immédiatement. C’était pas très orthodoxe, ça, comme manière de faire, et il y avait des chances pour que l’action ne plût pas vraiment à l’équipage. Enfin, surtout aux quatre gus du Corbin. J’observai le corps flottant à la surface. Il me fallait agir sans plus attendre.

«En tant que capitaine du navire –voilà, ça, c’était dit, ça venait de tomber, je me tiens en-dehors de cette affaire, et ne statuerai objectivement que selon notre code. Si quelqu’un s’oppose, pour de bon, à l’acte de Valante, qu’il le fasse savoir. Un conseil pourrait être monté pour décider du cas de Valante, et tout se jouera au vote de chacun, ou bien l’indigné peut-il toujours le défier en duel, directement, afin de laver l’affront. »

J’espérais bien que la seconde option serait écartée, car nous n’étions déjà plus beaucoup. Voire même que personne n’aurait les couilles pour lancer un conseil qui, de toute façon, ne serait pas efficient avant un petit moment, le temps que l’on dégage de là.
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par [MJ] Le Grand Duc »

La tension était palpable. Les quatre pirates du Corbin se tenaient sur le petit tillac, sabre en main, sur le qui-vive. Les arabéens, eux, étaient sur le gaillard arrière. Eux aussi gardaient la poigne solide sur le manche de leurs armes, observant attentivement l'évolution de la situation. S'ils ne comprenaient pas un traître mot de ce qui se disait, ils avaient bien saisi l'enjeu de l’événement : maintenant que les estaliens étaient hors d'état de nuire et que le navire était conquit, les anciens prisonniers allaient se disputer le butin. La belle cohésion dont les pirates avaient fait preuve pour se sortir de ce mauvais pas menaçait d'éclater d'un moment à l'autre. Les tiléens et la Sire, quant à eux, se trouvaient entre les deux groupes.

- "Capitaine ?" répéta Ducio "Toro" en regardant Maria.

Il avait récupéré son tricorne fendu, et regardait la jeune femme avec une expression apathique. Sa mâchoire carrée était ornée de favoris épais et son visage, buriné, était lézardé de quelques cicatrices.
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- "Tu vas bien vite en besogne, bambina. Tu souhaites la bienvenue à bord, tu donnes des ordres à droite à gauche ... et maintenant tu veux même pas dire merci à Valante. Moi, je trouve que personne t'a dit que tu étais le capitaine de ce rafiot et que t'es bien arrogante." dit-il de sa voix grave.

- "Tu sais bien que ce cazzo allait t'emmerder jusqu'au bout, la Sire." renchérit Valante, calme et impassible, en tirant sur sa pipe sans perdre les pirates du Corbin et les arabéen du regard. "Maintenant, je trouve que notre ami Toro a pas tout à fait tord ... puisqu'on est sorti de cette merda, on va souffler un coup et réfléchir à ce qui va se passer ensuite. C'est pas dit que nos amis tatoués prévoient pas de nous poignarder dans la nuit pour rentrer chez eux fissa."

- "Et commence pas à nous enfumer avec ton code et tes mièvreries de marsouin, là. T'es plus à Sartosa, ici. Et on risque pas d'y r'tourner d'si tôt, alors mieux vaut t'y faire." lança Ducio. Ce dernier, qui n'avait pas parlé depuis le début, semblait particulièrement méfiant, sinon remonté, vis à vis de Maria.

Lucio, bras croisés, observait la scène sans intervenir. Son regard allait de ses amis tiléens à l'équipage du Corbin et aux arabéens. Un geste mal placé, et tout ça pouvait très mal terminer. Maria n'avait pas su s'imposer naturellement comme le nouveau capitaine de l'Estrella, il lui faudrait alors ruser et faire preuve de diplomatie. Et compter sur le trio tiléen, les pirates de Sartosa et les corsaires du Sud qui ne comprenaient même pas ce qu'elle disait.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par La Sire »

J’avais balancé tout ça un peu à l’improvisade, mais c’était bien parce qu’il fallait faire quelque chose. Tenter de fédérer un commencement de bordel qui ne pouvait aller que mal en pis. Et encore, j’étais loin d’imaginer les proportions que cela prendrait. Les gens pouvaient vraiment être cons, parfois, mais, d’un autre côté, il demeurait tout autant probable que chacun ne partageait pas mon point de vue sur la piraterie. J’ignorais leur passé, et peut-être que certains, qui n’avaient été que des fermiers jusque-là, étaient désireux de rejoindre leur terre pour s’en aller retrouver leur femme et leurs gosses. Si fait, la vie en mer ne leur convenait pas. C’était une explication, mais elle ne justifiait pas tout, toutefois. C’était bien là l’une des raisons pour lesquelles je voulais connaître la vie d’antan de chaque homme présent sur l’Estrella, quand bien même ne parlaient-ils pas ma propre langue.

Valente avait assassiné, c’était le mot, Elias, et moi, je m’étais bombardée capitaine, mais pour des raisons que j’estimais légitimes, et que je n’allais pas tarder à expliciter à Ducio. Lui, de son côté, venait de prendre la parole pour la première fois, et le bougre ne se ménageait pas pour dissimuler l’appréhension qu’il ressentait à mon encontre. Et, vraiment, ça m’étonnait. C’était assurément le mot de capitaine qui l’avait fait tiquer. Et le voilà à me traiter de gamine ou de trucs dans le genre en me faisant les gros yeux parce que je m’étais arrogée ce poste tout en donnant des ordres au nom d’un code qu’il ne partageait pas. Je me tournai vers Ducio.

« Il semble y avoir plus de sel dans tes propos qu’il n’y en a dans cette mer qui nous entoure. Puis-je savoir pourquoi ? Moi, je vous apprécie. Franchement, et cela quand bien même me taxes-tu de d’arrogante. Mais laisse-moi rectifier l’adjectif. Compétente, et non pas arrogante. Ça fait la diff’. »

Valente s’était exprimé, également, disant tout haut ce que je pensais tout bas. Il n’avait pas tort, oui, et je lui devais des réponses.

«Merci, Valente. Ouais, je sais clairement qu’il allait me briser les ovaires, celui-là. Mais, outre ce merci sincère, je sais également que cette… élimination te sert tout autant que moi. Qu’aurais-tu fait, s’il avait pris le contrôle pour parvenir jusqu’à Sartosa, avec toi à son bord ? Enfin, bref. Je vais vous dire ce que je pense, les zouaves. Je sais, pour avoir été capitaine d’un navire plusieurs années, qu’il faut être le plus neutre possible dans les affaires de l’équipage. Le quartier-maître est là pour régler les différends, la plupart du temps. Voilà le pourquoi de mon manque affiché de reconnaissance. Mais bon. »

L’autre fumait sa pipe, au calme, à moi que d’avoir l’air décontractée. Et je l’étais véritablement, c’était ça le plus important. Rien à voir avec cette partie de dés àlakon que j’avais engagée avec feu Pedro et son comparse, rien non plus à voir avec le combat qui s’était déroulé par la suite, et la conquête du navire. En fait, je me sentais déjà bien dans mon élément, là. Peut-être étais-je dans un excès de confiance, mais, après la victoire que nous venions de remporter, c’était comme si j’avais des ailes. Je refusais de croire qu’aucun d’entre nous pût trouver la mort pour une connerie de jalousie ou de possession. En fait, je voyais déjà, peut-être naïvement, un équipage incomplet qui pouvait s’unir et faire de grandes choses. Ou presque, parce que l’on était toujours avec six singes qui ne parlaient pas notre langue, mais bon. Fallait être positif, dans la vie, merde.
Je m’adossai avec une nonchalance certaine contre le gouvernail. Là où se trouvait d’ordinaire soit le capitaine, soit le timonier.

«Mais on peut en parler. Voilà pourquoi je me suis estimée capitaine. Parce qu’il est celui que l’on suit, tout naturellement, après qu’il a érigé son plan, lors d’une bataille, ou lorsqu’il faut trouver une solution. Et il me semble bien que, tout du long, je fus cette personne. Pour nous tirer de nos cages, pour monter sur le pont, pour faire capituler le capitaine de l’Estrella. Non ? Ou bien je fais preuve d’un cruel manque de lucidité, actuellement ? Dites-le-moi, sait-on jamais. »

Je les dévisageai, un par un, mais surtout Ducio, car c’était lui qui semblait ressentir le plus de réserve à mon égard.

«Je pense avoir bien agi. Avec logique, et pragmatisme. Logique et pragmatisme que tout le monde aurait pu avoir, ouais. Et peut-être bien que vous y aviez tous pensé, dans le feu de l’action. Eh bien, mes cocos, j’imagine qu’il fallait avoir eu les couilles, que je n’ai pas, de prendre la décision pour tout le monde, et de la dire haut et fort en espérant être suivi par le restant de notre joyeuse petite troupe. Fallait l’exprimer avant. Je l’ai fait, et vous m’avez suivie. »

J’eus tout l’occasion de voir que Lucio, Ducio et Valente fixaient les arabéens d’un regard peu amène. Ce qui me fit soupirer, encore.

« Quoi, vous pensez vraiment qu’ils vont venir nous égorger pendant notre sommeil, vraiment ? Alors qu’on les a libérés ? Putain, sans déconner, j’espère vraiment qu’ils ne sont pas aussi cons. Laissez-moi en douter. Suffit d’en tuer encore quelques-uns, là, comme ça, d’entre nous, et même si les survivants se regroupaient tous, il leur serait impossible de se tirer de là avec l’Estrella. J’espère que vous savez nager, ou que vous êtes patients, en prenant la chaloupe. Et dites au revoir à toutes les marchandises de la cale. Et même à tous ces estaliens que vous avez enfermés pour rien, aussi. Non, franchement, j’espère vraiment que vous n’êtes pas assez débiles pour vous tirer dans les pattes comme ça. Par ailleurs, cette histoire de duel pour venger Elias… Je pris une mine blasée, lassée, que je ressentais véritablement. Sérieux, laissez tomber. On est déjà plus trop nombreux, autant éviter des pertes inutiles pour des combats d’ego de merde.

Tiens, d’ailleurs, en parlant d’ego, eh bien, voilà. Tu ne me veux pas en capitaine ? Vous ne voulez pas de moi à ce poste ? Ok, très bien. Ça ne me dérange pas, pourvu que vous en trouviez un assez compétent. Vraiment. Elias a été zigouillé, lui qui s’y voyait déjà, et avec sa mort, ça nous fait un capitaine de merde en moins. Oui, ça me va, et oui, je le pense vraiment. Bon. Qui, alors ? Parce qu’il en faut un. On fait quoi ? Faut donc souffler un coup et réfléchir à ce qui va se passer ensuite, on fait des votes qui statueront donc sur le sort de Valente, et on fait tout autant de votes sur l’identité de notre prochain capitaine, on y passe la nuit, les arabéens nous égorgent pendant notre sommeil, et, au matin, un brick estalien plein d’esclaves sera en vue pour se décharger, sa cargaison et ses marineros, sur l’Estrella ? Sur ce qui est désormais notre navire ? Dites-moi.
»
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 13 mars 2016, 02:45, modifié 1 fois.
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