[Maria] L'Estrella

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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Profil du Marinero estalien
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Equipement :
- Rapière, 14+1d8 dégâts, 12 parade, Rapide
- Veste en cuir (Armure légère), torse et bras, 5 pts d'armure
- Morion (Armure moyenne), tête, 6 pts d'armure
Tour 1


Ordre d'action : Maria-Marinero

Attaque de Maria : 7, réussie.
Parade du Marinero (-2) : 11, ratée.
Le coup touche au torse (14).
Marinero perd 17 points de vie. Il reste 43 points de vie au Marinero !

Attaque du Marinero : 7, réussie.
Parade de Maria (-2) : 6, réussie.
Le coup touche au torse (19).
Maria perd 14 points de vie. Il reste 46 points de vie à Maria !

Tour 2


Attaque de Maria : 16, ratée.

Attaque du Marinero : 9, réussie.
Parade de Maria (-2) : 1, réussite critique.

Je te laisse narrer le combat, à moins que tu veuilles que je complète avec un tour 3 et/ou 4.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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La Sire
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par La Sire »

Tout occupé qu’il était à gueuler comme un putois, j’eus tout le temps de le voir arriver, lui comme sa rapière qu’il s’apprêtait à m’assener sur le coin de la figure. J’allais devoir faire appel à mes leçons d’escrime. C’était un truc que j’avais toujours aimé, ça, fort heureusement pour moi, car, ès qualité de pirate, j’avais dû en avoir recours à plus d’une reprise. C’était une science de noble, ça, un apprentissage du combat qui devenait un passe-temps favori pour qui n’était pas trop grassouillet. Car l’escrime vous forme le corps, par un exercice répété, et l’esprit, en vous enseignant le détachement nécessaire à la résolution rapide d’un problème. Le pire, c’était pour les estaliens, qui eux poussaient carrément cette science au rang de philosophie, la poussant à l’extrême tout en y ajoutant de la géométrie. Plutôt perché.

Mais nous, pauvre hères que nous étions, n’allions pas aussi loin, quand bien même étions forcés de l’appliquer. Car justement, tous ces sang-bleus qui apprenaient dès leur plus jeune âge l’art de l’escrime, c’était nous qui nous les coltinions quand venait le temps d’aborder un navire estalien, tiléen, ou de l’Empire. Tous ces officiers bombardés capitaines, seconds ou autre lieutenants, ils savaient sa battre la plupart du temps. Encore que, parfois, ils déchantaient très vite ; ils n’avaient appris que l’escrime cordial et n’étaient pas forcément affutés à celle de tous les jours, où les bottes secrètes comme les coups de putes étaient de mise. Cracher un gros mollard dans la gueule d’un officier juste avant de feindre un coup d’estoc, il n’y avait que ça de vrai.
Et puis, de l’autre côté, les duels permettaient de régler bien des différends, et c’était là notre pain quotidien. Se mettre d’accord en se tapant sur la tronche, parallèlement aux divers conseils, assemblés et élections, et faire primer la loi du plus fort sur une plage au sable chaud ceinturé d’une eau turquoise. En fait, seul le cadre changeait véritablement, vis-à-vis des nobles. L’on avait peut-être davantage de similitudes avec ces derniers que nous voulions bien l’admettre.

Bref, confiante dans mes appuis, j’effectuai un pas de côté, souple et félin, tout en obviant sa lame de la mienne. Un petit mouvement fluet du poignet, et ce fut suffisant pour que sa charge me ratât pendant que je contrattaquai vivement. Il n’eut pas même le temps de réagir que ma rapière lui déchira les chairs au niveau de sa chemise recouverte de cuir. Parfait. Mais il n’avait pas dit son dernier mot, le bougre ; rugissant encore, certainement pour donner un exutoire à sa douleur, il m’asséna un nouveau coup, que je parai derechef. Seulement, je n’eus pas la même réussite que lors de la première fois, car la pointe acérée glissa le long de mon tranchant pour venir à son tour titiller ma propre peau. Je ne le sentis qu’une seconde plus tard, lorsque le métal laissa sur moi son empreinte glaciale là où il faisait pourtant bien chaud, faisant apparaître un sillon ensanglanté sur ma vêture. Et là où ç’avait été une froide sensation, ce fut à présent une brûlure qui me tirailla. Je serrai les dents, refusant d’émettre le moindre juron qui put trahir ma colère et, ainsi, une certaine négligence dans ma prochaine offensive.

Pourtant, celle-ci se vit allégrement, comme je fauchai l’air plutôt que la tête de mon adversaire. La faute à pas de chance. Nouvelle attaque, nouvelle parade de ma part. Là, plutôt que de jurer et de chercher à retenir mes injures, je ne me fis pas pression pour retenir mon petit sourire sarcastique qui naquit sur mes lèvres.

«Eh ouais mon gars, tu peux pas test ! »

Je repartis à l’assaut.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 10 févr. 2016, 19:43, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total : 104 xps
La Sire - Maria Lucini, voie du Forban.
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Tour 3


Attaque de Maria : 3, réussie.
Parade du Marinero (-2) : 5, réussie.
Le coup touche à la tête (1).
Marinero perd 7 points de vie. Il reste 36 points de vie au Marinero !

Attaque du Marinero : 5, réussie.
Parade de Maria (-2) : 13, ratée.
Le coup touche au bras droit (3).
Maria perd 27 points de vie. Il reste 19 points de vie à Maria !

Tour 4


Attaque de Maria : 4, réussie.
Parade du Marinero (-2) : 12, ratée.
Le coup touche au bras droit (5).
Marinero perd 28 points de vie. Il reste 8 points de vie au Marinero !

Test d'End du Marinero : 16, raté. Il est hors-combat !

Je te laisse à nouveau narrer le combat. Tu peux l'achever sur une action gratuite, ou faire autre chose. C'est toi qui vois !
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par La Sire »

Je me demandais, durant le même temps de l’action, si ce petit sourire vicelard qui avait fleuri sur mes lèvres après tant de parades réussies ne l’avait pas quelque peu énervé. C’était toujours ça de gagner, lors d’un duel ; parvenir à énerver l’adversaire pour le contraindre à vouloir en finir au plus vite, le poussant à l’erreur. Eh, ce n’était pas pour rien que l’escrime était une science à part entière, aussi bien mentale que physique, car il fallait toujours garder son sang-froid. Mais je m’en rendis rapidement compte ; le gus avait été loin de perdre son calme, et, à présent, c’était comme s’il voulait me rendre la monnaie de la pièce, juste en obviant à son tour tous les coups que je parvenais à lui porter.

Voltant, ma lame fusa droit sur son cœur en un coup d’estoc que j’estimais bien appliqué. A son tour, hélas, de se mouvoir sur le côté tout en relevant sa propre rapière, déjouant le coup. Toutefois, dans une légère incurie de sa part, ma lame s’en alla heurter son visage. Manque de bol, l’enflure avait pour lui ce morion capable de lui protéger le crâne, et ce fut presque comme si je ne l’avais point touché. Bouffon, va, songeai-je, t’as de la chance que l’on ne soit pas sur un des gaillards, car je t’aurais fait passer par-dessus bord fissa. J’eusse bien aimé le voir se débattre dans l’eau avant de couler la tête la première, emporté par le métal.

Je tempêtai quelque peu, et cela ne manqua pas. Ne fallait-il pas pouvoir conserver son calme en toute circonstance ? Voilà bien une leçon que je tâcherai de retenir à l’occasion, car, endêvée que j’étais, je commis une bévue, et la rapière de mon vis-à-vis, elle, ne me rata pas plus que je ne l’avais raté. Sauf qu’il passa outre ma garde, l’enfoiré, et je ne pus ni me défiler, ni parer le coup, cette fois-ci. Le tranchant acéré mordit profondément et dans ma chair, et dans le muscle, et je me retins de justesse de glapir sous la brûlure devenue instantanément poisseuse de sang. Je serrai les dents, n’ayant que cela à faire, à me les écraser les unes contre les autres, tendant de lever une barrière mentale contre la douleur qui m’irradiait déjà. Il fallait que j’en finisse le plus rapidement possible.

Le prenant à contre-pied comme il venait de se fendre vers l’avant pour toucher mon bras gauche, le marinero s’était découvert l’intégralité et de son flanc droit, et de son bras fort dont la main tenait la rapière. C’est là que je décidai de l’attaquer aussitôt, et cela ne manqua pas ; je n’avais eu qu’à viser un peu plus dans le prolongement, sachant que, bien évidemment, il allait tout faire pour reculer, pour retirer son bras. Cela porta ses fruits, et je lui perforai pile-poile le haut du bras, rentrant ma lame bien profondément dans l’épaule. Il lâcha son arme, et je crus bien que la douleur eût raison de son esprit ; il tomba inanimé sur le sol. Devais-je l’achever comme l’on égorge un porcin, ou devais-je me montrer miséricordieuse ? Ni l’un ni l’autre, quand bien même décidai-je de lui laisser la vie sauve. Le bougre ne se relèverait pas de sitôt, ne constituant plus un danger, et, lorsque l’entrepont serait débarrassé des soldats, l’on aurait tout le temps libre pour transformer les derniers survivants en esclaves. Ne resterait plus alors qu’à les vendre, de quoi se faire un petit pactole pour bien commencer le voyage.

Moi, de mon côté, je n’en menais pas large non plus. Je me trouvais fortement affaiblie après ce combat, ayant perdu bien trop de sang. Je jetai un coup d’œil aux alentours, sur l’entrepont, afin de voir comment se déroulait le combat, et qui avait l’avantage. Mais il demeurait toujours quelque chose que je pouvais faire ; recharger mon pistolet. Mener un duel à l’épée, volter de ci de là consommerait assurément le reste de mon énergie, là où pointer le canon de mon arme sur un type et presser la détente se révélerait assurément plus facile.
D’ailleurs, bordel, n’y avait-il plus la moindre trace de l’officier estalien ?
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 13 févr. 2016, 11:56, modifié 1 fois.
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La Sire - Maria Lucini, voie du Forban.
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par [MJ] Le Grand Duc »

A peine son adversaire s'était-il effondré sur les planches que Maria examina rapidement le reste de l'entrepont en saisissant son pistolet pour le recharger en même temps. Le combat était nettement en faveur des pirates qui, poussés par la colère et la soif de liberté, avaient mis au tapis presque tous les marineros. Seuls quelques soldats défendaient encore leur vie mais bientôt ils lâchèrent leurs armes et levèrent les mains pour se rendre, exténués. Les pirates survivants poussèrent un hourra. L'entrepont encombré était désormais jonché de cadavres : des arabéens, des pirates du Corbin et des soldats de marine estaliens. Les trois tiléens et Elias "Trois-Doigts" étaient encore debout, ainsi que quelques autres forbans.

L'attention de Maria se porta vers les escaliers qui montaient sur le tillac tandis que la jeune femme introduisait une bille de plomb dans la gueule de son arme à feu. Des traces de sang tapissaient les marches et une main ensanglantée s'était appuyée contre la cloison, comme si quelqu'un avait tenté de s'aider pour remonter sur le pont supérieur, profitant de l'agitation ambiante pour filer.


- "La Sire !" la héla Lucio. "Que fait-on de ceux là ?"

L'arrogant tiléen se tenait devant un marinero désarmé, la pointe de sa rapière posée contre la glotte tremblante du pauvre soldat.

- "Mes avis qu'il vaut mieux pas s'en embarrasser trop longtemps ..." grogna "Toro" en jetant un regard de pierre aux autres marineros qui s'étaient rendus.
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par La Sire »

Je tirai la tronche, à n’en pas douter, mais je gageai que cela était compréhensible, eu égard aux blessures que j’avais subies. Recharger une arme n’était pas fort compliqué ; j’en avais pris l’habitude depuis que j’étais gamine, mais les mouvements m’arrachèrent malgré tout quelques grimaces de circonstance. Accroupie dans le renfoncement où je me terrai, par prudence –l’on n’était jamais autant vulnérable que lorsque l’on rechargeait son arme, je versai une dose de poudre noire dans la gueule, y plaçai la balle que je fourrai bien au font à l’aide d’un écouvillon, puis j’y foutus un calepin afin d’être certaine d’assurer le meilleur rendement, puissance et précision lorsque le coup partirait par le biais d’une bonne étanchéité. Enfin, je l’espérais, à tout le moins, car l’engin, ma foi très capricieux, demeurait toujours capable de vous péter à la gueule. Tout en effectuant ce bon vieux rechargement, je zieutais par-ci par-là l’entrepont.

Les marineros s’étaient retranchés en un petit groupe compact et difficile à percer, mais cela trahissait leur dernière faiblesse. Il fallait croire que la férocité des pirates avait eu raison de leurs capacités martiales et de leur cohésion. Ils auraient bien dû le savoir ; ne jamais se mettre à dos des pirates lutant pour leur liberté. Aussi, s’il y avait bon nombre de cadavres qui appartenaient à ceux de notre petit groupe d’anciens prisonniers, ceux du camp des estaliens n’étaient que plus nombreux encore à joncher l’entrepont. Et ils tombaient les uns après les autres comme des mouches, dans la continuité de cette danse macabre et décadente. Tout regroupés qu’ils étaient, les estaliens avaient organisé une défense difficile à pénétrer par la pointe de l’épée, mais, sitôt que l’on considérait les armes à feu, et c’était une toute autre histoire. Je n’étais pas la seule à recharger dans mon coin ; d’autres m’imitaient tandis que leurs collègues les défendaient simplement de leur rapière, sans jamais songer à lancer l’agression sur les marineros pris au dépourvu. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’ils ne se fissent tous mouchés, abattus comme de vulgaires pigeons. Quelques déflagrations retentirent, des cris déchirés furent audibles, et l’on rechargea tranquillement les armes. Les estaliens, enfin, se rendirent compte qu’ils étaient faits comme des rats –et se rendirent tout court.

Les dernières armes agrippées par des mains estaliennes tombèrent au sol dans un bruit sourd, jonchant à leur tour le bois de l’entrepont comme le faisaient une bonne dizaine de cadavres. Les pirates eurent ce petit sourire victorieux qui les qualifiait si bien, fier, orgueilleux. Mais quelque peu soulagé également. La question de savoir ce qu’il fallait faire d’eux se posa tout naturellement.

«Eh bien, à moins que vous n’y voyez un inconvénient, je serais dans l’idée de leur accorder le confort et l’hospitalité qu’ils nous ont généreusement offerts. Dans ces putains de cage, dans cette éternelle eau croupie qui mouille l’intérieur des œuvres vives. Qu’en dites-vous, ce serait un bon départ, non pas, une fois que l’on se sera emparés de ce navire ? On les vend comme ils nous auraient vendus, on se fait un pactole, on recrute deux trois gus, on retape le navire, et nous voilà de retour à écumer les mers comme les fils de putes de pirates que nous sommes !
Ah, par contre. S’il y a une foutue tapette qui veut se faire sucer la queue par un de ces estaliens et qui, par amour du jeu, engage une partie de dés avec eux dans leur cage, je lui colle moi-même une balle entre les deux yeux.
»

J’eus un petit sourire narquois ; je ne faisais que relater ce qui s’était passé dans notre cas, bien évidemment. Mais alors que j’inspectais le pont, car je n’avais toujours pas aperçu ce fichu officier, des traces de mains ensanglantées me conduisirent dans l’escalier qui menait jusqu’au pont. Je ne m’y engageai toutefois pas ; courageuse, mais pas téméraire. J’étais assez mal en point pour m’y risquer seule, et l’on avait encore des marineros à emprisonner. Mieux valait être certains qu’ils fussent sous clef avant de continuer l’inspection du navire. Je me tournai vers Lucio.

«Nul trace de l’officier, mais je sais que je lui ai tiré dessus. Je ne crois pas l’avoir manqué –je connais mes capacités, et il se sera sûrement esbigné là-haut, le lâche. Mais ça pourrait être lui comme n’importe qui. D’ailleurs, il demeure toujours les matelots, l’équipage qui anime le navire. Ils doivent se planquer sur le pont, eux aussi. On se charge de mettre en cage les prisonniers, puis il faudra partir à la reconquête de l’intégralité du navire. »
Je gage que l’on peut aller jusqu’à la reconquête du navire, une fois que tout le monde est plus ou moins prêt. Voir où mènent ces traces de sang, et à qui elles appartiennent.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 18 févr. 2016, 17:16, modifié 1 fois.
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Le visage de Lucio se fendit d'un sourire et il se tourna vers les marineros qui avaient rendu les armes.

- "Vous avez entendu la dame ..."

Valante et Ducio "Toro" poussèrent les soldats estaliens sans ménagements et les guidèrent vers la cale à la pointe de leurs sabres, secondés par quelques arabéens. Les perdants, dont certains étaient blessés, obtempérèrent sans résister. Les grilles des cages crissèrent et ils furent enfermés à leur tour.

Le calme était retombé sur l'entrepont, dont les planches étaient jonchées de cadavres et de traces de sang luisant. Elias "Trois-Doigts" se tenait le flanc, visiblement blessé, et avait le visage blême. Pour autant, sa main libre était solidement fermée sur la poignée de son pistolet à silex. Autour de lui, il ne restait que quatre marins du Corbin, et six arabéens qui s'étaient chargés s'achever les estaliens agonisants et de ramasser des armes.

Lucio hocha la tête en direction de Maria tandis que ses amis tiléens et les arabéens qui les accompagnaient remontaient de la cale une fois leur besogne accomplie.

- "Il semble que ce soit notre seule alternative, en effet." dit le pirate avec un sourire. "Il ne reste plus qu'à espérer que ces matelots ne sont pas les plus loyaux qu'il soit ..."

Et c'est autour de la Sire que les pirates survivants se regroupèrent, prêts à monter à l'assaut sur le tillac de l'Estrella. Ils s'élancèrent avec une clameur en direction de l'escalier et gravirent les marches quatre à quatre jusqu'à l'air libre du pont supérieur.

Ils furent éblouis quelques secondes par la lumière crue du soleil méridional qui frappait les falaises blanches de la crique dans laquelle mouillait le navire. Les eaux turquoises et limpides luisaient sous les rayons ardents de l'astre diurne. Les yeux des pirates s'habituèrent rapidement à cette luminosité abrupte, et le pont de l'Estrella se dessina plus nettement. C'était un navire de taille respectable, doté de trois mâts dont celui d'artimon était gréé d'une voile latine, carguée pour le moment. Le grand mât se levait haut vers le ciel dépourvu de nuages et le pont était garni de caisses amarrées par des cordages. Quatre pièces d'artillerie étaient disposées de part et d'autre du tillac, leurs affûts posés contre la muraille de bois et leurs gueules dirigées à tribord et à bâbord du navire. Enfin, ce dernier était muni de deux châteaux, avant et arrière. Le château avant semblait lever le nez, prolongé par le beaupré, tandis que le château arrière était parfaitement plat.

Les gréements étaient vides, tout comme le tillac. Seule une trace de sang frais serpentait entre les caisses et les cordages enroulés pour remonter les escaliers en bois jusqu'au château arrière, où l'ensemble de l'équipage s'était réfugié. Les matelots avaient bloqué le haut des marches à l'aide de barils et autres bagages, et se tenaient derrière, l'air peu rassuré. A côté d'eux se tenait un homme à la tenue bariolée qui rappelait quelque peu celles de l'Empire, avec ses manches bouffantes rouge et jaune pétard. Ses hauts-de-chausse gonflés possédaient des taillades tapissées de bleu et son pourpoint sombre se terminait en une fraise blanche qui lui entourait le cou. Enfin, son vaste chapeau à bords relevés en feutre rouge était piqué d'une longue plume blanche.


- "Voilà un bien drôle d'oiseau." souffla Lucio avec un sourire moqueur.

- "Pas un pas de plus, pirates, ou vous ne serez point épargnés !" lança celui qui devait probablement être le capitaine du navire.

Les matelots qui l'entouraient devait être une vingtaine, peut-être moins. Ils étaient vêtus de simples chemises débraillées et de culottes d'un bleu délavé, et avaient quelques couteaux, deux ou trois piques ou encore de simples pieds de chaise en guise de gourdins. Serrés sur le château arrière, ils n'avaient pas réellement l'air menaçants.

- "Ils sont morts de peur." murmura Valante, impassible. "Dépêchons nous de jeter ce bouffon à la mer, et s'en sera fait de l'équipage."

- "Mieux vaut-il les passer par le fil de l'épée. Figlios de cagna, on ne peut jamais faire confiance à un estalien." rétorqua Ducio en crachant à ses pieds, les yeux rivés sur la maigre barricade dressée en haut des marches qui menaient au château arrière.

- "Par les couilles de Manann, qu'on en finisse." grogna Elias, derrière eux. "Dépêchons nous d'prendre ce rafiot et r'tournons à Sartosa."

Quelques jurons approbateurs lui répondirent tandis que les arabéens, eux, serraient leurs poignards et leurs cimeterres en regardant Maria.

- "N'avancez plus, ou la justice de Myrmidia s'abattra sur vous !" leur lança à nouveau le capitaine, le timbre un peu tremblant.
Désolé pour le retard.

Voici une image de l'Estrella, à peu de choses près :
Image
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par La Sire »

J’avais lancé les ordres, et personne n’y trouva à redire. Je gageai donc qu’ils approuvaient tous autant qu’ils étaient mon plan, et cela m’allait rudement bien. L’heure n’était pas aux chamailleries pour décider de la marche à suivre, et si tout le monde pouvait travailler de concert à la réalisation d’un même objectif, comme il l’était demandé pour tout équipage digne de ce nom, les choses n’en iraient que pour le mieux. Ainsi, dans la mesure où personne ne s’y opposa, quelques pirates s’en allèrent pousser les estaliens encore en vie de la pointe de leur épée, leur indiquant la direction jusqu’aux calles et à la grille des cages, laquelle se referma sur eux. Bien, nous avions donc un début de petit pactole, si l’on prenait pour acquis le fait qu’ils fussent déjà vendus.

Pendant ce temps-là, je m’étais trouvé des chemises sur quelques cadavres qui jonchaient çà et là l’entrepont, et je m’étais attelée à les déchirer pour me procurer des bandages de fortune que j’enserrai et compressai au niveau de mes blessures. Je doutais de pouvoir grandement améliorer les choses, mais je n’étais pas débile non plus, toute capable de panser des plaies que j’étais. Toutefois, je n’étais pas bien fraîche, et me demandai parfois si je n’avais pas la tête qui tournait légèrement, à force. Putain de détestable sensation. Mais cela ne suffirait pas à m’arrêter. Je fis également le compte des survivants, de nos survivants. Moi-même, les trois tiléens, cinq types rescapés du Corbin, dont Elias « Trois-Doigts », dont le surnom changerait peut-être d’ici peu, je me le demandais, et six arabéens, sans compter les deux qui étaient partis s'occuper de nos derniers prisonniers. Dix-sept gus, en somme, ce qui était pas trop mal, finalement, compte tenu de la vingtaine de marins qui nous attendaient là-haut. Ouais, ça devrait le faire.

Après nous être réunis, nous montâmes à l’assaut du tillac, gueulant comme des putois, comme toujours. L’apanage des pirates, ça, en sus de la capacité à encaisser des flots de boisson et à jurer comme des charretiers. Avoir du coffre dans la voix. C’était un peu grossier, pas très éloquent. Ça faisait même un peu débile, stupide, parfois. Grosse brute. Mais ça suffisait à filer les chocottes à ceux que l’on affrontait, et, dans ce qui précédait la fureur du combat, l’on ne demandait pas mieux. Tout pressés que nous étions, nous dûmes nous arrêter malgré nous une fois parvenus sous la lueur du soleil. Bigre ce que ça faisait du bien que d’être réchauffée par les rayons ardents dont la nitescence se reflétait allégrement sur les eaux turquoises. Mes mirettes durent également s’acclimater quelque peu à toute cette luminosité, après avoir passé des jours dans une pénombre humide, mais le coup passa, et j’eus bien davantage de temps pour ausculter le navire qu’après cette foutue tempête qui m’avait conduite dans cette maudite cage.

Je levai les yeux en direction de la mâture ; trois mâts, voiles carguées –sûrement carrées, dont celle du mât d’artimon qui s’avérait être de type latine, celle-là, et des gaillards fortement surélevés vis-à-vis du pont. D’accord ; nous avions là une belle petite caraque, pour ce que je pouvais distinguer. Puis j’observai rapidement l’armement ; quatre canons au total, à raison de deux par bordée. C’était bien faiblard, tout ça, et je grinçai des dents. Mais bon, c’était mieux cela que rien du tout, et à nous que de mieux l’armer par la suite –quitte à changer carrément de navire. Les caraques n’étaient pas ce qu’il y avait de mieux pour la guerre, désormais.

En tout cas, le pont était désert ; l’équipage s’était retranché sur le gaillard arrière, barricadé de caisses balancées dans les escaliers. J’eus un petit sourire ; je n’avais que trop souvent vu cette résistance désorganisée et couarde lorsque nous montions à l’abordage. Surtout lorsque je vis les armes qu’exhibaient les marins. De quoi vous couper une bonne tranche de fromage, et rien de plus –encore que je nourrissais quelques doutes pour les pieds de chaise. Bref, si fait, ils nous laissaient toute la latitude pour agir, car je doutais fortement qu’ils eussent eu le temps de faire ce qu’il fallait pour nous contrer par la suite. A la tête de toute cette petite troupe de marins qui nous défiait de monter, un curieux personnage, un noble estalien, peut-être, eu égard à son accoutrement bigarré. C’était lui, en personne, qui nous menaçait de mort. Mais il y avait quelque chose d’horriblement faux dans ses avertissements, aussi creuses que si elles avaient été nourries par le vide du désespoir. Je n’étais pas la seule à l’avoir remarqué ; les tiléens comme l’équipage du Corbin l’avaient noté eux aussi. Peut-être même les arabéens également, tant que l’on y était, à cela près qu’ils n’avaient pas les moyens d’exprimer rapidement leur ressenti sur la question. Mais qu’importait ; les bougres suintaient l’effroi.

«C’est évident. Ils ne savent que faire, et se terrent là-haut sans rien pouvoir faire d’autre que de balancer de futiles malédictions. Ne prenons pas même la peine de répondre maintenant. En revanche, plutôt qu’un assaut massif qui nous coûterait la vie de nos frères, je conseillerai plutôt une autre approche. On va les faire rendre gorge sans aucun combat. »

Je préférai tempérer les ardeurs d’Elias, lequel, décidément, ne semblait pas réfléchir plus loin que le bout de son nez. A croire qu’il n’avait aucune expérience de la mer, du combat, et des abordages.

«Bon, l'on va procéder ainsi. Ils n’ont aucune arme à distance, semblerait-il, et préfèrent se cacher derrière leurs barricades. Nous avons donc tout le temps d’agir. Désamarrez un canon, et amenez-le sur le pont, gueule sur le château arrière ! »

J’observai les hommes s’activer, puis ressassai ce vieux temps où j’avais appris la recharge de pièces en tant que canonnier. Lorsqu’ils furent prêts, je gueulai.

« Crevez la gargousse, remplissez la lumière, versez-y deux doses de poudre ! Chargez le boulet, refoulez, usez du point de mire pour viser, sous la culasse du canon. Et personne derrière avant de faire feu ! Personne derrière ! Feu ! »

J’attendis de voir un peu la tronche des marins estaliens qui recevraient le boulet sur le coin de la gueule. Mieux, nous avions tout notre temps pour procéder de la sorte, pour réarmer l’engin, et les réduire en amas sanglant jusqu’à ce qu’ils se rendent.

«Bien ! Premier tir, et l’on a encore quelques-uns de vos tonneaux remplis de boulets. Vous n’avez pas d’autres choix que de vous rendre, et l’on vous laissera la vie sauve, dans tous les cas. Mais décidez-vous rapidement, avant que vous finissiez avec quelques membres arrachés par les éclats. Déposez les armes, et couchez-vous au sol, mains mises en évidence. »
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 29 févr. 2016, 21:06, modifié 1 fois.
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Lucio haussa les sourcils, feignant d'être impressionné, son sourire toujours coincé au coin des lèvres.

- "Voilà une donna qui a des tripes, en effet."

Les autres pirates lancèrent une ovation et s'empressèrent de détacher l'un des canons et d'en pointer la bouche vers le château arrière sous le regard horrifié des estaliens.

- "Z'avez entendu la Sire ! Magnez-vous !" lança Elias "Trois-Doigts" à son ancien équipage, se tenant d'une main contre le bastingage.

La pièce d'artillerie fût tirée au milieu du pont et l'un des forbans vida deux doses de poudre noire dans le réceptacle prévu à cet effet tandis qu'un autre glissait un boulet en fonte dans la gueule de l'engin et tassait le tout à toute vitesse à l'aide d'un refouloir.

Sur le gaillard visé, l'équipage de l'Estrella s'agita sans savoir quoi faire, le capitaine lançant désespérément des ordres à droite à gauche pour tenir ses hommes. Mais ces derniers voyaient bien l'impasse dans laquelle ils se trouvaient et la panique commença à monter dans leurs rangs.

Le canon fût enfin chargé et l'un des pirates s'approcha avec une bougie tandis que les autres se reculaient vivement. Les estaliens se jetèrent au sol avec un cri. La mèche fût allumée et siffla un instant. Soudain, une puissante détonation retentit et fit vibrer tout le navire tandis que le canon reculait d'un bond et qu'un nuage noir s'élevait autour de lui. Le boulet fila en vrombissant en direction du gaillard arrière et brisa le bastingage dans une pluie d'échardes, emportant avec lui une paire de bras et de têtes.

Le silence retomba sur le pont de la caraque, ponctué des plaintes déchirantes des marins mutilés. Une main s'éleva parmi les corps couchés au sol, brandissant le chapeau rouge à la plume blanche.


- "DETENED ! Detened ! Nous nous rendons !" hurla la voix tremblante du capitaine de l'Estrella.

Une nouvelle clameur monta parmi les pirates, et les arabéens tatoués empoignèrent déjà leurs lames et se pressèrent dans l'escalier pour monter sur le petit tillac, sabres au clair.

- "Par les mille dents de Manaan, voilà qu'est enfin terminé." souffla Elias. "Dépêchez vous d'jeter ces fiottes par-dessus bord et mettons les voiles vers Sartosa sans perdre de temps." lança-t-il aux forbans qui l'accompagnaient, et qui hochèrent la tête avec un sourire carnassier avant de suivre les arabéens.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par La Sire »

Si les canons étaient amarrés, ce n’était pas pour rien, et celui-ci nous montra pourquoi. Il y eut une déflagration, de quoi vous assourdir les oreilles jusqu’à manquer de vous faire éclater les tympans, et il fallait remarquer que nous étions à ciel ouvert, et non pas claquemurés dans le pont de batterie, là où la moindre onde sonore se répercutait à l’infini sur le bois rugueux. Un souffle puissant, un éclat de lumière plus vif encore, quand bien même parlait-on de poudre noire, et le boulet fut projeté vers l’avant, si promptement que l’on n’eut le temps que d’en voir les dégâts. A l’inverse, le canon fut balancé à l’arrière sur plusieurs mètres, et j’avais bien gueulé « personne derrière » pour une bonne raison. Quiconque se trouvant dans le chemin de l’objet eût été écrasé, ou se serait vu avec une jambe broyée par le poids de l’engin. Fallait voir les dégâts que pouvait infliger un seul canon à son propre équipage lorsque les boulets adverses traversaient le pont de batterie. Ce n’était pas l’explosion ou les éclisses qui demeuraient les plus mortelles, quoiqu’elles avaient leur rôle à jouer dans la mortalité des gars, mais bien toutes ces amarres déchiquetées qui libéraient les canons de leur sabord. Et l’un de ces derniers en roue libre sur un pont provoquait bien souvent des dommages irréparables, surtout lorsque s’y additionnait la gîte du navire qui l’envoyait se balader d’un bout à l’autre.

Enfin, là, ceux qui avaient du souci à se faire, c’étaient les bougres d’estaliens retranchés derrière leurs barricades de fortune. Et ils venaient de manger du dix-huit livres dans la tronche. Là, effectivement, pas de canon à proprement dit prêt à les écraser, non, que de l’explosion brute, de la ferraille, et du bois en charpie qui vinrent leur arracher bras, jambes et têtes.

«Dans ton cul, la justice de Myrmidia, grinçai-je pour moi-même, satisfaite. Le capitaine avait beau avoir gesticulé dans son coin avant que nous eussions mis le feu à la poudre, tentant d’organiser ses troupes, cela ne servit à rien. Nous avions même eu le temps de voir les visages se décomposer en nous voyant nous activer, à quelques brasses de leur position. Je crois même que les premiers cris de capitulation précédèrent la déflagration. Ils savaient qu’ils ne pouvaient plus rien faire pour empêcher cela. Mais je m’en foutais ; j’avais donné l’ordre de tiré dans tous les cas. Pour être certaine d’obtenir leur abandon, et pour amenuiser leur nombre, alors plus nombreux que le nôtre. L’on ne savait jamais, en cas de fourberie ou d’une tentative de rébellion future.

Les cris, les geignements et les pleurs nous furent totalement audibles, bientôt recouverts par la voix tremblante du capitaine de l’Estrella. Ils se rendaient. De notre côté, notre clameur retentit en retour ; c’était bon, le navire nous appartenait définitivement. Déjà, Elias faisait des siennes.

«Non, non, non ; l’on ne tue personne, et l’on en balance encore moins par-dessus bord. Pensez plutôt à l’argent qu’ils vont nous rapporter, aux tonneaux de rhum et aux putes que l’on pourra s’accorder. Ce serait, pour chacun d’entre eux, près de quatre-vingt putains de couronnes que vous foutriez à la flotte. Je ne crois que l’on peut en faire une bien meilleure utilisation en les transformant en ce qu’ils voulaient faire de nous. Puisque l’on parle d’argent, autant leur rendre la monnaie de leurs pièces. Foutez-les en cage, eux aussi. »

Les arabéens, sabres et épées en main, se dirigeaient vers l’escalier, et je grimpai à mon tour à leur suite.

«Veillez à bien écarter les armes qu’ils auront déposées à terre.
Je tâchai d’aller voir le capitaine.
Bon choix, bon ordre, encore qu’il ne soit survenu qu’un peu trop tard. Bien, alors à présent, vous allez me remettre votre journal de bord, me dire ce que contient l’Estrella, ce que vous comptiez faire, pourquoi vous mouilliez céans-même, et où est passé le fils de pute d’officier des marineros. A moins qu’il ne soit parmi vos marins ? »

Je jetai un rapide coup d’œil aux hommes qui m’entouraient ; je l’avais peut-être tout bêtement raté.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 03 mars 2016, 00:28, modifié 1 fois.
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La Sire - Maria Lucini, voie du Forban.
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