C’est un peu schématique, car comme certains navigateurs aiment à le répéter : « il n’y a jamais de certitudes en mer. » Cependant c’est assez vrai. Dans cette mer de l’ouest, l’on peut pratiquer la piraterie sans être sans arrêt traqué par des galions invincibles… Du moins si l’on évite d’aborder les gros porteurs Bilbalis et Magritains…
Et ceux des hauts elfes…
Et les caravelles de Marienburg…
Voire les navires Tiléens…
Mais qu’est-ce qui reste à aborder en ce cas ?
Pas grand-chose: de pauvres marchands de petites Cités de l’Ouest Estalien, de misérables pêcheurs… Quand il ne faut pas se taper des raids sur terre pour dépouiller des villageois déjà sans le sou.
Mais cette stratégie pirate est-elle une fatalité ? Pourquoi voir si petit ? Se rendre maître d’un riche navire n’est-il pas faisable, même à effectif réduit, si l’on s’y prend bien ?
Ce sont des questions qu’il faut poser au Capitaine Rozado. Car c’est lui commande sur ce petit rafiot sur lequel Arnaes s’est récemment enrôlé… Rosado, c’est un homme prudent. Et plus tout jeune. Certains murmurent au sein de l’équipage qu’il n’a plus ce qu’il faut pour diriger, que sa hardiesse d’antan a disparue en même temps que sa jeunesse…
Son navire, un deux mats miteux, se nomme pompeusement « L’épaulard », et une douzaine d’hommes, pour la plupart des gamins et des vieillards fatigués, y officient en général.
Outre le sec et ridé Rosado, l’on peut néanmoins citer quelques gars qui semblent plus ou moins valeureux : Il y a le second, Marano, fils de Rosado. A peine pubère, et encore bien trop respectueux des choix de son père, mais toutefois un marin de qualité. Il y aussi le pétulant Gaspar, dit « le bavard », une fine lame doublée d’un séducteur hors pair, toujours une plaisanterie à la bouche ; et Vitor, menuisier venu du Nord , bon comme du bon pain, courageux pour trois.
Sans oublier, peut-être le plus impressionnant de tous : Le sinistre Marquez, surnommé « Mort Marquez », inutile d’expliquer pourquoi. Ce type est un véritable colosse et ses yeux sont deux gouffres de haine. Peu de gens osent le côtoyer de trop près, et l’on raconte en douce qu’il ambitionne de prendre prochainement la place du Capitaine…
______________________________________________________
Le printemps, date indéterminée. A peu près midi.
Chair brûlée, feu, sang… Cri de mourants, cliquetis de sabres…
La bataille faisait rage. Violente, meurtrière… Nul ne l’avait vue venir.
Pourtant Rosado s’était montré prudent, comme à son habitude. Il avait ordonné l’abordage d’un piteux bateau des îles Mauves. Rien d’insurmontable à première vue… Et c’est là que le piège s’était refermé : De la cale avait jailli une horde d’hommes en armes, tous plus furieux les uns que les autres !
Sans doute que les Iles Mauves en avait assez de se faire pirater… Et c’est sur l’Epaulard que la vengeance était tombée.
Mais pour l’heure Arnaes, surpris sur le pont ennemi avec les siens, avait sans doute d’autres choses à penser : dans ce chaos de fer et de sang, dominé par les coups de feu d’un malade qui possédait une arquebuse, il était acculé contre un bastingage à coup de hache par un mercenaire hurlant!!