"Il vous faudra m'assurer sur votre honneur et sur Shallya qu'aucun mal ne sera fait aux personnes endormies. Que mes drogues ne serviront qu'à éviter des morts inutiles et préserver des vies. Je ne tolèrerai pas, ni moi ni mon temple, que mon savoir soit utilisé à des fins néfastes. "
Le médecin regardait le capitaine-mercenaire dans les yeux en attendant la promesse. Une fois celle-ci formulée.
Holswig-Haagen garda le silence, voulant signifier de la sorte qu'il n'entendait pas se plier à ce genre de résolutions iréniques. S'attendant à le voir ciller et détourner son regard par soumission, il soutint le regard du médecin, regard qu’il réussissait à réellement capter pour la première fois depuis leur brève rencontre à Altdorf. Le capitaine-mercenaire sembla intrigué et amusé par la force de caractère inattendue et insoupçonnée de cet homme malingre et fuyant qui d’habitude semblait songeur ou préoccupé.
" Je vous promets d'en tenir compte. Mòrr décidera du reste..."
Expédia-t-il avec fatalité.
" La bonne nouvelle est que je suis capable de vous procurer ce genre de potion. La mauvaise nouvelle est qu'il me faut quelques jours pour pouvoir vous préparer une potion stable et efficace. Une fois faite vous devez la faire ingérer à votre victime. La rapidité d'action dépend d'un savant dosage et de la résistance du patient....il me faudra consulter mes réserves et peut être aller faire quelques emplettes en ville pour compléter mes stocks, car ce sont des plantes trop onéreuses pour ma bourse. "
La circonspection du mercenaire sigmarite laissa place à de l’agacement. Certes, il n’avait pas imaginé que le temps nécessaire pour préparer une telle potion serait aussi long. Toutefois, il estimait l'exigence de ce délai comme étant de la mauvaise volonté et une certaine obstination à faire valoir les préceptes indolents de Shallya, lui qui semble-t-il, s'accordait promptement aux circonstances avec le pragmatisme résolu d'un homme d'action. Son agacement s’excitait d’autant plus que le médecin s’escrimait à vouloir extraire cette écharde de la table.
" Bien entendu, Herr Altdorfer…bien entendu.."
Répéta-t-il pour se persuader finalement qu'il ne pouvait en être autrement.
" Il vous sera fourni tout ce dont vous aurez besoin. Mettez-vous tout de suite au travail et tenez-moi au courant de votre avancement. "
Attendant la fin du discours de Matthias Altdorfer, Ingmar posa son regard sur les autres membres de l’expédition tenta de jauger leur réaction face à ces propos. Puis le Norscan pris la parole à nouveau, cette fois-ci sa voix se voulant calme et posée.
"Vous avez raison Holswig-Haagen, lorsque vous dites que personne ne m’a forcé à embarquer sur ce navire et je souhaite autant que vous que ce navire rejoigne la Lustrie. Néanmoins, l’on m’a forcé à demeurer sur ce navire, me privant moi-même et mes hommes de distractions qui auraient très certainement rendu le voyage plus agréable.
Je comprends parfaitement que le nain soit essentiel à l’accomplissement de notre voyage, je ferai donc tout ce qui est en mon pouvoir pour vous aider dans cette entreprise. Il ne sera pas dit que les hommes du nord ne possède pas d’honneur."
En disant sa dernière phrase, son regard n’avait pas quitté le sergent Kampffart. Il reprit ensuite la parole toujours sur son ton calme.
" Toutefois, pour pallier à l’injustice que vous avez causé à mes hommes lors de la dernières escale, il serait fort appréciable de votre part de leur offrir une compensation. Offrir à ceux qui resteront à bord, charmante compagnie et à boire autant qu’ils en voudront, serait la moindre des choses. En échange, je vous promets qu’ils ne quitteront pas le navire et vous aurez ma participation afin de libérer le capitaine du navire, peu importe ce que cela implique, ainsi que celle d’un des miens."
Le chef mercenaire prit une petite pause dans son discours, souriant. Lorsqu’il reprit à nouveau la parole son discours dénotait quelques notes d’amusement.
" Vous savez aussi bien que moi, capitaine, que des hommes comblés sont des hommes efficaces le moment venu. Si mes hommes me sont aussi loyaux c’est car je suis juste avec eux. Faites en autant et vous obtiendrez leur respect. "
Holswig-Haagen écouta le Norscan sans l’interrompre. Le sourire qui se dessinait sur le visage concentré du sigmarite laissait supposer qu’il commençait à apprécier le personnage. Dans ce jeu de position, chacun, faisant mine de tenir sa posture, déployait son intelligence d'homme rompu à l'exercice difficile du commandement dans le but de dégager un compromis acceptable pour les deux parties.
A la demande d’Ingmar au sujet d'une compensation pour ses hommes, il ne répondit pas, se contentant d’un clignement des yeux et d'un hochement de la tête qui signifiait toutefois son acquiescement.
Kampffart, défié du regard par le chef-mercenaire Norscan, se rembrunit. Raidi au coté de Holswig-Haagen, la contraction des rides de son large front laissait entrevoir la noirceur de son esprit.
" Excusez-moi mais il me semble que j'ai désormais mon mot à dire sur tout ça. Olricssen si notre expédition réussit vous pourrez vous payer tout les bordels de Copher et toute la bière du Reikland, prenez votre rancune en patience et allez me chercher le nain et la dame, ils me semblent être sortit trop vite. Le plan de Herr docteur est bon, nous pourrions proposer ses services aux gardes en échange d'une visite... Et là, nous frapperons. "
Holswig-Haagen ne s'attendait pas à un tel appui sans compromis de la part de l'explorateur, craignant plutôt que le Wastelander, animé par un esprit nationaliste malvenu, ne lui mette des battons dans les roues.
" Laissez ! Une poignée d'hommes décidés vaudront plus qu'une troupe contrainte. Exposez-nous plus précisément votre plan Kaepernick ! "