Pour finir, après un long moment de silence, le gamin sembla prendre une décision, hochant la tête sans raison apparente : il était à coup sûr très intimidé par notre héros, et par la réputation de son ordre. Lorsque enfin il ouvrit la bouche, ce fut pour bredouiller un "Je reviens" à peine audible, avant de s'enfuir en courant, disparaissant en un rien de temps au coin de la rue. Raël, qui n'avait pas vu le coup venir, et pour tout dire, avait eu confiance dans l'honnêteté du garçon, voulut croire dans un premier temps qu'il allait lui rapporter son argent, qu'il avait certainement dissimulé quelque part avant de venir s'enquérir de son état. Mais plus les secondes passaient, et plus le soldat redoutait que le petit malandrin ne revienne pas. C'est donc dans cette atmosphère de doute que baignaient les pensées de Raël, et c'est pourquoi les deux minutes qui suivirent lui parurent durer une éternité. C'est assurément avec un grand soulagement qu'il vit enfin la silhouette du garçon se profiler au bout de la ruelle : il revenait vers lui en courant, et, à peine essoufflé, tira de ses vêtements crasseux la bourse dérobée, la tendant au soldat d'un air contrit. Le silence s'installa entre les deux, le garçon n'osant certainement pas parler sans permission de cet adulte appartenant à une classe sociale supérieure à la sienne.Test de Charisme pour Raël : 8 (Réussite sur le fil).
Mais Raël n'eut pas le temps de briser la glace, ni même de saisir la bourse tendue, qu'une voix autoritaire se fit entendre, venant de l'extrémité de la rue :
"Eh, toi, gamin ! Cet argent est à moi, rends-le sur le champ !"
Relevant la tête, Raël put constater que deux hommes à l'allure fort peu recommandables se dirigeaient vers eux, l'air vaguement trop hostile à son goût. Les deux portaient des armes à la ceinture, clairement visibles : l'un était doté d'une paire de dagues effilées, et l'autre d'une épée simple. Leurs visages affichaient une sorte d'étrange jubilation, qui semblait entrer en contradiction avec leur réclamation prononcée à l'instant. Et ils avançaient vers eux, ce qui ne présageait rien de bon ! Derrière Raël, la rue était dégagée, et une fuite précipitée était possible, si d'aventure les choses venaient à mal tourner...