[Tsvetkova] Cœur de glace II

Kislev, pays de sombres forêts de conifères, d'étendues neigeuses et de steppes balayées par les vents, se trouve l'est de l'Empire. Pendant des siècles, il a été un rempart face aux incursions dévastatrices du Chaos venues du nord. Kislev est un allié fidèle et puissant de l'Empire, toujours prêt à envoyer ses troupes à son secours

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[MJ] Katarin
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace II

Message par [MJ] Katarin »

Évoquer Elena fit immédiatement son petit effet auprès des deux interlocuteurs de Tsvetkova : la jeune vierge de glace entrouvrit la bouche de surprise tandis que le commandant afficha ouvertement sa perplexité en haussant un sourcil de manière exagérée. Néanmoins, la jeune apprentie réussit à briser la glace dans les secondes qui suivirent grâce à l'évocation des talents culinaires de sa mère : peut-être que le ton de sa voix ne prêtait pas au badinage, mais le décalage ainsi crée et l'empathie naturelle de Tsvetkova suffirent à faire disparaitre l'étonnement sur le visage des deux nobles, pour être remplacé par un amusement sincère via des sourires en coin mal dissimulés.
C'est néanmoins avec une respectueuse politesse qu'ils choisirent de ne pas l'interrompre, préférant attendre quelques secondes après qu'elle se soit tue pour prendre la parole.

- L'apprentie de la cadette Ipatiev...

Un court silence suivit cette simple déclaration qui ne semblait pas avoir été énoncée dans un but précis, comme si Dmirov avait eu besoin de prononcer ces mots à voix haute pour leur donner davantage de consistance, tandis qu'il observait de ses yeux sombres la jeune fille de haut en bas. Puis il lâcha un unique éclat de rire :

- Ha ! Et une pólkrwi de surcroit... Bah merde alors, je ne savais même pas que vous pouviez devenir des czarownicami. Nadyezhda ?

- Elle est la première que je vois, dowódca, répondit la vierge de glace, qui parlait pour la première fois. La Veuve Vénérable a élu le peuple gospodar pour qu'ils deviennent les hôtes de sa puissance, le peuple ungol ne peut par conséquent développer notre don. Cependant, les jeunes filles gospodars se découvrant une affinité avec la Veuve restent peu nombreuses, et les métis dans notre pays sont particulièrement rares. Elle est donc je suppose, une exception parmi les exceptions...

A l'image de ses traits avenants et de sa silhouette fine, la voix de Nadyezhda était douce et fluette. Quand bien même son statut dans la hiérarchie des sorcières était supérieur à Tsvetkova, elle ne semblait pas plus âgée qu'elle. Une étincelle malicieuse dansait dans ses pupilles bleutées : à l'instar d'une enfant ayant bien du mal à cacher son intérêt pour quelque merveille, la jeune vierge de glace semblait très curieuse de l'anomalie magique qui se présentait devant elle.

- Quoiqu'il en soit, sa démonstration à nos portes est plus que suffisante pour prouver la véracité de son récit : j'y ai bien reconnu le style d'Elena Ipatiev lorsqu'elle se retrouve contrariée...

Le commandant avait abandonné son sérieux pour afficher une mine franchement goguenarde ; néanmoins il décida de reprendre un visage plus digne lorsqu'ils croisa le regard de la jeune femme pour poursuivre :

- Mais pardonnez-moi pour mes manières, dame Aznabaev. Votre périple dans l'oblast semble avoir été particulièrement éprouvant, et vous méritez en effet de profiter de notre hospitalité plutôt que de subir mes bavardages. Nadyezhda va vous guider vers la chambre des invités de notre zàl, où vous pourrez profiter de tout le confort réservé aux druzhin. Elle restera à vos côtés pour vous tenir compagnie et s'assurera que vous ne manquiez de rien. Je vous demanderais néanmoins de ne pas quitter votre chambre tant que l'atamanka ne vous aura pas reçue : elle sera assurément intéressée d'avoir des nouvelles de sa sœur, et de voir de ses yeux celle qui a eu l'honneur de devenir son uczennica...

La vierge de glace adressa un sourire poli à Tsvetkova, avant de s'avancer de deux pas, l'invitant à la suivre vers le zàl. Autour d'elle, il était évident que la jeune métisse était au cœur de la curiosité de toute la tirsa : militaires comme civils, adultes comme enfants, tout le monde semblait observer plus ou moins discrètement la nouvelle venue, attentifs à ses gestes à défaut de pouvoir l'entendre distinctement.

Les deux femmes marchèrent le long de la grande allée traversant la tirsa pour y rejoindre son zàl central. Sous ses pieds, Tsvetkova put goûter à nouveau au confort d'une neige tassée depuis des jours, sur laquelle prendre appui se faisait instinctivement sans que sa jambe ne finisse enfoncée jusqu'au genou. Des milliers de minuscules gravillons avaient été jetées sur la route, permettant aux bottes de ne pas glisser sur le verglas s'installant immanquablement sur ces grandes étendues plates.
Après avoir croisé plusieurs autres militaires de noir vêtu aux mines patibulaires et aux regards suspicieux, elles arrivèrent au pied de l'immense structure : dans la plus pure tradition gospodar, il avait été construit avec une impressionnante superposition de rondins de pin, liés entre eux par de multiples cordes, les interstices comblés par de l'argile. Ses fondations en pierre assuraient la stabilité et la résistance de l'ensemble, et à l'instar des murs extérieurs de la ville, Kova put remarquer qu'une chape de glace fusionnait avec la structure, comme de la vigne vierge qui grimperait sur une paroi de pierre, recouvrant même les rares fenêtres de l'édifice.

La présence de glace à l'extérieur tout comme l'absence de fumée s'échappant de la porte d'entrée pouvaient mettre la puce à l'oreille de la jeune apprentie : le zàl ne possédait apparemment ni poêle ni foyer pour se chauffer. A l'instar des quinzhees que Tsvetkova savait fabriquer, l'édifice protégeait du vent et des températures polaires, mais guère davantage : il semblait que le confort promis par le commandant Dmirov Verepaev ne comprenait pas de trace d'une quelconque flamme pour réchauffer sa peau.

A l'intérieur du zàl, les murs n'étaient pourvus que de très peu de décorations sinon quelques lampes-tempêtes accrochées symétriquement, dans lesquelles dansaient d'étranges flammes bleutées destinées à éclairer les lieux. Au fond du hall, ces mêmes flammes dansaient sur plusieurs candélabres qui entouraient un imposant trône à haut dossier, entièrement sculpté dans la glace. Le siège de l'atamanka était également encadré par les deux gigantesques défenses du crâne de mammouth de guerre qui était accroché contre le mur derrière lui, dont l'envergure tenait de justesse entre le sol et le plafond.
A l'entrée, la neige sur le sol avait été remplacée par de la terre battue, des tapis céruléens et des fourrures d'animaux sauvages tels que des loups géants et des tigres de glace. Mais au fond du hall, une pellicule épaisse de gel envahissait aussi bien le sol que les murs, recouvrant le crâne de mammouth, agrippant les pieds des candélabres, et ne faisant qu'un avec la base du trône qui semblait avoir émergé magiquement du sol.
Quand bien même ce dernier était vide, deux militaires vêtus de noir et parés d'or le protégeaient malgré tout de manière cérémonielle, leurs deux grandes lances positionnées en croix, leurs regards fixant les deux femmes comme pour les mettre au défi de s'avancer sans autorisation. Une jeune fille était présente également, mais elle ne leur offrit guère d'attention, occupée à changer les bougies de l'un des candélabres.

Nadyezhda les ignora, se contentant de longer le mur de droite pour rejoindre un escalier faisant l'angle du bâtiment, afin de se rendre au second étage. Là-haut, un grand couloir central distribuait des accès à une multitude de pièces : elles ouvrirent la première porte qui se présentait à elles, permettant à Tsvetkova d'entrer et de découvrir la chambre qu'on lui avait promise.

A défaut d'un poêle pour réchauffer son corps malmené depuis des semaines, Tsvetkova put y trouver un réel confort : il y avait là un lit assez grand pour y faire dormir toute une famille, une petite étude mettant à sa disposition plume, encre et parchemins, et surtout, un grand baquet de bois laissant supposer qu'elle pouvait prendre un bain si elle le souhaitait. Dans un coin de la pièce, sur une rangée d'étagères étaient présentes une multitude d'icônes et offrandes destinées aux dieux et aux esprits : Tsvetkova reconnut un morceau de pain et un bol de lait pour le domovoi, et une griffe d'ours en l'honneur d'Ursun, mais désormais loin de chez elle, elle ne pouvait identifier toutes les divinités locales. Aussi vit-elle une boucle de ceinture en argent, une poupée de paille, une touffe de poils blancs, ainsi qu'à sa grande surprise dans une ville gospodar, de petites matriochkas.

- Voici ta chambre, j'espère qu'elle est à ta convenance, lui déclara de sa voix douce la vierge de glace. Je vais te faire parvenir un repas chaud dès que possible. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à demander, je resterai dans le couloir pour m'assurer que tu soies servie aussi rapidement que possible. A moins que tu ne souhaites un peu de compagnie ? Je ne vais pas mentir : la sœur cadette Ipatiev qui se choisit une nouvelle ucznia, qui est la première à survivre à ses épreuves... ça a de quoi aiguiser la curiosité, et j'apprécierais beaucoup entendre ton histoire, même si je comprendrais tout à fait que tu préfères un repos bien mérité aux questions intrusives d'une consœur...

Faisant mine de quitter la pièce, Nadyezhda fit traîner son mouvement en longueur, laissant ainsi le temps à Tsvetkova de l'inviter à rester si elle le souhaitait.

Test de CHA de Kova : 2, réussi.

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Tsvetkova Aznabaev
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace II

Message par Tsvetkova Aznabaev »

Je ne donnais pas suite aux propos de mes interlocuteurs sinon par un imperceptible pincement de lèvres. Je m'emmurais dans un mutisme un peu sombre alors que je réalisais les péripéties que j’avais traversé. Je levais la tête dans sa direction lorsque Dmirov décida de me congédier moi ainsi que Nadyezhda. Je battis une unique fois des paupières, combattant la torpeur qui m'avait assaillie.

Je lui adressais un salut de la tête engageant, avant de tourner les talons sans autre forme de procès pour suivre la vierge de glace. Je m'aperçus au passage que la neige commençait à tomber en minuscules flocons. Impression trompeuse, car ces cristaux glacés pouvaient se muer en une tourmente en bonne et due forme au bout d'une demi-heure à peine. Cette perspective peu engageante suscitant une expression profondément exaspérée sur mon visage.


- Elena est la sœur cadette de l’atamanka… murmurai-je pour moi-même, sans que ma voix ne fut toutefois assez basse pour que Nadyezhda n'entendit pas ma réflexion. Je réprimais implacablement le bâillement qui m'était venu.

Mon regard dériva distraitement de la silhouette de ma consœur pour contempler le village fortifié. A sa manière, Zvelinev manquait de tout et de rien. Dans une région aussi inhospitalière, aussi lugubre et sans attentes pour l'avenir sinon un éternel hiver avec la menace du Chaos à l'horizon, on ne pouvait guère souhaiter quelque chose de précis. Tout pouvait faire l'affaire et devenir un trésor entre les mains d'une personne décidée. Quelque part, le ciment de Kislev n'était rien d'autre qu'une fierté farouche affûtée par la haine. Mais cette haine-là était juste et salvatrice, pour nous comme pour l'Empire.

Cristallisation des rêves et des espoirs de ceux que Kislev glace, la vue du zal ne payant pas de mine mais promettant tout de même un refuge plus qu'agréable. Même si l’absence de fumée indiquait que le bâtiment n’était pas pourvu d’un poêle pour se chauffer, je pourrais tout de même m’envelopper dans sa chaleur naturelle à la manière d’une couverture, la laisser chasser le froid qui s’attardait isolement sur moi jusqu’à ce qu’elle ne soit plus qu’un mauvais souvenir murmurant de dépit. A la suite de cette simple pensée, ma foulée s’allongea et je me retrouvais rapidement au même niveau que Nadyezhda. Cette dernière jeta sur moi un œil amusé avant de pénétrer dans l’édifice de glace.

Je sursautais lorsqu'un bruit me parvint au même instant. Poussant un soupir exaspéré face à ma propre réaction tandis que je comprenais que ce bruit provenait des deux hommes en garde près du trône de l’atamanka. Trône au demeurant inoccupé. J’adoptais un masque de fer sur le visage alors que les militaires nous fixaient sans broncher.
Les apparences justifient au moins la moitié de la solde dans ce genre de métier...
Une jeune femme de taille moyenne, aux longs cheveux bruns, était occupée à changer les bougies de l’un des candélabres. Elle ne leva même pas la tête dans notre direction.

Nadyezhda s’engouffrait déjà dans un escalier faisant l’angle du bâtiment. Je me secouais mentalement et je lui emboitais le pas, tentant de me faire discrète pour ne pas avoir à croiser le regard d’un seul de ces militaires. Au vu de leur regard mauvais, je ne souhaitais surtout pas me mettre en travers de leur chemin.

Ma résolution raffermie, je déboulais au palier de l'étage, m'étant faite légèrement distancer par la vierge qui avait déjà ouverte la première pièce à portée de mains. Je me vins placer auprès d’elle alors qu’elle me présentait ma chambre pour le reste du séjour, ou du moins pour les heures qui allaient suivre.
Un grand lit occupait la pièce dont le sol était tapissé d’une moquette en fourrure. Plusieurs rangées d’étagères étaient présentes pour accueillir les effets personnels des occupants ou recueillir les offrandes de ces derniers. Un grand bac venait terminer de meubler la chambre.

Un soupir profond franchit le rempart de mes lèvres pâles en même temps qu'une longue nappée de condensation - un soupir d'une extraordinaire sincérité, nue et authentique. Refermant la bouche d’un air pincé, je m’excusais auprès de Nadyezhda pour cette impolitesse.


- Vous avez raison, je vais devoir me reposer de mon voyage. Alors que ma consœur se laisser aller à la familiarité du tutoiement, je préférais encore faire signe de respect en la vouvoyant. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas croisé quelqu’un d’aussi accueillant. Faut dire qu’Elena y était pour beaucoup. J’ai bien peur que mon histoire soit trop peu intéressante. Encore aujourd’hui je me demande pourquoi Elena Dazhiavitch Ipatiev m’a choisie. Si vous tenez tellement à faire connaissance, je pourrais me forcer à veiller une petite heure supplémentaire. Mais j’aurais vraiment besoin d’un bain chaud pour se faire, furent mes derniers mots, l’air malicieux et le ton enjoué par cette dernière requête.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 12 janv. 2021, 12:29, modifié 1 fois.
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« C'est la lutte qui doit provoquer ta colère, et non ta colère provoquer ta lutte. »
Tsvetkova Viktoriadoch Aznabaev, Apprentie Sorcière de Glace
Profil: For 8 | End 8 | Hab 8 | Cha 9 | Int 9 | Ini 9 | Att 8 | Par 8 | Tir 8 | Foi | Mag 11 | NA 1 | PV 65/65

« Réfléchis clairement, considère tes armes, et prie sincèrement tes dieux.
Alors rien ne devrait pouvoir t'empêcher de survivre. »
Compétences :
  • ¤ Sens de la Magie
    ¤ Incantation – Magie de Glace
    ¤ Alphabétisation
    ¤ Langue hermétique – Magikane
    ¤ Survie en milieu hostile
    ¤ Séduction
    ¤ Traumatologie
Grimoire :
  • Sorts mineurs :
    ¤ Froid : Permet de refroidir la température ambiante jusqu'à un minimum de -20 degrés. Portée 24 mètres de rayon. Durée 10 minutes.
    ¤ Gèle-fourreau : L'ouverture du contenant visé nécessite désormais un test de FOR-2 réussi. Portée 12 mètres. Durée 10 minutes.
    ¤ Manteau de la Veuve Vénérable : La cible est immunisée à tous les effets du froid. Soi-même ou au contact. Durée 1 heure.
  • Sorts moyens :
    ¤ Guérison des plaies : Rend 1D10 PVs à la cible. Soi-même ou au contact.
    ¤ Traits de givre : Projette deux morceaux de glace, chaque épieu infligeant 15+1D10 dégâts à la cible et possède l’attribut perforant (2). Portée 48 mètres.
    ¤ Mur de glace : Invocation d’un mur de glace pouvant atteindre 4 mètres de haut et 10 mètres de large. Possède 10 END et 100 PVs. Portée 10 mètres. Durée 1 jour.

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[MJ] Katarin
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace II

Message par [MJ] Katarin »

- Oh je t'en prie, inutile de faire preuve de fausse modestie, s'amusa Nadyezhda, prenant une mine de conspiratrice alors qu'elle agitait négligemment la main devant elle. Peu intéressante ? J'étais aux portes je te rappelle, j'ai vu l'assurance que tu avais, je t'ai entendue parler des monstres que tu avais combattu dehors, et j'ai ressenti la facilité avec laquelle tu as manipulé les courants telluriques de la Veuve Vénérable. Par quatre fois déjà Elena Ipatiev a fait part à sa sœur a de sa découverte de jeunes filles dotées du don pendant ses pérégrinations, et par quatre fois cette annonce s'accompagnait de la nouvelle de leur décès pendant leur voyage initiatique : si bien qu'aucune d'entre elles n'a jamais été rencontrée par un quelconque autre membre de notre ordre. Des rumeurs commençaient même à courir sur l'aspect fictif de ces apprenties que personne n'avait jamais vu.

Echangeant un regard avec Tsvetkova, la vierge de glace se rendit peut-être compte qu'elle était trop en confiance en compagnie de sa cadette. Elle ouvrit la bouche et se ravisa, détournant le regard vers le baquet en bois, et calmant l'excitation de sa voix pour retrouver un ton plus neutre.

- Je pourrais demander aux serviteurs de faire chauffer de l'eau à l'extérieur pour te l'amener, mais je préfère être franche : le zàl où nous sommes sert à loger nos invités prestigieux mais c'est également la demeure de l'atamanka, et en conséquence, rien de ce qui est chaud ne le reste plus d'une poignée de minutes. Ton bain serait en conséquence tout juste tiède, et ne risque pas de t'apporter un grand réconfort. Néanmoins...

A nouveau, elle prit une mine complotrice.

- ... quand bien même le dowódca Verepaev a demandé à ce que tu restes dans ta chambre, il a aussi mis l'accent sur la nécessité de t'offrir confort et hospitalité. Après ta traversée de l'oblast, il est évident que tu as besoin de te purifier le corps et l'âme. Dans cette optique, je me vois donc contrainte de te proposer de m'accompagner à la bania.

Voyant que Tsvetkova n'émettait pas d'objection, Nadyezhda prit les devants : elle ouvrit tout d'abord le grand placard dans la chambre pour en extraire deux grandes serviettes, en tendit une à sa cadette, puis se saisit de la cruche d'eau pure posée sur la table avant d'ouvrir le chemin pour quitter le zàl. Elles ne repassèrent pas par la grande porte d'entrée, mais prirent une porte dérobée au fond du bâtiment, qui les mena vers une cour déserte, délimitée par une clôture en bois et une rangée de bouleaux. A l'extérieur, la nuit sans nuages était magnifique, les constellations de la Grande Croix et de l'Anachorète particulièrement brillantes dans les cieux. Quant aux lunes, Mannslieb s'affichait aux trois quarts, tandis que sa jumelle semblait absente.

Les deux femmes suivirent le sentier menant à un petit chalet en bois, au toit recouvert de neige et sur lequel on apercevait une cheminée par laquelle une épaisse fumée blanche s'échappait. A mi-chemin, elles purent apercevoir une femme qui quittait le bania pour se diriger d'un pas lent et claudiquant dans leur direction. Elle était vêtue uniquement d'une robe indigo, bien trop légère pour les actuelles températures hivernales, surmontée d'une capuche agrémentée de fils dorés et de fines chainettes en or. Le visage sous la capuche était blême, d'une maigreur inquiétante, et l'on apercevait sous sa peau des veines formant un étrange réseau cristallin, à l'instar de filins d'eau souterraine qui auraient gelé. Sa chevelure filasse était collée par le gel, et l'on apercevait sur ses cils et sourcils des dépôts de neige et de glace. Une fine fumée semblait s'échapper d'elle, comme si les dernières bribes de chaleur qu'avaient pu lui apporter le bania s'évaporaient pour ne laisser qu'un cadavre vivant mort de froid.

Image
Lorsque leur chemin se croisèrent, Nadyezhda s'arrêta pour lui adresser quelques mots polis :

- Dobranoc, Makrina. Que la vapeur te soit légère.

La jeune femme s'était elle aussi arrêtée, son visage figé tandis que son regard se perdait dans le vague. A l'instar d'une marionette vide d'âme, il lui fallut quelques secondes d'un silence gênant pour enfin réagir, et tourner la tête très lentement en direction de son interlocutrice. Avec une lenteur presque malaisante, elle laissa ses lèvres se plisser millimètre après millimètre pour faire une ébauche de sourire, puis ouvrit avec la même apathie sa bouche pour répondre.

- Na-dyezh-da.

Sa voix était aussi lente que ses mouvements, chaque syllabe se faisant attendre. Elle parlait doucement, très doucement, et chaque son semblait racler douloureusement sur les parois de sa gorge avant de réussir à s'extirper dans un souffle grésillant.

- Vous... se-rez... les... troi-siè-mes.

- Entendu Makrina. Je n'oublierais pas de fermer derrière nous.

La jeune femme hocha la tête en réponse, toujours avec ce même alanguissement. Elle tourna ensuite peu à peu la tête vers Tsvetkova qu'elle dévisagea pendant de très longues secondes. Puis enfin, les trois femmes reprirent leurs routes respectives.

Alors que la vierge de glace ouvrait la porte du chalet, elle glissa à Tsvetkova quelques mots au sujet de leur rencontre, chuchotant sur un ton plus sombre.

- Makrina Lebedyenko. Malgré ses prédispositions, elle n'avait pas l'étoffe pour être l'une des nôtres, et a perdu le contrôle : elle s'est laissée submerger par le pouvoir de la Veuve. Elle passe l'essentiel de son temps ici - sans la chaleur du bania pour réchauffer régulièrement son corps... elle ne ferait plus qu'un avec l'oblast. L'atamanka la garde ici pour servir d'avertissement à nous autres.

Entrant dans le chalet, Tsvetkova découvrit un petit vestiaire partiellement enfumé, dans lequel il faisait déjà particulièrement chaud. Au centre se tenait une petite table sur laquelle quelques biscuits trainaient. Nadyezhda posa sur une table ce qu'elle tenait dans les mains, puis se saisit de trois buches de bouleau parmi la réserve prévue à cet effet, pour ressortir afin d'aller les mettre dans le fourneau à l'extérieur. Lorsqu'elle revint quelques secondes plus tard, elle commença à se déshabiller immédiatement sans la moindre forme de cérémonie. Dénudée, elle démontrait à l'apprentie d'Elena que ses formes n'avaient rien à envier à la perfection laiteuse de son visage : la vierge de glace était une gospodar à la beauté parfaite, le genre qu'on imputait à la magie par jalousie.
Désormais dans le plus simple appareil, elle reprit la cruche d'eau qu'elle avait abandonné, et en versa le contenu sur une petite statue en pierre qui était disposée dans un renfoncement, sur un autel sommaire. La figurine représentait un minuscule vieillard, au corps décharné et à la longue chevelure et barbe blanche, qui affichait un sourire goguenard.

- Je m'occuperai de l'offrande au bannik quand on sortira, dit-elle à Tsvetkova avec un sourire de connivence. Ne t'en fais pas.

Les deux femmes se glissèrent ensuite dans une seconde pièce, où elles purent utiliser des seaux d'eau tiède et des éponges pour se rincer le corps sans savon. Une fois correctement préparées, elles purent enfin pénétrer dans la parilka où il faisait déjà particulièrement chaud, sans doutes suite à son utilisation par Makrina. Le sol était fait d’un sable fin et compact et, dans un coin, de gros galets ronds chauffaient au-dessus d’un poêle semi-enterré alimenté depuis l’extérieur. A côté de ce dernier, une cuvette en métal remplie d'eau tiède contenait plusieurs veniks, des balais de bain constitués de branches séchées de bouleau, traditionnellement utilisées pour se fouetter le corps du cou aux pieds afin de soulager les douleurs du corps et de l'âme.
Sans hésiter, Nadyezhda se saisit d'une louche plongée dans un bac d'eau, et arrosa copieusement les galets brûlants - instantanément, les pierres sifflèrent et la vapeur satura la pièce qui devint en quelques secondes particulièrement moite et torride. Elle répéta l'opération à plusieurs reprises, et rapidement l'air devint aussi épais que du beurre, la chaleur infernale rendant la respiration presque douloureuse.
Satisfaite de l'effet obtenu, elle soupira d'aise pour finalement attraper un venik puis s'affaler sur l'un des bancs en bois surélevés de la pièce, se couchant de tout son long sur le dos et fermant les yeux pour mieux apprécier la chaleur. Se relâchant totalement, les bras pendant, elle laissa tomber la botte de branches et de feuilles à côté d'elle.

- J'ai rempli ma part du contrat, lâcha t-elle satisfaite. Je suis désormais toute ouïe, alors raconte-moi tout !



Puisque tu as eu 1 en intimidation à ton arrivée, puis 2 en charisme lors de ta première conversation aux portes, je considère que tu as eu un très bon premier contact avec Nadyezhda. Je fais néanmoins un dernier jet de charisme pour voir si l'aura de confiance que tu as est suffisante pour qu'elle en oublie toute prudence vis-à-vis de ce qu'elle peut avoir à raconter :
==> 9, réussi tout juste, mais réussi quand même. Nadyezdha est subjuguée et ne tient pas sa langue :mrgreen:
Jet d'INT de Kova au sujet de l'esprit des banias : 17. Bon, en plus des vodianoi, il semblerait que ta famille ne t'ai pas non plus appris grand chose des banniks - apparemment la croyance aux esprits de l'oblast n'était pas le centre d'intérêt majeur de papa et maman, ou alors Kova n'écoutait pas. heureusement que Nadyezhda t'a à la bonne :D

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Tsvetkova Aznabaev
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace II

Message par Tsvetkova Aznabaev »

C'est en rassemblant mes dernières forces que j'emboîtais le pas de Nadyezhda, laquelle se dirigeait en direction de ce qui ressemblait à s'y méprendre à une sorte de confessionnal. Sur le chemin nous croisèrent une autre femme. D’une démarche chancelante, le dos courbé et les jambes vacillantes, luttant contre son propre poids, elle se porta à notre hauteur. Une fois quelques mots difficilement échangés avec Nadhyezda, je la surpris à me dévisager un moment. Elle ouvrit la bouche lentement avant de la refermer presque aussitôt. Je connaissais le phénomène. Il s'agissait d'un choc si énorme qu'elle s'était détachée d'elle-même - pour ne plus souffrir, ne plus avoir honte... les raisons étaient multiples. Mais toujours la même origine. La violence.
Je soupirais avant de m'écarter de sa route. Les quelques explications de la vierge sur les conditions de cette mystérieuse femme firent rouler une discrète larme sur ma joue.

A pas mesurés, et avec désormais une irrépressible envie de me mettre à l’abri, je suivis le sentier menant au petit chalet en bois. Une petite structure en essence de bois encastrée à l'écart du zàl, dont l'armature patinée et vernie me plaisait beaucoup ; je me serais bien imaginée habiter dans une demeure possédant quelques meubles de cet acabit. Nous nous cloîtrâmes ainsi à l'abri des regards, et je n'avais alors guère plus de raisons de renâcler. Du moins, pas de raison bien avouable.

Et c'est là que je pris conscience d’une chose qui m’avait échappé. Pour entrer dans le sauna, il fallait d'abord se déshabiller. Un peu.
Un peu trop.

Je me défis lentement de ma dague, dans la semi-obscurité de ce singulier refuge. La vierge de glace, après avoir fait une petite escapade dehors pour alimenter le feu, s'était assise sur ce qui s'avérait être un banc fixé à même le mur et elle fit admirer ses jolis mollets alors qu’elle se délestait de ses bottines en peau de jeleń. Celle-ci ne m’attendait absolument pas et ne prêtait absolument pas attention à moi. Du moins en apparence. Je me débarrassais avec peu de cérémonie de ma gibecière et de ma couverture, que j’aurais pu très bien laisser dans ma nouvelle chambre. Ma gorge se noua comme une tension certaine venait raidir mes épaules. Evidemment je n’étais pas trop à l’aise dans cette situation. Non je n’avais pas honte de mon propre corps. Oui, malgré mon enfance modeste dans une petite tirsa, je m’étais déjà rendue quelques fois dans un sauna. Même si la nudité n’était pas un tabou dans les contrées du nord, me retrouver nue devant une femme que je ne connaissais seulement depuis quelques minutes, dans un village dont je ne connaissais rien, et alors que mon corps portait les marques de la faim et de la violence, avait le don de quelque peu m’impressionner. Je battis des paupières, cherchant à chasser ce sentiment de malaise. En vain. Il faisait déjà chaud dans ce petit vestibule. Le sang chauffait, et mes propres réactions commençaient à m’énerver.


"Tsvetkova, ma pauvre petite ingénue, tu n'es pas sortie d'la karczma !"

Étouffant un rire que je sentais complètement débile, je cessais de zieuter Nadyezhda en train de se dévêtir pour me concentrer sur ma propre tâche. Je notais qu’elle choisit ce moment pour se détourner, faisant naître un sourire entendu sur mes lèvres. C’était le bon moment, mais j'avais un peu tardé et un certain sentiment d'urgence pointait à l'horizon de mes pensées. Aussi je me débarrassais de mon pantalon abimé plus vite que je ne vidais une écuelle de kalops (et ce n'était pas peu dire). Réprimant un gémissement de douleur, je retirais ensuite ma chemise. Je la laçais serrée à l'ordinaire, ce qui associé aux vestiges émaciés que la misère avait laissés sur mon corps, compensait la jeunesse donnant leur courbe pleine à mes seins. Je me fis la réflexion coquette et hésitante à la fois qu'on pouvait me trouver jolie, malgré les signes évidents de malnutrition. Je pris le temps de m’attarder un instant sur le muscle violacé de mon bras. Décidément, la rencontre avec cet imbécile de troll ne m’avait pas épargnée…

Bah ! Il était plutôt temps de rejoindre Nadyezhda dans la pièce principale du bania...
A l’intérieur le même type de banc en bois était fixé au mur de chaque côté de l’antichambre. La vierge de glace avait déjà pris place sur l’un d’eux et à l’aide d’une longue louche versait de l’eau sur les pierres brûlantes qui se mirent à crépiter et toussoter une vapeur ambiante. Des centaines de petites gouttelettes se déposèrent sur ma peau dénudée que je chassais d’un revers de la main.

J’allais me mettre en face de Nadyezhda, balayant du plat de la main l’humidité qui s’était déposée sur la planche où j’étais censée m’asseoir. Une fois installée je m'abîmais doucement dans le spectacle des pierres brûlantes, un très mince sourire se dessina sur ma bouche. Relevant la tête, je croisais le regard de Nadyezhda. Egale à moi-même, je me contentais de fixer d'un air détaché, avant de laisser échapper un doux soupir, relâchant toute la pression de ses derniers jours.

Je portais la main au fragment de permafrost qui pendait à mon cou, attaché à sa lanière de cuir. Le seul artifice dont je n’avais pas voulu me séparer. Du doigt, j'en suivis la courbe de la base à la pointe, trouvant du réconfort dans ce contact. Viktoria Anataï m'accompagnait depuis ma plus tendre enfance, et j'aimais à l'imager veillant sur moi depuis le lieu où elle se trouvait.
Enfin détendue, je laissais mes épaules s’apposer contre la paroi, Nadyezhda s’étant quant à elle affalée sur le dos.


- Une exception parmi les exceptions ? C’est donc ainsi que vous m’avez décrite auprès du dowódca Verepaev… Je ne vois pas en quoi perdre ma mère dès mon plus jeune âge et être acheté par une sorcière fait de moi une exception. Je peux ? Je tendis la main pour récupérer la louche servant à arroser les galets. Elle était peut-être plus avancée que moi dans son apprentissage, mais elle n’avait pas le monopole des petites gouttelettes. Mon histoire aiguise votre curiosité autant que la vôtre aiguise la mienne. Je me vois donc dans l’obligation de vous proposer un jeu qui comblera notre indiscrétion à toutes les deux. Une question, une réponse. On inverse, et ainsi de suite. Je me dévoue pour commencer. Ma condition d’hôte doit bien m’octroyer quelques avantages.
Alors par où commencer… Ah oui voilà ; comment se fait-il qu’une sorcière à peine plus âgée que moi soit déjà au service d’une atamanka ? Alors que de mon côté je subis encore les innombrables remontrances de ma metresa…
Je terminais ma phrase en arrosant copieusement les galets, épaississant plus encore le nuage de vapeur qui régnait dans la parilka.
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« C'est la lutte qui doit provoquer ta colère, et non ta colère provoquer ta lutte. »
Tsvetkova Viktoriadoch Aznabaev, Apprentie Sorcière de Glace
Profil: For 8 | End 8 | Hab 8 | Cha 9 | Int 9 | Ini 9 | Att 8 | Par 8 | Tir 8 | Foi | Mag 11 | NA 1 | PV 65/65

« Réfléchis clairement, considère tes armes, et prie sincèrement tes dieux.
Alors rien ne devrait pouvoir t'empêcher de survivre. »
Compétences :
  • ¤ Sens de la Magie
    ¤ Incantation – Magie de Glace
    ¤ Alphabétisation
    ¤ Langue hermétique – Magikane
    ¤ Survie en milieu hostile
    ¤ Séduction
    ¤ Traumatologie
Grimoire :
  • Sorts mineurs :
    ¤ Froid : Permet de refroidir la température ambiante jusqu'à un minimum de -20 degrés. Portée 24 mètres de rayon. Durée 10 minutes.
    ¤ Gèle-fourreau : L'ouverture du contenant visé nécessite désormais un test de FOR-2 réussi. Portée 12 mètres. Durée 10 minutes.
    ¤ Manteau de la Veuve Vénérable : La cible est immunisée à tous les effets du froid. Soi-même ou au contact. Durée 1 heure.
  • Sorts moyens :
    ¤ Guérison des plaies : Rend 1D10 PVs à la cible. Soi-même ou au contact.
    ¤ Traits de givre : Projette deux morceaux de glace, chaque épieu infligeant 15+1D10 dégâts à la cible et possède l’attribut perforant (2). Portée 48 mètres.
    ¤ Mur de glace : Invocation d’un mur de glace pouvant atteindre 4 mètres de haut et 10 mètres de large. Possède 10 END et 100 PVs. Portée 10 mètres. Durée 1 jour.

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[MJ] Katarin
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace II

Message par [MJ] Katarin »

Jusqu'alors, Nadyezdha avait eu la politesse de ne pas directement regarder le corps dénudé de sa consœur, peut-être parce qu'elle avait intuitivement ressenti sa pudeur. Ayant pris les devants dans la parilka, elle était entrée sans regarder derrière elle, puis avait clos ses yeux sitôt installée sur un banc de bois. Mais alors que Tsvetkova prenait place en face d'elle et lui répondait, la vierge de glace avait rouvert ses paupières et découvert pour la première fois le corps émacié de Tsvetkova, les os saillants trahissant sa malnutrition, les ecchymoses et rougeurs se faisant vestiges des souffrances subies dans l'oblast. Elle détourna ses pupilles bleutées peu de temps après pour mieux fixer le plafond, normalisant ce qu'elle venait de découvrir par un silence poli - mais son regard s'était attardé une demi-seconde de trop pour ne pas trahir sa gêne.

Même sans dire un mot, difficile pour les deux femmes de ne pas noter la différence flagrante qui existait entre leurs apparences. Nadyezdha était hiérarchiquement supérieure à Tsvetkova dans l'ordre des sorcières de glace, mais son corps parfait ne portait aucune des multiples séquelles que la métisse avait collectionné au cours du mois précédent. Malgré la douche sans savon qu'elles venaient de prendre, la fille de Viktoria Anakaï avait encore les cheveux gras et empestait les relents de sueur et de cheval à cause de sa couverture miteuse. Ainsi, même dépourvues de vêtements trahissant dans la société les écarts de statut entre deux individus, et même si toutes deux disposaient d'un charme certain, elles s'opposaient totalement dans leur nudité : pour un regard extérieur, l'on aurait juré qu'une noble avait invité une paysanne à la rejoindre au bania.

L'air de rien, Nadyezdha se décida à dissiper cette fracture entre elles en lâchant l'air de rien :

- Une sorcière de glace, même apprentie, ne peux pas rester vêtue de frusques trouées et de couvertures nauséabondes. Demain à l'aube, nous irons chez Nicolaï, le couturier de Zvenilev.

Il n'y avait ni condescendance, ni moquerie dans le ton de sa voix. En revanche, elle comportait une certaine autorité toute nobiliaire : Tsvetkova doutait que le droit de refuser cette offre lui était laissé.

Alors que l'apprentie sorcière remettait de l'eau sur les galets, faisant monter encore davantage la température suffocante de la pièce, Nadyezdha s'abandonna complètement à la chaleur ambiante : le sourire aux lèvres, le regard perdu dans la contemplation du plafond, sa longue chevelure blanche et humide cascadant sur le banc, elle laissa échapper un nouveau long soupir de soulagement. Dans cette fournaise, elle laissa le silence envelopper l'étuve dans un moment dédié à la détente, ne répondant à la proposition de la jeune métisse qu'en agitant distraitement sa main avant de la laisser retomber, pour signifier qu'elle acceptait ses conditions. Après avoir laissé s'échapper un nouveau soupir apaisé, elle prit enfin la parole.

- Je ne peux pas promettre de répondre à toutes tes questions Tsvetkova, certaines choses à Zvenilev devant rester confidentielles tant que l'atamanka ne t'a pas accordé sa confiance. Mais je répondrais dans la mesure de ce que je peux.

Un nouveau silence, de plus courte durée. C'est sur une interjection amusée qu'elle poursuivit :

- Ha, ce n'est pas si fréquent que mon nom de famille n'évoque rien à mes interlocuteurs - où que tu as vécu, ce devait être à l'écart du monde... Mais pardonne cet élan d'immodestie, je ne souhaitais pas te mettre mal à l'aise.

Elle soupira à nouveau, comme pour gagner un peu de temps afin de trouver la bonne façon de se présenter.

- Je suis la dernière née de la lignée druzhina des Ekimov, résidant historiquement à Erengrad. Ma mère Olga et sa mère Mishka avant moi étaient des sorcières de glace, siégeant dans la Tour du Givre. L'hérédité du pouvoir est très forte dans ma famille, et ma grand-mère m'a éduquée en sachant d'avance que j'aurais une forte affinité avec la Veuve Vénérable. Ce sont elles qui auraient du s'occuper de mon apprentissage mais... elles ont toutes deux péri au front quand j'étais enfant, lors de la Poussée de Printemps. J'aurais pu être remise à leurs consœurs d'Erengrad, mais en hommage à l'héroïsme de ma famille, la tsarine a préféré me confier à l'atamanka Ipatiev, réputée pour être l'une des plus puissantes sorcières de notre ordre. Pour répondre à ta question, je suppose donc pouvoir tristement te dire que si je suis là où tu me vois aujourd'hui, ce n'est que par le sacrifice de ma famille mais non par mon propre mérite.

Elle poussa à nouveau un long soupir, peut-être plus empreint de mélancolie que les précédents. Mais comme pour empêcher l'ambiance de se déliter plus que nécessaire, elle enchaina aussitôt avec un sourire en coin taquin :

- Quant aux remontrances... je pense pouvoir t'assurer que l'ainée Ipatiev n'a rien à envier à sa sœur cadette. Si ma place ici a été assurée par mon sang, sache que je n'ai pas eu de passe-droit pour terminer mon apprentissage et devenir une vierge de glace - mais je crois qu'à ce sujet, cela méritera une autre question de ta part.

Elle laissa poindre un rire cristallin, et tourna la tête pour désormais croiser le regard de Tsvetkova avant de poursuivre :

- Maintenant, tu t'es assez défilée ! C'est impossible qu'une paysanne venue de nulle part ait pu survivre à l'entrainement d'Elena Dazhiavitch Ipatiev. Ta mère, ta grand-mère maternelle, ou sa mère à elle peut-être, devait être une sorcière gospodar réputée. Le nom des Aznabaev ne me dit rien, mais peut-être que ta famille est tombée en disgrâce après avoir... choisi de se lier à un ungol ? Dis-moi d'où tu viens, Tsvetkova. Qui es-tu ?




Nadyezdha a fait monter la température de la bania déjà très haut - en remettant de l'eau sur les pierres, il va faire ENCORE plus chaud, et vu ta condition physique, on va faire un test d'END pour vérifier que tu nous fasses pas un malaise : 5, c'est bon, tu gères ^^
Je ne fais pas d'autres jets de charisme, tu en as suffisamment réussi auprès d'elle pour ne plus en nécessiter, du moins dans le cadre d'une conversation "normale".

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Tsvetkova Aznabaev
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace II

Message par Tsvetkova Aznabaev »

- Ah, vous aimeriez bien le savoir ! Nous sommes dans ce banya depuis quelques minutes déjà et les dernières paroles de ma metresa Elena refont surfaces dans mon esprit : personne n’est digne de confiance à Zvenilev. Et me voilà ici en tête à tête avec une inconnue, dépourvue de tout artifice, prête à me livrer sur mon passé. On dirait bien que la petite svolich d’Elena pourrait encore la décevoir... Je haussais les épaules, comme saisie d’exaspération.

La remarque n’avait d’autre but que d’attirer l’attention Nadyezhda ailleurs et, par la même occasion, d’échapper aux questions un peu trop indiscrètes.


"Pourquoi fallait-il toujours en revenir à mes origines ?" pensais-je tristement. Je n’aimais guère conter ce qui me fragilisait intérieurement, tous ces souvenirs qui me hantaient depuis la disparition de ma mère et que je tentais nonobstant d’oublier. Je répugnais à laisser doucement émerger ces sombres remembrances dont les tentacules éthérés affaiblissaient mon esprit, me laissant vulnérable à ce chagrin que j’essayais de chasser.

- J’aime m’auréoler de mystère, laisser planer le doute sur ma personne. Cela ne me rend-il pas que plus intrigante encore ? Je lui adressais un timide sourire alors que celle-ci avait cessé de contempler le plafond de la parilka pour plonger son regard dans le mien.

Cela dit, cette simple réponse ne sembla pas contenter ma consœur, qui paraissait véritablement vouloir en savoir plus sur moi.
"Devrais-je me livrer ?" S’ouvrir à ce point à quelqu’un d’autre alors qu’Elena m’avait mis en garde. Alors que depuis toute petite je préférais me caparaçonner derrière un cocon du fait de mon métissage.

Et puis, il y eu comme... comme lorsque vous réalisez soudain que vous reteniez votre respiration et que vous la reprenez, goulûment, ainsi qu'au sortir d'un séjour forcé sous la surface de l'eau. Je m'aperçus que j'avais une envie irrésistible, irrépressible en réalité, de me confier à cette inconnue : je sentais nettement cette tentation naître quelque part entre mes reins et me pousser à la confidence, de la même façon qu'une main ferme m'y aurait invitée d'une poussée. Je me doutais que la solitude et le désespoir de ces derniers jours y étaient peut-être pour quelque chose car de toute mon existence, je ne m’étais jamais autant sentie esseulée. Mais il n'y avait pas que ça. Depuis que Nadyezhda était venue à ma rencontre à l’entrée de Zvelinev, depuis qu'elle avait posé la main sur mon épaule pour me mener au zal, elle s'était approprié une petite part de moi-même.

C'est pourquoi, fidèle à moi-même, je pris le taureau par les cornes et commençais à me dévoiler.


- Très bien. Je vais vous en dire davantage sur moi, bien que ce ne soit pas de gaîté de cœur que je le fasse… Loin de là, énonçai-je doucement.
Je viens d’une modeste tirsa à l’est de Dushyka. Etant enfant unique, je fus gâtée et choyée par mes parents qui me donnèrent tout ce qu’ils pouvaient. Ma mère, Viktoria Anataï, était l’unique héritière d’un des plus puissant krug nomade. Mon père, Oleg Lubovasyn Aznabaev, était quant à lui un kyazak gospodar qui ne postulait qu’à une seule et unique chose : son désir. Vous comprendrez donc aisément que cette union de deux être que tout opposé en laissa pantois plus d’un. Afin de conserver l’amour et le petit être qui grandissait en son sein, ma mère fit une croix sur la brillante destinée qui devait se proposer à elle et tourna le dos à sa famille. Je marquais une courte pause.

Comme s’ils avaient trouvé en la petite fille que j’étais un exutoire à leur tristesse et leur déboire, quand bien même mon métissage envoyait bouler dans les flots les traditions et mœurs kislévites. Je n’eus à me plaindre de rien et obtins une excellente éducation.

Tout au long de mon récit, je regardais distraitement les galets crépiter, sans les voir, les yeux perdus dans le vague, l’esprit altéré par ces souvenirs qui tourbillonnaient devant moi à mesure que je les ressassais.

- Je leur dois tellement… repris-je alors qu’un voile ténébreux passait sur mon regard.
Continuant de gambader de-ci, de-là, vivant la belle vie d’une jeune fille qui grandit dans une tirsa éloignée de toute violence. Je m’impliquais toutefois dans la vie quotidienne du village, avide d’apprendre et de découvrir. Mais cette vie placide ne dura pas, oh non. Le chaos surgit en pleine nuit, alors que mon père travaillait encore aux champs. Jamais je n’aurais pu prévoir pareille catastrophe. Mon regard croisa un instant celui de la vierge, pour mieux le fuir juste après, alors que je poursuivais mon récit d’une voix tremblante. Les hurlements déchirants de ma mère hantent aujourd’hui encore mes nuits agitées. Les supplications d’une femme envers sa fille effrayée, qui ne pouvait que contempler, impuissante.

Les images de cette nuit, les hurlements, le déchainement du vent, tout cela était gravé dans ma mémoire, et je doutais de pouvoir un jour occulter ce passage de ma vie.
Je me contentais de fixer le sol fait de sable, les yeux vitreux et scintillants, sachant qu’au moindre battement de cil une larme viendrait doucement s’échouer sur ma joue.


- Ce fut à ce moment-là que je rendis compte à quel point le destin pouvait être cruel. Ma mère me regarda alors, en face, comme jamais elle ne l’avait fait auparavant, et si je pus lire dans ses yeux de la détresse mêlée à la résignation, je pus également y déchiffrer toute la tendresse du monde. Elle m’embrassa une dernière fois sur le front, longuement, et elle s’en fut. Une telle franchise et un tel pragmatisme me frappèrent si fortement que j’en eus le cœur lacéré de douleur, tandis que l’affreuse vérité et ses implications se taillaient lentement mais cruellement un chemin au fond de mon être. Je… j’aime à penser que de là où elle se trouve aujourd’hui elle ne cesse de veiller sur sa fille… Bien que je la combattais depuis un moment déjà, la larme remporta le combat, et se mit à rouler sur ma peau, traçant un long sillon salé.

- Pfiuuhh il est nul ce jeu !
Je ressortis de cette terrible nuit avec un immense vide, sous le choc, vide qui n’est toujours pas comblé aujourd’hui. A partir de cet instant les choses ne furent plus jamais comme avant. Un profond fossé se creusa entre moi et mon père, alors que ce dernier replongeait dans ses anciens agissements. De manière moins chevaleresque, dirons-nous. Quant à moi mon implication dans la tirsa décupla ostensiblement, essayant d’avoir le moins de battements possible pour ne pas me perdre dans mes pensées. Après les enseignements d’Elena, je peux dorénavant en déduire que c’est sur cette période que mon accointance avec la Veuve Vénérable s’est forgée. En parlant d’Elena Dazhiavitch Ipatiev. Elle se présenta à moi quelques années plus tard. Mon père était tombé malade, d’un mal inconnu. Et malgré notre relation inexistante, je décidais d’échanger mon entrée dans l’ordre des sorcières de glace contre la guérison de mon père. C’est ainsi que ma formation a débuté. Un apprentissage rude - mais je crois savoir que vous devez déjà en être au courant.


La mâchoire serrée, je me plongeai dans un mutisme pesant, tandis que dansaient devant mes yeux ces sombres ressouvenances.


***



Très vite je sortis du banya et à l’initiative de Nadyezhda je me jetais dans la neige. La morsure brutale de la poudreuse froide m'arracha un hoquet doublé d'une grimace probablement aussi effroyable que pathétique. Mes yeux vinrent se river dans ceux de ma consœur, esquissant un rictus amer. Celle-ci laissa échapper un rire cristallin devant ma mine déconfite. J’éclatais de rire à mon tour avant de me laisser retomber en arrière dans la neige. Cette tradition avait au moins le mérite de chasser toute brume de sommeil qui aurait tenté de s’attarder dans mon esprit, en plus d’affermir progressivement ma volonté face au gel de mon pays. Ce n’est pas sans soulagement que j’acceptais l’invitation de Nadyezhda de revenir au chaud dans la parilka, après avoir retiré les flocons qui s’accrochaient à mes cheveux. Frissonnant de froid je m’allongeais à plat ventre sur le banc, ma tête tournait dans la direction de mon hôte appuyée sur mes bras en guise de traversin. Savourant l’effet reposant et décontractant de cette tiédeur qui s’emparait doucement à nouveau de moi.

- Si je ne me trompe pas, il me semble que c’est à vous de répondre à une question. A moins que ce jeu ne vous convient plus. Nous avons toutes les deux répondu au moins une fois, c’est le bon moment pour s’arrêter. Sinon on repart sur un tour, et il me semble que je suis celle qui me suis le plus livrée. Je remporte cette manche, plaisantai-je d’entre mes avant-bras.

- Oui, continuons. Me voici toute fourbue après cette épuisante escapade dans la neige. Si tu pouvais…
Elle esquissa un vague geste en direction de la cuvette en métal contenant les veniks avant de laisser retomber mollement son bras sur le banc.
Je me relevais non sans pousser un soupir de flémingite et me dirigeait vers cette cuvette avec une attitude quelque peu renfrognée.


- C’est vrai que votre corps est marqué par les affres de la vie…

Le venik était une sorte de petit balais composé de plusieurs jeunes rameaux de bouleau ficelés ensemble. Si Nadyezhda était déjà bien décontractée depuis son arrivée dans le banya, elle ne fut que davantage encore lorsque je m’attardais à lui masser les épaules et le dos. Art que je maitrisais plutôt bien, tant je m’y étais exercée dans ma tirsa pour chasser les courbatures que les femmes attrapaient à force de travailler dans les champs. Soupirant d’aise, la vierge de glace se tenait la tête entre ses bras croisés, avachie, toute à la merci de mes mains compétentes.

- Vous appartenez donc depuis toujours à l’élite. Votre mère et votre grand-mère ont toutes les deux empruntaient cette voie avant vous. Ce n’est que par le sacrifice de ces dernières que vous vous retrouvez ici, ce sont vos propres mots. Je m’arrêtais dans mon massage et rivait mon regard dans celui mi-clos de Nadyezhda. Tout semble nous opposer. Nous sommes si différentes. Sans racines car déracinées, sans blason car métissée, je suis simplement un courant d’air dans les vastes étendues du Kislev, libre et sans attaches. Vous, à l’inverse, vous trainez le passé d’autres personnes comme s’il s’agissait du vôtre. Lorsque le devoir devient une chaîne et non une armure protectrice face aux tentations et à la lâcheté, de nombreuses questions peuvent se poser. Ne vous sentez-vous pas comme forcée d’accomplir ce qu’elles ne sont plus à même de réaliser ?

Un fois le massage terminé, il était temps de passer à la flagellation et je fis claquer les rameaux sur les parties frictionnées du corps de Nadyezhda. Un individu qui passerait par-là aurait pu discerner un sourire s’étirer sur mes lèvres, ainsi que ce petit air gêné mais fort charmant que j’arborais à cet instant.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 29 janv. 2021, 18:27, modifié 1 fois.
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Tsvetkova Viktoriadoch Aznabaev, Apprentie Sorcière de Glace
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    ¤ Incantation – Magie de Glace
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    ¤ Froid : Permet de refroidir la température ambiante jusqu'à un minimum de -20 degrés. Portée 24 mètres de rayon. Durée 10 minutes.
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace II

Message par [MJ] Katarin »

Nadyezdha ne répondit pas aux provocations de Tsvetkova : lorsqu'elle déclara trahir la confiance de la sorcière Elena en se confiant trop facilement, la vierge de glace ne répondit qu'en fronçant les sourcils dans une mine réprobatrice, avant d'abandonner rapidement cette mimique forcée pour l'échanger avec un sourire amusé et complice, encourageant la jeune femme à franchir la porte qu'elle avait entrebâillé.

Lorsqu'enfin la fille de Viktoria Anataï se confia, son auditrice se fit particulièrement concentrée. Cette fois ses paupières ne se fermèrent plus pour profiter de la température brûlante du bania - non, ses yeux scrutaient sa cadette qu'elle écoutait attentivement, ne perdant pas une miette des explications venant assouvir sa curiosité.

Alors qu'une larme perlait sur la joue de Tsvetkova pour se mêler aux innombrables gouttelettes d'humidité qui s'étaient déposées sur sa peau, Nadyezdha se rassit promptement, son visage trahissant son inquiétude vis-à-vis de la mélancolie provoquée par ses confidences. Elle entrouvrit la bouche avec la volonté évidente de réconforter quelque peu la jeune apprentie sorcière, mais cette dernière ne lui en laissa pas le temps. D'une interjection elle garda le contrôle de la parole, et reprit son discours pour le mener à son terme.

La conclusion posée, un sentiment de gêne se développa rapidement au sein du silence présent dans l'étuve. Assurément, Nadyezdha ne s'était pas attendue à un épanchement aussi complet, et mit quelques secondes avant de se décider à reprendre le contrôle de la situation. Mais plutôt que de se perdre dans quelque formule maladroite, elle se contenta de poser sa main sur l'épaule de la jeune femme, et de lui dire très simplement :

- Merci.

Elle la dépassa alors, et sans plus de cérémonie, comme pour marquer un soudain changement d'ambiance, ouvrit la porte du bania en direction des vestiaires, et décocha un sourire taquin à sa consœur :

- Prête à te jeter dans la neige ?

Elle n'attendit même pas de réponse : quittant les lieux au pas de course, elle laissait à nouveau à Tsvetkova une certaine forme de pudeur en lui permettant de prendre son temps pour la rejoindre à l'extérieur si elle le souhaitait. Mais la jeune femme la suivit immédiatement, et toutes deux se jetèrent dans la poudreuse pour s'y allonger de tout leur long. Sans aucune retenue, Nadyezdha laissa échapper des hurlements dont la nature mêlait l'amusement d'une enfant au choc thermique d'une neige glacée pressée contre sa peau brûlante. Cela ne l'empêchait pourtant nullement de se rouler sur le sol, et très vite son corps nu fut enseveli sous les flocons.
Néanmoins, sorcières de glace ou pas, les deux jeunes femmes ne trainèrent guère : la protection de leur corps chaud face à la sensation de froid ne durait guère, et rapidement cela devenait douloureux de subir le contact de la matière blanche contre leur épiderme. Revenant au sein de la parilka au pas de course, elles accueillirent avec joie le retour des températures suffocantes, et remirent un peu d'eau sur les galets brûlants pour compenser la chaleur perdue lors de leur départ de la pièce. Une fois la fournaise adaptée, la vierge de glace s'installa sur un banc surélevé, les hauteurs de l'étuve offrant une atmosphère encore plus étouffante. Affalée sur le ventre, elle croisa les bras sous sa tête et poussa un soupir apaisé. Sa relaxation ne put d'ailleurs qu'aller en s'améliorant lorsque la jeune métisse accepta sa requête, et se saisit d'un venik afin de masser son dos et ses épaules avec les feuilles de bouleau : ayant développé une certaine expérience du soin à la personne pendant son adolescence, Tsvetkova procéda avec expertise et Nadyezdha se laissa aller à plusieurs soupirs soulagés pour encourager sa consœur dans sa besogne. Chaque compresse renforçait l'odeur forestière dégagée par le bouquet de branches, et chaque frottement purifiait la peau de la vierge de glace, la laissant couler vers une douce euphorie.

Néanmoins, Tsvetkova ne comptait pas permettre à son ainée de trop se reposer au risque qu'elle ne fournisse une réponse trop évasive à sa seconde question : c'est donc avec entrain qu'elle n'utilisa non plus le feuillage mais bien les branches afin de flageller avec professionnalisme le dos de sa patiente. Cette dernière revint immédiatement à la réalité, ouvrant des yeux ronds de surprise au premier claquement, avant d'offrir à sa consœur un sourire mauvais, l'une de ses canines allant mordre sa lèvre inférieure. Elle referma les yeux aussitôt, et se détendit de nouveau afin d'écouter la question de la jeune métisse, avant de prendre la parole pour répondre, ses phrases rythmées par les bons traitements de Tsvetkova.

- Je pensais que tu poserais davantage de questions sur Zvenilev ou son atamanka, et moins à mon sujet, mais je comprend bien que j'ai accaparé toute ton attention... commença t-elle avec un ton moqueur, avant de se faire arrêter par un nouveau claquement qui lui fit serrer la mâchoire. Elle laissa un silence planer après cela, et lorsqu'elle reprit sa voix avait une sonorité bien plus sérieuse, plus grave. Je ne traine pas mon passé Tsvetkova, je le porte fièrement. Mes parents, tes parents... cela n'a dans le fond pas grande importance. Ce qui compte, c'est que la Veuve Vénérable nous ai choisis. *clac* Ce pays n'est pas le nôtre, c'est le sien. Elle était là avant nous, avant les gospodars, avant les ungols, avant même les roppsmen. *clac* Le Kislev, notre terre, c'est elle. Notre survie, notre héritage, nos moments de joie comme de peine, tout cela nous le lui devons car nous ne sommes que les locataires de sa demeure. *clac* Elle a fait confiance à ma famille pour la protéger, de génération en génération, et je me sens uniquement honorée et chanceuse d'avoir hérité aujourd'hui de ce devoir. *clac* Suggérer que ce dernier est un fardeau serait un grave manque de respect envers moi, Tsvetkova.

Silence. A chaque flagellation, Nadyezdha semblait être devenue plus froide, ses paroles plus tranchantes, et la température elle-même de la pièce donnait l'impression d'être redescendue d'une vingtaine de degrés. Une tension invisible s'était installée, que la vierge brisa néanmoins dans les secondes qui suivirent : elle se rassit, et offrit un nouveau sourire à Tsvetkova - mais celui-ci était moins taquin que les précédents, destiné à détendre l'atmosphère dans la parilka et signifier que malgré son ton glacial, elle ne lui tenait pas rigueur de la maladresse de sa question. Elle se leva, et passa à côté de Tsvetkova pour se saisir à nouveau de la louche et faire remonter la température de l'étuve. Sous l'effet de la neige puis des soins de sa cadette, sa peau et tout particulièrement son dos affichait une couleur bien rosie. De nouvelles volutes de vapeur brulantes se répandant dans la pièce, elle se tourna vers sa cadette, se saisit d'un venik à son tour, puis pointa du menton l'un des bancs comme pour l'inviter à inverser les rôles.

Quand elle reprit la parole, ce fut d'une voix plus douce et calme, quand bien même le ton était solennel et les traits de son visage plus graves.

- Mon devoir me définit, Tsvetkova. Je suis une extension de la Veuve Vénérable, et aucun autre rôle ne me conviendrait davantage que celui-ci. Elle est mon pays, ma responsabilité, mais aussi, mon pouvoir, la magie dans mon corps et mon sang, ainsi que mon passé et mon avenir. Mais peux-tu le comprendre ? Tu es la fille d'un kyazak qui a défié nos lois et nos règles, et d'une cheffe de clan qui a abandonné les siens pour ses sentiments. Mais tu as pourtant été choisie par la Veuve pour être l'une des très rares détentrices de son pouvoir, pour porter la responsabilité d'un pays sur tes épaules. Elena Dazhiavitch Ipatiev te forme à maitriser ta puissance, à manipuler la magie de glace pour vaincre tes ennemis, mais elle ne peut pas te former à la loyauté, elle ne peut pas te forcer à être fidèle à ton devoir, à le voir différemment d'une chaine qui t'enserre. Alors réponds-moi avec honnêteté Tsvetkova. Que comptes-tu faire du pouvoir qui t'es offert ?





Allez, un jet de massage (HAB) pour voir si tes soins sont bien effectués ou non : 2. Et beh, voilà une sorcière bien détendue....
Ca fait un bail que tu n'as plus raté de jet toi, méfie toi de Ranald, il finit toujours par reprendre ses bienfaits sans prévenir :D
==> Quand bien même ses mots sont secs, considère qu'elle ne semble pas pour autant t'en vouloir ou t'agresser. C'est le sujet qui est sensible.

Si tu acceptes sa proposition de massage, considère qu'elle commence à parler (dernier paragraphe) lorsque tu es étendue et pendant qu'elle s'occupe de toi (si ça t'intéresse, elle fait ça bien mais n'a clairement pas ton talent et ton expérience acquise plus jeune). Sinon, elle s'assiéra simplement à côté de toi et plantera son regard dans le tien avant de parler.

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Tsvetkova Aznabaev
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace II

Message par Tsvetkova Aznabaev »

Quelques instants silencieux s’écoulèrent où ce fut moi qui restais interdite, quelque peu chamboulée par la froideur qui émanait de la réponse de Nadyezdha. Alors qu’elle se levait pour attraper la louche et arroser les galets, j’en profitais pour regagner mon banc et m’y allonger de tout mon long, la tête appuyée entre mes bras. L'émeraude de mes yeux étincelait de bien d'autres choses que de malice, j’observais toutes les myriades de petites particules en suspension qui flottaient dans les airs, toute cette condensation environnante qui, alors chaude, se décomposait immédiatement en gouttelettes sitôt qu’elle effleurait ma peau. Celles-ci ruisselaient par la suite sur mon dos, le long de mes hanches ; sur mes épaules, puis dans mon cou. Presque, cela s’apparentait à des caresses d’un nouveau genre, le tout embué d’un souffle très chaud alimenté par l’arrosage de Nadyezdha. Toutes ces sensations détendaient les muscles, voir même l’esprit. Mais cela ne m’empêchait pas pour autant d’écouter les propos de mon hôtesse, celle-ci ayant finalement décidée de faire abstraction de la petite maladresse de ma question.

En quelques enjambées la vierge de glace se rapprocha du banc, me dominant de toute sa stature alors qu’elle se tenait droite face à moi et que j’étais affalée sur le ventre. A la vue du venik je lui fis un signe d’approbation de la tête pour lui faire comprendre que j’étais prête à recevoir le massage.
Dans le bania, la tension m’avait subitement quittée ; un petit sourire amusé se greffa même sur mes lèvres lorsque Nadyezdha commença à frictionner les rameaux du venik sur toute la longueur de mon dos, descendant même le long de mes jambes. Je battais doucement des paupières, chassant au passage l'humidité de mes cils. Ma poitrine se relevait et s'abaissait lentement, au rythme des frottements, la bouche entrouverte pour bien prendre ma respiration quelque peu obstruée par la moiteur excessive de la pièce.

La température extrême de la pièce avait pour elle la capacité extraordinaire d’émousser ma vivacité intellectuelle en me plongeant dans une douce mais prenante torpeur. Là, dans les millions de gouttelettes en suspension, le monde extérieur n’avait plus sa place. La température suffocante de la pièce avait bien plus d’effets que le massage qu’on me proposait. Malgré toute la bonne volonté que voulait bien mettre Nadyezdha, cela me semblait évident qu’on était bien loin du massage que je lui avais prodigué. Du moins de mon point de vue. C’est pourquoi lorsque la vierge de glace eut terminé sa question, je me retrouvais bête, incapable de lui répondre quoi que ce soit tant mes sens étaient perdus.

Remarquant qu'un long silence s'était installée, je soufflais bruyamment l'une de mes mèches en bataille s'étant aventurée jusqu'à la commissure de mes lèvres.


- Que vouliez-vous que je vous réponde ? Je reposais la tête sur mes mains ouvertes en coupe, le regard dans le vide. Je suis ici pour réparer les injustices. Oui je suis une femme. Et une pólkrwi de surcroît. Que ça me plaise, que ça plaise aux gens, rien n’y changera quoi que ce soit. Ce n'est pas moi qui ai décidé des règles, ni vous. Je suis venue ici, je me suis attachée à cette vie dans l’espoir de pouvoir modifier toutes ces perceptions, ces préjugés. Les femmes sont faibles et ne pourraient jamais survivre dans l'Oblast ? J’en suis le contre-exemple. Une ungole ne pourrait soi-disant pas développer les dons de la Veuve Vénérable ? Devant vous se tient Tsvetkova Viktoriadoch Aznabaev, l’exception parmi les exceptions ! Voilà pourquoi je m’accroche à cette vie et ce dont je compte faire des pouvoirs qui m’ont été offerts.

Si j'avais manqué de crier à un moment, ma voix était complètement retombée en prononçant ces derniers mots. Je me retournais pour reprendre une position assise, croisant rapidement au passage le regard de Nadyezdha. Depuis notre arrivée dans le bania, un regard extérieur aurait pu facilement dépeindre nos différences flagrantes qui existaient dans nos apparences. Et cette petite session de massage au venik venait accentuer ces différences. Là où la peau parfaitement laiteuse de ma consœur avait bien rosie sous l’effet du frottement des rameaux, la mienne bien plus hâlée avait du mal à dévoiler l’effet du frottement. A moins que ce soit les soins de ma paire qui soient de piètres qualités comparés aux miens.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 07 févr. 2022, 21:15, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total d'xp : 54 - déso, l'xp ne marche pas comme un compte épargne, tu ne gagnes rien pour cette année d'absence :D
« C'est la lutte qui doit provoquer ta colère, et non ta colère provoquer ta lutte. »
Tsvetkova Viktoriadoch Aznabaev, Apprentie Sorcière de Glace
Profil: For 8 | End 8 | Hab 8 | Cha 9 | Int 9 | Ini 9 | Att 8 | Par 8 | Tir 8 | Foi | Mag 11 | NA 1 | PV 65/65

« Réfléchis clairement, considère tes armes, et prie sincèrement tes dieux.
Alors rien ne devrait pouvoir t'empêcher de survivre. »
Compétences :
  • ¤ Sens de la Magie
    ¤ Incantation – Magie de Glace
    ¤ Alphabétisation
    ¤ Langue hermétique – Magikane
    ¤ Survie en milieu hostile
    ¤ Séduction
    ¤ Traumatologie
Grimoire :
  • Sorts mineurs :
    ¤ Froid : Permet de refroidir la température ambiante jusqu'à un minimum de -20 degrés. Portée 24 mètres de rayon. Durée 10 minutes.
    ¤ Gèle-fourreau : L'ouverture du contenant visé nécessite désormais un test de FOR-2 réussi. Portée 12 mètres. Durée 10 minutes.
    ¤ Manteau de la Veuve Vénérable : La cible est immunisée à tous les effets du froid. Soi-même ou au contact. Durée 1 heure.
  • Sorts moyens :
    ¤ Guérison des plaies : Rend 1D10 PVs à la cible. Soi-même ou au contact.
    ¤ Traits de givre : Projette deux morceaux de glace, chaque épieu infligeant 15+1D10 dégâts à la cible et possède l’attribut perforant (2). Portée 48 mètres.
    ¤ Mur de glace : Invocation d’un mur de glace pouvant atteindre 4 mètres de haut et 10 mètres de large. Possède 10 END et 100 PVs. Portée 10 mètres. Durée 1 jour.

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[MJ] Katarin
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace II

Message par [MJ] Katarin »

La réponse de Tsvetkova ne sembla pas réellement satisfaire la curiosité de son interlocutrice : Nadyezhda sembla souffler du nez, et pinça ses lèvres comme pour s'empêcher de répondre quelque chose qu'à la réflexion, elle préférait garder pour elle. Mais si agacement il y avait eu, celui-ci disparut bien vite dans l'ambiance aussi brûlante qu'apaisante de la parilka. Un silence s'installa dans le petit chalet, mais celui-ci n'était nullement lourd ou pesant - il s'était établi spontanément dans cette atmosphère suffocante où l'esprit se séparait naturellement du corps pour mieux se détendre. Pour un étranger, l'idée de se poncer le corps avec des branches entre deux écarts thermiques extrêmes devait ressembler à une forme de torture barbare que seuls les gens du nord pouvaient inventer - et pourtant, l'effet décontractant et purifiant était saisissant pour quiconque s'y essayait.

Après quelques minutes de douce langueur, la chaleur et la moiteur de l'air commencèrent à se faire trop insupportable, et c'est d'une décision commune muette que les deux femmes se levèrent pour aller se coucher dans le grand tapis blanc une seconde fois. Mais alors que Tsvetkova ouvrait en grand la porte qui menait dans la cour enneigée, c'est avec surprise qu'elle tomba nez à nez avec deux personnes qui attendaient là.

La première était une jeune fille emmitouflée dans plusieurs épaisseurs de tissu posées les unes sur les autres. Dans ses bras, elle portait une petite pile de vêtements soigneusement pliés, qu'elle tendit en direction de Tsvetkova dès qu'elle l'aperçut, tout en détournant le regard pour ne pas scruter sa nudité.
Une politesse que la seconde personne ne lui accorda pas, observant la jeune métisse de haut en bas sans aucune considération pour sa dignité. C'était une femme d'une trentaine d'années, aux cheveux blonds impeccablement tressés et parés de plumes de faucon, qui portait par-dessus son manteau sombre une fourrure de loup dont la tête pendait sur l'une de ses épaules. Ses yeux d'un bleu profond étaient mis en exergue par le tatouage carmin d'une rune à cinq branches sur le côté gauche de son visage. Que ce soit par sa stature, son aura, ou son visage qui ne présentait que trop de similarités avec celui de sa sœur cadette, il fut évident pour Tsvetkova qu'elle était en présence d'Ivana Dazhiavitch Ipatiev, atamanka de Zvenilev.

- Nous avons à parler, dziewczyna. Habille-toi.

Elle ne parlait pas fort, et pourtant le ton impérieux de sa voix était aussi glacial qu'autoritaire. Il était clair que la sorcière de glace n'avait pas pour habitude d'être désobéie, et face à son attitude péremptoire, la jeune métisse ne put qu'obtempérer sans émettre la moindre protestation, se saisissant instinctivement des vêtements tendus par la jeune fille avant de se retirer dans le chalet. Derrière elle, Nadyezhda offrit à sa supérieure un hochement de tête respectueux, avant de rejoindre sa consœur à qui elle tendit l'une des serviettes qu'elle avait laissé dans son casier. L'ainée de Tsvetkova se mouvait avec empressement, se séchant en toute hâte avant de renfiler ses vêtements sur sa peau encore humide - il était évident qu'elle était angoissée par la présence de l'atamanka, et qu'elle enjoignait sa cadette à se presser également.

Dans la pile de vêtements qui lui avaient été confiés, la jeune femme put trouver une grande rubakha en soie sur laquelle elle pouvait enfiler un magnifique kaftan doublé avec de la fourrure blanche d'hermine incroyablement douce au toucher. Deux carrés de laine lui étaient aussi fournis pour protéger ses pieds du froid, ainsi qu'une paire de bottes basses en cuir d'excellente qualité - de sa vie, jamais Tsvetkova n'avait eu l'occasion de porter des vêtements aussi luxueux.

Mais avant de pouvoir se présenter devant l'atamanka, la fille de Viktoria Anataï devait résoudre un dilemme en apparence très simple : à sa naissance une vedma lui avait interdit à jamais de porter de fourrure blanche sous peine de provoquer le courroux éternel des esprits de l'oblast ; mais se présenter devant Ivana seulement à moitié vêtue risquait de créer d'évidents malaises, encore plus s'il lui fallait se justifier à ce sujet...

Quelques portraits :
La jeune fille :
Image
L'atamanka :
Image
Jet de CHA de Kova : 15.
Jet d'intimidation d'Ivana (informatif) : 4, réussi de 12 - vs 3, réussi de 6. Tu as certes un caractère bien trempé, mais face à son autorité naturelle, tu ne peux qu'être foutrement intimidée - c'est comme si la tsarine en personne venait t'adresser la parole. In rp je considère donc que tu ne peux pas "l'envoyer chier" quand elle t'ordonne d'aller t'habiller :mrgreen:

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Tsvetkova Aznabaev
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace II

Message par Tsvetkova Aznabaev »

La réaction que j'eus, au moment où j'identifiais les deux femmes avec lesquels je tombais presque nez-à-nez en ouvrant la porte du petit chalet, me surpris moi la première. Je... battis des yeux et ouvris grand la bouche en o tandis que mes bras venaient se placer devant ma poitrine dans une vaine tentative de dissimuler ma nudité.
Ce fut donc la voix de l’atamanka de Zvelinev qui me fit sortir de ma torpeur. Traversée par des sentiments contradictoires dont j'aurais été bien en peine d'expliquer la nature, je reculais d'un pas dans le bania en repensant aux propos d’Elena sur les possibles envies meurtrières de ses sœurs à mon égard.

C'est en rassemblant toute ma dignité froissée et en ayant récupéré les vêtements tendus par la jeune fille que j'emboîtais le pas à Nadyezhda, laquelle se dirigeait déjà en direction du vestibule après avoir incliné la tête respectueusement devant sa supérieure. Le retour à la réalité après cette petite parenthèse dans le bania était des plus douloureux. Il me fallut plusieurs secondes avant d’être ramenée à la réalité et au fait que l’atamanka m’attendait dehors pour un interrogatoire, un petit moment pour reprendre conscience de mon corps. Je battis des paupières, observant la petite pièce exiguë dans laquelle je me trouvais. Nadyezhda avait l’air aussi angoissée que moi, sinon davantage et se pressait pour se rhabiller, me jetant quelques regards agacés du fait de mon inactivité.

Un léger sentiment d’urgence s’empara de moi alors que je m’habillais dans la hâte. Tandis que j’enfilais la grande rubakha en soie, je fus subjuguée par la douceur de l’étoffe sur ma peau nue. Ô grand jamais je n’avais porté des vêtements de cette qualité dans ma vie. Voyant que je me laissais submerger par mes émotions Nadyezhda prit même la peine de m’aider à être présentable et m’aida à chausser les bottes en cuir. Je me penchais en avant alors qu’elle était agenouillée devant moi avant de murmurer, tout bas :


- Je ne sais pas ce qui se trame, et encore moins ce que l’atamanka attend de moi.

Heureusement que l’effet décontractant et déstressant du bania faisait son effet sinon je serais tout simplement en train d’exploser d’angoisse tant au sens propre qu’au figuré. Nadyezhda continuait sa mission de me rendre acceptable et approchait déjà vers moi le kaftan doublé avec de la fourrure blanche d'hermine. D’un geste rapide de la main et autoritaire je lui intimais de ne pas me le donner.

- Attends. Pas si vite. Je sais que ça va te surprendre, toi la gospodar, mais je ne peux pas enfiler cette fourrure blanche. Une staraja vedma est venue à ma naissance et a mis mes parents en garde sur le fait que je ne devrais jamais porter de fourrure blanche. Sous peine d’offenser les esprits. Et donc dans cet optique, est-ce que tu pourrais me laisser porter ton manteau en fourrure de loup ? Ce n'est pas moi qui ai décidé des règles. En plus tu voulais en apprendre plus sur moi ça tombe bien. Pas un mot aux autres. D'accord ? chuchotai-je sur un ton mi-implorant, mi-menaçant. Même si je ne me faisais pas d'illusions à qui l’allégeance de la vierge de glace allait. D'ailleurs la vue d'Ivana Dazhiavitch Ipatiev - une autorité supérieure à Nadyezhda - m'avait fait inconsciemment tutoyer cette dernière.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 23 juin 2022, 15:02, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total d'xp : 60
« C'est la lutte qui doit provoquer ta colère, et non ta colère provoquer ta lutte. »
Tsvetkova Viktoriadoch Aznabaev, Apprentie Sorcière de Glace
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« Réfléchis clairement, considère tes armes, et prie sincèrement tes dieux.
Alors rien ne devrait pouvoir t'empêcher de survivre. »
Compétences :
  • ¤ Sens de la Magie
    ¤ Incantation – Magie de Glace
    ¤ Alphabétisation
    ¤ Langue hermétique – Magikane
    ¤ Survie en milieu hostile
    ¤ Séduction
    ¤ Traumatologie
Grimoire :
  • Sorts mineurs :
    ¤ Froid : Permet de refroidir la température ambiante jusqu'à un minimum de -20 degrés. Portée 24 mètres de rayon. Durée 10 minutes.
    ¤ Gèle-fourreau : L'ouverture du contenant visé nécessite désormais un test de FOR-2 réussi. Portée 12 mètres. Durée 10 minutes.
    ¤ Manteau de la Veuve Vénérable : La cible est immunisée à tous les effets du froid. Soi-même ou au contact. Durée 1 heure.
  • Sorts moyens :
    ¤ Guérison des plaies : Rend 1D10 PVs à la cible. Soi-même ou au contact.
    ¤ Traits de givre : Projette deux morceaux de glace, chaque épieu infligeant 15+1D10 dégâts à la cible et possède l’attribut perforant (2). Portée 48 mètres.
    ¤ Mur de glace : Invocation d’un mur de glace pouvant atteindre 4 mètres de haut et 10 mètres de large. Possède 10 END et 100 PVs. Portée 10 mètres. Durée 1 jour.

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