[Tsvetkova] Cœur de glace I

Kislev, pays de sombres forêts de conifères, d'étendues neigeuses et de steppes balayées par les vents, se trouve l'est de l'Empire. Pendant des siècles, il a été un rempart face aux incursions dévastatrices du Chaos venues du nord. Kislev est un allié fidèle et puissant de l'Empire, toujours prêt à envoyer ses troupes à son secours

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[MJ] Katarin
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[Tsvetkova] Cœur de glace I

Message par [MJ] Katarin »

Comme pour de très nombreux enfants ungols et sur la demande de Viktoria Anataï, une staraja vedma était venue à la naissance de Tsvetkova Aznabaev, afin de s'assurer que le chaos n'avait pas effleuré son âme. La vieille femme-médecine avait alors pu rassurer ses parents, puis comme le voulait la tradition, les avait prévenu de l'acte dont il faudrait préserver la petite Kova dans sa vie, sous peine de subir le courroux des esprits : "jamais ô grand jamais ne devrait-elle porter de fourrure blanche"...

***

Lorsque Tsvetkova avait choisi d'échanger la vie de son père contre son entrée dans l'ordre des sorcières de glace, avait-elle mesuré à quel point sa tranquille petite vie dans une modeste tirsa à l'est de Dushyka allait être bouleversée à jamais ? Mais après tout, avait-elle vraiment eu le choix ? Si Elena Dazhiavitch Ipatiev avait consenti au marché proposé par la jeune métis, sans doutes n'était-ce là qu'une façade de politesse, une façon plus douce d'obtenir ce qu'elle désirait car, de toutes manières, qui irait s'opposer à l'autorité d'une redoutable sorcière de glace ?

Pendant leur première journée passée ensemble, les deux femmes se contentèrent de marcher côte à côte à travers l'oblast gelé, puisque la sorcière avait insisté pour laisser leurs chevaux derrière elles. Elles firent cap vers le nord, sans prendre la peine de suivre la moindre route. Tsvetkova dut se fier à l'intuition de sa nouvelle tutrice, car alors qu'avait déjà débuté la raspotitsa et que l'équinoxe d'hiver approchait à grand pas, les steppes du nord n'étaient qu'un immense paysage blanc et plat où tout se ressemblait. Il n'y avait là nul point de repère, nul indice, nulle variation géographique, juste l'immensité de la plaine blanche dans laquelle étaient plantés ça et là quelques pins épars.

Elena se montra dans l'intimité bien plus froide qu'elle ne l'avait laissé paraître de prime abord, lorsqu'elle s'était présentée dans la tirsa. Si elle savait mettre l'accent sur la chance que possédait Tsvetkova d'être réceptive à la magie de la Veuve vénérable, elle n'hésitait pas pour autant à afficher son dédain pour sa nature paysanne, entre autres choses.

- Tu es une anomalie, Tsvetkova. Les règles de notre ordre m'imposent de former toute jeune fille possédant une affinité avec la magie, quelle qu'elle soit et sans exception aucune - mais sache que tu es néanmoins une irrégularité dans nos préceptes. Nous avons manqué de vigilance, et je t'ai découverte bien tard : à ton âge il te sera bien plus difficile de survivre à l'entrainement qui t'attend. Difficile, mais pas impossible, si tu te montres suffisamment forte de corps comme d'esprit. En revanche, pour ce qui est de tes origines... jamais à ma connaissance l'affinité à notre magie n'avait été découverte chez quelqu'un possédant du sang ungol. Ce que tu représentes... peut être une bénédiction comme une malédiction. C'est donc là la tâche qui m'attend : faire en sorte de tirer le meilleur de ton unicité.

Malgré la température négative d'une bonne dizaine de degrés, les sorcières eurent la chance de profiter d'une météo particulièrement douce et calme pour la saison : le soleil rayonnait dans un ciel sans nuage, et le vent se limitait à quelques discrètes bourrasques, insuffisantes pour gêner la jeune femme chaudement vêtue. Profitant de ce calme, Elena dispensa à son élève de longs cours d'histoire, sur l'origine des gospodars, leurs combats acharnés contre les forces du Chaos, le secours inopiné de l'esprit de la Veuve Vénérable, leur exode vers le sud, leurs victoires contre toutes les tribus du Kislev : roppsmen, dolgans, et bien sur ungols. Elle lui expliqua pourquoi la magie de glace, plus qu'un artifice, était le ciment-même de la culture gospodar et de leur force : c'était grâce à la Veuve Vénérable que la multitude de tribus s'était unie pour n'en former qu'une, c'était grâce à elle encore que leur peuple avait survécu dans les désolations, c'était toujours grâce à elle qu'ils avaient vaincu tous leurs adversaires, et qu'aujourd'hui encore ils étaient le rempart du Monde face aux Dieux de la Corruption. Le Kislev tel qu'il était aujourd'hui, lui affirma t-elle, n'était pas tant défini par ses habitants que par cet esprit et sa puissante magie.

Alors que venait le crépuscule, Elena s'arrêta soudain, au beau milieu de nulle part, puis s'assit en tailleur sur le sol.

- Très bien Tsvetkova, puisque je vais devoir te former, il va falloir en premier lieu que j'évalue tes compétences. Je peux voyager des jours sans avoir besoin de chaleur ou de nourriture, mais ce n'est pas ton cas. Moi je vais dormir ici ce soir, mais libre à toi de trouver un endroit qui t'es plus confortable. Je souhaite que tu me montres comment tu es capable de survivre par toi-même, sans l'aide d'autrui : car ne te détrompe pas, si je serais ta guide dans les épreuves à venir, seule ta propre force te permettra de t'élever. Il n'y a que toi qui puisse te sauver, ne l'oublie jamais : et dans notre impitoyable monde, il n'y a pas de mauvaise façon de survivre : alors montre-moi de quoi tu es capable.

Avec la nuit qui tombait, le vent se levait, charriant avec lui des flopées de flocons, de cristaux de glaces et d'aiguilles de pin. La température commençait déjà à descendre dangereusement, et Tsvetkova doutait que ses couvertures suffisent à la protéger sur un terrain autant à découvert... sans parler de son estomac qui grondait, après ne rien avoir ingurgité de la journée.




Je reprends ici une citation du livre de la Reine des Glaces, qui, je trouve, aurait tout à fait sa place dans la bouche d'Elena pendant cette première journée de voyage, et que tu peux donc considérer comme faisant partie de son cours d'histoire :
« Il y a bien longtemps, nombre de clans gospodars vivaient dans la steppe Sans Fin. Comme aujourd’hui, il s’agissait d’une vaste province battue par les effroyables énergies du Chaos. Les Gospodars étaient assaillis par toutes sortes d’ignobles adversaires, et les dieux-démons leur offrirent une trêve s’ils acceptaient de courber l’échine et de les vénérer. Mais les Gospodars constituaient un peuple obstiné. Contrairement aux tribus voisines, les Kurgans, les Hungs et les Norses, ils ne cédaient pas aux menaces. Au contraire, ils se tournèrent vers d’autres dieux, des dieux capables de les protéger de la souillure venue du nord, du moins l’espéraient-ils. Le plus important d’entre eux était Ursun l’Ours, qui leur enseigna l’art de survivre aux hivers glaciaux, de combattre le Chaos et de respecter les esprits de la terre. Mais même avec l’aide d’Ursun, la situation des Gospodars était désespérée.

C’est alors qu’un grand esprit, qui s’appelait « la Veuve Vénérable », « Kislev » ou simplement « la Terre », murmura à l’oreille d’une prêtresse-chamane kislevite. Il lui promit de grands pouvoirs si elle jurait de s’emparer d’un lointain royaume glacé où il avait été emprisonné par les dieux-démons. La chamane, qui voulait désespérément aider son peuple, accepta sans hésiter et reçut en retour le pouvoir de l’hiver. Avec l’aide de la Veuve Vénérable, elle maîtrisa rapidement ses nouveaux pouvoirs et les utilisa pour rassembler ce dont elle avait besoin pour tenir sa promesse. Bientôt, elle avait réuni les divers clans gospodars en un seul peuple et s’était placée à leur tête en tant que première reine-khan. Ceci fait, elle emmena son peuple avec elle et entama sa quête du pays de la Veuve Vénérable.

Après des siècles de massacres dans la steppe Sans Fin, une descendante de la reine-khan mena les Gospodars au-delà des Montagnes du Bord du Monde. Là, stupéfaite, elle découvrit une immense plaine enneigée qui palpitait d’une énergie magique glacée. Elle s’effondra immédiatement à terre et versa des larmes gelées, car elle savait que sa quête avait finalement abouti. À l’époque, beaucoup de femmes savaient désormais manier la magie du froid de la reine-khan et quand les Gospodars firent résonner leurs cors de guerre, les autochtones (les Ungols, les Roppsmenns, les Ostermarkers et les Ostlanders) n’eurent pas une chance contre eux. Les Gospodars déferlèrent des montagnes et fondèrent une nouvelle nation sur les terres de ceux qu’ils avaient conquis. Leur reine-khan, Shoïka, devint la première tsarine du Kislev.

Aujourd’hui, bien des siècles plus tard, celles qui pratiquent l’ancienne magie du froid des légendaires reines-khans sont connues sous le nom de sorcières de glace, et notre pouvoir n’a pas été émoussé par le temps. »

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Tsvetkova Aznabaev
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace

Message par Tsvetkova Aznabaev »

Il y avait comme une belle senteur de liberté dans l'air en cette journée.

Je suis une amoureuse des grands espaces. Errer par monts et par vaux au travers des vastes plaines et forêts du Kislev, découvrir des chemins dessinés au fil des siècles par l'incessante procession des voyageurs, marchands et pèlerins. Des sentiers faisant office d'un ailleurs différent de ce que vous connaissez déjà, d'un ailleurs plein de surprises et de découvertes. La piste en question était toute fraichement créée par la longue pelisse d’Elena Dazhiavitch Ipatiev. La curiosité insatiable qui me tenaillait se régalait du spectacle de ces endroits inconnus à la manière d'un gamin auquel on propose une cuillère de miel : j'étais une boulimique de l'inconnu, au grand dam de ma mère – Viktoria Anataï. Ma mère… A sa simple pensée la fierté brûlait dans mon cœur, plus vive que n'importe quel froid de Kislev. Rien ne saurait l'éteindre. La fierté, oui… Celle de mon héritage maternel et la fierté de ce que je représentais. Lorsqu’elle était encore de ce monde elle avait cette tendance à m'enjoindre à davantage de prudence, à une attitude plus effacée que celle que j'avais, pour la simple raison que j’étais considérée comme ce qui se faisait de pire en ces terres. Une bâtarde. Une sang-mêlé. Une métisse. Je jetais un regard interrogateur à mon reflet dans le verglas qui se craquelait sous mes pieds : étais-je vraiment l’anomalie décrié par les quidams ? J’avais entendu Elena tout à l'heure, dénigrer ma condition en ses propos aussi éloquents que violents.
Un éclair dur et sombre passa dans mes yeux. Leur réalité n'est qu'une vérité parmi les infinies propositions que nous offre le monde. Pourquoi refuser de le voir ?

L'oblast avait quelque chose de vivifiant, et me donnait le sentiment agréable d'être une illustre anonyme au sein de son interminable étendue. Ce qui, si on considérait mon statut de sang-mêlé, était hautement rassurant. Une nuée d’oiseaux charognards se disputaient la minuscule carcasse de ce qui s’apparentait à un renard. La steppe s’étendait à perte de vue, dans une immensité infinie qui ne trouvait ses limites que dans un horizon des plus lointains, et de légères bourrasques ne cessaient de nous balayer. Malgré ces quelques aquilons la météo nous était particulièrement amicale.
Le temps ne jouait pas en notre défaveur, mais mieux valait ne rien laisser au hasard. La raspotitsa avait débuté et cette dernière emprisonnait la terre d’un gel tenace et mortel. Les routes disparaissaient sous plusieurs pieds de neige, le sol, si tenté que vous parveniez à l’atteindre, devenait aussi dur que de la roche, et toute vie s'étant évanouie, le moindre voyageur égaré était promis à une mort certaine. Même pour une habituée telle que moi la nature capricieuse de l’oblast pouvait s’avérer mortelle, c’est pourquoi je plaçai ma confiance entre les mains d’Elena.

Cette dernière profita de cette traversée du Grand Nord pour m’inculquer quelques cours d’histoires. Elle en avait sûrement promptement déduit que ma condition de simple paysanne ne m’avait pas permis d’accéder à ces connaissances. Elle avait raison. Mais je ne lui fis clairement pas remarquer, ses jugements sur mon origine m’ayant déjà affectés.
Mon silence aurait pu paraître impoli ; il ne l'était pas. J'écoutais mon instructrice vanter les bienfaits de la Veuve Vénérable et de la magie de glace, véritable ciment de la culture gospodar selon elle. Alors qu’elle se retournait vers moi je lui dédiais un mince sourire, plus par souci de ne pas paraître blessante que par réelle sympathie. A voir son allure et ses précédentes allusions, la vie lui souriait ; mais je ne pouvais pas déterminer si elle était issue de cette bourgeoisie qui régnait par l'or ou à la noblesse courtisane qui se répandait aussi rapidement que la neige aux abords des Marches du Nord. Quoi qu'il en soit, nous partagions certaines obligations pour le moment, le pacte que j’avais passé pour qu’elle sauve mon père me liant à elle.
Et c’est sans le moindre avertissement envers moi qu’Elena s’installa en tailleur à même le sol gelé de l’oblast :


- Très bien Tsvetkova, puisque je vais devoir te former, il va falloir en premier lieu que j'évalue tes compétences. Je peux voyager des jours sans avoir besoin de chaleur ou de nourriture, mais ce n'est pas ton cas. Moi je vais dormir ici ce soir, mais libre à toi de trouver un endroit qui t'es plus confortable.

La sorcière de glace avait donc trouvé sa place ; moi, je me tournais vers un jour qui agonisait derrière la crête déchiquetée de l'horizon, dont l'ombre s'étendait lentement sur la plaine. Le soleil filait dans le ciel et rejoignait bientôt l'ouest, amorçant une descente lente et inébranlable. Il prit une teinte orangée qui colora le paysage et donna aux quelques herbes ondulantes un reflet mordoré. La température chutait lentement. Je portais mon regard marin vers celui, verglacé, de mon interlocutrice.

- Je peux le faire. Je suis forte ! Je suis bien plus forte que vous ne semblez le penser. Je suis terriblement forte. Je suis capable de résister aux pires nuits dans l’Oblast. Même toute seule. Vous, vous n’avez cesser de me juger sur ma condition de paysanne et mon métissage. C’est vraiment regrettable. Alors restez ici à me regarder avec envie. Oui regardez-moi avec envie.

Ce n'étaient que des paroles en l'air, mais elles se différenciaient de la fanfaronnade en ceci que je souhaitais surtout me rassurer, avant que je ne sombre dans la panique ou l'hystérie. Je pris donc congé bien décidée à passer une bien meilleure nuit que ne s’imaginait Elena. Je suis peut-être une insignifiante paysanne, mais j’ai grandi sur ces terres glacées. Un petit salut moqueur de la main et me voilà seule sur cette plaine drapée de son manteau hivernale. Un vent de liberté soufflait, l’inconnu me tendait les bras, et je m’en emparais bien volontiers, à cœur joie même.
Mon objectif prioritaire était clair ; construire un quinzhee pour pouvoir m’y réchauffer et me protéger de ces bourrasques de vents. S’il demeurait effectivement quelques bois çà et là, ils semblaient bien rares, comme des îlots de verdure sombre perdus au beau milieu d’un océan de terre désolé. De manière éparse des pins, soumis aux contraintes du vent, avaient pris racine. Je savais pertinemment que la neige s’entassait plus facilement près des troncs d'arbres, c’est pourquoi je me dirigeai vers un de ces conifères. Un amoncellement de neige c’était bel et bien crée au pied du pin, je n’avais plus qu’à évider cet amas – comme me l’avait appris les enfants du village – pour pouvoir m’y réfugier. Le fait que je sois menue allait encore une fois être un avantage ; je n’avais pas besoin de construire un grand quinzhee, une surface où je pourrais me faufiler et y attendre en tailleur serait suffisant. Plus l’abri est petit et plus l'air chaud s'y engouffre pour y rester. L’excavation de la neige me prendrait bien quelques heures.

***
Finalement recroquevillée dans ma cabine naturelle je me laissais aller à pousser un long soupir de soulagement. Même si je maîtrisais cette construction cela restait une entreprise éreintante. La "tiédeur" et la quiétude des lieux me submergèrent complètement. Le vide se fit dans mon esprit. Mon esprit se détacha à sa manière de mon propre corps, comme lors de ces trop longues nuitées d’hiver où cet inatteignable sommeil ne pouvait me gagner. J’avais l’habitude de faire ce cérémonial spirituel lorsque le froid devenait trop mordant pour mes chairs
(incantation du sort Manteau de la Veuve Vénérable).

Cet espace clos, avec une seule entrée possible, s’avérerait être une bénédiction cette nuit. D’autant plus que l’entrée pourrait être obstruer par ma gibecière et mon outre afin d’en atténuer l’entrée du vent. Malgré ma lassitude je m’extirpais de mon abri pour guetter les allées et venues des petits animaux de l’oblast ; un oiseau plongeant dans la neige m’indiquerait la possible présence de baies, idem avec les imperceptibles rongeurs.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 17 déc. 2019, 08:35, modifié 1 fois.
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« Réfléchis clairement, considère tes armes, et prie sincèrement tes dieux.
Alors rien ne devrait pouvoir t'empêcher de survivre. »
Compétences :
  • ¤ Sens de la Magie
    ¤ Incantation – Magie de Glace
    ¤ Alphabétisation
    ¤ Langue hermétique – Magikane
    ¤ Survie en milieu hostile
    ¤ Séduction
    ¤ Traumatologie
Grimoire :
  • Sorts mineurs :
    ¤ Froid : Permet de refroidir la température ambiante jusqu'à un minimum de -20 degrés. Portée 24 mètres de rayon. Durée 10 minutes.
    ¤ Gèle-fourreau : L'ouverture du contenant visé nécessite désormais un test de FOR-2 réussi. Portée 12 mètres. Durée 10 minutes.
    ¤ Manteau de la Veuve Vénérable : La cible est immunisée à tous les effets du froid. Soi-même ou au contact. Durée 1 heure.
  • Sorts moyens :
    ¤ Guérison des plaies : Rend 1D10 PVs à la cible. Soi-même ou au contact.
    ¤ Traits de givre : Projette deux morceaux de glace, chaque épieu infligeant 15+1D10 dégâts à la cible et possède l’attribut perforant (2). Portée 48 mètres.
    ¤ Mur de glace : Invocation d’un mur de glace pouvant atteindre 4 mètres de haut et 10 mètres de large. Possède 10 END et 100 PVs. Portée 10 mètres. Durée 1 jour.

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[MJ] Katarin
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace

Message par [MJ] Katarin »

Malgré toute la conviction que mit la jeune Tsvetkova dans ses propos, elle n'obtint pas la moindre once d’intérêt en retour de la part de son interlocutrice : au contraire, confortablement assise en tailleur sur la neige, Elena se contenta de clore ses paupières comme pour méditer. Si elle attendait une réponse ou un encouragement à sa tirade, elle ne put qu'être déçue de voir que seul le bruit des bourrasques enneigées accueillit ses mots.

Pourtant, les heures qui suivirent auraient pu prouver à la sorcière en transe que les paroles de Tsvetkova n'étaient pas que de simples bravades : tirant parti de tout ce qu'elle avait appris plus jeune auprès des membres de sa tirsa, la métisse réussit à se construire une minuscule quinzhee en quelques heures, ne ménageant pas ses efforts pour s'assurer de la solidité et de l'isolation de sa petite structure. Si le confort n'était clairement pas la première qualité de sa construction, au moins la protégerait-elle correctement des températures glaciales qui régnaient dehors maintenant que le soleil s'était couché. En cette période de l'année, la nuit durait plus de douze heures : si elle trouvait rapidement de la nourriture, elle aurait encore plus de huit heures de sommeil devant elle.

Depuis l'intérieur de son nouveau refuge, la jeune femme imita sa nouvelle tutrice en entrant momentanément en transe. Sans la moindre formation aux arts de la manipulation de la magie de glace, Tsvetkova incanta pourtant instinctivement un sortilège qui la protégerait des conditions les plus extrêmes. Émanant du sol, la puissance du givre l'enveloppa doucement, recouvrant sa peau tel un voile invisible duquel émanait une douce sensation de tiédeur.

Lorsque Tsvetkova sortir de sa quinzhee pour se mettre en quête de nourriture, Elena n'avait pas bougé d'un centimètre. Pourtant, la jeune femme put remarquer que la sorcière n'était pas recouverte de neige ; les flocons semblaient l'éviter dans leur chute, la laissant totalement immaculée et apparemment insensible à la température extérieure. La similitude avec son propre cérémonial était évidente, quand bien même y avait-il une différence de maitrise évidente : la sorcière, bien qu'immobile et peut-être même endormie, rayonnait d'une puissance surnaturelle que Tsvetkova pouvait percevoir sans mal à défaut de comprendre.

La météo s’aggravant, les bourrasques s'accentuant et la neige tombant toujours davantage, l'apprentie sorcière ne put compter sur les mouvements de oiseaux pour lui apprendre où trouver de la nourriture, pas plus qu'elle ne réussit à trouver de plantes hivernales comestibles. Ranald lui sourit néanmoins après une dizaine de minutes de recherche, lorsqu'elle remarqua quelques gouttes de sang dans la neige, non loin d'empreintes partiellement recouvertes de renard polaire. Remontant la piste du goupil, il lui fallut une bonne quinzaine de minutes pour arriver devant le terrier de l'animal, creusé dans une petite butte naturelle. A peine s'approcha t-elle de l'entrée de l'habitat que déjà, un renard arctique aux abois montra le bout de son nez pour glapir agressivement sur la jeune métisse. Derrière leur parent, à l'entrée du terrier, plusieurs petits renardeaux au museau ensanglanté observaient craintivement l'inconnue qui les menaçait...



Portrait d'Elena Dazhiavitch Ipatiev
Image
Jet de survie (INT+1 car compétence survie) : 8, réussi de 2
Jet de magie (MAG+2 car Kislev et hiver) : 11, réussi tout pile, +1 xpm
Jet de perception : (INI+INT /2) : 5, largement réussi

Et bien, Ranald te sourit dès le début... méfie toi quand même, c'est un dieu farceur :mrgreen:

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Tsvetkova Aznabaev
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace

Message par Tsvetkova Aznabaev »

Je jetais un œil par-dessus mon épaule après m'être arrêtée dans ma recherche, observant ma quinzhee qui semblait vaciller sous la férocité du vent. Aux yeux de n'importe qui, elle aurait pu paraître échevelée, pittoresque, misérable. Mais aux miens, à mon regard, elle était magnifique. Magnifique d'une promesse de tiédeur et d’une nuit qui serait sommaire mais réconfortante.
Comme si ma situation précaire ne suffisait pas, mon ventre ne cessait de grogner silencieusement. Une sensation qui se manifestait en impulsion, en tiraillement, devenant à chaque fois de plus en plus pressant à mesure que la lune continuait sa course inexorable.

Cela devait bien faire quelques minutes que j’étais en train de chercher de quoi me sustenter et que rien ne s’était offert à ma vue. Tous mes sens avaient été aux aguets, tentant de percevoir la moindre parcelle de vie qui s’approchait. Finalement, une affreuse impression me saisit ; que cette traque incessante contre une proie inexistante m’avait affaiblie encore plus, en plus de m’avoir fait perdre un temps fou. Mais il semblait que mes craintes n’avaient aucune raison d’être. Tandis que je vaquais sans véritable ligne définie mon regard tomba sur quelques gouttes de sang et des empreintes s’apparentant à des vestiges de renard polaire. Cette fois-ci ma chasse s’annonçait fructueuse, je progressais donc lentement en remontant la piste, étant vigilante à n’importe quel mouvement dans ma périphérie.
Et là, sous le ciel nocturne et ses étoiles se dressait le terrier de ma proie. Le goupil m’avait déjà remarqué et grogné agressivement dans ma direction, alors que derrière lui je pouvais apercevoir difficilement plusieurs petits renardeaux sans défense.

Malgré moi, je me tordais les mains. Faire face à la détresse d'autrui était une tâche que j'assumais, mais elle était toujours aussi pénible et douloureuse. J'étouffais pathétiquement la larme enragée qui menaça de mouiller mes cils. Chaque jappement craintif qu’effectuaient les bébés renards venaient me déchirer le cœur en mille morceaux. En quel nom une seule pouvait décider pour les autres ? C'était un débat qui m'avait souvent fait douter. Mais ce doute-là, je lui avais toujours opposé la même réponse. "Au nom du principe d'action plutôt que d'inaction". Cependant persistait la griffure insidieuse du "Et si ?"...

Les interrogations venaient, mais pas sans leur lot de réponses. Toutefois, elles n'en étaient pas pour autant des solutions. Deviner des conséquences, anticiper des effets et discerner les marches à suivre ne veut pas dire qu'on est capable de résoudre un problème. Il y a un gouffre du calcul à la réussite, un gouffre qui s'appelle bien souvent moyens. C'est ce qui fait la césure de la théorie et de la pratique, bien souvent. Pourtant, pour l'esprit vif et lucide, la théorie ne saurait être contredite par la pratique, n'est-ce pas ?
Je crains seulement qu'un tel esprit ne soit que celui d'un sage, touchant au firmament de la clairvoyance. Une voûte spirituellement céleste que j'étais bien en peine d'atteindre, mais dont j'avais promis d'être proche lorsque ma vie arriverait à son terme.

Machinalement, presque avec tristesse, mon index vint jouer sur le manche de ma dague. Le contact de l'arme me rappelait simplement à quel point la violence était le seul droit qui permettait à la fois de garantir la liberté, et à la fois d'instaurer la cruauté et l'injustice. La bonne intelligence était une denrée si rare, qui semblait ne pouvoir s'acquérir que par de douloureux enseignements. Et sans cette souffrance pour répandre une telle révélation, comment cette présumée bonne intelligence pourrait-elle exister ? L'aune morale ne pouvait exister que dans l'ambivalence, l'antagonisme, et de là venait le fait que le mal pouvait, voire devait, perdurer, au nom du libre-arbitre que tout être humain avait de devenir bon ou mauvais.

Le ciel encré était vide et silencieux. Il n'y aurait aucun dieu bienveillant, aucun coup du sort favorable. Livrées à nous-mêmes, c’était moi contre eux...
Je m'assombris, observant le mutisme. La tension était colossale, et partout, sur chaque visage, la souffrance criait et se débattait. "Que faire ? Que faire ?" étaient les questions que je pouvais lire dans les yeux apeurés des renardeaux. Je regrettais d'avoir à assumer ce rôle de bourreau.

"C'est lorsque l'on s'écoute trop soi-même..."
Je poussais un énième soupir débordant d'exaspération. D'irritation. J'en aurai presque tremblé. Ma bouche était crispée à m’en faire mal. C'est dans la peur qu'on trouve le courage, dans la difficulté qu'on trouve la force de vaincre. C'est sous cet angle qu'il fallait apprécier la sombre résolution, accompagnée d'un sang-froid de fer, qui venait de m'envahir alors que je décrochais ma dague de ma ceinture. Ainsi enveloppée de cette funeste détermination, je fis à nouveau le vide dans mon esprit cherchant à faire appel encore une fois à Ursun. Il m’était venu à la rescousse à de nombreuses reprises lorsque je vivais encore dans mon ancienne tirsa : pour guérir le bétail, pour m’envelopper de sa présence analeptique ou même pour emprisonner ma mère d’un permafrost inébranlable. Sûrement qu’il saurait quoi faire dans cette situation
(incantation du sort Gèle-Fourreau pour geler les mâchoires de maman renard). D’un geste vif, je m’avançais vers le terrier dans l’intention d’abattre la goupil adulte.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 20 déc. 2019, 11:56, modifié 1 fois.
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace

Message par [MJ] Katarin »

Tsvetkova le savait, si le renard devant elle la défiait ainsi, c'était uniquement pour protéger ses petits. Les goupils des neiges n'étaient habituellement pas particulièrement agressifs, et préféraient la fuite au combat face à un ennemi plus grand qu'eux. D'une certaine manière, l'apprentie sorcière avait donc eu de la chance.
Grondant, l'animal semblait prêt à attaquer à tout moment. Pour la jeune femme, peut-être avait-il été intuitif par par le passé d'invoquer ses sortilèges lorsqu'elle se retrouvait dans une situation favorisant la concentration et la méditation, mais ce n'était ici pas le cas : les grognements du renard se faisaient à chaque seconde plus menaçants encore et perturbaient sa prière à Ursun, qui ne semblait pas vouloir répondre à sa supplique.

La bête perdit patience, et courut alors sur celle qui menaçait sa portée. Peut-être que ce démarrage officiel d'hostilités fut le déclic nécessaire à Tsvetkova pour réussir à retrouver toute sa détermination, car alors même que le renard ouvrait la gueule pour pouvoir mordre sa jambe, de la glace se forma en un éclair entre ses deux mâchoires, cristallisant sa salive et la vapeur d'eau pour l'incapaciter, l’empêchant d'utiliser ses deux rangées de crocs. Déstabilisé par la magie, la gorge de l'animal laissa échapper un glapissement effrayé tandis que Tsvetkova abattit sur lui un coup de dague. La lame s'enfonça dans le dos de l'animal, mais ne sembla pas toucher de point vital puisque celui-ci répondit immédiatement à l'agression.

Prenant appui dans la neige, il bondit en avant sur la jeune sorcière en grondant sourdement. Il ne devait pas peser plus d'une dizaine de kilos, mais l'impact suffit à faire perdre son équilibre à Tsvetkova qui n'avait pas anticipé pareille réponse d'un animal blessé. Elle tomba à la renverse en arrière, lâchant sa dague de surprise, tandis que fou de rage, le renard tentait de lui griffer le corps.

Heureusement pour elle, seul son manteau en fit les frais : l'armure de cuir de son père était bien trop épaisse pour les petites griffes de l'animal. Tentant de le repousser d'un bras, elle se saisit de son arme tombée dans la neige, serra la fusée de la dague de toutes ses forces, et abattit la lame une nouvelle fois sur l'animal. Cette fois, l'acier se planta profondément dans sa nuque, le tuant sur le coup.

Elle s'en était plutôt bien sortie, compte tenu du déroulé chaotique de l'affrontement. S'il fallait déplorer quelques fines lacérations et tâches de sang sur son manteau, Tsvetkova n'avait pas été blessée par le renard.
Alors qu'elle se relevait, elle sentit une vilaine douleur à sa cheville : l'un des renardeaux était venu, trouvant le courage d'affronter la meurtrière de son parent. Il devait avoir environ quatre mois, grondant alors que ses mâchoires tentaient de percer les solides bottes fourrées de l'apprentie sorcière. Ses frères et sœurs s'étaient quant à eux tapis au fond de leur terrier, d'où s'échappaient quelques jappements plaintifs.
Tsvetkova savait que les renards polaires vivaient en couple avec leur portée, pendant six mois environ : il était donc possible que leur second parent soit parti chasser. Par ailleurs, à leur âge, les jeunes renardeaux étaient déjà sevrés, et avaient en conséquence des chances de survivre seuls, bien qu'elles soient très faibles.
Néanmoins, ce n'était ni le petit animal tentant de la mordre, ni les considérations morales concernant l'avenir de ces jeunes renards, qui préoccupèrent le plus l'esprit de la jeune femme. Son sixième sens avait décelé une perturbation surnaturelle dans les environs, le même genre de sensation fugace qu'elle ressentait lorsqu'elle faisait appel à ses capacités magiques.
Elle chercha des yeux autour d'elle ce qui pouvait provoquer ce mouvement magique, mais la nuit noire et la mauvaise météo ne lui permirent pas de déceler quoi que ce soit... sinon le message qui était désormais inscrit dans la neige en lettres capitales, juste au dessus du terrier.

MEFIE-TOI D'ELENA


Le renard gronde mais n'attaque pas : Kova a l'initiative.

Jet de MAG : 16, échoué.
Jet d'INT du renard pour percevoir la menace : 18, échoué - Kova peut faire une seconde tentative.
Jet de MAG : 7, réussi, +1xpm

Le renard charge ! +2 à sa première ATT... s'il réussit à ouvrir la gueule.
Jet de (FOR-2) : 6, raté.

Kova attaque à la dague :
Jet d'ATT : 2, réussi.Jet d'AGI du renard pour esquiver : 11, échoué.
Dégats : 12+12+1-6 = 19 !

Le renard tente d'ouvrir la gueule : 13, échoué
Il tente tant bien que mal des coups de griffes : malus d'ATT = 2 : 10, raté

Kova attaque : 20, échec critique ! Le renard bondit sur elle dans une tentative désespérée, lui faisant lâcher son arme et tomber à la renverse !
Jet de (FOR-2) pour ouvrir la gueule : 8, échoué
Jet d'(ATT-2) pour les griffes : 12, échoué

Jet d'AGI pour ne pas perdre un tour à se débattre : 12, échoué. Kova est trop lente pour reprendre sa dague dans la neige, laissant le temps au renard d'attaquer à nouveau.

Jet de (FOR-2) du renard : 5, échoué.
Jet d'(ATT-2) du renard : 10, échoué

Jet d'ATT de Kova : 18, échoué

Jet de FOR et ATT du loup : 19 et 19, échoué

Jet d'ATT de Kova : 5, réussi
Jet d'esquive du renard : 17, échoué
Dégats : 12+12+1-6 = 19 !
===> Le renard meurt.


Test de sens de la magie : 2, réussi.
Test de perception visuelle (malus de 4 à cause de la météo) : 15, raté.

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Tsvetkova Aznabaev
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace

Message par Tsvetkova Aznabaev »

Il y en a qui vous diront que le combat peut être beau. Il y en a qui vous diront qu'ils dansent, qu'ils exécutent des entrechats volages destinés à tuer pour l'esthétisme. Il y en a qui vous diront, qu'ils peuvent s'esquiver d'un simple équilibre soudainement rétabli, qu'ils sont à même de se mettre harmonieusement en accord avec les épées et les crocs. Il y en a qui vous diront que tuer peut être beau.
Je ne suis pas de ceux-là.
Il n'y avait rien de remarquable dans le bond désespéré pour échapper aux mâchoires claquantes. Il n'y avait rien de magnifique, d'envolé ou de superbe dans l'estoc un rien habile, un rien anticipé. Ici, il n'y avait que l'intense concentration bordée de folle espérance de celle qui tente de sauver sa vie à l'instar de celle qu'elle protège.
Une expression hargneuse passa sur mes traits. Un tout dernier effort alors que je repoussais le cadavre du goupil qui s’était effondré sur moi. Le corps du canidé, curieusement lourd bien que décharné, roula plus loin dans la neige.

Un rictus distordit les traits de mon visage, comme je prenais brutalement conscience de mes limites. Cela faisait longtemps que je n'avais plus eu à me battre, à me battre vraiment avec tant de choses en jeu. Les quelques passes d’armes avec mon père remontaient à quelques années désormais. Et cette inactivité dans le domaine martial se faisait sentir ; le sang frappait à mes tempes comme un tambour affolé et chaotique, faisant écho à mon cœur désordonné. Mes poumons s'embrasaient, sentiment né de la panique sans cesse refoulée plutôt que de la faiblesse physique. Ce n'était pas là un défaut de concentration, mais bien le fait que je devais combattre mes incertitudes insidieuses. Le combat avait ce quelque chose de cauchemardesque, de malsain, que je ne pouvais pas tout à fait m'empêcher de ne pas prendre peur.
L'air me paraissait trop froid, brûlant ma gorge à force de l'aspirer à grande haleine, me forçant à déglutir péniblement. Combien de voyageurs, à mon instar, étaient morts dans l’Oblast Kislévite ?

Je me construisais des réflexions désespérées, recherchant un salut théorique là où il n'y en avait pas. Nulle aube rosée qui pointait le bout de son nez, nul soleil réconfortant venu d'ailleurs. Il n'y avait que moi, moi pour me sortir d'ici. Je pris le risque de fermer les yeux, me massant doucement le front du bout des doigts.
Inspirant profondément, je pris le temps de me rechercher un peu de sérénité dans l'immobilité. J'allais même jusqu'à ne plus lutter contre le bâillement circonspect qui me vint à la bouche, sachant qu'il me détendrait au risque de me faire somnoler. Il y a de ces moments, où votre corps semble vous trahir. Vous attendez tant de lui par rapport à ce qu'il est capable de fournir, qu'il manque à ce que vous croyez être ses obligations. Dès lors, vous devenez la proie du sentiment d'intime déréliction, celle où vous ne pouvez même plus compter sur vous-même. C'était de cette émotion-là, tacite et diffuse, que provenait toute ma détresse. J'avais désespérément besoin de mes moyens et de mes ressources, or je les avais épuisées tant que je ne m'autoriserai pas une bonne nuit de repos.

Je me remis debout en grognant comme mes muscles fatigués protestaient, le dos courbé et les jambes vacillantes, luttant contre le tournis. Je me secouais pour décrocher la neige qui venait de s’accrocher à mon manteau de fourrure. Mes yeux s'écarquillèrent lorsqu’une vive douleur aigue se fit ressentir à ma cheville ; l’un des renardeaux étaient venus venger son parent.
"N'était-ce pas de ma responsabilité, et rien que ma responsabilité, si ce renardeau se trouvait dans cet état ?" hurlai-je en mon for intérieur.
Pourquoi de tous les innocents d'ici avait-il fallu que ce soit eux qui soient la proie privilégiée des monstres ? N'est-ce pas le rôle des forts - en d'autres termes, ici, il s'agissait de moi - que de protéger les plus faibles ? La force ne se légitime-t-elle pas dans sa bonne, juste, soit morale application ?

Des larmes roulèrent sur mes joues. Elles n'étaient pas pour moi, mais bien pour ce jeune canidé qui s’acharnait sur mes bottes et que j’attrapais tendrement par la peau du cou, avant de le mettre dans ma besace désespérément vide et que je commençais à bercer tout maternellement.
Je connaissais ce phénomène qui l’avait poussé à sortir de sa cachette. Il s'agissait d'un choc si énorme qu'il s'était détachée de lui-même - pour ne plus souffrir, ne plus avoir honte... les raisons étaient multiples. Mais toujours la même origine. La violence.

Un bruissement me parvint sur la droite, et je me tus. Je battis des paupières, m'interrogeant sur mes capacités d'écoute. Avais-je bien entendu ? N'avait-ce pas été le fruit de mon imagination que cette nuit avait déjà énormément sollicitée ?
Plutôt une prudence ridicule parce qu'exagérée, qu'une inconscience dangereuse. A fortiori s'il s'agit d'ignorer un avertissement... Non ce n’est rien.

Je jetais à nouveau un œil attristé sur ma besace qui s’agitait. Je l'avais sous mon implicite responsabilité depuis que j’avais ôté la vie de sa mère, et quelle protection avais-je seulement à lui offrir ? Je semblais déjà bien en peine de me tirer de ce pétrin moi-même...
Je soupirais avant de détourner le regard.
A pas mesurés, et avec désormais davantage d'assurance, j’observais la nuit noire qui venait de m’envelopper. D'un regard affûté par la certitude que le sens du détail pouvait sauver la mise, je découvris le message qui était inscrit dans la neige juste au-dessus du terrier des renards. Une mise en garde contre Elena, mais aucune trace de l’auteur. L'instinct de survie grondait en moi comme un animal acculé, et j'allais devoir vite laisser cette scène derrière moi pour regagner la chaleur rassurante de mon quinzhee. Une ombre devait rôder dans la nuit, et qui sait ce qu’elle me voulait. D’autant plus que le deuxième parent goupil rentrerait tôt ou tard de sa chasse nocturne, valait mieux le laisser avec sa progéniture.

Je gagnais l’endroit où gisait la mère goupil ; le corps était là, une fine pelisse de neige le recouvrant. Je comprenais cette réaction de dégoût, cette répulsion que pouvait susciter un cadavre. Néanmoins, je me forçais à charger ma proie sur mon épaule, avec autant de dignité que j'étais encore capable d'en afficher. On s'en veut toujours, dans ces cas-là. Mais on s'en voudrait aussi de ne rien faire pour survivre et d'attendre la mort.

Avec ce que j'avais décidé de faire pour me nourrir, je ne pouvais réellement plus me passer d'un feu pour cette nuit. Gardant mon bras autour de ma besace de manière protectrice, je me dirigeais vers mon campement de fortune pour allumer un feu, me nourrir, réfléchir sur cet étrange message avant de tenter tant bien que mal de trouver le sommeil après tant d’agissements.


- Allez, mon petit compagnon, même si tu ne m'aimes pas, il va falloir s'y résoudre.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 05 janv. 2020, 22:25, modifié 1 fois.
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« C'est la lutte qui doit provoquer ta colère, et non ta colère provoquer ta lutte. »
Tsvetkova Viktoriadoch Aznabaev, Apprentie Sorcière de Glace
Profil: For 8 | End 8 | Hab 8 | Cha 9 | Int 9 | Ini 9 | Att 8 | Par 8 | Tir 8 | Foi | Mag 11 | NA 1 | PV 65/65

« Réfléchis clairement, considère tes armes, et prie sincèrement tes dieux.
Alors rien ne devrait pouvoir t'empêcher de survivre. »
Compétences :
  • ¤ Sens de la Magie
    ¤ Incantation – Magie de Glace
    ¤ Alphabétisation
    ¤ Langue hermétique – Magikane
    ¤ Survie en milieu hostile
    ¤ Séduction
    ¤ Traumatologie
Grimoire :
  • Sorts mineurs :
    ¤ Froid : Permet de refroidir la température ambiante jusqu'à un minimum de -20 degrés. Portée 24 mètres de rayon. Durée 10 minutes.
    ¤ Gèle-fourreau : L'ouverture du contenant visé nécessite désormais un test de FOR-2 réussi. Portée 12 mètres. Durée 10 minutes.
    ¤ Manteau de la Veuve Vénérable : La cible est immunisée à tous les effets du froid. Soi-même ou au contact. Durée 1 heure.
  • Sorts moyens :
    ¤ Guérison des plaies : Rend 1D10 PVs à la cible. Soi-même ou au contact.
    ¤ Traits de givre : Projette deux morceaux de glace, chaque épieu infligeant 15+1D10 dégâts à la cible et possède l’attribut perforant (2). Portée 48 mètres.
    ¤ Mur de glace : Invocation d’un mur de glace pouvant atteindre 4 mètres de haut et 10 mètres de large. Possède 10 END et 100 PVs. Portée 10 mètres. Durée 1 jour.

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[MJ] Katarin
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace

Message par [MJ] Katarin »

Lorsque Tsvetkova revint à son campement de fortune - sans que l'auteur du message ne se manifeste à nouveau - elle retrouva Elena à l'endroit exact où elle l'avait abandonnée. Pour la première fois depuis qu'elle s'était installée ici, cette dernière ouvrit un œil curieux, scrutant du regard son apprentie, le cadavre de goupil sur son épaule, avant de fixer sa gibecière d'où provenaient de multiples glapissements. Dans le silence de l'oblast, les cris du renardeau emplissaient tout l'espace.
Néanmoins, la sorcière ne sembla pas en prendre ombrage. Elle referma sa paupière ouverte, reprenant sa transe sans plus se soucier du sort de la jeune métisse et de son animal de compagnie.

De nouveau livrée à elle-même, Tsvetkova s'attela à nouveau à la tâche malgré la fatigue : déposant son gibier devant sa quinzhee, elle s'affaira désormais à chercher du bois mort dans les environs. Lorsqu'elle avait cherché des baies puis traqué son futur repas, elle avait eu l'occasion de repérer des pins assez massifs pour protéger partiellement de la neige tombante les branches mortes qui pendaient, mais aussi des polypores : en rassembler ne fut donc ni trop difficile, ni trop long.

Il lui fallut également dépecer le renard : une tâche épuisante, surtout en présence du renardeau qui continuait de japper, et qui revenait à la charge lui mordiller les jambes agressivement dès qu'elle cessait de le contenir dans se besace. Néanmoins, tout occupé qu'il était à vouloir s'en prendre à la meurtrière de sa mère, le jeune goupil ne semblait pas vouloir, ou pouvoir, retourner à son terrier.

Si elle n'avait pas de briquet à amadou, la jeune apprentie sorcière ne manquait pas pour autant de ressource : utilisant une pierre et le dos de sa dague, elle produisit des étincelles pendant une bonne vingtaine de minutes, avant d'enfin réussir à mettre le feu aux champignons d'écorce qu'elle avait préalablement découpé en minuscules morceaux. A partir des braises de champignon, elle put transférer la flamme au foyer qu'elle s'était confectionné avec le bois mort, pour enfin y mettre à cuire le renard dépecé. Heureusement, la météo se calma quelque peu, laissant l'occasion aux flammes de perdurer.

Il avait fallu quatre heures à Tsvetkova pour construire sa quinzhee, trente minutes pour trouver sa nourriture, puis plus d'une heure pour la préparer et faire un feu, avant de pouvoir la déguster. Lorsqu'enfin rassasiée, elle put retourner au confort sommaire de son logement de fortune, elle n'eut aucun mal à trouver le sommeil tant la fatigue et le froid la terrassaient désormais : et si le renardeau tenta quelques minutes durant de s'en prendre à son ennemie jurée, il finit par lui aussi se rouler en boule contre elle, seule source de chaleur disponible dans cet environnement inhospitalier, pour s'endormir en pleurnichant.



***


- Bonjour, Tsvekova.


En entendant ces mots, la jeune femme sortit de sa torpeur. Ouvrant péniblement les yeux, elle constata que les premiers rayons du soleil venaient déjà de percer l'horizon, pour éclairer son visage. Au-dessus de sa tête, la quinzhee qu'elle avait mis tant d'effort à bâtir avait disparu comme par magie - ou plutôt, il n'en restait que deux tas de neige de part et d'autre d'elle - désormais remplacée par le visage inexpressif de la sorcière de glace qui l'observait. Alors qu'elle émergeait, le renardeau sembla bien décider à l'aider à revenir à la conscience plus vite, reprenant son travail de mordillage là où il l'avait abandonné la veille.

- Bois ça.

La gourde que lui avait tendu Elena contenait du koumiss : dès le petit matin, le lait de jument fermenté réchauffait les entrailles avec assez d'ardeur pour réveiller un mort. Ce "petit-déjeuner" englouti, la sorcière laissa son apprentie rassembler ses affaires, avant de lui adresser à nouveau la parole.

- Tu sais déjà utiliser une forme primitive de notre magie, bien que tu ne le fasses pas volontairement. La Veuve Vénérable t'a choisie, et même si personne ne t'a formée, tu as su développer une maîtrise instinctive de notre art, ce qui signifie qu'il y a encore des chances que je puisse faire quelque chose de toi. Ton instinct est une bonne chose, c'est une force puissante qu'il faut savoir écouter, et qui peut te préserver de bien des dangers. Mais tu ne peux pas te fier uniquement à tes pulsions pour braver les obstacles. Tu dois apposer ton contrôle à l'utilisation de la magie, : c'est toi qui doit manipuler ton don, pas l'inverse, Tsvetkova. Donc aujourd'hui, pas de cours d'histoire. Nous allons te forcer à utiliser consciemment tes sortilèges. Déshabille-toi.

Pas le moindre sourire, pas la moindre forme d'encouragement, pas la moindre once de politesse dans ce qui n'était pas une demande, mais un ordre. Elena Dazhiavitch Ipatiev était, à l'image de sa magie, terriblement glaciale.

- Tu peux garder ta chemise, ton pantalon et tes bottes, ajouta t-elle après quelques secondes. Rien d'autre.

Difficile de savoir si elle avait complété sa première demande suite à un oubli, ou si elle s'était finalement ravisée après avoir constaté la réaction de Tsvetkova. La sorcière attendit aussi longtemps que nécessaire que son apprentie obtempère - elle ne semblait pas laisser la moindre place à une quelconque possibilité de refus ou de négociation de la part de la jeune femme.

- Je veux que tu utilises le même sortilège que hier soir : mes sœurs le nomment "le manteau de la Veuve Vénérable". Si tu ne te concentres pas, il se dissipe naturellement après une petite heure - je veux que tu le maintiennes toute la journée. Si tu ne le fais pas, le froid te tuera, car je ne t'aiderai pas. En route.

Et, confisquant les vêtements de Kova pour les mettre dans son sac à dos, Elena reprit la route, traçant son chemin droit devant elle sans jamais plus se retourner de la journée pour vérifier comment s'en sortait sa jeune apprentie.




***



Huit heures de marche monotone plus tard dans l'éternel même paysage plat et gelé qui se répétait à l'infini devant elle, Tsvetkova avait survécu. Malgré de nombreux échecs et de moments de désespoir, elle avait toujours fini par réussir à prolonger encore et encore le sortilège, unique protection entre elle et les terribles températures de l'oblast du nord. La magie de glace était son seul rempart, sa seule bouée de sauvetage à laquelle s'agripper au milieu d'un océan qui ne voulait qu'une chose : sa mort.

A ses côtés, le renardeau trottinait - il avait hésité le matin à la suivre, mais désormais il semblait avoir assimilé que ses seules chances de survie se trouvaient aux côtés de l'humaine qui avait tué sa mère. Néanmoins, il n'était pas devenu amical pour autant, montrant les crocs dès lors qu'elle s'approchait de lui, refusant obstinément d'être touché ou approché. Sa présence fut cependant très utile à la métisse : grâce à son flair, Tsvetkova put profiter de ses trouvailles sous la neige : quelques baies sauvages qu'elle put grignoter sur la route.

Alors que les derniers rayons du crépuscule disparaissaient à l'horizon, les deux femmes purent purent remarquer au loin une lumière vacillante accompagnée d'un mince filet de fumée qui montait vers le ciel étoilé. Sur le terrain plat des steppes, la distance de vue de la métisse était gigantesque : le feu devait se trouver à deux bons kilomètres d'elles. Il y avait des formes imprécises autour, mais impossible de les distinguer sans s'approcher.

Ce détail ne sembla pas particulièrement intéresser Elena, puisque sans prévenir et à l'instar de la veille, elle retira son sac à dos pour s'installer en tailleur au beau milieu de nulle part, avant de s'immobiliser et de clore ses paupières.


(Note que normalement pour un jet de dressage, je devrais diviser par deux ton jet car c'est une compétence avancée - néanmoins ici, il s'agit avant tout de créer un lien de confiance entre vous avant même de parler de lui apprendre quoi que ce soit, et c'est de la pure empathie - je fais donc un jet normal.)
Dressage du renard : (INT+CHA /2) = 15, raté. Le renardeau ne t'aime pas :D
Jet de survie pour faire un feu (INT+1) = 4, réussi !
Jet d'endurance (-2 car moins de vêtements...) : 14, raté - le froid est trop terrible, tu ne tiendras pas sans sortilège : 8h de marche, il t'en faut 1 par heure...
Jets de MAG : 17, 19, 4, 19, 7, 5, 10, 14, 18, 9, 6, 11, 12, 19, 5.
==> 7 échecs accompagnent les 8 réussites, mais aucun fiasco (20) - Kova s'en sort ! +1xpm.
==> L'ordre des échecs-réussites peut te donner une idée des aléas dans la journée - début difficile, puis 4h d'affilée sans souci majeur, puis difficulté, puis 3h qui se passent bien, puis difficulté pour tenir a dernière heure. Pour rappel, tu réussis tes jets de MAG sur 11 et moins.
Jet de perception : 3, réussi.

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Tsvetkova Aznabaev
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace

Message par Tsvetkova Aznabaev »

La nuit était bien tombée et je frissonnais. Avec ce froid et le cadavre du renard qui gisait à mes pieds, je ne pouvais réellement pas me passer d'un feu pour cette nuit. La steppe était silencieuse, si ce n'était les cris du renardeau qui venaient rompre avec tristesse ce monotone mutisme de la nature. Je ramassais le bois mort que j’avais repéré dans ma traque. Il était évident qu'aucun être humain n'avait l'habitude de passer par ici, ou en tous cas, de s'y arrêter pour y établir un bivouac. Une fois le combustible réuni, je revins m'affaler au sol avec un grognement, déversant la brassée de bois sans plus y faire attention. Avec méthode, j'entrepris de creuser un peu le sol après l'avoir dénudé de sa neige, plaçant soigneusement la terre autour de manière à élever un petit cercle qui étoufferait la lumière du brasier. Je frottais mes mains sur mes vêtements, satisfaite, avant de placer quelques branches sur un lit de champignons d’écorce au centre du foyer aménagé. Avec une ardeur renouvelée, je m’acharnais avec ma dague sur une pierre pour mettre le feu à mon œuvre, observant les flammes prendre en souriant.

- Approche-toi, lançai-je à mon nouveau petit compagnon.

Je jetais un œil par-dessus mon épaule, observant le renardeau sortir de la gibecière et foncer droit sur ma direction. Aux yeux de n'importe qui, il aurait pu apparaître comme un boulet, un fardeau, une bouche de plus à nourrir. Mais aux miens, à mon regard, il était magnifique. Magnifique d'une promesse de lutte, d'une obstination qui était visible sur sa gueule.
Ma main se mit en opposition, le retenant pour ne pas qu'il s’acharne sur ma vêture. Oui, il était superbe dans sa résistance face à l'accablement et à la faiblesse qui le tenaillait. Au cœur des ténèbres, il n'y a rien de plus lumineux que l'intérieure clarté de qui vous accompagne. Et tout ce qui est lumière et éclat dans la nuit est comme le pain et la viande pour l'affamé, comme la source cristalline pour l'assoiffé : un remède à tous vos maux.

Les choses prenaient un tour nouveau, et je devais m'adapter. Surtout, je devais l'adopter, lui. Son destin avait pris un revirement proprement extraordinaire. C'était à mon tour d'assumer ce rôle de protecteur, même si je n'étais pas tout à fait sûre de pouvoir le remplir correctement, au moins j’essayai de racheter ma culpabilité. Je lâchais un maigre soupir, avant de replacer ma gibecière juste entre nous deux pour obtenir un peu de répit dans mon œuvre pour dépecer sa mère.


- Je crois que c’est le moment de mon festin !

Avec ma dague, je coupais plusieurs lanières de viandes, précédemment dépecées, que je piquais avant de présenter au baiser des langues crépitantes qui s'élevaient à mes pieds. Une fois la nourriture un peu brûlée, j'enfournais ma moisson en mâchant un rien bruyamment. Le renardeau n’en démordait pas et cherchait par tous les moyens à planter ses crocs dans mes chevilles. Je fronçais des sourcils, l'attirant contre moi sans qu'il ait son mot à dire.

Après plusieurs tentatives infructueuses où je lui intimais de se coucher et de dormir, je le retournais sur le dos dans la neige pour lui montrer qui était la chef de meute ici. La carcasse de sa mère n’ayant bizarrement pas suffit à l'en convaincre. Vouloir démontrer ma supériorité n’était pas une situation qui m’enchantait, mais il fallait malheureusement en passer par là. Pour me persuader que je n’étais pas si tyrannique je profitais de cette position et de cet angle de vue pour me renseigner sur le sexe de mon nouveau protégé.

Cette inspection terminée, je regagnais ma quinzhee pour profiter de quelques heures de sommeil avant le réveil d’Elena. Je ramenais mes bras autour des genoux et posais le menton dans le creux ainsi formé. Derrière moi, le brasier diffusait une chaleur sur laquelle je concentrais mes pensées. La nuit me cernait de son obscurité de plus en plus froide, franchissant aisément la barrière ténue de mes habits. Mon échine se secoua dans un tremblement nerveux. Je ne pu m'empêcher de me détourner légèrement, observant la forme ramassée du renardeau qui venait de se rouler en boule contre ma cuisse. Un sifflement à peine audible s'échappait de ses mâchoires, couvert par le grincement du bois qui se fendait dans le feu. J'éprouvais du réconfort à le voir ainsi plongée dans une tranquillité qui fut naturelle, mais qui serait sûrement brève. Dire qu'il y avait quelques heures encore, il était bien loin de tout ça... Je n’avais d’ailleurs pas partagé mon repas avec lui, d’abord parce que je n’avais rien à lui proposer, d’autant plus que le museau ensanglanté qu’il avait lors de notre rencontre ne pouvait qu’indiquer que sa mère l’avait déjà nourri pour moi.

Détournant le regard de cette petite bête à poils, je frottais méthodiquement mon pardessus avec de la neige pour faire disparaître les tâches de sang.
Je me souvins, non sans une pointe de tendresse pour me réchauffer le ventre, d'une chanson que j'avais un jour entendue dans mon village. C'était un homme à la voix fringante qui l'avait livrée à qui voulait l'entendre, avec une pureté et une sobriété touchante. En vibrant de sincérité, le vagabond avait exprimé son désir de vouloir chanter pour ceux qui étaient loin de chez eux. Des vérités poignantes se cachaient dans ses mots, et je comprenais très bien que la maison, l'image de la demeure, puisse avoir un attrait plus puissant que l'or pour qui en est privé. En cet instant, je n'aurai rêvé de rien d'autre que quatre murs, un toit et une cheminée. La sécurité illusoire d'une bâtisse, d'une simple chaumière, était une panacée à bien des maux.
Je dodelinais de la tête, laissant se superposer à l'obscurité les visages immuables de dizaines de foyers chaleureux.


***

- Bonjour, Tsvekova.

C'est en sursaut que je me réveillais. La bouche pâteuse, je battis plusieurs fois des paupières tout en portant maladroitement la main à ma dague. La poignée de mon couteau s'enfonçait douloureusement contre ma hanche, et je bougeais légèrement... Juste assez pour m'apercevoir que j'avais le derrière et les cuisses horriblement ankylosées. Jurant et sacrant à voix basse, je me démenais pour quitter ma position assise et me relever dans une parodie de souplesse. J'avais l'impression que mes jambes étaient de plomb. Avec une certaine détermination, je pris la gourde que me tendait Elena et la portait à ma bouche. Le koumiss qu’elle contenait me permettrait de reléguer le désagrément qu’était la faim dans un coin de ma conscience assez flou. Suffisamment pour la ressentir un peu moins, en tous cas. Le renardeau, quant à lui, avait repris sa tâche de la veille qui consistait à s’acharner sur mes mollets.

- J’ai connu réveil plus sympathique. Réveillée par la glace et les crocs.
"On ne hurle pas" ajoutai-je mentalement.

Et alors que je m’activais à rassembler mes affaires et à dissimuler mes traces aux yeux de possibles individus mal intentionnés, Elena me détaillait la suite de mon apprentissage.


- Nous allons te forcer à utiliser consciemment tes sortilèges. Déshabille-toi.

Je reniflais, soudain rattrapée par la froideur de l'air. L'adrénaline tombait, se dissipait, et je prenais brutalement conscience de cette demi-nausée qui me saisissait pour avoir ingurgité ce lait de jument fermenté ; pas assez forte pour me déstabiliser, mais assez pour se faire sentir, tout au fond de ma gorge, comme une boule amère que je devais sans cesse avaler.

- Est-ce bien nécessaire ? En tant qu’apprentie et maitresse je dois avoir confiance en vous, et vous en moi. Simple, pas vrai ? Je ne suis pas sûre que ce type d’injonction aille dans cette direction.

L'espèce humaine n'est guère connue pour être très raisonnable... Intérieurement, je priais pour qu'elle me comprenne. Les quelques mots qu’elle rajouta finir par enterrer mes espoirs ; je pouvais garder ma chemise, mon pantalon et mes bottes.
Avec cérémonie, je défis les lacets de ma pèlerine, la laissant tomber sur le sol enneigé des steppes. Mon regard s'arrêta un bref instant dans celui d’Elena, attendant un signe pour que je m’arrête dans ma tâche. Il n’en fût rien.
Le vent s'était récemment calmé, mais la température n'en était pas moins affligeante. Avec des gestes plus lents, les doigts raidis et la peau encore plus blême sous la caresse du froid, j'entrepris de passer ma veste de cuir par-dessus la tête pour m’en débarrasser. Ainsi désapprêtée, je fermais les yeux, avant de siffler péniblement pour invoquer "le manteau de la Veuve Vénérable".


- En route.

***

Le froid est comme un amant désagréable qui s'attarde alors qu'il aurait dû quitter la place des heures auparavant. Il s'insinue, vous colle à la peau, vous couvre d'attentions qui vous agacent. Son baiser fait frissonner de déplaisir, et s'il inspire autant de recul, c'est parce qu'on sait d'avance qu'il va être difficile de s'en débarrasser. Les premières heures de marche furent un véritable calvaire.

Elena marchait quelques mètres devant, sans même se soucier de moi. Cette femme-là trimbalait sur ses épaules une sensation très inquiétante, ainsi qu'un nuage orageux qui la couverait des ailes. A chaque pas, elle menaçait de provoquer une tempête sur sa tête, mais aussi sur ceux qu'elle côtoyait. Le message que j’avais vu la veille ne me rassurait guère. La méfiance était-elle de garde ? Ne devait-elle pas me guider sur ma propre destinée ? En un éclair, j'étouffais impitoyablement la panique qui m'avait menacée, sans toutefois en éteindre tout à fait toute l'influence. Je sursautais lorsqu'un bruit me parvint au même instant. Poussant un soupir exaspéré face à ma propre réaction, je vis le goupil – qui avait décidé de me suivre – gratter la neige pour y déterrer quelques baies sauvages. Avant qu’elle ne disparaisse dans son estomac, je m’en emparais pour les dissimuler dans une de mes poches. Elles me permettraient de calmer ma faim ainsi que de créer un lien avec le renardeau lorsque je lui en donnerais quelques-unes pour le nourrir.

Un vent léger soufflait, jouant d'une manière prodigieusement désagréable avec le tissu de ma chemise dorénavant plus protégée par mon pardessus. Au cours des longues heures pendant lesquelles Elena Dazhiavitch Ipatiev m'ignorait, mon cœur avait bouillonné d'une rage froide, de celle qui n'obscurcit aucune de vos pensées mais les aiguise plus sûrement qu'un rasoir. Une ire sourde de courroux dévorait mes entrailles alors que je forçais mes yeux à rester imperturbables. Cette marche dévêtue je la prenais comme une véritable humiliation. Qui crois-tu être pour moi, vieille krowa ? Tu jettes ton pouvoir sur un être bien trop sauvage, que ton parfum insidieux n'apprivoisera jamais. Du menu fretin pour les crocs d'un félin qui feule de rage, alors veille à ne pas trop me tenter, blyad.

Ces paroles, je brûlais d'envie de les lui cracher au visage, mais je m'abstenais de laisser frémir ne serait-ce qu'un seul de mes traits. Les siens étaient d'une régularité parfaite, alors qu'elle-même resplendissait surnaturellement. Magnificence mystifiée, joliesse ténébreuse cristallisée dans le corps blême d'un serpent aux lèvres purpurines... Je devais réviser mon jugement sur son utilité, que j'avais peut-être trop hâtivement réduite à celle d’un mentor. Quoi qu’il en soit mon don me permit de survivre à cette longue journée. Périple qui me permit au moins de tenter d’établir un lien avec le renard ; lien qui ne pouvait se créer avec Elena tant elle m’était distante et froide.

Inutile jusqu'au bout ! Je me fendis d'un soupir désappointé en remarquant que ma tutrice venait de nouveau de s’installer en tailleur au beau milieu de la steppe enneigée. Décidément, il fallait tout faire soi-même... L’instant d’après je me penchais sur le sac à dos d’Elena pour y sortir mes vêtements.


- Ce petit jeu devait durer la journée. Et le ciel se couche au loin.

J'avais essayé de dire ça avec assurance, mais ce n'était pas très réussi. Au moins j’avais mis la main sur ma veste et mon kozhukhi, et j’en profitais également pour rapidement jeter un coup d’œil au contenu de son sac. Maintenant apprêtée je comptais me rendre à l’origine de ce feu que je voyais un loin, déterminée à y rencontrer des personnes bien plus accueillantes.

- Cette fois en route, bougonnais-je en jetant une baie dans la direction du renardeau. Do widzenia.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 14 janv. 2020, 18:56, modifié 1 fois.
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« C'est la lutte qui doit provoquer ta colère, et non ta colère provoquer ta lutte. »
Tsvetkova Viktoriadoch Aznabaev, Apprentie Sorcière de Glace
Profil: For 8 | End 8 | Hab 8 | Cha 9 | Int 9 | Ini 9 | Att 8 | Par 8 | Tir 8 | Foi | Mag 11 | NA 1 | PV 65/65

« Réfléchis clairement, considère tes armes, et prie sincèrement tes dieux.
Alors rien ne devrait pouvoir t'empêcher de survivre. »
Compétences :
  • ¤ Sens de la Magie
    ¤ Incantation – Magie de Glace
    ¤ Alphabétisation
    ¤ Langue hermétique – Magikane
    ¤ Survie en milieu hostile
    ¤ Séduction
    ¤ Traumatologie
Grimoire :
  • Sorts mineurs :
    ¤ Froid : Permet de refroidir la température ambiante jusqu'à un minimum de -20 degrés. Portée 24 mètres de rayon. Durée 10 minutes.
    ¤ Gèle-fourreau : L'ouverture du contenant visé nécessite désormais un test de FOR-2 réussi. Portée 12 mètres. Durée 10 minutes.
    ¤ Manteau de la Veuve Vénérable : La cible est immunisée à tous les effets du froid. Soi-même ou au contact. Durée 1 heure.
  • Sorts moyens :
    ¤ Guérison des plaies : Rend 1D10 PVs à la cible. Soi-même ou au contact.
    ¤ Traits de givre : Projette deux morceaux de glace, chaque épieu infligeant 15+1D10 dégâts à la cible et possède l’attribut perforant (2). Portée 48 mètres.
    ¤ Mur de glace : Invocation d’un mur de glace pouvant atteindre 4 mètres de haut et 10 mètres de large. Possède 10 END et 100 PVs. Portée 10 mètres. Durée 1 jour.

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[MJ] Katarin
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace

Message par [MJ] Katarin »

Elena semblait totalement imperméable à l'humeur ardente de son apprentie. Elle n'empêcha pas cette dernière de reprendre ses affaires dans son sac à dos, pas plus qu'elle n'avait cherché à justifier son comportement ces deux derniers jours. Lorsque Tsvetkova lui avait parlé du lien de confiance qu'il était nécessaire d'établir entre un maître et son disciple, elle n'avait ni réagi ni répondu, se contentant de darder son regard glacé sur elle, immobile jusqu'à ce que l'obéissance de la jeune métisse la satisfasse.

Installée en tailleur, les yeux fermés, elle semblait se moquer comme d'une guigne des agissements de sa "protégée", toute concentrée qu'elle était à méditer, ou à dormir.

Les quelques tentatives de Tsvetkova pour établir un lien entre elle et la petite renarde - car c'était bien une femelle - furent systématiquement infructueuses. L'animal mangeait sans rechigner ce qu'elle daignait lui offrir mais ne semblait pas reconnaissant pour autant : après tout, ces baies qu'elle lui donnait, n'était-ce pas lui qui les avait dénichées dans le neige avant qu'elle ne les lui dérobe ? Pour autant, le renardeau continuait de gronder dès qu'elle essayait de s'approcher de lui, préférant trottiner quelques mètres derrière, lorsqu'il ne l'attaquait pas par surprise pour laisser une énième trace de crocs dans le cuir de ses bottes.
Pourtant, lorsqu'il lui fallut choisir entre la jeune métisse et la sorcière de glace, c'est bien avec la première des deux qu'il choisit de rester, la suivant en direction de la douce lumière lointaine qui dansait dans l'obscurité.

A cause de la grande distance de vue offerte par le terrain plat de l'oblast, le feu de camp avait semblé plus proche qu'il ne l'était réellement : de plus, progresser dans une poudreuse haute d'une trentaine de centimètres ne permettait pas d'avancer à un rythme rapide. Pour ces raisons, il fallut au duo plus d'une trentaine de minutes pour enfin arriver à destination.
En s'approchant, elle put comprendre que ce n'étaient pas seulement ses sens qui lui avaient joué des tours : la flamme sans doutes vivace qu'elle avait auparavant aperçu avait bel et bien faibli, et lorsqu'elle arriva sur place, le feu était sur le point de s'éteindre, à court de combustible à brûler. Ce seul point de détail lui fit immédiatement comprendre que quelque chose clochait, puisque à quelques pas du foyer, une couverture semblait protéger de la neige une importante réserve de bois mort à même d'entretenir les flammes.

A quelques mètres du feu de camp, une selle d'équitation ainsi que des fontes étaient déposées au pied d'un pin, à l'abri de la neige. Au vu des empruntes de fers filant vers le nord et la corde détruite encore accrochée à l'arbre, il semblait évident qu'un cheval avait récemment retrouvé sa liberté.

Manifestement, le campement n'avait pas été placé là par hasard : non loin du feu se trouvait un lac gelé dont la surface, encore peu épaisse en ce début d'hiver, avait été brisée pour permettre à quelqu'un d'y puiser de l'eau, mais aussi d'y chercher un repas si l'on se fiait à la canne à pêche rudimentaire qui était abandonnée au sol.

Alors que seul le bruit du crépitement des flammes et leur danse faiblissante créaient de l'animation dans la quiétude de l'oblast, Tsvetkova ne put que sursauter lorsqu'une silhouette émergea soudainement du lac, perçant la surface de l'eau avec fracas en éclaboussant les alentours. Son visage terrifié était majoritairement caché par les longues mèches de cheveux gris et humides qui tombaient dessus, tandis que ses bras tentaient désespérément d'agripper la terre ferme. Prenant une gigantesque inspiration après être manifestement resté trop longtemps en apnée, il éclata juste après d'une quinte de toux aussi terrible qu'incontrôlable, le secouant de spasmes qui risquaient bien de le renvoyer vers le fond. Ses mains glissaient sur la paroi gelée sans réussir à s'agripper à quoi que ce soit, et ses mouvements désordonnés trahissaient sa peur panique.

Aux côtés de Tsvetkova, le renardeau montait les crocs, grondant en direction de l'inconnu.


Dressage du renardeau : (INT+CHA /2) = 19. Et ben, votre relation ne s'améliore pas.
Jet d'intelligence : 13, raté - pas d'informations supplémentaires.
Jet d'INT du renard : jet caché.

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Tsvetkova Aznabaev
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace

Message par Tsvetkova Aznabaev »

- T’es encore là toi ? Moi qui croyais que tu ne m’aimais pas et que tu décamperais à la première occasion venue. Bizarre. A croire que tous les nécessiteux se pressent à mon enseigne. Je vais te prénommer comme cette vieille świnia de mon village : Eiya. Toujours en train de grommeler mais sûrement pas la dernière pour se joindre aux festivités.

C’est ainsi que sous un clair de lune scintillant que je m’avançais dans la neige, déambulant dans les étendues sauvages de l’oblast, le renardeau dorénavant prénommé Eiya sur mes talons. Le manteau de la Veuve Vénérable m’ayant anesthésié à la morsure du froid rendait ainsi mon avancée paisible, mais cela ne m’empêchait pas de jeter de temps à autres des regards scrutateurs autour de moi. Dans les steppes, seule, je pouvais m’attendre à faire de bien mauvaises rencontres, et même si j’avais bien récupéré de ma dernière rencontre avec les renards, l’hypothèse d’une nouvelle soirée mouvementée me déplaisait au plus haut point.

Mon esprit restait à la fois alerte tout en vagabondant au rythme de mes pas. J’avais maintenant conscience de pouvoir laisser mes pensées s’égarer dans la mesure où dès le moindre signe de danger, dès la moindre perception d’une chose inconnue, l’instinct de prédatrice d’Eiya me ferait immédiatement prendre conscience du danger. Ma tête s’emplissait alors de souvenirs, d’impression fugaces qui se volatilisaient dès que je tentais de mettre le doigt dessus, ou encore de mes perspectives d’avenir, de ma situation actuelle, et de ce que je ferais une fois la destination d’Elena atteinte…

Au sortir de mes pensées je pus m’apercevoir que je venais d’atteindre ma destination. Un instant, j'éprouvais une vive joie, me disant qu'il était si bon de possiblement rencontrer quelqu’un de plus chaleureux que ma tutrice et de partager son feu. Mais mon enthousiasme se tempéra, douché par une prudence qui reprit le dessus.
La peur est cette garce qui part d'un rien, d'un imprévu, qui vous tire en arrière par la peau du cou et s'insinue en vous alors que vous êtes encore au sol à battre des paupières. Elle vous prend, vous force, car vous avez beau la refuser nul ne lutte contre la peur. A défaut pouvez-vous encore agir contre ce qu'elle vous dit de faire... mais qui parvient à la tuer ?
Je décidai de ne pas l'écouter. Mais mon courage lui aussi refusa de m'écouter - parce que j'étais encore une jeune femme que la vie pouvait malmener.
Fatiguée, présentant probablement une tête affreuse, je m'efforçais de prendre une bonne mine avant de m’avancer discrètement vers le campement.

Bientôt, mes yeux furent attirés par le foyer où le feu avait fortement décru depuis ma séparation avec Elena. Toujours est-il qu’il suffisait de le charger en bois pour que cette source de chaleur reparte sans difficulté. D'une main je barrai le chemin du renardeau pour l'empêcher de faire un pas de plus.
Le silence est la chose qu'une jeune femme telle que moi peut haïr lorsqu'elle ne maîtrise pas la situation. Alors, lorsqu'une forme humaine émergea du lac qui se trouvait plus loin... c'est bien la peur qui se met à refroidir mon sang et à alourdir mes membres.
Mais la peur en elle-même est inutile. Ce n'est que le sens du danger qui réside en elle que l'on doit accueillir en soi. Ceci dit, il est plus facile de parler d'elle que de l'affronter.
J'arrivais à affronter l'insidieuse faiblesse que le jaillissement de l'être avait soulevé en moi. A la vaincre, je n'en étais pas sûre.

Mes petits yeux en amande étudiaient l’individu d'un regard acéré, pas loin de la méfiance. Il y avait trop de choses qui m'étaient inconnues et qui gravitaient autour de cette situation pour que je n'éprouve pas une certaine défiance à son égard.
Inconnues... Le mot me laissait, dans l'esprit, un arrière-goût qui avait la tonalité d'un rire sardonique. Comme si une part de moi-même détenait des éléments sans me les laisser apparaître. Sans me les partager. Et s'en riait insolemment...

En un éclair, j'étouffais impitoyablement la panique qui m'avait menacée, sans toutefois en éteindre tout à fait toute l'influence. L’homme semblait en difficulté, cherchant par tous les moyens à s’extirper de l’étreinte glaciale du lac. Je me forçais à garder la tête froide, pour réfléchir dans l'instant, dans le fragment de seconde. Je me précipitais donc dans sa direction, attrapant au passage les fontes qui trainaient aux pieds d’un pin.


- Vous inquiétez pas Hærre et cessez de vous agiter comme ça, ni une ni deux je lançais les fontes dans sa direction gardant une extrémité dans mes mains. Accrochez-vous à ces cymkas, je vais vous remonter sur la berge. Mais surtout arrêtez de gesticuler où vous risquerez de repartir au fond du lac au lieu de rigoler de cette mésaventure près du feu, le ventre imbibé de kvas...

Il fallait agir vite pour éviter que cet homme ne meurt d’hypothermie, une fois en sécurité sur la berge le manteau de la Veuve Vénérable l’envelopperait de sa chaleur irradiante et le feu de camp ferait le reste. D’autant que j’avais aperçu une réserve important de bois mort.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 20 janv. 2020, 18:55, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total d'xp : 30
« C'est la lutte qui doit provoquer ta colère, et non ta colère provoquer ta lutte. »
Tsvetkova Viktoriadoch Aznabaev, Apprentie Sorcière de Glace
Profil: For 8 | End 8 | Hab 8 | Cha 9 | Int 9 | Ini 9 | Att 8 | Par 8 | Tir 8 | Foi | Mag 11 | NA 1 | PV 65/65

« Réfléchis clairement, considère tes armes, et prie sincèrement tes dieux.
Alors rien ne devrait pouvoir t'empêcher de survivre. »
Compétences :
  • ¤ Sens de la Magie
    ¤ Incantation – Magie de Glace
    ¤ Alphabétisation
    ¤ Langue hermétique – Magikane
    ¤ Survie en milieu hostile
    ¤ Séduction
    ¤ Traumatologie
Grimoire :
  • Sorts mineurs :
    ¤ Froid : Permet de refroidir la température ambiante jusqu'à un minimum de -20 degrés. Portée 24 mètres de rayon. Durée 10 minutes.
    ¤ Gèle-fourreau : L'ouverture du contenant visé nécessite désormais un test de FOR-2 réussi. Portée 12 mètres. Durée 10 minutes.
    ¤ Manteau de la Veuve Vénérable : La cible est immunisée à tous les effets du froid. Soi-même ou au contact. Durée 1 heure.
  • Sorts moyens :
    ¤ Guérison des plaies : Rend 1D10 PVs à la cible. Soi-même ou au contact.
    ¤ Traits de givre : Projette deux morceaux de glace, chaque épieu infligeant 15+1D10 dégâts à la cible et possède l’attribut perforant (2). Portée 48 mètres.
    ¤ Mur de glace : Invocation d’un mur de glace pouvant atteindre 4 mètres de haut et 10 mètres de large. Possède 10 END et 100 PVs. Portée 10 mètres. Durée 1 jour.

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