[Tsvetkova] Cœur de glace I

Kislev, pays de sombres forêts de conifères, d'étendues neigeuses et de steppes balayées par les vents, se trouve l'est de l'Empire. Pendant des siècles, il a été un rempart face aux incursions dévastatrices du Chaos venues du nord. Kislev est un allié fidèle et puissant de l'Empire, toujours prêt à envoyer ses troupes à son secours

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[MJ] Katarin
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace

Message par [MJ] Katarin »

Malgré sa méfiance, Tsvetkova ne pouvait pas laisser cet homme en détresse se noyer sans réagir : elle se saisit donc des lourdes fontes de selles qu'elle avait repéré, puis s'en servit comme d'une corde qu'elle jeta à l'homme pour l'aider à sortir de l'eau.
Difficile de savoir si, dans sa panique, il était capable d'entendre et de comprendre les mots réconfortants de la jeune femme. Néanmoins, ses deux mains réussirent à s'agripper à la lanière de cuir, avant de tirer dessus pour s'extirper de l'eau. Il pesait lourd, et Tsvetkova dut s'arquer en arrière pour faire contrepoids et l'aider à progresser vers elle. A ses côtés, le renardeau continuait de glapir, grondant inlassablement en direction de l'homme.

Peut-être que la jeune apprentie sorcière aurait du davantage écouter l'instinct du petit animal.

Sans prévenir, l'homme tira un grand coup sec sur les fontes, avec une force démesurée. Les deux mains serrant de toutes ses forces les fontes de selle pour aider l'homme, la métisse n'eut pas le réflexe de les lâcher à temps, et fut projetée en avant, droit sur l'individu. Tombant dans l'eau glacée du lac, la jeune femme paniquée tenta de se débattre mais il était trop tard : le faux noyé l'avait déjà saisie dans ses deux puissants bras. Sa proie captive, il replongea dans les profondeurs : les tentatives de Tsvetkova d'échapper à son emprise furent dérisoires face à la force colossale qu'il semblait posséder.

Sous la surface de l'eau, la vraie nature de son agresseur se révéla, l'illusion qu'il avait utilisée cessant d'opérer : ce n'était ni un ungol, ni un gospodar, ni même un être humain. Il n'avait nulles jambes mais une longue queue de poisson. Son ventre boursouflé tout comme ses puissants bras étaient recouverts d'un réseau d'algues jaunes phosphorescentes ressemblant à des veines et artères. Ses mains étaient en fait des nageoires, et sous sa longue chevelure blanche, son visage verdâtre affichait un abominable sourire carnassier.
Tsvetkova comprit trop tard ce à quoi elle avait à faire : un vodianoi, esprit maléfique du Kislev qui appâtait les vivants pour les noyer sans pitié. Il l'attirait à toute vitesse vers les profondeurs gelées du lac, et déjà, le froid engourdissait ses sens tandis que l'air dans ses poumons venait à manquer.


Le vodianoi
Image
Jet opposé d'initiative :
Jet d'INI du vodianoi : 6, réussi de 4
Jet d'INI de Kova : 14, raté de 5
==> Le vodianoi gagne

Jet opposés de force :
Jet de FOR du vodianoi : 12, raté de 2
Jet de FOR de Kova : 16, raté de 8
==> Le vodianoi gagne

Jet d'END : 18, raté.
==> Kova est en train de se noyer

Pour rappel, tu peux dépenser tes 20 pdc Ursun pour que le dieu te vienne en aide... :siffle:
Ou essayer de t'en sortir seule, à tes risques et périls :S

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Tsvetkova Aznabaev
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace

Message par Tsvetkova Aznabaev »

Il fallait croire que le ryzhnyi khoziain avait une dent contre moi, ou n’acceptait pas mes pouvoirs de guérison qui faisaient outrages à son existence. Le masque était tombé bien vite. L’impact fut tel que j’eus l’impression d’avoir été projetée par un canon contre un mur. En m’écrasant dans l’eau, mon diaphragme se compressa, expulsant tout l’air contenu dans mes poumons et des bulles bouillonnèrent à la commissure de mes lèvres, avant de remonter vers la surface du lac. Je venais de me faire dépasser par les événements et je me mis à paniquer, ne sachant plus où était le bas et si je me trouvais à la verticale ou non.

Les choses se passaient mal, c'était un fait. La créature me faisant face n'avait plus rien d'humain, rien qui méritait d'être sauvé. A la manière d'un lierre tenace et envahissant, le mal avait profondément plongé ses griffes corruptrices dans cet être se tenant devant moi, un être qui n'aurait jamais dû poser le pied en ce monde.
Alors qu’elle me maintenait fermement de son étreinte, je pris le parti de river mon regard au sien. Je réprimai le frissonnement de sa laideur intérieure... car ce que je pu lire au fond de ces orbes de ténèbres, c'était davantage que de la faim. Il s'agissait d'une convoitise, une convoitise absolue, mesquine et cannibale. Je savais que le Chaos pouvait faire muter ses adeptes, les réduire à des pantins défigurés et pervertis, mais pour en arriver à ça !
Au cours de son existence, tout le monde pouvait gagner ou perdre en humanité. Mais là, il avait fallu y renoncer. Renoncer à ses droits sur la pitié et la compassion, renoncer à ses droits sur l'amour et le réconfort. Cette monstruosité qui me faisait face s'était destinée à l'oubli de l'instant présent. Elle n'avait plus rien sans doute comme conscience que celle de la seconde qu'elle vivait, dans une sorte d'éternel brouillard.
La peur de mourir qui avait envahi mon cœur plus tôt se retira et mes instincts de survie reprirent le dessus.

J’inspirai une nouvelle fois, recherchant la présence vitale et rassurante de l’air dans mes poumons, et ceux-ci ne se gorgèrent violemment que d’une eau sournoise et glaciale qui s’entêtait à s’insinuer dans les moindres parcelles de mon être. Une violente douleur ne tarda pas à se faire ressentir dans ma poitrine alors que ce corps étranger et bien plus dense que l’oxygène envahissait mon corps. Le temps jouait contre moi et je devais par tous les moyens me sortir de ce koszmar.

Je savais que ce combat n'était pas en ma faveur ; j'en avais l'intime certitude, à la manière d'une main fouaillant votre ventre en guise d'avertissement. L’eau était l’élément naturel de ce monstre et sa plus que probable rapidité dont il devait faire preuve à la nage m'interdisait de remonter immédiatement à la surface - le temps d’atteindre la rive, réalisai-je, cette chose m'aurait déjà taillée en pièces.
Je n'étais pas vraiment douée à ce jeu-là, mais les bachórs de mon village m'avaient déjà appris à me battre sans aucune arme. Surtout, je m’étais auto-instruite à réfléchir avec mes yeux, à voir avec l'instinct. Et lorsque je contemplais mon adversaire, je remarquais que plusieurs choses s'inscrivaient dans mon esprit, le frappaient ainsi qu'on peut battre une monnaie pour y inscrire un portrait.


Ses bras n’étaient dorénavant plus dotés de mains mais de nageoires. Une fois libérée de son étreinte mortelle, ces appendices l’handicaperaient fortement pour me saisir de nouveau. Il n’avait également plus de jambes mais une longue queue semblable à celles des poissons. Pratique dans l’eau mais rendant toute poursuite impossible sur la terre ferme. Je raffermis ma résolution, déterminée à sortir vivante de ce lac.
Je ne me rappelais que trop bien la vivacité avec laquelle son bras s'était plié pour me tirer vers lui afin de m’entrainer vers le zza. Cette vigueur alerte, quasi-hystérique, était l'avantage que la créature possédait et qui risquait de mener cet affrontement à une issue à laquelle je préférais ne pas penser.

C'est dans les moments les plus intenses, à l'instant précis où vous vous sentez le plus vulnérable, le plus en doute, que votre âme se tourne vers le pilier le plus aveugle de votre bravoure. C'est un fondement adamantin, inflexible, que nous sommes nombreux à partager en ces contrées glacées.
Ce pilier s'appelle la foi. La foi en Ursun, le dieu-ours de notre tendre patrie, du royaume de Kislev !
Aujourd'hui, j'avais besoin de sa rage hivernale, de la force qui avait dû parcourir son corps et du sang qui avait coulé dans ses veines. Aujourd'hui, Ursun, ta servante avait besoin de la colère que tu accordes à tes fils, priai-je en moi au moment où mon poing s’écrasait sur la figure du monstre. La moindre ouverture et me voilà partie à toute vitesse vers la surface du lac.


Je dépense un total de 10 PdC envers Ursun pour avoir un coup de pouce. :roll: Je laisse le bonus à ta libre appréciation mais au cas où : gagner en force pour sortir de l’étreinte de la bestiole me convient bien.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 22 janv. 2020, 09:38, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total d'xp : 36
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Tsvetkova Viktoriadoch Aznabaev, Apprentie Sorcière de Glace
Profil: For 8 | End 8 | Hab 8 | Cha 9 | Int 9 | Ini 9 | Att 8 | Par 8 | Tir 8 | Foi | Mag 11 | NA 1 | PV 65/65

« Réfléchis clairement, considère tes armes, et prie sincèrement tes dieux.
Alors rien ne devrait pouvoir t'empêcher de survivre. »
Compétences :
  • ¤ Sens de la Magie
    ¤ Incantation – Magie de Glace
    ¤ Alphabétisation
    ¤ Langue hermétique – Magikane
    ¤ Survie en milieu hostile
    ¤ Séduction
    ¤ Traumatologie
Grimoire :
  • Sorts mineurs :
    ¤ Froid : Permet de refroidir la température ambiante jusqu'à un minimum de -20 degrés. Portée 24 mètres de rayon. Durée 10 minutes.
    ¤ Gèle-fourreau : L'ouverture du contenant visé nécessite désormais un test de FOR-2 réussi. Portée 12 mètres. Durée 10 minutes.
    ¤ Manteau de la Veuve Vénérable : La cible est immunisée à tous les effets du froid. Soi-même ou au contact. Durée 1 heure.
  • Sorts moyens :
    ¤ Guérison des plaies : Rend 1D10 PVs à la cible. Soi-même ou au contact.
    ¤ Traits de givre : Projette deux morceaux de glace, chaque épieu infligeant 15+1D10 dégâts à la cible et possède l’attribut perforant (2). Portée 48 mètres.
    ¤ Mur de glace : Invocation d’un mur de glace pouvant atteindre 4 mètres de haut et 10 mètres de large. Possède 10 END et 100 PVs. Portée 10 mètres. Durée 1 jour.

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[MJ] Katarin
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace

Message par [MJ] Katarin »

L'esprit maléfique s'était saisi de Tsvetkova sans faire grand cas d'immobiliser ses membres : il avait entouré son torse de ses deux bras gluants et poisseux, et la traînait vers le fond en utilisant uniquement sa nageoire caudale pour progresser. Après tout, que pouvait faire une faible humaine hors de son élément pour riposter avec ses petits bras malingres ?

Peut-être que le vodianoi aurait davantage du se méfier des ressources insoupçonnées que peuvent cacher un corps si frêle.

Comment expliquer le miracle qui se produisit ? Était-ce sa rage de vivre qui lui avait permis un court instant de dépasser ses limites humaines et d'appliquer à son coup de poing une force plus prodigieuse que tout ce qu'elle avait jamais été capable dans sa vie ? Était-ce Ursun qui avait entendu sa supplique, et qui avait choisi de prêter à sa fidèle servante un petit peu de sa puissance afin qu'elle continue de le servir ? Ou bien encore était-ce la maîtrise instinctive de Tsvetkova dans la magie de glace qui se manifesta, entourant son petit poing qu'une gangue de glace solide, renforçant l'impact de son coup dans le visage de l'esprit maléfique ?

Au moment où l'emprise du monstre se relâcha de surprise, la question du pourquoi n'était pas à l'ordre du jour. La seule chose qui comptait, c'étaient les quelques mètres qui séparaient Tsvetkova de la surface. Son pied prenant appui sur le monstre, la jeune femme se propulsa dans l'eau, les yeux grands ouverts en direction du trou dans la glace. Derrière elle, sitôt remis des coups de l'humaine, le vodianoi nagea dans sa direction, bien décidé à ne pas laisser s'échapper sa proie.

L'apprentie sorcière crut sans doutes mourir mille fois tant ses poumons étaient en feu, tant Morr semblait désirer sa présence dans ses jardins. Et pourtant, elle réussit à crever la surface de l'eau, à s'agripper au bord du lac, et à s'extraire tant bien que mal de l'habitat du monstre. La talonnant de peu, l'immonde créature sortit de l'eau une poignée de secondes après elle, et son horrible nageoire gluante vint agripper la botte de Tsvetkova alors qu'elle se croyait enfin sortie d'affaire.

Dans un dernier sursaut de rage de vivre, Tsvetkova lui envoya son deuxième pied dans la tête. Impossible de savoir si l'esprit ressentait la douleur, toujours était-il qu'après avoir hurlé Ursun seul sait quoi dans une langue incompréhensible, il plongea sous la surface de l'eau, pour ne plus en réapparaître.

La jeune sorcière était trempée, frigorifiée, tremblante tant d'émotion que de froid et crachant au sol tout ce que ses poumons contenaient d'eau. Mais elle était en vie.

Kova a 8, en force.
Une dépense de 20 pdc lui aurait assuré une réussite automatique, donc 12 points bonus de force.
Puisque tu ne dépenses que 10 pdc, je t'accorde donc un bonus de +6 en FOR.

Jet de FOR du vodianoi : 17, raté de 7
Jet de FOR de Kova : 16, raté de 2
==> C'est pas fameux, mais ça passe :D

Maintenant, faut nager jusqu'à la surface, et plus vite que la sale bête ! ! Jet d'HAB+FOR / 2 - le bonus de +6 est toujours actif.
Il y a 5 d'écart dans le test de FOR, donc c'est le malus du vodianoi qui nage derrière toi pour te recapturer.

Jet de Tsvetkova : 17, raté de 3
Jet du vodianoi : 9, raté de 4.

Et beh >_>
T'es tirée d'affaire, mais au vu de comme c'est serré, je fais un dernier jet de ATT pour toi afin de le dégager une dernière fois, lorsque tu es hors de l'eau et qu'il tente de te choper encore une fois. Si tu échoues, tu devras abandonner ta botte pour t'enfuir :D
Jet d'ATT : 5, réussi - tu te dégages ! \o/


Conclusion :
Tu perds donc 10 pdcs.
J'avais néanmoins oublié de t'en donner un précédemment pour ta première nuit dans l'oblast : Ursun étant le dieu des forts qui savent survivre seuls en ne comptant que sur leurs propres capacités, le fait que tu arrives à te débrouiller seule sans solliciter aucune aide lui a plu (quinzhee + chasse + feu). Ta fiche est corrigée en ce sens !

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Tsvetkova Aznabaev
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace

Message par Tsvetkova Aznabaev »

Mon poing fermé avait frappé presque sans bruit sur la chair cendrée de mon adversaire, lui arrachant assez de son assurance pour m’extraire de son emprise. Le seul bruit qui vint transpercer l’onde du lac fut le cri de douleur de l’esprit maléfique. Voilà l’ouverture dont je devais profiter, songeai-je en rivant mes yeux sur la monstruosité, avec autant de force que s'ils avaient pu être les piques nécessaires à sa crucifixion. Il était temps de décamper au plus vite. D’une impulsion sur le vodianoi je fendis la surface du lac et me hissais sur la berge.
Je n'avais jamais été très joueuse et haïssais même les jeux de hasard, qui avaient une certaine tendance à me plonger dans les ennuis. Mue tant par un farouche ressentiment que par la conscience qu'il s'agissait là de ma seule chance, ce pari désespéré qu’avait tout d’un plan suicidaire semblait avoir porté ses fruits.

Je manquais de défaillir lorsque l’affreuse nageoire du prédateur s’agrippa à ma jambe encore trop proche du lac. Le cœur manquant un battement, un masque féroce imprégna mon visage alors que je me débattais pour sortir de cette nouvelle entrave.
Tu me prends pour une souris, serpent ? Pour une pauvre petite chose que tu invites au milieu de tes anneaux afin de mieux m'y étouffer ? Ne t'attends à rien d'autre de ma part que mon talon dans ta face, car je n'ai pour toi qu'une haine à la virulence ardente, une haine qui croit au fond de mon cœur.
Toi, esprit maléfique, n'aurais jamais dû sortir de ton lac.

Je lui dédiais un sourire aussi éclatant que railleur. Mon talon vint le percuter au niveau du menton et avec un hurlement étranglé l’esprit pernicieux bascula en arrière. Il disparut à ma vue.

Je me mis à ramper difficilement sur le sol, me hissant avec peine sur une étendue enneigée qui craquait sous mon poids. Hors d’atteinte de cette bestiole. Alors je pus m’étaler sur le dos, dans un état anémique, un regard vague tourné vers le ciel d’où me dominait l’énorme astre lunaire, dispensant ses rayons argentés sur ce monde ténébreux, chassant l’obscurité vespérale.

Je dégageais mon kozhukhi trempé et délaçais ma veste de cuir, qui relâchèrent leurs étreintes possessives. Et au moment où je tournais mon visage sur le côté pour chercher Eiya, une violente quinte de toux me saisit. Mon corps meurtri luttait contre cet envahisseur insaisissable qu’était l’eau, recrachant ce dernier, le chassant de ses poumons et de son estomac. J’éructai, j’expectorai, crachant de l’eau et du sang pendant un bon moment avant que les premières bouffées d’oxygènes ne parviennent jusque dans mes poumons.
En respirant laborieusement, des larmes roulèrent le long de mes joues.

Je me sentais épuisée, et pourtant je ne pouvais pas me permettre de rester ici à rien faire. La température affligeante de l’oblast allait terminer la besogne du vodianoi. Concentrer son souffle. Clarifier son esprit. Canaliser l'afflux. Encore une fois je m’en remettais à la Veuve Vénérable pour m’insensibiliser à la morsure du froid et cette dernière répondit une énième fois à mon appel. Ursun soit loué ! Après avoir ramassé mes vêtements, je me relevais difficilement, peinant à me relever, gémissant à cause de la douleur de mon être.
L'image du foyer prêt à s’embrasser de nouveau me revint en tête, et je n'aspirais plus qu'à une chose dorénavant : me coller au plus près des flammes pour m'oublier dans leur chaleur.

Mettre un pied devant l’autre, prendre appuis sur ce premier pour ramener le second devant celui-ci. Une tâche ô combien facile et habituelle que chaque enfant en bas âge était à même de pouvoir effectuer. Et pourtant, en ce qui me concernais, du haut de mes dix-neuf ans, cette tâche enfantine se révélait être une véritable corvée. Chaque pas, chaque martèlement sur ce sol durci par le froid était une épreuve qui ne m’apportait que douleur et épuisement.

J’en déduisais que je devais offrir un pitoyable spectacle qui tranchait avec la grâce et la beauté immuable de la nature kislévite.
Pourtant je me doutais bien que mon charme métissé n’en était pas altéré, et mon état pitoyable m’ajoutait peut-être même une touche d’innocence à travers mon visage angélique et mes grands yeux en amande qui n’exprimaient que le désarroi et une part de souffrance. Quiconque m’aurait croisée n’aurait ressenti que de la pitié et de la compassion pour cette pauvre jeune femme déboussolée, les cheveux en pagailles, les vêtements trempés, et qui semblait errer sans but.
Il était étrange de voir que malgré les douleurs lancinantes qui me parcouraient, menaçant de m’arracher un petit gémissement, j’étais toujours capable de me plonger dans mes pensées pour oublier cette souffrance qui m’étreignait. La toux qui me secoua se permit de me la rappeler.

Après avoir étendu mon manteau et ma veste le plus proche possible du feu, je me saisis d’un fagot de bois mort que je déposais dans le foyer afin d’alimenter les flammes. Il me suffisait d’attendre seulement quelques minutes que le combustible fasse son office.

Doucement, avec précaution - tant par méfiance et pudeur que douleur - j'entrepris de dénouer prudemment les attaches de ma chemise, que je posai à côté de moi. Lentement je me déshabillais sous le regard interrogateur d’Eiya et je fis alors une chose à laquelle elle ne s'attendait probablement pas, et j'en étais d'ailleurs la première surprise : j'éclatais de rire avant de me laisser tomber en arrière dans la neige. C'était un rire nerveux, le rire d'une jeune femme qui préfère se gausser de son destin que d'en pleurer. Mes bras et mes jambes bougeait énergiquement dans la neige créant l’image d’un ange dans la poudreuse. Je m’allongeais sur le côté, rassemblant une boule de neige, face au renardeau qui se demandait toujours quelle bête pouvait bien m’avoir piqué.


- T’as eu peur de me perdre krowa, hein ? Tu fais le dur avec moi, mais je t’ai entendu pleurnicher lorsque j’ai disparu dans le lac. Alleeeeez avoue-le ! Lorsque ma phrase fut terminée, j’armais mon bras et lui jetait la boule de neige avant de lui courir derrière pendant quelques secondes.

- Ursun seul sait comment je t’aime… marmonnai-je entre mes dents, la course ayant réveillée mes douleurs.

Dans le feu de camp les flammes s'élevaient, réconfortantes de chaleur. Je me saisis de la couverture, qui servait à protéger le bois, et je m’enroulais dedans. Cela avait plus pour but de dissimuler ma nudité à un voyageur égaré qu’à me protéger du froid, ma magie s’en occupait pour le mieux. Tout en déambulant dans le campement, je ne pouvais pas m'empêcher de jeter des yeux intéressés ici ou là. Tant de biens laissés sans propriétaire représentait une véritable aubaine. D’autant que l’ancien détenteur avait dû faire la même fâcheuse découverte que moi en pêchant dans le lac. Nul doute que si j’étais restée plus longtemps dans l’eau, je serais tombée sur l'âme du défunt enfermée dans un bocal. Je trainais des pieds à la recherche de nourriture ou d’objets qui pourraient s’avérer utiles, resserrant la lourde couverture autour de mes épaules. Je guettais la moindre opportunité, décidée à rejoindre le feu de camp pour y manger et aller me coucher par la suite.


Jet de magie (MAG+2 car Kislev et hiver) : 6, réussi, +1 xpm
Jet effectué par [MJ] Katarin.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 23 janv. 2020, 20:30, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total d'xp : 42
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    ¤ Traumatologie
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  • Sorts mineurs :
    ¤ Froid : Permet de refroidir la température ambiante jusqu'à un minimum de -20 degrés. Portée 24 mètres de rayon. Durée 10 minutes.
    ¤ Gèle-fourreau : L'ouverture du contenant visé nécessite désormais un test de FOR-2 réussi. Portée 12 mètres. Durée 10 minutes.
    ¤ Manteau de la Veuve Vénérable : La cible est immunisée à tous les effets du froid. Soi-même ou au contact. Durée 1 heure.
  • Sorts moyens :
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    ¤ Traits de givre : Projette deux morceaux de glace, chaque épieu infligeant 15+1D10 dégâts à la cible et possède l’attribut perforant (2). Portée 48 mètres.
    ¤ Mur de glace : Invocation d’un mur de glace pouvant atteindre 4 mètres de haut et 10 mètres de large. Possède 10 END et 100 PVs. Portée 10 mètres. Durée 1 jour.

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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace

Message par [MJ] Katarin »

Assurément, un voyageur aurait été interloqué devant la vision qu'offrait la jeune Tsvetkova nue sous sa couverture, seule au beau milieu de l'oblast. Mais seule, elle l'était et le resterait : en plein hiver, peu nombreux étaient les fous osant s'aventurer sur les routes en pleine raspotitsa, et encore moins nombreux les inconscients qui erraient au milieu de la plaine infinie. A imaginer le sort funeste de celui qui avait démarré le feu devant lequel la jeune femme se tenait, il était aisé de se rappeler pourquoi. Que ce soit par le froid, le blizzard, les prédateurs ou encore les esprits, les plaines gelées envoyaient un message clair à l'humanité : elle n'était pas destinée à y survivre.
Les dangers physiques n'étaient pourtant pas les seuls à roder en ces lieux : l'esprit pouvait lui aussi finir par céder. L'immensité de l'oblast, le paysage infini de toutes parts, sans le moindre point de repère auquel se fier, cela pouvait suffire à grignoter lentement mais surement la santé mentale du plus aguerri des voyageurs. Jour après jour à marcher en ces lieux, on finissait invariablement par se laisser envahir d'une impression paradoxale : celle de ne jamais progresser, de ne plus pouvoir jamais arriver quelque part, et d'être à tout jamais prisonnier de l'immensité. Tsvetkova ne s'en était peut-être pas rendue compte, mais malgré sa froideur, Elena se révélait être une ancre solide dans pareil tourment : elle avançait sans jamais douter, et remettre leur orientation entre ses mains permettait de protéger son esprit contre la crainte d'être à jamais perdus.

Quant à la petite Eyia, les plaisanteries de la meurtrière de sa mère n'étaient peut-être pas dénuées de vérité : la perspective de perdre à nouveau son repère semblait avoir affecté l'animal, qui avait glapi en tournant autour d'elle une bonne minute, sans pour autant s'en prendre à elle. Difficile de savoir si c'étaient des jappements de joie, ou si le petit renard l'engueulait pour sa prise de risque ; mais dans les deux cas était sous-entendu une forme d'affection de la part de l'animal. Néanmoins, ce dernier ne pardonna pas pour autant l'attaque à la boule de neige, et retrouva aussitôt ses bonnes habitudes, plantant ses deux rangées de croc dans la cuir des bottes de la jeune femme, qui commençaient à être bien marquées par cette succession de mauvais traitements.

Raviver les flammes fut non seulement aisé, mais permit à la métisse de faire une bonne surprise, car sous la couverture protégeant le bois mort, elle trouva également une boite à amadou, contenant de nombreux petits copeaux inflammables, de meilleure qualité que les polypores de pin qu'elle avait collecté la veille. Encouragée par cette découverte, la jeune femme décida de fouiller le campement à la recherche d'autres heureuses éventuelles trouvailles.

A quelques pas du feu de camp et partiellement enterrée dans la neige, elle repéra une gourde à moitié pleine de kvas. La corde qui avait servi pour attacher un cheval à l'arbre avait été coupée, mais cette dernière avait été enroulée plusieurs fois au tronc avant d'être nouée : une fois déroulée, la jeune femme pouvait disposer de quatre bons mètres de chanvre si elle le souhaitait. Pour finir, en suivant les empruntes de sabot de cheval dans la neige pendant moins d'une minute, elle put récupérer une couverture emprunte de son odeur : sans doutes que c'était celle que son cavalier laissait à sa monture pour la nuit, mais que cette dernière l'avait faite tomber dans sa fuite. Néanmoins, l'équidé n'était pas visible à l'horizon à la lumière des étoiles : difficile de savoir à quelle distance il se trouvait désormais.
Tsvetkova repéra aussi un seau en bois contenant quelques poissons ainsi qu'une canne à pêche, situés à deux pas de la berge du lac au vodianoi, mais elle préféra ne pas tenter le diable et se contenter pour se nourrir ce soir des morceaux de renard qu'elle avait conservé de la veille - quant à Eyia, elle dut lui sacrifier les baies précédemment volées pour assurer son repas du soir.
Pour ce qui était des fontes de selle, ayant finies au fin fond du lac, inutile de préciser que la jeune femme sut refréner sa curiosité à leur sujet...

Repue et fourbue, la jeune femme s'enroula dans ses deux couvertures nouvellement acquises, laissa Eyia venir se blottir dans ses jambes, puis s'endormit sans la moindre difficulté.


***


Cette fois-ci, ce ne furent ni Elena ni le soleil qui réveillèrent la jeune femme, mais la combinaison déplaisante de bourrasques si glaciales qu'elles la transirent de froid à travers ses couvertures, et de l'avalanche d'énormes flocons sur son visage. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle ne put qu'avoir la mauvaise surprise de constater que la météo s'était terriblement dégradée : en tant qu'habitante de ces terres, elle savait reconnaître l'arrivée d'un blizzard quand elle en ressentait les signes annonciateurs.

A peine s'était-elle levée, conjuré à nouveau la Veuve vénérable pour qu'elle la protège du froid, et avait réuni ses affaires, que déjà elle était sur elle : une tempête de neige aussi soudaine que brutale. Aux flocons s'ajoutèrent des cristaux de gel et des grêlons fracassant tout sur leur passage, multipliant les ecchymoses sur la peau de la jeune femme malgré l'épaisseur de ses fourrures, et les bourrasques surpuissantes faisaient aussi bien ployer les pins alentours qu'elles menaçaient la jeune femme de tomber à la renverse. Terrifiée en l'absence de son rassurant terrier, Eyia couinait à mort dans les jambes de Tsvetkova, bien que le bruit de ses cris était totalement étouffé par le boucan des rafales. La visibilité s'était réduite à néant en quelques minutes, noyant la métisse dans un impitoyable cataclysme blanc desquelles émergeaient seulement les ombres des arbres les plus proches qui menaçaient de se faire déraciner par la puissance du vent.

Tsvetkova était seule dans la tourmente, mais si elle ne pouvait plus compter sur ses cinq sens pour l'aider dans le blizzard, elle était encore capable de ressentir les flux de magie qui s'agitaient non loin d'elle. Sans pouvoir en déterminer la nature ou sa distance exacte par rapport à elle, elle sentait qu'une force occulte s'agitait à proximité, et pouvait en déterminer la direction approximative... restait à savoir si s'en approcher était une bonne idée ou non.


Jet de dressage du renardeau : 8, réussi tout juste !
Jet de perception pour trouver des trucs : 9, réussi tout juste !
Jet de MAG pour le manteau de la Veuve vénérable (j'ai présumé que tu le lançais au réveil :D) : 9, réussi - +1 xpm.
Test de conscience de la magie : 5, réussi.

Nota bene :
- les kislevites ont un rapport au kvas assez spécial - c'est certes de l'eau de vie bien violente, mais là-bas c'est aussi une boisson qui assure la bonne santé, ça réchauffe du froid, protège des maladies - on en donne même aux enfants. Bref, oui c'est un alcool fort, mais dis-toi que Kova en a obligatoirement déjà pas mal descendu tant tout le monde en boit dans ce pays :D

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Tsvetkova Aznabaev
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace

Message par Tsvetkova Aznabaev »

Tandis que je m'abîmais doucement dans le spectacle de la danse embrasée, un très mince sourire se dessina sur ma bouche. Relevant la tête, je croisais le regard d’Eiya qui glapit dans ma direction. L'espace d'un instant, ma fierté un rien mal placée l’emporta, heureuse de cette relation naissante qui nous liait. Je sentais les gouttes d'eau ruisseler sur mon corps en minces traînées, et il me tardait de me réchauffer.
Je m'emmurais dans un mutisme un peu sombre, songeant à ma famille. Je portais la main au permafrost qui pendait à mon cou, entrelacé dans sa chaine en bronze. Du doigt, j'en suivis la courbe, trouvant du réconfort dans ce contact. Viktoria Anataï m'accompagnait depuis ma plus tendre enfance, et grâce à cet ornement que je m’étais confectionnée, j'aimais à croire que ma mère veillait toujours sur moi aujourd’hui.
Une branche crépita péniblement, jetant des escarbilles à mes pieds.

J'étouffais ostensiblement le bâillement qui me venait avant de faire cuire les restes de ma chasse, en silence, et de nourrir Eiya avec les baies qui me restait. Gagnée par une certaine lassitude, je ramenais les couvertures par-dessus mes épaules et me recroquevillais au pied du feu pour trouver un sommeil cauchemardesque, alors que le renardeau venait se blottir contre mes jambes.
On dit que la fatigue dissipe les songes : et bien laissez-moi vous dire que c’est faux.

Cette nuit-là, je rêvais de maintes choses qui ne laissèrent que des bribes de cauchemars attachés à ma mémoire. Je vis un renard aux pattes coupées à mi-hauteur, le sang jaillissant à jets réguliers, qui cherchait à rejoindre son terrier ; je vis également un enfant, peut-être d'une quinzaine d'années, dont le dos était brisé et qui restait, hagard, à demi-allongé dans la neige sous une pluie battante et qui exécuta subitement un geste grossier à l'encontre des cieux embrumés avant qu'un éclair ne le recouvre ; je me rappelle encore d'une femme nue, la peau atrocement raclée par endroits, et qui me regardait avec un sourire carnassier tenant dans ses mains une de mes bottes, le bas du corps immergé dans un lac.

La tempête glaciaire me tira du lit plus efficacement que n'importe quelle menace. Je fus sur mes pieds d'un bond, si vite que je cru recevoir un coup de marteau en plein front. Malgré l’accueil extrême de ce blizzard, je fus reconnaissante qu’il m’ait sorti des tourments de cette nuit.
J'avais eu l'occasion de voir ma tête au travers d’une plaque de givre, et elle n'avait rien, mais alors rien de glorieux : des cernes violacées tranchaient avec mon teint hâlé. J'avais les cheveux en bataille, des larmes de fatigue au coin des yeux et des gestes mal assurés. A ma décharge, mon regard n'avait rien perdu de son éclat, et j'avais toujours le sourire facile. Une toilette plus vive que l'éclair plus tard, j’invoquais avec automatisme le manteau de la Veuve Vénérable, et rassemblais mes affaires. Prête à affronter le courroux de la raspotitsa.

Je n'irais pas jusqu'à dire que je savais jurer comme un charretier, ça serait m'accorder trop de crédit. Non, je n'avais pas autant d'imagination que les kyazaks du Tsarat de Kislev lorsqu'il s'agissait de faire s'envoler sa morve sur son voisin, mais j'étais à tout le moins une élève douée, sinon curieuse. Aussi, lorsque les premiers grêlons vinrent me percuter de pleins fouets, me surpris-je à formuler intérieurement bon nombre des jurons que je connaissais, et il y en avait une belle flopée. Les traditionnels « putain » et « svolich » furent parmi les premiers à monter au front, mais de bien plus colorés s'ensuivirent dans ma tête, dansant une jolie farandole. Tandis qu'un silence de mort tombait, précurseur des spectacles particulièrement éprouvants, c'est une vraie cacophonie injurieuse qui résonnait sous mon crâne.

Certains s'adressaient à Elena, que je maudissais sur plus de générations que je ne savais en compter, ou peu s'en fallait : son manque de considération, pas le moindre sourire, pas la moindre forme d’encouragement, son air glacial et imperméable. Ne m’avait-elle pas arraché à ma famille car sa vieille Veuve Vénérable m’avait choisie ? N’était-elle pas censée me former ? Pour l’instant je survivais seule.

Je me sentais investie du sentiment qui frappe toute jeune femme lorsqu'elle se frappe à une déconvenue : un explosif mariage de honte et de rancune trépidantes, du genre qui vous collait des envies de hurler sur le moindre innocent passant à votre portée. Mon entourage étant inexistant, seule je l’étais et je le resterais, j'évitais soigneusement de laisser libre cours à ma frustration, mais elle se devinait dans le pli retroussé de mes lèvres.

Évidemment, c'était plus facile à dire qu'à faire, et je passais ma mauvaise humeur sur une innocente bûchette que je tailladais avec une minutie malsaine à l'aide de mon poignard. Le geste répétitif finit par avoir raison de ma colère, et je m'absorbais dans mon travail, faisant sauter les fibres de bois de façon à dégager une grossière silhouette. Jusqu'à ce qu'un couinement me sorte de ma besogne inutile.
Allez ! On ne pouvait même plus torturer les bûchettes maintenant ? Levant les yeux au ciel, j'abandonnais mon ouvrage et posais mon regard sur une Eiya terrorisée.

Je réprimais un soupir en sentant la détermination me revenir. Je trouverais le moyen de me sortir de cette tourmente, foi de Tsvetkova.



- T'en fais pas, ma druzhina, je vais nous sortir de là. déclarai-je d’une voix à la douceur maternelle. J’en profitais pour attraper d’une main la petite goupil et la déposer dans ma gibecière pour la protéger des cristaux de gel.

Sur cet aveu fanfaron, je saisis la gourde où miroitait le kvas pour la porter à mes lèvres : le feu ne s’attarda pas à mon seul visage et tout en descendant d’une manière à la fois délicieuse et atroce, fit étinceler mes yeux en amande d’un éclat autre que de malice.


Alors que j’étais plongée dans mes pensées, je ne remarquai qu’avec un temps de retard le subtil changement qui s’opérait autour de moi. Peu à peu, cette impression ambiguë fit sensation, à mi-chemin entre la brûlure et la tiédeur. Comme si une sorte de voile se levait sur mon cœur. Cette impression fut de courte durée. L’inconfort me saisit de nouveau, suivie d’une certaine nausée qui me submergea alors que cette sensation diffuse m’attirait vers une destination non loin de mon campement.
Je mussai mon nez sous mon kozhukhi avant d’enclencher la marche dans cette direction approximative, d’un pas quelque peu hâtif mais pas moins assuré, évitant soigneusement de frôler les arbres qui pouvaient à tout moment tomber à la renverse. Cette impression ressemblait fortement à l’émotion qui me parcourait lorsque j’avais eu recourt à la magie ancestrale de glace. Et jusqu’à preuve du contraire cette dernière ne m’avait jamais trahie. D’autant plus que dans l’oblast l’inactivité et l’indécision étaient les premières causes de décès.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 02 févr. 2020, 08:59, modifié 1 fois.
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Tsvetkova Viktoriadoch Aznabaev, Apprentie Sorcière de Glace
Profil: For 8 | End 8 | Hab 8 | Cha 9 | Int 9 | Ini 9 | Att 8 | Par 8 | Tir 8 | Foi | Mag 11 | NA 1 | PV 65/65

« Réfléchis clairement, considère tes armes, et prie sincèrement tes dieux.
Alors rien ne devrait pouvoir t'empêcher de survivre. »
Compétences :
  • ¤ Sens de la Magie
    ¤ Incantation – Magie de Glace
    ¤ Alphabétisation
    ¤ Langue hermétique – Magikane
    ¤ Survie en milieu hostile
    ¤ Séduction
    ¤ Traumatologie
Grimoire :
  • Sorts mineurs :
    ¤ Froid : Permet de refroidir la température ambiante jusqu'à un minimum de -20 degrés. Portée 24 mètres de rayon. Durée 10 minutes.
    ¤ Gèle-fourreau : L'ouverture du contenant visé nécessite désormais un test de FOR-2 réussi. Portée 12 mètres. Durée 10 minutes.
    ¤ Manteau de la Veuve Vénérable : La cible est immunisée à tous les effets du froid. Soi-même ou au contact. Durée 1 heure.
  • Sorts moyens :
    ¤ Guérison des plaies : Rend 1D10 PVs à la cible. Soi-même ou au contact.
    ¤ Traits de givre : Projette deux morceaux de glace, chaque épieu infligeant 15+1D10 dégâts à la cible et possède l’attribut perforant (2). Portée 48 mètres.
    ¤ Mur de glace : Invocation d’un mur de glace pouvant atteindre 4 mètres de haut et 10 mètres de large. Possède 10 END et 100 PVs. Portée 10 mètres. Durée 1 jour.

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[MJ] Katarin
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace

Message par [MJ] Katarin »

Écoutant les supplications d'une Eiya terrifiée ainsi que son instinct de survie, Tsvetkova préféra donc suivre son sixième sens pour qu'il la guide à travers le blizzard, que de rester inactive à subir la météo. Ce qu'elle ressentait devant elle, c'étaient des mouvements invisibles aussi familiers que fugaces : une énergie glaciale qu'elle avait encore bien du mal à appréhender, alors même qu'elle n'avait cessé d'y recourir dernièrement afin de se protéger du froid. Impossible de se fier à ses cinq sens pour réussir à suivre ce fil d'Ariane invisible : il n'y avait là ni point de repère à suivre des yeux, ni écho à entendre pour repérer sa position spatiale. Son corps balayé par les vents, ses pieds s'enfonçant trop profondément dans une poudreuse instable, impossible de progresser en ligne droit. Pour ne pas se perdre, la jeune femme dut faire appel à toute sa concentration, se focalisant seulement et uniquement sur la magie qu'elle ressentait devant elle.

Après d'interminables minutes à progresser dans la tourmente à vitesse très restreinte, elle discerna enfin une forme humaine devant elle. Une femme qu'elle ne connaissait que trop bien, et qui, toujours vêtue de sa simple robe d'hiver, totalement insensible au blizzard qui ravageait le paysage, l'observait du coin des yeux avec un sourire moqueur, sa longue chevelure blanche volant devant son visage au gré des bourrasques. Malgré le bruit du vent, sa voix glaciale parvint aux oreilles de Tsvetkova sans la moindre difficulté :

- Enfin tu arrives. On a de la route à faire aujourd'hui, alors ne traîne pas.

Et sans laisser le temps à Tsvetkova de protester ou réagir, voilà qu'Elena Dazhiavitch Ipatiev se retournait théâtralement, pour se mettre en direction d'Ursun seul savait où. Devant ses pieds, la neige s'écartait par magie, lui permettant de progresser comme sur terrain plat... avant de se rabattre juste derrière elle, empêchant la jeune apprentie de profiter de cet avantage.

Alors que Tsvetkova observait sa tutrice de dos, qui progressait déjà d'un rythme soutenu à travers le blizzard et aux contours disparaissant déjà dans la tempête, elle remarqua un détail étrange. Certes, Elena irradiait de magie, et elle aurait pu associer cela au manteau de la Veuve vénérable, qu'assurément la sorcière avait du utiliser pour elle aussi se protéger du froid. Mais la jeune métisse savait la forme que prenait l'énergie magique autour de son corps lorsqu'elle invoquait ce sortilège, et avait déjà vu comment Elena l'utilisait pendant ses méditations nocturnes. Ici, la manière dont la magie pulsait autour d'elle était totalement différente. Il y avait bien une enveloppe gelée autour de son corps, une aura terrifiante et glaciale qui émanait de tout son être et qui faisait froid dans le dos. Mais plus que cela, il y avait aussi deux flux d'énergie qui se dégageaient clairement d'elle. L'un, très léger, partant en direction du sol, expliquait sans doutes sa capacité à repousser la neige devant elle afin de faciliter sa progression. L'autre en revanche, bien plus puissant, partait droit en direction du ciel.

Test de conscience de la magie : 5, réussi.

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[MJ] Katarin
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace

Message par [MJ] Katarin »

Ce fut sans nul doute la pire journée de la vie de Tsvetkova.

Les premières heures, la jeune apprentie crut qu'à force de volonté, elle y arriverait. Maîtrisant désormais à la perfection le sortilège du Manteau de la Veuve Vénérable, elle arrivait à le lancer à répétition sans grande difficulté : en cela peut-être devait-elle admettre que l'entrainement d'Elena portait ses fruits. Le brouillard l'empêchait d'y voir à plus d'une dizaine de pas, mais dans son actuelle condition ce n'était pas bien important : il lui suffisait de suivre les pas de sa maîtresse. Parfois, sa silhouette s'évaporait dans la tempête, et alors Tsvetkova devait bon gré mal gré accélérer le pas pour la rejoindre, sautant plus qu'elle ne marchait sur une neige haute de cinquante centimètres. Heureusement, elle commençait à comprendre comment ressentir la signature magique de la sorcière, et l'utiliser pour connaitre sa direction approximative.

Mais ce n'était ni le froid, ni le manque de visibilité, ni le terrain difficile, ni les bourrasques qui la repoussaient en arrière, qui empêchèrent la volonté de Tsvetkova de progresser dans le blizzard. Ce qui finit par la vaincre, c'était la fatigue. Après quatre longues heures de marche - qui avaient sans doutes parues en être huit pour la jeune femme n'ayant plus aucun repère à sa disposition - son corps commençait à la trahir. Ses genoux douloureux souffraient d'être sans cesse sollicités, et ses poumons peinaient à fournir une respiration régulière de plus en plus difficile à garder pour oxygéner des muscles épuisés.

La météo était impitoyable, la tempête ne s'arrêtant jamais, tout comme la progression d'Elena.

Nul répit pour l'apprentie.

Et pourtant, elle se refusa à solliciter l'aide de sa tutrice. Se faisant violence, ignorant les signaux de son corps éreinté, elle marcha encore et encore, luttant contre un blizzard sans pitié. Dans ces conditions de souffrance physique, réussir à assurer chacun de ses pas devint difficile, et plus d'une fois elle trébucha, s'effondrant dans la poudreuse pour mieux se relever. Lors d'un mouvement malheureux, son pied resta coincé sous la neige, et elle s'écroula en avant, se foulant probablement une cheville au passage : la douleur irradiait dans tout son pied et son mollet. Mais Tsvetkova ne pouvait pas se permettre de s'arrêter : tant que le muscle était chaud, elle pouvait encore avancer - sinon, elle risquait de vraiment ressentir la douleur, et de ne plus pouvoir se déplacer du tout.

Avec la douleur physique et la fatigue venait la difficulté à trouver la concentration nécessaire pour utiliser sa magie. Un cercle vicieux abominable, puisque sans l'aide de la Veuve Vénérable, le froid s'ajoutait à la liste de ses ennemis, la neige s'insinuant partout, les bourrasques si puissantes qu'elles semblaient traverser ses vêtements pour agresser sa peau. Les extrémités gelées dans ses gants, c'est avec une difficulté croissante qu'elle arrivait à maintenir le sortilège actif sur elle, mais celui-ci semblait désormais imparfait, comme si l'enveloppe protectrice qu'il fournissait était désormais trouée de toutes parts.

Ce qui devait arriver arriva. Alors que Tsvetkova entamait la huitième heure d'un interminable périple, elle perdit le contrôle de sa magie. L'énergie gelée se rebella contre elle, et plutôt que de s'enrouler autour d'elle pour la protéger, le flux de givre pénétra son corps pour se répandre dans chacun de ses muscles. Comme si on lui avait transfusé de la glace liquide, la jeune femme hurla de douleur alors que le froid la transperçait de part et d'autre, la vague gelée progressant à traverses ses veines et ses artères pour se répandre et mordre chaque partie de son corps.

Elle s'écroula au sol.

Puis se releva encore une fois. L'abominable sensation de gel liquide dans son sang partie, elle pouvait presque remercier la magie de glace de l'avoir ainsi réveillée par cette douleur. L'esprit éclairci, elle incanta une dernière fois le sortilège, imposant cette fois-ci un contrôle d'acier à l'énergie gelée, et marcha encore et encore tel un zombi versa la destination d'Elena.

Et tout à coup, alors que toute cette souffrance commençait à ne même plus avoir de sens, que l'esprit et le corps abîmé de Tsvetkova atteignait ses dernières limites, Elena s’arrêta et se retourna. Elle attendit son apprentie, patiemment, la jaugeant de bas en haut, avant de sourire.

C'était la deuxième fois que Tsvetkova pouvait la voir sourire. La fois précédente, c'était lorsqu'elle lui avait promis de la suivre si la sorcière daignait sauver son père de sa maladie. C'était un sourire fier, mais il était difficile de discerner à cet instant si Elena était fière de son apprentie, ou d'elle-même.

Elle leva un bras en l'air, une quantité de magie colossale rayonna autour d'elle pour partir vers le ciel, et en quelques secondes, la tempête se dissipa. Les bourrasques s'arrêtèrent, la neige cessa de tomber, la brume disparut, et le ciel réapparut pour dévoiler un magnifique soleil couchant à l'horizon de la steppe gelée.

- Tu t'en es bien sortie, Tsvetkova.


8 heures de marche dans le blizzard incessant.

A chaque heure, Kova doit réussir à maintenir son manteau de Veuve Vénérable - à chaque fois qu'elle échoue, elle perd une minute à le relancer, et donc 1 PV à cause du froid. En plus de cela, elle doit réussir un jet d'endurance pour tenir bon dans la tempête : le froid ne l'atteint pas, mais le vent est très violent, la neige est haute de cinquante bons centimètres et progresser est éreintant. La marge de réussite du manteau donnera un bonus pour la réussite de ce jet, mais n’empêchera pas les malus pour les heures à suivre qui traduisent à quel point elle est extenuée.

1e heure :
Manteau veuve (11) : 3, réussi de 8
Endurance (8) : 13, raté, mais compensé par manteau : malus de 1 aux prochains jets de MAG et END car épuise les forces de Kova.

2e heure :
Manteau veuve (10): 1 - double la durée, jet d'END réussi automatiquement pour deux heures
Endurance (7): réussite auto

3e heure :
Manteau veuve (10): réussite auto
Endurance (7): réussite auto

4e heure :
Manteau veuve (10): 7, réussi de 3
Endurance (7): 11, raté même avec l'aide du manteau : malus de 2 aux prochains jets de MAG et END, et perte de 1 PV.

5e heure :
Manteau veuve (9) : 2, réussi de 7
Endurance (6) : 13, raté mais compensé tout juste par le manteau : malus de 3 aux prochains jets de MAG et END

6e heure :
Manteau veuve (8): 17, 9, 18, 2 (réussi de 6) => 3 échecs, perte de 3 PV.
Endurance (5): 17, raté même avec l'aide du manteau : malus de 4 aux prochains jets de MAG et END, et perte de 6 PV.

7e heure :
Manteau veuve (7) : 9, 18, 14, 6 (réussi de 1) => 3 échecs,
Endurance (4) : 7, raté même avec l'aide du manteau : malus de 5 aux prochains jets de MAG et END, et perte de 2 PV.

8e heure :
Manteau veuve (6) : 13, 20 (fiasco), 5 (réussi de 1) => 2 échecs
Fiasco : un froid mordant s’abat sur vous. Vous subissez 7 points de dégâts qui ignorent l’endurance et l’armure.
Endurance (3) : 6 ==> raté même avec l'aide du manteau : perte de 2 PV.


==> Perte totale de 26 pvs, et Kova a une entorse à a cheville gauche.
1 xpm pour la tenue du manteau sur la journée.

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Tsvetkova Aznabaev
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace

Message par Tsvetkova Aznabaev »

Je n'étais pas peu coutumière des nuits blanches à la belle étoile, mais ces derniers jours avaient été très loin d'être reposants. Ajoutez-y une toute fraîche aversion pour cette maudite météo, et vous obtenez un état d'excitation farouche, amère et acide à la fois, qui avait le don de vous donner les nerfs à fleur de peau. Mon regard furetait partout, peut-être de crainte de finir par clore les paupières et ne plus les rouvrir. J'en voulais à Elena de ne pas piper mot pour m’aider dans cette épreuve, comme tout bon mentor le ferait...
Je bouillonnais d'une rancœur informe et nerveuse, incapable de la contenir. Je ne pouvais que me concentrer dessus, parce qu'elle laminait toute barrière que je cherchais à lui imposer pour l'endiguer.
Le blizzard me rendait littéralement infoutue de regarder proprement, avec exactitude, ce qu'il se passait autour de moi, et ce fait ne me rendait que plus folle encore. Or, il est assez répandu qu'être énervée n'aide en rien à se concentrer...

Ma déglutition était laborieuse et se fit presque impossible lorsque je tapais dans un caillou sous la neige et m'affalais à même le sol. J'avais l'impression que mon crâne fourmillait d'informations que je n'arrivais pas à saisir et mettre en lumière ; encore une source de vague frustration. Elena ne prit même pas la peine de se retourner et continuait son avancée perpétuelle. J'avais désespérément besoin que quelqu'un prenne les rênes en main à ma place, et j'en avais un désir extrême ; mais, par le miracle d'un recul que je parvenais encore à ménager, je savais que c'était une attitude éphémère, née de mon état à la limite de la défaillance de ma conscience spontanée, et me doutais que j'allais me reprendre en main bientôt.
Mais ce bientôt, qu'il était lent !


- Ah ! Y en a marre !

Nonobstant le caractère ridiculement enfantin de mon éclat subit, je tapais du poing dans la neige. Décidément, ça n'allait pas fort aujourd'hui. Il me fallut quelques instants pour me reprendre. Bon, je n'allais pas pleurnicher comme une gamine ayant abimée son venet. Je me secouais mentalement les puces.

- Bon. On se calme. On ne récrimine pas.

Je me remis debout en gémissant sous la douleur aigue qui me foudroya la cheville.
Mon barda sur le dos, je marchais d'un pas ralenti par cette nouvelle gêne, tentant de calmer un estomac habitué à avoir un peu plus de travail qu'il n'en avait actuellement. La tension montait dans ces conditions, où il fallait faire attention non seulement au froid qui cherchait à vous piéger mais encore à l'endroit où nous mettions les pieds.

La panique courait dans mes veines à la manière d'un sang nouveau. La fatigue n’aidant pas, depuis quelques heures le manteau magique perdait de son efficacité. C'était comme dans un cauchemar d'où l'on n'a aucune chance de se réveiller : courir à perdre haleine, la souffrance se faisant en moi aussi vive que la frayeur, poursuivie par le martèlement de pieds énormes frappant la pierre. Imaginez la terreur d'une araignée que vous auriez manqué une première fois d'écraser...
Tandis que je perdais toute volonté pour survivre, c’est ce moment que choisit Elena pour enfin se retourner dans ma direction, et alors c'est un frémissement des lèvres, l'ombre d'un authentique sourire, que je vis apparaitre sur son visage. Elle leva les bras et en quelques secondes le blizzard n’était qu’un mauvais souvenir. Tout s'arrêta comme ça avait commencé : dans un silence surnaturel.
Comme la caresse d'un amant peut venir chasser le cauchemar d'une mauvaise nuit, celle du soleil venait rejeter avec dédain le flux givré qui parcourait mon corps. Je me laissais tomber en arrière dans la neige.

Pétasse !

Il y avait bien des mots qui me venaient à l'esprit, un peu à l'image d'un énorme banc de saumons qui s'amuseraient à remonter le courant en sautant les uns par-dessus les autres, mais celui-ci en particulier revenait souvent. Un terme prometteur, à n'en pas douter, et je pouvais en dire autant de la faculté qu'avait Elena à me faire monter la moutarde au nez. Pour un peu je lui aurais éternué au visage, et ça m'aurait fait plaisir !
Mais je savais me montrer variée. Bêcheuse, pimbêche, roucouleuse de bal masqué et fouine entartrée lui allaient bien, même si toutes ces expressions réunies ne m'inspiraient pas autant de plaisir à prononcer que la toute première. Les prononcer, d'ailleurs, c'était vite dit car je ne me serais pas amusée à libérer mon venin en face de l'intéressée, surtout dans mon état actuel.


- Pourquoi...

A peine avais-je commencé à pleurer sur cette interrogation que j'eus l'envie de m'asséner une gifle. Un grondement de colère m'échappa. « Pourquoi ? » avait toujours été la question des imbéciles ! Demander pourquoi, c'était sous-entendre qu'il y avait une justice en ce monde, or elle n'était qu'une chimère, un pis-aller que l'on s'inventait chaque jour dans le but de se rassurer ! Dans un monde où l'homme n'était pas le pire de ses propres prédateurs, la seule loi valant la peine qu'on y croit était celle du plus fort. Il fallait survivre, encore et toujours, par tous les moyens. Il fallait...

Il fallait...

Je craquais subitement, poussant un cri de... de peine, de chagrin, de haine. Il ne me calma pas assez et je criais encore à la face de l’astre solaire, me moquant bien de l’image que je pouvais renvoyer à Elena. Cette dernière m’ayant totalement trompée avec ce blizzard qu’elle avait elle-même invoqué.
Je mis quelques instants à me relever, avec précaution ; la douleur dans ma jambe étant toujours présente. C'était une question de souffrance à supporter.


- Mes mots de la première nuit sont toujours de mise. Je suis bien plus forte que vous semblez le penser.

Le sourire froid que je lui dédiais aurait aussi bien pu s'adresser à une vipère prise sous mon talon, et je devais bien avouer que l'image me plaisait plus qu'il n'était sain.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 05 févr. 2020, 15:34, modifié 1 fois.
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« C'est la lutte qui doit provoquer ta colère, et non ta colère provoquer ta lutte. »
Tsvetkova Viktoriadoch Aznabaev, Apprentie Sorcière de Glace
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« Réfléchis clairement, considère tes armes, et prie sincèrement tes dieux.
Alors rien ne devrait pouvoir t'empêcher de survivre. »
Compétences :
  • ¤ Sens de la Magie
    ¤ Incantation – Magie de Glace
    ¤ Alphabétisation
    ¤ Langue hermétique – Magikane
    ¤ Survie en milieu hostile
    ¤ Séduction
    ¤ Traumatologie
Grimoire :
  • Sorts mineurs :
    ¤ Froid : Permet de refroidir la température ambiante jusqu'à un minimum de -20 degrés. Portée 24 mètres de rayon. Durée 10 minutes.
    ¤ Gèle-fourreau : L'ouverture du contenant visé nécessite désormais un test de FOR-2 réussi. Portée 12 mètres. Durée 10 minutes.
    ¤ Manteau de la Veuve Vénérable : La cible est immunisée à tous les effets du froid. Soi-même ou au contact. Durée 1 heure.
  • Sorts moyens :
    ¤ Guérison des plaies : Rend 1D10 PVs à la cible. Soi-même ou au contact.
    ¤ Traits de givre : Projette deux morceaux de glace, chaque épieu infligeant 15+1D10 dégâts à la cible et possède l’attribut perforant (2). Portée 48 mètres.
    ¤ Mur de glace : Invocation d’un mur de glace pouvant atteindre 4 mètres de haut et 10 mètres de large. Possède 10 END et 100 PVs. Portée 10 mètres. Durée 1 jour.

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[MJ] Katarin
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Re: [Tsvetkova] Cœur de glace

Message par [MJ] Katarin »

Le sourire d'Elena se dissipa, son visage retrouvant sa neutralité coutumière, dénué de toute expression, de toute empathie.

- Forte, peut-être. Intelligente, clairement pas. Reste assise.

Elle s'approcha de Tsvetkova, et d'une main l'empêcha de se relever, renvoyant ses fesses directement dans la neige.

- Ne bouge pas.

La jeune femme était à bout de forces après le périple qu'elle venait de vivre, et ne pouvait aucunement s'opposer à sa tutrice qui la manipulait comme un objet, sans grande considération pour ses opinions. Elle se pencha sur elle, lui saisit sa botte pour la délacer puis la retirer, avant de dénuder sa cheville pour l'examiner, tantôt en l'effleurant, tantôt en appuyant doucement à plusieurs endroits. Malgré son manque de considération pour les éventuelles protestations de son apprentie, Elena manifesta pourtant une grande douceur dans ses manipulations : chacun de ses gestes était habile et précis.

Une douce chaleur envahit la cheville de Tsvetkova, qui reconnut l'effet du sortilège qu'elle aurait elle-même lancé si elle n'était pas aussi éreintée. En quelques secondes, la douleur qui irradiait de son pied à mi-mollet s'atténua, jusqu'à presque disparaître.

- Tu es aussi endurante qu'entêtée, je te reconnais ça. Ce sont de bonnes qualités, mais insuffisantes si tu te contentes de toujours foncer tout droit sans réfléchir. Tu as perçu la puissance que je dégageais vers le ciel, mais tu n'en as rien déduit. Hier, je t'ai appris à maintenir le manteau de la veuve vénérable une journée durant, mais alors même que cette faculté t'a été vitale aujourd’hui, cette coïncidence ne t'a pas frappée. J'ai même laissé un mot à ton attention pour te forcer à rester méfiante, à ne pas te reposer sur moi, mais tu as préféré me suivre comme un mouton borné et muet, plutôt que penser par tes propres moyens. Est-ce vraiment de cette force-ci dont tu es si fière ?

Elle se releva et soupira lentement, laissant échapper de sa bouche un filet de vapeur d'eau.

- Tu souhaiterais sans doutes que je sois aussi douce avec toi que tu l'es avec ce renardeau que tu as trouvé. Mais crois-tu vraiment avoir été généreuse avec lui ? Tu le forces à se reposer sur toi pour survivre à l'hiver, tu l'empêches de trouver sa propre force en le privant de son indépendance. Il n'est qu'un caprice égoïste de ta part, tu l'as pris sous ton aile pour toi et pas pour lui, je me trompe ?

Comme si elle avait compris qu'on parlait d'elle, Eiya laissa échapper un glapissement plaintif depuis l'intérieur de la besace de la jeune métisse. Le petit renardeau semblait dans le même état que sa maîtresse : épuisé, et affamé.

Elena fixait Tsvetkova droit dans les yeux, sans jamais ciller. Sa voix était toujours aussi glaciale, chaque mot était comme une écharde de glace qui venait se glisser sous la chair de son interlocutrice. Puis à nouveau, elle laissa transparaître un sourire sardonique effrayant, presque cruel.

- Maintenant que j'ai peut-être réveillé ton esprit, dis-moi petite Kova, sachant que j'arpente l'oblast depuis des années, crois-tu donc que j'ai choisi au hasard les lieux dans lesquels je m'installais pour la nuit ? Sinon, je te laisse réfléchir, et me donner la réponse à la question que tu as toi-même posé : pourquoi, selon toi ?

Dardant son regard de prédatrice sur son apprentie, elle croisa les bras, attendant que cette dernière lui réponde.


Elena lance un sort de guérison des plaies : 3, réussi
==> Soigne 7+6 PVs = 13.

Pour rappel, tant que tu n'auras pas mangé et dormi, tu subiras toujours le malus de -6 du post précédent à tous tes jets (INT et CHA mis à part)

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