[Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Kislev, pays de sombres forêts de conifères, d'étendues neigeuses et de steppes balayées par les vents, se trouve l'est de l'Empire. Pendant des siècles, il a été un rempart face aux incursions dévastatrices du Chaos venues du nord. Kislev est un allié fidèle et puissant de l'Empire, toujours prêt à envoyer ses troupes à son secours

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Dokhara de Soya
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Dokhara de Soya »

Dokhara préféra ne pas renchérir davantage aux paroles de Sreten, lui laissant bien volontiers le dernier mot tandis qu'il s'éloignait avec sa monture. Il n'avait été sensible ni à ses prouesses martiales, ni à ses mensonges, ni à ses sourires. Il se lançait dans de grandes questions philosophiques sur la justice de ses actes et de ceux des fils du vent, pour ensuite totalement ignorer les réponses qu'elle pouvait lui apporter. A sa plus grande déception, la vampire dut bien admettre qu'il n'y avait rien à tirer de ce grincheux personnage - mais après tout, il avait déjà prouvé pouvoir rester fermé à ses paroles en apparence, pour finalement agir en sa faveur quelques jours plus tard.

Descendant de cheval pour rejoindre Lucrétia, elle put observer les meilleurs résultats de son amante vis-à-vis de son public. Quand Dokhara avait quitté l'enceinte des mines, les gospodars se querellaient entre eux, leurs opinions divergeant sur l'attitude à tenir en réaction aux récentes révélations. Désormais, s'ils avaient conservé la même fougue vindicative, ils ne la dirigeaient plus les uns contre les autres, mais vers un objectif commun : demander des comptes à leur ataman.

Sa mère lui jetant un regard curieux, Dokhara haussa les épaules et s'assura qu'aucun curieux ne l'écoutait tandis qu'elle s'exprimait en reikspiel :

- Buté comme un âne : j'ai tenté plusieurs approches, et me suis systématiquement cassée les dents sur sa carapace d'amertume. Il dit ne pas vouloir qu'on fasse de l'ingérence dans son pays, mais j'ai des doutes à ce sujet : il est coincé le cul entre deux chaises, entre son respect du boyard et celui de son peuple. J'ai cependant pu confirmer certains de nos doutes en plus d'apprendre deux-trois choses intéressantes. J'ai du aussi épaissir un peu notre histoire commune pour donner le change : je te raconterai tout ça sur le trajet de retour.

Dokhara soupira pour la forme, observant Ivar qui rassemblait les gospodars sous sa bannière, et donc également la leur. Sans trop savoir comment sinon avoir suivi une succession d'opportunités, les voilà toutes deux désormais à la tête d'une petite révolution.

- A l'époque, à te voir toujours imperturbable en toutes circonstances, je croyais que tu n'étais jamais dépourvue de plan, d'une stratégie d'ensemble pour arriver à tes fins. C'était de l’esbroufe n'est-ce pas ? En fait, armée de suffisamment d'audace, d'orgueil et de volonté, tu te contentes d'improviser en suivant le vent, je me trompe ?

La jeune lahmiane fit un sourire énigmatique à sa génitrice.

- Ça me va si c'est ça, c'est encore plus amusant ainsi. Voyons à quel point deux petites impériales peuvent bouleverser un pays avec suffisamment d'audace.

Laissant échapper un gloussement réjoui, Dokhara s'approcha de sa consœur pour lui embrasser tendrement la joue.

Il était temps de rentrer victorieuses dans leur tirsa d'adoption, et d'y semer un peu de zizanie.


***


L'ivresse de la victoire était grisante.

Bien sur, Dokhara avait été de nombreuses fois le centre de l'attention de quelque foule : ne serait-ce que pour ses représentations musicales, lorsque le public applaudissait à tout rompre ses prestations avant de se battre pour avoir l'honneur de féliciter son talent. Mais cette fois c'était autre chose encore : elle était une héroïne. Ceux qui avaient accompagné les sœurs de fer aux mines d'Oulianovsk répandaient leurs louanges partout sur leur passage, le jeune Valenty en tête. Tout énamouré était-il, il contait encore et encore à qui voulait l'entendre les exploits de Silke et Ziska, leur bravoure, leur fougue, leur vaillance. Rendez-vous compte, deux étrangères qui permettent aux ungols et aux gospodars de mettre de côté leurs querelles intestines pour affronter leur ennemi commun. Imaginez un peu, comment Silke avait infiltré les murs ennemis pour leur ouvrir la voie, avant de se battre contre des ennemis en surnombre. Visualisez donc, la jeune et frêle Ziska en fer de lance de leur charge de cavalerie, pour aller affronter seule un brigand colossal faisant deux fois son poids.

Plus que le héraut annonçant ses victoires, Valenty restait avant tout aux yeux de la jeune femme un met de choix. Jeune et vigoureux, il retrouvait ses forces rapidement après chaque ponction dans son capital sanguin, et elle pouvait se nourrir de lui toutes les semaines sans qu'il ne s'en retrouve trop affaibli. Bien sur, sa consœur lui avait rappelé plusieurs fois qu'elle était désormais assez forte pour ne plus avoir besoin de se sustenter aussi fréquemment, mais pour Dokhara ce n'était pas tant une question de pouvoir que de vouloir. Pourquoi se refuser de satisfaire sa soif dès que l'occasion se présentait ? S'empêcher de s'amuser, voilà bien une philosophie qui ne lui ressemblait guère, et qu'elle ne laisserait personne lui imposer.
Le sixième jour de la semaine était bien entendu le plus difficile : c'était le dernier moment où elle devait refréner ses désirs, lorsque le jeune homme désirait rejoindre sa couche, et qu'elle se retrouvait à copuler sans pouvoir satisfaire son seul et unique fantasme : celui de planter ses canines dans sa gorge et de lui aspirer goulûment sa vitalité. Il lui arrivait alors de griffer le dos de son amant jusqu'au sang, puis de discrètement lécher la pointe de ses ongles humides d'hémoglobine : un palliatif ridicule qui la frustrait davantage qu'il ne la satisfaisait. Malgré tout, elle tenait bon : si elle n'appréciait guère l'attitude moralisatrice de sa mère, elle ne savait que trop bien la nécessité de contrôler ses instincts pour ne pas en devenir l'esclave.
Mais dès lors que survenait le septième jour, Valenty avait rarement l'occasion de prononcer plus de quelques mots au sein de la chambre de la lahmiane, que déjà elle mordait à pleines dents dans sa chair, pour mieux laisser échapper des râles de plaisir à chaque gorgée.
Elle avait hésité à se trouver d'autres amants pour compléter son apport nutritionnel, mais s'était résignée : l'expérience Chavo lui avait mis un peu de plomb dans la cervelle, et elle redoutait désormais l'effet d'une jalousie mal placée ou de querelles affectives dans son quotidien.

La journée, Lucrétia se gargarisait parfaitement de cette nouvelle admiration à son égard : impériale jusqu'au bout des ongles, elle acceptait les compliments avec la suffisance et l'orgueil de ceux qui se savaient dignes des louanges qu'on chantait à leur égard, à l'image du statut de déesse qu'elle possédait au sein du peuple strygani. Dokhara pour sa part restait plus réservée : quand bien même elle irradiait de bonheur dès lors qu'elle était le centre de l'attention du plus grand nombre, elle affichait pourtant une fausse modestie de tous les instants, faisant semblant de rougir aux flatteries, minimisant quelque peu les faits d'armes qu'on lui attribuait dans l'unique but qu'on ne la complimente que davantage encore. A la manière d'une politicienne en herbe, elle acceptait toutes les invitations à venir partager un verre ou un ragoût, et s'intéressait alors à la vie de chacun, posant des questions sur leur quotidien, mais surtout, sur ce qu'ils aimeraient voir être amélioré si la situation politique venait à évoluer prochainement. Le moment était au changement, et Ziska avait à cœur l’intérêt de tous : ou tout du moins le laissait-elle apparaître, sourire aux lèvres.

Bien sur, elle participa grandement à la propagation rapide des échos vantant leurs mérites : pendant plusieurs jours, elle avait travaillé à écrire une chanson épique narrant l'alliance des braves ungols, des courageux gospodars et de deux vaillantes impériales, pour lutter contre le mal qui gangrenait la vallée. La mélodie était simple, suffisamment pour hanter les esprits des voyageurs de passage qui pouvaient en retenir facilement le rythme et la teneur. Mais derrière son apparente simplicité se cachait un sous-texte évident vis-à-vis des événements à venir dans les semaines prochaines : l'alliance des héros avait été victorieuse, mais le mal n'était pas vaincu pour autant, et de nombreux autres combats restaient à mener encore, contre un ennemi tapi dans l'ombre. Les rumeurs se créaient aussi vite qu'elles mouraient : mais une chanson pouvait devenir éternelle si elle était correctement relayée.

La période de la raspotitsa achevée, l'isolement de Chilgir était maintenant un mauvais souvenir tandis que les routes se rouvraient progressivement au fur et à mesure qu'on les déblayait. Les changements politiques à venir avaient attiré une foule colossale d'invités dans la tirsa, et de nombreux commerçants avaient vite flairé les bonnes affaires à réaliser au milieu de pareil regroupement. Avec autant d'invités dans la ville, la petite auberge dans laquelle résidaient Lucrétia et Dokhara était bondée tous les soirs : la jeune lahmiane n'avait même pas à fournir d'effort pour réunir un public réceptif à ses chants.

C'était ici et maintenant que commencerait l'histoire des sœurs Zheleznaya au Kislev.

Elles avaient même acquis leur premier serviteur zélé : Bogdor, un vieil ungol dont la fille captive avait été libérée par leur initiative aux mines, et qui avait choisi en conséquence de leur prêter un serment de fidélité. Quand bien même ce fut fait avec discrétion, Dokhara ne manqua pas la grimace dépitée de sa consœur : elle n'appréciait guère le barbarisme et l'inculture de la société ungole, et sans doutes aurait-elle préféré un homme un peu plus fringant pour remplacer feus Marcus et Hans. En réponse, elle avait laissé glisser sa langue sur sa canine avec une moue provocante : si son amante ne voyait pas d’intérêt à la servilité de cet homme, la jeune femme l'imaginait très bien en gourde d'appoint - à consommer avec modération bien entendu, celui-ci n'ayant ni la vigueur ni la jeunesse de son fougueux amant.

Quelques semaines après leur retour, alors que l'agitation dans Chilgir avait atteint son paroxysme en présence d'une population multipliée par trois, Ivar Golovin avait invité les deux femmes dans sa bucolique isba : il était temps de préparer les dernières étapes qui pourraient mener à l'éviction d'Ilya Répine du pouvoir. Olga avait mis les petits plats dans les grands pour l'occasion, et c'était un repas aux allures de banque qui attendait les deux lahmianes. Si Lucrétia s'en donna à cœur joie, faisant ripaille de bonne chère et d'alcool sans grande modération, Dokhara se montra bien plus timide dans son alimentation : les satanées gousses d'ail démoniaques la provoquaient toujours avec leurs émanations toxiques, et ne serait-ce que résister à leur odeur nauséabonde demandait déjà un effort de volonté conséquent. Dans ces conditions, savourer des aliments revenait à tenter de profiter du gout d'un fruit avec deux étrons puants enfoncés dans les narines. Au milieu du repas, elle dut s'éclipser en prétextant un malaise passager, et profita aussi longtemps que possible de la douce fragrance naturelle de l'air extérieur, caressant négligemment le chien hirsute de la famille qui l'avait rejointe.

Fort heureusement, l'enfer finit par trouver une issue définitive lorsqu'Olga porta aux deux femmes des serviettes, et qu'Ivar les invita à le rejoindre dans le sauna. Trop heureuse de pouvoir quitter l'atmosphère des condiments maudits, Dokhara sauta sur l'occasion et empressa leur hôte de se diriger vers leur destination commune, se saisissant de la serviette à la volée et se ruant dehors.

Se retrouver régulièrement au sauna pour discuter d'affaires privées était une coutume bien installée au Kislev : ici, il était commun pour chaque habitant de s'y rendre une heure par jour. La nudité entre hommes et femmes n'y était pas dérangeante : loin des mœurs effarouchés de l'Empire, il n'y avait nulle gêne dans ce pays à se retrouver dans le plus simple appareil, tant que l'on restait dans le respect d'autrui. Se dévêtir publiquement n'avait d'ailleurs aucunement été la première problématique de la jeune lahmiane dans cette nouvelle interaction sociale : non, la difficulté était ailleurs. Encore toute jeune vampire, il lui arrivait fréquemment d'oublier de cligner des yeux, ou d'adapter le rythme de sa respiration à la situation dans laquelle elle se trouvait, ce qui ne manquait pas d'agacer Lucrétia qui maîtrisait ces artifices à la perfection. Le sauna comportait encore davantage de simulacres à mettre en place : il fallait non seulement adapter son souffle à la chaleur ambiante, mais également imposer à son corps blême de rougir avec vraisemblance. Respirer, cligner des yeux, changer son appui de jambe quand on est debout, tous ces réflexes humains étaient faciles à reproduire car même si on les faisait par automatisme, on pouvait malgré tout les contrôler, les réaliser consciemment. Rougir, c'était une autre affaire : c'était une réaction naturelle du corps face à une agression, qu'elle soit physique ou sentimentale. Un mécanisme sur lequel on a pas naturellement la main mise.

Lucrétia et elle s'étaient donc régulièrement rendues au sauna de l'auberge en pleine nuit, lorsque la clientèle dormait. Dokhara avait du s’entraîner des semaines durant, à y rester des heures et des heures pour y adopter des réactions humaines au fil du temps, sous l’œil attentif de sa mère éternellement insatisfaite par ses trop lents progrès.

Et encore, si seulement le rougissement de la peau était la seule difficulté ! En plus de cela, il faisait terriblement chaud dans un sauna, et en conséquence, un humain y restant plus d'une minute se mettait invariablement à faire ce qu'une vampire ne faisait pas : transpirer. Pour cela, Dokhara n'avait trouvé pour solution que deux artifices. Elle mouillait une partie de sa serviette avant d'entrer, et simulant l'essuyage de sa sueur, mouillait en fait sa peau pour lui donner un aspect luisant. L'autre astuce était tout simplement de verser davantage d'eau sur les roches volcaniques chauffant la pièce : en s'évaporant, cela augmentait le taux d'humidité de la pièce, permettant à quelques gouttelettes en suspension de se déposer naturellement sur son corps en une fine pellicule, imitant à la perfection l'aspect d'une transpiration naturelle.

Dokhara sourit mentalement en repensant à l'étonnement de Valenty après leurs premières nuits : il avait accepté avec une naïveté touchante son excuse : "les vraies femmes de l'Empire sont trop chics pour suer comme des animaux, mon cœur".

Quoiqu'il en soit, il était l'heure pour les deux sœurs et Ivar de se retrouver tous les trois, loin des oreilles indiscrètes : Ilya Répine devait tomber, pour qu'elles puissent s'élever.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 13 juil. 2020, 11:59, modifié 1 fois.
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Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Ivar Golovin se munit lui-même d’une grande serviette pourpre brodée d’arabesques et de vignes et franchit le seuil de sa demeure pour se rendre à l’extérieur, faisant signe aux deux étrangères de le suivre. Il traversa la petite cour en gratouillant la tête du chien hirsute qui trottina jusqu’à lui pour l’accompagner. Le vieil artisan boitait, probablement à cause d’une ancienne blessure reçue à l’époque où il effectuait son service saisonnier dans la rota du domaine. Il allait tranquillement, le pas ralenti par le copieux repas qu’ils venaient de prendre ensemble, et longea son atelier de sellier jusqu’au bosquet de bouleaux qui se penchait doucement sous la brise, sur la berge d’un ruisseau au lit de galet peu profond. Il faisait encore froid en ce début de printemps, mais Ivar ne semblait pas gêné. Le soleil se couchait à l’Ouest et le ciel de l’Oblast se teintait de rouges et d’oranges vifs. Là, au milieu des troncs noirs et blancs, un petit sentier serpentait entre des massifs de buissons aux fleurs pâles jusqu’à une sorte de hutte circulaire aux cloisons faites de peaux, de branchages compactés et de terre glaise et au sommet de laquelle se trouvait un petit conduit semblable à une cheminée et par lequel s’échappait une fumée claire. Un petit renfoncement rectangulaire s’avançait sur un côté de la hutte sudatoire, muni d’une porte en bois et faisant probablement office de sas où se changer. A l’entrée, au pied de la porte, se trouvait un petit autel qui se résumait à une statuette primitive en pierre représentant grossièrement un homme bras levés et tâché de cire fondue et des offrandes passées. Ivar saisit la petite cruche en terre cuite qu’il avait amenée avec lui et s’accroupit devant l’autel en grimaçant, raide. Puis il versa le contenu de la cruche sur la statuette en murmurant une prière, le tout sous le regard de son chien et probablement des lahmianes, et se releva enfin en jetant la cruche vide dans la nature d’un geste nonchalant. Il ouvrit la porte.

- « Ceux du Sud appellent cet endroit le banya. » dit-il lentement en invitant les imperinyi à l’intérieur, mentionnant probablement les habitants de la capitale kislévite. « Mais ici, nous l’appelons höyry, comme les roppsmens de jadis. Comme nous, les esprits viennent se détendre ici et profiter de la vapeur chaude lorsque le froid mord dehors. Le Grand Bannik est le plus capricieux. Toutes les trois eaux, il fait lui laisser la loge, car il préfère être seul. Quiconque le dérange termine ébouillanté et découpé en morceaux. On raconte que Dazh lui-même lui laisse utiliser son bain chauffé par les rayons du soleil. » expliquait-il en parlant à moitié dans sa barbe, un peu engourdi.

Il fit signe au chien de rester dehors et entra ensuite dans le petit vestibule, en se baissant car le plafond était très bas. Il faisait déjà chaud dans cette pièce, plus encore lorsqu’il referma la porte. Quelqu’un avait visiblement préparé la hutte en vue de son utilisation le soir venu. Dans la pénombre, Ivar se dévêtit alors entièrement et sans gêne aucune, laissant ses affaires et la serviette dans un meuble prévu à cet effet. La vision nocturne affûté des vampires leur permettait de voir ce corps usé, décoré ça et là de tatouages représentant des animaux fabuleux tout en volutes et en courbes. Il poussa enfin la porte de la hutte à proprement dite et laissa les deux femmes y entrer avant de refermer derrière lui. A l’intérieur, l’obscurité était presque complète. Le sol était fait d’un sable fin et compact et, dans un coin, de gros galets ronds chauffaient au-dessus d’un poêle semi-enterré alimenté depuis l’extérieur. De simples bancs étaient disposés en cercle dans cet habitacle réduit et Ivar pris place sur l’un d’eux avec un soupir de vieillard. Sans attendre, il se saisit d’une louche plongée dans un bac d’eau et arrosa copieusement les galets brûlants en psalmodiant une autre prière. Les pierres sifflèrent et la vapeur satura immédiatement la hutte avec une moiteur brûlante. Le maître sellier-bourrelier réitéra l’opération plusieurs fois jusqu’à ce qu’il fasse une chaleur infernale et que l’air soit aussi épais que du beurre. Enfin, alors, il parle en s’appuyant contre la cloison pour profiter pleinement de la sudation.


- « Selon les coutumes de la vallée, le peuple peut invoquer le Jugement des chefs. Il en va ainsi lorsque les mécontents sont nombreux et qu’ils souhaitent contester l’autorité de ceux qui les dirigent. Depuis des années maintenant, l’indolence d’Ilya Répine a coûté cher à Chilgir et aux autres tirsas de la vallée. Une ère nouvelle commence, il est tant d’en finir avec cette affaire. » dit-il les yeux fermé, massant doucement sa jambe douloureuse.

Aucun bruit ne filtrait de l’extérieur, les trois conspirateurs étaient enfermés dans un monde de brouillard, de chaleur, d’humidité et de manigances.


- « Je connais Ilya Répine depuis mes plus jeunes années. Nous avons appris notre métier auprès du même maître et nous avons combattu ensemble pendant la Poussée de Printemps de la Tempête du Chaos, et toutes celles qui ont suivies. Mais il m’a un jour trahi, désavoué alors que j’allais être nommé à la tête de la staya des Selliers-Bourreliers. Grâce à ses soutiens il a été choisi à ma place et est komizar depuis. Ursun m’en soit témoin, je n’éprouve aucun remords à invoquer le Jugement contre lui. Je le fais pour le bien pour l’avenir de Chilgir et de ses habitants, pas par ambitions personnelle. »

Disant cela, il saisit la louche pour remettre de l’eau sur les galets et épaissir plus encore le nuage de vapeur au milieu duquel ils se trouvaient. Il se plia un peu ensuite, les coudes sur les genoux, pour expliquer la suite des évènements aux deux citoyennes impériales.

- « Les débats seront animés par le Juge, un membre de l’assemblée désigné au hasard. Son nom sera oublié le temps de l’audience, car il personnifiera la justice de l’Oblast et la volonté des esprits. Ensuite ce sera au représentant de l’accusateur de parler, puis au représentant du défendeur. L’assemblée exprimera son soutien pour l’une ou l’autre partie et le Juge désignera le gagnant. Si c’est le défendeur, l’audience sera terminée et la même autorité ne pourra pas être contestée avant le printemps suivant. Si c’est l’accusateur, alors aura lieue l’Ordalie. Accusateur et défendeur devront s’affronter dans un combat à mort, personnellement ou par l’intermédiaire de leurs champions. Celui dont le champion mordra la poussière devra s’exiler pour toujours, tandis que l’autre prendra la tête de la tirsa et de toute la vallée. »

Ivar leva le bras pour saisir une vihta, une sorte de martinet composée de plusieurs jeunes rameaux de bouleau ficelés ensemble. Il se flagella plusieurs coups secs dans le dos à l’aide de cet instrument, passant au-dessus d’une épaule puis de l’autre, se claquant le cuir sans faiblir probablement pour favoriser la circulation sanguine. De telles vihta se trouvaient aussi à portée de Lucrétia et Dokhara.

- « Si je vous ai convoqué ici pour m’entretenir avec vous à ce sujet, c’est pour demander votre assistance. » dit-il d’un ton plat. « Vous êtes mes alliées, et avez contribué au succès de l’attaque d’Oulianosvk. Les gens vous admirent, et vous écouteront. De mon côté, je suis âgé désormais. Si le bras d’Ilya Répine est affaibli par la vieillesse, le mien l’est aussi. Des champions s’affronteront à notre place. L’une de vous doit parler pour moi, l’autre se battre pour moi. Ensemble, nous chasserons l’ataman. » lança-t-il enfin, avant de rester un instant silencieux. « Si vous aidez les Golovin, je vous promets de grandes richesses, en plus de mon soutien lorsque je serai ataman et komizar.»
Test d’Int de Dokhara (+1, Empathie) : résultat caché.
Pour les tatouages d’Ivar, et plus généralement ceux des gens de la région, tapez dans Google image « scythian tatoo »
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

Lucretia emboîta le pas d’Ivar et le suivit à l’extérieur de la maisonnée. Au-dehors, la nuit commençait à s’appesantir sur le monde, dotant le ciel de couleurs comme elle en avait rarement vu dans l’Empire. Le rouge et l’orange se disputaient au bleu foncé sur l’horizon lointain, en un magnifique coucher de soleil qui, à l’aube de sa mort, illuminait le Kislev une dernière fois. La pente légère qui s’avançait vers un petit ruisseau en contrebas permettait d’accéder à toute l’étendue du paysage, mais le dénivelé invitait également un vent froidureux à souffler sur la région en toute impunité. La brise caressa le pelage d’un chien que leur hôte tapota affectueusement sur la tête, et l’animal, joyeux, les accompagna jusqu’au sauna.

A l’entrée de celui-ci, un léger picotement désagréable rampa sur la peau de la Lahmiane. Abaissant le regard, l’Immortelle nota qu’un petit autel avait été érigé dans un étroit renfoncement. Une statuette en pierre, grossière, se tenait dressée là, et la jeune femme se demanda s’il s’agissait de la représentation divine d’Ursun ou de Dazh. Dans la mesure où Ivar se mit à doucher l’effigie à l’aide d’un petit pichet, Lucretia écarta tout simplement la dernière option. Silencieuse, elle respecta la prière que l’homme adressa à ses déités, ou plutôt ses esprits, tel qu’il l’expliqua ensuite. Oui, banya, le mot n’était que rarement utilisé, mais elle l’avait déjà entendu quelque part. Et höyry également, quand bien même dut-elle chercher dans sa mémoire afin d’en retrouver les origines. Il ne s’agissait assurément pas d’un mot qui prenait ses racines dans le reikspiel… Et probablement pas dans la langue du Kislev. Des images de fumées et de buées légères lui vinrent à l'esprit, spontanément.

« Vapeur », lança-t-elle alors à haute voix en kislévarin, satisfaite d’avoir déduit la traduction d’un mot d’origine ungole, probablement.

Abaissant la tête, la Lahmiane entra dans la cahute. Une pénombre pleine de chaleur se referma sur elle ; le sauna avait été spécialement apprêté pour le petit groupe. Imitant Ivar, Lucretia se déshabilla et déposa sa vêture sur un coffre, puis pénétra dans la pièce centrale du höyry. A l’intérieur, l’obscurité était presque totale. Lucretia ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil à son amante, lui offrant un petit sourire amusé. Toutes ces heures passées à s’entraîner dans le noir et une étouffante touffeur, et cela afin d’adopter un comportement des plus crédibles, que pour mieux être récompensée par les ténèbres.

« Au moins, te voilà dans ton élément naturel, ce qui t’aidera à paraître encore plus vraie que nature », lui glissa-t-elle en reikspiel. Cela n’était pas pour autant une mauvaise chose, car la simulation avait toutes ses chances d’être acceptée, pour peu qu’Ivar y prêtât véritablement attention. Ce dont elle doutait fortement.

La vampire observa leur hôte, l’espace d’un fragment de seconde. Un humain, à n’en pas douter. Son corps décrépissait de jour en jour. Ses épaules se courbaient lentement mais sûrement vers l’avant, sa colonne vertébrale s’arquait inexorablement comme son dos se voûtait selon le même angle, et sa peau se colorait de petites taches blanchâtres ou brunes. Nombre de tatouages illustraient ses chairs, mais cette dernière n’avait tendance qu’à trop se friper, et les motifs s’étaient délavés avec le temps. Les prémices de la vieillesse, dans toute sa magnificence. Et c’était sans compter sa jambe un peu raide qui lui faisait traîner la patte.

L’endroit n’était pas bien grand, et une certaine promiscuité invitait les uns à s’asseoir non loin des autres. Pieds nus, Lucretia enfonça ses chevilles dans un sable fin et chaud ; voilà qui n’était pas désagréable. S’emparant d’une louche, Ivar versa de l’eau sur les pierres brûlantes qui se mirent à cracher une vapeur montante. L’air sec devint bientôt humide, et, si l’obscurité altérait déjà la vision, des milliards de gouttelettes en suspension achevèrent de la brouiller pour de bon.

Chafouine, Lucretia laissa sa main courir le long du banc avant de lui faire rencontrer la peau de sa consœur. L’air de rien, elle décrivit quelques caresses sur ses genoux, sur les bords de ses cuisses, puis ses doigts se glissèrent sur le versant intérieur. Ivar prit alors la parole, leur expliquant les coutumes de son pays.

Effectivement, il existait bel et bien un recours qui leur permettrait d’évincer Ilya Répine de sa position actuelle ; le Jugement des Chefs. Le procès prenait place lors d’un débat où s’opposaient deux orateurs, l’un tâchant d’incriminer l’accusé tandis que l’autre s’efforçait de le défendre. La partie de l’accusateur se devait toutefois de remporter deux victoires là où celle du défendeur n’en demandait qu’une seule. Pour ces premiers, le débat devait être gagné, puis un combat à mort entre deux champions représentant leur cause. Lucretia, effleurant toujours la peau de son amante de manière distraite, hocha la tête. Elle imaginait parfaitement la scène et tout ce que cela impliquait. L’une d’elles devrait animer le débat, vilipendant Ilya Répine afin de s’attirer les faveurs de l’opinion et du juge tandis que l’autre jouerait sa vie dans l’arène.

Lucretia laissa échapper un doux soupir fataliste et relâcha la tension de son dos qui l’avait maintenue droite jusque-là, apposant ses épaules contre la paroi. Elle pivota légèrement la tête en direction de Dokhara et la contempla du coin de l’œil, longuement. Un combat, la mort, et cette soirée dans ce sauna. Son acuité visuelle lui permettait de traverser le brouillard omniprésent dans la pièce. La crinière de sa fille avait gonflé sous les effets de l’humidité, et de longues mèches rousses retombaient çà et là autour de son visage et sur ses épaules. L’on eût dit comme une couverture échevelée qui, à sa manière, découvrait bien davantage de sa peau nue qu’elle n’en dissimulait véritablement. Et toutes ces perles d’eau en suspension dans ses crins flamboyants ne magnifiaient que plus encore le portrait. Oui, se dit la Lahmiane en continuant de la mirer, la scène revêtait des atours poétiques.

Tête rejetée en arrière, appuyée contre la cloison, long regard du coin de l’œil, et voix fataliste, adoucie par le tableau, presque triste :
« Je prends le combat ? » demanda Lucretia à sa consœur.

Quelques questions supplémentaires : Ivar sait-il qui sera le défenseur, et qui sera le champion ?
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Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
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Dokhara de Soya
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Dokhara de Soya »

Dokhara prêta attention aux explications d'Ivar sur une énième histoire d'esprits : ungols comme gospodars, tous ne juraient que par ces petits êtres invisibles qu'il fallait respecter et craindre, sous peine de subir toujours davantage de malheurs. La jeune rouquine retint donc le nom du "grand Bannik" tout comme elle avait tenté de retenir les appellations de ses innombrables semblables : si elle voulait s'intégrer ici, si elle voulait que sa parole ait du poids auprès des locaux, respecter les mêmes coutumes qu'eux était essentiel. Se moquer des esprits, c'était se moquer de leur culture, et il ne pouvait y avoir de meilleur moyen de se faire des ennemis que de sous-estimer l'attachement stupide d'un peuple à ses superstitions.
Mais si la lahmiane retenait ces croyances et s'assurait de les respecter en présence de témoins, elle n'y accordait aucune importance personnelle. En devenant vampire, elle s'était détournée du panthéon impérial, décidant que plus jamais sa vie ne reposerait dans le creux du caprice des dieux : ce n'était certainement pas pour craindre désormais quelques manifestations éthérées mineures qui devenaient colériques lorsqu'on leur refusait la priorité au sauna.

Sitôt la minute spirituelle achevée, Dokhara suivit l'exemple d'Ivar et de Lucrétia, retirant méthodiquement ses habits. Elle simula quelques tremblements sur la fin, alors qu'un vent frais printanier venait caresser sa peau.

- Vous devriez venir me voir à l'auberge Ivar, lâcha t-elle souriante après que ce dernier se soit retrouvé entièrement nu. Je pourrais redonner un peu de vie à vos plus anciens tatouages que le temps a terni si cela vous intéresse.

En entrant à l'intérieur de la hutte sudatoire, Dokhara ne sut si elle devait ressentir du désarroi en observant les spécificités du höyry : contrairement au sauna mis à disposition par l'auberge de Chilgir, celui-ci restait dans une pénombre presque totale. De plus, Ivar dès son entrée arrosa tant et si bien les pierres volcaniques brûlantes que l'air devint très rapidement chargé d'une humidité pesante, se traduisant par le dépôt d'innombrables gouttelettes sur son corps nu. Dans ces conditions, il était évident que son apparence humaine ne pourrait trahir la moindre faille ; mais alors qu'elle était si fière de pouvoir montrer à Lucrétia la qualité de son illusion, parfaite par des heures de travail acharné, cette victoire facile avait des relents d'amertume. Cette déboire fut bien évidemment accentuée par son amante qui n'avait rien raté de ses espoirs douchés, et qui vint finir d'arroser le dépit de sa fille par quelques gouttes de moquerie gratuite.

S'asseyant aux côtés de sa génitrice tandis qu'Ivar créait toujours plus de vapeur dans la hutte, Lucrétia ne perdit pas de temps en laissant sa main venir se perdre sur les jambes de sa fille. Comme toujours avec Lucrétia, sa concupiscence était directement alimentée par l'efficacité de son persiflage sur sa victime favorite. Lorsque ses doigts vinrent s'égarer à l'intérieur de ses cuisses, Dokhara lui concéda un sourire en coin qui laissa dépasser une canine agressive de ses lèvres. Mais lorsqu'Ivar termina ses préparatifs et s'installa contre la cloison de la hutte, les mouvements de Lucrétia se firent plus distraits, tout comme l'attention de Dokhara à leur égard : ce qui allait se jouer méritait toute leur concentration.

Ainsi, Ivar leur détailla le déroulement à venir du Jugement des chefs. Deux étapes cruciales permettraient de destituer Ilya Répine : la première se remporterait pas les mots, et la seconde par l'épée. Ivar requérait leur aide car leur réputation n'était plus à faire dans la vallée, et il était convaincu qu'elles sauraient être les championnes des deux épreuves à venir, en échange de quoi il leur promettait déjà monts et merveilles pour les récompenser de sa future accession au pouvoir.
L'artisan n'était pas un mauvais bougre. C'était un homme simple, aux émotions brutes de décoffrage : s'il avait fait montre d'une animosité inutile envers les ungols prétendument responsables de tous ses malheurs, il avait aussi su reconnaître ses torts lorsque les faits avaient contredit ses accusations, et enterrer sa dignité pour remercier le clan Kossuth dont l'aide avait été salvatrice dans leur entreprise commune. Dokhara ne ressentait nulle ambition dévorante derrière l'apparente sincérité des mots du gospodar : pour elle, il était évident qu'il pensait bel et bien à l'avenir de Chilgir avant son profit personnel. Aussi, elle avait toute confiance en sa parole lorsqu'il annonçait vouloir les récompenser dignement en cas de victoire. A ce sujet, si quelques ducats ne seraient jamais de trop, c'est surtout de son soutien politique qu'elles auraient besoin si elles comptaient étendre progressivement leur influence à Zoïshenk.

Cherchant à croiser le regard de Lucrétia pour échanger muettement leurs impressions, elle eut la surprise de voir son amante qui la dévisageait déjà de ses pupilles émeraude. Avec l'humidité, sa chevelure bouclée se mettait à friser davantage encore qu'au naturel, lui donnant une apparence désordonnée qui semblait satisfaire les goûts de son amante. Alors que les deux anciennes baronnes se ressemblaient finalement beaucoup en plein jour, lorsque vêtues de leurs grands manteaux, ici leurs différences ne s'exprimaient que davantage encore. Sous l'effet de l'humidité notamment, la crinière cuivrée de Lucrétia réagissait très différemment à celle plus flamboyante de sa consœur : ses cheveux s'aplatissaient, perdant leur relief pour tomber bien droits, et avec sa tête rejetée en arrière ils avaient la liberté de descendre de toute leur longueur sur son dos jusqu'à ses fesses. Pourtant, les bouclettes de la jeune femme ne s'élevaient toujours pas assez haut pour dépasser sa génitrice : plus menue d'une dizaine de centimètres, l'ex-baronne de Bratian la dépassait toujours, même assise. Dans l'obscurité de la hutte, sa nudité laissait libres ses courbes gracieuses et élégantes qui, pendant l'hiver, étaient réprimées par plusieurs couches de vêtements, là où Dokhara perdait l'illusion de l'épaisseur des fourrures pour n'afficher que de timides reliefs. La peau blanche immaculée de son amante ne trahissait aucun défaut, aucune imperfection, tandis qu'on devinait sur la sienne ses tâches de rousseur, ses cicatrices, et un long tatouage strygani sur son bras droit que même l'obscurité et la vapeur ne pouvait dissimuler.

Si similaires à première vue, si différentes dans l'intimité.

- Au vu de tes exploits remarquables en la matière, il me semble en effet judicieux que tu prennes ce rôle Silke. Ce qui me laisse donc le duel d'éloquence... Ivar, quelle est la méthode exacte de désignation du Juge ? Puis-je être certaine de l'équité du hasard que tu prônes, ou bien Ilya pourrait influencer les chances que soit nommé un sympathisant à lui ?

Alors qu'elle lui posait ses questions, elle constata qu'Ivar se fouettait le dos avec une vihta : quand bien même l'idée de l'imiter ne lui déplaisait guère, sa vitesse de régénération surnaturelle avait tendance à faire disparaître les plaies bien trop rapidement pour que cela ne soit pas suspect. De toutes manières, ce n'était pas comme si la qualité de sa circulation sanguine était encore à l'ordre du jour.

- Je prend également tout conseil sur la manière d'étayer mon argumentaire, Ivar. Tu vis dans la vallée depuis longtemps, tu sais mieux que moi si certains sujets risquent de se retourner contre moi, et si d'autres me feront facilement gagner les faveurs de l'assemblée : je sais d'expérience que la vérité seule est parfois insuffisante si l'on commet des impairs dans la façon de la présenter.

En parlant, Dokhara remarqua que Lucrétia avait finalement été assez avare de mots, elle habituellement si éloquente en toutes circonstances. Adossée à la paroi, la tête en arrière, laissant échapper des soupirs qui ne lui ressemblaient pas, elle semblait se laisser aller à une certaine... mélancolie ? Même ses caresses sur sa cuisse étaient devenues plus désordonnées, distantes, accomplies sans plus de taquinerie intentionnelle mais par simple réflexe mécanique. Réalisant cet étrange comportement, Dokhara réagit sans vraiment réfléchir : elle saisit la main de sa consœur au creux de la sienne, et la serra affectueusement, son pouce caressant le creux de sa paume.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 19 juil. 2020, 18:03, modifié 1 fois.
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Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


Awards \o/
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Ivar se flagella plusieurs fois avec sa vihta, prenant son temps pour répondre, puis relança une louche d’eau sur les pierres et disparu presque totalement dans le nuage de vapeur qui s’ensuivit. L’air dans la hutte était si chaud qu’un humain normalement constitué et peu habitué pouvait difficilement le supporter.

- « Le Juge est désigné par les esprits du vent, qui sont ceux qui protègent l’Oblast et veillent sur ses habitants depuis l’aube de temps. » dit-il d’un ton plat. « L’ataman se place au centre de l’assemblée et lâche une plume de faucon. Le vent souffle alors vers la personne qu’il a choisi, et celle sur laquelle la plume se pose deviendra le Juge jusqu’à l’issue de la cérémonie. Personne ne peut remettre de choix en cause car les esprits seuls connaissent le cœur des hommes et sont capables de tisser leur destinée. »

Se saisissant alors d’une sorte d’un strigile en bois, Ivar entreprit de se racler la peau des bras et des jambes pour se nettoyer des impuretés.

- « Ilya sera défendu par Feterq, le prêtre d’Ursun. Il a fait ériger un nouveau temple et plusieurs autels dans la vallée et ne manque jamais de donner de grands banquets pour célébrer le Jour de l’Eveil et le Dernier Festin. Il a la confiance du culte qui le soutient depuis de nombreuses années. » Les lahmianes se rappelaient probablement du « Khoroshaya zhertva » donné en l’honneur du Dieu-Ours et auquel elles avaient assisté. « Ilya Répine est un homme populaire. Chilgir est connue dans tout le Kislev pour sa production de selles, de harnachements et d’articles en cuir. Nous possédons ici un savoir ancestral que tous nous jalousent. L’ataman a œuvré auprès du Grand-Komissar pour obtenir des licences moins coûteuses à nous autres, artisans, et pour faire baisser les taxes sur nos productions. C’est ce qui a contribué à la richesse de la vallée. Mais pour se faire il a du céder aux autres stai et fait le mécontentement des chasseurs et des éleveurs. Par dévouement envers Ursun, il a toujours refusé de faire défricher les bois qui entourent la tirsa pour ouvrir de nouveaux pâturages, et ils laissent ceux existant en proie aux keselyü par la stai des Maquignons. Les éleveurs, majoritairement ungols, se disputent entre eux chaque saison pour savoir où faire paître leurs bêtes et ces querelles ont coûtés de nombreuses vies. Les ungols, en particulier, considèrent que les tords qui leurs sont faits par un individu sont la responsabilité de toute sa famille. Barbares … » ne put-il s’empêcher de lâcher. « Le braconnage est un véritable problème ici. Parce que les droits de chasse imposés par la stai des Trappeurs sont trop élevés, les chasseurs vont jusqu’aux Crocs de Shargun pour trapper sans autorisation et revendre leurs prises sous la cape. Ils sortent même parfois de la vallée, jusqu’au domaine de Goranitch ce qui pose de nombreux problèmes avec son boyard. Pavel est déjà venu ici pour rencontrer Zsolt Tarmà afin d’éviter un différend qui aurait coûté beaucoup. D’autant que Tarmà a toujours voulu une excuse pour saisir la vallée. Maintenant, chaque braconnier attrapé ici est immédiatement pendu mais cela ne les empêche pas de continuer. »

Les informations délivrées par Ivar étaient nombreuses et certaines plus pertinentes que d’autres, mais l’ancien continuait son discours sans souffrir des questions, ni cesser de nettoyer son corps abîmé à l’aide de son strigile.

- « L’ataman a toujours veillé à lé sécurité de la vallée et organise depuis des années de grandes battues au printemps, sur les contreforts des Crocs de Shargun, pour en chasser les monstres, les hommes-bêtes et toutes les engeances maléfiques qui peuvent nous menacer. Mais il n’a rien fait contre les bandits venu d’Oulianosvk, au Nord. Beaucoup ici le lui reprochent, même ses anciens soutiens parmi les artisans comme moi. Avec l’âge, il s’est amolli et a accordé plus d’importance à la religion et aux affaires qu’à la protection de son peuple. Chilgir est menacée. Les bandits ont été vaincus grâce à nous, mais les dangers sont encore nombreux et ne font que s’alourdir. On parle de nouvelles incursions au Nord du domaine et il est facile pour les kyazaks de traverser la steppe pour venir jusqu’ici. Il faut le remplacer par un homme fort, capable de faire régner l’ordre et de tenir tête aux bandits comme aux vautours de Goranitch. » dit-il enfin en serrant le poing.

Dans le nuage de vapeur, Lucrétia pu le voir approximativement tourner la tête dans sa direction.


- « Quant à son champion … Ilya compte parmi ses plus proches alliés un Kadar qu’il accueillit dans sa maison après l’avoir sauvé au Nord de Zamak Spayenya, il y a de nombreuses années, lorsque nous étions tous les deux jeunes, amis, et servions dans la rota comme le veut la loi. J’étais là. » dit-il en laissant passer quelques secondes, comme se replongeant dans ses souvenirs. « Alors sous la bannière du boyard Igor, nous venions d’exterminer un groupe de pillards qui s’en était pris à un campement ungol. Il ne restait rien, que des carcasses fumantes et des chevaux éventrés. Et caché derrière l’un d’eux : un petit garçon. Ilya le prit sur sa selle, devant lui, et l’a ramené ici. Ce petit s’appelait Gër et vécu dans la famille d’Ilya qui l’éleva comme l’un de ses propres fils. Gër n’est jamais revenu parmi les Kadar. Il est devenu un guerrier redouté et a servit pendant des années dans la rota. Il est redoutable et tout le domaine connait son nom. Ungol devenu gospodar, les siens le méprisent mais le craignent également. Il porte deux épées au combat, très peu d’armure, et est si rapide qu’il peut tuer plusieurs ennemis en un clin d’œil. Nombreux sont les kyazaks qui ont cru en une proie facile en voyant ce petit homme, mais ils l’ont tous amèrement regrettés. C’est lui qui défendra Ilya Répine demain, si le Juge ordonne de passer au combat. »
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

La culture impériale avait probablement quelque chose à envier à celle de sa voisine du nord. S’il pouvait peut-être être difficile de déterminer avec précision, d’emblée, ce qu’il manquait, Lucretia détenait désormais la réponse. Des saunas. D’ordinaire, la Lahmiane ne ressentait que trop peu les altérations de température. Qu’il fît chaud ou glacial, peu lui en chalait, cela ne changeait rien à sa condition. Tout au plus ; si le froid prévalait, sa peau empruntait ce même état. Mais si le temps venait à s’abeausir et l’air à se réchauffer, alors le corps de l’Immortelle, ou plutôt sa chair, faisait de même. Mais si la jeune femme le désirait, elle pouvait se focaliser sur ces sensations, s’ouvrir au monde, et en comprendre sa perception. Là, en l’occurrence, elle en appréciait toute la subtilité.

Paupières closes, Lucretia demeurait là, la tête presque renversée en arrière, crâne appuyé contre la paroi. Sa main s’était mêlée à celle de Dokhara, qui la pressait contre la sienne. Elle imaginait sans souci aucun toutes les myriades de petites particules en suspension qui flottaient dans les airs, toute cette condensation environnante qui, alors chaude, se décomposait immédiatement en gouttelettes sitôt qu’elle effleurait la peau fraîche de la vampire. Cela ruisselait par la suite sur ses joues, le long de son nez ; sur ses épaules, puis dans son dos. Presque, cela s’apparentait à des caresses d’un nouveau genre, le tout embué d’un souffle très chaud qui, quand bien même ne pouvait-elle pas le ressentir véritablement, détendait les muscles, sinon l’esprit. Mais cela ne l’empêchait pas pour autant d’écouter tout ce que leur hôte avait à leur dire. Et du bavardage, il en avait bien trop dans sa besace.

Sa consœur avait posé les bonnes questions ; quels pouvaient être les potentiels facteurs qui joueraient en leur défaveur ? Mais elle doutait que tout ce qui avait attrait au commerce, à la chasse, au braconnage, et au travail du cuir pussent constituer des éléments d’intérêt au sein de leur plaidoyer. Lucretia nota toutefois plusieurs détails.

Il serait impossible d'influencer la dénomination du juge. Une plume serait lâchée par l’ataman, et seul le vent serait en mesure de la pousser quelque part, jusque devant les pieds de n’importe quelle personne. Et quand bien même Lucretia aurait pu désigner à voix haute quelque gospodar que ce fût que… Elle ouvrit soudainement les yeux et se redressa, avant de se laisser retomber en arrière, nonchalante. La Lahmiane avait déjà imaginé l’intégralité de la scène.

Une matinée nuageuse, les différentes parties sont convoquées sur la place de la ville. La foule s’est massée au pied de l’esplanade car, depuis une semaine, le sujet est sur toutes les lèvres ; le potentiel exil de l’ataman, Ilya Répine. Zilka est présente, prête à en découdre avec le défendeur. Sa sœur, Silke, se recueille dans la chambre qu’on leur a gracieusement cédée pour tous les efforts qu’elles ont fournis à l’égard du peuple de Chilgir. Elle prie ses dieux, se préparant pour le combat à venir.

Drapé dans ses plus beaux atours, Ilya Répine lève une main bien haute, tenant une plume immaculée. Le visage grave et respectueux, il la lâche dans un geste solennel. Une douce brise souffle sur la place et emporte avec elle la plume qui se met à danser lentement dans les airs. Un éclair noir fuse alors devant l’assistance ; la plume se fait happer. Une corneille noire apparaît à sa place, portant l’objet dans son bec. Elle volette innocemment un instant, tourbillonnant dans l’air froidureux du matin. Mais les dieux ont parlé, bien que d’une voix avec laquelle ils n’ont jamais eu recours jusqu’à présent, et Répine déglutit amèrement. La corneille vient de déposer la plume au pied d’un de ses plus grands rivaux.


Dans le sauna, la mélancolie l’avait subitement quittée ; un petit sourire amusé se greffa sur les lèvres de Lucretia. Cette question venait probablement d’être réglée, en fin de compte. Elle analysa la suite.

Le défendeur ne serait pas autre qu'un de ces humains zélés que l’on nommait plus communément prêtres. Un certain Feterq, prêtre du dieu ours, se porterait à la barre. Que pourrait-elle faire pour le déstabiliser, lui faire perdre la confiance ? Les hommes, et particulièrement en ces terres aussi reculées que le Kislev, avaient pour eux la singularité d’être extrêmement superstitieux. Ivar lui-même ne faisait pas exception ; prière devant des icônes, esprits, croyances profondes envers des coutumes barbares… Quid d’un fanatique qui avait voué sa vie à vénérer la réincarnation divine d’un ours ? Aller en chasser un, ou deux, et déposer les carcasses encore fumantes devant le village, au vu et su de tous ? Cela pourrait être assez pour marquer les esprits et déstabiliser les principaux concernés.

Quant au champion lui-même, Lucretia ne se faisait pas d’illusion ; elle le vaincrait comme les autres. Mais après tout, la prudence restait de mise ; elle n’était pas à l’abri d’une mauvaise surprise. Pour cet individu, l’empoisonnement devrait suffire. Certes, pas une toxine qui l’emmènerait aux portes de la mort, ce qui serait bien trop visible, mais quelques herbes et racines qui, dilués à sa nourriture, lui provoqueraient des douleurs intestinales, des ballonnements, ou même quelques vertiges. Peut-être que, pour la première fois, les heures passées auprès de Tsinep lui serviraient enfin.

Je pense que c’est bon pour moi niveau interrogation. A voir si l’on peut manigancer durant la nuit ce que j’ai imaginé (ou ce que Dokhara suggérera, à voir son post)
Au cas où, je reste dans le sauna encore un moment avec elle si jamais Ivar décide de s’en aller, pour discuter de tout cela ou pour d’autres choses. C’est bien trop rare dans l’Empire pour que nous n’en profitions pas. :smirk:
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 20 juil. 2020, 20:21, modifié 1 fois.
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Dokhara de Soya
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Dokhara de Soya »

Dokhara fut rassurée en comprenant que l'attitude de Lucrétia n'était due qu'à un relâchement de sa posture, un désir de se laisser aller à profiter des sensations offertes par le höyry, et non pas à une perte de détermination. Contrairement à elle, la jeune vampire n'arrivait pas à ainsi se détendre : les enjeux à venir excitaient son intérêt, et c'était bien droite sur son banc, muscles tendus et esprit en ébullition, qu'elle écoutait en détail tout ce qu'Ivar avait à lui apprendre.

Lorsque le vieux gospodar expliqua la méthode de désignation du juge, elle jeta un coup d’œil curieux à sa consœur, lui posant la question muette de sa capacité à agir sur le destin à l'aide de quelque magie. A travers la brume, elle perçut son amante les paupières toujours closes mais avec un sourire narquois magnifiquement dessiné sur son visage. Il ne lui en fallut guère davantage pour comprendre que Lucrétia saurait convaincre les "esprits du vent" de faire un choix qui leur serait favorable.

Néanmoins, alors que l'esprit de Lucrétia chercha également un moyen d'affaiblir le prêtre d'Ursun qui s'opposerait à Dokhara lors de la joute verbale, elle préféra réfléchir de manière plus conventionnelle, cherchant dans l'avalanche d'informations fournies par Ivar des angles d'attaque et de défense pour le jugement à venir. Éleveurs et chasseurs étaient insatisfaits de la gestion de Zoïshenk, et pourraient faire des alliés de circonstances faciles à persuader, car leurs problèmes de taxes les opposaient aux artisans favorisés, et ceux concernant les bois alentours les mettaient en conflit direct avec les plus fervents croyants du dieu Ours. Mais soutenir un camp, c'était aussi risquer de s'attirer les foudres d'un autre : il serait nécessaire de marcher sur des œufs tout au long du Jugement.

Bien sur, l'angle d'attaque le plus évident serait la passivité d'Ilya face aux récentes menaces ayant plané sur Chilgir. Sur ce point il serait facile de rallier la majorité : les dégâts des pillards avaient lourdement affecté de multiples familles, et la facilité avec laquelle ils avaient été vaincus n'ajouterait que davantage de grain à moudre sur la responsabilité d'Ilya dans le nombre de pertes humaines qui auraient pu être évitées. En ce sens, la jeune fille avec laquelle Dokhara s'était liée d'amitié, celle qui avait survécu à la destruction de son village, pourrait être un parfait catalyseur émotionnel pour l'assemblée qui l'écoutera...

Remarquant qu'un long silence s'était installée, elle décida de conclure l'entrevue en remerciant Ivar pour ses informations, et la confiance qu'il leur portait. Les deux sœurs devaient désormais se préparer pour le Jugement des chefs, dans l'intimité.

Post court, car je ne souhaite pas spoiler ce que Dokhara pourra dire ou non lors du jugement :mrgreen:
Comme précisé par Lucrétia, si Ivar est d'accord, nous restons toutes deux seules dans le sauna après son départ pour s'affaler et kiffer, mais aussi échanger nos idées. A celles de Lucrétia, Dokhara en ajoute une : pendant l'hiver elle avait passé beaucoup de temps à sympathiser avec la jeune fille seule survivante d'un raid des bandits, celle devenue muette, qui avait dessiné ses agresseurs : je m'auto-cite :
"Aller questionner la gamine muette - Dodo essayera de gagner sa confiance patiemment avant de l'interroger, on est pas pressé. Cela dit, je vois bien Dodo aller la visiter tous les jours et passer bcp de temps avec elle pour créer un lien (genre 1h chaque jour)"
J'aimerais donc bien lui rendre visite à nouveau, et demander à sa famille d'accueil si elle peut m'accompagner au jugement d'Ilya : la justice des dieux est en marche après tout, c'est donc normal qu'elle puisse regarder dans les yeux celui tenu pour responsable de la mort de tout son village... s'ils refusent, une petite domination de Lucrétia fera très bien le job.
Et ensuite, en effet, tentative d'appliquer toutes nos idées dans le temps qui nous est imparti :3
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 06 août 2020, 20:06, modifié 1 fois.
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Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

Lorsque Lucretia ressentit les légères altérations dans l’air annonçant qu’Ivar venait de se lever, la Lahmiane ouvrit une paupière paresseuse. Le gospodar leur indiqua son intention de sortir du sauna dans une formulation incomplète qui sous-entendait poliment une certaine question tacite.

« Je vais tâcher de profiter encore quelque peu des bienfaits procurés par le höyry. Dans notre pays, nous ne sommes guère accoutumés à pareils endroits, et je confesse que tout cela m’est très plaisant. »

L’homme hocha silencieusement la tête et sortit de la pièce. L’Immortelle, bien sagement, suivit de son ouïe acérée les pas feutrés de moins en moins prononcés de leur hôte à mesure que celui-ci s’éloignait du sauna. Une poignée de secondes plus tard, Lucretia jugea qu’il ne serait plus en mesure de les surprendre. Elle glissa une œillade en direction de sa fille et surprit le regard de cette dernière qui la contemplait tout autant. Un mince sourire se dessina sur les lèvres de l’ancienne baronne de Bratian, qui se leva alors. En deux nonchalantes enjambées, la Lahmiane se porta à sa hauteur et, posant ses genoux sur le banc de bois, de part et d’autre des jambes de son amante, s’y assit à califourchon. Son sourire ne s’accentua que plus encore. Pourtant, la jeune femme se sentait différente.

« Une fois n’est pas coutume, je vais user de prudence. Cette nuit, je vais m’efforcer de déstabiliser leur culte de l’Oursin, là, en lui présentant l’évènement sous les plus mauvais augures. Et je vais m’assurer que le champion se sente assez mal dans son assiette lorsque viendra le temps du combat. Je ne laisserai rien s’interposer entre nous deux. »

La température extrême de la pièce avait pour elle la capacité extraordinaire de lui émousser sa vivacité intellectuelle en la plongeant dans une douce mais prenante torpeur. Là, dans les millions de gouttelettes en suspension, le monde extérieur n’avait plus sa place. Le jugement, la joute oratoire et le combat qui s’en suivrait n’existaient plus. Et pourtant, tous ces éléments avaient la possibilité de mettre un terme soudain à leur relation de la plus cruelle des manières. En les séparant à jamais par la mort, indicible, perfide, omniprésente. Si l’ombre du trépas les avait toujours guettées tout au long de leur voyage, le moite engourdissement dans lequel Lucretia se trouvait ne la rendait que plus réelle et pesante encore.

Longuement, elle fit glisser ses doigts dans les boucles cuivrées de Dokhara, dégageant son visage et ses épaules de cette insolite vêture envahissante tout en lui effleurant la joue de l’index. Au diable ces pensées intempestives ; elle scella leurs lèvres d’un long baiser passionné qui en disait bien long sur ses envies. Là, dans la pénombre du sauna, dans la moiteur ambiante et la chaleur des lieux, point de lutte à venir, point de regard espiègle ou de mine chafouine. Rien d’autre que des caresses lascives, un abandon de soi sensuel et une promiscuité retrouvée, le tout dans une série d’actes qui s’apparentaient davantage à un échange enflammé et aimant qu’à une rixe torride et débridée.


***

La lame s’enfonça profondément dans le cuir épais de l’ourse qui se mit alors à gronder tout en se dressant sur ses deux pattes arrière. Elle hurla au monde sa rage, sa douleur et son désespoir tandis qu’un flot de sang bouillonnant jaillit de sa blessure. Le cri de la bête résonna au beau milieu de la steppe, se répercutant sur les quelques collines avoisinantes. L’animal, déjà affaibli par de multiples attaques au flanc et à la gorge, s’efforça d’emporter son adversaire avec lui dans une ultime tentative. Il se laissa retomber de tout son poids sur la fine silhouette qui n’avait eu de cesse que de le larder de coups d’épée, mais celle-ci, à nouveau, se substitua souplement à son attaque et disparut de son champ de vision. La créature s’écrasa sur le sol dans un nouveau grondement qui fit trembler les plus proches environs, laissant apparaître derrière elle deux innocents oursons qui geignirent à la mort de leur mère. Lucretia essuya les deux tranchants de son arme elfique sur la neige avant de la rengainer à sa ceinture. Son regard se posa sur les deux petits êtres qui pleuraient contre la fourrure de leur génitrice. La Lahmiane hésita un instant puis, non sans avoir dégluti bien malgré elle, sortit une fois de plus sa lame au clair.

Ses deux exactions supplémentaires effectuées, elle chargea les minuscules corps sur le cadavre de l’ourse et entreprit de tracter cette dernière jusqu’aux abords de Chilgir. La tâche fut relativement longue et pénible, mais guère impossible pour l’Immortelle. La traque n’avait pas nécessité une trop grande monopolisation de ses ressources de prédatrice ; la raspotitsa venant de prendre fin, la vie s’était de nouveau éveillée dans l’Oblast. Les ours avaient émergé de leur longue hibernation, l’estomac vide, et s’étaient mis en chasse. Les sens surdéveloppés de la vampire, alors métamorphosée en corneille, avaient scruté avec méthode et attention la vastité des étendues désertiques et enneigées. Son regard perçant pouvait repérer le moindre mouvement à des lieues à la ronde. Son ouïe était en mesure de percevoir le plus infime son émanant de derrière un rocher situé à plusieurs encablures en dessous d’elle. Quant à son odorat, la moindre senteur animale lui éclatait au visage comme la fragrance capiteuse d’une bouteille de parfum que l’on aurait fracassé au sol. Il ne lui avait fallu que peu de temps avant de repérer sa proie qui sortait tout juste de sa tanière. Par la suite, le combat n’avait été qu’une formalité, la bête ayant dépensé toute son énergie à se maintenir dans cette longue et immobile léthargie.

Là. L’endroit lui paraissait convenable. Pas assez près du village pour être aperçue, mais suffisamment proche pour qu’une patrouille, un chasseur ou un éclaireur fût en mesure de découvrir au petit matin la macabre scène dont elle allait être l’autrice. Laissant retomber la carcasse, Lucretia observa sa main gantée. Comme il eût été facile de revêtir son autre forme, cette apparence détestable qu’elle n’avait jamais incarnée afin de finir le travail. Une réflexion complètement biaisée de la réalité, un affreux costume qu’elle rejetait encore et encore mais dont elle ne pouvait être totalement libérée. Un aspect écœurant de sa nature, reliée à sa magnifique personne par une poignée de fils immaculés de son côté, mais qui se désagrégeaient et pourrissaient au fur et à mesure qu’ils rejoignaient son autre elle. Que n’aurait-elle pas saisi une lame en argent pour disséquer cette haïssable enveloppe agrafée à sa glorieuse silhouette, un couteau rouillé pour sectionner chacun de ces cordons aux torons gâtés. Elle secoua la tête, grimaçante. Tout cela la dégoûtait bien davantage que ce qu’elle allait commettre.

Jetant ses gants à même le sol, Lucretia se pencha sur la dépouille de la créature. Usant de sa force qui animait chaque partie de son corps, elle plongea les mains à travers les crevures causées par sa lame, et entreprit de déchirer le cuir et les chairs de l’animal. Plus rien ne devait laisser penser qu’une arme humaine avait eu raison de l’ours. La blessure à la gorge fut agrandie, déformée, et, d’une poigne solide, l’Immortelle y fit jaillir la langue et la trachée de l’animal qu’elle mutila encore et encore. Les multiples lésions au flanc se transformèrent bientôt en une large plaie béante à partir de laquelle elle fit se déverser les boyaux de l’ourse qu’elle massacra également. Les deux petits corps des oursons, qu’elle disposa à la suite de la mère, subirent le même sort. A la fin, l’on eût juré qu’une créature bien plus imposante avait eu raison de l’ourse et de ses rejetons, selon les règles de la nature viciée et corrompue par le chaos qui régnait dans l’Oblast.

Parachevant son chef d’œuvre, la Lahmiane s’attela alors à masquer ses traces. A reculons et jusqu’à l’emplacement où avait eu lieu le combat, elle effaça le sillon qu’avait ouvert la dépouille de l’animal dans la neige. A l’instar de ce qu’elle avait déjà accompli avec son amante sur les corps de la demi-douzaine de bandits, quelques jours plus tôt, elle retourna cette même neige, la tassa, la rejeta, et la piste ensanglantée disparut assez rapidement. Positionnée alors sur l’arrête coupante d’un rocher qui émergeait du sol, elle se volatilisa une fois de plus dans le sens le plus littéral qui fût.

Sur le chemin du retour, elle survola l’endroit où Gër passait la nuit. Là aussi, la tâche n’avait pas été aussi compliquée qu’elle ne l’avait cru de prime abord. Durant la journée, tandis que Dokhara avait exprimé le souhait de se rendre auprès de la fillette devenue muette après la destruction de son village, Lucretia s’en était allée à la cueillette. Se remembrant que trop bien les leçons que lui avait dispensées Tsinep, la Lahmiane fut en mesure de repérer les fleurs ou les plantes dont elle avait besoin. Certes, la végétation de la Drakwald avait tout pour faire pâlir d’envie celle des steppes désertiques de l’Oblast, et l’on n’y trouvait pas toujours les mêmes végétaux. Mais l’Immortelle, de par sa nature pour le moins spécifique, possédait deux atouts que les humains ne pouvaient se targuer de détenir ; l’insensibilité au poison et des sens profondément accrus. Le premier lui permettait de goûter chaque ingrédient qui passait à sa portée sans ne jamais craindre de mettre sa vie en danger. Le second, notamment par le biais du goût, lui permettait de repérer certaines propriétés qu’elle avait déjà expérimentées au sein de plantes qu’elle n’avait jamais étudiées. L’amertume, l’acidité, le côté plus basique ou plus abrasif de certaines tiges ou de certains pétales lui indiquèrent ou non qu’elle tenait entre ses mains le dernier ingrédient qu’elle recherchait. Par la suite, il lui suffit de les broyer, de les mélanger, et d’en récupérer le jus pour obtenir ce poison qui, à défaut d’être mortel, provoquerait un sentiment d’inconfort certain sur qui le porterait à ses lèvres. Quelques sueurs et ballonnements, possiblement, mais surtout un transit intestinal accéléré qui aboutirait à l’envie subite et répétée d’aller aux latrines. Sous sa forme volatile, elle s’était introduite auprès de Gër en profitant des étroites ouvertures creusées sous la charpente du toit puis avait voleté jusqu’à la chambre de sa cible. Là, elle avait repéré un petit pichet sur sa table de chevet et y avait versé sa concoction.

Alors que le petit matin n’allait pas tarder à apparaître sous le chant du coq, la corneille fusa à travers la fenêtre ouverte qui permettait d’accéder à sa chambre et reprit forme humaine. Bien que son corps n’exprimât jamais le besoin de se reposer, elle appréciait parfois le fait de s’allonger simplement et d’être témoin du temps qui passait. Versant un peu d’eau dans une auge, elle fit une toilette primaire, lavant le sang qui pouvait encore lui tacher la peau, puis se retira sur son lit.

Aujourd’hui allait être un jour charnière pour la région de Chilgir.
Pour résumé comme convenu sur le Discord :
« Empoisonnement » de Gër non pas pour le mettre hors combat mais pour considérablement l’affaiblir (troubles digestifs aigus)
Déstabiliser le culte d’Ursun (et surtout Feterq) en exhibant les dépouilles encore fumante d’une ourse et de ses petits non loin des abords du village. Auprès d’une peuplade aussi croyante et superstitieuse, qu’un animal totem ou divin soit ainsi massacré par une bestiole bien plus puissante (troll ou autres ?) ne peut qu’être de mauvais augures et entamer la confiance des prêtres.

Sans quoi, pour le jugement et la plume, je réaliserai la scène à laquelle j’ai déjà songé dans le sauna (voler la plume en tant que corneille et la déposer devant l’un de nos plus fervents partisans.)
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 06 août 2020, 20:06, modifié 1 fois.
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Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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Dokhara de Soya
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Dokhara de Soya »

Alors que Lucrétia lui rendait son regard scrutateur, Dokhara entreprit de se montrer tout particulièrement séduisante à ses yeux. Pour cela, nul besoin de danses, de postures ou de mots, elle l'avait bien compris - non, ce qui plaisait paradoxalement à sa meurtrière, c'était son humanité, c'est-à-dire tous ces tics nécessaires à la vie qu'elle lui avait pourtant prise.
Elle battait des paupières doucement, chassant l'humidité de ses cils. Sa poitrine se relevait et s'abaissait lentement, au rythme de longues respirations faites à plein poumons, la bouche entrouverte pour que soit perceptible le bruit de son souffle. Se concentrant, elle altéra imperceptiblement son apparence humaine en forçant son corps à rougir lentement, laissant des tâches rougeâtres colorer ses joues, son cou et le haut de sa gorge.

A défaut d'avoir perfectionné ces routines pour réussir à conserver une humanité parfaitement vraisemblable auprès d'Ivar, au moins son travail paya ses fruits dans la réaction positive de son amante : en quelques enjambées lascives, elle rejoignit la jeune lahmiane et s'installa à califourchon sur ses cuisses. Elle la dominait ainsi de plus d'une tête, et c'est le cou penché en arrière que Dokhara ne perdait pas ses pupilles smaragdines du regard.

Lorsqu'elle lui décrivit ses plans pour faciliter les épreuves à venir, la jeune femme dut réprimer bien des désirs. Elle ignora sa fierté mal placée, qui souhaitait contredire Lucrétia pour affirmer qu'elle saurait vaincre le prêtre d'Ursun dans une joute verbale sans nécessiter aucune aide. Elle rejeta les multiples piques et quolibets qui lui vinrent naturellement pour se moquer de la nature trop prudente de sa mère. Elle s'empêcha de bouger, de caresser son corps nu et moite assis sur le sien, ou même d'étirer sa nuque pour que ses lèvres atteignent péniblement celles de son amante malgré son désir grandissant.

Elle s'abstint de faire quoi que ce soit, car le comportement de Lucrétia ne l'y invitait pas. Elle n'était ni provocante dans son attitude, ni grandiloquente dans ses propos, ni fière dans sa posture, ni narquoise dans son sourire. Dans la vapeur du sauna, elle semblait emprunte d'une douce torpeur qui la rendait presque... vulnérable
Aussi Dokhara resta immobile, les yeux plongés dans ceux de Lucrétia, un sourire avenant l'invitant simplement à prendre l'initiative. Ces instants étaient trop rares pour ne pas les savourer, il était hors de question de les saboter par une parole ou un acte malavisé.

Et alors que depuis sa transformation, Dokhara ne profitait de ses ébats avec sa génitrice que par une débauche agressive et sanglante laissant transparaître ses pires travers, cette fois-ci elle se laissa convaincre par ce soudain élan de tendresse, afin de partager un moment intime où les émotions prenaient le pas sur les sensations.



***


Tandis que sa Lucrétia errait dans l'oblast pour cueillir des champignons et saccager des carcasses d'ursidés, Dokhara ne resta pas passive. Dans un premier temps, elle avait passé de longues heures dans sa chambre, assise à son bureau, à grommeler tandis qu'elle griffonnait de sa plume sur des pages blanches arrachées à son journal. Assidûment, elle préparait ses arguments pour le jugement à venir, cherchait chaque angle d'attaque utilisable par lequel acculer Ilya sans laisser d'ouverture à Feterq pour contre-attaquer. A l'inverse, elle tentait d'anticiper la défense du prêtre : pour chaque mur qu'il pouvait dresser, il fallait à la lahmiane de quoi les détruire, sinon les contourner. Voilà trois mois qu'elle baignait dans la politique de Zoïshenk : elle n'avait pas été indolente durant cet hiver, et n'avait jamais cessé de prêter l'oreille aux gospodars comme aux ungols pour s'approprier leurs désirs, leurs besoins, leurs rancœurs. Elle avait toutes les clés en main pour gagner ce duel : il ne tenait qu'à elle de le remporter désormais.

La seule fois où elle se décida à quitter son étude, ce fut pour s'aventurer au nord de Chilgir, vers un minuscule hameau niché dans les collines, vers une une petite maison typique en bois avec une décoration de pignon formée par deux chevrons croisés finement sculptés, qu'elle n'avait que trop visité ces derniers mois. Toquant à la porte, elle fut accueillie Sorca et Svetlana Taalychev ainsi que leur multitude d'enfants, qui se mirent tous à piailler de joie en découvrant la jeune Ziska, l'imperinyi qui leur avait tant de fois rendu visite. Comme à l'accoutumée, elle les salua tous par leur prénom, avant de sortir de sa besace un présent à leur attention : il s'agissait cette fois d'un petit renard en bois finement ouvragé, qu'elle avait acheté sur le marché de Chilgir avant de venir. Les enfants lui arrachèrent l'artefact des mains, et c'est à peine si elle entendit leurs remerciements avant qu'ils ne disparaissent avec pour l'ajouter à leur collection, et inventer quelque nouvelle histoire mettant en scène un goupil magique.

La petite Bela fut l'exception : elle était restée accrochée à la jambe de sa mère, et observait Dokhara de ses grands yeux, lui offrant un timide sourire de bienvenue. Acceptant l'invitation des parents à se réchauffer avec un petit godet de kvas, Dokhara entra dans la demeure et s'installa confortablement dans un fauteuil recouvert de fourrures usées. Après avoir échangé quelques banalités, elle passa quelques minutes à poser des questions badines à Bela, auxquelles la petite fille muette pouvait répondre par de simples hochements de tête. Après quoi elle lui demanda de lui montrer ses derniers dessins afin de commenter ses progrès : depuis qu'elle l'avait convaincue de dessiner au fuseau sur du parchemin pour représenter les gens ayant attaqué le kolkhoze de Tegen, Dokhara l'avait grandement encouragée à continuer de croquer tout ce qui l'entourait jour après jour, lui assurant qu'elle avait un réel don en la matière. Elle n'avait d'ailleurs pas hésité à mettre la main à la poche pour lui offrir pinceaux, peintures et toiles, afin que la petite puisse laisser libre cours à son talent.

Puis enfin, elle se décida à englober le père, la mère et la fille adoptive du regard, pour prendre une voix plus grave, chargée d'émotion :

- Voilà quelques jours que je suis rentrée, j'aurais du venir vous l'annoncer bien plus tôt, mais j'ai été très occupée, désolée. Bela, sache qu'avec l'aide de ma sœur, de vaillants gospodars menés par Ivar Golovin et de courageux ungols du clan Kossuth, tous unis, nous avons retrouvé les méchants hommes qui ont attaqué ta tirsa, et les avons puni comme il se devait. Ils ne pourront plus jamais faire de mal à quiconque, comme je te l'avais promis.

La nouvelle fut accueillie dans un silence respectueux. Bien sur, elle avait déjà du leur parvenir précédemment, et chacun se réjouissait de savoir que ce danger était désormais écarté. Mais Bela était revenue particulièrement traumatisée des événements survenus à Tegen, seule survivante d'une meute de bandits sans foi ni loi qui avaient rasé les maisons, pendu les habitants, et fait Ursun seul savait quoi à ses parents sans qu'elle ne puisse avoir d'autre rôle que celui de témoin impuissante. Évoquer ce traumatisme, même pour annoncer l'anéantissement de sa cause, restait un moment difficile.

- Sorca, Svetlana, vous me connaissez désormais. Vous savez que je tiens à Bela de tout mon coeur, autant que vous qui l'avez accueillie dans votre foyer. Vous savez aussi ce qui se passe à Chilgir, ce qui va bientôt se dérouler. Je serais l'accusatrice d'Ilya Répine face au Juge et à l'Assemblée. C'est à cause de sa passivité, de son inaction, que cette poignée de bandits désorganisés a pu se révolter, s'armer, puis faire autant de mal à votre communauté. C'est son apathie qui est responsable du traumatisme de Bela, qui lui a dérobé sa voix. Demain, je ne serais qu'une étrangère qui confrontera un ataman à ses responsabilités : aussi je souhaite y aller accompagnée. Bela est jeune, mais ce sera à jamais sa seule occasion de surmonter le traumatisme qu'elle a vécu : c'est ici sa seule et unique opportunité de confronter le responsable, de le regarder droit dans les yeux, pour qu'il soit face aux conséquences de ses actes quand il osera affirmer que ses choix étaient les bons. Laissez-moi l'emmener avec moi au Jugement des Chefs. Pour elle.

Le silence persista. Ce qui se joua ensuite se fit d'ailleurs sans le moindre bruit : Svetlana chercha du regard l'appui de Sorca. Ce dernier lui rendit son regard, mâchoires serrées, puis tourna son regard vers Bela. La jeune fille muette resta immobile de longues secondes, puis acquiesça lentement, la mine sombre, le corps tremblant. Sorca se tourna à nouveau vers sa femme, qui laissa échapper une unique larme de son œil, trahissant son empathie envers la difficulté de la tâche à venir pour sa fille adoptive, mais aussi et surtout sa fierté face à son courage.

Dokhara tendit la main vers Bela, et après une dernière seconde d'hésitation, celle-ci courut vers elle, ignora la paume tendue, et s'accrocha à sa jambe de toutes ses forces en pleurant.

La jeune lahmiane avait brillamment terminé ses préparatifs pour le Jugement des chefs.
Pour résumé comme convenu sur le Discord : Dodo se débrouille pour que soit présente au Jugement la petite fille muette, seule survivante de Tegen avec qui elle s'est liée d'amitié. Je lui ai donné un prénom histoire de :mrgreen:
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 10 sept. 2020, 19:54, modifié 1 fois.
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Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


Awards \o/
Warfo Award 2018 du meilleur PJ - RP
Warfo Award 2019 du meilleur PJ - Élaboration
Dream Team 2018 et 2019 avec Lucretia Von Shwitzerhaüm
Miss Vieux Monde 2019 et 2020

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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Musique d'ambiance




L’Arbre de Feu brûlait avec une ardeur dévorante, ses branches noires et tordue traçant des formes étranges au cœur du brasier. Il était haut, les flammes qui l’animaient plus encore et cette lumière vive se reflétait jusque dans les eaux lisses de la Tolsol loin au-delà. La fine couche de neige qui recouvrait le reste de la steppe avait fondu en un large cercle autour de cette torche improbable, laissant apparaître une herbe desséchée par la chaleur et dont la bordure était bornée de pierres anciennes probablement dressées par les premiers habitants de la région dans une tentative primitive de répondre au phénomène magique. Ces mégalithes érodés par le temps étaient recouverts de mousse, d’offrandes et de peintures sacrées. La plupart de ces structures étaient écroulées au sol ou fendues mais lorsque deux d’entre elles s’élevaient non loin l’une de l’autre, alors elles étaient reliées par des ficelles auxquelles pendaient des dizaines de prières rédigées sur de petits rubans de toile qui s’agitaient au grès des rafales de vent. C’est ici que se déroula le Jugement des Chefs lorsque le jour arriva enfin.

La vallée de Chilgir devait s’être vidée de ses habitants tant la foule présente pour assister à l’évènement était nombreuse. Plusieurs centaines de personnes avaient fait le déplacement, pas seulement depuis Chilgir mais aussi depuis toutes les tirsas de la vallée, et parfois d’au-delà. Gospodars, ungols de clans sédentaires ou nomades, tous étaient venus pour être les témoins de la confrontation entre l’ataman Ilya Répine et son adversaire Ivar Golovin. En cette période troublée, l’issue de cette cérémonie allait avoir des répercutions cruciales sur les affaires du domaine de Zoïshenk et chacun voulait pouvoir dire « j’étais là lorsque … ».

Cette foule était organisée en un rectangle grossier non loin de l’Arbre de Feu et de son cercle de pierres. Les spectateurs étaient assis, debout ou encore juché en selle afin de mieux voir. La place au premier rang était chère et plusieurs bagarres éclatèrent entre des individus déjà échauffés par le kvas ou le koumys. Parmi les préparatifs, on dressa quelques tentes et les chevaux furent emmenés sur la piste pour tasser la pellicule de neige qui ne manqua pas de disparaître sur l’herbe ainsi foulée. Des groupes de cavaliers continuaient d’arriver au compte-goutte, des familles ou des guerriers qui profitaient de cette occasion pour se saluer les uns les autres et échanger quelques nouvelles. L’excitation montait peu à peu, tout comme la tension alors que les parties se formaient de part et d’autre de l’aire dégagée. On parlait du Jugement à venir, du combat qui aurait peut-être lieux, des prétentions de part et d’autre, des étrangères et de la prise de la mine d’Oulianosvk, mais aussi et avec bien d’inquiétudes, de l’ourse massacrée que l’on avait trouvé la veille en bordure de la stanitsa, ses petits à ses côtés ravagés tout de même. C’était un bien sombre présage en cette sortie d’hiver et la rumeur courait déjà que c’était là le signe qu’Ursun se détournait de la vallée.

Parmi les personnalités en présence, on comptait bien sûr les principaux protagonistes de l’évènement : Ilya et son entourage, reclus dans une tente dans l’attente de l’ordalie, un Ivar beaucoup plus actif qui –en bon politicien- allait saluer ses soutiens et les curieux en claudiquant et enfin Lucrétia et Dokhara qui étaient au cœur de toutes les discussions. Mais d’autres étaient également présents, comme Sreten Tarmachirin et ses gens. Le chef des Kossuth était assis au premier rang sur cercle, en tailleur sur un tapis aux motifs colorés, et plusieurs femmes ainsi que des guerriers de son clan étaient avec lui. Le prince semblait calme et discutait à voix basse en buvant dans une coupe en bois, balayant la foule du regard pour y repérer les deux étrangères. Non loin se trouvaient deux autres personnages qu’Ivar désigna aux imperinyi comme étant Zsolt Tarmà et Meszaros. Le premier était le boyard de Goranitch, une des stanitsa qui bordait les frontières du domaine de Zoïshenk, à l’Est. D’un certain âge, il avait pourtant une carrure solide et le dos droit. Comme une démonstration de force, il était venu au Jugement des Chefs vêtu de son armure consistant en une cotte de maille surmontée de protections ouvragée. Un pistolet moderne et une massette dorée tenaient dans sa large ceinture et son regard perçant étudiait les rangs de ceux qui venaient assister à la joute rituelle.



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Meszaros se tenait non loin, habillé de manière bien plus simple. Sa longue mèche était cachée sous une toque de fourrure noire et brillante et son caftan était de même couleur, tombant jusqu’à ses genoux sur des bottes de cavalerie admirablement marquetées. Un sabre et un carquois rempli de flèches pendaient bas à sa ceinture, et il fumait tranquillement une longue pipe en os en discutant avec ses hommes, les bras croisés. Ses jambes étaient arquées, signe d’une vie passée à cheval. On devinait un vague sourire derrière ses longues moustaches et il avait le même regard rusé qu’un renard.

Ces deux noms fameux de l’Oblast du Nord étaient venus avec leurs gens, une suite somme toute assez nombreuse qui venait s’ajouter à la foule se pressant là ce jour. Tous étaient armés d’une manière ou d’une autre, du simple poignard à la lanche en passant par l’arc et la hache. Telle était là loi au Kislev, et il en allait de même pour ceux qui avaient fait le voyage depuis la vallée de Zoïshenk.

Enfin, la tension saisit les gens et la foule s’agita. Ilya Répine et les siens sortirent de leur tente et s’avancèrent sous les regards. L’ataman était vêtu d’un long manteau ocre et finement brodé, au sol de fourrure. Il portait un bonnet en précieuse peau de lynx bleu et une massette ouvragée dans la main, semblable à celle de Zsolt Tarmà et symbole de pouvoir. Il marchait d’un pas lent, l’air solennel, et sa longue barbe huilée frémissait sous la brise froide de la steppe. Feterq, le prêtre d’Ursun, l’accompagnait. Ce dernier avait une mine grave et emboîtait le pas de l’ataman enveloppé d’une épaisse peau d’ours blanc. La tête de la bête reposait sur son épaule et une couronne de griffes jaunies enserrait sa tête hirsute. Sa barbe était poivre-sel, rêche et peu soignée et des osselets s’y trouvaient pendus. Plus personnes se signèrent sur son passage et inclinèrent la tête avec respect, Feterq étant l’une des personnalités les plus respectées de la vallée. Il était la voix du Dieu-Ours, protecteur des secrets de l’Oblast et de ses habitants. Ses pas entrouvraient parfois son manteau, sous lequel il était torse nu, dévoilant brièvement un buste tatoué et couvert de scarifications rituelles.



3 Test d’Int (+1, Connaissance des plantes).
1 test sur 3 réussi = effet insignifiant.
2 tests sur 3 réussis = effet léger.
3 tests sur 3 réussis = effet puissant.

Résultat : 10, 19, 19 (1 réussite, 2 échecs).
Derrière eux vint Gër, l’orphelin Kadar. C’était un homme qui arrivait probablement sur ses trente ans, relativement petit et au physique sec. Il portait une sorte de chemise aux manches amples négligemment lacée sur son buste et sous laquelle on pouvait voir un aigle tatoué sur la poitrine. Deux magnifiques fourreaux superposés battaient contre ses chausses en cuir sombre et le manche en os d’un couteau dépassait de sa botte gauche. Le guerrier avait les joues rasées de près et n’affichait qu’une mince moustache tandis qu’il portait les cheveux taillés courts contrairement aux usages de son peuple d’origine. Son teint était pâle et son regard injecté de sang fixait les visages qu’il croisait d’un air patibulaire. S’il avait l’air fatigué, ses mouvements étaient vifs et plein d’humeur et les gens s’écartaient devant lui en murmurant sur son passage. Gër était une teigne, de ces lutteurs irascibles qui compensaient leur petite taille par une combativité sans égale.

Lui et Feterq vinrent se placer en bordure du cercle tandis qu’Ilya Répine s’avança au milieu de l’espace dégagé par la foule. Tous les regards se tournèrent vers lui, les gens se pressèrent pour mieux voir et le silence se fit enfin, avec le seul craquement de l’Arbre de Feu et les cris lointains de quelques oiseaux de proie dans le ciel.


- « Sous les regards d’Ursun, de Dazh et de Tor, j’en appelle au Jugement des Chefs ! » proclama Ilya d’une grosse voix. Son regard parcourait l’assistance, digne. « Les dieux seuls décideront de ce qui adviendra dans cette enceinte sacrée et leur décision sera irrévocable. Ainsi soit-il. » Il porta la main à son front et y pausa sa paume en fermant les yeux. La foule l’imita, comme une salutation à l’endroit des divinités. « Mon défenseur sera Feterq et mon champion Gër. A travers eux, les dieux parleront. Que désormais s’avance Ivar Golovin, qui convoqua cette assemblée. »

A ces mots, Ivar s’avança en boitant et tous se tournèrent vers lui. Ces deux hommes, qui furent longtemps frères d’arme et qui combattirent ensemble, s’échangèrent un long regard. Bien des choses purent se lire dans ces yeux, mais la rancœur emportait le tout.

- « Mon défenseur sera Ziska et mon champion Silke. A travers elles, les dieux parleront. » lança le vieil artisan en levant le menton.

Un murmure agita l’assistance, entre réprobation et consentement. Les impériales pouvaient sentir les regards peser sur elles, notamment ceux de Sreten, Zsolt et Meszaros. Ilya les avisa également et leva une main impérieuse qui fit à nouveau place au silence, avant de brandir une grande plume de faucon.


- « Ivar Golovin a parlé, tel est son droit ! Maintenant, que les esprits de la steppe désigne notre Juge, car seuls eux savent quel cœur sera juste en ce jour. » dit-il avant de lâcher la plume dans le vent.
Et des coupes de ungols, just cause.
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Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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