[Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Kislev, pays de sombres forêts de conifères, d'étendues neigeuses et de steppes balayées par les vents, se trouve l'est de l'Empire. Pendant des siècles, il a été un rempart face aux incursions dévastatrices du Chaos venues du nord. Kislev est un allié fidèle et puissant de l'Empire, toujours prêt à envoyer ses troupes à son secours

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

Si Lucretia mit de côté son ambition de rassembler des hommes pour donner la chasse au fameux Aleixeï, elle ne cessa pas pour autant son flot de questions et reporta son attention sur la géographie des lieux. Sans aucun doute, ce changement de sujet se révéla bienvenu pour Ilya Répine, lequel acquiesça du chef et parut enclin à répondre à ses interrogations. Tout en se levant de son siège, le vieil homme invita ses deux invitées à le suivre dans une pièce annexe du zal. Là, elles purent découvrir une salle composite qui remplissait différents rôles. Accrochés aux murs tapissés, des râteliers exposaient tout un tas de lances, d'arcs et d'épées que venait séparer une série de boucliers aux armoiries diverses et variées. Plusieurs selles étaient également exhibées sur des présentoirs, et l'on pouvait aisément juger de leur qualité par la finesse de leur filigrane doré et argenté tout autant que par la couleur de leur cuir. Quelques coffres posés çà et là contre les murs débordaient parfois d'outils et d'ustensiles hétéroclites. Enfin, une grande table faite d'un seul bloc de pierre taillée trônait au milieu de la pièce, grande table vers laquelle ils se dirigèrent tous.

Le druzhina leur montra alors une carte finement ouvragée, d'une qualité rare. Les dessins et la calligraphie y étaient somptueux, et l'échelle paraissait d'une extrême précision. Tout y était représenté ; l'on y voyait non seulement les différents points d'intérêts des environs, mais également le cours des fleuves et des rivières, les gués et les hauts-fonds, les ruines et les tours isolées, les bois et les forêts du domaine. Ilya décrivit un rapide tour d'horizon de ce que les deux Lahmianes avaient déjà aperçu ; l'Arbre de Feu, la Tolsol, les ruines d'Iemva, et la vallée de Chilgir, là où elles se trouvaient actuellement. Si Lucretia avait réussi à obtenir une vision assez large de ses dernières envolées sous forme de corneille, prenant de l'altitude pour englober le tout d'un simple coup d'oeil, rien ne valait en définitive une carte comme celle-ci, et la topographie qu'elle avait pu deviner paraissait désormais bien plus claire dans son esprit. L'homme poursuivit ensuite avec de nouveaux éléments ; ceux sur lesquels l'Immortelle l'avait interrogé.

La mine d'Oulianovsk se trouvait en vérité non loin de Iemva, le village d'où elles provenaient. A l'idée de faire marche arrière et de revenir sur leurs pas afin de parvenir en ce lieu honni, Lucretia manqua de grimacer de manière éloquente, mais elle se contint toutefois en se penchant davantage sur la carte comme si de rien n'était. Tout ce qui faisait référence à la lettre qu'elles avaient trouvée dans ce même village, en revanche, s'avérait bien trop loin pour qu'elles daignassent véritablement les considérer comme chose d'intérêt. Goranitch se trouvait éventuellement à portée de la motivation de Lucretia, mais pour tout le reste, que ce fût le Fort Ostrosk ou Dzhangar, il lui fallait remonter au-delà de Zoïshenk. Toute seule, elle l'eût fait sans souci aucun, sous sa forme de corneille. Mais, en compagnie de Dokhara, laquelle ne savait encore se transformer, tout ce chemin devrait être effectué à pied, et prendrait assurément plusieurs jours. Un fait demeurait intéressant, cela dit, celui qui portait sur Baba Doma. Celle-ci était considérée comme morte par la plupart des gens du pays ; elle était déjà connue de tous alors même que le druzhina n'était qu'un enfant. Etant donné l'âge avancé de ce dernier, l'on pouvait supposer que Baba Doma approchait les cent ans, et que le poids des années l'aurait poussée dans la tombe. Mais le morceau de parchemin que possédait toujours la Lahmiane venait démentir les hypothèses d'Ilya Répine. Elle se garda bien, nonobstant, de le contredire sur ces propos.

Enfin, l'ancien décida de mettre un terme à cette conversation en s'emparant d'un châle des plus particuliers. Le "Drap de Mazhorod", car tel était son nom, avait le pouvoir de rendre invisible quiconque le portait sur lui. Un objet des plus intéressants s'il en était, mais pas tout à fait au regard de l'Immortelle, laquelle détenait déjà cette faculté, quelque part, de par sa métamorphose aviaire. Elle remercia fort bien leur hôte pour le cadeau qu'il leur avait offert, mais laissa une Dokhara bien plus intéressée s'en emparer.

Au sortir du zal, la question de leur plan futur se posa. La consœur de Lucretia proposa de poursuivre leur idée de départ et de voyager jusqu'à la mine d'Oulianovsk, ce à quoi la Lahmiane agréa. Mais mieux valait se déplacer de nuit ainsi qu'elles l'avaient toujours fait au travers de la steppe, mentionna la jeune femme ; cela était effectivement bien plus sûr, elles étaient moins visibles, et craignaient d'autant moins les affres de la lumière du jour. L'Immortelle opina, avant de rebondir sur cette idée.

« Dans ce cas, si nous devons passer la journée céans même avant de nous remettre en route à la nuit tombée, pourquoi ne pas en profiter pour rendre une petite visite de courtoisie à notre cher ami Ivar ? Le temps n'en passera que plus vite dans cette pauvre stanistsa où l'activité boulevardière me semble plus que limitée, et nous pourrions lui conter nos péripéties. A n'en pas douter, lui et les siens s'en trouveront fort surpris, mais également impressionnés. Le mot sera véhiculé, ce qui pourrait être du meilleur augure pour nos futures demandes. »

Cette possibilité sembla plaire à son amante, laquelle hocha à son tour du chef, avant de renchérir que plus encore. Pourquoi ne pas en profiter, dès lors, pour se renseigner sur les éventuels orphelins de la mine d'Oulianovsk ? Les bandits et meurtriers qui y sévissaient avaient assurément dû laisser dans leur sillage nombre d'enfants sans parent, de veuves et de veufs. La soif de vengeance représentait l'un des plus puissants catalyseurs qui fussent, de ceux qui vous faisaient oublier votre piètre vie actuelle pour vous engager sur un chemin de non-retour. Tout, pourvu que l'objectif de destruction tant convoité soit finalement accompli. Elles avaient peut-être matière, là, à constituer les premières troupes de leur avant garde qui leur permettrait de s'emparer de la mine. Et ces nouvelles recrues n'auraient pas la moindre idée du pacte qu'elles auraient alors signé.

Lucretia s'autorisa un petit sourire de circonstance. Cela lui plaisait vraiment bien.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 24 janv. 2020, 22:55, modifié 1 fois.
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Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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Dokhara de Soya
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Dokhara de Soya »

- On aurait peut-être du demander une récompense, plaisanta Dokhara en reiskspiel une fois dehors. Le chef était clairement méfiant envers deux bienfaitrices trop héroïques pour être vraies : il se demande ce qu'on prépare. Ce cadeau, c'est juste pour avoir la conscience tranquille et pouvoir se dire que non, il n'a pas de dette à notre égard.

Dans un geste inutilement théâtral, elle projeta sa nouvelle cape en arrière tandis qu'elle l'accrochait à son cou.

- Rassure-moi, tu ne me l'as pas cédée dans le vain espoir que ses pouvoirs d'invisibilité étiolent ma beauté concurrentielle, mmhh ? minauda t-elle avec un sourire en coin, tandis qu'elle laissait sa main glisser le long du tissu.

Mais bien vite, la mimique amusée de Dokhara disparut tandis qu'elle se mettait à réfléchir à la suite des opérations. Les informations géographiques et politiques d'Ilya Répine leur avaient permis de se faire une meilleure idée des lieux cités sur le parchemin trouvé dans le nid de la coquatrice. Si ces nouvelles données leur seraient sans doutes utiles en leur temps, elles ne changeaient pas pour le moment leur objectif.

- Je propose que l'on garde le cap prévu vers la mine, même si cela implique de revenir quelque peu sur nos pas. Voyageons de nuit : ce sera plus confortable, et surtout, cela nous permettra de les attaquer par surprise. En forme de corneille tu pourras repérer leurs positions, et nous pourrons les cibler à distance aisément, contrairement à eux qui ne pourront nous distinguer dans la nuit noire, encore moins avec ma nouvelle cape et ta mobilité. Mon arbalète couplée à ta magie devraient permettre de se débarrasser de tout sonneur d'alerte avant qu'il ne fasse le moindre bruit. Par ailleurs, nous pourrions aussi tendre des embuscades sur la route à quelque distance de la mine pour affaiblir leurs groupes de raid en les tuant à petit feu. Et en cas de difficulté, il nous suffira de nous replier pour mieux revenir le jour qui suit, dans une tactique de siège qu'ils ne pourront pas gagner.

Plus elle parlait, plus son esprit s'embrasait. Ce qui n'avait commencé que comme quelques réflexions jetées au vent était rapidement devenu source d'une réelle impatience à pouvoir affronter les kyazaks, et surtout, les massacrer pour mieux s'en sustenter. Cela ne faisait qu'une journée que Dokhara ne s'était pas nourrie, mais à la simple idée de pouvoir à nouveau vider une victime de toute son hémoglobine, elle ne pouvait s'empêcher de trépigner d'excitation, incapable de contenir ses désirs.

En réponse, Lucrétia lui proposa de passer la journée à Chilgir avant de repartir de nuit, et d'en profiter pour rendre visite à Ivar. Le cerveau alimenté par sa soif de sang et son désir de violence, Dokhara profita de cette impulsion pour proposer de nouvelles idées machiavéliques, cette fois-ci destinées à asseoir leur autorité à Zoïshenk.

- Excellente idée... tel que tu avais affiché la tête de coquatrice à notre entrée, impossible que la nouvelle n'ait pas déjà fait le tour du village, corroborant ainsi nos futures histoires. Nos compétences martiales reconnues, l'on pourrait commencer à représenter un espoir envers ces bandits contre lesquels nous comptons si bravement nous dresser. Suis mon raisonnement : Igor est allé à Zoïshenk pour demander l'aide des Nakhimov contre les kyazaks de la mine, aide qui leur a été refusée. Donc pour la population de Chilgir, ni Pavel ni Ilya ne sont capables de régler ce problème... l'ataman ne veut pas nous confier de gens ? Quelle importance ? Il y a forcément des hommes et des femmes qui ont souffert des attaques de ces bandits, qui ont perdu des proches, qui désirent une vengeance que le pouvoir en place est incapable de leur apporter... des gens comme Ivar lui-même d'ailleurs. Tu te souviens de sa colère quand il a parlé de Dol'nyy ? Je m'en sors toujours trop modestement en kislévarin pour jouer cette partition-ci, mais si tu utilises cette rage qu'il nous a montré à notre avantage, alors Ivar pourrait bien devenir notre recruteur de désespérés pour la mission à venir... des désespérés qui seraient bien capables de se lier à des vampires pour peu que cela leur apporte la vengeance tant convoitée...

Voyant le sourire satisfait de Lucrétia devant ses suggestions, Dokhara ne put s'empêcher de se mordiller la lèvre, la perçant distraitement avec une canine. Une goutte de sang noirâtre coula sur son menton, qu'elle collecta bien vite pour ne pas qu'elle tache sa fourrure blanche.

Marchant aux côtés de sa consœur, la nouvelle lahmiane fit de son mieux pour évacuer de son esprit les images mentales dans lesquelles, sitôt invitée à entrer chez Ivar, elle le dévorait vivant lui et toute sa petite famille dans une orgie sanglante. La soif rouge était une colocataire particulièrement envahissante, et la jeune femme avait bien du mal à la mettre au pas : depuis qu'elle avait gouté à ce berger ungol dans les plaines, ni la musique ni le sexe n'avaient réussi à supplanter dans son cœur ce nouveau type de désir qui surpassait tous les autres en terme d'intensité et de plaisir.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 29 janv. 2020, 00:23, modifié 1 fois.
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Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


Awards \o/
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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Les lahmianes ne s’étaient pas trompées : la nouvelle de leur arrivée à Chilgir avec une tête de cocatrice attachée à leur selle avait fait le tour du village, et ce fut sans mal qu’elles se firent indiquer la demeure d’Ivar par des autochtones aussi intimidés que curieux.

Ivar Golovin était l’un des maîtres selliers les plus renommés du domaine de Zoïshenk et une personnalité dans la tirsa où il vivait. Son père était sellier, tout comme père de son père avant lui. Les pièces de harnachement qui sortaient de son atelier étaient dès lors le fruit d’un savoir-faire ancien et précieux, et chacune était une œuvre qui s’arrachait à prix d’or sur le marché de Zoïshenk avant d’être achetée plus cher encore par des boyards d’Erengrad, de Praag ou de la capitale. C’était aussi un fervent patriote, un gospodar fier de ses origines et de sa foi en Ursun, le Dieu-Ours. Bien que se définissant comme un farouche habitant de l’oblast du Nord, il était favorable à l’autorité de la Reine de Glace en ce qu’elle s’opposait à l’influence grandissante des clans ungols dans la région. Cette position était relativement nouvelle de sa part, mais faisait écho aux événements qui secouaient le domaine de Zoïshenk depuis plusieurs années, à savoir l’arrivée au pouvoir d’un Nakhimov moins intransigeant que son prédécesseur et les meurtres de gospodars attribués à la guérilla des Fils de la Steppe.

La maison dans laquelle vivaient Igor et sa famille était une belle isba en bois bâtie un peu à l’écart du gros du village, sur la berge d’un ruisseau peu profond. Un atelier couvert était accolé à la bâtisse à étage, dans lequel on voyait le plan de travail, les outils et les pièces inachevées sur lesquelles travaillait encore l’artisan. Le tout était entouré d’un petit bosquet de bouleaux qui, lorsque son feuillage réapparaissait au printemps, éloignait quelque peu l’isba de la vue des autres habitants et conférait à l’endroit un charme bucolique. En s’approchant, Lucrétia et Dokhara constatèrent que le pied des murs de l’isba était peint à l’ocre pour représenter des chevaux, des volutes et des fleurs sauvages. De tels ornements semblaient être traditionnels dans la région. Un chien hirsute aboya à leur approche, bientôt rejoint par le caquètement infernal de quelques oies, mais ces animaux se turent bien vite en pressentant l’aura ténébreuse des intruses. Le cabot se cacha même en couinant et une femme bien portante et d’un certain âge sortit sur le perron, une louche dégoulinante encore dans la main. Elle portait une robe bleu clair et un tablier en cuir par-dessus, et ses cheveux pâles étaient réunis en un gros chignon de nattes à l’arrière de sa tête. Ses manches relevées jusqu’aux coudes dévoilaient de jolis tatouages constitués de chevrons formant des anneaux sur ses avant-bras. C’était l’épouse d’Ivar Olga, et elle invita les vampires à entrer chez elles lorsque ces dernières se furent présentées et indiquèrent qu’elles connaissaient le maître sellier. L’intérieur était rustique mais coquet, avec des peaux de bête tannées au sol et un mobilier en bois. Le rez-de-chaussée était une vaste pièce faisant office de séjour et de cuisine, avec une réserve au fond. Des tresses d’ail et des herbes aromatiques pendaient des poutres apparentes, tout comme des bouquets de poisson séché ou de saucissons. Le feu brûlait dans un âtre carré en pierre aménagé à même le sol, et sur le trépied duquel chauffait une grosse marmite contenant un brouet rougeâtre.


- « Mon mari est à la hutte avec nos neveux. Ils ne devraient plus tarder. » leur apprit-t-elle en kislévarin, leur servant à chacune un grand bol de borsh et une corne de kvas qu’elle alla puiser dans un tonneau.

Et en effet, Ivar et les siens revinrent sous peu. Ils tombèrent nez-à-nez avec les lahmianes et furent grandement surpris, puis relativement gêné compte tenu du peu de vêtements qu’ils portaient. « La hutte » désignait en effet un sauna traditionnel situé sous un dôme de branches et de peaux tannées. L’artisan et ses neveux portaient un simple linge trempé autour de la taille malgré les températures glaciales à l’extérieur, et des sabots de bois aux pieds. Leurs dos à la peau blanche tatouée ci-et-là portaient encore les traces rouges des flagellations qu’ils s’infligeaient à l’aide de la vihta, une branche de bouleau, pour favoriser la circulation du sang. Ils s’empressèrent de disparaître à l’étage et ne revinrent qu’une fois habillé de braies et de tuniques. C’est l’air de rien qu’ils s’installèrent alors autour du feu en compagnie des lahmianes tandis qu’Olga leur servait la soupe chaude et le kvas réconfortant. Ivar prit une pincée de cendres dans l’âtre et en saupoudra le bout des bottes des invitées avant de commencer la discussion.


- « L’esprit de la rivière m’en soit témoin, je ne pensais vous revoir de sitôt, imperinyi. » dit-il avant d’enfourner une cuillère de borsh. « Iemva n’était-elle pas à votre goût ? »

Elles lui contèrent leurs aventures, de l’affrontement avec la cocatrice au combat contre les kyazaks, en omettant bien sûr le meurtre d’une famille d’éleveurs ungols dans un coin de steppe. Les hommes autour d’eux parurent impressionnés et certains sifflèrent d’admiration tandis que d’autres affichaient des airs circonspects. Puis le sujet de la mine d’Oulianovsk fut abordé et Ivar se fit immédiatement plus aigri.

- « Soient-ils maudits, tous autant qu’ils sont, et leurs amis avec. Vous n’êtes pas sans savoir que les évadés d’Oulianosvk reçoivent du soutien de ce govnyuk de Laszola Rakh-aczi. Et lui et ses chiens sont eux-mêmes soutenus par les clans ungols ! Kossuth, Szabo, Dol’nyy, et même Kadar ! Ils sont tous complices, ne serait-ce que parce que certaines dans leurs familles œuvrent contre nous, les gospodars, sous prétexte que l’oblast leur appartient. Depuis que le boyard a aboli l’application de la loi ungole, ils sont nombreux à vouloir se venger … Les conspirateurs parmi eux utilisent cet argument pour convaincre le reste. Vous verrez que, bientôt, ce seront eux tous contre nous. » prédit-il d’un air sombre en s’envoyant une rasade de kvas.

Quelques-uns de ses nombreux neveux levèrent les yeux au ciel en l’entendant radoter. Mais les regards se firent plus graves lorsque les étrangères voulurent savoir s’ils étaient nombreux à avoir souffert des sévices des évadés d’Oulianosvk.

- « Vous trouverez des familles endeuillées dans toute la vallée, de la Tobol jusqu’à Goranitch. Les bandits s’attaquent aux fermes isolées et aux hameaux des collines. Ils y massacrent les hommes et les enfants, enlèvent les femmes et les chevaux. Ils pendent les corps aux arbres ou les laissent à la merci des bêtes et des éléments. Tenez, il y a moins de dix jours Desenq s’est rendu au kolkhoze de Tegen pour y acheter du cuir. Il a trouvé les bâtiments rasés jusqu’aux fondations et les loups en train de manger les cadavres. Deux des bêtes jappaient devant la porte d’une cabane restée debout par quelque miracle et Desenq y a trouvé une fillette qu’il a secourue et ramenée ici. N’est-ce pas, Desenq ? » Le neveu approuva silencieusement. « La pauvrette a été accueillie par une famille du village mais n’a pas parlé depuis. Les dieux seuls savent les horreurs dont elle a été témoin. Ces bandits sont pires que la vermine. Puissent les esprits les tourmenter jusque dans la tombe. » Ivar scella son souhait en crachant dans le foyer, faisant grésiller les braises.

Un silence pesant s’abattit sur l’assistance puis le maître sellier leva le regard vers Lucrétia et Dokhara.


- « Je ne croyais pas que deux imperinyi seraient capable d’abattre un tel monstre et de défaire une bande de kyazaks. Vous me semblez capables et courageuses. Si vous choisissez de partir à la chasse à ces sobaki, je vous suivrai. Et avec moi mes neveux, et tous ceux qui veulent voir ces têtes au bout d’une pique. Je le jure. »

Il appuya ces dires en pressant deux fois la paume de sa main gauche contre son front. Probablement une autre coutume étrange de cette contrée, que suivirent les huit neveux d’Ivar. Occupée à sa cuisine derrière eux, Olga se raidit mais ne dit rien.

- « Passée la raspotitsa, nous iront nous occuper nous-même de la mine d’Oulianosvk, car ni le boyard ni l’ataman ne nous aideront. Et ensuite, nous demanderons réparations aux ungols. Jusque là, vous êtes les bienvenues dans ma demeure. »
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

En sortant du zal, Dokhara comme Lucretia purent sentir le poids des regards qui effleuraient leurs dos lorsqu'elles passèrent à proximité des chalands et des soldats. Quelques chuchotements traînassaient çà et là dans leur sillage comme les visages, suivant leur passage, se tournaient dans leur direction. Le kislévarin de la baronne de Bratian se révélait bien assez bon pour qu'elle comprît ce qui se disait là ; l'on murmurait que c'étaient elles qui avaient tué la bête de Iemvia et que, dans le même temps, elles en avaient profité pour occire quelques-uns de ces bandits si néfastes à Chilgir. L'Immortelle défléchit brutalement sa route pour aller accoster l'un de ces soldats qui s'était pensé assez discret.

« Dites-moi, mon brave, sauriez-vous où nous pourrions trouver Ivar Golovin ? »

Elle s'amusa fortement du changement soudain qui s'opéra dans l'attitude de l'homme. Jusque-là, il avait renvoyé, avec son compère de discussion, la mine chafouine et retorse de celui qui complote en secret, tout en affichant une légère expression d'amusement ou de stupéfaction selon les commentaires de son collègue. Mais au moment même où la Lahmiane l'aborda, il perdit tout de sa superbe. Comme rappelé à la réalité, sortit de son monde de cabale, il sursauta quelque peu, écarquillant les yeux avant de bégayer une direction approximative dans un geste évasif. Ce fut le deuxième garde qui, passé la surprise, et amusé par la réaction de son confrère, termina par leur donner les précisions requises. Lucretia contempla le premier homme, longuement, dans un de ses regards perçants dont elle avait le secret, ce qui causa un plus grand trouble encore à l'intéressé. Puis elle lui offrit un grand sourire de remerciement qui contrasta bigrement avec l'image que l'on se faisait d'une guerrière ayant pourfendu quelque bête que ce fût, et s'en alla vers la direction indiquée.

La maison d'Ivar tranchait quelque peu des autres masures du village. Excentrée, elle bénéficiait ainsi de toute la place nécessaire pour pouvoir s'étendre, et paraissait dès lors plus grande que les autres bâtisses de Chilgir. Plusieurs dépendances avaient été accolées aux murs porteurs, dont une, en particulier, qui en disait long sur l'activité du gospodar. Lucretia nota la présence de plusieurs outils semblables à ceux qu'elle avait aperçus dans la réserve du zal de Ilya Répine, notamment aux alentours des selles. Par ailleurs, plusieurs de ces dernières, aussi belles que celles exposées au zal, reposaient sur des établis ou étaient toujours en état de confection. L'isba transpirait une certaine opulence dans le grain du bois choisi pour sa construction tout autant que par les différentes fresques bucoliques qui couvraient les parois de l'habitation. Lorsque les deux jeunes femmes franchirent l'enceinte de la clôture, des oies se mirent à caqueter, un chien aboya, mais tous finirent par se taire et par se faire le plus discrets possible. Une femme, qui venait de sortir sur le perron, se présenta à elles et leur demanda ce qui les amenait ici-même. Il ne leur fallut pas davantage que quelques phrases avant d'être invitées au sein de la masure.

L'intérieur était en tout point conforme avec ce que l'on pouvait deviner après avoir aperçu l'extérieur de l'isba. Là encore, le mobilier, les tapisseries et l'agencement de l'habitation renvoyaient au visiteur l'impression d'une simplicité pourtant sertie d'une certaine aisance, d'une certaine richesse. Si le contenu s'avérait rustique, les meubles étaient toutefois solides, de bonne facture, les pièces demeuraient plus vastes que la normale, et nombre d'herbes, d'épices, de viandes et autres aliments en tout genre répandaient une bonne odeur au sein de la maisonnée.

Olga s'excusa pour l'absence momentanée de son mari et de ses neveux, lesquels étaient actuellement à la "hutte". Pour les faire patienter, elle leur servit une corne de kvas ainsi qu'une écuelle de borsh, un potage composé de pommes de terre, de choux, de carottes et de betteraves, ce qui conférait à la soupe une forte couleur rouge. Les deux jeunes femmes acceptèrent volontiers ces mets qui leur étaient proposés, et, en attendant le retour d'Ivar, Lucretia engagea la conversation.

« Je ne savais pas qu'Ivar appréciait tant chasser.»

Mais leur hôte, après un petit sourire, répondit à la Lahmiane que la hutte était en vérité un sauna, et non pas une cabane plus ou moins camouflée que l'on pouvait trouver au milieu d'un marécage.

« Oh », fit simplement Lucretia tout en coulant un discret mais appuyé regard en direction de son amante.

Effectivement, quelques secondes plus tard, Ivar et les siens ouvrirent la porte de l'isba et se trouvèrent fort gênés d'apparaître si peu vêtus, chez eux, en la présence inopinée d'invitées surprises. Quelques salutations et excuses confuses plus tard, et ils filèrent se changer.

« Pas de souci, faites comme chez vous » leur répondit cordialement Lucretia, non sans une petite once d'humour.

A n'en pas douter, Ivar et ses neveux ne s'attendaient pas à revoir de si bonne heure les deux jeunes femmes qui avaient décidé de s'isoler dans un village abandonné. De naturelles questions furent posées, auxquelles Lucretia répondit sans ambages, ou presque, racontant leurs dernières péripéties. A la description du combat qui opposa Dokhara et Lucretia à la cocatrice, quelques exclamations impressionnées fusèrent dans la grande salle, des sourcils interrogateurs furent haussés, mais certains visages se montrèrent plus circonspects également. Puis le point sur la mine d'Oulianovsk fut amené, et l'expression d'Ivar changea subitement, devenant plus sombre.

Le gospodar tint le même discours qu'il avait eu lorsqu'il avait rencontré les deux jeunes femmes pour la première fois, à Zoïshenk. Il les maudissait tous autant qu'ils étaient, et rappela les différentes formes de soutien qu'ils avaient à disposition. Laszola Rakh-aczi, dans un premier temps, qui appartenait au clan Dol'nyy, lui-même conféré à plusieurs autres clans Ungols, tels que les Kossuth, Szabo, et Kadar. QU'avait-il dit, autrefois à leur sujet ? Que d'ordinaire, Ivar et les siens étaient suffisamment nombreux pour défendre Chilgir. Mais que, dernièrement, les krugs des Dol'nyy disparaissaient à l'horizon la veille des attaques, et que même les Kossuth, qu'il pensait être leurs frères, ne prenaient plus la peine de faire le tour des kolkhozes. Que tout trouvait racine dans le fait que les boyards avaient interdit la loi Ungole. Comme à l'accoutumée, ses neveux levèrent les yeux au plafond en l'écoutant radoter, encore et toujours.

Toutefois, il n'en demeurait pas moins que nombre de gospodars réclamaient vengeance dans toute la vallée. Si les deux Lahmianes désiraient véritablement recruter des hommes pour s'en prendre aux criminels de la mine, elles trouveraient leur content de conscrits sans souci aucun dans la mesure où les bandits ne cessaient de piller et de brûler les maisons et les villages les plus exposés.

A tout cela, Lucretia hocha pensivement du chef, pourpensant à l'ensemble de ces éléments. Elle médita un moment, avant de prendre la parole.

« Très bien. Dans ce cas-là, étant donné que toute activité est gelée lors de la raspotitsa, nous allons attendre que cette dernière passe avant de mener l'assaut. Mais plutôt que de ne rien faire, autant bien nous préparer au moment venu. Il va nous falloir recruter des volontaires, comme exposé juste avant, des gens qui ont été touchés par les méfaits et les exactions des bandits. Des hommes ou des femmes qui ont perdu les leurs et qui cherchent la vengeance. Peut-être, Ivar, que vous voyez d'autres moyens de nous attirer la sympathie de ces gens ? Nous avons déjà tué la bête et fait nos preuves en tuant quelques kyazaks, mais peut-être que cela n'est pas assez aux yeux de tous. Si vous avez d'autres soucis du même acabit, faites-le-nous savoir. »

Lucretia s'adressait à Ivar, mais également à son fils, à Olga, et à ses neveux. Tout le monde devait prendre part à cette aventure. Mais là n'étaient pas les seules idées.

« Lors de notre première rencontre, vous avez mentionné le clan Kossuth, avec un certain Sreten Tarmachirin à leur tête. Il serait prêt, apparemment, à donner sa vie pour le Kislev. Dans quel sens ? Côté Ungol, côté Gospodar ? Pourrait-il être un allié de poids dans cette quête ? »

Nouvelle pause, nouveaux regards inquisiteurs. Sans même s'en rendre compte, la Lahmiane s'était levée de sa chaise, et arpentait la pièce à mesure que différentes idées lui traversaient l'esprit.

« A ce moment-là, la mention d'espion ou de complotiste avait été soulignée. Avez-vous connaissance, ou de forts soupçons, sur l'identité de ces personnes ? Des gens plus ou moins hauts placés qui pourraient renseigner les bandits dans la steppe sur l'emplacement des patrouilles des soldats de Chilgir ? »

A un certain moment, Dokhara rappela l'existence de la petite fille que Desenq avait retrouvée à Tegen. Lucretia s'arrêta que pour mieux pivoter net dans la direction de sa consœur.

« Oui, tout à fait. Nous voulons la voir. Lui rendre la parole peut s'avérer difficile, mais nous pouvons toujours tenter. Peut-être aura-t-elle des choses à nous raconter. »

A moins que d'autres se décident à énoncer de nouvelles propositions, Lucretia en avait terminé, si ce n'était pour son dernier plan d'action.

« Sans quoi, en attendant, nous pouvons toujours nous mettre en chasse des kyazaks ou des bandits les plus proches qui rôdent dans les parages. Il doit bien y en avoir quelques-uns qui campent dans la steppe, entre deux collines, dans des grottes naturelles, et que nous pouvons occire sans pour autant nous engager dans un voyage de plusieurs jours jusqu'à la mine. »
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 31 janv. 2020, 19:29, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total : 162 xps
FOR 16 / END 14 / HAB 17 / CHAR 18 / INT 17 / INI 19* / ATT 17 / PAR 13 / TIR 11 / MAG 17 / NA 4 / PV 134/140
Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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Dokhara de Soya
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Dokhara de Soya »

Ravie de faire la connaissance d'Olga, Dokhara n'en resta pas moins prudente au moment de passer le perron de sa maison, tout comme elle l'avait précédemment été lorsqu'il avait fallu pénétrer le zal de Chilgir. Quand bien même ce dernier était un bâtiment communal, et qu'elle avait été formellement invitée à entrer dans les deux structures, cela n'empêchait pas la jeune lahmiane de ressentir une certaine appréhension. En effet, elle ne se rappelait que trop bien de son étrange expérience à la yourte des bergers ungols, bloquée par un mur invisible pour le simple prétexte de ne pas avoir été conviée par les propriétaires des lieux.

Pourtant, ce ne fut pas le pas de la porte qui agressa la vampire, mais bien l'ignoble odeur qui embaumait toute la pièce, et s'en prit avec une telle violence à son odorat qu'elle en perdit l'équilibre un court moment. Prétextant à leur hôte une fatigue passagère due à leur voyage dans l'oblast et le contrecoup ressenti maintenant qu'elle retrouvait la sécurité d'une tirsa, Dokhara fit de son mieux pour suivre sa consœur qui ne semblait pas dérangée le moins du monde par ces relents aussi nauséabonds que fétides. D'un regard mauvais, elle observa les responsables de cette exhalaison putride : Olga avait eu la bonne idée de décorer les poutres de sa maison avec des tresses d'ail. Alors même que son système digestif ne lui était plus d'aucune utilité, Dokhara avait pourtant la certitude d'être capable de vomir des litres de bile dans l'instant si elle ne se concentrait pas suffisamment. Lorsque Lucrétia laissa couler un sous-entendu sur l'utilisation du sauna, son amante indisposée ne put que lui répondre avec un sourire en coin qui était tout sauf crédible.

Agacée par sa propre faiblesse, elle concentra toute sa volonté pour dissimuler son trouble, et rester attentive aux enjeux de la conversation en cours. Elle but tant bien que mal dans sa corne de kvas, et avala plusieurs cuillères de bortsch - nul doute qu'elle aurait pu apprécier le gout peu commun de ces nouvelles saveurs du nord, si ces condiments maudits ne perturbaient pas déjà tous ses sens. Plus que jamais, elle se reposa sur Lucrétia pour être leur porte parole auprès des kislévites.

Lorsque la coquatrice fut évoquée, Dokhara montra ses vêtements griffés pour appuyer les propos de sa consœur, avant d'ajouter une couche à son récit. Son vocabulaire simple couplé à son odorat malmené la força à se montrer assez laconique, mais cela suffit à évoquer, en plus du génie guerrier de Silke, ses incroyables capacités médicinales qui avaient permis de fabriquer un antidote.

Elle ne reprit néanmoins pas la parole lorsque les inimitiés entre gospodars et ungols devinent le principal sujet de conversation. Bien sur, elle appuyait les déclarations colériques d'Ivar et de ses compagnons en hochant la tête d'un air grave, comme pour montrer qu'elle partageait leurs opinions. En son for intérieure, elle était plus réservée : dans cette histoire, Dokhara trouvait que les ungols étaient des coupables un peu trop évidents - il n'était pas exclus qu'une troisième entité se serve justement des vieilles inimitiés pour y trouver son propre compte. Après tout, c'était précisément cette stratégie que les deux lahmianes appliquaient en ce moment-même pour se trouver des alliés.

Sa génitrice se lança dans une tirade, multipliant les questions tandis qu'elle faisait les cent pas à l'intérieur de la maison. Elle était belle à voir, l'esprit en ébullition, enthousiaste des opportunités à venir. Dans son état, Dokhara n'avait pas cœur à jalouser le charisme de son amante : elle préféra lui laisser toute la lumière, restant assise près du feu et tentant de dissimuler l'odeur de l'ail en sirotant dans sa corne de kvas. Néanmoins, lorsqu'elle aborda la manière de se renseigner sur les bandits, la jeune vampire intervint :

- La petite fille... elle pourrait détenir des informations sur les bandits, si elle trouve le courage de surmonter son traumatisme.

Lucrétia surenchérit, ravie de pouvoir rebondir sur l'idée de son amante. Tout un programme se dessinait à l'horizon des semaines à venir : sympathiser avec les habitants, recruter des désespérés, recueillir un témoignage, traquer des bandits, démasquer des espions... sa mère était une sublime chef d'orchestre, préparant ses instruments avec minutie pour le concert à venir.

Dokhara était impatiente de découvrir cette nouvelle oeuvre d'art, pour pouvoir enfin briller dans le rôle de soliste que Lucrétia lui préparerait assurément.



Liste de tout ce qu'on va vouloir faire si on passe l'hiver à Chilgir - je note tout ici, ne sachant pas trop ce qui se déroulera sous ellipse ou pas :

- Recruter avec l'aide d'Ivar tous ceux motivés à chercher réparation eux-mêmes.

- Sympathiser avec le village entier - Dokhara n'hésitera pas à donner de sa personne comme avec les stryganis, que ce soit via les besognes pénibles, ou ses propres dons : elle peut chanter, jouer du violon, et danser au débit de boisson local, et aussi proposer à ceux qui le veulent de se faire tatouer \o/ Elle minaudera bien entendu avec ceux réceptifs à ses charmes, mais ne donnera jamais suite - trop de risques de dévorer un éventuel amant sur un moment de perte de contrôle ^^°

- Pour Dokhara, monter ses compétences : ce temps libre est l'occasion de travailler tout ce qu'elle a en cours.

- Pour Lucrétia, ce peut être l'occasion de préparer de nouveaux poisons à l'aide du venin de coquatrice récolté précédemment.

- Pour les repas de Dokhara, Lucrétia peut faire de longs et grands repérages alentours en corneille, pour trouver des kyazaks à buter. Outre nourrir Dodo, ramener des preuves de nos victoires lors de ces attaques ne pourra qu'améliorer notre réputation à Chilgir pour notre recrutement. Reste que 2 tests réussis à faire pour Dodo afin de contrôler sa soif de sang, vu qu'elle en a déjà réussi trois sur les trois effectués jusque là. Elle profitera des sorties pour lancer quelques fois le sortilège de flammèche afin de ne pas perdre la main, vu qu'au village elle ne va pas pouvoir afficher ouvertement ses dons. Si la météo le permet, elle profitera de ces sorties pour aller à l'arbre d'Aqshy, afin d’entraîner ses pouvoirs avec les sorts mineurs du domaine du feu.

- Mener l'enquête pour essayer de trouver d'éventuels sympathisants des bandits dans la ville - avec le DDS de domination de Lucrétia, ce ne devrait pas être bien dur de confirmer le moindre soupçon envers quelqu'un.

- Aller questionner la gamine muette - Dodo essayera de gagner sa confiance patiemment avant de l'interroger, on est pas pressé - au pire, Domination de Lucretia peut faire le taff aussi si la méthode douce ne marche pas :D Cela dit, je vois bien Dodo aller la visiter tous les jours et passer bcp de temps avec elle pour créer un lien (genre 1h chaque jour) - elle a toujours, vampire ou pas, un certain attachement envers les enfants, et s'en veut encore un peu du sort réservé au dernier qu'elle a croisé... et comme dit Lucry, elle pourrait faire une gourde ambulante :mrgreen:

- Au cas où, si c'est disponible, Dodo ne serait pas contre une véritable armure de cuir pour se protéger (veste + jambières)
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 31 janv. 2020, 19:29, modifié 1 fois.
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Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


Awards \o/
Warfo Award 2018 du meilleur PJ - RP
Warfo Award 2019 du meilleur PJ - Élaboration
Dream Team 2018 et 2019 avec Lucretia Von Shwitzerhaüm
Miss Vieux Monde 2019 et 2020

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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par [MJ] Le Grand Duc »

- « Sreten Tarmachirin ? C’est un brave garçon, dans les veines duquel coule le sang de guerriers fidèles à la Mère-Patrie. » acquiesça Ivar. « Son père et moi étions frères d’arme à l’époque de la Tempête du Chaos et nous avons combattu dos à dos de nombreuses fois. Sreten est un prince de noble lignée parmi les siens. Il est jeune, a les idées fraîches et croit fermement au progrès et à l’unité entre nos races. Pour lui, le peuple de la steppe doit se moderniser s’il veut survivre, et il a bien raison ! Voilà un ungol qui a autre chose entre les oreilles que de l’herbe à bison. Un que je peux appeler mon frère, par Ursun. Malheureusement, nombreux sont ceux qui le méprisent parmi les siens. Ils le trouvent trop turbulent, trop pressé, et pensent qu’il représente un danger pour leurs traditions et leur mode de vie. Des voix s’élèvent dans son propre clan pour le destituer. Et croyez bien, imperinyi, que ce sont ces mêmes voix qui œuvrent contre nous. Et puis quoi qu’en pense Sreten, pourquoi les Kossuth prendraient-ils la peine de vous aider ? Ces chiens de la mine d’Oulianosvk œuvrent main dans la main avec les Fils de la Steppe, qui eux prétendent servir tous les ungols. Ceux qui se risqueront à vous suivre seront traités comme des traîtres par leurs propres familles et piétinés par un troupeau d’étalons selon leurs lois. »

Ivar agita sa corne de kvas -désormais vide- à l’adresse d’Olga pour que cette dernière la lui remplisse.

- « La vallée est vaste, et la steppe encore plus. Les cachettes ne manquent pas pour ceux qui ourdissent leurs plans dans l’ombre. Comment savoir qui informe les bandits ? Ce peut-être n’importe quel habitant des hameaux des environs, ou des éleveurs nomades, ou même des chasseurs. Ce que j’en sais, c’est que chaque ungol est un traître potentiel et qu’il faut se méfier de chacun d’eux, même ceux que nous considérions auparavant comme nos amis. Les esprits du foyer m’en soient témoin, le jour de la vengeance viendra. »

La rancœur et la boisson rendaient le maître sellier bien sombre, aussi l’un de ses neveux changea-t-il de sujet et ils discutèrent d’autre chose, tel de l’hiver qui approchait ou encore des magnifiques montures stryganies sur lesquelles les deux lahmianes étaient apparues. La journée continua alors dans une atmosphère plus détendue.



L’hiver tomba sur la vallée de Chilgir avec la brutalité d’un projectile de trébuchet. En une nuit, tout fut recouvert d’un écrin blanc et poudreux qui montait jusqu’aux chevilles, signe avant-coureur de la bien plus terrible raspotitsa, ou « absence de routes. »

Au Kislev, le culte d’Ursun connaissait deux fêtes sacrées : « Le Dernier Festin » à l’équinoxe d’automne, où les habitants de tout le tsarat déposaient des offrandes dans la nature à l’adresse des ours avant que ces derniers ne partent en hibernation, et le « Jour de l’Eveil » qui célébrait l’arrivée du printemps et le retour du plantigrade, emblème et protecteur de la Nation. Mais à Chilgir, il existait une forme supplémentaire de dévotion envers le Dieu-Ours. Après les premières neiges, les habitants de la vallée se réunissaient en bordure d’un vieux cercle de pierres, à quelques lieues à peine de la tirsa, pour y célébrer le « Khoroshaya zhertva », ou « Gentil Sacrifice ». La communauté des fidèles d’Ursun était principalement composée de gospodars, tandis que les ungols priaient plus volontiers Dazh. Cependant, l’ours gardait une importance particulière dans le folklore des habitants de la steppe et c’est ensemble que les habitants de la vallée s’enfonçaient dans la forêt pour aller lui rendre hommage.

Parce qu’elles hivernaient à Chilgir, Lucrétia et Dokhara furent invitées à participer à la célébration. C’est donc aux côtés d’Ivar et de sa famille, mais aussi d’Ilya Répine ou encore de Sreten Tarmachirin qu’elles prirent le chemin des pierres sacrées. La piste avait été préalablement décorée de rubans en cuir coloré, de fleurs d’hiver et de branches de houx, et il régnait une ambiance de fête parmi les villageois, gospodars et ungols confondus. Ils arrivèrent bientôt en vue d’un vaste cercle d’oghams visiblement ancien et dont plusieurs blocs gisaient au sol, recouverts par la végétation. Au-delà du cercle s’étendait une forêt sombre et épaisse dont les murmures étaient étouffés par la neige. Les lahmianes pouvaient sentir les vestiges d’une magie ancienne imprégner le lieu, comme une emprunte laissée dans l’argile à un âge révolu, et que le temps avait changé en roc.


- « C’était ici un grand lieu de dévotion des roppsmens, il y a des siècles et des siècles, avant qu’ils ne disparaissent. » apprit Ivar aux vampires pendant la marche. « Les premiers habitants de la steppe faisaient route jusque dans ces bois pour communier avec leurs dieux. Ils étaient proches des forces de la nature, plus encore que nous. Beaucoup d’ungols disent descendre d’eux, et c’est parce qu’il a cet héritage en lui que Sreten peut parler à la terre, aux arbres et aux animaux. »

Les habitants de Chilgir se réunirent autour de ces pierres couvertes de lichen, et déposèrent à leurs pieds des paniers remplis de poisson, de tubercules et de baies séchées, comme une offrande aux animaux qui allaient, eux aussi, affronter le terrible climat. Il y eut quelques chants religieux, puis Sreten s’avança au milieu du cercle en tenant la longe d’une belle jument blanche. Aux courbes rondes de la bête, il n’était pas à douter qu’elle était pleine et attendait un petit. Sous les regards de l’assistance, le jeune chef du clan Kossuth retira le licol de l’animal docile et lui enlaça la tête, les yeux fermés.


Image

Puis Ilya s’avança en sa qualité d’ataman, accompagné par un prêtre d’Ursun. Ils portaient tous deux des capes en peau d’ours dont la tête de la bête faisait office de capuche. Le chef du village prononça des vœux d’abondance pour le printemps à venir, de résilience pour la raspotitsa et implora les esprits de l’hiver d’épargner animaux sauvages et troupeaux. Puis il s’entailla profondément la main avec un poignet et laissa une trace sanglante sur son visage, et sur le chanfrein de la jument. Le prêtre se mit alors à chanter dans une langue gutturale et Sreten dégaina le sabre qui pendait à sa ceinture. Il empoigna la fusée des deux mains et décrivit un ample arc de cercle avec la lame en poussant un grand cri avant de l’abattre de toutes ses forces sur la nuque de la jument. Il y eut une grande éclaboussure de sang en même temps qu’une ovation bruyante des villageois tandis que la bête s’écroulait sans même hennir. Puis le jeune chef de clan planta son épée dans le sol, fit jaillir un long coutelas de sa gaine et ouvrit la panse de la jument pour en tirer le poulain qu’il souleva au-dessus de lui, se salissant de la tête aux pieds.

- « Père-Ours, accepte notre offrande. Que tes fils se partagent cet esprit mort avant d’être né, et reviennent à la vie lorsque les neiges fondront. »

Ces célébrations sauvages en l’honneur d’Ursun et des esprits de la nature furent suivies d’un formidable banquet donné dans le zal de Chilgir et où tous étaient conviés. On fit rôtir des sangliers et des cuissots de gibier, gospodars et ungols festoyaient ensemble, bien qu’en y regardant de plus près ils ne se mélangeaient que peu. Le kvas, la bière et la vodka coulèrent à flot, et un éleveur nomade joua de la katioucha jusqu’à tard dans la nuit tandis que les bottes des danseurs claquaient sur le parquet de la maison communale. A une heure où les enfants étaient déjà couchés depuis longtemps, certains ronflaient sur les tables au milieu des victuailles tandis que la musique résonnait encore et que les neveux d’Ivar faisaient l’animation en dansant bras dessus bras dessous, sautant sur place en pliant les genoux pour se rapprocher au plus près du sol à chaque fois tout en lançant une jambe vers le haut. Ils finissaient par s’écrouler en rigolant, complètement soûls, puis des bagarres d’ivrognes éclataient çà et là et la fête ne finissait qu’au matin, par un plongeon revigorant dans la rivière gelée.



La raspotitsa. Des tempêtes de neige quotidiennes, des nuits si froides que les lacs gelaient sur un mètre de profondeur et qu’un cracha se transformait en glaçon avant de toucher le sol. Tout n’était qu’un vaste paysage blanc, tantôt chaotique et secoué par les rafales, et tantôt figé et étrangement silencieux. Lorsque le ciel était dégagé, les rayons du soleil se réverbéraient sur ce manteau immaculé avec tant de force que les rares humains à mettre le nez dehors ne le faisaient pas sans une paire de bésicles en bois percée seulement d’une croix. Mais plutôt que de s’aventurer à l’extérieur, les habitants de la vallée préféraient rester cloitrés chez eux au coin du feu, à boire en attendant que la mauvaise saison passe.

Chilgir et tous les hameaux alentours étaient emprisonnés dans des congères parfois hautes de plusieurs mètres dans lesquelles quelques braves creusaient des passages pour relier tant bien que mal les différentes habitations. Il n’était pas rare qu’une isba disparaisse complètement sous la neige. Les animaux, quant à eux, étaient entassés dans des étables ou vivaient parmi les hommes lorsque c’était possible. Volailles, oies, chiens, cochons, chèvres, chevaux et vaches : ils étaient nombreux à devoir se protéger de la morsure du froid, tous comme les humains. Quelques éleveurs connaissaient en outre des crevasses ou des réseaux de caverne dans lesquels abriter leur cheptel le temps de la raspotitsa. Avant les neiges les plus dures, on avait abattu les animaux les plus faibles, ceux qui aurait de toute façon été emportés par la rudesse du climat.

On dissuada d’ailleurs Lucrétia et Dokhara de s’aventurer à l’extérieur, car la raspotitsa était la saison où on se serrait les uns aux autres pour se réchauffer, où on écoutait les tristes balades ungoles et où on racontait des histoires. Les étrangères furent mises en garde contre le Démon de Givre, le Ryzhnyi Khoziain et tous les autres esprits maléfiques qui rôdaient dans les étendues enneigées, là, dehors. On leur conta les légendes des Premiers Hommes, les roppsmens, mais aussi celles de la naissance des ungols dans un grand feu de brousse allumé par Dazh lui-même, ou encore celles des redoutés reines-khans gospodars qui guidèrent leur peuple de cavaliers depuis l’autre côté des montagnes. Elles eurent tout leur soûl de folklore local, de racontars et de prières. On disait qu’un mystérieux meurtrier sévissait à Goranitch, que les kyazaks reviendraient en force au printemps, que la tsarine comptait affermir son emprise sur le Nord et même que les princes de Praag recrutaient des mercenaires à Erengrad et dans l’Empire. On parlait du cours du cuir, de celui de la fourrure de lynx bleu, des droits de pêche dans la Tobol et la Tolsol. Les hommes fumaient la pipe, les femmes mâchaient des racines de séguerisse aux propriétés apaisantes. Certains négociaient déjà les poulains à naître, les saillies de l’automne suivant, ou le prix des harnais qu’ils allaient négocier à Zoïshenk. Un chasseur mentionna avoir vu un agent des guildes marchandes d’Erengrad rôder à la cour du boyard. En résumé, si la raspotitsa était la saison de la désolation à l’extérieur des foyers, elle était aussi celle de la vie en communauté et des discussions au coin du feu.



Image

On peut faire un passage en caisse, je vous crédite l'xp actuelle sur vos fiches et on repart de zéro en suivant.

En réponse aux éléments demandés sur Discord, voilà ce qu'il faut intégrer à votre prochain post :


Les kyazaks : il est vous est indiqué qu'à une dizaine de lieux d'un hameau lui même au sud de Chilgir, dans les contreforts des Crocs de Shargun (donc forêt épaisse de pin) il y a la ruine d'un ancien fort connue pour servir de camp à des bandits
ils y sont une dizaine, ce ne sont pas des kyazaks (maraudeurs du nord) mais juste des bandits d'ethnies gospodars et ungols mélangées
Lucrétia pourra repérer ce campement facilement en corneille car on peut repérer les ruines depuis le ciel, bon après attention aux conditions de vol en pleine tempête de neige !
vous apprendrez aussi qu'il y a des hommes bêtes dans ces forêts et des peaux vertes dans les crocs de shargun, mais pas trop de soucis de ce côté là (quelques nids de gobelins, peut-être)
Si vous ramenez la preuve de la mort de ces bandits vous serez félicitées, mais bon il n'y aura pas non plus foule pour vous tresser des lauriers car les gens restent principalement chez eux
Après effectivement il y a dans la vallée des crevasses, des grottes, des endroits cachés qui peuvent servir de refuge. Si vous les explorez tous en suivant les indications, vous trouverez : des animaux sauvages, des araignées géantes, des squelettes humain avec des sacs à dos ou des couvertures mitées ou des bandits qui vont par trois ou quatre
Pour la petite : elle ne parlera pas, elle semble vraiment devenue muette, même sous Domination. Elle a été adoptée par une famille qui a plusieurs enfants de son âge (4-8 ans) qui vit dans un hameau de quelques maisons au nord de chilgir, dans des collines
La famille ne vous laissera pas emporter la petite (sauf utilisation de Domination)
Et enfin, vous vous visez dans l'auberge qui se trouve à l'extérieur de l'enceinte fortifiée de chilgir mais adossée à la palissade de pieux
vous y avez une chambre, le confort est très sommaire et l'aubergiste est aussi artisan et n'a que deux chambres à louer et vit lui même dans l'auberge.
Notez aussi, tant que j'y pense, que si vous sortez ce sera à pied (donc galère dans les congère, parfois neige jusqu'à la ceinture, etc) sinon ce sera test d'End pour vos montures (sauf rares jours cléments). si vous voulez sortir avec vos montures dites le moi et je tirerai des dés.
Je tirerai des dés aussi pour la prévision des lëd, avec un bonus si vous demandez des prédictions météorologiques aux gens du coin.
Retenez que si vous vous aventurez dans la nature pendant la raspotitsa les gens seront quand même assez sur le cul, encore plus si vous revenez vivantes
Autre point important : n'hésitez pas à créer des personnages secondaires, des faits divers, voir des coutumes ou des évènements mineurs. Si vous avez un doute n'hésitez pas à me demander. notez que ces créations doivent rester "mineures" en ce qu'elles n'influencent pas le scénario mais à part ça faites vous plaisir.

Jets pour déterminer la météo lors de vos deux sorties (1d20, vous prenez un lëd sur un 1-5)
Première sortie (+2 jour clair, +2 prévision des locaux) : 9, le temps est clair et il le reste.
Deuxième sortie (+2 jour clair, +2 prévision des locaux) : 4, le temps est clair et il le reste.

Réponse à Dokha :

1- Lucré peut fabriquer du poison avec les glandes à venin disponibles si elle trouve du matériel d'alchimiste (au moins niveau basique : des fioles, de quoi distiller, de l'alcool).
2 - pour le côté "Charisme/Rencontres" : pendant la raspotitsa les déplacements sont relativement limités, même au sein des communautés. Ces jours se passent plus ou moins enfermés chez soit, sauf pour les quelques rares jours à la météo clémente. Ceci dit vous vivez à l'auberge de Chilgir, qui est un lieux de rencontre commun surtout pendant cette période où les gens (qui s'emmerdent pas mal) viennent se retrouver pour discuter et échanger.
2.1 - en terme d’accueil, c'est mi-figue mi-raisin. Si les kislévites sont traditionnellement très accueillants, c'est plutot en terme de survie (ils vous offrent facilement le gîte et le couvert). Mais du reste ce sont des gens durs, assez froids et méfiants avec les étrangers. Vous ne souffrez pas de votre condition de femme (les femmes sont presque considérées comme les égales des hommes) mais plutôt de votre condition d'impériale. A moins que vous ne leur clouiez le bec et gagnez leur respect (et par exemple aller buter les bandits ça compte, comme l'histoire de la cocatrice, mais ça peut être un concours de beuverie ou une épreuve de force, etc), il sera difficile d'être traité sérieusement. Du reste la communauté sera divisée entre une moitié de curieux qui s'intéresseront à vous, et une moitié de gens totalement indifférents (gospodars et ungols confondus)
2.2 - à l'auberge vous rencontrerez de tout : des gospodars et des ungols (pas de sang-mêlé par contre), des chasseurs, des éleveurs, des artisans et des paysans, quelques druzhina (en gros des nobles, mais qui ont quand même une profession, généralement des artisans)
2.3 - Dokhara trouvera un amant sans problème, ce peut même être un neveu d'Ivar. Son nom sera Valenty.
2.4 - ton chant et ta musique seront immensément appréciés pendant cette longue période morne. Tu noteras qu'à chilgir les gens vivent quand même bien (ils ont des réserves pour ces trois mois qui se révèlent finalement tranquilles puisqu'il ne se passe presque rien). Tu pourras aussi tatouer. Sur le tatouage au Kislev : tu noteras que presque 100% des gens sont tatoués. Les femmes gospodars se tatouent principalement les bras, et les jambes, avec des symboles géométriques (des points, des cercles, des chevrons, des triangles) de manière assez simple et minimaliste mais certaines ont parfois les bras entièrement recourts). Les hommes gospodars se tatouent tout le corps en plein de petits tatouages (à la Witcher) de symboles ésotériques, liés à la religion (bcp d'imagerie liée à l'ours) et aux esprits, mais aussi des scènes guerrières, des armes, des femmes, etc. Pour les ungols, hommes et femmes portent le même genre de tatouages : là aussi tout le corps, généralement un très grand dans le dos et des petits partout, toujours liés aux esprits, à la steppe, à la nature, aux chevaux mais aussi un lien fort à la mort (os, crânes, squelettes entiers d'humains ou d'animaux, morts dansants ou morts en armure, etc), et aussi de petits textes écrits dans leur langue (que vous ne maîtrisez pas), souvent de quelques lignes qui forme un petit patch quelque part sur le corps ou sur les bras.
2.5 - pour ce qui est de monter la petite troupe, Ivar s'en charge mais ça ne prendra qu'au retour du printemps parce que la raspotitsa empêche de se rendre dans les autres hameaux et communautés qu'il y a dans la vallée. Du reste vous rencontrerez certainement, à l'auberge, des gens qui ont perdu des proches ou qui connaissent certains des villageois assassinés. Tous ceux qui sont victime des déprédations des évadés de la mine sont des gospodars, et les évadés pillent (vivres, bien, chevaux, femmes) et brûlent/tuent tout après leur passage, de manière assez ignoble. Si vous haranguez ces gens là, ils vous répondront favorablement. Ils veulent que ça cesse, veulent se venger, ouspillent contre Ilya Répine qui ne fait rien et à demi-mot contre le boyard (mais évitent en public). Il y aura aussi des remarques racistes contre les ungols et si certains sont présents ça peut partir en baston.
2.6 - enfin, et c'est un détail, mais les conversations tourneront surtout autour des chevaux, du commerce du cuir, de la chasse, des harnais et des évènements politiques actuels (kyazaks qui reviennent en force, évadés de la mine, antagonisme gospodar-ungol et Kislev-Praag).
3 - Si dokha fait dessiner la gamine, celle-ci prendra un morceau de charbon et dessinera sur un bout de linge : des maisons, des gens et des animaux, puis de grosses figures noires avec des cornes et des queues de dragon et des grands bras (des armes ?) et puis gribouillera les premiers éléments (maisons, gens, animaux)
4. tes compétences augmenteront si tu illustres ton entraînement dans ton post. Tu pourras clairement prendre le kislévarin, pour 15 xps seulement.
Autre point important : n'hésitez pas à créer des personnages secondaires, des faits divers, voir des coutumes ou des évènements mineurs. Si vous avez un doute n'hésitez pas à me demander. notez que ces créations doivent rester "mineures" en ce qu'elles n'influencent pas le scénario mais à part ça faites vous plaisir.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »


Streten Tamachirin. Un des rares Ungols pour lequel Ivar détenait un tant soit peu d’affection. Ce dernier le tenait en haute estime sous prétexte que le père de l’intéressé et Ivar lui-même avaient jadis été frères d’armes lors de la Tempête du Chaos. Ils avaient combattu coude à coude et, comme souvent, la proximité de la mort avait noué des liens que peu de choses pouvaient défaire. Mais il n’y avait pas que cela. Streten était également un prince parmi les siens, un prince qui détonnait au milieu des autres. Il n’était pas contre l’idée selon laquelle les Ungols et les Gospodars pouvaient être égaux, il n’était pas contre le concept de modernisation de la société, de l’évolution des mœurs. Mais peut-être trouvait-il cet état d’esprit dans sa jeunesse, là où les anciens, eux, ne cessaient de s’arrêter sur des idées nettes et obtuse, jusqu’à trouver ce personnage un peu trop haut en couleurs, un peu trop dangereux pour les siens. Selon Ivar, des complots s’ourdissaient dans les ombres avec la visée seule de le destituer. Lucretia garda tout cela dans un recoin de son esprit, avant de s’intéresser à la réponse suivante qui venait de lui être faite.

Oui, la vallée regorgeait de cachettes et de grottes en tout genre, tant et si bien qu’il s’avérait presque impossible de tout cartographier, de tout visiter pour y trouver des coupables. Ces derniers, par ailleurs, pouvaient être n’importe qui, du simple habitant au boyard le plus illustre, en passant par le forgeron de Chilgir ou l’artisan de la rue suivante. Ivar n’avait aucune idée sur l’identité, ou sur les identités des espions, mais il mettait sa main à couper qu’il s’agissait d’Ungols. Les vieilles rancœurs avaient la vie dur, et le gospodar leur resservi ces rengaines auxquelles elles avaient déjà eu droit lors de leur première rencontre. Les neveux soupirèrent de plus belle, et l’un d’eux profita que leur oncle était en train de se désaltérer pour ouvrir un nouveau sujet. La conversation s’adoucit quelque peu, et le reste de la journée passa rapidement.






***






En fin de compte, les deux jeunes femmes ne partirent point pour la mine d’Oulianosvk. L’entrée qu’elles avaient faite à Chilgir et les différents protagonistes avec lesquels elles s’étaient abouchées leur avaient ouvert de nouveaux horizons. Puisque le boyard Ilya Repine leur avait offert l’hospitalité, Dokhara et Lucretia en profitèrent sans se faire prier. Olga et son mari avaient quant à eux également insister pour les loger sous leur toit, mais étant donné le malaise que provoquaient sur la jeune De Soya les aulx suspendus au plafond, les Lahmianes avaient poliment décliné pour se réfugier dans une auberge à la fragrance bien plus neutre, quoiqu’elle dépendait aisément des chalands qui l’occupaient. Fort heureusement, le bâtiment s’avéra relativement étroit ; l’aubergiste n’en était pas tout à fait un, artisan de métier qu’il était, et la petitesse de son édifice ne lui permettait de louer que deux chambres. Si fait, de la grande salle s’échappaient principalement des odeurs de brouet, de légume, de viande braisée et d’alcool, et rares étaient les clients assez sales pour supplanter de leurs remugles fétides les agréables senteurs culinaires.

Rapidement, les deux Lahmianes furent conviées à l’une des fêtes annonçant l’arrivée prochaine de la raspotitsa. Quelques réminiscences des soirées stryganis apparurent devant les yeux de Lucretia, qui laissa échapper un petit soupir de lassitude. Ces basses et vulgaires festivités en l’honneur de ces divinités futiles ne parvenaient aucunement à la cheville du faste des bals impériaux, et ces lippées n’avaient que le mérite de l’ennuyer profondément.

« Allons donc, et qu’allons-nous avoir droit, cette fois-ci ? maugréa-t-elle à Dokhara, bien plus enthousiasmée qu’elle. Des hurlements à la lune, des grognements d’ours, des danses primales autour d’un grand feu ? »

Mais pour le bien commun de leur tâche, pour s’autoriser une intégration plus rapide et plus facile, elle accepta de se joindre à la fête sacrée qu’allait donner tout le village. Et tous les habitants de ce dernier, ou presque, s’étaient effectivement rassemblés en-dehors du mur d’enceinte pour aller déposer des offrandes au cœur de la nature.

« Ah ça, quand il s’agit d’honorer leurs déités et d’abandonner de la nourriture dans les bois, il y a du monde, mais quand il s’agit de recruter des troupes pour mener une guerre à de vulgaires brigands, là, il n’y a plus personne » grommela-t-elle à voix basse en jetant un regard peu amène sur les rubans accrochés aux branches des arbres. Autour d’elle, toutefois, les conversations étaient joyeuses et insouciantes ; l’on hâtait le pas dans belle bonne humeur, l’on se bousculait dans une franche camaraderie, et l’on haussait ribon-ribaine la voix pour couvrir le dialogue de ses voisins.

Ivar leur apprit l’origine de cette coutume, expliquant que cet endroit représentait un grand lieu de dévotion pour les roppsmens, bien plus proches de la nature que ne l’étaient actuellement les Gospodars et les Ungols.

« Une chance qu’ils aient disparu et que vous les ayez remplacés, alors ! » s’exclama sarcastiquement Lucretia en reikspell, ce qui laissa sur le visage de son hôte une expression d’incompréhension.

L’on amena par la suite un jument pleine au centre du cercle de pierres, et Streten s’avança à ses côtés. La Lahmiane en profita pour détailler quelque peu cet homme sur lequel Ivar ne tarissait pas d’éloges. La carrure trapue, le crâne rasé et les avant-bras saillants, il arborait une épaisse moustache ainsi qu’une lourde boucle d’oreille, ce qui le rangeait d’office dans le clan des Ungols. Bien, au moins saurait-elle le reconnaître à l’avenir. La cérémonie se déroula comme l’on pouvait s’y attendre ; Ilya Respine s’avança à son tour pour déclamer ses vœux en compagnie d’un prêtre, l’on récita une série de prières avant de chanter en cœur, puis Streten décapita simplement la jument de son épée.

« Eh bien, ne va-t-il pas boire le sang qui se répand, ou se dénuder pour se baigner dans cette marre bouillonnante ? » murmura toujours aussi sardoniquement Lucretia dans sa langue natale alors qu’elle se trouvait à côté de Dokhara.

Une ovation grandiloquente des villageois plus tard, et Streten ouvrait grand le ventre de l’animal pour en retirer le poulain mort-né avant de le hisser au-dessus de sa tête.

« Bha, je n’étais pas loin », déclara alors l’Immortelle tandis que le sang et les humeurs souillaient la vêture et le crâne du prince des Kossuth.

La suite se révéla toutefois plus appréciable pour la noble de Bratian. Même s’ils n’avaient aucunement l’art et la manière raffinée de l’aristocratie impériale pour mener les banquets, les habitants de Chilgir proposèrent un festin avec assez de plats pour contenter Lucretia. Ces derniers n’étaient pas très élaborés, la musique que l’on joua se révéla aussi rustique que les instruments avec lesquels elle avait été composée, les danses ne développaient aucune grâce, aucune élégance, mais l’ivresse générale et l’allégresse partagée permirent aisément à la « mercenaire » se de tailler une place au sein de la communauté.

Décidant de jouer son rôle de guerrière et de quelque peu laisser tomber ses origines de sang-bleu, elle balança à droite à gauche quelques « cyka blyat » bien sentis qui firent immédiatement mouche auprès de ses interlocuteurs. Il fallait dès lors régler cela dans un concours de beuverie ou de bras de fer, qu’elle remporta facilement es qualités de vampire. Si cela ne suffisait pas, une série de baignes supplémentaires parvenait généralement à dompter les velléités belliqueuses pour de bon ; les kislevites avaient une certaine tendance à reconnaître l’usage de la violence. Enfin, pour les plus récalcitrants, elle laissa une image assurément mémorable dans bien des esprits lorsque la simple « imperiny » qu’elle était se déshabilla en haut d’un promontoire rocheux pour sauter dans une eau gelée d’où elle n’était jamais censée remonter.



***




Si la veille de cette fête l’hiver avait recouvert le sol d’un léger tapis de neige, les jours qui suivirent démontrèrent toute sa rudesse et son intransigeance. Il devint très difficile de quitter n’était-ce que l’enceinte de sa propre isba tant le vent glacial soufflait avec véhémence. Les airs furieux charriaient indistinctement flocons et grêlons qui crépitaient en s’écrasant contre les parois de bois des masures, et plus d’un imprudent manqua se de faire assommer après avoir trop tardé dehors. Des tourbillons incessants de neige balayaient les terres, et les bourrasques tempétueuses soulevaient le lourd manteau blanc pour l’entasser en de hautes congères contre les habitations. Les cimes des conifères se pliaient jusqu’à manquer de se coucher vers le sol, et la vision se réduisait à quelques pouces devant soi. L’on avait pris la précaution de rentrer les animaux à l’intérieur, et Lucretia comprit désormais pourquoi. Aucun bestiau n’aurait pu supporter la violence de ces tempêtes, et, le lendemain, seuls leurs cadavres pétrifiés auraient été retrouvés. La Lahmiane imaginait déjà les exhalaisons animales qui devaient transiter à travers toute la maison d’Ivar, et remercia intérieurement Dokhara pour son indisposition à l’ail. Dans l’auberge, au moins, nul chèvre, mouton ou vache n’y avait été parqué ; rien que des humains qui venaient se réfugier dans la grande salle pour y passer le temps et écouter des histoires.

La pièce principale de ladite auberge, fort heureusement, avait récupéré en son sein toute la vie qu’il manquait au-dehors. Les habitants de Chilgir venaient s’y retrouvaient quotidiennement, suivant la grande tranchée que l’on avait creusée au milieu du village. Là, les ombres dansantes à la lumière du feu ravivaient les songes des vieilles légendes que l’on racontait entre deux cornes de kvas tandis que, à l’opposé de la pièce, l’on jouait aux cartes ou aux dés. Le fracas des choppes, les cris des gagnants, les grognements des perdants ou encore le roulement des osselets sur les tables de bois ne parvenaient pas à occulter le sifflement strident du vent, mais ils réussissaient toutefois à tisser une certaine cohésion à l’intérieur lorsque tout n’était que chaos à l’extérieur.

Lorsque rien n’était prévu de son côté, Lucretia n’hésitait pas à se mêler à cette populace hétéroclite. Paysans, guerriers, prêtres, boyards ou artisans, tous étaient soumis au joug impitoyable de l’oisiveté, et les barrières sociales s’oubliaient le temps d’une partie endiablée. Usant de son kislévarin presque parfait, la Lahmiane récoltait les ragots qui se disaient dans le village. Elle espérait en apprendre un peu plus sur le schisme qui séparait les deux peuplades, ou encore collecter quelque information que ce fût sur les éventuels espions qui sévissaient à Chilgir. Mais en fin de compte, elle n’apprit rien d’autre que le prix des chevaux et de leur cuir ou les tragédies qui s’en suivaient suite au passage des brigands de la mine d’Oulianovsk. Si la Lahmiane trouva cela dommageable, elle se rattrapa en ne se faisant que plus connaître encore à force de participer à ces conversations ou à ces jeux. Dokhara, quant à elle, tentait la même chose, mais usait davantage de ses compétences qu’elle avait héritées de chez les stryganis que de sa manière de parler. Et pour cause, tous les kislévites, ou presque, arboraient un tatouage, qu’il fût dans le cou, sur un bras, ou dans le dos.

« Font-ils donc tous des crises d’identité, ici même ? demanda sournoisement Lucretia à l’oreille de Dokhara, dans leur langue commune, alors que sa fille insérait des fils noirâtres dans la peau d’un habitant. Et quelle sera donc leur prochaine étape, se teindre les cheveux en bleu ? »

Mais lorsque l’ancienne baronne de Soya n’inscrivait pas des ours dans les chairs des villageois, l’Immortelle et elle échafaudaient des plans pour assurer que plus encore leur emprise sur le village tout en réduisant la menace des bandits. Certes, Ivar les avait bien averties ; sortir au-dehors, lors de la raspotitsa, relevait du suicide. Cela dit, les deux jeunes femmes n’avaient plus rien d’humaine, et ne craignaient par conséquent point le froid. Elles pouvaient sans crainte aucune s’enfoncer dans des mètres de poudreuse glaciale. Le seul risque qu’elles couraient était de rester bloquées sans plus pouvoir avancer. Si Lucretia pouvait, à sa manière, accepter cette éventualité, celle-ci demeurait inimaginable pour Dokhara, laquelle nécessitait bien plus souvent de sang que sa génitrice. Etre ainsi coincée au beau milieu des congères mettrait inexorablement à mal sa santé mentale. Aussi décidèrent-elles de mettre toutes les chances de leur côté en demandant les estimations météorologiques des jours suivants.

Les deux Lahmianes n’étaient que deux impériales perdues au milieu de gigantesques steppes glacées dont elles ne connaissaient pas grand-chose, si ce n’étaient quelques éléments géographiques, quelques noms. A leurs côtés se trouvaient des hommes et des femmes qui avaient toujours vécu dans ces contrées sauvages, parvenant à y vivre, à y établir un domicile, à y former une communauté. S’ils n’avaient pas la science parfaite, au moins avaient-ils davantage de recul que n’en avaient les deux jeunes femmes sur le climat de la région. Elles demandèrent conseil et, même si on leur répéta une fois de plus qu’il s’agissait d’une idée folle, elles insistèrent et obtinrent des réponses. Là, le ciel se couvrait d’une mince pellicule nuageuse, laquelle conserverait un ciel certes couvert, mais empêcherait également tout autre arrivée précoce de tumulus orageux ; elles ne risquaient rien. Plus tard, les températures chutaient drastiquement ; le froid polaire et sa neige intemporelle n’allaient pas tarder à sévir dans l’Oblast, et il aurait bien mal indiqué aux deux étrangères que de sortir de l’enceinte de Chilgir. Deux jours après, passé la tempête, le mercure remontait ; elles étaient dès lors libres de braver les étendues sauvages si tels étaient leurs désirs.

Les habitants du village ne se trompèrent jamais quant à leurs prévisions, et Lucretia, accompagnée de Dokhara, put entreprendre ses explorations. Lors d’un jeu de rapidité et de réflexe, la vampire avait parié une pièce d’or contre des renseignements sur les kyazaks auprès d’un trappeur. Ayant remporté la partie haut la main, l’homme n’avait pu faire autrement que de lui livrer ses secrets. Au sud de Chilgir étaient sises les ruines d’un vieux fort, et bien du monde évitait cette région, y compris les animaux. Si Lucretia avait haussé un sourcil interrogateur et suspicieux à cette annonce, trouvant cette information bien maigre, son repérage sous forme de corneille valida les propos du gospodar. Une certaine activité régnait effectivement parmi les murs effrités et les poutres vermoulues des tours crevées, et tout semblait indiquer la présence de bandits cherchant à passer inaperçu. Elles frappèrent de nuit, après avoir éliminé une sentinelle qui, n’ayant assurément pas l’habitude d’observer la présence de quiconque en ces contrées perdues, paraissait passablement endormie. Lucretia préféra ne pas faire usage de la magie, comptant sur l’effet de surprise pour surgir silencieusement entre les couchages et y planter à chaque fois son épée. A elles deux, elles furent bien trop promptes pour que les bandits pussent véritablement se réveiller, se lever, et attraper leurs armes. A dire vrai, ce fut ni plus ni moins qu’une sommaire exécution à partir desquelles elles rapportèrent quelques têtes au village. Les ragots et les histoires à leur sujet ne désemplirent pas.

Mais les bandits ne furent pas la seule menace qu’elles rencontrèrent. En explorant les bois et les grottes des environs, les deux impériales tombèrent nez à nez avec un bestiaire assez vaste. Hommes-bêtes, peaux-vertes, araignées géantes ; elles n’avaient que l’embarras du choix, mais approchèrent ces ennemis avec prudence. Lucretia n’avait pas l’habitude d’affronter ce genre de créatures là où elle n’avait jamais rencontré le moindre problème face aux humains. Lorsque l’Immortelle fondait sur un groupe de bandits, c’était sans appréhension aucune, sans préméditation véritable. Mais lorsque ses sens percevaient la présence de ces bêtes, elle y allait avec bien davantage de précaution. Dans un premier temps, elle prenait son envol pour espionner ses cibles potentielles et découvrir leur nombre. Si ces dernières s’avéraient trop nombreuses, la jeune femme préférait ne pas tenter le diable, et rebroussait chemin. Lorsqu’elles n’étaient qu’une poignée, en revanche, elle se faisait un plaisir de les tailler en pièce ; voilà bien trop longtemps qu’elle ne s’était pas librement dépensée, car la raspotitsa limitait les actions de tous, vampires compris.

De retour à Chilgir, Dokhara et Lucretia ne rencontrèrent point grand monde pour assister à leur retour victorieux, mais la Lahmiane ne s’en faisait guère. Si elle appréciait l’attention, elle savait également faire preuve d’un certain recul et passer sous silence ce qui pouvait l’être. D’une manière comme d’une autre, elle ne s’inquiétait pas outre mesure ; les langues ne tardaient jamais à se délier et l’un ou l’autre conterait bientôt, autour d’une choppe de kvas à la taverne, le spectacle qu’il avait aperçu à l’entrée du village : celui des deux impériales arborant au garrot de leur monture une série de têtes fraîchement coupées.

Lors de l’une de ces longues soirées d’hiver, elles rendirent visitent à la petite fille dont avait parlé Ivar. Les parents adoptifs qui l’avaient recueillie se montrèrent dans un premier temps prudents et sceptiques, mais les explications de Lucretia finirent par les convaincre du bien-fondé de leur mission. Le fait qu’ils reconnussent également les deux impériales qui menaient la vie dure aux kyazaks aida également, très certainement. Les deux Lahmianes tentèrent toutes les deux de faire parler l’enfant, mais celle-ci se révéla aussi muette qu’une tombe. Même les pouvoirs de l’ancienne baronne de Bratian ne parvinrent pas à briser la barrière psychologique que l’horreur qu’elle avait vécue avait instaurée. Lucretia haussa les épaules, décidant qu’il n’y avait plus rien à en tirer, mais Dokhara décida de pousser un peu plus loin les disquisitions en demandant à la fillette de dessiner ce qu’elle avait pu voir. Le résultat, toutefois, ne fut pas des plus concluants ; elle tira le portrait de potentiels chaotiques en train de brûler les maisons et de pourfendre leurs occupants.

Ces histoires-là, les impériales les entendirent à plusieurs reprises dans le village. Il sembla même que chaque habitant avait connu ou connaissait quelqu’un ayant subi ces atrocités. Dès lors qu’elles abordaient le sujet, les mines s’assombrissaient et les regards devenaient suspicieux, pour une raison bien précise. Alors que l’on regardait derrière soi pour vérifier qu’il n’y avait pas d’oreilles un peu trop curieuses dans les parages, l’on racontait que le druzhina Ilya Repine ne faisait rien pour défendre les siens et pour repousser les bandits en-dehors du domaine de Chilgir. Pourtant, des actions devaient être faites, des attaques devaient être menées. Il n’était pas concevable de s’avouer ainsi vaincu, de baisser la tête et de faire comme si de rien n’était, bien à l’abri dans l’enceinte du village, tandis que les malchanceux qui vivaient à l’extérieur voyaient leurs jours être comptés. C’était là que les deux vampires intervenaient ; si le boyard et Ilya Repine ne désiraient pas s’en mêler, elles, en revanche, lanceraient l’assaut sitôt que l’hiver laisserait place au printemps. Certes, il y avait toujours çà et là quelques hommes et femmes de peu de foi, mais les derniers faits d’armes des étrangères contre les bandits achevèrent de convaincre le plus grand nombre.

A force de se faire connaître et de rencontrer ainsi du monde, Lucretia commença à se former un petit réseau de connaissances, tant et si bien qu’elle fut en mesure de demander le matériel nécessaire pour distiller le poison de la cocatrice. Elle parvint à se procurer quelques fioles, quelques tiges en verre, une sorte de bougie qui chauffait plus que la normale, et un alambic d’où l’on tirait le kvas. Cette fois-ci, plus besoin de se livrer dans de savants calculs ; Lucretia était parvenue à analyser et à séparer chacun des ingrédients alchimiques qui composaient le venin. Mieux encore, elle possédait les glandes de la créature, et les vida tout simplement pour remplir les fioles de cristal, bien plus pratique d’utilisation.

Avec ces multiples préparatifs, la Lahmiane se sentait parée à attaquer la mine d’Oulianovsk sitôt les beaux jours arrivés.
Sait-on jamais : Lucretia se sera sûrement nourrie sur un des bandits des steppes.
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FOR 16 / END 14 / HAB 17 / CHAR 18 / INT 17 / INI 19* / ATT 17 / PAR 13 / TIR 11 / MAG 17 / NA 4 / PV 134/140
Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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Dokhara de Soya
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Dokhara de Soya »

- Ne fais pas ta mauvaise tête, soupira Dokhara tandis que Lucrétia rechignait déjà à participer aux festivités kislevites. Moi aussi, je suis nostalgique d'Altdorf... A défaut, peut-être pourrons-nous nous installer à Kislev dans un futur proche : on dit que les réceptions de la tsarine sont légendaires, comme en témoigne la lahmiane figée à jamais dans la glace au sein du palais Bokha.

Dokhara glissa un sourire en coin à sa consœur, tandis qu'elle posait sa toque blanche sur sa tête, terminant de se préparer pour la soirée du Gentil Sacrifice. Afin de se faire bien voir, elle avait enfilé plusieurs vêtements et ornements achetés à Chilgir. Elle était notamment très fière du petit pendentif en or qui ornait son cou, représentant un magnifique soleil ouvragé en l'honneur de Dazh. Bien sur, Dokhara ne vénérait en aucune façon ce dieu, pas plus qu'un autre désormais, mais l'objet représentait à la fois le désir de voir l'hiver et ses longues nuits se terminer, et surtout, affichaient une moquerie évidente envers son amante qui supportait bien moins qu'elle le fardeau de l'astre solaire. Pour finir, l'amusant paradoxe d'être une vampire se promenant avec un soleil autour du cou avait parachevé de convaincre Dokhara d'en faire l'acquisition.

L'humeur de Lucrétia ne s'améliora pas à leur arrivée sur le lieu des festivités. Son humour caustique se manifesta à plusieurs reprises, se moquant de la rusticité générale des habitants et de leurs coutumes barbares. Dokhara joua le jeu, offrant quelques sourires de connivence à sa consœur, mais ils manquaient de sincérité. Qu'elle le veuille ou non, beaucoup de son humanité transparaissait encore d'elle, et sa curiosité enfantine face à la nouveauté et aux manifestations de joie prit rapidement le dessus.

Aussi, lorsque survint le point culminant de la fête, constituant à enlacer une jument, chanter, se taillader la main, décapiter l'équidé, puis offrir aux dieux un poulain mort-né, la rouquine resta figée sans trop savoir comment réagir. A ses côtés, Lucrétia n'avait au contraire pas perdu de sa morgue, se moquant avec un mépris évident du spectacle auquel elles avaient assisté, rappelant tacitement qu'elle avait eu raison de n'attendre rien d'autre des kislévites que des pratiques barbares. Impériale jusqu'au bout des doigts, Dokhara dut lui donner raison : pour elle, seul un peuple d'arriérés pouvait s'adonner à de pareils rituels.

- Gentil sacrifice, hein ? grinça t-elle entre ses dents serrées.

Bien sur, ni l'une ni l'autres ne témoignèrent ouvertement de leurs opinions. Elles allaient devoir côtoyer les habitants de Chilgir tout l'hiver, et ne pouvaient donc permettre une différence culturelle de créer une barrière. Il fallut donc mentir avec conviction lorsque les kislévites demandèrent avec curiosité ce que pensaient deux impériales de leurs rituels. Heureusement, passées ces premières pénibles discussions et l'alcool aidant, l'atmosphère devint rapidement plus joviale. En quelques minutes, Dokhara saisit les bases des danses pratiquées ici, et se joignit aux festivités avec le sourire. Voyant que Lucrétia avait elle aussi abandonné ses ronchonneries pour se mêler à la foule, elle ne put que glousser de plaisir en la voyant se faire respecter à renfort de concours de bras de fer et de boisson. Lorsqu'un ungol complètement ivre vint lui manquer de respect, c'est avec enthousiasme que Dokhara hurla des encouragements non nécessaires à sa "chère sœur", afin qu'elle botte les fesses de son adversaire : ce qu'elle ne manqua évidemment pas de faire.

Se laissant emporter par la musique et l'ivresse générale, Dokhara accompagna toute la nuit les neveux d'Ivar dans leurs danses endiablées, s'amusant à leurs dépends grâce à son endurance inépuisable : accroupie si bas que ses fesses rasaient le sol, elle pratiquait le kazatchok sans jamais se fatiguer, provoquant intentionnellement les jeunes hommes dans leur virilité.

***


Morte-vivante

Deuxième carnet, pour deuxième vie. Le précédent n'avait pas vocation à être poursuivi : il devait conter le périple d'une humaine jusqu'à son inévitable trépas, et ce récit-là a trouvé sa conclusion. J'ai donc arraché les pages blanches qui restaient, et les ai brûlées dans la cheminée. Le livre est rangé dans un tiroir verrouillé à l'auberge où je dors, à Chilgir, une tirsa au sud-est de Zoïshenk. Je n'ai pas souhaité relire des écrits si intimes : ils appartiennent à une femme, qui à chaque jour qui passe m'est un peu plus étrangère. Ce qu'elle a souhaité coucher par écrit ne m'était pas destiné, pas à moi, mais au monde. Une dernière empreinte qu'elle a voulu marquer dans la trame de l'existence, un moyen de perdurer. Je respecte cela, et je veillerai sur ces pages, m'assurant qu'elles puissent un jour transmettre leur récit à quelqu'un, même si je ne sais pas qui. Quelqu'un qui sera digne de porter son histoire, son fardeau, son vécu. Moi, je ne peux pas être cette personne. Je ne le veux pas.

Pourtant, je perpétue maintenant cet exercice. Par égocentrisme sans doutes, j'apprécie l'idée d'écrire ma propre biographie, de pouvoir dans quelques années retracer tout mon parcours. Lucrétia m'a avoué mal se souvenir de ses prémices de vampire, aussi dois-je prendre pour acquis que malgré notre supériorité intellectuelle, notre mémoire n'est pas infaillible. Par ailleurs, je dois avouer que je tire un certain plaisir de coucher par écrit mes découvertes. Je ne peux m'extasier de ma nouvelle puissance qu'auprès de Lucrétia, et celle-ci n'affiche jamais en retour que quelques sourires condescendants ; ceux d'une mère amusée de sa jeune enfant qui découvre le monde.

Car de fait, je suis désormais une créature supérieure. Mon potentiel semble infini, chaque soir j'acquiers de nouvelles compétences et talents, et me découvre des capacités insoupçonnées. Tout m'est devenu... facile.

Alors que je ne comprenais pas un mot de kislévarin sinon quelques insultes graveleuses, j'ai acquis la complète compréhension de leur langue en quelques semaines seulement. Il m'a suffi d'écouter, d'analyser, et de m'approprier. La grammaire, la conjugaison, l'accentuation, tout ça n'est rien de plus qu'une grosse énigme à résoudre : une fois qu'on a assez de données, la résolution devient évidente.

Développer ma relation avec Shana devint tout aussi enfantin. Je perçois désormais chacun de ses mouvements instinctifs d'animal, ces signes imperceptibles qui permettent d'identifier en quelques secondes son état d'esprit. Ma monture a d'abord craint mon aura noire - mais désormais, elle ne peut qu'apprécier la prévenance dont je fais preuve à son égard : je flatte son encolure pour la rassurer avant même que la peur ne s'implante en elle, je la nourris d'une friandise au moment-même où elle commence à ressentir de la faim, je cesse le galop dès lors que je ressens son épuisement. Créer un lien de confiance est dès lors, presque trop facile : Shana me mange dans la main, et le temps où je tombais de ma monture à la moindre péripétie est désormais révolu. Pour fêter notre entente, j'ai mis à contribution notre nouvel ami Ivar : il lui a fabriqué une sellerie sur mesure, légère et très peu encombrante, adaptée à son statut de cheval de course racé.

Mon entrainement aux armes a lui aussi porté ses fruits à toute vitesse. A l'époque, manier deux armes n'avait été qu'un moyen de me démarquer de Lucrétia, de faire "mon intéressante". Aujourd'hui, comprendre comment user du mieux de cette deuxième lame me parait élémentaire et je peux prétendre à une parfaite ambidextrie : nulle théorie à apprendre, juste un apprentissage coup après coup contre ma mère. Epéiste d'exception, elle contre chacun de mes progrès avec une nouvelle botte ou un enchaînement qui me renvoie aussitôt sur mes fesses. Ce faisant, elle m'apprend en quelques minutes les points faibles de chacune de mes postures, repère immédiatement la mauvaise position de l'une de mes mains, décèle une faiblesse dans ma parade permettant de frapper plus fort que je ne peux défendre. Elle est aussi impitoyable que pédagogue, et corrige méthodiquement chacune de mes erreurs, tandis que j'efface mes défauts à toute vitesse.

Rien ne me résiste.

M'attirer la sympathie des habitants a été un jeu d'enfant. Les trophées de nos chasses avaient déjà posé un décor idéal, permettant d'obtenir le respect de la plupart ; mais je devais bien admettre ne pas être à l'aise à l'idée de dérober la gloire de mon amante sur ces victoires-ci. Je préférais volontiers vanter ses mérites, décrire comment elle sauvait sans cesse ma vie, pour l'ériger en véritable héroïne de notre petit duo. Il m'est plus agréable de cultiver nos différences : et mes forces résident bien davantage dans la douceur de mes talents artistiques que dans mes prouesses martiales. Aussi ai-je organisé mes petites activités populaires à l'auberge de Chilgir.

Les après-midi, je transforme notre chambre en atelier de tatouage, offrant à chaque habitant mes services pour des sommes dérisoires. L’œuvre d'art strygani sur mon bas tant réprouvée par Lucrétia fait ici preuve de ma connaissance en la matière, et très vite la clientèle afflue pour profiter de mes talents. Ici, utiliser son corps comme œuvre d'art et monnaie si courante que presque personne n'a gardé son corps vierge d'encre. Les ungols et les gospodars ont des préférences très distinctes sur le style. Les premiers présentent de manière unisexe un tatouage massif dans le dos, et de nombreux plus petits partout ailleurs sur le corps, souvent liés aux esprits ou à la mort. Les seconds préfèrent multiplier uniquement les petits tatouages, majoritairement composés de symboles ésotériques, bien qu'ils aiment également créer des frises picturales racontant des scènes guerrières. Évidemment, les références à Ursun sont très nombreuses, et je n'ai pas manqué d'observer une multitude d'ours chaque jour qui passait sur le corps de mes clients.
La plupart voulaient surtout renforcer les couleurs faiblissantes d'anciens tatouages, mais quelques-uns me firent confiance pour leur graver de nouveaux motifs. Ce fut le cas de Valenty, le neveu de Ivar, qui souhaita que je lui grave une scène complète retraçant son propre affrontement avec un ours, décomposé en une multitude d'effets picturaux. Ça m'a pris trois jours, mais je suis particulièrement fière du résultat : par nostalgie, j'y ai ajouté une touche personnelle : une minuscule lettre de l'alphabet strygani, évoquant elle aussi la force individuelle.

Quant aux soirées, je les passe entourée d'une cinquantaine de kislévites, ungols comme gospodars, venus dans l'auberge pour écouter mes chants et mon violon. L'hiver est sans pitié dehors, et même si tout le village traverse cette période bien préparé en ressources, rien ne peut les protéger de l'oisiveté et de l'ennui. Dans ce tourment morne, je suis alors l'étincelle de plaisir à laquelle se raccrocher pour attendre le lendemain : les frontières entre impériales et kislévites se brisent face au lien unique qui se crée entre une artiste et son public. Les notes de musiques se succèdent à mes mélopées, et tous se retrouvent hypnotisés par ce que je sais faire de mieux un violon à la main : proposer une échappatoire. Fuir le quotidien, fuir une vie morose, fuir ses obligations, ses devoirs, ses limites, et laisser son esprit faire du hors-piste. Voir la lumière hors du carcan, ressentir la liberté derrière les murs.

Et quand ma scène s'achève, je peux alors me mêler à eux pour de bien plus triviales activités. Ne ressentant plus les effets de l'alcool, je tiens en respect les plus grandes gueules en les envoyant au tapis dans des concours de beuveries. Simulant alors d'être bien éméchée, je me laisse prétendument séduire par quelques aventureux : rien de bien sérieux, maman est assez possessive dans l'âme et me surveille du coin de l’œil, et j'aime cultiver ce trait de caractère chez elle. Je suis précieuse à ses yeux, je compte le rester.

Mais surtout, j'utilise le chant pour préparer le terrain des discussions à venir. Ayant appris leur langue, j'ai écrit des paroles contant la fierté kislévite, leur force, leur courage. Je chante leur détermination, et surtout, la colère qui bout dans leurs veines à l'idée que leurs ennemis restent impunis. Mes mélodies mélancoliques évoquent la perte de leurs proches, puis ma voix plus grave fait gronder leur cœur à l'idée de faire payer les responsables. Ainsi, une fois mes représentations terminées le soir, Lucrétia et moi possédons un terreau fertile dans lequel implanter nos idées de révolte pendant les discussions de comptoir : Iliya Répine ne voulait pas agir, Zoïshenk nous refusait des renforts ? Qu'à cela ne tienne, car le feu de la justice vengeresse ne saurait être apaisé par de l'inaction.
La seule gêne provient des tensions entre gospodars et ungols : alors que ma musique échaude déjà leur colère, et que le kvas amplifie le phénomène, les seconds se retrouvent rapidement pointés du doigt par les premiers, multipliant les pugilats dans lesquels je préfére ne pas intervenir. Bien au contraire. Ces tensions sont les bienvenues : elles alimentaient la discorde, et créent une brèche significative dans laquelle Lucrétia et moi avons toute la latitude de manœuvrer. C'est parfait.

Tout cela est un jeu. Un jeu dont je n'avais auparavant ni les règles, ni la bonne main pour espérer vaincre. Mais désormais, je comprend que seules Lucrétia et moi maîtrisons la partie, et que nous avons plus d'as dans nos manches qu'un foutu prestidigitateur. Perfectionner tous nos talents, séduire notre entourage, manipuler les uns contre les autres, tout ça n'est qu'un passe temps. Ce n'est pas tant parce que nous le voulons que parce que nous le pouvons. Parce que c'est facile. Parce que c'est amusant, et qu'en cas d'échec, il nous suffira de partir, et recommencer ailleurs, plus fortes de nos précédentes expériences.

Mon seul ennemi, c'est moi-même. Ou plutôt la bête tapie en moi. La soif. Périlleux exercice que de la décrire ici, car pas plus que pour mes pulsions slaaneshies, les mots impériaux ne peuvent expliquer ce qui brise toutes les structures de la société humaine.

C'est là, au fond de moi.

Non c'est faux.

C'est moi.

Et je veux me libérer du tissu de mensonges que je m'impose. Exploser la raison, les convenances, le contrôle, la sécurité, pour juste... être ce que je suis. Massacrer chaque homme, chaque femme et chaque enfant de ce village, planter mes griffes et mes crocs dans chacune de mes proies en fuite, et surtout, aspirer leur vie une à une, me repaître tant de leur peur que de leur sang. Me baigner dans une rivière d'hémoglobine.

Ce désir, il m'obsède. Il occupe toutes mes pensées, tout le temps. Quand je chante à la taverne, je rêve de tout à coup sortir mes griffes pour attaquer mon public. Lorsque je m’entraîne à l'épée, je m'imaginer planter ma lame dans la chair fragile d'un humain. Lorsque je copule avec Lucrétia, nos griffures et morsures ne sont là que pour palier à mon désir de m'en prendre à quelqu'un d'autre. Peu importe combien je tente de penser à autre chose, je ne peux pas fuir le besoin de boire, quand bien même je ne sais que trop que cette soif est insatiable, et que quand bien même je massacrerai tout le monde ici, je ne serais satisfaite que quelques jours avant de ressentir à nouveau cette pulsion, plus forte encore.

Ce qui me sauve, c'est sans doutes l'expérience slaaneshie de mon passé d'humaine. Les plaisirs du Corrupteur étaient une drogue puissante, contre laquelle j'ai lutté un an durant pour ne pas y perdre mon libre arbitre. Car c'était bien là le cœur de ma résistance : demeurer libre. Céder aux pulsions, ne plus écouter que ses instincts et désirs, ce n'était pas ça, la liberté. Je ne parle pas de s’enchaîner au Serpent, non, mais bien à ses propres vices : si le sang doit être ma nouvelle drogue, alors je ne peux pas laisser ce besoin contrôler qui je suis. Il fait partie de moi, je refuse de le nier comme Lucrétia le fait : je suis une bête sauvage au fond de moi, une créature affamée qui désire tuer et aspirer la vie, c'est ainsi. Mais hors de question de me réduire à cela et rien d'autre : je ne serais pas l'esclave de mes besoins. Je les contrôle, les maintiens solidement enfermés dans leur carcan, et ne les libère qu'au moment opportun.

Lucrétia m'offre ces moments. Suivant les conseils météorologiques des habitants de Chilgir, nous avons effectué des percées dans la raspotitsa de nuit, au début de l'hiver, lorsque nos chevaux pouvaient encore progresser dans la neige qui montait déjà à une bonne cinquantaine de centimètres. Grâce à sa transformation en corneille et sa magie, nous avons pu trouver des groupes de bandits qui s'abritaient à l'extérieur. La première fois, ils étaient une dizaine dans un campement de fortune établi au sein des ruines d'un vieux fort : les éclairs noirs de Lucrétia en ont abattu la majorité en quelques secondes. Les quelques rares survivants, ceux qui eurent l'intelligence de vouloir fuir... elle me les a laissé. J'abandonnais alors le masque de l'humanité pour reprendre la vraie forme qui était la mienne, celle de la prédatrice ultime, constituée de fureur, de griffes et de crocs, et traquais mes proies dans la nuit. Je n'avais qu'à suivre l'odeur du sang, le bruit des cœurs qui palpitent de terreur, et suivre les empreintes de pas qui trébuchent dans la neige, pour rattraper sans la moindre difficulté ces quelques pathétiques bandits. Je leur sautais dans le dos, labourais leur chair de mes griffes, jouait à les faire hurler quelques secondes, avant d'enfin enfoncer mes crocs aussi profondément que possible dans leur gorge. Je leur arrachais la moitié de la nuque, puis baignait mon visage dans le torrent écarlate qui en jaillissait, buvant avidement de longues lampées de bonheur, avant de traquer la proie suivante.

Lucrétia jauge d'un très mauvais œil ma sauvagerie, nous avons eu des échanges particulièrement virulents sur le sujet, mais ayant prouvé que je contrôlais de mieux en mieux ma frénésie au quotidien, elle tolère pour le moment ce qu'elle appelle "des écarts de jeunesse qu'elle corrigerait tôt ou tard". Bien sur, je me refuse à la contredire, car je préfère ne pas la provoquer ouvertement : je peux contrôler la bête... mais lorsque je la libère, je ne veux pas lui imposer de laisse. C'est le contrat que j'avais auparavant signé avec le Corrupteur pour protéger ma santé mentale, pour trouver un équilibre, et c'est celui que je signe à nouveau avec ma nouvelle nature de vampire.

Malheureusement, la météo s'est drastiquement dégradée, à toute vitesse. Bientôt, le froid, les tempêtes, et la hauteur de neige devinrent de véritables obstacles pour les vivants souhaitant quitter l'enceinte de Chilgir. Bien sur, deux vampires pouvaient braver les éléments si elles partaient seules et sans montures, mais cela aurait rendu les locaux bien trop suspicieux quant à notre réelle nature : bref, impossible de continuer de chasser. J'ai donc du trouver un... substitut. Depuis nos danses à la fête du Gentil sacrifice, Valenty, le neveu d'Ivar, me faisait les yeux doux. Il ne ratait pas un seul de mes chants à l'auberge, riait de mes traits d'humour, s'offusquait des mauvaises blagues dont je pouvais être la cible en tant qu'imperinyi : mon charme opérait sur un bon nombre d'habitants, mais un racisme profondément ancré dans leur culture faisait barrière entre les traditionalistes et mon apparence de sudiste. Ça n'a pas été bien difficile de le convaincre de passer la nuit avec moi, dans ma chambre à l'auberge. Ça l'a été un peu plus de lui expliquer la présence de Lucrétia, incapable de me faire confiance pour contrôler ma bestialité lorsque je serais seule avec ma victime, surtout après avoir constaté le plaisir malsain que je prenais à laisser libre cours à ma nature profonde.

"Ma sœur aime regarder, ça ne te dérange pas j'espère ?", voilà à quel genre de subterfuge j'ai été réduite, sachant pertinemment qu'elle ne me permettrait pas de faire autrement.

C'est donc sous les yeux attentifs de ma mère que j'ai forniqué avec le kislévite... ce qui aurait pu me plaire, si elle n'avait pas ponctué nos ébats par quelques commentaires de son cru, jaugeant nos performances à voix haute quand elle ne donnait pas d'effroyables conseils à mon amant. Quand enfin sa petite affaire fut conclue, je l'ai laissé s'endormir à mes côtés. La situation était bien moins bestiale que lorsque je traquais des bandits dans l'oblast, mais elle n'en était pas moins savoureuse : pour la première fois, je me trouvais face à une personne totalement sans défense, blottie contre moi dans la recherche de mon affection onirique, dans la méconnaissance totale du danger qui l'entourait. Une proie qui, plutôt que fuir, m'avait donné sa confiance au point de s'offrir à moi, de s'enfermer dans la chambre de sa prédatrice, pour la laisser se repaître de son sang. C'était une excitation différente, un plaisir égocentrique du au pouvoir ressenti sur sa victime, à la manipulation exercée amenant autrui exactement à l'endroit souhaité. C'était une extase plus sophistiquée, mais tout aussi plaisante au demeurant lorsque vint le moment de planter mes crocs dans sa chair. Sous l’œil attentif de ma génitrice, je le vidais de quelques litres de sang, lui laissant juste assez pour qu'il se réveille affaibli le lendemain, mais sans le mettre en danger pour autant. Lucrétia se révéla enfin utile lors de la conclusion de cet acte, lorsqu'elle referma sa plaie à l'aide de sa magie. Profondément endormi par le contrecoup de ma morsure, Valenty ne se réveilla pas lorsque je le poussai du pied pour le faire tomber du lit, laissant la place à Lucrétia pour venir payer sa mesquinerie. Il semblerait que sitôt mon repas consommé, mes autres appétits s'éveillent aussitôt : chose qu'elle n'avait pas manqué de remarquer, et dont elle profita des heures durant. L'endurance infinie de la non-vie est la plus belle chose qui soit.

Les fois suivantes furent très similaires : bien que ma maîtrise de la soif se faisait de plus en plus contrôlée, et que Lucrétia commençait à m'accorder sa confiance à ce sujet, je restais incapable faire disparaître mes traces, contrairement à ma consœur qui n'avait qu'à apposer sa paume sur une blessure bénigne pour la soigner : j'avais donc toujours besoin d'elle pour conclure mes repas.

Je n'ai pas eu d'occasion de pratiquer ma magie pendant nos vacances à Chilgir - le risque d'être prise sur le fait par un habitant était bien trop élevé, même dans ma chambre : Lucrétia avait été très claire sur le sujet, l'aethyr était imprévisible, et même les plus puissants mages n'étaient pas à l'abri de parfois manquer de vigilance un instant, et de voir des effets secondaires perturbants se produire à des lieues à la ronde. Aussi, elle préféra mettre à profit le peu de temps que nous possédions à l'extérieur des murs et loin des regards pour m'apprendre un sortilège qu'elle considérait plus utile : l'invocation d'un amas d'os protégeant mon corps à la manière d'une armure. C'était bien plus complexe que l'étincelle qu'elle m'avait précédemment apprise à maîtriser, et pourtant très peu différent dans la méthode d'incantation : aspirer l'énergie, la broyer, la remodeler, puis la relâcher. C'était le modelage qui s'avérait plus technique, puisque la forme de l'armure était liée à ma concentration à me la représenter. Mais là encore, il m'a suffi de quelques essais pour comprendre, et apprendre. Aussi, c'est entourée d'une barrière d'os que je combattis à ses côtés quelques horreurs croisées dans les grottes voisines : hommes-bêtes, gobelins et araignées géantes. Ces deux derniers groupes furent un plaisir à anéantir, une revanche bien méritée sur l'écho de la triste fuite que nous avions du opérer dans la Drakwald, après que les peaux-vertes aient capturé Hans.

Les journées passent, et ma puissance croit, à l'instar comme notre petite armée de révoltés. Le printemps approche, et bientôt, il sera temps de réunir notre troupe d'éleveurs, de chasseurs, de bûcherons et de fermiers. Un groupe dont on se moquerait s'il était composé d'impériaux : mais ici, c'est l'oblast du nord au tsarat du Kislev. Chaque homme, chaque femme, qu'importe son métier, est avant tout formé au maniement des armes, et a le courage d'affronter les déferlantes chaotiques qui pouvaient s'abattre sur eux à tout moment.
Il nous reste néanmoins une dernière petite chose à réaliser pour être prêtes : rendre visite à Sreten Tarmachirin pour nous faire notre propre opinion du personnage, évaluer sa position dans les conflits actuels, et qui sait, peut-être en tirer une éventuelle alliance.




Je garde quelques petites os de mes victimes dans mon sac, pour pouvoir faciliter le lancement du sort d'armure d'os à l'avenir ^^ Pareil, je récupère quelques morceaux de charbon de bois pour le sort de flammèche.
En objets, je récupère donc une jolie sellerie pour Shana, une armure en cuir joliment ouvragée, et un pendentif en forme de soleil.
Dodo n'hésitera pas non plus à dépenser un peu de ci de là pour acheter quelques fringues + tournées à la taverne - bref, de quoi se faire bien voir, s'intégrer correctement à la populace et discuter avec chaque artisan / vendeur.
Elle fera en contrepartie payer ses services de tatoueuse. Ça fera rentrer un peu d'argent pour compenser.
Et donc, -6 xpm pour apprendre Armure d'os
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Raison : 6 xps / Total : 6 xps
Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


Awards \o/
Warfo Award 2018 du meilleur PJ - RP
Warfo Award 2019 du meilleur PJ - Élaboration
Dream Team 2018 et 2019 avec Lucretia Von Shwitzerhaüm
Miss Vieux Monde 2019 et 2020

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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par [MJ] Le Grand Duc »

De longues semaines s’écoulèrent et la raspotitsa toucha à sa fin. Les lëd se firent plus rares, les tempêtes de neige moins vigoureuses et la vallée de Chilgir sortit peu à peu de la torpeur. Les températures étaient encore glaciales et les souffles se changeaient toujours en buée épaisse mais les conditions permettaient désormais de s’aventurer dehors sans risquer de mourir de froid dans l’heure. La vie reprenait lentement dans la stanitsa engourdie et les troupeaux furent sortis des étables pour aller paître sur les premiers bourgeons, ambassadeurs du printemps qui ne manquerait pas d’arriver. Comme cela avait été convenu avant l’hiver, Ivar Golovin entreprit une tournée dans les communautés des environs pour y réunir une troupe de volontaires désireux de prendre le problème de la mine d’Oulianovsk à bras le corps. Pendant ce temps, Lucrétia et Dokhara harnachèrent leurs montures et prirent la route pour rendre visite à Sreten Tarmachirin.

Le chef du clan Kossuth vivait avec les siens dans une tirsa à deux jours de cheval de Chilgir, sur un grand plateau herbeux entouré de forêts qui s’appuyait sur les premières montagnes des Crocs de Shargun. Aidées par les indications de leurs hôtes, les deux lahmianes traversèrent les magnifiques paysages de la vallée encore partiellement enneigée. La nature, autour d’elles, s’animait et reprenait vie après cette rude période. Le dégel gonflait les ruisseaux, les oiseaux chantaient et le gibier foisonnait, bien qu’il fuît sur leur passage en sentant l’aura néfaste des vampires. Les deux aventurières semblaient être seules dans ces étendues sauvages et elles ne croisèrent personne sur la piste boueuse qu’elles remontaient sinon une équipe de charbonniers et un trappeur ungol. Bientôt, leur chemin se mit à monter et les forêts de pins qu’elles traversaient se clairsemèrent pour laisser la place à de grandes prairies d’altitude, ponctuées de troupeaux de chevaux et entrecoupées de lacs que la fonte des neiges remplissait à ras-bord. Des filets de fumée montaient derrière une éminence encore couverte de poudreuse, indiquant qu’elles arrivaient à destination.



Image

Le hameau était composé de quelques isbas, d’étables et d’enclos, et d’un zal modeste. Pour tout moyen de défense, une tour de guet en bois se trouvait en avant des premières habitations, sur un petit monticule en bord de piste. La sentinelle qui était assise au bord de la plateforme se releva en apercevant les deux cavalières et siffla plusieurs fois entre ses doigts avant de saisir lentement son arc, aux aguets. Des chiens se mirent à aboyer et plusieurs curieux sortirent de leurs maisons pour voir qui arrivait. C’est Sreten en personne qui accueillit les lahmianes, allant au-devant des quelques villageois pour les saluer. Le seigneur ungol portait un magnifique caftan rouge brodé de jaune, aux manches longues et qui lui tombait jusqu’aux genoux, et dont le col était agrafé juste en dessous de son épaule gauche. Il avait d’épaisses bottes au bout relevé et un couteau courbe battait son flanc.

- « Je vous reconnais, vous êtes les imperinyi qui ont passé l’hiver à Chilgir. » dit-il en kislévarin, s’avançant vers elles à pied. « Soyez les bienvenues à Buz’ke »

Sreten passa entre elles et examina leurs chevaux strygani d’un œil expert. C’était un jeune homme musculeux, en parfaite santé et dont le regard brillait d’un courage certain. En cavalier averti, il ausculta méticuleusement les montures, leur levant un sabot, soulevant leurs babines pour en voir les dents, puis leur flatta finalement l’encolure avec un vague sourire.

- « Des bêtes magnifiques, au pied sûr et rapide. Vous les avez achetées aux éleveurs khilis, à la foire d'Erengrad, peut-être ? Avant aujourd’hui, deux fois seulement j’ai vu de tels chevaux, et j’ai chaque fois envié leurs propriétaires. Et cette selle … Que l’esprit de Tuum m’emporte si elle n’a pas été assemblée par les doigts d'or d'Ivar Golovin. » Il inclina la tête en signe de respect vis-à-vis des étrangères. « Mes gens s’en occuperont comme s’ils étaient les leurs. Laissez-moi vous convier dans la maison commune, et vous pourrez me conter la raison de votre visite. »

Un homme s’occupa des montures tandis que Sreten guidait Lucrétia et Dokhara vers le zal, suivi par un petit groupe majoritairement composé d’enfants qui ne voulaient pas perdre une miette de l’échange. Une petite fille, particulièrement, regardait les atours des deux dames avec émerveillement. Le seigneur des lieux les chassa d’un mouvement de la main en prononçant quelque chose dans sa langue qui ne souffrait pas de réponse. Les enfants s’éparpillèrent.

Un feu brûlait dans le foyer central du zal, comme il était d’usage. La grande pièce était vide sinon pour ses trois occupants, et l’endroit était modeste. Un autel dédié à Dazh occupait l’un des angles de la bâtisse et des queues de chevaux étaient exposées sur les murs à intervalles réguliers, au milieu de guirlandes colorées et de bouquets de flèches. A défaut de kvas, ce fut une infusion ambrée que Sreten servit en guise de verre de bienvenue. Il la prépara en jetant quelques herbes séchées dans un pot sur le feu, et avec le contenu duquel il remplit trois bols joliment émaillés à l’aide d’une louche.


- « Vous êtes arrivées dans l’oblast il y a une saison à peine et bien des rumeurs courent déjà sur vous. Ici, le vent porte les bruits plus rapidement qu’une jument au galop. » dit l’ungol après avoir bu une gorgée de tisane brûlante. Son ton était calme et lent. « On prétend que vous êtes de féroces guerrières, que vous pourchassez les bandits et que vous avez abattu le monstre d’Iemva. Mon cousin vous a vu, cet hiver, dans le hall de Chilgir. Il dit que certains gospodars vous appellent les Sœurs Zheleznaya, les Sœurs de Fer. » Il les regarda tour à tour, comme s’il souhaitait les jauger. « Les peuples de la steppe, ungols et gospodars, comptent beaucoup de grandes guerrières dans leurs légendes. J’ignorais qu’il existait de telles femmes dans les royaumes du Sud. »

Il marqua une nouvelle pause et remplit à nouveau les tasses de cette âpre tisane, avec un geste calculé qui semblait être une marque cérémonielle de bienvenue envers les étrangers. Jambes croisées sous son banc, il laissa le temps aux lahmianes de lui répondre en buvant calmement, puis aborda afin le sujet qui intéressait particulièrement ses invitées.

- « Mon cousin m’a également appris que vous vouliez désormais vous attaquer aux prisonniers de la mine de sel, et qu’Ivar avait juré de vous aider. C’est un homme droit et courageux, il est vrai. Mais bien souvent, sa colère le rend aveugle et emporte sa raison. J’imagine qu’il ne s’est pas caché pour vous dire que les évadés étaient aidés des clans ungols, je me trompe ?»

Les baronnes exposèrent à Sreten les détails de leur projet, et lui signalèrent les raisons pour lesquels il serait bon que le chef de clan et les siens les accompagnent dans leur entreprise. Mais les arguments soulevés par Dokhara ne rencontrèrent qu’une moue fermée et un mouvement de tête négatif.

- « Ceux qui commettent ces crimes sont des gospodars, criminels de Kislev et voleurs d’Erengrad que l’on a emmenés ici pour qu’ils meurent une pioche entre les mains. Leurs victimes sont des gospodars, des hommes que nous appelions autrefois nos frères mais qui n’ont de cesse de nous humilier depuis la fin de la Tempête du Chaos. Ivar Golovin et mon père ont donné leur sang ensemble, et je ne l’oublierai pas. Mais que diront les miens si je tends la main à ceux qui, depuis tant d’année, nous crachent dessus ? Ils seront insultés. Et moi également, à travers eux. Cela je ne peux l’accepter. Les Kossuth ont subi trop d’affronts, trop de dommages qui n’ont jamais été réparés. Ils peuvent l’être, en application de la loi ungole … mais depuis l’ukase du boyard Pavel Nakhimov, il n’est plus permis d’appliquer les coutumes de la steppe. Dazh m’en soit témoin, cette affaire si triste soit-elle est l’affaire des gospodars, et d’eux seuls. Je ne trahirai pas les miens en portant assistance à ceux qui nous laisseraient mourir, et seuls les ordres de mon seigneur le boyard sauraient me contraindre à agir autrement. »

Sreten termina son bol et le posa à terre avant de se lever et de se diriger vers l’un des murs du zal. Il prit deux arcs posés sur des présentoirs, ainsi que deux carquois remplis de flèches empennées de blanc moucheté de noir. Les bras des arcs étaient courbes et les bordures des carquois étaient cousues avec un lacet épais et rouge vif.

- « Je refuse de vous accompagner, mais je veux vous récompenser au nom du clan Kossuth pour avoir débarrassé la vallée des bandits et des monstres. Ces arcs sont ceux des cavaliers ungols et sont, avec les chevaux et le courage légendaire de nos guerriers, le rempart du monde des Hommes contre les Sombres Puissances. Quant à ces carquois, ils continent les flèches telles que les fabriquent nos anciennes depuis que mon peuple a franchit les montagnes de l’Est. Elles sont empennée avec les plumes du harfang et trouveront le cœur de vos ennemis même dans la tempête. Avec ces armes, et les faveurs de Dazh et des esprits du fleuve et de la montagne, vous réussirez dans votre quête. Si le Dieu-Soleil le veut, vous vivrez pour que nous nous rencontrions à nouveau lors des célébrations de la nouvelle urtza.»
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »


Peu à peu, tandis que les journées s'égrenaient lentement les unes à la suite des autres, le printemps sembla reprendre le dessus. Le temps glacial devint froidureux, puis le climat s'adoucit comme le ciel s'abeausisseait et que la menace des lourdes tempêtes de neige s'allégeait. Le manteau blanc recouvrant le monde perdit de son épaisseur, et les congères fondirent, transformant Chilgir en une pataugeoire composée d'un désagréable mélange de neige sale et d'eau trouble. Dans la poudreuse se traçaient des chemins empruntés par de plus en plus d'habitants qui osaient enfin quitter leur logis, et, à l'extérieur, elle se ponctuait des refuites d'animaux en tout genre, lesquels étaient eux aussi sortis de leur tanière. Dans la campagne et les masures aux alentours, l'on pouvait tendre l'oreille et entendre la harangue d'Ivar Golovin qui galvanisait ses futures troupes et les montait contre les bandits de la mine d'Oulianovsk. Dokhara et Lucretia le laissèrent à sa tâche, sachant que sa rancoeur constituait sa meilleure motivation pour continuer l'enrôlement de troupes supplémentaires. Il ne leur faillirait pas. Quant à elles, les deux Lahmianes prirent la route de la tirsa où vivait Sreten Tarmachirin.

Une fois de plus, elles durent effectuer un trajet de plusieurs jours pour se rendre jusqu'à sa demeure. Toujours, elles traversèrent de magnifiques paysages, bien que Lucretia jugeât en avoir déjà bien fait le tour depuis qu'elle avait franchi la frontière, il y avait de cela plusieurs mois déjà.

Malgré son statut de prince Kossuth, l'homme vivait dans un petit attroupement de maisons pour le moins modestes. Quelques isbas, peu de pâtures et d'enclos, guère de troupeaux, et aucune défense, si ce n'était une tour de bois esseulée là sur le faîte d'une colline. L'on siffla à leur approche, et, sous le couvert d'aboiements de chien, Sreten vint saluer les deux visiteuses. Si l'apparence du village s'avérait quelque peu triste, celle de son chef, en revanche, venait rehausser le tableau. En tant que seigneur de ces terres, il arborait une vêture opulente aux teintes criardes, ce qui tranchait considérablement avec l'arrière-plan.

Tout en leur souhaitant la bienvenue en ce lieu, Sreten les dépassa pour étudier les montures sur lesquelles elles étaient venues. Il les observa, les ausculta d'un oeil aguerri et, lorsqu'il eut terminé, lâcha un petit claquement appréciateur de la langue. C'étaient là de bien belles bêtes, commenta-t-il tout en devinant l'origine des chevaux.

« N'est-ce pas ? Mais ils ne sont pas à sacrifier», répondit Lucretia dans un sourire mi-figue, mi-raisin.

L'intérieur bénéficiait de la même simplicité et de la même austérité que dans toutes les autres isbas du pays, quoique celle-ci détonnât un peu, peut-être, de par ses dimensions ; les pièces y étaient plus grandes, vous donnant une impression d'espace, même de vide, plus oppressant. Un feu réchauffait légèrement les couleurs de l'habitation, rendant le tout plus agréable.

D'après Sreten, bien des rumeurs avaient été colportées sur les deux étrangères impériales arpentant le Kislev. Elles n'étaient pas autres que de féroces guerrières qui triomphaient de tous les bissêtres se mettant en travers de leur chemin, qu'ils fussent humains ou monstrueux. Les Soeurs de Fer.

« Oui, ou les Soeurs Tape-Dur», lança Lucretia dans un petit sourire mutin, sachant que cette désignation, en kislévarin, ne pouvait être prise qu'au sens le plus littéraire qui fût.

Elle ne fit aucune autre commentaire, laissant l'imagination prendre le pas sur les défauts et la précision de la réalité. Ces éloges à leurs égards ne pouvaient que servir leur cause, surtout pour ce qu'avait à dire Dokhara. La baronne de Bratian préférait de loin les gospodars aux ungols pour des raisons esthétiques et culturelles. Elle trouvait ces premiers plus raffinés, plus subtils, plus pragmatiques dans leurs rites et leurs coutumes, là où les ungols lui paraissaient plus sauvages, plus étrangers. Un en mot, les gospodars lui étaient bien davantage impériaux que ne l'étaient les autres.

Sa fille avait fait d'énormes progrès en kislévarin, notamment grâce à la vivacité d'esprit et de réflexion que lui procurait sa nature d'immortelle. Elle sut s'exprimer avec grâce et détails, argumentant comme il le fallait pour que les ungols rejoignent leurs rangs dans l'assaut sur la mine d'Oulianovsk. Cela servirait les intérêts des ungols, permettrait de les mettre en valeur, et de se tailler une part du butin plutôt que d'être lésés par leur absence.

Mais cela ne suffit pas. Vraisemblablement, toute cette histoire ne concernait que les gospodars, d'après Sreten. Les ungols avaient certes tenté d'interférer en la faveur de ces derniers, en plusieurs occasions, ne récoltant que de l'indifférence, au mieux, ou, au pire, davantage de mépris et de contraintes. Ils avaient déjà trop donné pour ne rien recevoir en retour.

Lucretia ne réagit pas, ne se sentant pas plus impliquée que cela dans l'opposition des ungols, qu'elle n'appréciait pas véritablement. Peu lui en chalait d'essuyer leur refus. Et il en allait de même de ces arcs que l'homme leur offrit. Ils étaient certes magnifiques, de belle qualité, mais, aux yeux de Lucretia, plutôt inutile. Elle ne se servait principalement que de son épée et, si jamais le contexte requérait la moindre approche à distance, elle préférait de loin utiliser sa magie. Elle accepta toutefois ces cadeaux, remerciant leur hôte, faisant mine d'apprécier la facture et le toucher du bois verni.

« Nous nous reverrons lors des célébrations de la nouvelle urtza», répondit-elle du ton de celle qui n'a aucun doute sur la question.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 19 févr. 2020, 00:09, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total : 12 xps
FOR 16 / END 14 / HAB 17 / CHAR 18 / INT 17 / INI 19* / ATT 17 / PAR 13 / TIR 11 / MAG 17 / NA 4 / PV 134/140
Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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