[Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Kislev, pays de sombres forêts de conifères, d'étendues neigeuses et de steppes balayées par les vents, se trouve l'est de l'Empire. Pendant des siècles, il a été un rempart face aux incursions dévastatrices du Chaos venues du nord. Kislev est un allié fidèle et puissant de l'Empire, toujours prêt à envoyer ses troupes à son secours

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Dokhara de Soya
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Dokhara de Soya »

Toute chaotique fut-elle, la suite des combats perdit rapidement en intensité. Leur attaque surprise avait été aussi violente que rapide, ne laissant que peu de place à une riposte efficace de la part d'individus mal préparés. A l'instar du duel remporté par Dokhara, la plupart des rixes qui s'étaient organisées au sein de l'enceinte avaient fini en faveur des agresseurs, les défenseurs périssant les uns après les autres quand ils n'abandonnaient pas tout simplement le combat.

Rejoindre Lucrétia n'avait pas été bien difficile, tant cette dernière semait de cadavres derrière elle. Alors que le nombre de combattants dans la cour diminuait, il fut aisé de repérer la seule rouquine qui abattait méthodiquement chacune de ses cibles dans une grâce mortelle qui lui était propre, un sourire ingénu aux lèvres. A sa manière, elle aussi se laissait hypnotiser par le combat, de manière certes moins bestiale que Dokhara, mais tout aussi malsaine. la jeune lahmiane n'eut pas cœur à interrompre le mortel ballet de son amante, aussi resta t-elle en retrait, admirant son incroyable talent.

Dokhara n'eut néanmoins pas l'occasion de se rincer l’œil bien longtemps que déjà les derniers combats s'arrêtèrent. Les défenseurs se savaient perdus, et ne leur restait plus pour dernier espoir de survie qu'une improbable pitié de la part de leurs ennemis. Les anciens prisonniers encore en vie, revenus à leur initiale condition, furent réunis dans la cour où on les força à ployer le genou devant des habitants de Chilgir en colère. Lucrétia et Dokhara avaient utilisé le désir de vengeance de ces gens pour les rallier, et c'était sans grande surprise qu'Ivar proposa un châtiment à la mesure de son ressentiment.

- Patience, mon ami, patience, lui répondit Dokhara d'une voix douce. Les têtes détachées de leur corps ne répondent que difficilement aux questions, et avant de faire parler les sentiments, nous avons besoin de savoir si tous nos ennemis sont devant nous, ou si d'autres se terrent encore ailleurs. On doit savoir d'où leur viennent leurs armes...

Laissant sa phrase en suspens une petite seconde, elle se tourna vers Sreten auquel elle offrit un hochement de tête complice.

- ... et ainsi je l'espère, innocenter définitivement nos frères ungols.

Elle se tourna ensuite vers Lucrétia, s'adressant cette fois-ci à sa complice en reikspiel. sur un ton plus inquiet.

- Ça ne colle pas avec les dessins de la gamine de Tegen. Elle a vu des monstres attaquer son village, de vrais monstres, pas juste des bandits. On peut mettre ça sur le compte du traumatisme, mais... quelque chose nous échappe. Tu penses pouvoir en faire parler quelques-uns ?
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 27 mai 2020, 01:31, modifié 1 fois.
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Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

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Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

Le chemin qui menait au centre des baraquements lovés contre la pierre grise des murailles ressembla à une promenade de santé en comparaison de ce que Lucretia venait de vivre. Les flots de bandits qui s’étaient déversés des habitations avaient éclaté en petits groupes, et ces mêmes petits groupes avaient fini par se désagréger en un ou deux adversaires esseulés au fil des combats. Plus de rangées d’ennemis à affronter d’un bloc, plus de ballet infernal à mener ; la Lahmiane abattit sans trop y penser tout opposant qui osait se mettre en travers de sa voie.

Rapidement, la majeure des forces des échappés de la mine dégrossit fortement. Non, ils n’avaient définitivement pas envisagé la moindre attaque et ne s’étaient aucunement préparés à cela. Aucune discipline, aucun véritable tour de garde si ce n’était le plus instinctif, le plus basique qui fût, aucun couvre-feu imposé. Ils avaient chéri leur liberté nouvellement retrouvée, et avaient décidé que chacun d’entre eux pouvait n’en faire qu’à leur tête. Boire, baiser, ripailler, dormir, voilà ce qu’avait dû être leur récent quotidien. N’ayant probablement jamais été formés à l’art de la guerre, ils n’avaient eu pour eux que le peu de force qu’ils avaient accumulée dans la mine, force physique qu’ils avaient perdue à force d’oisiveté et d’abus. Où que se promenât le regard de l’Immortelle, elle voyait des corps qui tombaient sans vie, des torses traversés d’une lance, d’une épée, et des cadavres criblés de flèches ungoles. Comprenant qu’ils n’avaient plus aucune chance face à la vengeance qu’incarnait le rude peuple kislevite, les gredins décidèrent de ployer l’échine, quoiqu’à contrecœur.

Tous furent alignés en rang dans la cour, sous la garde impérieuse des nouveaux propriétaires du fort qui les observaient tous d’un air mauvais. Certains bandits rechignèrent, et un simple regard en leur direction les courrouçait gravement. Désirant conserver un tant soit peu de fierté, ils le montraient ostensiblement et remuaient les épaules tout en faisant mine de se relever. Un violent coup dans l’abdomen ou un mollet écrasé finissait toutefois par leur faire ravaler les dernières miettes de leur dignité difficilement contenue, et ils retombaient à même le sol, lourdement.

Ivar manifesta promptement son désir d’en finir une bonne fois pour toutes en les exécutant, ce à quoi, une nouvelle fois,Sreten sembla presque s’opposer en demeurant silencieux. Plutôt que d’abonder dans le sens celui qui ressemblait davantage à un rival qu’à l’ancien ami qu’il avait jadis été, il tourna la tête en direction des deux impériales. A l’instar du chef Ungol, Dokhara réclama un peu de patience. Effectivement, elles avaient des questions à poser, des questions auxquelles les captifs pourraient probablement apporter des réponses. Lucretia acquiesça, mais son amante n’en avait pas terminé pour autant. Elle lui fit part de ses interrogations, mais reikspiel, cette fois-ci. L’ancienne baronne de Bratian hocha du chef, une nouvelle fois, avant de reprendre dans la langue du nord à la seule intention de Sreten, d’Ivar, et des quelques autres têtes pensantes :

« Oui, avant d’écourter leur vie, je voudrais qu’on les mette à la question, tous. Nous ferons passer de petits groupes dans ces différents baraquements, un par un, afin qu’ils ne puissent recevoir nul soutien de leur comparse ou même s’entretenir sur les réponses qu’ils pourront donner de concert. Je veux savoir si Alexeï, le tombeur d’Erengrad et de Middenheim, est ici, dans les parages, car c’est l’une des premières raisons de notre présence en ces lieux. Mais je veux également savoir qui sont Baba Doma et Meszaros, à qui pourraient appartenir les initiales « H.L. », et quel soutien les bandits ont-ils reçu céans même. La torture sera de mise, je pense que cela soulagera les nerfs de certains. Qu’importe les réponses, l’on s’occupera de trier le bon grain de l’ivraie et de rassembler celles qui sortent le plus ou paraissent les plus probables. Peut-être même que l’on pourrait faire miroiter un léger sursis au premier quart qui nous donnera des réponses concrètes, véridiques, et précises. D’ailleurs, ma sœur et moi mènerons nous-mêmes l’un des interrogatoires, dans l’un de ces baraquements. Et soyez certains que je n’aurai pas la moindre once d’humanité envers ces hommes », ironisa-t-elle dans un rictus amusé.

Lucretia était sur le point d’achever son discours et ses directives sur ce dernier point quand une soudaine idée la traversa. Personne n’était présent pour réclamer ces terres, personne n’avait désiré s’en occuper. Lucretia savait bien qu’elles appartenaient à l’Ataman Pavel, celui-ci les ayant héritées de son père qui les avait achetées juste avant sa mort, mais d’ici là à ce qu’ils daignassent les réclamer, il y avait potentiellement un moyen de profiter de la situation et des richesses entassées sous ces tonnes de calcaire. Elle observa la mine et ses prisonniers. L’immortelle n’avait qu’à tendre la main pour user de cette main-d’œuvre des plus gratuites et s’enrichir que plus encore, mais n’avait-elle pas, en compagnie de Dokhara, avancé l’argument de la vengeance, violente, pour parvenir à cette situation ? Difficile de soudainement demander à ce que l’on épargnât ces prisonniers qui avaient tant causé de mal. A moins que…

« Vous êtes un génie, Ivar ! s’exclama-t-elle soudainement en se tournant vers lui afin de l’encenser. Qu’avez-vous dit, juste avant ? Qu’il existe encore dans le Nord des hommes capables de prendre leur destin en main ? C’est exactement ce à quoi je pense : vous avez subi des vols de troupeaux, des destructions, des viols, des meurtres, des infanticides. Vous avez quémandé de l’aide à l’ataman –nous y étions-, et celui-ci n’a pas donné suite à vos demandes, vous laissant vous débrouiller par vous-même. En vérité, désormais, que vous faudrait-il ? Des ressources ; du bois, de la pierre, de la main d’œuvres afin de reconstruire vos pertes et d’acheter de nouveaux troupeaux. Je pense que cette mine est l’un des meilleurs moyens qui soient pour recommencer de zéro. Si vous tuez directement ces bandits, là, maintenant, vous ne récolterez que du sang. Mettez-les à profit en les renvoyant dans les entrailles de la terre pour y puiser du sel que vous revendrez par la suite, et là… Non seulement parviendrez-vous à acheter ce dont vous manquez pour prospérer, mais vous vous assurerez d’accorder à ces immondices la mort qu’ils méritent. Seuls, dans la poussière et dans le noir, sans personne pour les voir mourir tandis qu’ils crèveront à la tâche ou sous d’éventuels effondrements… »
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 29 mai 2020, 15:14, modifié 1 fois.
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Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Test de Charisme de Dokhara (+1, Diplomatie) : 12, réussi.
Test de Charisme de Lucrétia (+1, Diplomatie) : 6, réussi.
Les étrangères se mêlèrent de la suite des évènements, et personne n’osa les interrompre. Outre le fait que l’avis des femmes comptait autant que celui des hommes dans ces terres du Nord, les deux imperinyi avaient fait preuve d’audace et de bravoure, jouant un grand rôle dans la reconquête de la mine et du fort d’Oulianosvk. L’idée de Lucrétia était terrible, certes. Mais le Kislev était une terre sans pitié et les hommes de la vallée de Chilgir avaient suffisamment souffert des déprédations des prisonniers pour concevoir une telle séance de torture sans se tourmenter davantage. Sreten Tarmachirin, du reste, objecta sur un point.

- « La mine et tout ce qui s’y trouve appartiennent de droit au boyard Pavel. Je doute que lui et sa famille abandonnent leurs prétentions aussi facilement » avança-t-il d’un air circonspect. « Du reste je ne prendrai pas part aux sévices que vous proposez, étrangère. Libre aux autres de faire ce qu’il leur plait. Je vais pour ma part aller m’assurer de la condition des femmes que nous venons de libérer. Peut-être auront-elles quelque à nous apprendre également. »
Test d’Int de Dokhara (+1, Empathie) : 6, 8, deux réussites.
Test d’Int de Lucrétia : 14, 19, une réussite et un échec.
Tandis que le prince s’éloignait, Lucrétia et Dokhara le virent s’entretenir à voix basse avec l’un des cavaliers que Lucrétia reconnu comme étant celui aux côtés duquel elle avait combattu sous le corps de garde. Le ungol regardait en direction de la baronne de Bratian à mesure qu’il s’exprimait, et inclina même la tête si d’aventure leurs regards se croisaient. Ivar, de son côté, se renfrogna et avisa l’entrée de la mine, au fond de l’encaissement naturel dans lequel se lovait le fort.

- « Voilà longtemps que les Nakgimov ne se soucient plus ni de la vallée de Chilgir, si d’Oulianosvk. Nous avons fait justice nous-même. Ces terres reviennent à ceux qui se sont battus pour elles. Ainsi le jugent les esprits. » maugrée a-t-il avant d’aviser la cohorte de ses neveux et des guerriers qui les avaient accompagnés. « Vous avez entendu l’imperinyi. Emmenez ces chiens un peu un pour les interroger et surveillez bien les autres. »

Les terribles interrogatoires commencèrent. Les prisonniers étaient emmenés un à un dans les baraquements, puis violemment battus et passés à la question. Les techniques de torture des habitants de Chilgir étaient sommaires, à base de tabassages et de questions hurlées. Les lahmianes, du reste, surent faire pereuve de leurs dons particuliers pour soutirer des informations juteuses à leurs victimes.

Dokhara reçu rapidement une réponse au sujet de son questionnement. Les monstres dessinés par la petite rescapée de Tengen étaient certainement liés aux masques terrifiants et aux calottes de cuir auxquelles les prisonniers attachaient des branches mortes pour se donner l’air de créatures démoniaque afin de terroriser la population. Cette théorie fut confirmée par la première victime de la jeune vampire qui cracha le morceau avant même que les sévices ne commencent.

Aucun, du reste, n’avait entendu parler de cette Baba Doma. Quant à Meszaros, ce dernier était un chef ungol bien connu par certains prisonniers originaires de l’Oblast. Seigneur d’un clan entièrement nomade, il menait les siens dans les plaines qui s’étendaient à l’Est entre les monts Golinyi et Praag. On le disait ombrageux et querelleur, toujours sur le pied de guerre, et des rumeurs circulaient sur ses allégeances changeantes. Il avait juré sa fidélité au pouvoir central de Kislev durant la Tempête du Chaos mais s’était ensuite rapproché des sommités ungoles de la région, ainsi que de certaines vedmas aux idées pour le moins controversées. Enfin, les initiales H.L étaient inconnus de la plupart des bougres interrogés, malgré tout l’art que les lahmianes mettaient à les faire parler. Seul l’un d’eux mentionna une fille de la noblesse ungole établie à Praag, une certaine Havano Lalka, fille de l’un des rares ataman de ce peuple. Du reste, le nom des Lalka était lié à une longue lignée de marchands et d’artisans, pas de guerriers, et le prisonnier assura qu’il n’en savait pas plus.

Enfin sur la provenance des armes et des vivres, toutes les informations que purent soutirer les lamianes et leurs alliés coïncidèrent vers un point : elles venaient de l’Ouest, amenées par longues colonnes de chevaux depuis la piste de Zoïshenk et de nuit seulement. Deux livraisons avaient ainsi été effectuées et les hommes qui accompagnaient ces mystérieuses caravanes étaient clairement identifiés par les prisonniers comme étant des gospodars. L’interrogatoire du chef des pillards, un certain Zaklan, apporta d’autres nouvelles : ces livreurs étaient dirigés par un homme masqué qui avait garantis aux prisonniers la liberté et même de l’or s’ils s’appliquaient et à piller la région en s’attaquant en priorité aux fermes et aux voyageurs gospodars. Zaklan, trop heureux de bénéficier d’un tel soutien, n’avait pas demandé son reste. Il ne connaissait ainsi ni l’identité du commanditaire, ni les raisons de ce marché qu’il s’était empressé d’accepter. Sreten, enfin, revint de son entrevue avec la dizaine de femmes qui venaient d’être libérées des griffes des soudards, avec une information capitale : l’une d’entre elle avait formellement identifié l’un des livreurs nocturnes comme étant un certain Daler Ionov qu’elle avait connu à Zoïshenk où ce dernier était membre de la stai des Pelletiers, l’une des quatre instances de la très puissante Gornitsa de Zoïshenk.

Ces nouvelles jetèrent un grand froid parmi les habitants de Chilgir, notamment ceux appartenant à l’ethnie gospodar. Ivar et les siens étaient persuadés de l’implication de certains clans ungols et pourtant il apparaissait que ces sévices avaient été orchestrés par les leurs. L’heure n’était pas aux réjouissances mais à l’incompréhension et les prisonniers furent rapidement cantonnés aux baraquements sous haute surveillance tandis que l’un des bâtiments finissait de brûler.

Le matin commençait à poindre, et il fallait désormais décider de la suite à donner aux évènements. Sreten et ses guerriers sellaient déjà leurs chevaux après avoir pris un peu de repos tandis que Ivar s’entretenait avec les autres habitants de la vallée pour s’entendre sur la marche à suivre, sur fond de débats houleux et d’invectives.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Dokhara de Soya »

A peine la victoire acquise que déjà les premiers signes de scission entre les chefs ungols et gospodars réapparaissaient : Ivar semblait approuver l'idée suggérée par Lucrétia, contrairement à Sreten qui mit en avant une problématique légale plutôt qu'éthique. Néanmoins, sa préférence à se tourner vers les prisonniers à libérer plutôt que ceux à torturer démontra sa nette désapprobation envers la violence gratuite. Dokhara avait également noté une autre de ses réactions, une petite seconde de relâchement qui avait trahi un moment de tension lorsque Lucrétia avait prononcé un certain nom : mais la jeune lahmiane n'avait pas de temps à dédier à cette observation pour l'instant, remettant à plus tard son utilisation : pour l'heure, Lucrétia et elle avaient du travail.

Avec une quarantaine de prisonniers à interroger, la tâche s'annonçait longue : heureusement, les gospodars ne manquaient pas d'enthousiasme pour se venger de ceux qui leur avaient causé tant de pertes et de chagrin. Leurs méthodes étaients simples et brutales, mais leurs cibles ne nécessitaient pas de talent particulier pour passer à table : ce n'étaient que des évadés, simples bandits ayant profité d'une occasion de reprendre leur vie de pillages et de viols. Ils n'étaient pas formés à résister à la torture, et n'avaient pas d'intêret à garder le silence sinon prolonger leur supplice.

Dokhara s'était appropriée une petite pièce close au sein de la caserne : à l'intérieur de celle-ci, elle pouvait non seulement s'enfermer à clé, mais aussi laisser à sa victime la chance d'écouter ses compagnons souffrir le martyr, les cris de ces derniers résonnant dans tout le bâtiment. Le grand gaillard torse nu, aux blessures sanglantes encore bien fraîches, ne cessa de supplier pour son intégrité alors que la rouquine le traînait sans ménagement dans la petite pièce vide, et il cria encore lorsqu'elle le jeta violemment contre un mur : l'excitation par anticipation montant en flèche, elle avait bien du mal à contenir sa force surhumaine. Se retournant pour fermer la porte derrière elle, il tenta de se relever pour profiter de cette ouverture dans sa vigilance, bondissant dans son dos pour lui enrouler un bras autour de la gorge dans une tentative manifeste de l'étrangler. D'un coup de coude dans le plexus, elle lui coupa le souffle, avant de se retourner pour le pousser sans aucun ménagement, l'envoyant les fesses à terre pour mieux croiser son regard, et lui offrir un sourire carnassier.

- Désolée, je ne respire pas.

Elle laissa ses canines et ses griffes se dévoiler, jubilant une courte seconde devant la terreur qui naissait dans le regard de sa proie. Puis alors même qu'un hurlement de terreur s'échappa de sa bouche, elle bondit sur lui, ouvrant sa carotide d'un coup de griffe, et plongea sa gueule grande ouverte sur la blessure, laissant le flot carmin venir cascader sur sa langue et arroser sa gorge. Depuis qu'elle avait abattu l'évadé colossal, toutes ses pensées étaient parasitées par son désir de se nourrir : possédée par la soif, elle le vida de la moitié de son sang en une poignée de secondes. Malgré l'effort terrible que cela demandait, elle s'interrompit pourtant avant la fin du repas : si jamais ses alliés inspectaient ce cadavre-ci, mieux valait qu'il ne soit pas totalement livide et anémié. Tristement, elle laissa le reste du liquide rouge s'échapper sur le corps du prisonnier, arrosant copieusement le sol et son torse.

Prétextant un moment d'inattention pendant lequel le prisonnier aurait tenté de s'en prendre à elle, elle parla d'une simple tentative d'auto-défense : elle avait dégainé son épée pour le repousser, et n'avait eu d'autre choix que de le tuer : ce n'était pas comme si quiconque allait regretter sa mort parmi ses alliés.

Désormais rassasiée, Dokhara avait l'esprit bien plus clair pour la suite des interrogatoires : c'est donc avec concentration et talent qu'elle put déployer son art au couteau sur le corps de sa victime suivante, afin de lui arracher toutes les informations qu'elle désirait.



***


Lorsque les interrogatoires se terminèrent, Dokhara et Lucrétia avaient appris quantité de nouvelles informations sur les événements se déroulant aux alentours de Zoïshenk. De multiples noms furent évoqués, le plus prometteur d'entre eux étant celui de Daler Ionov - il était le fil à dérouler si elles souhaitaient connaitre les véritables responsables de cette agitation à Chilgir.
Le matin approchait, le ciel perdant lentement de son obscurité. L'heure de la vengeance était passée, venait désormais celle des décisions à prendre, et des conséquences : Ivar et les siens semblaient avoir de virulents échanges, tandis que les ungols préparaient déjà leurs montures dans l'idée de repartir. Voyant cela, Dokhara s'adressa à Lucrétia après avoir poussé un soupir d'exaspération feinte :

- Tu peux t'occuper de rallier les gospodars ? Je vais m'éloigner un peu avec Sreten, je pense qu'il nous cache quelque chose, et il sera plus bavard si je l'éloigne des siens. Si je ne reviens pas...

Elle laissa trainer sa phrase avec un air grave, comme pour annoncer ses dernières volontés, avant de finalement conclure en éclatant de rire :

- C'est qu'il m'aura déclaré sa flamme et que je me serais enfuie à ses côtés : respecte mes choix et ne m'empêche pas d'être heureuse, maman poule.

S'éloignant de son amante, Dokhara mit ses paroles en pratique, proposant à Sreten une promenade en tête à tête hors de l'enceinte des murs de la mine. Il accepta sans rechigner, et tous deux grimpèrent sur leurs montures pour quitter la cour, rejoignant le goulet extérieur. Les deux cavaliers avançaient côte à côté à la même allure calme, permettant d'échanger tranquillement : le chef ungol avait autrefois exprimé clairement son admiration pour la monture strygani, et Dokhara avait supposé qu'une ballade à cheval serait la plus propice pour mettre son interlocuteur dans les meilleures dispositions lors de leur échange.

- Vous êtes un homme difficile à cerner, Sreten, lança Dokhara sans préambule afin de démarrer la conversation. Lors de notre première rencontre, la situation dans les mines ne semblait pas vous préoccuper - pourtant, vous avez fini par changer d'avis, et avez risqué la vie de vos hommes dans cette affaire. Vous avez clairement manifesté votre désapprobation envers le boyard Pavel pour avoir interdit l'utilisation de la loi ungole dans les jugements, pourtant, vous défendez son droit à posséder une mine qu'il n'a rien fait pour reprendre jusqu'alors : il est manifeste que son exploitation ainsi que la sécurité des habitants de Chilgir n'a pas fait partie de ses priorités récemment.

Dokhara soupira, agitant la tête comme pour se débarasser de pensées parasites.

- J'ai passé l'hiver à Chilgir, et malgré les inimitiés entre gospodars et ungols, votre nom revient souvent dans la bouche des premiers. Même Ivar, qui n'a pas sa langue dans sa poche lorsqu'il s'agit de trouver des responsables à ses problèmes, vous tient pourtant, vous, un chef ungol, en haute estime. Et je pense que de votre réputation je peux expliquer les incohérences que je viens de citer. Vous êtes un homme partagé par vos convictions difficilement conciliables. Votre peuple compte énormément pour vous, votre clan davantage encore. Mais vous êtes aussi un pacifiste, un kislévite qui croit en la paix entre gospodars et ungols, qui veut défendre cette idée. C'est pour cela que, malgré les insultes faites aux ungols, vous avez réussi à surmonter votre dignité bafouée. "Pour triompher, le mal n’a besoin que de l’inaction des gens de bien" : je ne pensais pas que je toucherais si juste ce jour-là. Mais ça vous a fait prendre du recul, pas vrai ?

La jeune rouquine lui adressa un sourire timide, laissant ses yeux rêveurs traîner dans le paysage. Le soleil se levait lentement, et le goulet entre les montagnes s'éclairait doucement.

- C'est pour ça que vous n'êtes pas à l'aise avec l'idée de laisser les habitants de Chilgir utiliser la mine à des fins personnelles. Vous avez fait ce qui était juste, dans l'espoir de renforcer le paix - mais vous craignez que le boyard s'offusque de la nouvelle situation, et que de nouveaux conflits remplacent les anciens. Je comprend.

Dokhara tripota inconsciemment le petit pendentif de Dazh qu'elle avait autour du cou. Elle savait qu'elle pouvait résister sans mal aux rayons du soleil qui approchaient, qu'elle n'avait pas hérité de la faiblesse de sa mère face à l'astre solaire... mais cela ne l’empêcherait pas de ressentir un malaise permanent lorsque la lueur du jour viendrait caresser sa peau.

- Au vu des informations que nous avons recueilli, il y a de bonnes chances que Silke et moi repartions bientôt à Zoïshenk. Si cela se confirme, nous demanderons audience auprès du boyard pour lui expliquer la situation, détailler l'aide que vous avez fourni, et aussi négocier le droit aux habitants de Chilgir d'exploiter la mine de sel le temps de regagner ce qui leur a été injustement dérobé. Il a bien assez de problèmes pour ne pas se mettre à dos l'une de ses tirsas, sans compter un incident supplémentaire qui va fragiliser encore davantage son quotidien : ce sont des gospodars qui ont armé les bandits, et pas des ungols. C'est cette piste-là que ma sœur et moi devrons suivre, si nous voulons notre homme : d'une manière ou d'une autre, je suis certaine qu'Alexeï se cache au milieu de ces complots : profiter des inimitiés entre ungols et gospodars serait typiquement son style.

La lahmiane laissa Sreten lui répondre, prenant aussi le temps du silence. Elle avait déjà beaucoup parlé, et avait encore beaucoup à dire : rythmer certaines pauses dans les conversations permettait d'être plus persuasive encore lorsqu'elle revenait à la charge.

- Mais ce n'est pas pour ces sujets que je vous ai demandé cette entrevue. Car il y a malgré tout encore un détail qui m'échappe à votre sujet. Baba Doma.

Elle laissa un nouveau silence s'installer. Elle savait que la mention de ce nom allait tendre le chef ungol - elle avait bien senti quelques heures plus tôt son malaise lorsque cette vedma avait été évoquée.

- Il y a une autre piste que Silke et moi avons écarté dans notre traque jusqu'à aujourd'hui. Car s'il semblerait que ce soient bien des gospodars qui aient armé les bandits de la mine, les ungols eux aussi font transiter de grosses cargaisons d'armes à travers l'oblast du nord, et certainement pas pour raisons pacifiques. Nous en avons la preuve Sreten : à Dzhangar, la vedma dénommée Baba Doma plonge les deux mains dans un trafic d'équipement destiné à armer les fils du Vent de Rakh-aczi. Et si vous n'aviez pas réagi si bizarrement lorsqu'elle a été mentionnée hier, je n'aurais sans doutes jamais eu le déclic, mais désormais ça me revient : Dzhangar est contrôlée par Srdjan Todorovic du clan Kossuth. Votre clan, Sreten. Ce n'est pas un hasard si le nom de Baba Doma vous a tendu : vous savez, n'est-ce pas ?

Désormais, Dokhara ne laissait plus son regard balayer le paysage. Elle avait arrêté sa monture, et fixait droit dans les yeux le chef ungol, tandis que l'une de ses mains glissa vers la poignée de son épée qui dépassait de son fourreau : une manière claire de signifier qu'elle s'attendait au pire, et réagirait en conséquence si nécessaire.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 06 juin 2020, 18:30, modifié 1 fois.
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Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

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Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

Lucretia avait fait ses preuves, et personne ne contesta ses propos lorsqu’elle prit la parole. Elle désirait certaines choses, ordonnait à ce que les ungols et les gospodars agissent ainsi afin de satisfaire certains de ses projets personnels, mais personne ne s’y opposa. Tous semblaient d’accord, dans un premier temps, accordant un peu de leur temps et de leurs ressources à celle qui leur avait permis de satisfaire leur besoin de vengeance. Mais quelque part, la torture n’était-elle pas la poursuite du châtiment que les bandits méritaient ? Quant à la question de la mine, il n’y eut que Sreten pour effectuer une moue quelque peu dubitative. Selon lui, l’endroit continuait d’appartenir au boyard Pavel. La Lahmiane n’était pas foncièrement en désaccord avec lui.

« Oui, bien sûr que le boyard possède un droit de regard sur Oulianosvk. Pour toujours, tant que d’autres potentiels contrats n’auront pas été signés. Mais d’un autre côté, il serait bien culotté que d’aller réclamer la mine après avoir sagement attendu que son peuple se fasse massacrer sans qu’il n’ait bougé le petit doigt, et de la revendiquer quand plus encore de ses propres hommes sont morts pour la récupérer sans son soutien. Enfin, fit-elle en haussant des épaules d’un air fataliste, en dépit de mes paroles, de l’honneur et de la dignité, bien entendu que la noblesse se précipitera pour tout récupérer. Mais en attendant que la haute société ne l’apprenne, en attendant qu’elle s’y intéresse, et en attendant que toute l’administration se mette en branle, peut-être que le petit peuple pourra en retirer quelques bénéfices qui lui seront propres. Et d’une manière comme d’une autre, il faudra tôt ou tard la remettre en état de fonctionnement, cette mine. »

Ivar, de son côté, penchait plutôt du côté de l’impériale, et le fit savoir en maugréant dans sa barbe. Lucretia ayant déjà tout dit, elle hocha simplement la tête en signe d’assentiment. Et après que Sreten s’en fut allé, et après que l’Immortelle eut salué du chef le guerrier à qui elle avait sauvé la vie et qu’elle venait de croiser du regard, les séances de torture s’organisèrent.

Dans l’enceinte du fort s’élevèrent alors bientôt les hurlements d’agonie d’hommes qui suppliaient leurs tortionnaires d’arrêter. Mais les geôliers firent rapidement comprendre que les oreilles des premiers avaient assurément dû entendre les mêmes paroles au détour d’un village, d’une isba, ou même dans ces baraquements où les femmes avaient été enlevées. Avaient-ils arrêté pour autant ? Certainement pas. Si fait, la même absence de clémence devait être attendue par chacun des bandits, et les passages à tabac, les os brisés, ainsi les mâchoires fracturées, s’accentuèrent bientôt. Les mêmes questions furent inlassablement répétées, et les réponses différèrent parfois.

Si la plupart du temps les bourreaux n’obtinrent rien, leurs victimes ne sachant pas ce qu’elles pouvaient apporter, quelques éléments leur furent pourtant donnés. Les monstres que la petite fille avait dessinés et qui avaient titillé l’intérêt de Dokhara n’étaient en réalité que des masques que les bandits portaient pour effrayer la populace. Meszaros s’avérait être un chef ungol que certains prisonniers connaissaient bien, notamment pour son inclinaison à retourner sa veste en fonction des pouvoirs en place et de ce qui l’arrangeait le plus. Les initiales H.L. correspondaient peut-être à une certaine Havano Lalka, une fille issue de la noblesse ungole en provenance Praag. Si ces faits étaient établis, alors les cabales qui déchiraient l’Oblast prenaient désormais une ampleur démesurée. Enfin, les convois d’armement provenaient bel et bien de certains clans gospodars qui, désireux de semer la confusion dans le pays pour d’obscures raisons, équipaient et renforçaient les clans ungols. Pire encore, les consignes étaient strictes ; s’attaquer en priorité aux fermes des gospodars. Et si cela ne suffisait pas, ces mêmes directives étaient signées de la main d’un homme connu de tous à Zoïshenk ; Daler Ionov, membre d’une des quatre instances de la haute chambre du commerce. L’implication du peuple gospodar dans cette affaire ne pouvait plus être rejetée, et nombre de ses membres déchantèrent brutalement. Après nombre de sévices, les anciens bandits purent regagner leurs baraquements, quoique sous bonne garde, et, du côté des habitants de Chilgir, l’on se mit à discuter âprement.

Le lendemain, cela n’allait pas mieux dans le fortin. Les ungols s’apprêtaient à regagner leur tribu alors que les gospodars continuaient de grommeler entre eux. Dokhara décida de prendre les devants en prévenant sa génitrice qu’elle s’en allait toucher deux mots à Sreten.

« Maman poule, mmh… ? » répéta Lucretia en haussant un sourcil mi-interrogateur, mi-amusé tandis qu’elle laissait sa fille s’en aller.

Eu égard aux débats houleux et aux tons agressifs qui fusaient d’un côté comme de l’autre chez les gospadars, la Lahmiane se permit de s’impatroniser au sein de leur discussion afin de régler certains détails.

« Ecoutez, je gage que vous y aviez déjà tous pensé un jour. Comment se pourrait-il qu’aucun gospodar n’ait jamais voulu du mal à son peuple ? Dans le même esprit, comment se pourrait-il qu’aucun ungol n’ait jamais voulu vous défendre ? Le monde n’est pas tout blanc ni tout noir, il est bien loin d’être manichéen. Vous avez des gospodars qui veulent la mort de chaque ungol, d’autres qui désirent créer des tensions pour s’élever plus haut que les autres, et vous avez également des fils de la steppe qui vous considèrent comme vos pires ennemis lorsque d’autres, à l’image de Sreten et de ceux qui le suivent, qui voudraient simplement vivre en paix après la Tempête du Chaos. C’est un fait.

Alors oui, ce que vous avez toujours pu soupçonner dans un coin de votre tête sans jamais oser l’imaginer vient de vous frapper avec toute la force de la réalité. C’est comme ça, c’est acté, l’on ne peut plus le changer. Aussi, plutôt que de chercher à savoir qui avait raison et qui avait tort, tâchez de rediriger votre colère vers ceux qui jouent un double jeu et qui vous manipulent depuis le début. Et surtout, n’oubliez pas que certains ungols vous ont aidés à reprendre la mine et se sont battus à vos côtés. Sachez identifier vos alliés, et sachez surtout les remercier. Car avec la trahison de certains dans les plus hautes sphères, le peuple gospodar n’est peut-être plus aussi fort et aussi soudé qu’il voudrait le laisser croire. Bientôt, des échauffourées éclateront entre ce même peuple, et vous serez plus seuls que vous l’aviez imaginé. A ce moment-là, toute l’aide possible sera la bienvenue, et je gage que vos plus proches partenaires pourraient bien être ceux qui sont sur le départ, là
» lâcha-t-elle alors en désignant du menton les ungols qui sellaient leurs montures.

Lucretia fit un pas en arrière, les laissant maîtres de leur décision.
J'attends de voir ce qu'il en retourne avec Sreten.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 10 juin 2020, 11:25, modifié 1 fois.
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Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Test de Char de Lucrétia (+1, Eloquence) : 13, réussi.
Les habitants de Chilgir qui n’étaient pas en train de surveiller les prisonniers étaient réunis en cercle entre la caserne et le corps de garde, Ivar au centre. Les invectives volaient de part et d’autre lorsqu’il s’agissait de décider de la suite des évènements, le désaccord régnant visiblement au sein des gospodars. Même les neveux de l’artisan sellier s’écharpaient entre eux sur fond de méfiance envers les ungols, de crainte vis-à-vis de la réaction des autorités et d’incrédulité sur les aveux des forçats interrogés. Par-dessus tout, les hommes et les femmes présents ne comprenaient pas qui, à Zoïshenk, pouvait leur souhaiter autant de mal, et surtout pourquoi. Cette confusion générait autant de peur que d’énervement et les théories fumeuses allaient bon train.

- « Ces crapules de Zoïshenk ont toujours jalousé la prospérité de Chilgir. » clame quelqu’un. « Ils veulent nous affaiblir et voler nos bêtes et notre commerce. »

Quelques acclamations s’élevèrent. Il était vrai que la vallée dans laquelle était nichée la tirsa était inhabituellement fertile et giboyeuse, que les troupeaux y étaient nombreux et l’artisanat réputé.

- « Non ! Ce sont des gospodars qui ont emmenés les armes, mais qui nous dit qu’ils n’ont pas été payés par des ungols ? Nadza Kustu est plus riche que le boyard lui-même ! Nos frères ne s’en prendraient pas à nous, mais les nomades nous harcèlent pour faire pression sur Nakhimov, et même la tsarine. » héla Valenty.
- « Imbécile ! Tu penses vraiment que la tsarine se préoccupe de quelques éleveurs de chèvres au fond de l’Oblast ? Le boyard essaye de nous faire quitter ces terres, et pourquoi ? Pour les donner aux clans ungols, afin de les calmer ! Aux kazyaks, même, s’il peut en tirer en quelque chose ! »
- « Sais-tu à quoi tu t’exposes à accuser ainsi Pavel Nakhimov ? » lança quelqu’un.
- « Tu m’insultes ?! Par Ursun, répète un peu ce que tu viens de dire si tu es un homme ! » fulmina Valenty à la foule.

Et tandis que le fougueux jeune homme remontait ses manches en marchant sur le coupable, Lucrétia von Shwitzerhaüm s’avança au milieu des gospodars. Son arrivée, sa présence et son aura eurent pour effet de calmer soudainement toutes velléités alors que les regards s’accrochaient instantanément à sa silhouette. Tous l’écoutèrent avec attention, plongés dans leurs réflexions. Quelques œillades moins belliqueuses vers les cavaliers de la steppe plus tard, les questions tombèrent peu à peu. Bientôt ils étaient plusieurs à parler en même temps, s’accrochant à l’avis de l’étrangère comme à celui d’un prophète.

- « Alors pourquoi, imperinyi ? Pourquoi armer ces brigands pour s’en prendre à nous ? »
- « Comment faire confiance aux ungols, lorsque les Dol’nyy et même les Kossuth ont refusé de nous aider ? Jusqu’à aujourd’hui … »
- « Et pensez-vous vraiment que ce bon à rien d’Ilya Répine vous nous soutenir lorsque le boyard viendra réclamer la mine et tous ses bénéfices ?! »
- « Que va-t-on faire, maintenant ? Certains doivent rester ici pour surveiller les bandits. Or d’autres doivent escorter nos femmes jusqu’à Chilgir, et nous envoyer des renforts et des provisions. »

La lahmiane pouvait voir Ivar, dans la foule, qui l’observait en se massant le visage d’une main, visiblement plongé dans ses réflexions.





Sreten Tarmachirin accepta la proposition de Dokhara et ils enfourchèrent chacun leur monture pour quitter momentanément le fort d’Oulianosvk. Les deux cavaliers longèrent les remparts et descendirent vers la petite oasis qui tapissait le fond du lit d’une large rivière aujourd’hui simple ruisseau, et qui avait un jour façonné les gorges dans laquelle se trouvait la mine. Les sabots des montures cliquetaient sur le sol mêlant terre fine et galets tandis qu’ils s’approchaient d’un bosquet de bouleaux, plus loin. Derrière eux, des éclats de voix provenaient de l’enceinte des murs qui se dressait contre la falaise, signe des discussions houleuses ayant lieu entre les gospodars.

Le prince ungol avait une allure droite et fière, se tenant en selle comme s’il y était né. Sa barbe noire et son regard acéré lui donnaient un air aussi sévère qu’intelligent et les longues tresses qui partaient du haut de son crâne tombaient dans le col et le dos de son caftan rouge brodé de jaune. Son sabre courbe lui battait la botte, à portée de main, et un carquois magnifiquement ornementé et rempli de flèches pendait de l’autre côté de sa selle. Il avançait, sans rien dire, levant le menton pour scruter le paysage magnifique de ces gorges calcaires, puis avisa la monture de Dokhara d’un œil appréciateur. Il l’avait déjà complimenté sur son coursier strygani, aussi ne se répéta-t-il pas, mais il était clair que voir une telle bête évoluer sous ses yeux lui procurait un grand plaisir. Il écouta ensuite l’étrangère tandis qu’ils menaient tous deux leurs chevaux entre les bouleaux jusqu’au mince filet d’eau pour qu’ils puissent s’abreuver.


- « Quel que sont mon avis sur la politique menée par le boyard, je reste l’un de ses vassaux, et à travers lui celui de la tsarine. Faire respecter la justice est l’un de mes devoirs en tant que chef. Même si elle est parfois injuste … » dit-il lentement en baladant son regard dans l’eau cristalline et peu profonde. « Cette mine appartient aux Nakhimov. Il en est ainsi et je ne peux en décider autrement, quoi qu’en pensent les habitants de Chilgir. Quant à ce qui est de leur apporter mon soutien … »

Il poussa un bref soupir et tira les rennes de son cheval, lui-même une belle bête racée, pour lui faire relever la tête de l’eau et continuer la promenade en remontant le ruisseau.

- « Depuis la fin de la Tempête du Chaos, la tsarine essaie de renforcer son influence dans le Nord, ce qui implique pour elle de faire taire les revendications de mon peuple, jusqu’à favoriser le culte d’Ursun sur celui de Dazh. Que voulez-vous, Katarina rêve de modernité, d’institutions et de stabilité comme dans votre nation d’origine. Les ungols doivent trouver une solution pour s’intégrer pleinement à la machine centralisée de Kislev, ou entre en conflit avec elle. Mais ce mouvement n’est pas nouveau. Depuis des siècles, les miens sont exclus, traités comme des citoyens de seconde zone et ce malgré leurs innombrables sacrifices pour défendre cette terre. Lorsque les déprédations des bandits sur les gospodars de la vallée ont commencé, j’ai réuni les anciens de mon clan. Nous avons décidé ensemble de ne pas intervenir, car quand bien même gospodars et ungols vivent sur la même terre, eux ne se seraient pas portés à notre secours. »

Il resta silencieux quelques instants encore, se laissant guider par le pas de son cheval qui avançait calmement entre les bouleaux en frottant son mufle contre celui du coursier de Dokhara.

- « Et puis mon chemin a croisé le vôtre. Vos paroles m’ont faites réfléchir, et j’ai changé d’avis. Les miens étaient accusés injustement, et je me devais de laver notre nom en montrant à tous que les Kossuth n’étaient pas responsables, et étaient prêt à verser leur sang pour le prouver et aider leurs voisins. C’est chose faite, et désormais personne n’osera nous soupçonner de telles atrocités. Je vais devoir maintenant me justifier auprès de nos anciens et, croyez-moi, mes peines ne s’arrêtent pas ici. Quant à ce qui concerne les raisons de tout ceci … Elles restent à élucider. Nombreux sont ceux qui ont intérêt à attiser la haine entre les gospodars et les ungols. Le boyard Pavel n’a ni la force, ni l’autorité de son père, mais c’est un homme juste. Il lutte pour le bien de son domaine, et la situation est difficile à tenir. Les incursions des kyazaks se font plus féroces à chaque printemps et les tensions entre gospodars et ungols menacent de dégénérer à tout moment. Il est de notre devoir, à nous habitants de l’Oblast, de le soutenir et de faire ce qui est en notre pouvoir pour assurer la paix. »

Dokhara annonça ensuite son intention de se rendre avec « sa sœur » à Zoïshenk pour continuer leur enquête. Sreten plissa les yeux et lui jeta un regard en coin, ne tenant ses rennes que d’une main, l’autre posée sur sa cuisse.

- « Dans mon sang coule celui des derniers roppsmen, et l’une des légendes de ce peuple dit que les oiseaux de la nuit protègent ceux qui, comme vous les Sœurs Zheleznaya, cherchent la vérité et la justice. Mais croyez-moi, ce pays est plus dangereux que vous ne semblez le croire. Vous avancez en eaux troubles, et ce ne sont pas les chouettes et les hiboux de la steppe qui vont protègeront contre ce que vous risquez de découvrir. Il faut des moyens importants, et d’autant plus d’influence pour armer ainsi une centaine de bandits à la faveur de la nuit. Et plus de d’audace encore pour défier ainsi le boyard. Quiconque se lèvera contre cette personne devra se préparer à la guerre. Je vous conseille d’abandonner votre mission et de quitter ces terres. Vous n’êtes pas d’ici, et l’Oblast cherchera à vous engloutir tôt ou tard. »

Et enfin, la jeune vampire mentionna Baba Doma. A ce nom, la monture du prince ungol s’arrêta net sans geste perceptible de son cavalier, comme simplement mue par la volonté de ce dernier. Sreten tourna la tête pour regarder Dokhara dans les yeux directement. Il avisa la main posée sur la poignée de l’épée de l’impériale, sans ciller, puis afficha une moue méprisante comme s'il était vexé qu'elle ait pu croire qu'il allait s'attaquer à elle.

- « Vous savez trop de choses, pour votre propre sécurité. » répliqua-t-il d’un ton soudainement très sec. « Mais n’ayez pas l’arrogance de penser que vous comprenez quoi que ce soit à ce qui se déroule au fond des steppes. Que les chevaux de Dazh me piétinent si j’accepte encore une accusation infondée contre les miens. Les Kossuth n’ont rien à voir avec les manigances des vedmas et Srdjan Todorovic est un sujet loyal à Kislev qui a sauvé sa tirsa au péril de sa vie. Je ne tolèrerai pas que son nom soit mêlé à ces affaires. Quant à Baba Doma … Oui, je sais. C’est une matriarche ancienne et respectée par mon peuple, mais je n’adhère pas à son discours. Elle agit pour le bien de la nation ungole et estime que cette cause doit se défendre par les armes, à l’instar de des Fils du Vent, et de bien d’autres dans l’Oblast, de la Mer des Griffes à Praag. Je respecte leur choix. » Il regarde autour de lui et baisse la voix. « Les autorités considèrent peut-être Laszola Rakh-aczi comme un traître, mais c’est en vérité un héros. Peu ont autant sacrifié que lui pour protéger l’Oblast des incursions du Chaos et il ne s’en prend pas aux innocents, ne se livre pas au pillage. Les aveux des prisonniers de la mine l’ont prouvé. Il se contente d’appliquer la justice ungole contre ceux qui la bafouent. Se faisant, il se rend hors-la-loi, et c’est donc mon ennemi. Mais dites-moi, étrangère : n’est-il pas un meilleur défenseur de la justice que moi ? »
Test d’Int (+1, Empathe) : résultat caché.
Il semble tout à fait sincère, éprouvant une colère légitime face à ces accusations.

Sreten affichait un air de colère, qu’il prit quelques secondes à calmer avant de considérer Dokhara sous un nouvel angle.

- « D’où tenez vous ces informations. Peu de gospodars connaissent les liens qu’entretiennent Baba Doma et les Fils du Vent, encore moins des étrangers. Je veux savoir de quelle manière vous avez appris ça. Et puis que nous en sommes au temps des questions indiscrètes … Votre sœur a sauvé l’un des miens, Nikifor, pendant l’assaut de la mine. Il est venu me trouver pour dire ce qu’il avait vu. Il m’a dit que Silke s’était battue comme si les esprits de Domorin et du Lièvre Blanc l’habitaient, que ses mouvements étaient presque impossibles à suivre à l’œil nu et qu’elle était venue à bout de presque une dizaine d’ennemis à elle-seule. Il m’a dit que jamais il n’avait vu quelqu’un combattre comme cela, et qu’elle avait la bénédiction des esprits. Mais moi, à qui la Veuve Vénérable chuchote dans mon sommeil, je sais que les esprits de cette terre dévorent les étrangers plus qu’ils ne les bénissent. Vous ne dites pas tout. Je veux savoir, maintenant. Faites-vous partie de ces sorciers de l’Empire ? »
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

Avant même que Lucretia ne prît la parole, les invectives volaient de part et d’autre au sein du petit cercle qu’avaient formé Ivar, ses neveux, et d’autres gospodars. Les interrogations et menaces de chacun surplombaient les mines anxieuses et revanchardes, et les gestes s’amplifiaient et se brusquaient d’autant plus que la patience finissait par s’amenuiser. L’incompréhension se partageait à la colère ; Zoïshenk jalousait Chilgir, Nadza Kustu avait stipendié certains gospodars pour qu’ils attaquassent les leurs, la Tsarine avait délibérément abandonné les gens du nord au profit de ceux de son entourage. Une rixe allait même s’engager entre Valenty et un rival lorsque la Lahmiane était entrée en jeu, évitant que tout cela ne dégénérât.

A ses premiers mots, les velléités belliqueuses avaient commencé à s’estomper, laissant place à une écoute patiente, quoique légèrement surprise. Mais au fur et à mesure de ses paroles, les visages se détendirent, les poings levés se firent ballants le long des hanches, et le silence se fit, si ce n’était le son de sa voix. Quelque part, il y eut là comme un respect religieux, comme si la jeune femme était celle qu’ils avaient tous attendue. Tandis qu’elle ne déparlait pas, l’Immortelle observa les visages et les expressions de chacun. Ils étaient perdus, tous autant qu’ils étaient. Ils ne savaient que faire, elle pouvait le lire dans le ton des questions qu’ils posèrent après, sur leur visage, dans leurs yeux. Ils se sentaient abandonnés par les leurs, et ne savaient plus vers qui se tourner. Désormais, après les émotions tempétueuses qui les avaient habités lors du combat, et après ces dernières révélations qui les avaient privés de cette étincelle de réconfort et de satisfaction qu’ils s’étaient attendus à recevoir, Ivar et les siens paraissaient déboussolés, vidés. Ainsi désemparés, ils étaient prêts à se confier et à se livrer à la première étrangère qu’ils croiseraient. Et cette même étrangère impériale avait déjà dûment fait ses preuves. Lucretia n’avait qu’à s’abaisser pour les cueillir.

« Pourquoi armer ces brigands afin qu’ils vous attaquent ? »

La réponse, dans sa globalité, paraissait assez simple ; afin de diviser pour mieux régner. D’ailleurs, l’ancienne baronne de Bratian le leur avait déjà dit. Mais dans leur état actuel, ils recherchaient du confort, quelque chose à quoi se raccrocher de manière à expliquer ce qu’ils pensaient inexplicable. Mais étant donné la suite de son discours, à laquelle elle avait déjà songé, Lucretia se garda bien d’en dire davantage.

« La raison se dissimule probablement derrière des causes politiques que nous ignorons jusque-là mais que nous ne tarderons pas à découvrir, pour peu que l’on s’en donne les moyens.

Comment faire confiance aux ungols lorsque les Dol’nyy et les Kossuth ont refusé de vous aider… Jusqu’à aujourd’hui, dîtes-vous ? Alors vous faites assurément une belle impasse sur les événements de la Tempête du Chaos, où l’union kislevite n’a jamais été aussi forte qu’à ce moment-là. Mais ce temps n’est pas révolu, au contraire ; vous venez d’en avoir eu la preuve hier même, lorsque certains guerriers Kossuth vous ont aidés à reprendre vos terres. Si cela a pu advenir dans le passé, si cela a pu arriver aujourd’hui, alors je ne vois pas en quoi cela serait impossible demain.
»

Lorsqu’un des gospodars aborda le sujet d’Illya Répine, Lucretia se fit soudainement plus soucieuse, méditative. Elle se mordit la lèvre, apparaissant comme hésitante vis-à-vis de ces paroles qu’elle allait lâcher et qui pouvaient, peut-être, provoquer une belle avalanche dans la situation actuelle du pays.

« Pavel Nakhimov, quoi que l’on puisse en dire, fait ce qu’il peut à Zoïshenk. La ville me semble bien régulée. En revanche, à mesure que l’on s’en éloigne, son influence ne peut que diminuer, et il n’a pas d’autre choix que de s’appuyer sur ses émissaires en terres lointaines. Tel qu’Illya Répine, qui, effectivement, n’a pas daigné bouger le petit doigt. Je dois vous dire, et Ivar pourra en témoigner, que ma sœur et moi sommes allées le voir pour lui parler du danger que représentaient la mine et ses évadés. L’homme a refusé de nous aider, et a préféré laisser une petite troupe totalement indépendante, vous, faire le sale boulot à sa place. Pourquoi ? Eh bien, peut-être avait-il peur de voir son statut et sa dignité sapés par un potentiel échec. Ou peut-être même qu’il avait pertinemment connaissance de ce qui se tramait ici. Qu’il savait et sait toujours que certains gospodars sont coupables, et qu’il a refusé d’agir pour les protéger, eux, ou se protéger, lui.

Je pense… Je pense que le Kislev se doit d’être fort. De manière plus localisée, Zoïshenk doit être fort, Chilgir doit l’être également, et cela tout autant que ses dirigeants et ses habitants. J’ai vu ces derniers prendre les armes contre ceux qui les avaient bafoués, j’ai vu ses habitants mener l’assaut contre un fort, contre des tours, contre des murailles, et j’ai vu ses habitants triompher de l’ennemi.
Mais chacun sait bien qu’une chaîne est aussi solide que ne l’est son maillon le plus faible. De ces mêmes habitants, je n’ai aucun doute à leur sujet. Mais en ce qui concerne la personne qui les dirige, je n’en suis plus si sûre. Aussi je pense qu’il faut agir à l’encontre d’Illya Répine pour les crimes qu’il a commis de par son inaction, crimes dont vous ne devriez plus jamais souffrir.

Je ne connais pas vos lois dans les moindres détails, mais ne me semble-t-il pas avoir déjà entendu parler de juges capables de pousser les plus grands au-dehors de leur caste ? D’épreuves à passer, ordonnées par un jury populaire assez représenté, dont l’accusé doit s’affranchir pour conserver sa position ? Aller chasser un ours à mains nues, en hommage à Ursun, par exemple, ou même s’engager dans un duel à l’épée ? A vous de me dire, mais des actions doivent être enclenchées au plus vite. Ce n'est d'ailleurs que lorsque ce problème sera réglé que l’on pourra envisager au mieux la gestion de la mine.
»
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FOR 16 / END 14 / HAB 17 / CHAR 18 / INT 17 / INI 19* / ATT 17 / PAR 13 / TIR 11 / MAG 17 / NA 4 / PV 134/140
Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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Dokhara de Soya
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Dokhara de Soya »

- A l'anniversaire de mes dix ans, ma mère a organisé une fête grandiose. Il y avait ma famille, mes amis, des guirlandes en papier, des musiciens du quartier, et un gateau avec plein de fruits rouges dedans : des cerises, des framboises, et des fraises. On a dansé, on a joué, on a ri. Me fut offerte une épée en bois avec une garde finement travaillée, pour remplacer celle que j'avais cassée. Les adultes avaient une mine sombre quand ils croyaient qu'on ne les regardait pas, ils chuchotaient entre eux des choses sur ce qu'il se passait hors des murs. Mais ça ne nous concernait pas : nous étions des enfants, insouciants. Le plus gros tracas de ma vie d'alors, était ma jalousie envers ma grande sœur, qui s'intéressait au même garçon que moi.

Dokhara marqua une pause dans son récit. Elle parlait d'une voix douce, calme et détendue, comme si cette soudaine envolée avait du sens. Et elle en avait, pour la transition qu'elle souhaitait amener.

- Au même moment, ici, dans l'oblast, la guerre contre Archaon faisait rage. Des milliers de kislévites mourraient, en première ligne face à une armée d'abominations maléfiques. Ungols et gospodars agissaient ensemble face à un ennemi commun, pour protéger le monde. Pour protéger des gamines insouciantes de leur sacrifice, des gamines comme moi, qui ne savaient même pas le lourd tribut que de parfaits inconnus devaient payer pour s'assurer de leur sécurité. Sans le Kislev uni, l'Empire ne serait plus qu'une ruine fumante.

Alors qu'elle avait jusque là laissé son regard glisser vers l'horizon, elle marqua cette première conclusion en croisant à nouveau les yeux de Sreten Tarmachirin.

- Le monde entier est plein d'enfants innocents qui ne vous connaissent pas, mais qui vivent heureux parce que deux peuples arrivent à faire fi de leurs conflits pour opposer un front commun. Les dissensions entre ungols et gospodars fragilisent le Kislev, et le seul vainqueur qui puisse sortir de pareil conflits est l'envahisseur du nord.

Elle leva son index en l'air, comme pour interrompre son propre discours.

- Néanmoins, la menace invisible du chaos, le climat d'insécurité généré par leur existence-même, est-il suffisant pour qu'un peuple abandonne toute prétention sur sa culture, sa fierté, ses origines ? Le bien commun est-il une justification suffisante ? Katarin a bien compris qu'elle avait besoin des ungols pour protéger ce pays, et c'est pour cela qu'elle cherche non pas à vous exterminer, mais à vous assimiler. Gommer les différences, pour créer un seul et unique peuple uni qu'elle pourra contrôler. Ce faisant, le Kislev sera plus fort que jamais, mais aussi plus... uniformisé. Alors quelle est la réaction la plus juste pour un ungol ? Doit-il accepter la lente disparition de sa culture et ses traditions pour le bien commun, ou doit-il lutter pour conserver son identité, et sauvegarder son propre peuple ? Se sacrifier pour des gens qui ne vous connaissent même pas, est-ce que cela a un sens ?

Dokhara soupira, haussant les épaules sur sa monture comme pour appuyer la rhétorique de sa question : elle n'avait pas de réponse toute faite à proposer. Reprenant en main les rennes de sa monture, elle demanda à Shana de reprendre la route, en avançant au pas.

- Laszola Rakh-aczi est un juste, mais ses actes ont des conséquences. Une fois qu'une brèche a été ouverte dans un mur, on ne peut plus empêcher la vermine de profiter de l'occasion pour s'y engouffrer. Les Fils du Vent alimentent un terreau fertile de dissenssion, et si leur cause est juste, elle pourra malgré tout être utilisée contre eux par des individus n'ayant pas le même sens de l'honneur. Il est trop facile de venir perpétrer des actes licencieux dans votre pays et d'accuser le peuple adverse d'être responsable, nous venons d'en être témoins : tout Chilgir supposait les ungols responsables d'actions gospodars. Regardez comme tout était trop commode avant l'intervention de ma soeur et moi-même : les gospodars n'agissant pas, ni par l'intermédiaire de Pavel ni par celui d'Ilya, les crimes des évadés se multipliaient et la grogne montait. Le coupable tout trouvé était le peuple ungol puisque les victimes étaient gospodars, et votre fierté ne faisait que faciliter la situation : puisque les clans ungols refusaient d'apporter leur aide, il était évident qu'ils étaient responsables. Une tierce entité n'a eu qu'à armer une bande de prisonniers miteux, et les conflits existants ont suffi à rendre deux peuples forts et braves aussi inactifs qu'impuissants. Si vous n'étiez pas venus, Sreten, alors la réponse à votre question eut été facile à fournir : Laszola Rakh-aczi aurait été un meilleur défenseur de la justice, car lui a agi, il a mis en jeu sa vie pour améliorer les choses. Mais vous êtes venus. Alors non, je ne crois pas que l'un de vous vaille plus ou moins que l'autre. Vous faites ce qui vous parait juste, parce que vous pensez que c'est bien. La seule différence est votre angle de vue : Rakh-aczi se bat pour les ungols, vous vous battez pour tout le Vieux Monde. Ce n'est pas à moi de dire lequel de ces combats est le plus important.

Elle laissa un silence s'installer, pour que Sreten ait le temps d'assimiler son discours. Néanmoins, elle ne comptait pas lui laisser le temps de revenir à la charge. A peine sembla t-il vouloir lui répondre qu'elle lui adressa un sourire désarmant, scrutant son visage sans gêne.

- Vous êtes plutôt séduisant, vous savez ?

Elle laissa s'échapper un éclat de rire, fière de sa méthode pour le déstabiliser, avant d’enchaîner.

- Notre grand-père était Joueur d'Epée. Il n'a eu qu'une fille, notre mère, et lorsqu'elle-même donna naissance à Silke, il était assez déçu de n'avoir aucun homme dans la famille à qui transmettre son art... il a donc fait fi de certaines convenances et a décidé d’entraîner ma grande sœur au maniement de l'épée. Pas la flamberge, bien sur, elle n'avait pas le gabarit pour, il s'est adapté à son petit gabarit avec des lames courtes et légères. Et figurez-vous que Silke était déjà une jeune fille prodige : elle a appris à lire et à écrire très jeune, savait jouer la comédie, danser, cuisiner... peu importe le domaine, elle excellait naturellement, et il en fut de même pour le maniement de l'épée. Mêlant son talent pour la danse à celui du combat, elle a dépassé toutes les attentes de grand-père, et rapidement, plus aucun garçon de son âge ne souhaita l'affronter avec une épée en bois de peur de prendre la rouste de leur vie.

Dokhara poussa un long soupir lascif, trahissant son exaspération alors qu'elle revivait ces souvenirs factices.

- Maintenant, imaginez un peu être la petite sœur de cette fille-là. De la jeune prodige, qui faisait la fierté de toute la famille, à qui tout réussissait ? Je n'ai jamais réussi qu'à vivre dans son ombre : aussi bien pouvais-je réussir une activité, que cela restait moins bien qu'elle. J'ai tout entendu : que Sigmar a embrassé son front à la naissance, qu'elle était la fille cachée de je ne sais quel héros de légende, ou comme vous, que cela dissimulait quelque sorcellerie. J'ai longtemps préféré fuir la vérité avec ces raisons surnaturelles, qui permettaient de justifier la différence de niveau qui nous séparait et nous séparera toujours. Ca rendait la situation plus supportable : "ce n'est pas qu'elle est meilleure que moi, non, c'est juste qu'elle a eu la chance d'être bénie par les dieux". Mais la vérité, froide et cruelle, c'est qu'elle est née avec un don, une capacité d'apprentissage hors du commun lui rendant tout incroyablement facile, et qu'elle a choisi de focaliser ce talent sur le maniement de son épée et les mouvements de son corps au combat. C'est injuste pour ceux qui travaillent dur des années sans jamais pouvoir l'égaler, mais c'est ainsi : donnez-lui une excuse magique ou divine si ça vous chante pour vous rassurer lorsque, la défiant en duel, elle vous enverra le cul dans la neige en trois secondes, mais la vérité sera uniquement qu'elle est meilleure que vous. Il y avait des ungols du clan Kossuth qui venaient parfois m'écouter chanter à l'auberge de Chilgir les soirs : Silke a eu la gentillesse de me laisser le terrain du chant et du violon pour me permettre de me distinguer, mais je crains que si elle le désirait, elle pourrait me détrôner sur ces domaines-ci également en seulement quelques semaines de travail. Il m'a fallu du temps pour l'assimiler, pour l'accepter... et pour aimer ma sœur.

La rouquine laissa un sourire étrange apparaitre sur son visage, trahissant la fatalité de sa situation. Les souvenirs évoqués étaient faux, mais la sensation bien réelle d'infériorité face à son amante était assez vraie au fond de son coeur éteint pour laisser transparaitre la sincérité de ses émotions dans ses paroles.

- Quand je contais dans cette auberge que ma sœur avait affronté seule la coquatrice dont nous avons ramené la tête, et qu'elle avait gagné, aviez-vous cru que j'exagérais ? Que la coquatrice était vieille et malade, ou que nous avions trois compagnons qui étaient morts là-bas mais que j'avais omis de citer ? Non, Sreten, Silke l'a tué seule, me laissant simple spectatrice. C'est par hasard, après sa victoire, que nous avons appris le nom et le rôle de Baba Doma : la coquatrice s'en était prise précédemment à un messager, dont le cadavre mâchouillé possédait les preuves de mes accusations. Ca ne parlait pas d'une poignée d'arcs et de gourdins comme pour nos évadés, Sreten. Ça parlait de bouches à feu et de poudre noire : la justice des fils du vent va bientôt devenir explosive.

Un autre soupir, celui-ci empreint de lassitude. Lorsqu'elle reprend la parole, sa voix devient plus ferme, plus dure.

- Vous savez très bien que malgré votre conseil, ma sœur et moi ne partirons pas. On a traversé la moitié du Kislev, affronté l'hiver, une coquatrice, des bandes de maraudeurs et les évadés d'ici pour retrouver notre homme. Vous devez bien vous douter que la prime seule ne nous motive pas. C'est personnel. Tant pis si on doit crever ici. Et puis...

Elle laissa sa voix s'adoucir, pour devenir plus triste et mélancolique.

- Et puis ces trois mois passés à Chilgir m'ont été agréables. Cela fait des années que ma soeur et moi voyageons sans plus d'attache, et appartenir à une communauté, même en restant une étrangère à vos yeux, ça... ça m'avait manqué. Je... j'ai pris à coeur la souffrance de ses gens, et je suis contente qu'on y ait mis fin, ensemble, ici. Les kislévites se battent depuis toujours pour protéger l'Empire des menaces extérieures : alors pour une fois, peut-être que deux impériales pourraient se battre pour les kislévites des menaces qui les rongent de l'intérieur. Pour payer une dette qu'elles ne savaient pas avoir contracté quand elles étaient petites, au nom de tous ceux que vous avez un jour protégé. Peut-être que ça, c'est juste.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 18 juin 2020, 19:42, modifié 1 fois.
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Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


Awards \o/
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Sreten Tarmachirin n’interrompit pas Dokhara. Il se contentait de mener sa monture dans le bosquet, le long de la rivière puis à nouveau vers l’intérieur de l’oasis vers la grève de galet qui remontait au fort. Le visage du prince ungol restait de marbre, les yeux légèrement plissés et le regard balayant les murailles en pisé d’Oulianovsk puis les falaises qui surplombaient la scène de part et d’autre.

- « Epargnez-moi les leçons d’histoire, étrangère. Tous les guerriers du Kislev connaissent la dette que les autres nations du Vieux Monde ont envers eux, contrairement aux habitants de ces derniers. » dit-il d’un ton mêlant fierté et amertume.

Il ne fut pas non plus désarçonné lorsque Dokhara lui lança soudainement qu’elle le trouvait séduisant, tout juste s’il glissa un regard vers elle avant de reprendre son inspection du paysage tandis que leurs chevaux les menaient peu à peu vers le corps de garde, devant lequel les ungols s’assemblaient en vue du départ. Sreten écouta la lahmiane lui faire l’éloge des prouesses de sa « sœur », et lui narrer les évènements qui avaient forgé un tel personnage. Le ungol de l’interrompit pas plus, et fit gravir la pente douce à son coursier avant d’arriver en vue de ses suivants. Alors, seulement, il se pencha sur sa selle et regarda Dokhara droit dans les yeux.


- « Les habitants de la vallée, gospodars et ungols confondus, vous seront éternellement reconnaissants pour votre aide. A tort, peut-être, car ce qui s’est passé ici va avoir de lourdes conséquences bien que j’ignore encore lesquelles. Les esprits sont capricieux et le destin qu’ils nous réservent l’est tout autant : ce qui naîtra de cet acte rendra peut-être le présent plus douloureux que le passé. » Il lui accorda alors un regard acéré. « Quoi qu’il en soit, les évènements qui vont se dérouler ici ne vous concerne plus. Avoir passé la raspotitsa à Chilgir ne fait pas de vous l’une des nôtres, et l’Oblast est suffisamment agité pour ne pas que deux étrangères viennent ajouter à la confusion. Si les kislévites versent leur sang pour que les citoyens de l’Empire puissent dormir tranquille, ils ne tolèreront pas que des impériaux aient la prétention de venir se mêler de leurs affaires. Oubliez Baba Doma, les Fils du Vent et les manigances de Zoïshenk. Capturez votre homme, touchez la prime et rentrez chez vous. Ce qui se déroule ici vous dépasse. Nous dépasse tous, certainement. »

Et avec un dernier regard soudain assombri, il talonna sa monture et rejoint ses hommes qui se mirent à son attention. Un mouvement de bras plus tard et les cavaliers de la steppe s’élançaient au galop sur la route par laquelle ils étaient venus et disparurent dans un nuage de poussière qui retomba au détour du sentier longeant l’escarpement vers l’Ouest.
Test d’Int (+1, Empathe) : résultat caché.
Sreten semble assez fermé, peu désireux de parler de politique. Peut-être ne dit-il pas tout, ou ment-il. Il est aussi possible qu’il n’ait pas été convaincu par l’histoire sur Lucrétia et qu’il ait de fortes suspicions sans pouvoir déterminer la nature de ces dernières. L’avance de Dokhara l’a laissé extrêmement froid. Enfin, malgré son dernier avertissement, Dokhara peut sentir que Sreten souhaite l’inverse de ce qu’il a proféssé.

Test de Char de Lucrétia (+1, Eloquence) : 16, réussi.
Les gospodars qui entouraient Lucrétia étaient désormais pendus à ses lèvres. Dans les terres glacées de l’Oblast, la voix d’une femme comptait autant que celle d’un homme, plus encore lorsque sa valeur avait été mainte fois prouvées. La baronne de Bratian était certes une étrangère mais elle avait abattu la cocatrice de Iemva, les kazyaks de la steppe, et sa prestance naturelle ne faisait que sublimer l’aura qui l’entourait désormais. Ivar, ses neveux, le reste des hommes : tous l’écoutaient avec attention, quel que soit leur avis personnel sur la suite à accorder aux évènements.

Et les mots de la lahmiane, choisis avec soin, firent leur chemin jusque dans le cœur des habitants de la vallée. Elle vit les torses de gonfler avec fierté, les regards se gonfler d’orgueil et d’indignation lorsqu’il fut fait mention de l’incompétence de l’ataman, Ilya Répine. Bientôt des imprécations montèrent dans les rangs, et certains appuyèrent les paroles de la vampire en lançant des « aye » sonores. Les langues se délièrent.


- « Oui, elle a raison ! »
- « Si le boyard ne peut rien pour nous, c’est à nous de nous occuper de ce problème. »
- « Il y a bien trop longtemps que l’ataman siège dans son zàl sans rien faire pour les Chilgir et ses environs. Il nous dépouillera, donnera la mine aux vautours de Zoïshenk elle qu’elle nous revient ! Nous avons saigné pour la reprendre ! »

Les esprits s’échauffèrent, le nom de l’ataman était sur toutes les lèvres. Tous semblaient s’accorder sur la nécessité de le démettre. Alors Ivar sortit de sa torpeur et s’avança en levant les mains pour réclamer le silence. Se détachant de Lucrétia, tous les regards se tournèrent alors vers lui. Le maître-artisan parcouru ces visages. Il les connaissait tous, nombre d’entre eux étaient des membres de sa famille, proche ou éloignée. Il s’affichait ainsi en doyen, écouté de tous, et ses yeux à la pupille d’un bleu glacé se posèrent enfin sur la lahmiane.

- « L’imperinyi a raison, et j’avais tort. Nos ennemis d’aujourd’hui ne sont pas les ungols, mais ceux à Zoïshenk qui fomentent cette trahison contre leur propre peuple. Nous ne pouvons nous en remettre qu’à nous-même. L’ataman est à la botte du boyard et de la Gornitsa. Il est prêt à tout pour préserver sa position de komizar, jusqu’à abandonner ceux que sa fonction ordonne de protéger ! »

Une clameur répondit à ces accusations. Le regard d’Ivar s’assombrit.

- « Nous allons rentrer à Chilgir avec les prisonniers et réunir les habitants de la vallée pour montrer à tous la vérité de ce qu’il s’est passé à Oulianosvk. Ensuite, sous les auspices du prêtre d’Ursun, sous le regard de Dazh et part la colère de Tor, nous convoquerons l’ataman pour qu’il prenne ses responsabilités et réponde de ses actes selon les lois de l’Oblast. »

Une ovation féroce monta des gospodars, des mains s’abattant sur les épaules et dans le dos de l’artisan pour l’encourager. Ivar avait lui-même les yeux brillants et le nez froncé, son rictus masqué par les épaisses moustaches.



La vallée de Chilgir était en ébullition. Les rumeurs couraient dans la steppe à l’exacte vitesse d’un cheval lancé au galop et bientôt tous connurent les évènements de la mine d’Oulianovsk, le rôle joué par ces deux étrangères et le retour d’Ivar et de ses fidèles à la tête de la colonne de ceux qui, hier brigands, étaient aujourd’hui redevenus prisonniers. Ilya Répine, confiné dans son zàl, ne commenta pas la nouvelle. Mais l’ataman se préparait à l’inévitable maintenant que l’appel était lancé : les héros de la mine appelaient tous les habitants de la tirsa, gospodars comme ungols, à se rassembler avant la prochaine lune pour décider du sort de la communauté et de ses dirigeants. Ils vinrent des isbas et des fermes éparpillées dans la vallée, de la forêt et de la steppe, des rives de la Tolsol et des contreforts des Crocs de Shargun. Bientôt, le modeste village de Chilgir doubla, sinon tripla de taille à mesure que les tentes en feutre poussaient comme des champignons et que les chevaux formaient de vastes troupeaux laissés à paître dans les prairies environnantes, les pattes avant entravées par de la corde. C’était l’occasion pour beaucoup de retrouver de la famille ou des amis de longue date. Les ungols eux aussi répondirent en nombre à l’appel et les cavaliers de différents clans établis dans le secteur se rendirent jusqu’à la tirsa, Sreten Tarmachirin parmi eux. Un voyageur de passage aurait pu croire à quelques festivités, mais les mines graves et austères des kislévites étaient sans équivoques. Ce qui allait se dérouler ici était grave et allait décider de beaucoup de choses à l’avenir. Dans la grande salle de la maison commune, sur le marché ou sous la hutte sudatoire, les débats allaient bon train. Il était question de l’avenir de Chilgir, de ses habitants, de la politique menée par Zoïshenk et la tsarine, des remous causés par les rebelles ungols. Les prisonniers, quant à eux, furent cantonnés dans une vieille isba en ruines que l’ataman fit encercler de gardes. Mal nourris, avec à peine une couverture pour deux et assez peu de bois pour entretenir quelques braises, ils vécurent l’enfer. Mais les habitants n’eurent nulle pitié ni compassion pour eux, car telle était la loi de l’Oblast. Ils dépériraient là en attendant le dénouement de cette grande assemblée et il serait ensuite décidé de leur sort. Plusieurs, d’ailleurs, moururent de froid ou de maladie dans les jours qui suivirent.

Lucrétia et Dokhara, quant à elles, jouissaient désormais d’un statut particulier au sein de la communauté. Les partisans d’Ivar les traitaient avec un grand respect, et même avec une camaraderie de plus en plus décomplexée. Valenty, le neveu de l’artisan qui était tout à fait entiché de l’héritière des De Soya, se pavanait comme un coq et racontait à qui voulait bien l’écouter la même histoire encore et encore : celle de deux guerrières fougueuses qui chargèrent au-devant de l’ennemi pour le tailler en morceau. Le coup de force de Lucrétia, particulièrement, forçait l’admiration. Elle s’était infiltrée seule dans la forteresse, avait défait les sentinelles avant d’ouvrir le portail pour permettre aux cavaliers de fondre dans l’enceinte des murs. Un vieux briscard marmonnait que c’est ainsi que l’on se voyait offrir chevaux et décorations par le boyard, tandis qu’une jeune nomade la regardait avec de grands yeux en rêvant d’être un jour comme elle. Partout où les deux rousses allaient, il y avait un homme ou une femme pour leur offrir une chope de kvas ou les inviter à partager le ragoût de mouton dans sa demeure. Un éleveur Dol’nyy dont les folles années étaient déjà loin derrière lui vint même les trouver pour poser un genou au sol et leur jurer fidélité, se présentant comme Bogdor, le père de l’une des captives secourues à Oulianosvk. Il prononça un serment dans la langue âpre de la steppe et s’entailla la paume de la main avec son coutelas, traçant une ligne rouge sur le front des étrangères, puis sur le sien, scellant ainsi son sort aux leurs.

Ivar Golovin les invita dans sa demeure, qu’elles connaissaient déjà et où elles furent reçues avec les rituels habituels. Il leur offrit le gîte et le couvert, et si elles acceptaient, fit confectionner à sa femme un grand festin de gibier, de soupes et de légumes macérés dans la saumure. Ensemble, avec les neveux et aussi quelques amis, ils firent bombance et les alcools de grain coulèrent à flot. Puis quand vint la fin de ce banquet et que la nuit était déjà bien avancée, la maîtresse de maison amena aux deux invitées de grandes serviettes en tissu tandis qu’Ivar se relevait lentement, le teint rouge mais le regard lucide.


- « Maintenant nous allons au sauna. » dit-il en mâchant un peu l’air dans ses joues. « Tous les trois. » trancha-t-il ensuite en lançant une œillade dissuasive à ses neveux éméchés qui semblaient avides de les accompagner. « Nous devons parler de ce qui va désormais se passer ici, selon nos lois. »
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

Vindicatifs et pugnaces, voilà quels furent les échos des réactions qui accueillirent le discours de Lucretia.

Au travers de son monologue, la Lahmiane avait satisfait l’ego, la puissance et l’honneur des kislévites tout en méprisant la valeur et la dignité de leur maître. Elle avait su renforcer les liens qu’elle avait tissés avec eux que pour mieux les amener à renverser leur dirigeant. Pourtant, elle ne demeurait qu’une étrangère, mais, à ce moment précis où les cris rancuniers et avides de vengeance avaient fusé autour d’elle, l’impériale avait acquis une place de choix dans le paysage politique de la région. Ils l’avaient écoutée sans jamais l’interrompre, et, en vérité, l’Immortelle s’était amusée d’un petit détail. Elle n’avait que simplement redirigé leur haine là où cela l’arrangeait au mieux, et pour cause. Au début, les gospodars avaient manqué de s’écharper entre eux ; le sang s’était échauffé, les regards s’étaient plissés sous des sourcils suspicieux, et les manches avaient été remontées le long des bras par des mains serrées en forme de poing. Puis elle était apparue, avait calmé les esprits, les avait forcés à l’écouter. Le résultat ? Les mêmes visages crispés, les mêmes lèvres tordues par le dégoût, les mêmes postures belliqueuses, mais plus à l’encontre des ungols ou de leurs camarades, non. Cette même colère qu’ils avaient affectée avait désormais défléchi dans la direction d’Ilya Répine.

Ivar, de son côté, ne manqua pas l’occasion. Grand seigneur, il imposa le silence aux siens, et, pénitent, humble, reconnut ses fautes. L’étrangère avait raison sur toute la longueur. L’ombre de l’ennemi ne se dissimulait pas derrière les visages ungols, mais bel et bien derrière les fourbes traits de l’ataman. Un ataman qu’il fallait désormais révoquer, évincer de la sphère politique, voire, peut-être, éliminer, tout simplement. Mais qui, alors, pour prendre sa place ? Cela, il se garda bien de le révéler. Sans laisser paraître le petit sourire qui l’animait, Lucretia effectua un léger pas en retrait, accordant volontiers au révolutionnaire nouvellement né son heure de gloire.

La feuille de route était désormais toute tracée. Retourner à Chilgir, et faire paraître Répine devant un tribunal qui le jugerait pour son impéritie en matière de protection sociale et militaire.


***




Le retour à Chilgir fut triomphal. La rumeur avait couru, s’était propagée, avait enflé jusque dans les endroits les plus reculés de la steppe. Les bandits de la mine d’Oulianovsk avaient été battus, le fortin avait été repris, et des fers acérés emprisonnaient de nouveau les poignets et les chevilles des brigands qui l’avaient occupé jusque-là. A plusieurs lieues du village, déjà, nombre de petits groupes venus de tous les horizons se joignirent à eux, et la longueur du convoi ne cessa de croître jusqu’à ce que l’arrière garde ne se perdît au loin. C’était l’évènement de l’année ; tous voulaient apercevoir de leurs propres yeux ces monstres qui avaient tant ravagé le pays. Quelques-uns avaient été enfermés dans une cage à titre d’exemple, petite prison montée dans un chariot qui roulait au beau milieu de la caravane. Pas un jour il n’y eut un homme pour battre les prisonniers à travers leurs barreaux, une femme pour les insulter, ou des enfants pour leur jeter des pierres. Mais l’on venait également observer ces deux étrangères qui avaient permis la délivrance de toute une région. Elles chevauchaient, là, en tête du convoi. De loin, elles ne paraissaient pas si extraordinaires. Mais lorsque l’on s’en rapprochait, l’on ne pouvait que percevoir un petit quelque chose qui les rendait finalement différentes. Si ce n’étaient une grande beauté, une peau opaline, et une aisance particulière –voire un orgueil que l’une d’entre elles avait élevé au rang d’art, l’on ne pouvait le nier ; la gloire et les éloges vous nimbaient définitivement d’une aura qui vous rendait en tout point supérieur à vos homologues.

Lucretia en jouait et en rejouait, comme à son habitude. A sa manière, elle se tenait bien droite et haute sur sa selle, et se rengorgeait en toute situation. Son regard perçant parvenait à capturer les prunelles des curieux qui l’observaient à des encablures de distance et à leur faire baisser les yeux, le ton de sa voix était net, impérial, empli des échos passés d’une ancienne noblesse, mais d’une noblesse que l’on pouvait aisément confondre avec la science de diriger une troupe. Toutefois, aussi tranchante et sans équivoque qu’elle pouvait être, la Lahmiane n’avait pas l’outrecuidance de se comporter comme si tout lui était déjà acquis, comme si l’intégralité de la caravane lui appartenait. Non, elle se permettait d’agir de la sorte, car elle se savait en droit de le faire, ayant pour elle toute l’expérience d’une vie longue et bien remplie. Elle dispensait ses ordres à la ronde, mais ceux-là ne relevaient jamais du caprice. Au contraire, elle distribuait les tours de garde, évaluait les endroits où l’on montait le camp, et participait aux réunions quotidiennes qui planifiaient la marche à suivre. Elle n’hésitait pas à donner son avis, pour tout et sur tout, et en vint même à sergenter l’un des maîtres queux qui, par haine et vengeance, avait laissé mourir de faim un prisonnier.

« Tu les détestes tous pour ce qu’ils ont fait aux tiens, à tes proches, je le conçois. Tu veux les tuer un par un, de tes mains, si possible. Et c’est ce que tu as fait, pour l’un d’entre eux, quoique de manière indirecte. Mais veux-tu savoir ce que tu lui as véritablement offert ? Une échappatoire , lui lâcha-t-elle au visage, calmement, mais sur un ton qui ne souffrait d’aucune réplique.

Car vois-tu, il aurait dû supporter le joug de l’opinion publique. Il aurait pu lire la haine dans le regard de chacun, connaître la peur, la douleur d’être battu chaque jour, de recevoir des pierres à l’arrière du crâne chaque heure. Il aurait subi la faim encore un long moment, aurait été exhibé tel un animal sur la place publique. Puis serait remonté dans la cage, revenu à la mine d’Oulianovsk, et aurait passé le restant de sa vie dans la poussière, dans la crasse, dans le noir, à taper sur des cailloux, jusqu’à ce que ses forces ne s’amenuisent, jusqu’à ce qu’il en pleure, jusqu’à ce que le désespoir le pousse au suicide, lentement, mais sûrement. Voilà la véritable décadence qu’il aurait dû connaître. Mais tu lui as donné, à côté de cela, une mort rapide, bien trop facile en comparaison de tous les tourments qu’il a causés. Est-ce que tu comprends cela ? »

Il était bien plus aisé chez les gospodars d’alimenter la haine qu’ils avaient pour les brigands, de manière à les forcer à vivre un calvaire bien pire encore, plutôt que de leur expliquer à quel point leur survie était primordiale pour la prospérité de la mine de sel. Lorsque le cuisinier eut acquiescé, la Lahmiane s’en détourna prestement.

« Parfait. Je ne veux plus contempler la mort d’une seule de ces ordures. Qu’ils connaissent la faim, oui, la soif, certes. Que les curieux les tabassent si le cœur leur en dit ou les lapident de temps à autre. Mais plus de cadavres. Je vais d’ailleurs ordonner qu’une personne monte la garde auprès d’eux, et rappelle à chacun ce que je viens de dire… », termina-t-elle pensivement, pour elle-même. Le soir venu, une sentinelle patrouillait autour de la cage.

Si le convoi avait triplé de taille, ce n’était rien en comparaison de la métamorphose qui s’opéra dans le village de Chilgir. Si le bourg comptait quelques petites dizaines d’isbas, ce ne fut rien par rapport du nombre de tentes qui fleurit dans les environs. Bientôt, Lucretia eut l’impression d’évoluer au sein d’un camp militaire, avec les cordes qui reliaient deux yourtes pour y faire sécher les affaires, les colonnes qui se formaient pour aller laver la vêture au coin d’eau le plus proche, aux chevaux que l’on avait rassemblés en différents endroits, aux nombreux feux de bois qui jaillissaient de la terre, aux camps de tir à l’arc installés par les ungols, et à toutes ces odeurs, tous ces bruits, toute cette agitation qui les caractérisaient si bien.

Si Dokhara et Lucretia avaient ostensiblement chevauché en tête du cortège, il était désormais bien plus difficile de rester à distance d’elles si, par hasard, les kislevites venaient à tomber nez à nez avec elles au détour d’une ruelle. Ce fut notamment ainsi que, les rencontres fortuites s’enchaînant, les villageois osèrent de plus en plus s’approcher des deux étrangères jusqu’à leur adresser, pour ceux qui ne l’avaient encore jamais fait, la parole. Le respect, voire même une certaine déférence, était au rendez-vous. Elles ne cessèrent de recevoir des remerciements et des cadeaux, des invitations et des hommages.

Un jour, alors qu’elles se promenaient dans les ruelles de Chilgir et qu’elles répondaient à toutes les sollicitations qui leur étaient adressées, une petite fille ungole armée d’un arc qui ressemblait davantage à un jouet s’approcha de Lucretia. A n’en pas douter, la gamine au visage émerveillé, ingénu, la tenait pour une héroïne, pour un modèle à suivre. Lorsque la Lahmiane la regarda, l’enfant baissa la tête, timide, mais sembla vouloir offrir à l’ancienne baronne de Bratian un petit présent. L’intéressée, un sourire rassurant sur le visage, mit un genou à terre, se portant à la hauteur de la fillette. Celle-ci rougit, mais regagna malgré tout un semblant de courage ; de cet air à la fois naïf et espiègle qu’ont souvent les enfants lors de pareilles occasions, elle lui tendit maladroitement un petit bracelet de bois.
« C’est pour moi ?! » s’exclama Lucretia, touchée par le cadeau de la fillette. Cette dernière, rayonnante, hocha vigoureusement de la tête.
« Il est magnifique, continua la vampire en l’enfilant autour de son poignet. Mmh… Tu veux que je te dise un secret ? »
La gamine, là encore, toute contente, répondit par l’affirmative.
« Viens, approche. »
Et tandis que l’enfant s’approchait toute contre Lucretia, celle-ci lui souffla dans le creux de l’oreille, de manière à ce qu’elle seule pût l’entendre :
« Tu n’es qu’une ungole, point une gospadare, et encore moins une impériale. Reste à ta place ; tu ne seras jamais mon égale, petite humaine. »



***





« Bogdor, attache nos montures, je te prie » déclara Lucretia en sautant habillement de son cheval et en se dirigeant vers l’isba d’Ivar.

L’ungol s’exécuta, comme à l’accoutumée. Un habitant des steppes, bien évidemment. Cela aurait pu être un gospodar, plus jeune, plus vaillant, mieux fait de sa personne, mais non, il avait fallu qu’un homme à la peau tannée, qui aurait d’ailleurs pu être son père, jouât les sigisbées. Toutefois, la Lahmiane ne l’avait pas refoulé, loin de là. La parole détenait une véritable valeur, au Kislev, et leur nouveau serviteur avait prononcé des vœux qui revêtaient un caractère aussi ancien que sacré. Il ne les violerait probablement jamais, quoi qu’il puisse se passer. Avoir une tierce personne qui s’occupait de toutes les tâches ingrates réjouissait malgré tout l’Immortelle. De plus, quand bien même ne portait-elle pas les ungols dans son cœur, elle ne se le cachait pas : elle avait pour le moment besoin de ce peuple. Adopter un des leurs, plutôt que de le rejeter en public, ne pouvait qu’être bénéfique auprès de ces indigènes.

Ivar accueillit les deux jeunes femmes et leur suivant en grande pompe. Elles bambochèrent allègrement, la femme de leur hôte ayant mis les petits plats dans les grands. Abats, venaisons, soupes, légumes et épices, sans compter l’alcool ; Lucretia ne se fit pas prier, et mangea avec appétit. En compagnie des cousins et neveux d’Ivar, divers sujets furent abordés, mais sans entrer dans les détails. L’on se remembra avec force et fracas la reprise de la mine, ce qui souleva de longs cris victorieux et des hommages à soi-même, une fois de plus, l’on émit des commentaires sur la transformation de Chilgir, puis l’on loua de nouveau l’arrivée des deux impériales. Enfin, lorsque le repas cessa, l’hôtesse apporta deux grandes serviettes, qu’elle tendit à ses deux invitées. Ivar désirait maintenant parler de choses sérieuses, et, pour le faire à huis clos, avait décidé de se rendre au sauna. Lui, Dokhara, et Lucretia uniquement.

Les us et coutumes du Kislev étant ce qu’ils étaient, la Lahmiane ne s’en formalisa pas plus que cela, et accepta la serviette qu’on lui tendait.

« Eh bien, soit. Montrez-nous le chemin. »
J'ai simplement pris la liberté de faire en sorte que le moins de futurs esclaves (anciens bandits) ne meurent. Raison économique et administratives, pour plus tard, peut-être.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 07 juil. 2020, 23:49, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total : 72 xps
FOR 16 / END 14 / HAB 17 / CHAR 18 / INT 17 / INI 19* / ATT 17 / PAR 13 / TIR 11 / MAG 17 / NA 4 / PV 134/140
Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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