[Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Kislev, pays de sombres forêts de conifères, d'étendues neigeuses et de steppes balayées par les vents, se trouve l'est de l'Empire. Pendant des siècles, il a été un rempart face aux incursions dévastatrices du Chaos venues du nord. Kislev est un allié fidèle et puissant de l'Empire, toujours prêt à envoyer ses troupes à son secours

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[MJ] Le Grand Duc
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[Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par [MJ] Le Grand Duc »

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Le soleil brillait haut dans un ciel sans nuages et un vent froid chargé de sel soufflait sur la route côtière que suivaient Lucrétia von Shwitzerhaüm et Dokhara de Soya. A leur gauche, les falaises grises tombaient dans les eaux glaciales de la baie de Starivoda tandis qu’à leur droite, vers le Sud, se succédaient de basses collines à la végétation racornie par les embruns. Les sternes qui nichaient dans les creux de l’escarpement  littoral volaient en groupes serrés çà et là avec force de piaillements. Au loin, dans la baie, on pouvait voir les grandes voiles de plusieurs caraques marchandes. L’automne était déjà bien entamé et la buée qui s’échappait de la bouche de Dokhara indiquait que l’hiver arrivait à grands pas.
La route était inégalement pavée, se résumant la plupart du temps à une large piste poussiéreuse dont les bords étaient marqués par des rangées de pierres couvertes de lichen. Périodiquement, une large borne indiquait aux voyageurs la distance qu’il leur restait à parcourir pour se rendre à Salkaten et l’Empire d’un côté, et Erengrand et le Kislev de l’autre. C’est vers cette dernière destination que les deux baronnes pérégrinaient désormais, nouvelle étape d’un exode qui durait depuis de longs mois déjà. Après Talabheim, la Drakwald de l’Hochland et la Forêt des Ombres de l’Ostland, leurs pas devaient dorénavant les mener vers le Nord glacé.

L’itinéraire qu’elles avaient décidé d’emprunter était relativement fréquenté. Erengrad était l’un des centres de commerce les plus importants du Vieux Monde, peut-être le port le plus actif après celui de Marienburg, et il n’était pas étonnant que de nombreux marchands, artisans, mercenaires, colporteurs et autres vagabonds fassent la route jusqu’à cette ville pour y faire affaire ou trouver du travail. Lucrétia et Dokhara passèrent donc relativement inaperçues pendant les deux jours que dura leur chevauchée depuis qu’elles avaient quitté le camp des stryganis. Certes, certains haussèrent un sourcil en voyant ainsi deux femmes voyager seules et à cheval qui plus est, mais personne ne vint les importuner à ce sujet. Les kislévites avaient la réputation de traiter hommes et femmes en égaux, et ces dernières se voyaient autorisées plus de libertés en société que leurs consœurs de l’Empire. On pensa alors avoir probablement affaire à des filles du Nord en voyage pour une quelconque raison, et on oublia vite cette étrangeté. Même l’escadron de Patrouilleurs Ruraux portant l’uniforme noir et blanc ostlander ne s’arrêta pas pour les interroger lorsqu’ils les dépassèrent, pas plus que les gardes du poste de péage qui marquait la frontière entre les deux nations. Les autorités locales n’étaient visiblement pas encore à la recherche des deux fugitives, et la diligence de ces dernières leur avait permis, pour l’heure, de passer entre les mailles du filet.

 
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C’est ainsi que Lucrétia et Dokhara arrivèrent saines et sauves à Erengrad, vaste port en eaux profondes qui s’élevait au bout de la baie. La première manifestation de la ville fut son camp de réfugiés que la route venant de l’Ouest traversait : c’était un large espace au sol boueux, parsemé de tentes et de taudis insalubres. S’entassaient ici les malheureuses victimes de la Tempête du Chaos qui avaient afflué de toute part une fois la guerre terminée. Dix ans après, ils étaient encore nombreux à ne pas avoir de foyer, vivant dans la misère la plus totale. S’étaient joints à eux le ramassis habituel des mendiants, des fous et des souffreteux, des exclus de la société. Cette population de parias subsistait comme elle le pouvait, quémandant son pain, cherchant de bas travaux en ville, ou s’adonnant au crime et à la contrebande. L’immense bidonville s’agglutinait parfois autour des rares bâtiments en pierre, comme un hospice de Shallya ou une auberge sordide ouverte dans un ancien corps de ferme, de telle sorte qu’il prenait par endroits l’allure de faubourg, avec quelques habitations à étages. Des rangs de nécessiteux se pressaient au bord de la route lorsque passaient marchands et voyageurs, tendant leurs mains pour supplier qu’on leur donne une piécette ou une miche de pain. Un vétéran manchot jurait d’avoir combattu les forces du Chaos, tandis qu’une mère montrait ostensiblement son nourrisson bouffi par la maladie. Il y avait là des kislévites d’origines diverses, mais aussi des ostlanders ou des nordlanders. Réunis dans la fange, ils ne formaient qu’un seul peuple abandonné par tous. Lorsque les mendiants se montraient trop pressants, une patrouille de gardes aux manteaux de fourrure les repoussait, bardiches et matraques en main.

Le camp se terminait sur une légère élévation, premier degré des collines sur lesquelles se trouvait la ville haute d’Erengrad. Face aux voyageurs se dressaient maintenant les remparts de la cité portuaire, formidable ouvrage de fortification dont les portions détruites pendant le terrible siège des Puissances de la Ruine avaient été rebâties en priorité. Le seul vestige de cette époque était une grande tour ronde surplombant le port, dont le sommet en construction était encore bardé d’échafaudages et de grues à roue. Les murs, haut de plus de huit toises, portaient les stigmates de cette sinistre époque sous la forme d’impacts et de larges traces charbonneuses. La route de L’Ouest s’engouffrait dans un large corps de garde aux portes blindées de métal. Là, les gardes de la ville filtraient le passage, inspectaient les cargaisons et permettaient aux percepteurs municipaux de prélever taxes et droits de passage, comme c’était généralement le cas dans toute métropole, à la différence près que les autorités d’Erengrad étaient réputées pour leur corruptibilité et que le processus de franchissement des portes était bien plus rapide et moins contraignant que dans une ville aussi procédurière que Talabheim.

En attendant leur tour, coincées entre une cargaison de hareng séché et un chariot de madriers, les baronnes eurent tout loisir d’explorer les lieux du regard. D’un côté, elles avaient vue sur une partie du port, en contrebas, et sur ses quais bâtis de long en large, ses appontements et ses débarcadères flottants, ses entrepôts gigantesques, ses temples et ses bâtiments administratifs, et surtout sur la taille impressionnante de la flotte des navires de toutes formes et de tous tonnages qui mouillaient ici. Même de cette distance, on pouvait voir l’activité fourmillante de la foule qui se pressait sur les passages étroits. Les rumeurs du port, le bruit des cloches des navires ballotés par la marée et le cri des mouettes résonnaient comme un lointain appel au voyage. De l’autre côté, derrière les remparts, Lucrétia et Dokhara pouvaient voir dépasser les toitures et les tours de la ville haute, cette dernière étant construite sur une série de collines surplombant la Lynsk qui s’écoulait à travers la cité. Sur l’une de ces éminences se dressait un haut clocher de pierre blanche surmonté d’un bulbe doré. Mais ce qui accrochait l’œil était surtout la Tour du Givre, l’une des merveilles architecturales du Vieux Monde. Cette colonne de glace scintillait sous le soleil froid et dominait le reste de la ville. Chaque étage était ouvert d’embrasures en arabesque et son sommet se terminait par un dôme pointu, semblable à la tête d’une lance immaculée aux reflets bleus. N’importe qui doué de bon sens était capable de voir là une œuvre de magie, et la lahmiane plus encore pouvait presque sentir l’air onduler le long de cette incroyable structure.

Les baronnes franchirent enfin le corps de garde après s’être acquittées de la taxe d’entrée et pénétrèrent dans Erengrad. Les rues regorgeaient d’échoppes et de passants, de marchands ambulants et de débardeurs, mélangés dans le capharnaüm habituel des capitales commerciales. Les chariots encombraient le passage, des chiens errants traînaient çà et là, tout comme quelques gardes qui allaient par deux ou par trois, bardiche sur l’épaule. Seuls les habits de la population laissaient comprendre que l’on était désormais au Kislev, où on portait plus volontiers manteaux de fourrure, bonnets fourrés et ceintures ornées. Les discussions et les négociations allaient bon train, en kislévarin comme dans d’autres langues, et les deux femmes aperçurent même un nain ou encore un elfe au détour d’une rue particulièrement bondée. Dans ce quartier, peu de traces des destructions causées par la Tempête du Chaos. Tout avait été reconstruit de manière particulièrement désordonnée et les bâtiments s’entassaient au point de former, par endroit, des voûtes fermées au-dessus des rues et des venelles. Derrière un important pâté de maisons et de boutiques, on voyait de larges cheminées en brique jaillir des toits et cracher d’épaisses volutes de fumée tandis que les coups de marteau sur le métal résonnaient dans toutes les ruelles adjacentes.

Après avoir déambulé quelques temps dans l’artère principale, Lucrétia et Dokhara trouvèrent une auberge à l’allure convenable en bordure d’une petite place sise sur le flanc d’une colline, juste en dessous de la ville haute. « La Lynsk » portait bien son nom, puisqu’elle disposait d’une terrasse arrière et de chambres avec vue sur la rivière éponyme. Une écurie y était accolée et un palefrenier pris soin des chevaux des fugitives tandis qu’on montrait leur chambre à ces dernières. L’établissement était correct, confortable sans être pompeux ni hors de prix, et le personnel parlait le reikspiel. Quelques clients étaient présents dans la salle principale, visiblement des marchands qui n’étaient que de passage et dont seulement quelques-uns discutaient entre eux. Un crâne d’élan aux larges bois trônait au-dessus de la cheminée. La chambre à coucher disposait de deux lits aux matelas moelleux, d’édredons en plume d’oie et de couvertures doublées de peau de mouton pour faire face aux nuits froides, et d’un bac en bois cerclé de fer disposé derrière un paravent pour la toilette. Il y avait même un miroir, objet luxueux s’il en était, quoique relativement mal poli et déformant l’image quelque peu. L’hôtesse informa les baronnes qu’elles pouvaient se faire monter de l’eau chaude sur demande. La fenêtre à verre épais pouvait s’ouvrir et donnait directement sur la terrasse en pierre de l’auberge et, bien plus bas, sur le fleuve sombre au cours large et indolent. Sur la droite, on pouvait voir un long pont reliant les rives et qui était recouvert de bâtiments d’un bout à l’autre. A gauche, la ville basse et le port qui ne dormaient jamais et en face, de l’autre côté de la Lynsk, les quartiers aisés, le clocher au bulbe doré, la Tour du Givre et les murailles. Au-delà, c’était le Nord, le froid, et l’inconnu.




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Bienvenue au Kislev :coeur: :coeur:
Image Vous dépensez 6 pièces d'or en tout pour les péages/entrée de la ville/auberge.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Dokhara de Soya
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Dokhara de Soya »

Jour 47.

Putain.

Pas de sens. J'avance, encore et encore. Comme dans un rêve. Moi je bouge, mais le décor autour de moi s'écroule.

Tout le monde meurt.

Tsinep et Chavo se sont fait décapiter avec une nonchalance irrespectueuse de la stryge. La vieille a accepté son sort sans rechigner. Quelle conne.
Quant au bel hidalgo, je crois qu'il s'est pissé dessus. La dernière chose qu'il a vu avant de crever, c'est Lucrétia et moi.
C'est bien. Moins cruel que prévu, mais c'est juste.

Ca ne m'a pas apaisée pour autant.

On a enterré Marcus.

Lucrétia... elle s'en fiche. Comme d'habitude, elle ne ressent rien pour personne. Mais elle l'a fait pour moi.
Je ne crois pas qu'il me manquera. Juste... j'ai veillé sur cet imbécile pour qu'il survive au poison des gobelins. Et il est mort quelques jours après pour me sauver la vie. Pathétique. Je crois être désintéressée, mais finalement, je ne fais que le nécessaire pour me sauver moi-même. Consciemment ou pas.
Mais merde. Lui c'est pas comme les gitans. Eux je m'en fous. Pas un seul qui a osé se manifester alors que leur dieu les abandonne. Pas un seul qui a répondu à l'offre de ma consœur. Abrutis de soumis décérébrés. Marcus, lui aussi est mort à cause de sa soumission à Lucrétia. Mais à lui avait été offert le choix, la lahmiane lui avait rendu sa liberté sur le Weiler. Refuser la liberté, consciemment, volontairement, c'est faire un choix.
Et faire un choix, c'est être libre.

Marcus méritait une putain de tombe. Alors on lui en a fait une.

Lucrétia, malgré sa distance, a réussi à prononcer quelques mots pour lui. Pas les plus émouvants, mais ils sonnaient juste - un remerciement pour son service, et le souhait que l'au-delà lui soit doux.
Moi... alors que c'est moi qui avait insisté pour l'enterrer, j'ai pas réussi à trouver les mots. J'ai bégayé, j'ai tremblé, ma gorge s'est serrée et... je me suis excusée. Je sais pas envers qui : Marcus de pas réussir à dire quelque chose, ou Lucrétia de l'avoir encouragée à procéder à cet enterrement pour finalement être incapable d'y participer dignement.

Etat de choc je suppose. Je revoyais la mêlée, la stryge, les cadavres, les flammes. Marcus qui me sauve. Qui meurt.

J'y suis pas parvenue. Alors à défaut de mots, je me suis accroupie en réprimant des sanglots, et j'ai abandonné le ruban bleu de Ché dans sa tombe. C'est idiot. Juste ça l'avait fait rire quand je m'étais retrouvée avec ça dans les cheveux. Et il riait pas souvent.

De froids remerciements de ta maîtresse et un morceau de tissu de la part de celle que tu as sauvé. Voilà toute ta récompense pour ton service Marcus. Félicitations.

Otto von Falmer a payé ses crimes. Je soupçonne Lucrétia de lui en avoir voulu, non pas pour ses actes, mais pour ne pas avoir pris au sérieux ses menaces. Elle n'aime pas ne pas être écoutée. Le pauvre bougre a subi le même sort que le chef des coupe-jarrets qu'on avait croisé à Talabheim, vidé peu à peu de toute substance vitale, mais à un rythme bien plus lent. La sinistre magie de mon amante réveille chez moi une fascination morbide. A chaque minute qui passait, le pauvre bougre semblait s'affaisser sur place, vieillissant à un rythme surnaturel, pour peu à peu se mettre à pourrir sur place : et je me suis délectée de ce répugnant spectacle sans pouvoir détourner le regard une seule seconde. Et s'il n'y avait que son corps qu'elle avait détruit, c'eut été presque décevant - mais non, Lucrétia s'était également occupée d'anéantir son moral, décrivant avec moultes détails les supplices que devront subir sa femme et son fils par sa faute. Le fier nobliau, celui-là même qui, face à la mort, avait réussi à tenter un dernier acte de bravoure en m'attaquant avec une pelle, n'avait pas résisté à la torture tant physique que psychologique : et lorsqu'il atteignit enfin le point de rupture, celui dans lequel l'horreur l'avait fait franchir les limites du désespoir et de la folie, elle se décida à abréger ses souffrances.

Cette nouvelle démonstration de puissance malsaine a trouvé un écho favorable chez moi. Ça m'a fait du bien de la voir si puissante, si cruelle. J'aime voir mon amante déchaîner sa force, me montrer toute l'horreur dont elle est capable : cela me rappelle à quel point elle est une créature impie, un monstre de ténèbres, une représentante du mal à l'état pur contre laquelle je me blottis pourtant chaque nuit, et qui m'enserre dans ses bras pour m'aimer et me protéger. Cela me rappelle qu'elle est une surpuissante vampire, qui pourtant se soumet à mes caresses chaque nuit, et cette perspective arrive toujours à faire naître un désir exquis dans mon bas-ventre. Elle est à moi. Rien qu'à moi. J'ai aimé voir Otto si impuissant alors qu'il se faisait voler son essence vitale. Tant l'effet de la magie sur son corps que l'horreur progressive qui se lisait dans son regard fou, c'était un spectacle d'une splendeur inégalée dont je me suis repue avec plaisir.

Mais je me dois d'avouer que j'aurais ressenti la même fascination pour n'importe quelle victime de ce même sortilège. Je ne nourrissais curieusement aucune rancœur envers Otto Von Falmer, et sa mort à lui ne m'a pas apporté de satisfaction particulière. Il a pourtant tué tellement de khilis à cause de son obstination bornée, j'aurais du le haïr. Mais non. Sa mort m'indiffère. Et je ne comprends pas pourquoi. Ça ne me... ressemble pas.

Après avoir frôlé la mort, j'ai perdu toute envie de me venger de Chavo ou Otto. Je voulais juste fuir, avec Lucrétia. Comme si j'avais compris quelque chose, que j'avais cerné ce qui était important et donc, par opposition, tout ce qui ne l'était pas.
Mais même malgré ça, même si la perspective de ma mort si proche m'a ouvert les yeux... j'aurais du être triste pour les khilis après tout ce qu'on a partagé.

Et je m'en moque.

J'avais peur de changer, de perdre mon identité si je devenais lahmiane.

Je suis toujours humaine. Mais je ne me reconnais déjà plus.

Et c'est sans doutes mieux ainsi.



***


Jour 48.

Je réfléchis beaucoup.

Je n'ai que vingt quatre ans, et pourtant nombreux sont mes souvenirs à être devenus flous avec le temps, à avoir vu leurs contours devenir imprécis. Certains moments, je crois même qu'inconsciemment mon cerveau a comblé les trous comme il a pu.
Père, par exemple. Ma naissance avait été la cause de la mort de la femme qu'il chérissait plus que tout au monde, et la haine qu'il me portait était inextinguible. Je m'en suis convaincue en tout cas, et le premier mari qu'il m'avait trouvé, trafiquant allègrement avec la magie noire, m'a persuadée de tout le mal qu'il me souhaitait. Lorsque ma lame a transpercé sa poitrine, je n'ai pas ressenti le moindre remord.
Pourtant, allez savoir. Aujourd'hui, je crois que je me rappelle des choses que j'avais occulté. De rares moments de faiblesse dans lesquels transparaissaient un peu de douceur envers moi. Des instants fugaces dans lesquels il arrivait à transposer l'amour qu'il portait à ma mère sur moi, et non plus sa rage envers le meurtre dont il me tenait responsable.
Est-ce que j'invente ces souvenirs ? Ils sont si flous, ce ne sont même pas des images, des actes précis figés dans le temps. Tout au plus sont-ils des échos d'une sensation, d'une émotion ressentie à un moment et qui s'est ancrée quelque part, refusant de laisser le temps l'effacer.
Je crois qu'il n'était pas si mauvais que je m'en suis convaincue. Il n'était pas pire que ce que je suis devenue aujourd'hui.

Pourtant, curieusement, d'autres souvenirs sont restés gravés avec une précision chirurgicale dans mon esprit.

Cette journée passée dans le carrosse de Lucrétia, pendant la Taladélégation.

Pour la première fois, ce jour-là et sur mon impulsion, nous avions joué cartes sur tables. Des jours déjà que nous nous tournions autour, se testant et se taquinant, mais cette fois nous avions mises de côté l'hypocrisie nécessaire à notre statut pour se dévoiler partiellement.

Nous avions parlé des heures. Bien sur chacune de nous gardait une part de mystère sur sa propre histoire, mais plus que notre biographie nous avions surtout fait la lumière sur notre nature. Qui nous étions en notre for intérieur. Et ces longues heures de conversation, si je ne pourrais pas les retranscrire mot pour mot, je me rappelle pourtant étonnamment bien de tous les sujets abordés, et des émotions que j'ai ressenti au travers de nos échanges.

Ce jour là, Lucrétia s'est non seulement dévoilée, mais m'a obligée à avouer sans détour ce que je pensais d'elle. J'avais alors répondu qu'elle m’impressionnait mais que je ne comprenais pas les paradoxes de son existence. Son immortalité n'avait pas de sens à mes yeux. Elle avait des faiblesses mais s'exhortait à toutes les surmonter ; ce à quoi j'avais répondu que je ne comprenais pas l’intérêt d'une vie à l'abri de tout danger. Elle avait fait preuve de morale et de compassion dans son passé en ne choisissant pour victimes que les criminels et non pas les hommes bons, mais avait rejeté avec le temps cette manière de faire pour ne plus distinguer un humain d'un autre : ce à quoi j'avais répondu que cela prouvait qu'elle avait oublié comment s'impliquer. Et sans implication, sans mettre dans chaque journée tout son cœur et toute sa vie, quel intérêt de seulement contempler les évènements en y restant extérieure ?

Vivante contre morte-vivante. Lucrétia méprisait ma faiblesse humaine, ma courte vie, mon absence de puissance. Je n'était qu'une bille colorée assez amusante à observer. Et je méprisais son indifférence, ne comprenant pas l’intérêt d'une existence sans fin dans laquelle on perdait peu à peu sa capacité-même à ressentir quelque chose. Slaanesh ou Rhya, toutes mes convictions bonnes comme mauvaises s'opposaient à la nature même de Lucrétia. Et pourtant, aujourd'hui, mes pas m'ont mené vers la plus improbable des destinations : la sienne.

Me suis-je trahie en la suivant ? Suis-je devenue une autre Dokhara, si différente de celle qui existait il y a seulement un an, et qui discutait dans ce carrosse ?

Je ne crois pas.

Devenir vampire, il est évident que c'est là que mes pas me mènent. Bien sur, les évènements ont orienté ma destination, mais il est difficile de ne pas voir une certaine forme de destinée dans mon aventure. Combien de fois aurais-je du mourir pendant ce périple ? Combien de fois suis-je passé à un cheveu de passer de vie à trépas, et d'abandonner mon âme au Corrupteur ? L'inquisition, les bandits, les gobelins, le minotaure, les ostlanders... Et ce ne sont que ces cinquante derniers jours. Combien de fois ai-je joué avec le feu ? En laissant Lucrétia me mordre alors que je ne la connaissais encore que peu ? Lors de chacun de mes cambriolages et escroqueries en compagnie des bienfaiteurs, au nez et à la barbe du guet d'Altdorf. Lorsque ce taré, Ludwig, avait manqué d'un cheveu d'en finir avec moi. Lorsque consommant de fortes doses de baiser de la courtisane, j'ai supplié des cultistes fous à lier de me stranguler tout en usant de moi, sans pouvoir avoir la certitude qu'ils ne se décideraient pas à garder leurs mains serrées une seconde de trop - mais après tout, plus que l'extase de l'étranglement, n'était-ce pas précisément ce risque de mort qui m'excitait plus que tout autre ? Bon sang, je suis même passée à deux doigts d'être morte née si les prêtresses de Shallya n'avaient pas réussi le miracle de me sauver, à défaut d'en faire de même pour ma mère.
Le risque, ça a toujours été ça mon moteur. Et pourtant, alors même que j'ai dansé sur la fine frontière me séparant du royaume de Morr à des centaines de reprises, je ne suis jamais tombé du mauvais côté. Morr ne veut, tout simplement, pas de moi. Contrairement à Lucrétia.

Et pourtant... je ne suis pas femme à accepter la notion de destinée. A arguer que puisque mes pas m'ont mené dans les filets de Lucrétia, c'est que je me DEVAIS de devenir une lahmiane. Je me suis toujours battue pour ma liberté malgré mes échecs consécutifs. Alors je m'en suis convaincue. "Je deviendrais vampire, mais je n'oublierais pas comment m'impliquer. Partager sa nature ne m'obligera jamais à partager sa vision des choses. Je me battrais contre cette apathie, je lutterais bec et ongles pour ne pas oublier comment vivre même une fois morte."

Lucrétia, il y a un an, avait souri à mes déclarations. Elle m'affirmait qu'il me manquait le recul nécessaire à certaines clés de compréhension.

Elle avait, bien entendu et cela commence à m'agacer, raison.

Les humains, nous, moi... nous sommes si fragiles. J'ai miraculeusement survécu à tous les obstacles, mais que dire de tous ceux que j'ai connu ?
Après vingt-trois ans de tyrannie, mon père est mort comme un chien. Ç’avait été si facile. Une bête embuscade, un coup de couteau, et en un instant tout ce qu'il avait construit s'était écroulé misérablement. Il n'avait suffi que de vingt centimètres d'acier et quelques complices. De la même manière que j'ai tué cette aubergiste, lorsque j'ai retrouvé Lucrétia. Cette vieille femme avait mené une longue vie paisible, et il avait suffi de la mauvaise personne au mauvais endroit - moi - pour détruire le futur qui l'attendait, des milliers de journées potentielles de joies et de peines, anéanties en un instant.

Combien m'ont promis leur fidélité ? Leur aide ?
Combien ont eu la force de tenir leurs promesses ?
Geralt, le beau chevalier en armure qui m'avait sauvé de mes démons. J'ai cru qu'il était mon héros. Mais dès lors que son petit contrat avait été rempli, il m'a abandonné comme une chienne sur le bord du caniveau.
Les bienfaiteurs. De belles paroles, une belle famille. J'ai pris tellement de risques pour leurs combines, pour "aider mon prochain". Et qu'est-ce que ça m'a rapporté lorsque j'ai eu besoin d'eux ? Ils m'ont tourné le dos.
Mes serviteurs dévoués, et mes mercenaires... il a suffi que je les initie au plaisir pour qu'ils sombrent dans l'addiction à l'extase. Ils se sont détournés de moi pour ne plus obéir qu'à Slaanesh.
Ingrid. Soi-disant amoureuse de moi. Où était-elle lorsque j'avais besoin d'elle, au fond de ma geôle, pleurant et suppliant sa venue à quelques heures du bucher ?
Cet abruti de Chavo. J'ai sauvé sa vie, sa misérable existence. Il m'a promis fidélité, pour mieux se parjurer un mois plus tard et me vendre aux impériaux, provoquant un massacre inutile.
Marcus m'a sauvé, mais à quoi bon ? Qu'est-ce que son héroïsme lui a rapporté maintenant qu'il est mort, qu'il ne peut plus profiter des conséquences de ses actes ? C'est d'une idiotie sans pareille.

Les khilis. Dire que je m'étais attachée à eux.
Pitoyables esclaves d'une stryge. Asservis à sa puissance, incapables de se battre pour leur liberté. J'ai échoué, encore et encore, à me libérer de mes chaines, mais putain, moi, j'ai essayé. Eux sont prisonniers d'un passé ravagé, et se laissent encore victimiser aujourd'hui. Ils baissent la tête devant leur bourreau. Ils ont mérité leur sort.

Mais malgré ces mots, la vérité, c'est qu'encore une fois, j'en souffre. Je ne me sens pas responsable de ce qui leur est arrivé, quand bien même je le suis certainement. Aucune culpabilité ne me ronge le sang. je suis fatiguée de me considérer responsable de la faiblesse de ceux qui me côtoient.
Mais je m'étais attachée à eux, leur culture, leur vie. Cinquante jours. Et en un instant, un tout petit instant d'une poignée de minutes, la moitié d'entre eux a été massacrée, et l'autre ne semble plus avoir la force de lutter pour survivre par eux-même maintenant que leur soi-disant dieu les a abandonnés.
La vérité telle que je la ressens, c'est qu'à nouveau j'ai offert mon cœur, je me suis impliquée avec et pour eux, mais que la seule récompense que je récolte, encore une fois, c'est la trahison, le désespoir et la mort.

Des traitres et des cadavres. Voilà tout ce que je récolte de la part de l'humanité. Mes congénères ne m'ont jamais rien apporté d'autre que de la déception.

Alors oui, maintenant, j'ai acquis ce recul dont parlait Lucrétia. Je commence à comprendre que l'immortalité implique de pouvoir côtoyer des milliers d'humains différents. Et qu'il n'est pas supportable, même pour un vampire, que de subir une éternité de déceptions. A quoi bon y mettre tout son cœur alors qu'on sait d'avance comment les choses vont se finir ?

Et pourtant, Lucrétia, tu n'as pas oublié. Je me suis tellement trompée. Tout ce temps. Comment ai-je pu être aussi bête ? Je suis tellement désolée de t'avoir si mal comprise.

Tu choisis sur quoi t'impliquer. Et tu m'as choisie, moi.

Je suis différente. Je survis. Et je te suis totalement dévouée.

Je ne te trahirais pas. Et si je dois mourir, ce ne sera que pour mieux renaitre à tes côtés.

C'est un long chemin initiatique pour parvenir à partager ta nature. Il est semé d'embuches, d'obstacles et d'épreuves. On a tellement perdu, l'une et l'autre. Mais en échange, à chaque jour qui passe, je te comprends davantage.

Et ne t'aime que plus encore.

Toi et moi.

Tout le reste n'a aucune importance.





***

Jour 49.

Erengrad. Enfin.

Comme pour ponctuer notre arrivée dans le nord, la température commence à chuter brutalement. Ma pèlerine qui m'avait si bien protégée des rigueurs de l'automne commence à paraitre bien ridicule alors que le froid de l'hiver vient taquiner notre peau. Enfin, "notre"... disons les chevaux et moi. Heureusement d'ailleurs que je n'ai pas besoin de me rassurer sur ma capacité d'acclimatation à la météo kislevite : si tout se passe comme nous le souhaitons, je n'aurais à la supporter qu'une poignée de semaines, le temps de mettre une distance suffisante entre l'Empire et nous au sein du tsarat de Kislev. Après quoi Lucrétia se chargera de remédier définitivement à mon inconfort corporel.

Pour la première fois depuis bien longtemps, Ranald a tiré nos dés favorablement. De toutes les personnes croisées sur la dernière partie de notre trajet, pas un seul ne s'est exclamé en nous apercevant. Otto Von Falmer n'avait après tout réagi à notre identité qu'après avoir mené sa propre enquête suite à la dénonciation de Chavo, et non pas en ayant été informé au préalable des crimes commis par deux sorcières traversant ses terres. Si nous sommes recherchées jusqu'à Erengrad, ce n'est pas avec beaucoup de véhémence de la part des autorités locales.

Par précaution, j'ai gardé néanmoins mes cheveux attachés sous un foulard noir emprunté aux stryganis. Inutile de trop faciliter les recherches nous concernant lorsque d'éventuels chasseurs de primes commenceront à poser des questions sur les deux rousses en fuite.

Si je suis restée méfiante alors que nous nous mêlions de nouveau à la civilisation, impossible de ne pas ressentir également un certain plaisir de revoir tant de vie autour de moi. A l'exception de l'étape de l'auberge du Grand Duc, cela faisait plus de cinquante jours que nous vivions reclus aux côtés des khilis dans les profondeurs de la forêt, évitant tout contact avec les villes et villages servant à réapprovisionner les gitans. Pouvoir de nouveau frayer ainsi avec la foule, c'est oublier quelques instants mon statut de fugitive. Ce n'est pas grand chose, mais c'est agréable ; même si j'ai vécu trop d'horreurs ces derniers jours pour pouvoir me permettre le luxe de me détendre en relâchant ma vigilance.

J'avais entendu des rumeurs sur l'état du Kislev après la dévastation engendrée par la tempête du Chaos. Comme toujours, il y a une différence entre ce qui m'a été conté derrière les murs fortifiés de la capitale, et ce que je peux aujourd'hui constater de mes yeux.
Dix ans déjà que la guerre est achevée, et pourtant le nombre de réfugiés croupissant dans les taudis entourant Erengrad est proprement affolant. Même à l'intérieur de la cité, alors que nous parcourions une artère de la ville basse, impossible de ne pas faire le rapprochement avec les spectacles de misère que nous avions déjà entrevus dans Talagaad, alors que nous avions posé nos affaires à l'auberge de la Transborée dans le Petit Kislev (amusante ironie que le nom de ce quartier maintenant que j'y pense). Nous avions alors traversé la foule bien à l'abri derrière les rideaux couvrant les fenêtres de notre carrosse, engoncées dans notre dignité de baronnes. Aujourd'hui, si nous gardons la tête haute, juchées sur nos chevaux, notre statut social n'est pourtant guère différent du leur. Cela ne nous a pas empêché d'ignorer dédaigneusement les mendiants et autres colporteurs, lorsque nous ne leur jetions pas de regards assassins quand ils avaient le malheur de bloquer notre route.

Ce périple m'a changée. A Talagaad encore, je m’émerveillais de toute la vie qui se dégageait des ruelles du Talagaad, de l'effervescence de la foule sur la place du marché, du bruit et des odeurs de la plèbe qui venaient agresser mes sens.

Aujourd'hui, si je suis heureuse d'avoir quitté l'atmosphère étouffante de la forêt pour avoir retrouvé le réconfort de la civilisation, je me surprends à me moquer comme d'une guigne de ce que peuvent être les activités de ces pouilleux. Je ne vois plus qu'une masse grouillante d'inconnus, et de leur misérable existence qui finira comme toutes les autres. De manière décevante. J'aimerais trouver la force de retirer ce filtre sombre qui obscurcit mon regard et mes pensées, mais j'en suis incapable. Des malades, des pauvres, des geignards, des voleurs, et des morts en sursis.

Pourtant, à défaut de me passionner pour la population des réfugiés et de l'effervescence visible sur le port, je ne suis pas pour autant devenue hermétique au plaisir de la découverte de nouveaux paysages. C'est la première fois de ma vie que je mets en pied en dehors de l'Empire, et si Erengrad est une ville frontalière partageant plusieurs cultures, impossible de ne pas m'émerveiller devant les spécificités kislevites bien présentes, surtout dans la fièvre endiablée des guildes et des boyards pour reconstruire la ville à leur image. Ces étranges clochers à bulbe qui parsemaient les bâtiments majeurs de la cité étaient bien sur remarquables, mais pas autant que la gigantesque tour de givre se dressant sur un pic dans le nord-est de la haute ville, surplombant tout Erengrad, que l'on ne pouvait jamais perdre du regard.

J'ai entendu parler des sorcières de glace, de leur magie étrangère aux collèges d'Altdorf, de leur influence politique dans le Kislev. La tsarine Katarin elle-même en était une après tout. Mais c'est la première fois que je suis témoin de ce que peut produire leur art : et cette flèche de glace dressée vers les cieux, refusant de céder face au soleil, c'est proprement magnifique. Il n'a pas été évident de réprimer une plaisanterie à l'égard de Lucrétia sur le fait que ce bloc de glace s'en sortait mieux qu'elle face à l'astre brûlant.

Entendre les kislevites parler autour de nous m'a rappelé que je ne connais pas un traitre mot de leur langue. Puisque Lucrétia et moi sommes décidées à nous installer dans le Tsarat pour une durée indéterminée, nous allons devoir rapidement trouver un moyen d'apprendre - je doute que la langue des khilis ne me soit d'une grande aide ici.
Désormais séparées de toutes compagnie, il va également falloir acheter quelques provisions pour moi afin de tenir jusqu'à notre destination finale, encore mal définie. La capitale est tentante pour deux anciennes nobles souhaitant retrouver un cadre de vie décent, mais c'est également l'un des premiers endroits où l'on viendra nous chercher. De plus, ce n'est peut-être pas l'endroit rêvé pour effectuer ma transformation en toute discrétion. Non, dans un premier temps, il serait plus sage pour nous deux de nous faire oublier, et de partir pour l'est ou le nord, loin des regards, dans les parties les plus reculées du pays.

Nous nous sommes installées dans une auberge longeant la Lynsk, portant d'ailleurs le nom du fleuve séparant la cité en deux. Dormir dans un vrai bâtiment, au sein d'une vraie ville, cela me procure une joie incommensurable. Je n'ai pas le temps de prendre un bain, nous avons trop de choses à faire dans la ville pour le moment, mais y renoncer n'a pas été chose aisée - je ne me suis pas lavée depuis l'embuscade des ostlanders. Je profite que Lucretia discute avec le tenancier pour écrire, n'étant pas certaine que j'en aurais la force ce soir - je compte bien m'écrouler dans une baignoire d'eau brulante et m'y prélasser un long moment lorsque nous reviendrons. J'ai vu mon image dans le miroir de ma chambre, et mon apparence est proprement catastrophique : une vraie souillon. Même lorsque je me déguisais en roturière dans le Reikerbahn District, j'avais l'air moins abimée qu'aujourd'hui : j'ai des cernes terrifiantes, la peau sèche, les cheveux gras, et un teint blanchâtre que ne renierait pas mon amante. Elle est belle, la future lahmiane.

Pour le moment nous avons fort à faire. Lucrétia souhaite rallier le Grand Marché de la ville basse pour retrouver la foire que cherchaient à rejoindre les khilis. Un caprice de sa part en rapport avec sa bague, je n'ai pas tout saisi. Pour ma part, c'est un magasin de musique que j'aimerais trouver, afin d'enfin racheter un violon nécessaire à calmer mes pulsions. La dernière fois que j'ai tenté de les canaliser dans de nouveaux supports, je me suis retrouvé à pousser un khili à me dénoncer aux autorités. La musique devrait être un peu moins dangereuse pour notre sécurité. Enfin je crois.

Plus que cela, il nous faut certes des vivres pour moi, mais aussi des vêtements. Ici, toutes les femmes, y compris les simples roturières, portent des coiffes et des ceintures garnies d’ornements personnalisés - pas une n'est identique à l'autre. Bagues, bracelets, perles, colliers, rien de grande valeur, mais même les paysannes semblaient devoir manifester une apparence aussi ostentatoire que possible. Moi qui aime les habits simples et discrets, je vais devoir m’accommoder d'un nouveau style... Il me faudra cependant surveiller Lucrétia - la connaissant elle voudra les étoffes les plus fines, la coiffe la plus élaborée, et les bottes du meilleur cuir. Après tout, pas une fois elle n'a souhaité cacher sa chevelure pendant ce long voyage, alors qu'elle est son signe caractéristique le plus reconnaissable. Il me faudra pourtant la convaincre d'acheter dans un premier temps des habits confortables et passe-partout plutôt que la meilleure qualité disponible, qui risque de rendre des étrangères trop remarquables.

Si on en a le temps, j'aimerais également trainer dans la basse ville pour trouver quelques commerces plus douteux. Je doute que les crapules du Kislev soient bien différentes de celles d'Altdorf, je ne devrais pas à avoir de mal à trouver un revendeur, surtout que le marché de la contrebande doit être particulièrement actif au milieu d'une population de réfugiés miséreux prêts à tout pour quelques pistoles. J'adorerais expérimenter une morsure de Lucrétia sous effet de baiser de la courtisane, et tant qu'à faire, les fioles de poison découvertes dans la Drakwald ont attisé ma curiosité sur ce type de produits, tout comme celle de Lucrétia qui s'est récemment intéressée aux côtés de la vieille Tsinep à l'herboristerie et ses applications pratiques dont la confection de drogues et poisons.

Et plus que du commerce, il va également falloir qu'on s'informe sur le pays. Demander l'air de rien où des fugitifs pourraient se terrer dans le pays, peut-être en faisant mine d'être nous-mêmes des chasseuses de primes pourquoi pas. Je laisserais Lucrétia décider de la marche à suivre sur ce point, elle saura se montrer plus... convaincante.

La journée s'annonce longue. Mais Erengrad est une énorme étape que nous franchissons, et cela suffit amplement à me motiver. Le plus dur est derrière nous désormais... du moins je l'espère.




Ma liste de courses :
- huile d'amande pour ma peau
- fringues confortables kislevites, avec tout ce qu'il faut de breloques (bijoux et gemmes à accrocher à la ceinture et à la coiffe) pour faire local avec un statut social niveau citadin aisé.
- violon
- une bouteille de kvas, ça me tiendra chaud :o
- nourriture pour quatre jours de qualité moyenne
- Du matériel pour faire des tatouages (encre, aiguilles, +de quoi fabriquer la drogue anesthésique d'Yrié)
- côté drogues et poisons justement faut que tu me dises ce que je trouve au marché noir ^^ j'aimerais une ou deux potions de soins, du baiser de la courtisane, et quelques poisons mais je sais pas ce qui est disponible et à quel prix... belladone, cyanure, fumet de manticore, lotus noir, mucus d'araignée, passion brûlante, venin noir, etc. De plus, en tant que slaaneshi dodo est au fait des meilleures drogues pour planer sévère ou qui ont un effet aphrodisiaque avéré et non mortel pour le consommateur je pense, donc elle sera intéressée par tout ce qu'elle trouvera du genre - elle a envie d'expérimenter des trucs qui se cumulent avec l'effet qu'a déjà la morsure de Lucrétia sur elle :D

Note que Dodo tentera également de revendre son épée longue dont elle n'a plus l'utilité.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 01 avr. 2019, 00:04, modifié 1 fois.
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Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

Le Kislev. Le tableau avait drastiquement changé, en comparaison de leur dernier voyage. Au fur et à mesure de leur progression vers le nord, le paysage s’était altéré, perdant ses denses et lugubres forêts au profil d’un décor autrement plus différent. Dokhara et Lucretia avaient définitivement quitté le couvert des arbres pour se plonger dans l’inconnu septentrional, laissant derrière elles la chaleur malingre de l’Ostland que pour mieux s’enfoncer dans le climat froidureux des Marches du Nord.

S’il demeurait effectivement quelques bois çà et là, ils semblaient bien rares, comme des îlots de verdure sombre perdus au beau milieu d’un océan de terre désolé. La steppe s’étendait à perte de vue, dans une vastité infinie qui ne trouvait ses limites que dans un horizon des plus lointains, et de violents aquilons ne cessaient de la balayer, cinglant les deux jeunes femmes dont les montures peinaient parfois à avancer. Il s’agissait là d’un environnement bien distinct de celui qu’elles venaient de traverser. La Drakwald n’avait pas été autre qu’une myriade de troncs noirs plantés les uns à la suite des autres, étouffant le monde sous une épaisse végétation. Aucune brise n’y avait jamais véritablement circulé, à tel point que cet univers avait paru mort, oublié de tous. L’Oblast n’avait rien de comparable.

Aussi étendu fût-il, le Kislev était une terre pleine de vie, si l’on occultait l’hiver. Les bourrasques que ces contrées austères vous soufflaient au visage vous mordaient la peau, certes, mais elles vous emplissaient également les poumons d’un air vivifiant. La nature n’avait jamais été domptée ; farouche, elle remplissait ces interminables plaines de hautes herbes au milieu desquelles avait élu domicile une faune sauvage mais abondante. Sur les quelques collines modifiant la topographie de ce magnifique spectacle, des arbres en drapeau, soumis aux contraintes du vent, avaient pris racine dans les roches abruptes des flancs escarpés. De temps à autre, de petites fermes isolées se découpaient sur les landes. Témoins de la présence humaine, elles rassemblaient la population entre leurs quatre murs de blocs de roche surmontés d’un toit de bois, trônant au centre de minuscules parcelles de terre où les propriétaires tentaient de faire pousser ce qu’ils pouvaient. Mais, Dokhara et Lucretia détenant suffisamment de ces ressources qu’elles avaient empruntées aux stryganis, elles ne ressentirent pas le besoin d’aller mendier quelques victuailles à leur porte. Et c’était sans compter les quatre montures qu’elles avaient également à disposition ; effectuant un relais entre les chevaux, elles pouvaient hâter l’allure des premiers équidés qu’elles chevauchaient tandis que les autres se reposaient.

Le temps ne jouait pas en leur défaveur, mais mieux valait ne rien laisser au hasard. Les deux jeunes femmes le savaient toutes deux très bien, à défaut de l’avoir véritablement expérimenté ; les hivers de l’Empire faisaient pâle figure en comparaison de celui que connaissaient les kislévites. Dans le sud, les températures pouvaient de temps à autre descendre en dessous de zéro. Mais dans le Grand Nord, la saison hiémale emprisonnait la terre d’un gel tenace et mortel. Les routes disparaissaient sous plusieurs pieds de neige, le sol, si tenté que vous parveniez à l’atteindre, devenait aussi dur que de la roche, et, toute vie s'étant évanouie, le moindre voyageur égaré était promis à une mort certaine.

Ainsi, à cette période de l’année durant laquelle elles baroudaient, les routes s’avéraient relativement fréquentées ; les marchands pressaient le pas tant que les premières neiges ne tapissaient pas le monde de leur épais manteau blanc. Au tout début, elles ne cessèrent de se méfier de ces inconnus, évitant à tout prix les groupements de pèlerins et autres caravanes de passage. Mais force était de constater que personne ne prêtait véritablement attention à ces deux femmes qui périgrinaient ensemble; il s’agissait de deux voyageuses comme il y en avait tant d’autres. Aucune patrouille ne vint les arrêter, aucun péage ne leur causa le moindre souci ; il fallait croire que les informations les concernant n’avaient pas encore transité entre l’Empire et le Kislev, et ce n’étaient pas les principales intéressées qui allaient s’en plaindre. Il ne leur fallut qu’un jour pour rallier la route côtière qui longeait la baie d’Erengrad.

Une fois de plus, le paysage changea du tout au tout. Si, sur leur droite, les plaines infinies continuaient de s’étendre jusqu’à l’horizon, sur leur gauche, un gigantesque dénivelé s’ouvrait sur la mer. Parfois juchée en haut des quelques falaises qui surplombaient les eaux, Lucretia prenait presque plaisir à sentir les bourrasques s’engouffrer dans sa vêture, claquant les pans de sa pèlerine, et bouleversant l’intégrité de sa chevelure. Un vent de liberté soufflait sur ce pays ; l’inconnu lui tendait les bras, et elle s’en emparait bien volontiers, à cœur joie. Bien qu’elle n’eût jamais mis les pieds au Kislev, elle possédait quelques connaissances sur cette région reculée du Vieux Monde, et avait hâte d’en apprendre plus encore. Bien souvent, dans l’Empire, son ambition avait été mouchée par sa condition de femme, et, sous prétexte d’appartenir au mauvais sexe, bien des hommes l’avaient regardée avec bien davantage de désir que de sérieux. Au Kislev, les femmes étaient traitées en égales de leurs homologues masculins, les mœurs ayant été très certainement assouplies suite à la succession de nombreuses tsarines importantes dans l’Histoire de ce pays, et Lucretia voyait ainsi ce pays comme un renouveau, comme la terre qui lui avait longtemps été promise. Elle en soupirait d’aise à plus d'une reprise, comme si un lourd fardeau venait subitement de quitter ses épaules. Mais tout n’était pas aussi beau.

La première vision qu’elles eurent d’Erengrad fut le cloaque des réfugiés. Un entassement sans fin de tentes et de taudis plantés les uns sur les autres. Une fourmilière de haillons, de tuniques déchirées, de pieds sales et nus et de cheveux gras. A dire vrai, Lucretia le ressentit avant même qu’elle ne le vît réellement ; le vent continuait de souffler coûte que coûte sur la région, et l’aquilon charriait dans son sillage toute la déliquescence de la misère humaine. Ca puait à des lieues à la ronde ; les remugles de crasse et de pisse se mêlaient aux exhalaisons de la sueur rance auxquelles avaient également été mélangées les émanations humides de la vase à marée basse. Evitant tout haut-le-cœur, Lucretia décida de se couper du monde, arrêtant de respirer dans une moue aussi dédaigneuse que dégoûtée. Ce qui ne l’empêcha point de devoir traverser ce camp de misérables.

Franchissant la route, une pléthore de mendiants, de vieillards, d’enfants et de rescapés de guerre vint dans leur direction, leur réclamant de quoi subsister un jour de plus en ces temps plus que troublés. Boitant, claudiquant, ils se déplaçaient avec le visage même de l’indigence gravé sur leurs traits creusés et fatigués. Les paupières étaient lourdes, les corps étiques, les dents manquantes, et il en allait de même pour une paire de jambes ou de bras ; qui avait perdu son pied lors de la dernière bataille, qui avait perdu un doigt dans un engrenage, qui s’était vu alléger d’une partie de son nez. Cette foule de traîne-misère s’agglutinait autour des caravanes et des voyageurs, se pressant contre eux dans une étreinte somme toute aussi cupide que dangereuse. La Lahmiane en était certaine ; certains itinérants esseulés avaient assurément déjà dû disparaître, happés par le raz-de-marée des nécessiteux. Fort heureusement, quelques patrouilles, pour une fois bienvenues, venaient les disperser sitôt qu’ils se montraient trop insistants.

« Arrière, les pauvres ! » leur semonçait dès lors l’Immortelle. Assurément, eu égard aux cicatrices qui sabraient le bras du « vétéran » en des lignes discontinues, ce n’était pas une lame qui lui avait arraché la main, mais plutôt une scie prise à la va-vite, comme lors des jugements expéditifs. Ce n’était qu’un voleur, certainement pas un héros de guerre. La femme et son enfant bouffi ? Ce dernier ne passerait pas la nuit, Lucretia pouvant déjà sentir l’odeur de la mort qui planait au-dessus de son minuscule crâne. Dépenser la moindre piécette pour lui eût été cause perdue, si ce n’était, peut-être, pour lui payer le droit de passage jusqu’à Morr. Mais Lucretia ne plaçait aucune foi en ces dieux de pacotille. Et cet homme qui, prostré au sol, se lamentait d’avoir perdu l’usage de ses jambes ? La Lahmiane, joueuse, lui déroba alors le contenu du chapeau miteux dans lequel les passants jetaient une pistole. Le bougre, d’abord stupéfait, se leva alors immédiatement en beuglant derrière elle, tandis que la jeune femme, de son côté, riait aux éclats tout en galopant sur sa monture. Elle avait toujours su qu’elle avait la capacité d’accomplir des miracles.

Mais l’attente qui s’en suivit transforma l’humeur de la baronne de Bratian. Jusque-là pleine de vie et s’amusant parfois de rien, elle se renferma peu à peu dans cette attitude stoïque et distante qui s’emparait d’elle sitôt que survenait une longue période d’inactivité. Avancer de quelques pas. S’arrêter. Avancer de quelques pas. S’arrêter. Cela au beau milieu d’une population grouillante qui ne cessait de se bousculer et de s’injurier pour un rien. Fort heureusement, le spectacle du port d’Erengrad lui permit de s’évader quelque peu.

Il y avait quelque chose de fascinant dans cette vue plongeante qui découvrait la baie. Il régnait là-bas une activité comme l’on n’en retrouvait que dans les grandes villes, et même dans les plus grandes cités de l’Empire, si ce n’était Marienburg, Lucretia doutait de n’avoir jamais aperçu autant de monde. Marchands, portefaix, chalands, ouvriers, grutiers et autres marins évoluaient dans un ballet incessant, se croisant et s’entrecroisant avant de disparaître sous l’épaisse charpente d’un hangar, sous le toit rutilant d’un temple, ou dans le ventre d’un navire. Les quais s’avançaient sur la baie comme de longs bras tentaculaires et rectilignes, grignotant les eaux, s’alourdissant de caisses, de grues, de tombereaux et de manœuvres grâce auxquelles venaient s’amarrer une quantité importante de bateaux qui allait du simple esquif au galion de combat. L’œil acéré de la Lahmiane nota diverses choses dans ce magnifique tableau, mais, s’il y avait un détail qu’elle remarqua bien, ce fut la raideur des escaliers menant aux pontons. Les séries de marches paraissaient tomber à pic, avec un dénivelé extraordinaire, tout droit vers la mer. L’ancienne baronne eut deux pensées ; la première alla pour les portefaix, lesquels jouaient certainement leur vie à descendre des escaliers aussi abrupts, et la deuxième alla pour la stupidité des concepteurs des quais ; à marée haute, en l’état, les rampes se feraient engloutir, interdisant l’accès aux navires. Elle secoua la tête.

Mais, à force de contemplation, la queue avançait petit à petit, et les deux jeunes femmes se rapprochèrent des gigantesques murailles qui ceignaient la citée. Celles-ci portaient encore les outrages de la Grande Guerre contre le Chaos. La foudre de la magie occulte avait calciné une pierre qui, lorsqu’elle n’avait tout simplement pas fondu, avait pris la teinte fuligineuse des vieilles cheminées. Des gravats s’étendaient aux pieds des murs, lesquels arboraient encore quelques béances que l’on avait rebouchées de nouveaux blocs à la coloration bien plus nette et éclatante. La symétrie d’un donjon avait été rompue après que plusieurs projectiles de catapultes lui eussent arraché trois de ses quatre échauguettes. Désormais, s’étendait à perte de vue, sur le chemin de ronde comme sur le faîte des tours, un labyrinthe d’échafaudages, de piliers, de contreforts et de madriers de chêne, et l’on y montait tout là-haut, à l’aide de plateformes articulées par des leviers et des poulies, tout un bric-à-brac de pierres taillées. L’activité y était presque aussi intense que dans le quartier portuaire.

Si Lucretia avait cru une dernière fois être rattrapée par son récent passé une fois parvenue devant le corps de garde, le scribe la détrompa fortement. Point de regards suspicieux ou de questions douteuses sur son identité ou sur les raisons qui la poussaient à venir s’étranger au Kislev ; l’homme ne se contenta que de lui demander le prix de son droit de passage, et, après s’être exécutée, la Lahmiane put pénétrer dans la ville en compagnie de Dokhara. Après l’avoir contemplée de loin, elles furent toutes deux plongées dans la foule. Si Talabheim les avait accoutumées à une droiture rigoureuse dans son architecture et même dans le comportement de ses habitants, Erengrad bouleversa les habitudes des visiteuses du tout au tout.

Les constructions s’empilaient les unes sur les autres, à l’instar du cloaque qu’elles avaient traversé à l’arrivée. Aucun plan, aucune logique ne semblait avoir été respecté. Les mêmes échafaudages, les mêmes plateformes grimpaient le long des habitations, quoiqu’à des hauteurs sensiblement moins élevées, colonisant le peu d’espace aérien dont disposait encore la ville. Le bois se confrontait au bois, la pierre à la pierre, et les encorbellements s’entassaient les uns sur les autres, de part et d’autre des venelles, tant et si bien que, à certains endroits, les poutres et les charpentes dissimulaient le ciel. Plusieurs édifices venaient malgré tout percer ce plafond de toitures et de colombages ; de l’autre côté de la Lynsk surgissait une titanesque tour d’un blanc veiné de bleu. Elle réfléchissait si bien la lumière du soleil qu’elle manquait de vous aveugler sitôt que votre regard se posait sur sa froide silhouette, et une certaine appréhension vous gagnait bientôt. Cette tour resplendissait d’une beauté aussi distante que glaciale, mais le moindre sot y reconnaissait là l’art de la magie. Lucretia, quant à elle, voyait lentement tournoyer autour du bâtiment d’aethyriques écharpes de brumes aux couleurs froides, soufflées par un Grand Nord plus proche que jamais.

En ce qui concernait ses habitants, Erengrad se peuplait d’individus plus ou moins riches et plus ou moins douteux. En marchant dans l’artère principale, Lucretia put constater de la présence d’une multiplicité de races et de conditions sociale. Les boyards traversaient la ville de part en part sans même s’arrêter, confortablement installés au fond de leur carrosse. Les marchands et autres bourgeois, qu’ils fussent d’origine elfique ou humaine, baguenaudaient dans les grandes rues, s’arrêtant dans les maintes échoppes qui bordaient les voies, se bousculant, se hélant les uns les autres. Enfin, un peu plus en retrait, toutefois, se dissimulait une population bien plus discrète mais également bien plus nombreuse. Habillés de la rubakha, les plus pauvres déambulaient dans les ruelles parallèles aux grandes artères, faisant dans des tavernes ou des boutiques de moindre qualité, renfoncées dans les ombres. Quelques sous s’échangeaient de mains, le kvas coulait dans une choppe à la propreté douteuse, et, bientôt, l’on entendait résonner des chansons kislévites par-delà les cours des maisons.

Lucretia les écoutait bien volontiers, et, même dans ce capharnaüm qui n’avait ni queue ni tête pour les mortels, elle tentait de percevoir le moindre mot, la moindre syllabe de cette langue qui l’intriguait. Il lui fallait apprendre, déjà, et pour cause. Si elle n’avait pas daigné s’intéresser à la culture des stryganis, elle vouait au Kislev une fascination renouvelée, et détenait dès à présent le goût de s’en imprégner. Il y avait de fortes chances pour qu’elle demeurât un certain temps en ce pays étranger. Mais peu lui en chalait ; redécouvrir la civilisation, après tant de moments passés dans la Drakwald, la faisait presque revivre, et elle se régalait de toutes ces sensations, de toutes ces présences retrouvées.

Mais peut-être pas tant du chahut de la foule. Evitant de trop attirer l’attention, Dokhara et Lucretia avaient décidé de mettre pied à terre afin d’évoluer dans la ville. Ainsi, les regards convergeraient que plus difficilement dans leur direction, là où, sur leurs chevaux, n’importe qui aurait pu les repérer de près ou de loin, l’œil naturellement attiré par ces deux jeunes femmes voyageant seules. Mais elles ne s’en trouvaient que plus vulnérables face au flux et reflux de toutes ces centaines de personnes qui se précipitaient et bourdonnaient çà et là. Bien que l’envie la tenaillât de remonter en selle ou de les envoyer paître, Lucretia se fit fureur et, s’armant de patience, se laissa glisser dans l’agitation collective.

Trouver une auberge s’avéra relativement facile ; nombre d’établissements différents proposaient des lits, et elles n’eurent qu’à choisir. Ce dernier mois de voyage avait mis à rude épreuve l’obsession de la Lahmiane pour le paraître et la toilette, aussi décida-t-elle, et sa compagne n’en prit point ombrage, de sélectionner avec attention leur prochain toit. Pas question, ès qualités de nobles dames, de se contenter d’un dortoir public ou d’un caravansérail où sévissait la lie de la société kislévite. Il leur fallait un lit, un grand, un vrai. De l’intimité, également. Tout ce qu’il fallait pour prendre un bon repas. Et de quoi prendre un véritable bain chaud. Eût-elle toujours été humaine que, à cette simple pensée, le cœur de Lucretia se serait mis à battre à la chamade. Cela dit, quand bien même avaient-elles les moyens qu’elles préféraient éviter les hôtels particuliers. Les deux baronnes y seraient assurément mieux reçues, certes, mais la probabilité de se faire reconnaître, ou de laisser une trace dans la mémoire des gens, devenait subitement plus élevée dans pareil endroit. Et il n’était pas certain, encore, qu’elles dussent se considérer comme des nobles en tant que telles. Il leur fallait encore statuer sur leur condition, au sein de cette possible mascarade.

Elles jetèrent de concorde leur dévolu sur La Lynsk, un établissement somme toute élégant et à l’aimable service ancillaire. Mieux encore, celui-ci parlait le reikspiel tout en sachant dialoguer en kislévarin, leur langue natale. Il n’en fallut pas davantage à Lucretia pour commencer à malmener le palefrenier.

« Et comment dit-on cheval ? Looochatyeu’ ? Et la préposition pour ? Dlya ? Et une corde ? kanat ? C’est très bien, tout ça. Et le verbe utiliser, alors ? Ispolzovagn… Quoi ?! » s’écria-t-elle en écarquillant les yeux.

En fin de compte, elle préféra apprendre le verbe prendre pour former une simple phrase, sans même chercher quelque accord ou conjugaison que ce fût ; brat kanat dlya looochatyeu’. A cela, le palefrenier hocha vaguement du chef, ce qui lui valut, en guise de récompense, un grand sourire émerveillé de la Lahmiane. Et cette dernière s’opiniâtra à en apprendre le plus possible, demandant comment prononçait-on le mot « eau » par rapport au mot « bain », exigea que le tenancier comptât les pistoles une à une dans sa langue d’origine, énumérant chacun des chiffres puis des nombres que comportait le kislévarin, et lui fit lire, toujours dans cet idiome, le menu du soir.

A l’étage, la chambre que les deux amantes avaient louée comprenait tout ce qu’il leur fallait ; deux lits aux matelas moelleux, des couvertures fraîches mais qui tiendraient chaud à Dokhara, des paravents, un miroir, chose suffisamment rare pour être notée, et, surtout, une cuve assez large pour qu’elles y entrassent tour à tour. Si les yeux de Lucretia pétillèrent face à cette vision, cela ne fut pas le cas de sa consœur.

« Mais l’on peut enfin prendre un bain ! » s’exclama Lucretia.

Pas question ; elles se devaient de se hâter.

« Mais ça ne prendra cinq minutes ! »

Connaissant la Lahmiane, non, cela ne durerait certainement pas cinq minutes.

« Mais… De l’Eau. Chaude », clama bien distinctement Lucretia, insistant sur ces deux mots qui lui avaient été étrangers depuis plus d’un mois.

Dokhara n’en démordait pas.

« Cука блять » lui lança alors l’Immortelle d’un ton maussade. Le tenancier, qui était monté avec elles afin de leur faire la visite de leur nouvelle chambre, la regarda alors, bouche bée à s’en décrocher la mâchoire. Mais il paraissait si choqué, tant affligé par le verbiage soudain et inattendu de cette étrangère, que cette dernière éclata d’un rire spontané.

« Allons donc faire ces boutiques que vous me réclamez tant. Mais après… Domoy ! »
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 01 avr. 2019, 00:04, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total : 6 xps
FOR 16 / END 14 / HAB 17 / CHAR 18 / INT 17 / INI 19* / ATT 17 / PAR 13 / TIR 11 / MAG 17 / NA 4 / PV 134/140
Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Après des mois passés dans la poussière des routes, après les profondeurs de la Drakwald et de la Forêt des Ombres, après la fuite, les cris et la mort, Lucrétia et Dokhara purent enfin profiter de la vie citadine dans une quiétude relative. Les deux baronnes qu’elles étaient quittèrent la Lynsk bras dessus bras dessous pour aller faire leurs emplettes.

Ces dernières les menèrent dans les rues et les venelles de la ville basse et du port de la cité marchande, où se pressait une foule compacte et fébrile. Marchés de gros ou au détail, boutiques et échoppes en tous genres, vendeurs ambulants et étals croulant sous les produits : face à cette effusion, il était difficile de savoir où donner de la tête.

Il fut aisé de trouver le magasin d’un apothicaire, quelque part en haut de l’un des nombreux pontons qui se lançaient dans la baie. Quand bien même le tenancier, un vieil homme qui sentait le chou, ne parlait pas un mot de reikspiel, il fut facile de s’entendre, l’or étant un langage universel. Dokhara y dégota une petite bouteille d’huile d’amande, produit luxueux s’il en était, ainsi que deux potions de soin, dont l’effet prétendument miraculeux fut illustré plutôt comiquement par les gesticulations du propriétaire des lieux.

Les provisions furent également simples à acquérir. Les vendeurs de denrées alimentaires ne manquaient pas, du simple pêcheur exposant sa morue salée sur une toile de jute étendue sur le pavé à l’épicerie spécialisée. Une ration de voyage se devait de ne pas se gâter en quelques jours, ainsi la baronne De Soya n’eut qu’à choisir entre viandes et poisson séché, biscuits et pains de seigle, graines et fruits réduits. Le kvas et autres boissons alcoolisées étaient extrêmement répandues, et personne ne s’offusqua de voir une femme en acheter.

Trouver de quoi se vêtir est certainement ce qui prit le plus de temps aux deux amantes. Non pas que l’offre manqua, c’était même plutôt l’inverse. Lucrétia et Dokhara volèrent de boutique en boutique, chinant ici une large ceinture kislévite en cuir rehaussée d’étoffe, là une chapka en martre et un manteau en poil d’ours. Elles repérèrent l’étal d’une grosse dame proposant parures et ornements miroitants, des plumes serties et des breloques en métal brillant destinées à décorer les habits du quotidien. Châles et écharpes, chaperons et bonnets, bottes solides et bas épais, satin et brocard, cuirs et peaux, renard ou agneau : tout pouvait être trouvé pour qui prenait le temps de chercher. L’hiver arrivant, les commerçants proposaient moult gilets, brassières et tricots à porter en couches successives dans une véritable débauche d’étoffes et de couleurs. On proposa à Lucrétia une superbe broche en bronze doré sur lequel était enchâssée une gemme couleur sang et une petite plume de faucon gris, en lui jurant que ceci irait superbement sur sa coiffe, tandis qu’un autre valet faisait essayer à Dokhara un veston vert sombre brodé de feuilles de chênes en fil jaune et au haut col bordé de duvet de lapereau. On leur répétait « Druzhina ! Druzhina ! Королевский наряд*. » comme pour les flatter.

Le violon et le nécessaire à tatouage furent plus compliquer à dégotter et les baronnes durent visiter de nombreuses échoppes. Elles trouvèrent les aiguilles creuses chez un ancien marin du port, portant lui-même de nombreux tatouages sur les deux bras. C’était un nordlander qui parlait donc le reikspiel, et il leur indiqua la boutique d’un herboriste trois quais plus loin où elles trouvèrent des encres végétales et une pommade à base de curare aux vertus anesthésiantes. Le vendeur avait un air louche, son échoppe tout autant, et il ne fallut que peu de temps à Dokhara pour comprendre qu’il avait plus à lui offrir si elle poussait un peu : elle reparti de là avec un petit pot de terre cuite fermé par un bouchon de liège et contenant une décoction de plantes réduites en poudre. L’herboriste le lui présenta comme un « remède qui fait dormir longtemps … très longtemps ». Il possédait aussi une fiole d’un jus noir, étiquetée en reikspiel comme du venin de vipère cornue, une substance virulente aux effets paralysants. Dokhara pu partir avec si elle y mettait le prix. Quant à l’instrument, les deux femmes durent se rendre chez un luthier de la ville haute, un autre expatrié impérial originaire d’Altdorf qui fut bien heureux de trouver des compatriotes, mélomanes qui plus est. L’artisan exhorta Dokhara à essayer ses produits, visiblement ravi.

Vint le moment de s’enfoncer dans les quartiers les moins fréquentables de la ville basse, à la recherche de produits stupéfiants. Les voleurs à la tire et les vagabonds qui s’en prirent aux deux femmes eurent tôt fait de le regretter et Dokhara, qui ne manquait pas d’expérience dans le domaine, trouva rapidement un individu capable de l’informer. Il fallait aller dans cette ruelle étroite, au coin de l’atelier du tanneur et juste avant le mur effondré, frapper douze fois à la porte vermoulue et attendre qu’on vous ouvre. Le linteau était si bas qu’il fallait se baisser pour entrer. Là, à la lueur d’une unique bougie, une vieille femme ratatinée et son garde du corps attendaient. Elle vendit à la baronne de Soya quatre ampoules de Baiser de la Courtisane, drogue bien connue, mais aussi une petite poignée de champignons blanchâtres. La vieille, qui parlait une langue inidentifiable, décrivit les effets en agitant ses doigts devant son visage et en roulant les yeux, puis en attrapant sans concession l’entrejambe de son garde du corps de sa main fripée, avant de mimer l’érection d’un sexe monstrueux en levant le bras. En outre, elle accepta l’épée de Dokhara comme moyen de payement.

Une fois leur affaire conclue, les voyageuses quittèrent ce lieu mal famé. Mais elles n’étaient pas passées inaperçues et une petite patrouille de gardes, bardiches en main et manteaux de fourrure sur leur cuirasse, les arrêta au bout d’une rue. Etaient-ils de mèche avec les malfrats, ou devinaient-ils le commerce qui venait de se dérouler ? Toujours est-il qu’ils trouvèrent rapidement la marchandise illicite après une fouille rapide. Cependant, il semblait de notoriété publique que le guet d’Erengrad était aisément corruptible, et les gardes se contentèrent de faire poireauter les étrangères plutôt que de les amener au poste, espérant leur faire perdre patience et leur forcer ainsi la main. Que ce soit à l’aide de quelques pièces ou d’un regard dominateur de Lucrétia, les deux femmes purent repartir avec leurs emplettes sans être inquiétées plus avant.

Elles déambulaient désormais non loin de leur auberge lorsqu’elles tombèrent sur une petite place enclavée dans laquelle se tenait un marché aux bestiaux. L’odeur y était épouvantable, et les différents enclos contenaient porcs hirsutes, chèvres et moutons, petites vaches aux longues cornes ou encore mulets. En bordure, elles reconnurent à leur accoutrement un trio de stryganis qui exposaient leurs chevaux, cinq belles bêtes dont le prix les réservait probablement aux plus fortunés de la cité. Deux hommes, assis sur des tabourets, jouaient aux dés tandis qu’une jeune femme négociait sec avec le valet d’un client potentiel.


*Korolevski naryad
Test de Musique basé sur Int+1 réussi par Dokhara. Si tu joues version inspiration slaaneshi, le vendeur pète un boulon, éclate en sanglots et te le donne gratuitement.

Test de perception réussi par Lucrétia, effets en mp.

Vos emplettes vous coûtent au total quelques 20 ducats d’or.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Dokhara de Soya »

Malgré tous les efforts de l'univers pour faire tomber Dokhara dans la dépression, aucune force divine ne pouvait empêcher une jeune noble de retrouver le sourire lorsqu'elle effectuait une journée de chalandage en compagnie d'une consœur. Si elle avait eu le pas traînant dans un premier temps, l'altdorfer n'avait pu renier le plaisir naissant de sautiller d'un magasin à l'autre, de critiquer la tenue mal assortie de certains et les formes ingrates d'autres, de se mettre à acheter tout et n'importe quoi pour le simple plaisir de posséder de nouvelles choses, ou encore de prendre de haut un vendeur pour titiller son ego et le pousser à montrer ses plus beaux produits plutôt que de tenter d'arnaquer les touristes qu'elles étaient.

L'humanité qu'elle avait dénigré deux jours durant retrouva en quelques heures le charme irrésistible qu'elle lui connaissait. Plus que jamais, elle commençait à mieux comprendre pourquoi Lucrétia ne pouvait s'empêcher de se mêler à ceux qu'elle considérait pourtant inférieurs. Ce tailleur par exemple, sa vie pathétique n'avait pas grand intérêt - et pourtant, c'est bien parce qu'il avait mené ses jours d'une certaine manière qu'il se retrouvait ici, à cet instant, à proposer à Dokhara un veston couleur émeraude du plus bel effet qui éblouissait le regard d'une Lucrétia jalouse qu'on ne lui ait proposé en premier un vêtement qui, assurément, aurait mis ses yeux à elle bien plus en valeur.

Voilà bien plus de deux mois que Dokhara n'avait pas pu bénéficier du luxe de porter des vêtements à sa taille. Elle avait endossé tour à tour un déguisement de roturière, les ostentatoires robes échancrées au décolleté provocant de Lucrétia, les vêtements de soldat d'un compagnon de Marcus, une pèlerine sombre trouvée dans la forêt, puis les tissus colorés volés à Shana. Des vêtements d'emprunt, mais jamais rien qu'elle n'avait eu le luxe de choisir.

Même lorsqu'elle était noble, elle n'avait jamais eu autant d'argent à sa disposition, les De Soya croulant sous les dettes. La comtesse Elise Kreiglitz-Untern de Talabheim avait épongé ces dernières il y a un an, mais le culte de Slaanesh avait rapidement manipulé Dokhara pour se nourrir à la source de ses nouvelles entrées de couronnes.
Lucrétia n'aida en rien à refréner la fièvre acheteuse qui s'emparait d'elle. Tout autant que son amante, elle désirait dépenser pour s'approprier. Elle aussi avait souffert de cette vie recluse de gitane, et retrouver la civilisation suffisait à lui faire retrouver une joie frénétique - elle tourbillonnait de magasin en magasin à une vitesse folle, ne cessant d'interpeller Dokhara toutes les minutes pour lui montrer un nouveau vêtement. Tout comme elle avait fait un caprice pour pouvoir se baigner à l'auberge, la voici désormais à insister d'une voix grave que "l'acquisition de cette troisième broche rehaussée d'or et d'émeraudes n'était pas une lubie mais une NECESSITE".

Pourtant, la raison dut partiellement l'emporter. Les deux femmes ne comptaient ni acheter de mule, ni louer les services d'un porteur pour leur futur voyage dans le pays glacé, et elles n'allaient certainement pas s'abaisser à porter leurs affaires dans des sacs à dos. Il fallait donc bon gré mal gré se limiter à ce que pourrait porter leurs deux roncins, tant qu'elles n'auraient pas trouvé un point de chute dans le pays. C'est bien cette pragmatique réflexion qui rendit leurs achats si lents - face à la profusion de marchandises qu'offrait le marché d'Erengrad, et le peu de choses qu'elles pouvaient se permettre d'emporter, comment faire son choix ?

Le premier achat de Dokhara fut une magnifique paire de bottes marron en cuir rembourrées en fourrure, que le vendeur assurait idéales tant pour l'équitation que la marche. En observant les habitants de Kislev, elle avait cru comprendre que se chausser ainsi était un luxe réservé aux classes aisées, mais qu'importait le prix : voilà une éternité qu'elle portait des chaussures noires trop grandes pour elle, qu'elle rembourrait avec des tissus divers pour ne pas souffrir à chaque pas. Rien ne pouvait lui faire plus plaisir que des bottes adaptées à sa pointure, et tant qu'à faire, autant qu'elles soient de bonne qualité : leur voyage n'était pas terminé, et le tsarat du Kislev n'était pas connu pour être doux avec les voyageurs.

Elle abandonna son idée de première de se vêtir discrètement pour céder à la tentation : quitte à abandonner la quantité, elle n'avait pas la force mentale nécessaire à refuser la qualité. Tout comme elle avait choisi une belle paire de bottes plutôt que de traditionnelles lapti, elle ne put se contenter de fourrures classiques comme d'ours ou de loup. Pour sa toque et son manteau, elle choisit de la fourrure de renard blanc, dont la douceur et la magnifique couleur neige la charmèrent immédiatement.

Elle agrémenta son manteau d'une magnifique ceinture kislévite en cuir rehaussée d’étoffe, qu'elle décora de multiples pendentifs dorés, ainsi que de quelques pierres précieuses, en partie achetées, et en partie provenant directement du stock de gemmes contenues dans leur coffret : perles, grenats, spinelles et tourmalines. La plupart étaient fausses, des gemmes non taillées de peu de valeur, mais l'effet était saisissant, les reflets rouges sur la ceinture en cuir contrastant magnifiquement avec la blancheur de ses fourrures. D'autres vinrent agrémenter sa coiffe, mais moins nombreux - même si le style kislevite favorisait la surcharge d'accessoires, Dokhara préférait cultiver une apparence un peu plus simple.

Sous son manteau, plusieurs couches de vêtements, sa chemise blanche désormais recouverte de plusieurs couches blanches, rouges et brunes - elle était très fière de ce veston carmin, sur lequel était brodé un discret oiseau en fil doré, qui lui rappelait l'apparence de Lucrétia lorsqu'elle changeait de forme.

Pour conclure cet interminable épisode de stylisme, Dokhara s'acheta quelques bijoux lui rappelant ceux dérobés à Lucrétia - une perle noire montée en pendentif sur une chaîne dorée vint décorer son cou, tandis que son poignet gauche fut agrémenté de deux bracelets en or très fins.

Elles passèrent ensuite chez un apothicaire, où Dokhara aurait pu être fière de son achat s'il n'y avait eu le sourire en coin condescendant de sa compagne. Alors même que la jeune femme, ravie d'avoir trouvé de l'huile d'amande à même de redonner un peu de vie à sa peau desséchée et abîmée par le froid, souhaitait partager son enthousiasme à sa consœur, elle déchanta en voyant cette dernière glisser avec une innocence feinte son doigt le long de son sublime visage. Animé par une sombre magie, le corps de la lahmiane restait d'une perfection figée dans le marbre à chaque instant de sa non-vie, et sa peau ne montrait jamais la moindre trace d'imperfection. Dokhara, en comparaison, avait les bras et le front qui pelaient un peu de peau morte depuis plusieurs jours déjà, malgré ses tentatives pour le dissimuler.

- Bah, conclut-elle en quittant la boutique en haussant les épaules.

La lahmiane déchanta lorsque Dokhara commença à fouiner pour dégoter de quoi pratiquer son nouvel art - le tatouage. Elle parvint à convaincre sa consœur au regard courroucé qu'elle ne comptait pas s'infliger de nouvelles marques sur son propre corps. Néanmoins, elle avait vraiment été passionnée par le talent d'Yrié, et souhaitait désormais expérimenter ses propres techniques - elle trouverait bien un jour ou l'autre un humain, volontaire ou pas, sur lequel affiner cette nouvelle forme d'expression artistique. La vampire fit sa mauvaise tête, mais accepta néanmoins de faire confiance à sa consœur, l'accompagnant chez plusieurs marchands pour obtenir des aiguilles, de l'encre, et des herbes anesthésiantes. Elle réussit même à obtenir quelques poisons chez l'un d'eux, complétant la collection commencée avec ceux trouvés dans la Drakwald. Là encore, et même si elle n'en dit rien à Lucrétia, Dokhara avait hâte de pouvoir trouver un sujet d'expérience sur lequel expérimenter les différents niveaux de douleurs que permettaient d'atteindre toutes ces substances étranges. Ludwig lui revint en mémoire, couvert d'entailles, drogué au Baiser de la Courtisane, alors qu'elle lui arrachait méticuleusement la peau de la joue avec un couteau. Ce souvenir la fit soupirer d'aise, et alors que les deux femmes quittaient la ruelle sordide de l'herboriste, elle ne put résister à une soudaine lubie. Elle s'approcha de sa compagne, et laissa sa main aller à la rencontre de la sienne pour la serrer doucement, laissant leurs doigts se croiser délicatement, avant de se remettre en marche. Elle rougit comme une adolescente, son cœur se mettant à battre la chamade comme une pucelle effleurant son amoureux pour la première fois de sa vie. Elle voulait juste profiter de ce moment, son amante et elle, marchant dans les rues d'Erengrad, main dans la main. Et même si Lucrétia rechignait à pareille marque d'affection publique, Dokhara refusa de lâcher prise, n'hésitant pas une seconde à piétiner sa dignité en lui adressant un regard suppliant.

- S'il vous plait...

Oui, c'était un geste futile, d'une humaine idiote.
Mais après avoir vécu tant d'horreurs, vu tant de gens mourir... parfois, dans des instants qui ne s'expliquaient pas, c'était agréable et réconfortant, d'être une idiote.
Cet après-midi à Erengrad n'était pas juste une étape - c'était leur premier rendez-vous depuis Talabheim, dont la conclusion n'avait pas été des plus satisfaisante. C'était ce constat qui avait motivé cet étrange caprice.

Plus motivée que jamais à profiter de cet instant béni de calme dans la tempête, Dokhara fila à travers la foule, tenant toujours sa compagne dans la main, la guidant dans les rues tout en se glissant entre les passants quand elle ne les percutait pas de son nouvel enthousiasme débordant. S’arrêtant toutes les minutes, elle avait réussi à comprendre le mot kislevite pour "lutherie" et l'utilisa à répétition pour se faire guider par les habitants jusqu'à la ville haute, où ils purent enfin trouver le magasin qu'elle avait tant convoité. Le vendeur étant mélomane, il fut aisé de le convaincre de la laisser essayer son meilleur violon. Elle fit s'asseoir Lucrétia dans un fauteuil, n'écoutant pas la moindre de ses éventuelles protestations, puis commença à jouer.

Trop heureuse de retrouver son art, elle s'y abandonna totalement, perdant tout contrôle pour ne plus faire qu'un avec son instrument. Avoir été une cultiste slaaneshie comportait quelques avantages, et la facilité avec laquelle le dieu des plaisirs guidait sa main pour mêler musique et émotions, ses notes touchant directement le cœur des gens, était le plus beau d'entre eux, la drogue dure à laquelle Dokhara était totalement dépendante. Peur, désir, jalousie, colère, tristesse... elle avait joué et transmis bien des sentiments. Mais le lien qu'elle avait établi avec Lucrétia, cette dévotion teintée de folie, ce besoin enivrant de l'aimer et de recevoir son amour en retour, voilà quelque chose de totalement nouveau. Une émotion qu'elle n'aurait jamais pu découvrir au sein du culte, qu'il eut été trop vulgaire d'énoncer à haute voix, mais qui trouvait toute sa sublime dans les mouvements d'un archet sur les cordes d'un violon. Quiconque connaissant Dokhara pouvait être en droit de se demander comment créature si malsaine pouvait produire mélodie si douce et pure. Mais pour la jeune femme, utiliser les dons de Slaanesh pour témoigner d'un sentiment aussi doux que l'amour, n'était-ce pas le plus beau pied de nez qu'elle pouvait faire au Corrupteur ?

Lorsque Dokhara rouvrit les yeux à la fin de son morceau, le cœur apaisé, ce fut pour constater un bien curieux spectacle : un petit attroupement s'était formé dans la rue pour l'écouter, le vendeur la regardait à travers des yeux embués de larmes qui avaient déjà copieusement arrosé ses joues, et Lucrétia, figée, la fixait avec une fascination presque surprenante dans les prunelles smaragdines d'une immortelle qui avait pourtant déjà du observer bien des merveilles.

Elle retrouva le contact avec la main glaciale de sa consœur pour l'aider à se relever, la tirant délicatement vers elle avant de lui faire un baisemain taquin, comme si elle avait été un gentleman l'ayant invitée à venir danser. Puis elle se tourna vers le vendeur toujours en pleurs, à qui elle adressa un grand sourire sincère :

- Je le prends.

Il n'en fallut pas plus pour qu'il éclate davantage encore en sanglots, la suppliant entre deux effusions de quitter son magasin sans payer. De ce que comprit l'ex-baronne, il refusait qu'un ange descendu des cieux s'abaisse à dépenser de l'argent pour obtenir un objet qui lui revenait de droit - c'était d'ailleurs un trop grand honneur qu'elle lui faisait, à lui, que d'avoir élu son modeste magasin pour choisir l'instrument qui l'accompagnera au Kislev.

Éclatant de rire, elle le remercia avant de sortir du magasin, tirant à nouveau Lucrétia derrière elle alors qu'elle repartait dans les profondeurs de la basse-ville. Dokhara était prise d'une frénésie nouvelle, du désir de profiter au mieux de cette journée de répit avant que les inévitables catastrophes les accompagnant ne les rattrapent à nouveau. Néanmoins, alors qu'elle emmenait la lahmiane dans les quartiers les moins fréquentables de la basse ville, elle sentit que cette dernière ne partageait pas son enthousiasme débordant : n'allaient-elles pas salir leurs nouveaux vêtements dans pareils lieux ? Était-ce bien nécessaire que de l'emmener dans la fange alors que la haute ville leur souriait ? Mais Dokhara ne la laissa pas moucher sa bonne humeur :

- Allons Lucrétia, souriez ! J'apprends à devenir vous, regardez-moi ! Je ne souhaite plus qu'une chose aujourd'hui : croquer la vie à pleines dents !

Ponctuant son calembour d'un éclat de rire, elle suivit les directives d'un détrousseur à qui elle avait attrapé le poignet en pleine action quelques minutes plus tôt. Frappant douze fois sur la porte vermoulue qui se tenait devant elle, la jeune femme se faufila dans le bâtiment suspect à l'instant où l'on vint lui ouvrir. Elle négocia avec assurance les produits qu'elle était venue chercher, ravie de voir qu'Erengrad avait eu l'intelligence d'importer la meilleure drogue d'Altdorf - une ampoule du baiser de la Courtisane lui assurerait des nuits que Lucrétia ne serait pas prête d'oublier tant cela débridait totalement l'ex-slaaneshie, bien plus encore que ce qu'elle avait jusque là osé dévoiler.

Lorsqu'elle vit la mine mi-incrédule mi-dégoûtée de Lucrétia alors que devant elles la vieille vendeuse mimait une trique avec son bras, Dokhara lui adressa un discret coup de coude avant de lui susurrer d'une voix enjôleuse :

- Oh allons, ne faites pas votre mauvaise tête. Vous savez que sur ce sujet, vous pouvez vous fier à mon expertise... votre patience sera récompensée cette nuit, je vous le promets.

Ses élans enthousiastes furent interrompues par une patrouille de gardes de la cité, qui leur demandèrent d'obtempérer le temps d'une fouille corporelle. Il ne fallut pas plus d'une seconde à Dokhara pour se remettre de la surprise de leur irruption, et de se rappeler comment elle se sortait de telles situations dans le Reikerbahn District d'Altdorf. Tout sourire, elle laissa le garde la fouiller, avant de prendre une mine faussement surprise lorsqu'il se saisit des ampoules de Baiser de la Courtisane. Elle s'apprêta à dégainer un ducat d'or tout en charmant l'homme, mais Lucrétia fut plus rapide. A nouveau, elle utilisa son étrange don pour capter l'attention du kislevite armé, et manipuler son esprit de telle sorte qu'il ne vit plus aucune gêne à ce que les deux femmes continuent leur chemin avec leurs marchandises. Un talent que Dokhara avait grand hâte de maîtriser à son tour...

Lorsque toutes ces emplettes furent enfin terminées, la journée touchait déjà à son terme. Déjà le soleil commençait à se cacher derrière les plus grands clochers à bulbe de la cité, et il ne faudrait pas plus d'une heure avant que le crépuscule ne tombe. Souhaitant honorer la curiosité de Lucrétia, les deux femmes trouvèrent, à défaut de la foire, un marché aux bestiaux dans lequel un groupe de stryganis proposait à la vente plusieurs chevaux.

- Je parle leur langue désormais, et leur culture est gravée sur mon bras. Ils seront certainement plus en confiance si c'est moi qui leur pose des questions sur votre anneau et son histoire. Qu'en dites-vous ? Je peux aussi vous servir uniquement d'interprète, c'est vous qui voyez ma chère.



Donc, pour mon inventaire :
- Retirer l'épée.
- J'échange mes bottes en cuir qui sont pas à ma taille contre des bottes d'équitation de belle qualité
- J'échange ma ceinture contre un ceinturon large, agrémenté de gemmes rouges
- Une toque en poils de renard blanc
- Un manteau lourd doublé en fourrure de renard blanc
- Une veste carmin bien chaude, sur lequel est cousu discrètement au fil d'or la silhouette d'un oiseau
- Des gants
- Une fiole d'huile d'amande
- Deux potions de soins
- Décoction de plantes réduites en poudre qui "fait dormir longtemps"
- Venin de vipère cornue
- Quatre ampoules de Baiser de la Courtisane
- Quelques champignons aphrodisiaques
- Un nécessaire de tatouage - aiguilles creuses, encre et herbes anesthésiantes
- Provisions pour quatre jours
- Une bouteille de kvas
- Violon (de bonne qualité j'espère :D)

Bon courage pour l'edit de wiki :D
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Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


Awards \o/
Warfo Award 2018 du meilleur PJ - RP
Warfo Award 2019 du meilleur PJ - Élaboration
Dream Team 2018 et 2019 avec Lucretia Von Shwitzerhaüm
Miss Vieux Monde 2019 et 2020

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

Ainsi, alors même que la possibilité de récupérer de la route leur tendait les bras, les deux jeunes femmes, après s’être déchargées de leurs affaires, quittèrent l’auberge, plongeant une fois de plus dans les rues d’Erengrad. Bien qu’en début de soirée, la luminosité ambiante se répercutait encore assez fortement sur les pierres aux alentours pour incommoder légèrement la Lahmiane. En outre, si celle-ci n’avait point coutume de ressentir les pénibles effets de la fatigue, tel n’était pas le cas de sa consœur. Et si cette dernière avait lourdement insisté pour aller dès à présent faire les boutiques, il semblait bien à la Lahmiane que la jeune femme avait malgré tout le pas légèrement traînant et les épaules un peu affaissées. Au cœur de la foule, la frêle baronne de Soya se fit quelque peu ballotter, mais, alors qu’elles s’acheminaient lentement mais sûrement en direction du vieux port et que le flot de chalands devenait moins soutenu, cet état précaire ne dura pas.

Bientôt, le peuple d’Erengrad laissa place à de charmantes venelles pavées que délimitaient de hauts murs de pierre, protégeant par ailleurs la vampire du soleil, lui procurant un certain confort. Si tous les bâtiments se ressemblaient, la multitude d’enseignes qui se balançaient au-dessus de portes bariolées permettait de s’y retrouver. Luthier, couturier, forgeron, boutiquier, nombrier, alchimiste, tanneur, oribusier, tamelier ; les deux jeunes femmes n’eurent que l’embarras du choix alors qu’elles déambulaient de ruelle en ruelle, les yeux davantage perdus dans les airs plutôt que là où elles mettaient les pieds. D’abord admiratives et rêveuses, reprenant contact avec la société, les regards devinrent bientôt de plus en plus frénétiques à mesure qu’elles se hélaient ribon-ribaine, l’une annonçant à l’autre le commerce nouvellement trouvé. Mais il y en avait tellement qu’elles ne purent véritablement choisir, aussi se mirent-elles en tête de tous les essayer.

Dans une première boutique basse de plafond, elles découvrirent des trésors de vêture à n’en plus finir. Là, une robe au décolleté triangulaire profond, aux manches à crevés et au laçage du corsage en forme de V qui relevait un col d’hermine. Là-bas, des jupons de canevas empesés, recouverts d’un bas de jupe de soie écrue. Plus loin encore, plusieurs longues traînes aux allures changeantes, passant de la queue de paon à la blanche laine de mouton. Et c’était sans compter les brocards grenadins ou palmés, les vertugadins estaliens, les foulards chamarrés, les châles légers et transparents. Dans une seconde, une cordonnerie assez sombre qui sentait le cuir, elles croulèrent presque sous les galliques à semelle de bois, sous les heuses marines, sous les escarpins distingués, sous les bottes renforcées, sous les souliers à liripipe, ou encore sous les poulaines impériales. Pour les refermer, elles eurent le choix entre des lacets méandreux, des rubans colorés, de minuscules ceinturettes, ou des cordons filigranés d’or.

A chaque fois, les deux consœurs virevoltaient d’étale en étale, perturbant les autres clients parfois bien plus sages et réservés, leur soutirant la vêture des mains que pour mieux exhiber à l’autre sa dernière trouvaille. Peu leur en chalaient les regards courroucés des kislévites ; elles détalaient aussitôt, mais bien davantage attirées par un nouvel objet de convoitise plutôt que par simple peur. Les marchands ne savaient plus où donner de la tête, conseillant la première sur son teint de peau avant de se faire aussitôt réprimer par la seconde, qui pensait autrement. Lorsqu’ils mettaient les mains sur de sobres coupes, Lucretia se dégotait une robe outrageusement ouverte dans le dos. Lorsqu’ils cherchaient un veston d’un vert émeraude, de celui qui aurait si bien mis en valeur le regard de la Lahmiane, c’était Dokhara qui dénichait l’unique exemplaire restant, un grand sourire aux lèvres, tout en optant de le garder pour elle-même. Les deux jeunes femmes étaient en quête d’escarpins mondains, et le vendeur se pliait en quatre pour les contenter ? Elles décidaient au dernier moment que, l’hiver approchant, une paire de bottes ne serait finalement pas si mal.

Et quid de la bijouterie dans laquelle elles pénétrèrent ensuite ? Des saphirs ? Oui, ce serait parfait. Mais peut-être pas, tout bien pensé ; n’avaient-elles rien acheté en bleu qui pût aller avec ce type de pierre précieuse ? Ces perles noires étaient magnifiques ; pouvaient-elles les voir de plus proches ? Mais pourquoi diable leur présentait-il un collier uniquement fabriqué de ces dernières ? La visée première était celle de rehausser leur peau opaline d’une seule touche sombre, et non pas d’exposer un contraste de mauvais goût en leur dessinant un trait fuligineux sur la poitrine. Par ailleurs, pouvait-il retirer une à une toutes ces perles de cette chaîne en argent pour les glisser autour d’une autre, mais en or, cette fois ? Oh, et ces lapis-lazulis ? De toute beauté, effectivement. En voulaient-elles ? Mais non, pardi ! Les prenait-il pour des paysannes, à vouloir les parer de pierres semi-précieuses ?! Ce bracelet était trop large pour le poignet de Dokhara ; il fallait le rétrécir le plus vite, afin qu’elle pût l’essayer en toute liberté. Mais l’intéressée laissa tomber l’idée, vingt minutes plus tard, lorsque, à force d’attendre, Lucretia lui en montra un autre, sensiblement différent. Et que dire de tout cela, s’il fallait mentionner le fait que toute demande était exigée en un kislévarin approximatif, l’Immortelle s’opiniâtrant dans son apprentissage de cet idiome si singulier ? Là où elles affichaient toutes deux de grands sourires, les marchands, eux, manquaient de verser leurs premières larmes.

Mais il fallait se décider, faire des choix. Pour la dizaine d’afféteries et de vêtures qu’elles avaient repérées, elles ne pouvaient en prendre qu’une. Là encore, les deux amantes n’eurent de cesse que de changer d’avis encore et encore, mesurant le pour et le contre, déballant leurs dernières affaires récemment achetées pour les comparer avec celles qu’elles hésitaient à prendre.

« Красиво ! Это слишком плохо » répétait Lucretia, dont le regard ne cessait de faire des allers-retours entre de somptueuses boucles d’oreilles et une barrette qui ne l’était pas moins. Elle qui n’avait eu aucune vergogne à mépriser un cul-de-jatte se trouvait désormais désemparée à l’idée d’abandonner un bijou. Dans un petit soupir résigné, elle décida d’opter pour la barrette ouvragée.

Leur escale suivante - une lubie de Dokhara, et comment pouvait-il en être autrement ? se révéla être une boutique d’apothicaire. A l’intérieur, l’odeur de certaines plantes dérangea les sens de la Lahmiane, comme si ces végétaux tentaient coûte que coûte de l’obliger à s’enfuir. Mais c’était plus que des odeurs « physiques », à dire vrai. Même en se coupant les sens, elle parvenait à les ressentir. Mais elle fit usage de sa volonté, et parvint à outrepasser cette petite incommodité.

Si Lucretia pensa de prime abord que sa compagne désirait quelques baumes apaisants ou autres anti poisons, elle se trompait lourdement. La jeune femme, au contraire, préféra lui montrer un extrait d’huile d’amande, qu’elle brandit presque triomphalement. Ce à quoi, l’Immortelle, se tenant bien droite de l’autre côté de la boutique, mira fixement Dokhara, avant qu’un petit sourire vaniteux ne se dessinât sur ses lèvres en même temps qu’elle haussa un sourcil faussement interrogateur. Puis, se détournant, elle prêta une attention toute particulière à ces produits qui s’étalaient devant elle. Avec exubérance et ostentation, elle levait bien haut le bocal en question, plissait les yeux devant l’étiquette, comme si elle ne parvenait pas à comprendre l’intérêt de la chose, avant de le reposer sur son support de bois. A chaque produit, le sourire sarcastique et amusé de la Lahmiane gagnait en force et en vigueur. A chaque onguent, elle faisait rouler ses yeux avant de les lever au ciel. A chaque cataplasme, elle haussait une fois de plus ce même sourcil inquisiteur. Et cela tout en jetant de fugaces coups d’œil en direction de Dokhara, s’assurant qu’elle perçût bien la moindre miette de son petit spectacle.

Mais son amusement fut passager ; la baronne de Soya lui fit bientôt part, en sortant de la boutique, de son envie d’acheter du matériel pour continuer à pratiquer l’art du tatouage. Lucretia perdit instantanément son petit sourire, et ses traits n’affichèrent plus qu’une sombre expression où poignait une once de réprobation. Ce fut son tour que de déambuler d‘un pas traînant, suivant Dokhara. Fort heureusement, elle parvint à lui arracher que, non, cette quête insensée d’écriture corporelle n’était pas pour elle. Continuant de perlustrer les ruelles de la cité, elles parvinrent à trouver l’échoppe d’un vieux marin qui vendait justement ce type de matériel. Lucretia poursuivit son manège, quoique dans une tout autre attitude. Devant une aiguille, elle maugréait. Devant un encrier, elle soupirait bruyamment. Devant un motif, elle tapotait l’étagère du pied dans un mouvement d’ennui. L’Immortelle, qui avait pourtant toute l’existence devant elle et qui, chaque nuit, attendait des heures durant que se levât le jour, ne pouvait que manifester son impatience face à tant de futilités.

Enfin, après ce qui sembla être une éternité aux yeux de la Lahmiane, les deux jeunes femmes sortirent de la bâtisse, et quitter ces odeurs fit grand bien à Lucretia.. Alors qu’elle se glissait à la suite d’autres passants, celle-ci sentit que l’on recherchait la présence de sa main. Tiquant, elle se tourna dans la direction de sa consœur, lui coulant un regard aussi étonné qu’incrédule. Non, il n’y avait pas d’erreur ; le visage de la jeune femme trahissait cette volonté d’unir sa dextre à la senestre de la vampire, et ses yeux en paraissaient même implorants. L’intéressée, une fois de plus, perdit de sa superbe mais fausse mauvaise humeur pour observer à gauche et à droite, incertaine sur l’attitude à adopter. D’ordinaire, elle se fichait éperdument de ce qu’autrui pouvait penser d’elle. Qu’importait l’outrecuidance de vêture, qu’importait son comportement, qu’importait qu’elle froissât les âmes sensibles et la dignité de son entourage. Elle agissait comme bon lui semblait, selon ses propres foucades, suivant les directives de sa volonté. Mais là, étrangement, il s’agissait de quelque chose de plus intime encore, de plus délicat. Il n’était plus question que d’elle-même, pas plus qu’il n’était question d’une inconnue. Il s’agissait d’elle et de Dokhara, ensemble, toutes les deux. Et jeter ce secret honni à la face du monde l’embarrassait bigrement. Mais la jeune femme insista tant, en cette belle soirée environnée d’un calme bienvenu, que la Lahmiane ne put le lui refuser. Elles entrelacèrent leurs doigts, main dans la main.

La prochaine étape se déroula chez un luthier. Tout l’intérieur respirait le bois et l’enduit dont on avait recouvert les instruments, tant et si bien que Lucretia ne sut si elle appréciait ou détestait l’odeur. Dokhara désirait absolument un violon ; cela faisait bien trop longtemps, répétait-elle, qu’elle n’avait pas joué de musique, et, avec tout l’or qu’elles détenaient désormais, elles pouvaient bien s’accommoder d’un petit plaisir personnel. L’Immortelle n’y voyait pas d’inconvénient. Le vendeur accourut auprès de la baronne de Soya, et, la musique étant un langage universel, il fut très aisé à cette dernière de faire comprendre au second ce qui l’intéressait véritablement. Quelques instants plus tard, et elle obtint un violon entre les mains. La Lahmiane, de son côté, errait entre les rayonnages, observant ces instruments, faisant claquer les cordes qui produisaient dès lors un semblant de note ténue. Mais elle n’eut pas le choix ; elle fut contrainte de s’asseoir tandis que prenait place son amante.

Il suffit de quelques notes à cette dernière pour conquérir toute une assemblée. Elle élança son archet avec la passion que l’on pouvait attendre d’elle, et la musique sembla ruisseler d’elle-même. Tandis que l’écrin dansait entre ses mains, apposé avec amour sur le violon, la lancinante mais contagieuse complainte de l’instrument conquérait l’auditoire. L’on s’arrêta de marcher, dans la rue, tendant l’oreille en direction de cette douce mélopée. Les commerçants cessèrent eux aussi leurs activités, mettant halte au marchandage ou aux discussions, et tous tournèrent la tête vers Dokhara. Celle-ci, reconnaissait Lucretia, était tout simplement douée, et bien davantage encore. Elle ne jouait pas avec sa tête, non, mais elle jouait au contraire avec son cœur. La Lahmiane connaissait bien la différence pour l’avoir expérimenté à plus d’une reprise. Eu égard à sa surnaturelle condition, elle était capable d’enchaîner les accords et les arpèges sur un clavecin. Les gammes qu’elle produisait avaient pour elles une rigueur mécanique et technique qui n’était rendue fluide que par sa vélocité d’exécution. Dokhara ne pouvait faire de même. Elle n’en avait par ailleurs pas besoin. Elle écoutait au contraire son âme et sa conscience, jouant sur ce tempo languissant qui était le sien, ignorant délibérément le carcan des règles harmoniques pour composer un son unique et mémorable. Son corps ondulait au rythme de la musique qu’elle produisait, ne se souciant peu de l’allure qu’elle pouvait avoir. Elle était dans son monde, dans sa création, et ces accords intangibles, qui n’avaient finalement rien de concret dans la réalité, touchaient le conviviat en son plus for intérieur. Le silence s’était fait, si ce n’étaient les reniflements du luthier. Ce dernier fit comprendre à la jeune femme qu’elle pouvait ne rien dépenser pour l’obtenir, si tel était son souhait, et Dokhara repartit avec un violon gratuit. Sur le chemin du retour, Lucretia n’eut aucune peine à glisser une fois de plus sa main dans celle de son amante, dût-elle le faire au regard de tous. Elle en retira même une certaine fierté, se rengorgeant imperceptiblement alors que tout le monde s’écartait sur le chemin de la baronne de Soya.

Toutefois, la direction que prit alors la jeune femme réfréna quelque peu les ardeurs de Lucretia. A mesures qu’elles avançaient, les ruelles ne cessaient de devenir de plus en plus sombres, de plus en plus étroites, jusqu’à ce que ne régnassent plus que l’humidité et l’odeur sordide des ordures. Les visages se renfonçaient dans les capuches, les regards se faisaient plus méfiants, et l’on sentait l’ambiance électrique qui pouvait s’embraser d’un instant à l’autre.

« Je ne suis pas certaine qu’il s’agisse là d’un bon choix » avança la Lahmiane.

Non pas qu’elle craignît pour sa personne, non, mais plutôt pour l’intégrité de sa consœur et celle des vêtures qu’elles venaient d’acheter. Il n’était pas question de voir se déchirer ces nouveaux tissus chèrement obtenus, ou d’éclabousser d’un sang rouge sombre ces bottes nouvellement acquises. Et moins encore de voir Dokhara poignardée de coups de couteau parce qu’elles s’étaient encore plongées dans les ennuis. Ça ne manquait jamais. Au regard de ce que les deux jeunes femmes avaient déjà connu, elles s’étaient toujours attiré des problèmes en se glissant dans les bas-quartiers des villes qu’elles visitaient.

« Vous savez bien comment cela risque de se terminer », la mit en garde Lucretia. Mais sa compagne ne voulait rien savoir ; cette dernière désirait apprendre à être comme l’Immortelle qui la protégeait sitôt qu’accouraient les problèmes. L’intéressée leva les yeux au ciel, réprimant tout juste un « très précisément, vous êtes loin d’être comme je suis », phrase qui comportait tous les ingrédients nécessaires à la mauvaise compréhension d’un message pourtant véridique. Dokhara était bien trop joyeuse ; il eût été dommage de doucher si rapidement cet enthousiasme enfantin. Cela justifiait-il pour autant le fait de la mener au-devant du danger ? Lucretia soupira discrètement, secouant la tête pour elle-même.

Il ne leur fallut pas longtemps pour soutirer des informations à l’un de ces voyous qui avait tenté sa chance auprès d’elles. A peine avait-il esquissé le moindre mouvement en direction de Dokhara, la croisant l’air de rien, que celle-ci lui avait harpé le bras. La ferme poigne de Lucretia lui avait par la suite passé l’idée de se défendre ou de tenter la moindre stupidité de cet acabit, et le gus répondit à toutes leurs questions.

Après avoir suivi ses directives, parcourant les venelles étroites des quartiers miséreux, pataugeant dans la fange jusqu’à parvenir à une veille porte au bois vermoulu, elles toquèrent douze fois au battant. De l’autre côté, après s’être abaissées pour franchir le linteau, une vieille femme les accueillit à la chiche lueur de sa chandelle. L’endroit puait la contrebande et le commerce interlope, et pour cause, Dokhara put y dénicher bien des drogues interdites. Poisons, aphrodisiaques, hallucinogènes et autres produits à l’usage douteux ; il semblait y avoir de tout, et la baronne de Soya trouva son affaire en échange de plusieurs couronnes d’or. Si Lucretia n’était pas au fait des effets de chacune de ces mixtures, elle put avoir une démonstration assez particulière lorsque quatre petites ampoules s’échangèrent de mains. La vieille femme agrippa soudainement la virilité du garde du corps qui l’accompagnait, la secouant vivement avant de mimer une érection somme toute assez impressionnante. A la vue de pareil spectacle, Lucretia, laquelle avait une imagination débordante, ne put retenir une moue dans laquelle se lisaient aussi bien l’incrédulité que le dégoût, mais également l’intérêt. Elle jeta un coup d’œil à Dokhara ; cette démonstration des plus inopinées l’avait totalement conquise, et elle put profiter de l’occasion pour se débarrasser de cette épée qu’elle avait en trop.

Désormais bien davantage équipées qu’elles ne l’avaient jamais été, les deux consœurs quittèrent ce simulacre de boutique pour regagner la rue. Bien entendu, si patrouilles de gardes il y avait, celles-ci ne se manifestèrent qu’au moment même où leurs poches et leurs sacs regorgeaient de produits illicites. Point avant, jamais au début de leur vagabondage. A peine survinrent-ils dans son champ de vision que Lucretia les prit en grippe. Ils avaient l’allure crapuleuse de la basse plèbe, comme il y en avait déjà tant dans ces quartiers oubliés. Assurément, ils avaient coutume que de frayer avec le vulgum pecus jusqu’à en adopter le langage et l’attitude. Une poignée de secondes et quelques gestes déplacés plus tard, et ils avaient mis les mains sur les ampoules de Baiser de la Courtisane que possédaient Dokhara. Une fois de plus, et les choses risquaient de mal tourner, à en croire les rictus égrillards qui se dessinèrent sur des faciès intéressés. Lucretia jeta un regard lourd de sous-entendus à sa consœur, avant de rediriger ce premier sur le commandant de cette petite escouade. L’intensité du vert émeraude de l’iris de la Lahmiane suffit à balayer la volonté de sa proie. Celle-ci conclut de manière fort peu cavalière, d’après ce que comprit Lucretia, que, face à de « si magnifiques jeunes femmes à l’immarcescible joliesse », il ferait pour une fois une exception.

Le soleil était déjà bien bas vers l’ouest lorsqu’elles regagnèrent les meilleurs quartiers d’Erengrad. Mais, dans la continuité des emplettes qu’avait proposées Dokhara, Lucretia avait la volonté de poursuivre sur un dernier point qui lui tenait à cœur. L’odeur fumée du crottin qu’elle perçut non loin de là lui remembra l’existence de cette foire aux bestiaux qui avait lieu céans même. Elles repérèrent toutes deux un attroupement de stryganis surveillant deux enclos. Le premier n’abritait du bétail que de moindre importance. Mais le second, en revanche, mettait en valeur de formidables montures racées. Lucretia suivit de l’index, à travers le tissu de sa vêture, le contour de la bague en argent qui y était dissimulée. Dokhara comprit tout de suite où voulait en venir sa compagne, et se proposa pour aller quérir les informations qu’elle désirait.

« C’est peut-être plus sage, effectivement, que ce soit vous qui y allez. Je gage qu’ils seront agréablement étonnés et surpris de constater qu’une étrangère parle leur lange et arbore leurs signes distinctifs, répondit Lucretia en hochant du chef. Pour faire simple, je voudrais savoir ce qu’ils savent à propos de cette histoire que Chavo vous a contée. Connaître l’identité de ce seigneur qui, jadis, tua le dragon Ylulu, et pourquoi ne pas poursuivre, si vous le pouvez, jusqu’à ses descendants, ou jusqu’à son clan. Je pense que ce sera là déjà une bonne piste. Inutile, pour le moment, qu’ils entendent parler d’Yldra la Tueuse de Dragons. Cela n’attirerait que de la méfiance, voire de la crainte, chez les plus anciens de ce peuple. »
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 01 avr. 2019, 10:49, modifié 2 fois.
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FOR 16 / END 14 / HAB 17 / CHAR 18 / INT 17 / INI 19* / ATT 17 / PAR 13 / TIR 11 / MAG 17 / NA 4 / PV 134/140
Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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Dokhara de Soya
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Dokhara de Soya »

Après avoir écouté les consignes de son amante, Dokhara retira son nouveau manteau de fourrure qu'elle plia pour le faire tenir sur son avant-bras tendu, puis retroussa les manches de son veston carmin pour laisser apparent son tatouage strygani.
Son apparence en accord avec son objectif, elle adressa à Lucrétia un sourire confiant avant de s'avancer vers le trio de stryganis. Elle préféra une approche indirecte - plutôt que d'aller directement parler aux gitans et risquer de ne pas choisir le bon interlocuteur, elle se dirigea vers les enclos des chevaux, et prit le temps d'admirer leur beauté. Toujours souriante, elle tendit lentement la main vers le plus proche afin de la poser sur son chanfrein avec douceur. Une façon de montrer son intérêt pour leurs montures, mais surtout de révéler de façon très visible ses tatouages.
Lorsque finalement l'un des gitans vint lui demander en quoi ils pouvaient l'aider, Dokhara se montra affable.

- Vos montures sont absolument magnifiques, s'exclama t-elle dans leur langue. Votre peuple a toujours eu un don avec les chevaux.

Elle laissa à son interlocuteur une poignée de secondes pour qu'il se remette de la surprise de voir une étrangère parler strygani, puis qu'il assimile la flatterie faite.

- Pardonnez ma franchise, mais vous me dévisagez étrangement, et cela me met un peu mal à l'aise... est-ce parce que je m'exprime dans votre langue et porte votre histoire sur ma peau ? Si c'est le cas, est-ce si surprenant qu'une impériale s'intéresse à votre culture ? Elle est pourtant passionnante... par exemple, je trouve fascinant comment votre alphabet-même se mêle à votre histoire !

Dans la minute qui suivit, Dokhara suivit les contours de son tatouage, récitant les leçons qu'elle avait apprises d'Yrié, étalant ses connaissances comme une hystérique passionnée. Puis elle s'interrompit soudainement, avant que son visage ne prenne des couleurs rosées tandis qu'elle affichait un air gêné.

- Désolée, bégaya t-elle, ce n'est pas comme si vous ne connaissiez pas votre propre histoire, je me suis totalement laissée emporter, je ne voulais pas... Rah, je suis incorrigible !

Elle regarda ses pieds pour simuler son malaise, puis un sourire malicieux apparut au coin de ses lèvres avant qu'elle ne relève la tête, croisant les regard des gitans.

- Et pourtant... je ne peux pas m'empêcher de profiter de l'occasion. Il y a une de vos légendes qui me passionne, mais je n'ai jamais pu trouver plus que des bribes à son sujet, des versions contradictoires selon mes interlocuteurs. Je suis désolée d'abuser de votre patience, mais pourriez-vous me faire plaisir, et me conter l'histoire du dragon Ylulu et du clan l'a vaincu ? Cela illuminerait ma journée. S'il vous plait.

La jeune femme ponctua sa demande par un sourire rayonnant d'innocence.

Bien évidemment, chaque regard, chaque mot, chaque intonation, et chaque expression faciale, tout était parfaitement calculé pour arriver à ses fins. Les vieilles habitudes d'aristocrate avaient la vie dure...
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 01 avr. 2019, 10:49, modifié 1 fois.
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Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

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- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par [MJ] Le Grand Duc »

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Les deux hommes s'étaient approchés de Dokhara tandis que la jeune femme qui était avec eux continuait de négocier avec le valet, quelques pas plus loin. Quelle ne furent pas leur surprise quand ils s'aperçurent que la baronne de Soya parlait leur langue ! Leurs regards se firent incrédules, et ils ne pensèrent même pas à l'interrompre. Le visage de l'un d'eux se refermait peu à peu cependant, esquissant un air suspicieux, tandis que les œillades de l'autre parcouraient le tatouage de Dokhara à mesure que cette dernière parlait. C'est lui qui prit la parole pour répondre à l'altdorfer dans la langue des khilis.

- "Ylulu n'était pas un dragon." dit-il en se touchant le front avec son index et son majeur en prononçant le nom. Son compagnon fit de même, visiblement superstitieux. "C'était un esprit malfaisant, le fantôme de la Grande Forêt que les vôtres appellent la Drakwald. L'âme d'une méchante sorcière, dévorée par la rancoeur et la haine. Ylulu a été vaincu par notre Roi, il y a bien longtemps. Ce fut une grande bataille, et une grande victoire pour les khilis. Sekhem..."

Il fut interrompu par le deuxième homme, qui lui posa une main ferme sur l'épaule en fixant Dokhara.

- "Tu n'es pas une strygani. Qui t'as appris notre langue, qui t'as tatoué, et comment connais-tu le nom d'Ylulu ?" lui demanda-t-il, les yeux plissés.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par Dokhara de Soya »

Dokhara ne se laissa pas démonter par la méfiance du second strygani. Elle le pointa du doigt et fronça les sourcils, avant de lui répondre dans sa langue :

- "S'il vous plait", cela vous écorcherait ? Nous n'avons pas éduqué les chevaux ensemble que je sache, et la politesse envers les dames n'est pas un concept étranger aux stryganis.

Puis, abandonnant immédiatement son expression revêche, Dokhara reprit des traits bien plus doux tandis qu'elle détournait son regard vers le premier strygani, plus coopératif, à qui elle offrit un grand sourire.

- Je comprends mieux ma méprise grâce à vous, merci beaucoup. Les vôtres m'ont conté une partie de l'histoire d'Ylulu et de votre roi Sekhemkhet, Haut-Prêtre de Strygos et fils d'Ushoran, alors que nous nous tenions devant un gigantesque squelette de dragon - et j'ai cru que ce dernier et la sorcière maléfique ne faisaient qu'un.

Dokhara épousseta sa veste carmin, davantage par effet de style que par réelle nécessité.

- Je suis une historienne, et je m'intéresse à toutes les cultures du Vieux Monde. Je me dirige actuellement vers la capitale pour en apprendre plus sur la chronologie ungol et gospodar, mais par le passé j'ai eu la chance de pouvoir partager de longs moments en compagnie d'Yrié du clan des khilis, et c'est elle qui m'a enseigné votre langue, et votre art. Ne reconnaissez-vous donc pas sa technique unique ?

Ce disant, la jeune femme fit un bref mouvement du menton vers son bras tatoué.

- Elle était réticente dans un premier temps à partager vos connaissances, mais je l'ai convaincue de ma bonne foi, et de la nécessité pour les vôtres de ne pas laisser votre culture péricliter. Vous possédez un passé glorieux que le temps a malheureusement étiolé - et je refuse qu'il ne disparaisse des mémoires. Aussi, afin de prouver ma bonne foi et mon désir de perpétuer vos us et coutumes, j'ai choisi non pas de consigner une partie de votre histoire dans un livre, mais de laisser Yrié le faire sur ma propre peau.

Elle planta son regard sur le second strygani à nouveau, les yeux dans les yeux comme pour le mettre au défi d'oser à nouveau prononcer une quelconque parole de méfiance à son égard - oserait-il critiquer la décision d'une ancienne historienne khili qui fit confiance à l'humaine qui se tenait devant eux ?

- J'aurais une dernière question... Ylulu et le dragon sont donc bien deux entités différentes, mais votre clan connait pourtant le lieu nommé გველი სიკვდილი, "la Mort du Serpent", puisque c'est à cet endroit que votre Roi a vaincu la sorcière. Vous n'êtes donc pas totalement étrangers à cette ancienne créature... et j'ai trouvé d'anciennes ruines non loin du squelette de dragon, faisant mention d'une dénommée Yldra Tueuse de Dragons. Cette histoire vous évoque t-elle quelque chose ?

Dans sa voix, Dokhara mettait toute l'innocence passionnée que son rôle lui demandait d'avoir : elle était une jeune historienne qui dédiait sa vie à la découverte d'un passé oublié, et en ce sens les vieilles légendes de sorcières maléfiques et de dragons l'émerveillaient comme une enfant.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 06 avr. 2019, 17:13, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total : 24 xps
Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
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- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Kislev mordant

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Les yeux des deux hommes suivaient les circonvolutions du tatouage qui recouvrait le bras de Dokhara, un air mêlant méfiance et intérêt sur le visage. Aussi interloqués puissent-ils être par la présence d'une impériale parlant leur langue et connaissant leurs coutumes, ils se laissèrent peu à peu amadouer, notamment à la mention d'Yrié, figure probablement connue par l'entière communauté des stryganis. Si l'ancienne avait accordé sa confiance à une étrangère, c'est que cette dernière la méritait.

- "Je ne connais pas ce nom" répondit le premier homme à l'évocation de la Tueuse de Dragons, "mais j'ai déjà vu la Mort du Serpent, oui, quand j'ai passé la saison chez mon cousin Bubba. C'était un grand monstre, d'une autre époque. Je sais juste que c'est là que notre Roi vainquit Ylulu."

Le soleil commençait à tomber sur la ville portuaire, et le froid de la nuit kislévite se faisant sentir plus avant.

- "Si vous êtes une amie d'Yrié, alors vous êtes la bienvenue parmi nous." continua le jeune homme en rajustant son manteau de gilet de fourrure sale. "Sortez par la porte Nord et prenez le sentier qui descend après le krug ungol. Les familles sont installées là, au bord du ruisseau. Vous demanderez Giorgi, c'est moi, et partagerez le repas avec nous." Il sourit, dévoilant plusieurs dents gâtées. "Nos anciens sauront certainement répondre à vos questions. Et puis Yrié et ceux du Sud devraient bientôt arriver, peut-être que vous pourrez les revoir !"
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