Leur projet aurait peut-être pu aboutir, ou peut-être à l’inverse les auraient-ils menés à leur perte. Toutefois, nul ne le saurait jamais, car l’avenir allait en décider autrement.
A peine avaient-ils avancé de quelques centaines de mètres que l’averti chasseur, tous sens en éveil, remarqua du mouvement sur les crêtes environnantes. Apparemment, le groupe des maraudeurs s’était dispersé une fois arrivés hors de vue. En tout cas, ce qui était sûr, c’était qu’il y avait des hommes qui se déployaient sur les deux crêtes de la vallée où se trouvait la grotte, et remontaient vers le Nord. D’autres prenaient position en face, sur les collines au Sud Est et au Sud-Ouest. Les maraudeurs semblaient déployer d’importants efforts pour rester discrets et ne pas attirer l’attention, mais ils n’étaient pas spécialistes des approches furtives, préférant en général charger en hurlant et déployer toute leur brutalité dans un combat frontal. Peu rompus aux règles du camouflage ou même de l’évolution discrète en milieu montagneux, ils furent très vite repérés par le chasseur, qui avait déjà dû débusquer nombre de proies autrement mieux cachées. Ici, par un curieux retournement de situation, les chasseurs étaient devenus les proies, et les maraudeurs avaient lancé leur battue.Test d’HAB+INT/2 de Piotr : 1. Réussite critique.
D’après les estimations du fils d’Andreï, chaque groupe devait compter trois ou quatre individus tout au plus. L’un des groupes, un quatuor, se dirigeait sans le savoir droit sur le binôme Piotr-Ivan. Il serait sur eux dans approximativement une petite dizaine de minutes, mais les verrait bien avant, sans doute dans deux ou trois minutes tout au plus s'ils restaient sur leur position sans bouger, et alors l’alerte serait donnée.
Non, s’ils voulaient se cacher, les deux sujets de la Reine de Glace devraient faire vite, très vite. D’autant qu’un cheval serait très difficile à dérober à la vue des maraudeurs à leur recherche. Mais d’un autre côté, ils tenaient peut-être là une occasion unique de parvenir à isoler et capturer un de leurs ennemis… Mais ce serait difficile, à coup sûr. Il leur faudrait à tout prix éviter de donner l'alarme aux autres, car dans l'état où ils se trouvaient, même contre quatre adversaires, ils ne ferraient probablement pas le poids.
Que fallait-il faire ? Agir vite et bien, prendre les bonnes décisions avant qu'il ne soit trop tard et que le piège ne se referme sur eux. Ils avaient par chance étés assez attentifs pour repérer à temps la manœuvre des chaotiques, maintenant, il faudrait leur échapper.
La nature rocailleuse et très austère des lieux ne laissaient aucune végétation susceptible de cacher deux hommes, et encore moins un cheval, fût-il couché. En revanche, le flanc de la colline sur laquelle ils se trouvaient, comme toutes les collines environnantes, regorgeait de cavités creusées par les eaux et de gros blocs de rochers qui formaient des abris, comme s'il y avait des trous et des créneaux derrière lesquels l'ont pouvait espérer trouver refuge. Mais ces caches seraient-elles assez efficaces pour les dissimuler à la vue de ceux qui les traquaient ? Evidemment, le cheval n'arrangeait rien, il resterait dur à dissimuler. Piotr Andreïevitch, élevé par des nomades ungols pour qui les chevaux étaient si importants pourrait-il l'abandonner sachant que cela augmenterait probablement leurs chances de survie ? Y avait-il une autre solution ?