[Jekaterina & Joleen] Frontière et désolation

Kislev, pays de sombres forêts de conifères, d'étendues neigeuses et de steppes balayées par les vents, se trouve l'est de l'Empire. Pendant des siècles, il a été un rempart face aux incursions dévastatrices du Chaos venues du nord. Kislev est un allié fidèle et puissant de l'Empire, toujours prêt à envoyer ses troupes à son secours

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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Jekaterina & Ulfrik] Frontière et désolation

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Post à lire avec cette musique ===>
Navré pour le lien Youtube, je n'ai rien de mieux !
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Contrastant avec le reste du village et même sa propre façade, l'intérieur du Troll qui Rote était chaleureux et plein de vie. L'auberge était en fait composée de plusieurs pièces connectées par les unes aux autres par de simples ouvertures dans les murs. Dans la pièce principale ronflait le feu vif et fournit d'un âtre dans lequel tournait un cochon de lait couvert de graisse dégoulinante et grésillante. L'odeur de viande grillée et de fumée emplissait la taverne en même temps que les commandes qui fusaient et les discussions animée. Ces dernières se turent d'ailleurs quand Jektarina et Ulfrik firent leur entrée dans la salle commune. Les clients attablés ça et là les observèrent sans un mot dans un examen que les voyageurs devinèrent obligatoire à tout étranger. Enfin, les visages se détournèrent et le brouhaha des conversations reprit. La plupart des buveurs portaient des tenues pratiques, des chemises en lin écru et des cols et vestes en cuir bordés de fourrure ainsi que, invariablement, une dague plus ou moins dissimulée à la ceinture. Des serveuses en robes délavées passaient de table en table pour amener des plats de victuailles et des godets en terre cuite alors qu'elles emportaient les cendriers en corne remplis par les pipes et les cigarettes des gens attablés pour les vider dans le foyer et les reposer sur au milieu des assiettes et des bouteilles vides. Non loin de l'énorme cheminée, celui qui devait être le propriétaire de l'établissement servait également des cornes à boire pleines d'hydromel tout en gardant un oeil sur les différents clients. Nos deux voyageurs relevèrent le fait que tous ici semblaient être d'origine gaspodar ou norse, mais qu'aucun Ungol n'était attablé dans la salle commune ou les salles adjacentes. Dans un coin de la pièce, un soldat en uniforme bleu-gris laisser glisser ses doigts sur une grande viole kislévite, faisant couler une musique douce et mélancolique dans l'auberge.

Finalement, Ulfrik alla au comptoir et commanda une bière. L'aubergiste le regarda et inclina la tête alors qu'un buveur à côté de lui l'observait en coin. Tout en remplissant une chope en étain au robinet d'un tonnelet, le gros homme en tablier et à la barbe tressée toussota et s'adressa au mercenaire sans emploi.


- "Nouveaux en ville ?" demanda-t-il en kislévite de sa voix de baryton. Il en va sans dire que de la réponse de Ulfrik dépendait le sujet des rumeurs qui allaient courir dans le village pour les prochains jours, comme il était de mise dans les communautés de petite taille et ce depuis la nuit des temps.

Jekaterina, elle, s'avança entre les tables à la recherche de Youri Yorloff en sentant derrière le regard des clients qui la suivaient du regard. Elle trouva finalement le gros marchand attablé dans une des pièces adjacentes à la salle commune. Dans cette alcôve plus calme, seulement trois tables tables étaient dressées. A l'une d'elle, un homme à la barbe et aux cheveux longs et blonds et portant un manteau brun était penché sur une carte, un verre à la main. A la seconde, Youri était attablé et parcourait des yeux un petit panneau en bois où devaient être inscrit le menu et les prix d'offrait l'établissement. La troisième table était libre et une autre carte des prix reposait dessus. De la pièce commune venait l'odeur de fumée et de cuisine, les conversations et les rires des clients et la musique du soldat.
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Désolé pour la qualité du post, je suis malade et c'est assez dur d'écrire ... !
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Ulfrik Reinholt
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Re: [Jekaterina & Ulfrik] Frontière et désolation

Message par Ulfrik Reinholt »

  • Avant même de percevoir la chaleur du feu qui ronronnait dans l’auberge, Ulfrik sentit l’odeur de viande. Lorsque la noble et le mercenaire firent leur apparition dans la salle principale, les clients se turent pour observer les nouveaux arrivants.

    Une fois que l’analyse fut finie, le brouhaha des conversations reprit tandis que les buveurs et les voyagèrent transis s’en retournaient à leurs pensées et à leurs discussions. Le regard du jeune mercenaire fut attiré par une table de dix buveurs où l’ambiance était à l’amusement. Ulfrik fut obnubilé par la nourriture. Il y avait des pommes de terres rôties, dorées à points et luisantes de graisse d’oie, un bol de navets émincés, un saladier empli d’un mélange parfumé de saucisse fraîche et de chou, une soupière manquant de déborder d’un brouet sombre et fumant, et une longue miche de pain cramoisie. A cela s’ajoutaient deux faisans à la broche et, sur un guéridon d’argent, une oie ventrue crépitait encore de beurre fondu au milieu d’un lit de lard bordé d’un ragoût odorant, la peau aussi croustillante qu’une feuille d’automne.

    Au centre de la table, entouré des bols de légumes et des volailles comme un roi de sa cour, un plat de porcelaine était dissimulé par une cloche en argent. Il mesurait plus de deux pieds de long et promettait d’autres délices. De dessous la cloche s’exhalait une riche odeur de viande d’élan rôtie, qui peu à peu éclipsa celle des autres mets et emplit Reinholt d’une faim féroce et merveilleuse. Ce dernier aurait donné beaucoup d’argents pour se retrouver attablé avec ces clients.

    Mais Ulfrik s’approcha du bar qui se trouvait à côté de la cheminée, laissant cette merveilleuse table derrière lui.

    Une bière, s’il vous plaît !

    L’aubergiste, un kislévite grassouillet, se dirigea vers les robinets, son visage rubicond de joie, d’hydromel et de maintes années de bonne chère. Il remplit avec enthousiasme une chope de bière, souriant en observant la salle.

    - "Nouveaux en ville ?"

    Ulfrik attrapa la chope que lui tendait le tenancier et la vida d’un seul coup, avant de faire un rot sonore, pour finalement répondre à la question qui lui était posée :

    ImageUlfrik Reinholt :On vient tout juste d’arriver, en effet ! Je suis le garde du corps d’une noble descendante des Andreska ! Mais veux-tu me servir une corne d’hydromel et me préparer un faisan ?
    Ulfrik avait un peu anticipé sur son futur emploi, mais cela fera un très bel effet auprès de l’aubergiste, qui allait sans aucun doute répandre la rumeur autour de lui. Une fois que la commande fut prise, le jeune mercenaire tourna le dos au tenancier et chercha un endroit isolé et proche de la cheminée, où il pourrait manger et se reposer tranquillement.

    Se frayant un chemin parmi la foule des clients, des serveuses et des videurs de l'auberge, Ulfrik se trouva une table inoccupée proche de l’âtre où était en train de rôtir un cochon bien grassouillet. Il posa son bouclier contre le mur et s’affala sur le banc, dos au mur. Il fit craquer son cou engourdi de gauche à droite et attendit qu’une serveuse lui apporte son repas…
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 21 janv. 2012, 18:53, modifié 1 fois.
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Ulfrik Reinholt, Duelliste
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Jekaterina Andreska
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Re: [Jekaterina & Ulfrik] Frontière et désolation

Message par Jekaterina Andreska »

Cristallisation des rêves et des espoirs de ceux que Kislev glace, l'auberge ne payant pas de mine offrait tout de même un refuge plus qu'agréable. On pouvait ici s'envelopper dans la chaleur du foyer à la manière d'une couverture, la laisser chasser le froid qui s'attardait insolemment sur soi jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'un mauvais souvenir murmurant de dépit. Je m'imaginais Ivan avec un sourire intérieur, ne le trouvant pas attablé, emportant avec lui le barda que je lui avais confié. Laissant Ulfrik s'installer de son côté, j'avisais le marchand qui s'était plutôt écarté de la pièce principale pour loucher avec intérêt sur le menu. Autant le laisser tranquille pour le moment, mais il était évident que je n'en avais pas fini avec lui.
Tout en m'approchant de lui, je passais à proximité d'un homme qui attira mon attention. Vêtu du brun des voyageurs, présentant un côté aventurier en consultant une carte qui semblait le laisser pensif et pourtant assez aisé pour s'offrir du vin plutôt que la bière de l'auberge, il tranchait étrangement à mes yeux avec le reste de la clientèle. Je jetais discrètement quoique sans vergogne un oeil à l'ouvrage attirant son attention, avant de le dépasser pour me pencher devant Youri en appuyant les mains sur la table qu'il occupait.


- Si vous voulez pouvoir remettre un jour les pieds dans le Nord, monsieur Yorloff, je ne saurai trop vous conseiller de vous tenir aimablement à disposition pour les jours à venir. N'oubliez pas que vous avez une dette envers moi, lançai-je presque amicalement.

Evidemment, dans cette amitié-là, il n'y avait que de l'apparence. Pas même assez pour donner seulement l'illusion de la sincérité.
Sans guère lui laisser le temps de répondre, refoulant soigneusement l'envie de repos qui me tenaillait, je regagnais le hall où le mercenaire s'offrait une bière en bavardant avec le tenancier. Mais au lieu d'aller le voir, c'est vers le musicien que je me dirigeais. Il égrenait ses notes avec la raideur et le professionnalisme d'un homme de troupe. Je vins m'asseoir à ses côtés, laissant assez d'écart entre nous pour qu'une autre personne eût pu s'installer et ceci afin de ne pas le gêner. Neutre, je m'absorbais dans sa musique sans rien laisser transparaître de ce que j'éprouvais.
J'avais assez de recul sur moi-même pour ne pas succomber à tout ce que cette mélodie pourtant simple suggérait. Oui, ce qu'elle suggérait ; une vie paisible à l'abri d'un futur embrouillé, loin de la gloire mordante et de l'honneur qui ne se gagnait que sur l'autel de la violence. J'avais été élevée dans un pays, dans une famille, où la brutalité était un maître-mot. Et ce que jouait cet homme de ses doigts encore habiles était le regret de ceci. En tant que soldat, il n'ignorait pas à quel point Kislev était intrinsèquement rude. Profondément sauvage, même dans sa prétendue civilisation.

Je l'approuvais en silence, laissant son instrument exprimer ce que les mots peinaient à décrire.

Lorsque la dernière vibration finit par mourir, je le dévisageais franchement, un rien reconnaissante dans le regard.


- Un jour, on m'a dit que les musiciens étaient les véritables rois de ce monde,
énonçai-je. Qu'ils savaient mieux gouverner le coeur de leurs pairs que n'importe quel souverain, de quelque pays qu'il fut. Que ce qu'un suzerain pouvait arracher par son autorité, sa poigne et sa volonté, un homme tel que vous pouvait l'emporter en se le faisant librement donner.

Suite à ces mots, je lui adressais un salut de la tête engageant, avant de me lever et de gagner le comptoir. Je flanquai Ulfrik, lui décernant un demi-sourire engageant, puis reportant mon attention sur celui qui tenait l'établissement.

- Une coupelle de vin pour moi, fis-je mi-figue mi-raisin d'un ton poli. Si possible, le même que cet homme là-bas.

Je désignais le client occupé à compulser sa carte.


- Monsieur Yorloff se charge de cette commande...

J'avais grincé des dents en disant ceci, indiquant cette fois le commerçant. Je pris le verre en le levant légèrement en signe de santé, retournant à pas lent m'asseoir en face du singulier aventurier. Là, je le dévisageais tout en buvant, étudiant ses atours, ses épaules, ses mains. Autant l'on pouvait reconnaître un marin à ses paumes, autant on pouvait également discerner un guerrier à sa carrure. Ce n'était pas toujours évident, ni vrai de façon universelle ; mais rien n'empêchait de se faire une idée...

- Vous ne ressemblez pas à un marchand, commentai-je. Vous n'êtes pas d'ici, mais qui est de Leblya ? Je ne pense pas que vous soyez véritablement un homme de l'Oblast du Nord, bien que je puisse me tromper. Pourtant, sans être installé ici ni vivant du commerce, vous faites preuve d'assez de raffinement et notamment de ressources pour vous offrir cette boisson plutôt que la bière des parages... ris-je doucement en tapotant de l'index ma propre coupelle. Mais si c'était un rire amusé, il n'avait guère rien de chaleureux. Alors, repris-je avec sérieux, se peut-il que vous apparteniez à la noblesse ?

Tout en prononçant ces mots, je dardais sur lui des yeux perçants, examinateurs.


- Je me nomme Jekaterina. Puis-je m'enquérir de votre nom ?

J'attendais sa réponse, attentive voire scrutatrice. J'avais posé assez d'interrogations, par ces paroles, pour appeler à moi nombre de réponses. Il n'était pas dit qu'il m'en apportât ne serait-ce qu'une seule, mais ainsi j'allais en apprendre beaucoup de lui ; que ce soit par ses remarques... ou par ses silences.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 26 janv. 2012, 19:04, modifié 1 fois.
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    • "Elle ne répondra pas, occupée à regarder vers les désolations et à ruminer sa haine du Chaos. Laissez-moi vous parler de cette fille du Nord, de cette noble qui a soulevé l’écu terni de sa famille pour le peindre de neuf, à grandes giclées de gloire et de courage."
    Jekaterina Andreska, Noble (voie du pouvoir)
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    • "Et tous leurs chants sont tristes ; et toutes leurs guerres sont joyeuses."
      • Témoignage d'un Tiléen au sujet de Kislev
"J'ai attendu en vain, qu'on vienne briser les chaînes de mon devoir. Elles sont mon armure et ma servitude."

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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Jekaterina & Ulfrik] Frontière et désolation

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Youri Yorloff était face à un choix difficile. D'un coté, il était affamé et grandement alléché par le cuissot d'élan grillé aux pommes de terres frites dans de la graisse d'oie que proposait la carte qu'il tenait entre ses mains potelées. D'un autre côté, sa nature avare lui chuchotait de ne pas se montrer dépensier et de se contenter d'un ragoût et de porc salé. C'est alors qu'il pesait le pour et le contre que Jekaterina surgit devant lui, les mains sur la table. Le marchand eut un petit hoquet surprit et l'écouta, les sourcils haussé avec une moue intimidée.

- "Euh ... Oui, oui, bien entendu Madame ... Je reste à ... ahem ... votre disposition." dit-il en clignant des yeux avant d'expirer bruyament lorsqu'elle s'éloigna, soulagé, et de se replonger dans le choix de sa commande.

La noble repartit avec le menton haut et l'allure fière du vainqueur, et vint s’asseoir non loin du soldat pour profiter de la musique qu'il faisait émaner de l'imposant et étrange instrument. Lorsque les dernières notes de musique s'évanouirent dans le bruit d'ambiance de la taverne, Jekaterina s'approcha pour parler d'une voix mielleuse au musicien avant de s'éloigner comme un chat, mystérieuse, vers le comptoir. L'homme lui rendit son salut d'un hochement de tête respectueux, et accorda son instrument en tournant quelques chevilles en or avant d'entamer un nouvel air, plus rapide et entraînant que le précédent. Quelques clients suivirent le tempo en tapant des pieds ou en claquant leurs chopes sur la table et reprirent les paroles d'une vieille ballade de soldat contant, comme toujours, les aventures d'une belle et les exploits guerriers de son soupirant et ce dans des termes parfois peu gratifiants. L'héritière des Andreska commanda un verre de vin. L'aubergiste la regarda en haussant les sourcils et s'en fut vers les cuisines en grommelant quelque chose comme "Trente ans qu'j'ai pas ouvert ce tonneau et on m'en prend deux fois en un soir" et revint avec un godet en verre soufflé grossièrement où miroitait le breuvage sombre. Son verre en main, Jektarina revint dans la pièce adjacente et se posa sans gêne à la même table que le voyageur concentré sur sa carte, avant d'engager la conversion, cavalière. L'homme leva la tête et l'écouta, un sourcil légèrement arqué. Des cernes sous ses yeux plissés lui donnaient un air las et fatigué, démenti par le sourire discret qui se dessinait sur ses lèvres sèches. Ses cheveux et son manteau était recouverts d'une fine pellicule de poussière, de celle qui suit les voyageurs de grand chemin. La carte étalée devant lui représentait le royaume de Kislev, barrée de croix et de pointillés rouges à tel point qu'elle en devenait indéchiffrable.

- "Vous posez beaucoup de questions en très peu de temps, Jekaterina. Je suis Vladimir Ivanovich, envoyé du Duc Nikolaï Bronislav, ataman du Fort Ostrosk et margrave du Nord." répondit-il, mystérieux.
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- "De la famille des quoi ?" demanda l'aubergiste en fronçant ses sourcils broussailleux, mais Ulfrik était déjà partit s'installer sur un banc devant la cheminée, suivant des yeux les flammes qui caressaient le cochon de lait à la peau dorée dont la graisse grésillait en tombant sur les braises. Derrière lui, les buveurs attablés ça et là chantaient en coeur sur la musique du soldat qui frappait le sol de ses talons bottés. Cette chorale ivre et improvisée chassait loin de l'auberge les vents glacés du Nord et le désespoir de l'Oblast. C'est dans la camaraderie et la boisson que ces hommes rudes oubliaient leur vie d'une rudesse que peu pouvaient supporter. Le jeune homme ne pu s'empêcher de sourire, retrouvant quelque part l'ambiance d'une compagnie de mercenaires, où les hommes dépensaient leurs solde en beuveries et leurs soirs au coin du feu. Alors qu'il était perdu dans ses pensées, une jeune serveuse s'approcha de lui d'un air un peu hésitant. Elle était plutôt jolie, bien que jeune. Elle lui tendit une corne évidée remplie d'hydromel et s'adressa à lui d'une voix mal assurée.

- "Messire, il y a là bas quelqu'un qui vous appelle ..."

Comme pour confirmer ce qu'elle venait de dire, une voix rugit au loin, à moitié couverte par les chants et les rires des clients.

- "PETIT ! J'SENS PAS L'RENARD QU'JE SACHE ! VIENS UN PEU T’ASSEOIR AVEC NOUS !" beugla un Sasha déjà éméché depuis l'une des pièces secondaires.

Ulfrik se dirigea en direction de la voix en slalomant entre les tables et arriva dans une petite alcôve enfumée où trônait une unique table. Ivan, Sasha et un troisième homme étaient installé là. Celui dont le mercenaire ignorait le nom ressemblait comme deux gouttes d'eau au cocher, en plus jeune d'une quinzaine d'années. La même moustache en crosses de pistolets, la même toque en fourrure grise, sans la plume d'oie cependant. Mais ce qui attira l'attention du jeune homme, c'est l'ourson au pelage brun-gris qui s'amusait à escalader l'épaule du kislévite. Un collier en fer lui cerclait le cou, auquel était attaché une chaîne. Le petite plantigrade, déjà de la taille d'un chien, poussa un grognement en voyant Ulfrik et le regarda de ses grands yeux humides en se léchant la truffe puis en baillant. Sasha partit d'un grand rire.

- "J'te présente Sergueï, mon frangin et Medvedev, sa petite peluche !" dit le cocher en servant une nouvelle rasade de vodka. Sur la table, déjà deux bouteilles sales étaient vides, et une autre attendait de l'être à mesure que les trois hommes attablés enchaînaient les culs-secs dans de petits verres en bois. Ivan fumait une cigarette roulée, glissée entre ses lèvres, et massait son épaule en grimaçant et souriant aux paroles de Sasha et de son frère. Ce dernier sourit à Ulfrik d'un air bienveillant, les yeux déjà brillants. Il fumait sur une pipe grossière, tout comme son frère, emplissant la petite pièce d'une fumée âcre et épaisse. L'ourson sauta et sol et se mit à ronger un pied du tabouret sur lequel était assit son maître.

- "Lâche donc la pisse d'chat que tu tiens dans la main et viens boire avec nous petit. J't'offre la tournée, et j'te file ta paye après !"lança Sasha d'un air jovial en levant le coude une nouvelle fois, vidant son verre d'un trait.
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Ulfrik Reinholt
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Re: [Jekaterina & Ulfrik] Frontière et désolation

Message par Ulfrik Reinholt »

  • Ulfrik Reinholt avait mal partout et il était épuisé. Il soupira en appuyant son dos douloureux contre le mur. Après avoir vaincu les Dolgans, un peu de repos était le bienvenu. Il ne fallut pas longtemps pour la silhouette d’une serveuse ne vienne vers lui pour déposer sur sa table une corne remplie d’hydromel kislévite. Le jeune mercenaire attrapa la corne évidée et lança un sourire séducteur à la serveuse, qui était plutôt jolie :

    Si ton hydromel est aussi généreuse que tes courbes, je ne serais sûrement pas déçu…

    Levant sa corne, Ulfrik goûta l’hydromel du bout des lèvres. Très forte et très bonne ! Il en avala une gorgée.

    - "Messire, il y a là bas quelqu'un qui vous appelle ..."

    Et Ulfrik remarqua que Sasha l’invitait à venir rejoindre sa table, qui se trouvait dans l’une des pièces secondaires. Ne pouvant décliner cette offre, le jeune kislévite se releva, ramassa son bouclier et adressa un clin d’œil à la serveuse avant de se frayer un chemin parmi les multiples tables pour rejoindre son ancien employeur.

    Entre sa table et celle de Sasha étaient disposés des tables, des bancs et des tabourets dont la plupart étaient occupés par divers buveurs de Leblya, profitant ici d’une atmosphère plus chaleureuse que celle qui les attendait chez eux. On y trouvait aussi des soldats kislevites qui avaient terminé leur patrouille dans ce pays dangereux et des épéistes louant leurs services qui profitaient de leur solde tout en restant à l’affût d’une opportunité leur permettant de gagner plus encore. Ici au moins, Ulfrik pouvait retrouver l’ambiance d’une compagnie de mercenaire – celle de son père lui manquant cruellement.

    A la table de Sasha se trouvait Ivan, fumant une cigarette roulée, ainsi que celui qui semblait être Sergueï, le frère du cocher. Sergueï portait de confortables bottes en cuir doublées de laine, un pantalon bouffant de couleur bleu clair ainsi qu'un gilet folklorique rouge cousu de fils dorés. Pour ne pas gêner son large ventre et son torse velu, le gilet était ouvert. Sur son épaule, un ourson au pelage brun-gris s’amusait à escalader son maître.

    - "J'te présente Sergueï, mon frangin et Medvedev, sa petite peluche !"

    Ulfrik Reinholt s’inclina devant le frère du cocher, avant de lui serrer la main :

    Enchanté de vous rencontrer… Je suis Ulfrik Reinholt !

    Les deux frères fumaient la pipe, tandis que l’ourson sauta de l’épaule de Sergueï pour commencer à ronger un pied du tabouret sur lequel trônait son maître.

    - "Lâche donc la pisse d'chat que tu tiens dans la main et viens boire avec nous petit. J't'offre la tournée, et j'te file ta paye après !"

    Ne se faisant pas prier plus longtemps, Ulfrik attrapa un tabouret qui traînait par-là et s’installa avec ses compagnons. Le jeune homme vida sa corne d’hydromel et aussitôt, Sasha lui tendit un petit verre en bois contenant de la vodka. Le mercenaire lui adressa un sourire pour le remercier, avant de tourner son regard sur l’ourson, toujours en train de ronger le pied du tabouret. Fasciné par cette petite créature, Ulfrik lui envoya une petite tape amicale sur le côté du ventre. Puis, il s’adressa au maître, sans même détourner son regard :

    ImageUlfrik Reinholt : C’est un grizzly ?
Si tu penses que ça peut-être important, tu peux toujours faire un test de séduction (avec ma compétence séduction) sur la serveuse :wink:
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 28 janv. 2012, 08:50, modifié 1 fois.
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Jekaterina Andreska
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Re: [Jekaterina & Ulfrik] Frontière et désolation

Message par Jekaterina Andreska »

J'observais gravement l'homme qui venait de se présenter. Il n'avait pas fait preuve d'une prudence aussi grande que la mienne, donnant son nom complet et même la bannière qu'il servait - bien qu'en réalité, il ne pouvait guère se tromper de beaucoup sur mon statut étant donnée la manière dont je m'étais permise de l'aborder. Je croisais les mains devant ma bouche en le détaillant ouvertement. Il fallait savoir que ce n'était pas là le genre de regard inquisiteur et supérieur, presque hautain, que certains s'accordaient parfois à faire au sujet d'une tierce personne ; non, je l'examinais simplement, pensive, me donnant le temps de prendre la tonalité qu'il dégageait. On peut apprendre avec le temps beaucoup d'un homme en se contentant de le laisser parler, et d'étudier ses mots et son visage pour lire dans son coeur. Je n'avais pas encore trouvé celui qui pouvait déroger à cette vérité.

- Vous avez bravé pas moins de quatre-vingt lieues,
murmurai-je pour moi-même, sans que ma voix ne fut toutefois assez basse pour qu'il n'entendit pas ma réflexion.

J'avais personnellement parcouru les routes sauvages de Kislev sur de plus grandes étendues, mais là n'était pas l'enjeu de ma remarque ; elle voulait juste dire que le message qu'il semblait avoir à délivrer, ou la mission qu'il avait à accomplir ici, valait la peine qu'il meure sur les chemins pour elle.
Ou bien son maître ne l'aimait pas vraiment...

Je me reculais sur ma chaise, me laissant plus confortablement aller en arrière et promenant mon regard aux alentours. En réalité, je ne voyais rien ; ni les murs sur lesquels dansaient les ombres, ni les clients attablés qui se réchauffaient autant par le feu et l'alcool que la familiarité du lieu, ni les meubles ou les lignes du parquet grossier. Je ne voyais rien qu'un immense et éblouissant phare, au loin, tout au loin. Tout au fond de ma destinée, il y avait comme cette lumière, qu'il m'appartenait de saisir ou d'y brûler. Il y avait cette gloire, que je pouvais construire, bâtir comme on bâtit un four, morceau par morceau. Oui, en attrapant à pleines mains une parcelle de gloriole puis une autre, je pouvais réaliser le rêve de ma famille et qu'elle avait fait mien.
Cet homme, ce Vladimir Ivanovich... quelque part, confusément, je croyais sentir qu'il pouvait m'offrir ce premier lambeau d'étoffe héroïque.

Mes yeux revinrent se river aux siens, comme un clou qu'on enfonce dans une veule planche.


- Je ne me suis pas présentée avec autant de politesse que je l'aurai dû,
concédai-je. Je suis de la famille Andreska, Druzhina de Kislev. Auriez-vous l'obligeance de me confier le pourquoi de votre venue jusqu'à Leblya, Vladimir ? Il va sans dire que cette raison est d'importance et c'est avec plaisir que je vous offrirai mon aide, si elle vous agrée.

Je baissais brièvement le regard sur la carte étendue devant lui, avant de sourire.


- Une personne de plus, lorsqu'il faut s'aventurer dans les terres du Nord, n'est jamais une mauvaise chose...


Les traits de Youri s'imposèrent fugacement à moi, et je grimaçais intérieurement. Certes, ce n'était pas "toujours" une mauvaise chose... voilà qui eût été plus juste.
Je balayais ces considérations en me plongeant dans un mutisme tourmenté, attendant la réponse d'Ivanovich. Les démons de l'avenir et du passé me donnaient l'impression de s'entendre comme larrons en foire tandis que je m'interrogeais sur mes propres motivations. Cette soif d'honneur et de renommée, ce n'était pas pour moi que je la désirais ; c'était pour la faire rejaillir sur les miens. En ce sens, était-ce raisonnable ? "Tu le fais par amour" aurait-on pu me dire. "Par amour d'eux ; tu les sauves en t'adonnant à ce chemin ardu que tu empruntes aujourd'hui". Mais l'amour familial était une valeur inconnue des Andreska ; il n'y avait que le devoir. Je m'étais toujours flattée d’être une personne intelligente et indépendante du point de vue de sa réflexion, car après tout, c'était cela aussi qu’être noble. Pourtant, n'étais-je pas enchaînée par mon devoir ? Lorsque je regardais subrepticement Ulfrik, avec cette pointe de condescendance... lorsque je le fustigeais en mon for intérieur de n’être qu'un homme qui ne savait pas où aller, alors qu'il pourrait participer à sa mesure à la grandeur de Kislev... est-ce qu'à ces moments-là, c'était moi qui avais entièrement raison ? Il allait où que le vent le menait, libre et aux antipodes de ma servitude. Je me souvenais qu'un jour on m'avait dit, de cette voix désabusée et en même temps heureuse qu'on parfois les hommes sur le seuil de l'au-delà, que "Vivre, c'est servir ; servir, c'est vivre". Sommes-nous tous esclaves ? Ce mercenaire qui rit bruyamment en plongeant dans son gobelet me paraît terriblement libre. Moi, j'allais jusqu'à demander à celui qui me faisait face d'ajouter d'autres chaînes à celles qui me couvraient déjà.

Une ombre passa sur mon visage, et je ne pipai mot, attendant le verdict du serviteur ducal.
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    • "Elle ne répondra pas, occupée à regarder vers les désolations et à ruminer sa haine du Chaos. Laissez-moi vous parler de cette fille du Nord, de cette noble qui a soulevé l’écu terni de sa famille pour le peindre de neuf, à grandes giclées de gloire et de courage."
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    • "Et tous leurs chants sont tristes ; et toutes leurs guerres sont joyeuses."
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"J'ai attendu en vain, qu'on vienne briser les chaînes de mon devoir. Elles sont mon armure et ma servitude."

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Re: [Jekaterina & Ulfrik] Frontière et désolation

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Vladimir la détailla du regard avec une petite moue qui semblait presque amusée. Finalement, il lui sourit et bu une longue gorgée de vin avant de claquer la langue contre son palais et de cligner de ses yeux déjà mi-clos par une lassitude confiante.

- "De la famille des Andreska ? Je suis navré mais je n'en ai jamais entendu parler ... Ce qui n'a rien d'étrange, étant moi même qu'un simple roturier au service de mon seigneur." coula-t-il dans un murmure, les prunelles étirées par un demi-sourire permanent qui semblait cacher bien des choses. "Pour ce qui est de ma mission ici ... Je dirai simplement que d'après nos rapports, il se passe des choses curieuses ici bas. Leblya faisant partie de la souveraineté du Duc, il estime que c'est son devoir de se porter au devant d'éventuelles ... complications. Vous me semblez une personne clairvoyante et devinez sans nul doute que Kislev ne peut se permettre de perdre un poste frontière tel que Leblya, et encore moins de le laisser à la corruption qui pullulent dans l'Oblast." dit-il en jetant un coup d'oeil derrière lui en direction de la salle principale où la plupart des clients chantaient et dansaient au son de la musique. Vladimir parlait d'une voix calme et étouffée, de telle façon que même Youri, qui pourtant partager une table de l'alcôve, ne pouvait entendre distinctement ce que l'agent ducal articulait. Ces mots étaient destinés à Jekaterina, et à elle seule. Son interlocuteur se retourna à nouveau vers elle et sourit.

- "Quand à votre aide ... Elle est la bienvenue. Vous venez de la capitale. Je devine sans me tromper que vous êtes étrangère à ce qui peut se tramer ici. Si votre soutien est tel que je puisse l'espérer, sachez que le Duc en aura vent et que vous serez récompensée. Peut être également que nos rapports sont éronnés, mais dans l'Oblast, il est interdis de sous-estimer la moindre menace. Transgresser cette règle mène dans la plupart des cas à la mort, comme vous l'apprendrez sûrement tôt ou tard." termina-t-il en baissant le regard sur sa carte, toujours avec ce sourire fatigué et confiant à la fois.

Test de Séduction, basé sur Char : 7 - 1 = 6, réussi !
- "C't'un robuste ours de l'Oblast mon gars !" tonna Sergueï en rigolant avant de vider son verre dans un geste magnifique et bien rodé avant de remuer la tête en faisant s'agiter ses moustaches. "Aussi raffinée qu'une poissonnière d'Erengrad, comme je l'aime !" ria-t-il en saisissant la bouteille de vodka et en remplissant son verre à nouveau, et ceux de Sasha et de Ivan par la même occasion. Sasha hocha vigoureusement la tête.

- "Mon frère part pour l'Sud demain matin. Il va à la capitale. Y'a un certain Igor Zavattaniels qui tiens un cirque là bas ... et à c'qu'il parrait, ça paye foutrement bien ! Sergueï veut l'rejoindre comme montreur d'ours. A ça pour sûr, l'Medmedev va faire des ravages ! Alors on boit un coup pour fêter son départ, c'pour ça." lança le cocher avec un sourire éméché en attrapant la bouteille et en la retournant au dessus du sol. Ce qu'il restait d'alcool se renversa au sol pour former une petite flaque. L'ourson délaissa le pied du tabouret qu'il était en train de mâchouiller pour tremper sa truffe dans la flaque de vodka. Il grogna, éternua et s'avança un peu plus pour laper le liquide de sa langue râpeuse. "Haha, il a tout comprit c'gamin !" articula Sergueï en grattouillant la tête du petite plantigrade.

Ulfrik détourna son regard des frères saouls pour vérifier l'état d'Ivan. Bien que les yeux du guetteur soient anormalement brillants et un peu plissés, il semblait plus frais que ses deux compagnons de table et adressa un sourire franc au mercenaire, le premier qu'il ai fait depuis qu'ils se connaissaient, et qui était sûrement bien aidé par la boisson.

- "Allez petit, laisse toi aller, bois. Aujourd'hui on s'en est sorti, mais on y passera peut être demain, alors profite !" dit-il en tirant sur sa cigarette roulée, les yeux un peu dans le vague. "Et dis moi, tu comptes faire quoi maintenant, hein ? Trouver un travail ici, à Leblya ?"

Entre temps, la serveuse revint avec un plat en éteint sur lequel trônait une magnifique volaille rôtie juchée sur un lit de lamelles de pommes de terres frites dans de la graisse d'oie et de tartines frottées à l'ail et garnies de champignon et de lard fumé. La jeune femme déposa le plat sur la table alors que les Sasha et Sergueï poussaient une exclamation joyeuse en voyant ce repas fumant tomber des nues. La serveuse posa une main sur l'épaule de Ulfrik et le regarda droit dans les yeux. Ses prunelles étaient d'un vert foncé et ses traits fins. Sa chevelure blonde était retenue par un petit chaperon blanc duquel s'échappaient des mèches légèrement ondulées.

- "Votre faisan, monsieur ..." glissa-t-elle avec un petit sourire avant de rougir et de repartir sans tarder, gênée, vers les cuisines. Les frères - et même Ivan, bien que plus discrètement - la suivirent du regard et le cocher ne pu s'empêcher de lâcher un rot accompagné de quelques mots.

- "BURP ... Ca, c'est c'que j'appelle une belle croupe."
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

Jekaterina Andreska
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Re: [Jekaterina & Ulfrik] Frontière et désolation

Message par Jekaterina Andreska »

Les mots de ce Vladimir étaient plus inquiétants que ce que j'avais escompté. C'était surtout le regard qu'il avait jeté vers la grand'salle en parlant de corruption qui avait planté une pointe obscure dans mon coeur. Je pensais pouvoir dire sans guère me tromper qu'une part de ténèbres résidait en chaque habitant de la frontière du Nord ; ma propre famille était connue pour avoir été atteinte par le mal venu des Désolations et l'avoir ramenée en son sein à Kislev, origine de sa déchéance. Mais c'était un fait presque tacite et, pour ma part, presque accepté. Je disais "presque" car il est des questions qu'il vaut mieux ne pas développer ni mettre à la lumière de la réflexion, et celle-ci en faisant partie. Cette interrogation maudite... "Oui ou non, les frontaliers sont-ils souillés par le Chaos ?".
Je ne pu retenir un frémissement qui monta le long de mon échine et fit trembler mes épaules, tandis que je plongeais le regard au fond du liquide que je faisais doucement tournoyer en agitant mon verre. J'en avais suffisamment bu pour qu'il soit coupé de tout reflet par les rebords du gobelet, et des ombres mystérieuses dansaient à la surface. Ah ! Si seulement les ombres avaient pu parler à Kislev, alors beaucoup de choses auraient été plus simples.

J'esquissais un rictus amer en songeant à Praag. Là-bas, dans la cité maudite, les ombres avaient appris à parler.


- De bien sinistres propos, monsieur Ivanovich, souris-je sans aucune joie dans le retroussement de mes lèvres. S'il existe une seule dissidence en ces lieux, une seule allégeance qui n'aille pas à la maîtresse de la Cour de glace, alors soyez assuré que l'auteur de cet affront se verra ôter la vie de mes propres mains.

Il y avait, là encore, un couteau dans mes phrases, directement pointé sur le coeur de mon interlocuteur. Il avait fait un étalage franc de sa loyauté envers le duc, déclarant que Leblya était sous la souveraineté de ce-dernier. A Kislev, l'influence de l'impératrice était souvent en butte à celle des nobles locaux, bien que ma part j'eusse décidé que la tzarine disposait d'une suzeraineté incontestable. A demi-mots, j'avais rappelé cette théorie à l'envoyé ducal. Cette ville dépendait d'abord de la Reine-Khan, ensuite seulement de Bronislav - et là encore, l'Ataman de Leblya y trouverait probablement quelque chose à redire.
Pour autant, la pratique et la réalité des choses venaient souvent contredire cette pensée.

Je croisais les mains sous le menton, me penchant en avant pour perdre mes yeux sur la carte étalée devant l'homme, quelques secondes avant que je ne masse mes paupières en soupirant. Un gargouillis trop sonore à mon goût s'éleva de mon estomac, m'arrachant une grimace. Je jetais un regard penaud à mon interlocuteur.


- Je vous prie de m'excuser... déclarai-je un peu sèchement, me levant en même temps. Une jeune femme passait justement à côté de nous, quelques mèches blondes s'égarant sur son visage. Ses iris d'un vert profond semblaient briller, peut-être à cause de la fatigue ou de l'énervement dû à son travail. Je tendis la main comme pour lui prendre le coude, et elle se figea en décelant le geste. Pourriez-vous m'apporter...

J'hésitais un instant, lorgnant sur les plats ornant telle ou telle table. Je déglutis péniblement.


- Ce que vous avez comme brouet ce soir, ça m'ira très bien... Retenez ceci sur ce qu'aura à vous payer monsieur Yorloff.

Brièvement, et non sans devoir réprimer un sourire, je lui indiquais l'emplacement du marchand. Je me rassis satisfaite, pianotant des doigts sur le bord de la table tout en observant les mains larges et hâlées d'Ivanovich. Il semblait assez posé pour ne pas s'étonner de ces silences que je marquais, ce qui m'allait tout aussi bien. Les discussions sérieuses n'ont pas à être pressées, et on peut en dire beaucoup en se taisant. Il s'agissait là d'une vérité audible uniquement aux oreilles des individus qui savaient écouter, au-delà des mots, qui une personne pouvait bien être.

- Je viens effectivement de la capitale et ne suis pas au fait de ce qui peut se tramer par ici ; vous pouvez me faire confiance pour n'y pas être impliquée. Ceci étant, j'apprécierais que vous m'exposiez vos doutes ainsi que les complications que vous craignez. Si le mal se terre à Leblya ou dans ses environs, il sera éradiqué - et pour ce faire, autant de têtes que nécessaire tomberont.

En ces rudes terres, il n'y avait pas de crime supérieur à celui de trahison, car cela revenait à se vouer aux sombres Dieux du Nord. Un tel blasphème ne pouvait se solder que par une mort prompte et sourde. Ils perdaient tout droit à la dignité, ceux qui prêtaient serment auprès du Chaos, et perdaient de ce fait le ténu lambeau de pitié qui pouvait encore subsister dans le coeur des miens.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 03 févr. 2012, 14:46, modifié 1 fois.
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    • "Elle ne répondra pas, occupée à regarder vers les désolations et à ruminer sa haine du Chaos. Laissez-moi vous parler de cette fille du Nord, de cette noble qui a soulevé l’écu terni de sa famille pour le peindre de neuf, à grandes giclées de gloire et de courage."
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Ulfrik Reinholt
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Re: [Jekaterina & Ulfrik] Frontière et désolation

Message par Ulfrik Reinholt »

  • Ulfrik entendait dans son dos le vacarme des beuveries et des danses. Les doigts du musicien virevoltaient sur les cordes de la viole kislévite, faisant couler une musique douce et mélancolique dans l’auberge. Le fumet de la viande rôti parvenait jusqu’à ses narines, ainsi que l’inimitable odeur acide de la vodka. A ce moment-là de la soirée, le jeune mercenaire repensa au faisan qu’il venait de commander à l’aubergiste.

    Un peu plus loin, des buveurs encourageaient deux d’entre eux probablement engagés dans une de ces confrontations musclées inévitables dans les auberges. Ulfrik y serait bien allé pour distribuer quelques droites, mais sa chevauchée de la journée l’avait un peu trop fatigué… Il avait besoin de réconfort et non de faire des efforts…

    C’est ce moment que la jolie serveuse choisie pour venir apporter le plat d’Ulfrik Reinholt. Le jeune homme sourit en voyant arriver cette jolie créature ainsi que ce joli faisan accompagné de pommes de terres frites et de tartines frottées à l’ail.

    - "Votre faisan, monsieur ..."

    La serveuse fut un peu plus tactile avec Ulfrik et ce geste ne passa pas inaperçu auprès du mercenaire. Celui-ci venait déjà de trouver son réconfort de la soirée.

    Je vous remercie.

    La jeune serveuse enleva sa main de l’épaule d’Ulfrik avant de repartir en direction des cuisines. Sergueï et son frère suivirent sa démarche chaloupée qui aurait fait chavirer tous les hommes, de constitution normale, du Vieux Monde.

    - "BURP ... Ca, c'est c'que j'appelle une belle croupe."

    Ulfrik ne put s’empêcher de sourire devant cette remarque. Il enfourna une frite dans sa bouche avant de répondre aux propos du cocher :

    Désole de te l’apprendre Sasha, mais cette serveuse m’appartient pour la soirée ! …

    Le jeune homme avala quelques morceaux de faisan ainsi que quelques pommes de terre frites. Ce repas était vraiment délicieux et Ulfrik l’aurait sans doute terminé tout seul s’il n’avait pas eu quelque chose de plus urgent à faire. Il se leva de sa chaise et poussa son assiette encore remplie vers le centre de la table :

    ImageUlfrik Reinholt : Voilà pour vous mes amis et régalez-vous ! Quelqu’un m’attend !
    Ulfrik traversa l’auberge surpeuplée, se frayant un chemin parmi les clients en suivant la serveuse qui se dirigeait vers les cuisines.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 03 févr. 2012, 14:47, modifié 1 fois.
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Ulfrik Reinholt, Duelliste
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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Jekaterina & Ulfrik] Frontière et désolation

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Sasha parti d'un grand rire alors que Ulfrik se levait, postillonnant des morceaux de tartine à l'ail sur la table.

- "Eh bhin, y'en a qui perdent pas d'temps par ici ! T'as raison petit, fais toi plaisir tant tu l'peux ... Ce que l'Oblast donne, l'Oblast l'reprend toujours !" braya-t-il avec une fatalité joyeuse et arrosée. "Mais d'abord attrape ça, tu l'as bien mérité." Il délaça une petite bourse en cuir à sa ceinture et la lança à Ulfrik qui la réceptionna dans ses mains, sentant à travers la gaine de peau la forme des pièces en métal qu'elle contenait. Alors qu'il s'éloignait, Ivan et les deux frères se partagèrent le reste de l'assiette en continuant de fumer et de boire tandis que Medmedev l'ourson se roula en boule sous le tabouret de son maître et s'endormit, engourdit par la vodka.

Ulfrik slaloma entre les tables et les buveurs sans perdre de vue la jeune serveuse qui elle aussi se frayait un passage parmi les clients, jusqu'aux cuisines où elle disparu par la porte ouverte à même le mur. Le mercenaire la suivit et longea les fours et les les établis auxquels quelques personnes travaillaient à pétrir la pâte ou à tourner les broches. Ils ne prêtèrent pas attention au jeune homme qui passa à côté d'eux, le prenant certainement pour un serveur ou un quelconque commis. La serveuse, elle, ne sembla pas s'apercevoir qu'elle était pistée et s'enfonça dans la pièce sombre jusqu'à une porte en chêne au fond qu'elle ouvrit et laissa entre baillée derrière elle. Ulfrik la suivait de quelques secondes et poussa la porte pour passer également. Il se retrouva dans une arrière cour boueuse où le froid mordant reprenait sa place dans la nuit étoilée de l'Oblast. La musique et les chants de la salle commune se faisaient plus vagues et une chouette ulula non loin de là. Une torche accrochée au mur de pierre de l'auberge éclairai vaguement un puits adossé aux remparts où la jeune femme était occupée à remplir un sceau en bois cerclé de fer. Lorsque son récipient fut plein, elle se retourna pour retourner l'apporter dans les cuisines lorsqu'elle tomba nez à nez avec Ulfrik. De surprise, elle poussa un petit cri et laissa tomber le sceau au sol, formant une petite flaque où se reflétait la lumière des deux lunes qui brillaient au dessus d'eux.

- "Vous ... vous m'avez fait peur ... Je peux vous aider ... ?" demanda-t-elle, confuse, en ramassant le sceau, son joli visage rosi par le froid.
Ulfrik, tu gagnes 4 ducats d'or et 5 dungas d'argent, ajoutés à la bourse sur ta fiche wiki.

Le sourire de Vladimir Ivanovitch s'étira sur son visage anguleux à mesure que Jektarina parlait. Il semblait presque amusé par ce patriotisme, cette loyauté sans borne qui perçait dans la voix de la noble qui lui faisait face, presque autant que par son ton convaincu et ses paroles crues. Il la laissa commander un repas chaud et bien mérité avant de continuer de sa voix un peu éraillée.

- "Doucement, doucement. Avant de faire tomber des têtes, Madame, il faut en trouver. En ce qui concerne les problèmes que nous pouvons rencontrer ici, je fais confiance à votre discrétion et à votre ... sang froid. Dans de telles circonstances, on ne sait sur qui on peut compter." glissa-t-il toujours à voix basse. Il leva son verre et vida ce qu'il restait de vin, avant de continuer toujours sur le même ton. "Comme je vous l'ai dit, il se passe des choses étranges ici, à Leblya. Cela est d'autant plus compliqué que l'Ataman est peut être ... impliqué. Mes rapports stipulent que des gens disparaissent régulièrement, la plupart du temps ce sont des Ungols qui vivent aux pieds des remparts. De fait, on m'a rapporté des rumeurs de rébellion au sein de la tribu qui vit ici. En plus de représenter une menace, nous ne pouvons nous permettre de nous passer de leurs services. Ils fournissent les meilleurs pisteurs et éclaireurs de la région et permettent bien souvent de prévenir les incursions des barbares et des maraudeurs. En plus de ces ... problèmes avec les Ungols, il m'a été rapporté que les deux derniers agents envoyé ici depuis les six derniers mois pour tenir compte de la situation dans les Marches du Nord ont été pendu haut et court sur ordre de l'Ataman pour trahison. Il est bien entendu hors de question de remettre en cause les décisions du régent, mais je connaissais ces hommes et j'avoue être assez ... surpris. En temps normal, le Duc lui même ne se permettrai de se méfier ainsi d'un Druzhina, mais vous comprenez aisément que Leblya est un enjeux assez important pour que l'on outrepasse certaines règles au profit de la sauvegarde du pays." dit-il en soupirant.

Une serveuse rondelette s'approcha de la table et y déposa un bol fumant fiché d'une cuillère en bois. Dans le potage épais flottaient des herbes aromatiques et des morceaux de viande découpés en dés et le fumet qui s'échappait du brouet, bien que fort, ne pouvait qu'ouvrir l'appétit de Jekaterina. Vladimir attendit que la serveuse s'éloigne en la suivant du regard avant de reprendre.

- "Le peu que vous pouvez faire pour le moment est de rendre visite à l'Ataman demain matin, et de me rapporter ce que vous avez pu apprendre. Je serai ici, à la même table. Je peux vous donner quelques informations utiles concernant le seigneur des lieux : le Baron Igor Zvarov est au pouvoir ici depuis seulement quelques années, suite au décès du baron précédent au court d'une escarmouche avec des pillards norses. Il descend d'une lignée nordique d'Erengrad et s'est installé ici avec quelques suivants du même sang que lui. Comme vous le savez, les fils de la noblesse Norse sont peu appréciés par les gaspodar et les ungols ... Bien que ceci n'ai rien d'anormal, gardez le à l'esprit. Les rumeurs dont j'ai eut vent sont peu être uniquement fondée sur cette animosité. Ou ... peut être pas." conclu-t-il avec un demi-sourire à peine dissimulé.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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