[Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

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Les Zones Maritimes représentent l'ensemble des mers et océans du globe. Les mers peuvent être calmes et propices à milles découvertes, ou être traîtresses...

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[MJ] Le Roi maudit
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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par [MJ] Le Roi maudit »

Jets des canonnades :
3, réussite
11, réussite
16, échec
4, réussite
14, échec
9, réussite
15, échec
20, échec critique, résultat sur 1d6 : Le projectile fait plouf, heureusement
14, échec
6, réussite
Jets de réplique des Orques cachés
Canonnades 2, 12, 9, 6, 1, 4, 12, 13, 9, 8, toutes touchent sauf la 13

Nola tire au pistolet : 7, ça touche !
Tout le monde s'accrocha à quelque chose de solidement fixé lorsque la bordée s'embrassa. Les boulets fusèrent à travers la houle pour s'éclater dans la coque brinquebalante du Koloss'. Des dizaines d'orques furent balayés, d'autres, leurs plateformes frappés par les projectiles, s'abimèrent dans l'océan en beuglant. Mais les tirs de canons n'eurent pas les effets escomptés. Beaucoup s'enfoncèrent dans la mer, la ligne de flottaison du navire du diable était intouchée. Du moins, ils le pensaient, car repérer une ligne de flottaison sur ce taudis à voiles et à vapeur était compliqué.
Les Peaux-vertes répliquèrent. Un boulet percuta le bastingage, des blessés. Mais les hommes étaient prêts.
On arma les mousquets. Les pistolets, On tira. Des orques, des gobelins s'écroulèrent, blessés, morts, mourants. Mais cela ne faisait que décupler la rage des survivants qui hurlaient un terrifiant WAAAAAAAAAAAAAAAGH !

Le tir de l'Amazone dégomma un gobelin de ses cordages, l'ignoble créature couina en tombant dans la mer, à la merci des requins attirés par l'agitation.
Puis les grappins se plantèrent dans le bois. Et le corps-à-corps devint inévitable.
Nola attaque un orc une fois sur le navire ennemi : 2, elle touche et lui retire 33 pv
L'Orque réplique, 15, échoue
Nola frappe : 7, tu lui infliges 31 pv
L'Orque échoue : 10
Nola attaque, 10, l'orc est mort !

Un autre orque attaque Nola tandis qu'elle progresse sur le navire :
15, il échoue
Nola réagit et attaque : 8, il perd 22 pv
L'orque frappe à nouveau, il touche avec un 8, la parade de Nola réussit, tu perds 15 pv
Nola tape : 11, l'Orque est mort
C'était une bête. Une bête à terrifier son propre équipage, la gueule pleine de bave, les yeux injectés de sang, le souffle rauque.
On parlait de Nola là. Elle se rua sur un orque qu'elle massacra. Et il fallait le faire pour massacrer un Orque.
Cela prenait un peu au dépourvu les monstres verdâtres que de croiser des Pôroz aussi hargneux qu'eux. Mais cela voulait dire plus de baston. Et la Baston, ils aimaient ça. Une autre masse beuglante se précipita sur elle en agitant son kikoup. Ils s'affrontèrent avec la délicatesse des monstres d'écailles géants qui hantaient la jungle de Lustrie. Mais même si l'Orque était fort et ses mouvements faisaient mal, Nola compensait par une agilité sans égale.
Les Hommes de l'équipage semblaient prendre l'avantage sur l'ennemi peau-verte. Ragaillardis, ou terrifiés, par la forcenée qui les menait au combat, ils frappaient, tranchaient, plantaient à travers la masse gesticulante d'orques et de gobelins.
Il y avait dans cette cohue un chemin qui se dégageait. Celui vers l'intérieur du navire. Et de là, atteindre ses machineries infernales et tout arrêter. Mais au dessus d'eux, près de ce qui ressemblait à un gouvernail, stylisé selon les goûts douteux des Orques, un énorme chef tonitruant ses ordres en agitant son fléau d'arme, écrasant au sol tout pirate courageux qui se jetait sur lui. Quoi faire ? Écouter son instinct.
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Nola Al'Nysa
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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par Nola Al'Nysa »

"La mort n'a rien de honteux, seule compte la manière de l'affronter." Duc Bohémond, le Fléau des Bêtes, à la bataille du Gué de Grismar

L’air devenait irrespirable à mesure que la fumée dégageait pas les canons couvrait le ciel et nous piquait la gorge et les yeux. Au milieu du bruit assourdissant des pièces d’artillerie faisant pleuvoir la mort sur le Koloss’ Peaux-Vertes, des matelots criaient des ordres, tentant de se faire comprendre dans l’anarchie qui régnait sur le pont. Je ne leur prêtais guère attention, cramponnée au bastingage, j’attendais le moment où je pourrai moi-même entrer en action. Entre deux salves de boulets, lorsque la fumée se dissipait un peu, j’observais le navire ennemi qui s’approchait toujours, malgré les lourdes pertes que nous lui faisions subir. Nos canonniers essayaient maintenant de faire couler la carcasse bringuebalante, mais comment savoir où se trouvait la ligne de flottaison d’une telle aberration d'ingénierie ?

Les Peaux-Vertes eux, n’étaient pas en reste. Tandis que nombre d'entre eux étaient déchiquetés par nos boulets ou projetés dans la mer avec des morceaux entiers de leur embarcation, les autres nous envoyaient divers projectiles qui causèrent également des dégâts dans nos rangs. L’un d’eux fit voler en éclats le bastingage à une dizaine de mètres de moi, projetant en tous sens des morceaux de bois pointus comme des couteaux sur les malheureux marins aux alentours. Pourtant, malgré l’horreur de la situation, je ne voyais parmi mes camarades que des mines décidées d’hommes prêts à vendre chèrement leur peau. Tandis que certains essayaient de tirer les blessés à l’écart, la grande majorité était occupée à terminer le chargement des mousquets et la préparation des armes d’abordages.

Une dernière bordée de canons, et le vaisseau Peaux-Vertes fut sur nous. Alors que les deux équipages lançaient des grappins, je me redressais de derrière le bastingage, pistolet au poing, et sans plus attendre, je fis feu sur un gobelin juché dans les cordages qui s’apprêtait à sauter sur nous. La vicieuse petite créature sombra dans l’océan avec un couinement et sans lui apporter plus d’attention, je dégainais mes deux sabres, et me jetais à l’assaut du Koloss’, répondant aux waaaaaaaaaaagh des Peaux-Vertes par mon propre cri de défi !

Je fus la première à poser le pied sur le pont ennemi, menant dans mon sillage d’autres pirates décidé à envoyer ces immondes créatures dans les profondeurs. D’un coup d'œil, je vis que sur ma droite, la situation inverse s'était produite et que des Peaux-Vertes plus vifs avaient lancé l’assaut sur l’Aslevial. J’eus tout juste le temps d'enregistrer cette information, qu’un mouvement à la limite de mon champ de vision me ramena à ma propre situation. Un énorme Orque se portait à ma rencontre, prêt à en découdre. J’évitais son premier assaut d’un pas sur le côté avant de lui porter un coup latéral à la jambe. Folle de rage, la créature se redressa et se jette à nouveau sur moi. Il m’assena un coup puissant de haut en bas, que je parais de mes deux armes, en poussant un grognement à l’impact, la puissance du choc m’ébranlant tout le corps, avant de lui donner un violent coup de tête dans le bas de son affreuse face. Puis, me dégageant, je passais sous son bras tenant l’arme et ouvris une longue estafilade dans le bas de son dos. Il se retourna en beuglant, faisant voler sa lame à l’horizontale et je me penchai pour passer en dessous avant de me relever. Profitant de l’élan de mon geste, je plantais mes deux armes dans son ventre et, forçant sur mes jambes, je fis ressortir mes lames dans son dos. Il était déjà mort quand il toucha le sol et je ne lui prêtai pas plus d’attention, dégageant mes armes d’un geste rapide, juste à temps pour éviter l’attaque d’un second Orque, plus trapus, armée d’une lourde hache. J’esquivais l’attaque destinée à me décapiter en me penchant en arrière au dernier moment, sentant le courant d’air créé par l’arme me chatouiller le cou, mais ne put esquiver la créature.

Il me percuta violemment de l’épaule, m’envoyant rouler sur le sol. Alors que je me relevais en roulant sur moi-même, il attaqua de nouveau et je dus faire un bond pour éviter ce nouveau coup. J’enchainais ensuite par deux attaques qu’il parat avec le manche de son arme, puis optais pour une approche différente. Esquivant à nouveau la hache, je répliquais en attaquant d’estoc avec mes deux armes. La créature ne put pas parer les deux attaques et il grogna quand ma lame gauche lui traversa le bras, ce qui lui fit lâcher sa hache. Cependant, ce mouvement en avant m’avait déséquilibré, et m’attrapant par mes deux épaules, il m’attira vers lui et me décocha une bourrade du genou dans le ventre. La violence du coup me coupa le souffle et me plia encore plus en deux. Profitant de cela, la créature me souleva du sol et me projeta contre un ensemble de caisses de bois entreposées à deux mètres de nous qui volèrent en morceaux sous l’impact. Alors que je tentais de me relever, il arriva lancé sur moi pour tenter d'écraser mon visage de son énorme pied chaussé de cuir et de fer. Je décalais ma tête au dernier moment, puis attrapais son pied entre mes bras tandis que mes deux jambes s'emmêlaient autour de son deuxième pied et je le fis basculer sur le dos. Il voulut se relever, mais je fus bien plus vive, et ramassant mes deux sabres, je me jetais sur lui pour les lui planter dans le cou. Il poussa un hurlement qui se transforma bien vite en un son inaudible tandis que le sang bouillonnait en s’échappant de la plaie.

Je me relevais et, les bras tendus de chaque côté de moi, tenant mes armes en position basse, fis un tour complet sur moi-même, poussant un cri de défi au ciel et à toute créature voulant se mesurer à moi. La langue tirée jusqu’au menton, les yeux révulsés, une plaie sanguinolente sur le haut de mon front, un mélange de peinture de guerre, de sang et de sueur coulant sur mon visage et sur mon corps. C’est dans ces moments-là que je me sentais la plus vivante, ces moments ou la vie ne tient qu’à un fil, et où tout se résume finalement à tuer, ou être tuer.

Les Peaux-Vertes face à moi semblèrent marquer un temps d’arrêt en me voyant ainsi possédée, deux de leurs semblables gisant à mes pieds. En revanche, mes compagnons eux, semblaient ragaillardis et encourageaient par ma percée dans les lignes ennemies. Suivant mon exemple, ils se jetèrent en avant à la rencontre des Peaux-Vertes et le combat repris de plus belle. Je distribuais des coups de coude, de tête et de genoux, je tailladais et frapper à droite, puis à gauche, au milieu de la mêlée, menant mes compagnons toujours plus en avant sur le pont du navire. Petit à petit, il m’apparut évident que nous étions en train de prendre le dessus sur nos adversaires. Dans le désordre et le chaos qui régnait tout autour de moi, j’avisais l’entrée d’un passage vers les entrailles du Koloss’ à quelques mètres sur ma gauche.

Je me retournais pour faire signe aux hommes qui me suivaient, mais mon regard fût attiré par autre chose. Près de ce qui semblait être le gouvernail de cet étrange navire, se tenait un immense Orque à la musculature imposante. Écumante, la créature beuglait des ordres à ses semblables, la gueule débordante de bave moussante et le corps couvert d’un sang qui ne semblait pas être le sien. Il tenait dans son immense main un grand fléau d'armes qu’il faisait voltiger au-dessus de sa tête avant de l'abattre sur tous les malheureux assez courageux, ou fous, pour s’approcher de lui. Il avançait dans notre direction, semant la mort sur son chemin, et il semblait bien décidé à nous empêcher d’accéder aux cales de son navire.

J’agrippais par l’épaule un des marins qui passait près de moi pour l’arrêter, et, en hurlant pour couvrir le vacarme des cris, des tirs de mousquets et des bruits d’épées s'entre choquantes, je lui dis :
- « Emmène quelques hommes avec toi la dessous, et faites le sauter de l’intérieur ! »
- « Tu viens pas avec nous ? »
- « Non, je vais essayer de retenir leur chef pour vous donner le temps d’agir. De toute façon, j’y connais rien sur la manière d’envoyer un navire par le fond. »
Il jeta un regard dans la direction de l’énorme Orque qui continuait de se frayer un passage vers l’entrée de la soute, et il déglutit avant de dire :
- « Bonne chance Nola, Mannan soit avec toi »
Et, il disparut dans la soute, emmenant trois autres marins à sa suite.

Je me retournais pour faire face à l’immense créature qui arrivait vers moi. C’était comme si autour de nous, le temps s’était ralenti, et qu’un chemin s’était formé dans la cohue, personnes ne voulant s’interposer entre l'amazone et l’Orque qui allaient s’affronter.
Laissant une de mes lames pendre contre ma jambe droite, je relevais la seconde et la pointais vers le chef des Peaux-Vertes, dans un geste de défi. Nos regards se croisèrent à ce moment, chacun jaugeant son adversaire, tentant de l'intimider. Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine et je tentais de reprendre mon souffle. Dans un murmure, j’adressais une prière à Kalith, ma déesse protectrice, celle qui était tatouée sur mon bras, au côté de Mannan : « Tamana he, na socotade bo silki a ne. Kalith va pomono da bate a monstro. Te mato para desi e saka. »

Puis, je poussais un cri de défi, avant de me jeter en avant, à la rencontre de la créature qui, rugissante, chargeait dans ma direction en agitant son arme meurtrière dans le ciel…
Modifié en dernier par [MJ] Le Roi maudit le 10 juin 2022, 16:07, modifié 1 fois.
Raison : xp : 4 / total xp : 131
La vie est un chemin qui se parcourt dans un seul sens. On peut choisir sa destination, réfléchir quand on arrive à une intersection, ralentir, accélérer, décider de ne plus refaire les mêmes erreurs, mais on ne revient jamais en arrière.

Nola Al’Nysa, Voie du Forban
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Mon histoire : ici
Quelques récits sur la vie de Nola : ici

Awards :
  • Meilleur PJ - Etoile Montante : 2022
  • Bourrin en chef : 2022 & 2023
  • Incitation aux voyages : 2023


Dessins de Nola Al'Nysa réalisés par NmForka :
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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par [MJ] Le Roi maudit »

Nola tire sur l'orque, et lui inflige... 66 pvs dans la mouille. Ça ne pardonne pas la réussite critique :orque:
Le chef Orque va charger et utiliser son ékrabouillateur pour t'intimer le respect. Il fait un 7, ta parade échoue avec 16... Tu perds 60 pv.
Nola est donc
.
.
.
Morte.

Ou pas.

Le destin est joueur, les Dieux aussi. Et Nola avait prié.
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Le Golgoth hurla en se précipitant à l'encontre de ce bout de Pôroz dénudée qui osait le défier sur son propre bâtiment. Il était énorme, vert, enragé, son arme déjà couverte de bien trop de sang. Mais l'Amazone avait son pistolet. Dérobé au cadavre d'une toute autre sorte de porc braillard et énervé contre elle.
Et la balle fit mouche. En pleine tête. Emportant avec elle un croc, l’œil, la pommette et un bout de la boite crânienne, le chef poussa un hurlement atroce, chancelant, mais il était déjà bien trop proche et d'un mouvement de balancier des bras, il frappa de son monstrueuse arme à deux mains. Le coup percuta Nola en plein bras, pleines côtes, et la balaya au sol visqueux de sang trois bons mètres plus loin.

Elle avait mal, son corps s'emplissait de son propre sang. Son bras gauche était plié dans un sens morbide, comme les membres des aventuriers qu'elle et ses sœurs accrochaient aux arbres en guise d'avertissement. Il ne bougeait plus à son injonction... Elle crachota. C'était métallique et poisseux. C'était donc comme ça la fin ? C'était encore plus pathétique que ce qu'elle pouvait l'imaginer. Son œil valide se ferma doucement, qu'est ce qu'il faisait froid...
Putain ce qu'il fait froid.



Les oiseaux chantaient. Au loin, les préhistoriques bêtes à écailles continuaient à un rythme constant depuis l'âge des anciens dieux à croitre, se battre, vivre ou mourir. Le soleil perça entre les frondaisons, éclairant le dos de sa sœur qui marchait juste devant elle.

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La Jungle. La maison. Une simple patrouille. Les Qhari n'étaient pas loin. Ce soir Sotek et Kalith seraient rassasiés. Le corps couvert de leurs peintures de guerre, les plumes de sa coiffe battant les frondaisons des plantes. Son arc en main. Les Qhari revenaient chaque année plus nombreux. Et plus nombreux étaient leurs restes disposés sur les autels de leurs Dieux. Les Mères éternelles le juraient. La Jungle saurait éradiquer ce fléau.
Avant que leurs monstres de bois ne se posent sur les rives de la Flak, les Amazones étaient réduites à peau de chagrin. Une poignée d'antiques femmes dans des temples dépérissant. Et maintenant. Elles avaient crû en nombre. Et elles vaincraient.

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Elles encochèrent, ils avançaient péniblement, les pieds dans la boue. En sueur, étrangers en terre étrange. Les flèches partirent, mortelles et silencieuses. Ils s'écroulèrent. En un saut, les filles de la canopée se précipitèrent sur l'envahisseur. En trois battements de cœur, c'était réglé. Elle s'avança entre les corps chauds. S'accroupissant pour récupérer sa flèche, elle réalisa que celui là respirait encore. Retournant le malheureux, elle pu admirer son visage. Sa peau mate, le poil sombre qui garnissait ses joues et sa lèvre. Le noir d'onyx de ses yeux terrifiés. Elle posa la main sur ce Qhari et lui intima de ne pas s'agiter. Il vivrait. Pour l'instant.

À l'ombre de la Lune et à la lumière des feux du village, elle regardait son ventre bien arrondi. Ses sœurs chantaient en remerciant les dieux. C'était soir de liesse.
Mais elle délaissa un temps les guerrières de son sang pour le voir, lui. Vêtu d'une simple chemise tâchée, il n'avait plus l'aspect des féroces soldats en armure de son peuple. Ses cheveux avaient poussé, il avait les joues creuses, une cicatrice qui témoignait de son opiniâtreté. Et c'est avec un demi-sourire qu'il l'accueillit.
Ils s'étreignirent. Sous la Lune muette.

Les tambours résonnaient. Le temple était en ébullition. Elle, elle n'arrivait presque plus à marcher toute seule. La vie croissait en elle. Mais une autre devait s'éteindre ce jour. Son beau Qhari n'avait pas peur pourtant. Il lui souriait en avançant vers l'Autel où les Mères immortelles attendaient. Il s'agenouilla. La prêtresse leva la massue sertie de lames d'obsidiennes. Avant de l'abattre.

C'était un autre corps, plus jeune, plus vif. Pourtant bien plus ancien. Le monde était neuf. Mais la jungle brûlait. Ce hurlement, c'était celui des Dieux traqués. C'était celui de ses sœurs qui chargeaient l'ennemi corrompu et déviant, aux côtés des Hommes-Lézards. Elle empoigna sa lance avant de frapper.

Il faisait froid. Pourtant il ne faisait jamais froid dans la jungle. C'était son bras oui. Ses tatouages. Pourtant. L'océan était loin. Si loin. Il n'y avait que des arbres noirs comme la nuit qui couvrait ce monde. Elle était nue. Seule. Mais elle n'avait pas mal ici.
"Coriace hein ? Jamais aimé les Orques, trop brutaux, aucun sens du jeu."
Fabrice était là, assis sur une branche, agitant une paire de dés dans sa main.
"Moins coriaces qu'elle. Tu verrais cette furie lorsqu'elle a quelque chose en tête."
"Oh j'étais là sur le San Felicia. Je te crois Syrasse."

Elle tourna la tête, mais pas de trace du capitaine, en retournant en direction de l'autre, il n'était plus là. Seule. Seule... Jusqu'à ce qu'elle fasse irruption.
Elle était elle. Mais pas uniquement Nola. Elle était toutes les Amazones, et toutes les Amazones étaient elle. Kalith. Titanesque figure d'une beauté indéfinissable. Elle lui offrit sa main. Mais Nola avait beau se dresser de toute sa taille pour l'atteindre, elle resta inatteignable.

Jusqu'à ce que tout se dérobe sous ses pieds. Vers le gouffre brûlant où tout mourait, temples, civilisations, amazones et mêmes dieux.
"Méfie toi de l'Homme doré."
Jet d'attaque de Nola : 11, tu lui infliges 15 pv
Son attaque échoue à 15
??? attaque au tir, l'Orque est mort.
Tu as cramé tes dix points pour Kalith, et tu es à 1 pv, ton bras gauche est inutilisable jusqu'à ce que l'on te soigne, enjoy.
Le sang lui collait à la bouche. Elle sentit son souffle sur le visage. Il puait l'orgueil et l'orque. Son arme dressée en l'air pour l'abattre. De son bras valide elle frappa dans le jarret. Il hurla, laissant tomber son arme derrière lui dans un CLONK métallique. Une balle fusa, pulvérisant l'autre moitié de son crâne sanguinolent. Il chancela, et s'écroula bruyamment. Kidd s'approcha, son pistolet encore fumant.

"Nola ! Bon sang ! Accroche toi. On se tire !
Il l'attrapa sans ménagement, la hissant sur ses épaules, il puait la sueur, la peur, et le sang d'orque. Tout autour c'était la cohue, ses sens étaient trop engourdis pour discerner ce qui se passait, mais bien du sang allait remplir le Golfe noir aujourd'hui.
Et ils n'étaient qu'à quelques pas du bastingage. Quelques pas pour rallier l'Aslevial.
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Nola Al'Nysa
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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par Nola Al'Nysa »

Je restais debout, fermement campée sur mes deux jambes, tandis que la créature me chargeait, ignorant tout ce qui se mettait sur son passage, sa colère et sa rage contre celle qui osait la défier sur son propre vaisseau semblant prendre le dessus sur tout le reste. Je sortis mon pistolet et, bras tendu, visais la masse énorme de muscles qui se précipitait à ma rencontre. Je ne tremblais pas, concentrée, j’attendis jusqu’à la dernière seconde avant d’appuyer sur la gâchette pour faire feu. Mon plan était simple : blesser l’Orque assez sérieusement pour le ralentir, et ensuite le harceler en restant toujours hors de portée de son impressionnante arme.

La première partie du plan fut un franc succès, alors qu’il n'était plus qu’à quelques mètres de moi, j’ouvris le feu et la balle le frappa en pleine tête, arrachant crocs, chair et cervelle. Cependant, alors que je m’apprêtais à saisir mes deux sabres, je fus surprise par la réaction de mon adversaire. Hurlant de douleur, il se déporta et, dans un même mouvement, fit siffler son fléau d'armes dans ma direction. Je ne sais pas si l’attaque était volontaire ou non, mais cela me surprit et je n’eus pas le temps de l’esquiver. Dans un mouvement de réflexe, je parvins à placer mon bras devant mes côtes, tentative aussi futile que désespérée de se protéger, puis l’arme m’atteignit et me frappa de toute sa puissance.

Je fus projetée à plusieurs mètres et j'atterris sur le pont poisseux de sang du navire Peaux-Verte. Mon corps entier n’était plus que douleur. Je tentais de me redresser, mais une souffrance horrible se répandit sur tout mon flanc. J’essayais de porter la main à mes côtes pour me soutenir, mais mon bras ne répondait plus. Aveuglée par la douleur je mis un moment à comprendre la situation, et quand mon regard se posa enfin sur mes blessures, j’en mesurais la gravité. Me servant de mon bras valide, j’essayais de ramper vers un abri, mais je progressais trop lentement et chaque mouvement était un supplice. Je toussais et crachais du sang et, après de vains efforts, je me laissais tomber à même le pont, sur le dos, la respiration sifflante.

De mon œil valide, je regardais le ciel qui se découpait entre les volutes de fumée produites par les flammes, les canons et les armes. Petit à petit, tout me sembla indistinct et j’en oubliais presque l’endroit où j'étais. Des sons me parvenaient encore, mais ils étaient lointains et étouffés. La lumière elle-même semblait s’affaiblir, comme si tout était recouvert d’une lumière grise ou bleue claire. Tout cela me fit penser à un tableau vivant, mais je ne parvenais pas à comprendre la place que j’y occupais. La seule chose dont j’étais certaine, c’est que j’avais froid, et plus ça allait, plus j'avais froid. Je n’aspirais plus qu’à une chose, m’endormir et être libérée de cette douleur et de ce froid. M’endormir et enfin me reposer. M’endormir, et ainsi oublier cette vie si dure. M’endormir... et ne pas penser à mes sœurs que j’avais promis de libérer.
« Je suis morte », me dis-je avec effroi. Puis me reprenant « Inutile d’avoir peur, je suis déjà morte. » Ensuite, ce fut la folie, terrible et dévastatrice, accompagnée de visions incompréhensibles et de rêves délirants. Puis tout devint blanc.



Une grande balance, comme celle du changeur d'argent de Sartosa.
Une panthère traverse la clairière et s’avance. Elle semble blessée, sa patte avant droite inutilisable tordue dans un angle inquiétant. L’un de ses deux yeux est blanc, traversé par une fine cicatrice. L’animal s’avance, et vient se poser sur l’un des plateaux de la balance.
Le plateau descend soudainement tout en bas.
Une femme très âgée, et pourtant jeune, le visage impassible demande « quelle est la valeur de cette vie ? Quelle juste mesure peut l'acheter ? »
Un jeune renard au pelage d’un roux éclatant surgit de la forêt et traverse en trombe l’espace qui le sépare de la balance. Il saute, et atterrit dans le plateau vide. Celui de la panthère monte et, ils s'équilibrent exactement.
La très vieille jeune femme, hoche la tête, et sourit. Ses dents sont rouges, comme les peintures qui recouvrent son corps et son visage.



Avec une grande inspiration, je quittais les étranges rêves dans lesquels j’étais plongée et je revins à moi. Une avalanche de sons, de couleurs et de douleurs me tombant dessus comme une cascade et m’étourdissant, comme si on m’avait retiré la tête de l’eau. Les souvenirs des dernières minutes se déversèrent en moi comme un torrent de montagne et je compris qu’il ne s'était écoulé que quelques instants durant mon rêve étrange.
Je n’eus pas le temps d’évaluer la situation que mon regard se figea devant moi. Le chef Orque, fou de douleur, titubait dans ma direction, souhaitant sans aucun doute finir le travail. Alors qu’il arrivait à ma hauteur, il se dressa au-dessus de moi de toute sa stature, les yeux emplis d'une rage aveugle. Je ne lui laissais pas l’initiative et, de mon bras valide, je saisis une de mes lames pour la lui planter dans le jarret. Il s’écarta, poussant un nouveau rugissement de douleur, son regard fou balayant les alentours, et avant qu’il n’ait eu le temps d’esquisser une nouvelle attaque, un coup de feu retentit et ce qui restait de sa monstrueuse tête vola en morceaux qui s’éparpillèrent sur le pont.

Alors que la créature s’affaissait sur le côté dans un bruit sourd, une silhouette humaine se dessina juste derrière elle. Il me fallut quelques instants pour reconnaître Kidd. Le gamin, tremblant, tenait dans ses mains un pistolet encore fumant.
« Nola ! Bon sang ! Accroches-toi. On se tire ! » me dit-il en se précipitant dans ma direction. Je voulus parler, « je crois que.. je crois que j’ai gagné. » mais les mots moururent sur mes lèvres. Il me regarda avec ses yeux sombres. Il n'y avait dans ce regard que du respect, de l’admiration et surtout, de l’inquiétude.
Il me fit m’asseoir, puis entreprit de me hisser sans ménagement sur ses épaules. J’essayais de lui dire de me laisser là, tétanisée par la douleur, mais lorsque j’ouvris la bouche, seule une bulle de sang naquit au coin de mes lèvres, avant d’éclater quelques secondes plus tard.
Nous traversâmes en sens inverse le pont du Karak’ en direction de l’Aslevial. Dans un état de semi-conscience, je ne parvenais pas à comprendre ce qui m’entourait. Chaque pas que faisait Kidd éveillait en moi des douleurs insoutenables. Je peinais à respirer à cause de mes côtes, apparemment cassées, et mon sang coulait abondamment le long de mon corps, laissant une ligne rouge sombre derrière nous.

Kidd franchit le bastingage des deux navires, et entreprit de m’emmener dans les entrailles de notre vaisseau. J’étais toujours consciente, mais je n’arrivais pas à analyser clairement ce qui se passait et à comprendre l’activité qui m’entourait. Autour de moi, j’entendais beaucoup de cris, ceux des blessés qui demandaient vainement de l’aide, et ceux des valides qui tentaient de s’organiser. Des odeurs de sang, de vomis et d’urine assaillissaient mes narines, mais je n’étais pas assez consciente pour que cela me gêne.
Le jeune mousse franchit une dernière salle, jouant des coudes pour se frayer un passage parmi le grand nombre de personnes attendant des soins, puis il interpella quelqu’un :
- « Aidez-moi, elle a besoin de soins, vite ! »
Des pas précipités arrivèrent dans notre direction.
- « Bordel elle s’est fait piétiner par un troupeau de Peaux-Vertes ou quoi ? » répondit une voix que je crus identifier comme celle d’Hertzog, le chirurgien de l’équipage.
- « Elle vient de tuer le capitaine ennemi ! » dit Kidd, une pointe de fierté dans la voix.
- « Ouais bah faudrait voir à ce qu’il ne lui est pas rendu la pareille gamin… »
Je sentis qu’on me déposait sur une table d’opération, mais je n’arrivais pas à ouvrir les yeux.
- « Tu comptes rester là à bailler aux corneilles gamin ? Fou moi l’camp et laisse moi faire mon boulot. » puis marmonnant pour lui-même « Quel foutu bordel ! Nola tu m’entends ? Nola ?! »
J’aurais aimé lui répondre, mais je me sentis de nouveau partir, plus rapidement et plus profondément cette fois. En quelques instants ce fût le noir complet, le silence, et le calme.

« Méfies-toi de l’homme doré »

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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par [MJ] Le Roi maudit »

Chaque guerre traine dans son sillage un cortège de morts, d'éclopés, de blessés, de traumatisés. Et si ils ne se battaient ni pour un roi ni pour un dieu, c'était bien sous un pavillon, noir et ricanant, que les pirates croisaient l'acier et faisaient tonner leurs canons. Et après cette bataille, l'infirmerie ne fut pas en reste.
Un charnier de corps suppliciés, de mourants terrifiés, de grands bougres fort à mâcher des clous qui hurlaient en implorant les dieux, leurs mères et l'infirmier. Pour certains, il n'y avait plus rien d'autre à faire que d'avaler toute une bouteille de rhum trouble et de faire face à son destin.

Dans ce foutoir, les marins valides se retrouvèrent à la charge d'assister le chirurgien débordé. Les Orques ? Ici, il n'y avait pas d'orques, pas d'assaut. On tachait juste de rester en vie, ce qui n'était pas une mince affaire.

Nola oscillait entre deux mondes. Son bras lui infligeait une épouvantable douleur que tout le rhum du monde ne pouvait calmer. La descente après l'ingestion de ses plantes lustriennes n'aida pas. Mais si son bras lui faisait mal, c'est qu'elle l'avait encore.

Le plus dur fut le premier soir. Une cacophonie de râles, de cris de douleurs. Le ballet incessant des brancardiers amenant des blessés, repartant avec des cadavres.
Dans sa turpide lucidité, elle comprenait qu'on devait avoir gagné, vu qu'aucun orque n'était actuellement en train de détruire les lieux. Sûrement, peut être.
Ensuite, cela se calma. Peu à peu, on sortait les pirates rétablis. Elle, elle se retrouva un bras en écharpe et un hématome gros comme une miche de pain sur le flanc. À végéter. Ses rêves portaient sur la jungle, les filles de sa tribu, les exploits de son peuple. Mais aussi invariablement à lui.

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Parfois c'était une armure. Parfois même sa peau était de ce jaune ardent. Toujours là. Comme un sinistre volatile de mauvais augure. Heureusement, comme le vent marin chasse les nuages, le temps passa et ses songeries s'espacèrent. On la déplaça même dans le pont. On lui expliqua que le navire mouillait dans une petite baie le long du golfe noir. Pour réparer les dégâts de la bataille, laisser à l'équipage de quoi s'en remettre, et profiter de ce putain de cadeau qu'était la vie.

Syrasse vint la voir quelque fois, mais il était toujours pressé. C'était Syrasse après tout. Mais un visiteur bien plus curieux et farouche s'amena parfois auprès d'elle. Le jeune héros. Kidd. Il prenait le temps de la regarder quand il passait, chargé de toutes les tâches possibles et imaginables. Mais un jour tandis qu'elle n'avait pas grand chose d'autre à faire que de compter les mouches et les rainures dans le bois du pont supérieur, il s'amena. Calant ses fesses sur un tonneau, il la fixa. Sans trop savoir quoi dire. Avec dans le regard la même expression que ce conquistador blessé dans la jungle de Lustrie. Celui du Qhari face à l'Amazone.
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Nola Al'Nysa
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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par Nola Al'Nysa »

Les premiers jours qui suivirent la bataille furent les pires pour moi. Je me réveillais dans un état semi-végétatif avec une conscience altérée de mon environnement, alors que l’activité dans l’infirmerie battait son plein. Après s’être occupé de moi, on avait dû me déplacer dans un coin de la cale où je ne gênerai pas les matelots valides qui transportaient les blessées jusqu’à l’infirmerie, puis repartaient en emportant ceux qui avaient succombé à leurs blessures. Je suivais ce lugubre va et vient depuis la paillasse où l’on m’avait installé sans bien réaliser ce qui se passait. Avec la disparition des effets trompeurs de la koka, la douleur déjà terrible qui me déchirait le flanc et le bras devenait quasiment insoutenable. C’était ce genre de douleur vive et constante contre laquelle vous ne pouviez rien faire et qui occupait votre esprit en permanence jusqu’à vous rendre fou.

Je dus néanmoins me rendormir car, lorsque j'émergeais à nouveau d’un sommeil fiévreux et agité, un certain calme avait gagné les lieux. Les lumières tamisées me laissaient penser que la nuit avait dû tomber et que les hommes qui gisaient autour de moi devaient être ceux pour lesquels il y avait encore un espoir de guérison. Tout était sale, la suie des lampes tachait le plafond et les murs en éclairant la grande pièce qui ressemblait plus à un champ de bataille qu’aux quartiers d’un chirurgien. Tous ces corps blessés, enfermés dans ces quatre murs dégageaient une odeur puissante de sueur, de maladie et de sang, odeur accrue par l’humidité qui suintait entre les planches de bois du plafond. Le sol quant à lui était couvert de linge sanguinolent, de bouts de tissus déchirés, d’armes en tous genres jetais là où il y avait de la place et d’instruments divers et variés à l’aspect inquiétant mais qui était pourtant certainement destinés à soigner les blessés. La pièce sentait la mort et la misère. Elle sentait le marin et le soldat.

Incapable de penser à autre chose que la douleur qui irradiait dans tout mon corps, je ne me rendormais pas. Les yeux grands ouverts, je fixais dans la pénombre le plafond au-dessus de ma couchette. Je ne cillais pas, ne bougeais pas et respirais à peine, prisonnière d’une inquiétante fixité tandis que le navire tanguait, craquait et grinçait autour de moi. Mes pensées revenaient incessamment, telles des vagues sur le rivage vers mes rêves des dernières heures, fruits simplement de pensées fiévreuses et délirantes dues à l'adrénaline, la douleur et la drogue j’en étais sur. Et pourtant... tout cela m’avait paru tellement réel. Pendant un instant j’avais de nouveau respiré l’odeur de la jungle, ressentie l'excitation de la traque des envahisseurs aux côtés de mes sœurs, j’avais senti les caresses du Qharis sur ma peau et même était prise de tristesse le jour de son sacrifice. Un rêve pouvait-il être si réel ? Et cette femme, qui était-elle ? J’avais eu l’impression de la connaître, mais j’avais beau y réfléchir, j’étais incapable de me rappeler ou je l’avais vu. Et puis il y avait aussi ce fugace instant où Fabrice et Thorne échangeaient à mon sujet, comme deux vieux compagnons se retrouvant après des mois, évoquant un ami en commun. Enfin, il y avait lui, l’homme doré.. Qui était-il ? Et pourquoi cette mise en garde ? Perturbée et essayant de chasser ces pensées de mon esprit, je le tournais vers Kalith, la mère de toutes les amazones pour la remercier de sa protection durant mon affrontement avec le chef Orque et de m’avoir permis d’en réchapper vivante. Je n’avais jamais été très croyante, contrairement à certaines de mes soeurs, mais ce soir, dans cette infirmerie pleine de blessés et de mourant, convalescente dans la cale d’un navire voguant à des milliers de lieux de ma terre natale, je puisais un peu de réconfort dans ces prières nocturnes.

Les jours suivants se passèrent de la même manière. J’alternais entre des phases de sommeil agité et des moments de consciences ou ma préoccupation première était d’essayer de distraire mon esprit de la douleur lancinante qui continuait de traverser mes chairs. Petit à petit, l’infirmerie se vidait, que ce soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Certains marins étaient déclarés guéris et remontaient sur le pont supérieur, d’autres ne survivaient pas à leurs blessures et étaient évacués. Syrasse vint me voir plusieurs fois pour se rassurer quant à mon état de santé, et pour échanger quelques paroles avec moi, mais cela occupait bien peu les longues journées dans la pénombre à ressasser mes rêves étranges. Je discutais un peu avec mes voisins, mais nous étions tous trop fatigués et mal en point pour que ces conversations ne nous mènent bien loin. Mes nuits, elles, étaient toujours agitées et mes songes se tournaient inexorablement vers l’homme doré, tant et si bien que j’en étais arrivée à craindre de m’endormir. Je me réveillais en sueur de chacune de ces rencontres avec ce mystérieux inconnu qui m'apparaissait tantôt vêtu d’une armure intégrale en or, brillant de mille feux, tantôt comme un homme dans le plus simple apparat à la peau légèrement dorée. Il ne parlait jamais dans mes rêves mais se contentait de se tenir là, droit et silencieux et de me regarder.

Au bout d’une semaine, je pus remonter moi aussi sur le pont du navire et quitter la moiteur tiède et maladive des quartiers du médecin. Comme j’allais mieux, je pus enfin effectuer une toilette complète et me débarrasser du sang et de la crasse des derniers jours. On m’installa ensuite dans une couchette plus confortable dans un endroit calme du navire où je pouvais me reposer plus à mon aise. Mon bras me faisait toujours extrêmement mal, mais placé en écharpe sur ma poitrine, la douleur était moins vive. Quant à mon flanc, il était couvert d’un hématome d’un bleu profond de la taille d’une miche de pain et chaque mouvement me tirait un petit hoquet de douleur, comme si on m’enfonçait une pointe de fer entre les côtes. Un soir, le capitaine Syrasse vint dîner avec moi, histoire de me changer un peu les idées et de me donner des nouvelles sur notre situation. Il m’expliqua que nous étions en train de mouiller dans une petite baie le long du golf noir, le temps de réparer notre navire ainsi que nos hommes, aussi bien physiquement que mentalement et que nous ne repartirions que dans une dizaine de jours si tout allait bien. Notre repas terminé, il prit congé, me laissant somnolente et, alors que la fatigue me gagnait, je fermais les yeux et m’enfonçait dans la chaude et obscure frontière qui sépare la veille du sommeil, où la réalité oscille et se déforme au souffle des pensées, où l'imagination fleurit et où toute chose devient possible.

Lorsque je rouvris les yeux, il se tenait au pied de mon lit, son armure dorée brillant légèrement à la lueur de la lampe qu’il tenait à la main. En soi, l’armure en elle-même constituait déjà une rareté sur un navire pirate où les tenues simples et légères étaient plus courantes, mais ce ne fut pas seulement la lueur jaunâtre de la cuirasse qui retint mon attention mais l’homme en lui-même.
Sa peau était mate, presque autant que la mienne, une barbe sombre couvrait ses joues et ses lèvres et ses cheveux étaient à peu près dans les mêmes tons. Une cicatrice barrait sa joue, au milieu de son visage à l’expression neutre. Malgré tous ces détails, je fus incapable de lui donner un âge. Il me dévisageait et, malgré la piètre lumière de la lampe, je vis qu'il avait les yeux d’un noir d’onyx, les plus sombres que je n’eusse jamais observés. On eût dit ceux d'un félin lorsqu'il chasse et son regard exprimait le même mélange de vigilance et de férocité. Mon cœur loupa un battement et je fermais les yeux une seconde pour me calmer. Quand je les rouvris, il avait disparu. « Oh Kalith, viens moi en aide à nouveau » murmurais-je pour moi-même dans la petite pièce sombre.

Petit à petit néanmoins, je me remettais de mes blessures. Évidemment, il allait falloir du temps pour que je puisse de nouveau parcourir les gréements et m’entrainer à l’escrime avec mes compagnons, mais la douleur s'atténuait, et avec elle, mes rêves étranges également. En lieu et place de l’homme doré qui avait l’habitude de s’inviter dans mes rêves, j’avais un autre visiteur tout aussi assidu pendant mes journées qui lui ne semblait pas montrer de signe d'essoufflement. En effet, le jeune Kidd, qui depuis son arrivée dans l’équipage semblait être fasciné par moi, avait gagné en confiance depuis qu’il m’avait tiré du karak’ Peau-Vert. Chaque fois qu’il passait près de moi, effectuant diverses tâches que lui avait confié le contremaître, il me regardait avec insistance, et parfois même, lorsque j’émergeais d’une sieste réparatrice, je le trouvais perché sur des tonneaux à quelques mètres de moi, me contemplant, perdu dans ses pensées. Je n’arrivais pas à m'expliquer pourquoi cette attitude me mettait aussi mal à l’aise, était-ce parce que cela me rappelait l’homme qui me contemplait dans mon sommeil la nuit ? Il allait en tout cas falloir que j’ai une discussion avec le jeune mousse.

Une dizaine de jours après notre combat, je commençais enfin à marcher en liberté sur le navire, me déplaçant avec précaution et évitant de solliciter ma hanche blessée. La première fois que je sortis sur le pont, je pris un moment pour inspirer jusqu'à faire éclater mes poumons l’air marin aussi frais que revigorant après des jours enfermée dans une pièce close. Je levais une main pour m'abriter les yeux, ébloui par la lumière aveuglante du soleil qui se reflétait sur l'eau. Je m’arrêtais pour laisser passer deux marins qui avançaient en titubant, traînant jusqu'au pont deux gros objets emballés dans de la toile. Ils me saluèrent avec de grands sourires, exprimant leur plaisir de me voir de nouveau sur pied. Après la pénombre où étaient plongés les entreponts de l’Aslevial, j’avais le sentiment de revenir à la réalité. Je m'arrêtais près du bastingage et tâtais les cicatrices laissées dans le bois, là où les projectiles envoyés par les Peaux-Vertes avaient fauché tant de mes compagnons. Perdues dans mes réflexions, je rebroussais machinalement la mèche rebelle qui me tombait sans cesse sur l’œil gauche, œil qui ne voyait plus depuis longtemps maintenant.

Alors que je recommençais à prendre part à la vie sociale de l’équipage, je découvris non sans une certaine surprise qu’on louait mes actions durant le dernier combat. Évidemment, comme tous les marins, mes camarades avaient une légère tendance à l’exagération et même si je savais avoir grandement participé à la victoire de notre équipage face aux monstres, j’étais sûr de ne pas avoir terrassée trois orques d’un seul coup de lame ou tout autre sorte d’exploits que l’on me prêtait. Il était cependant agréable d’avoir la reconnaissance des marins pour mes faits d’armes et lorsque l’un d’entre eux porta un toast en disant « À Nola la tueuse d’orques, qu’à les côtes plus dures que l’fer », je levais mon verre avec les autres. Après tout, j’avais payé chèrement mon affrontement avec les orques, notamment celui avec leur chef et il s’en était fallu de peu que je ne fusse plus là pour célébrer cela avec eux.

Quelque temps plus tard, durant un après-midi ensoleillé, alors que je me reposais à l’ombre de la dunette, j’observais le capitaine Syrasse qui discutait avec le contremaître de diverses tâches à accomplir avant de reprendre la mer. Je ne pouvais sortir de mon esprit l’image de lui et Fabrice en train de discuter et je ne pouvais m’empêcher de me demander si, l’un comme l’autre, ils ne me cachaient pas quelque chose. Un bruit sourd attira mon attention, tournant le regard, je vis Kidd s’installer sur un des tonneaux contre lesquels j’étais adossée. Il me fixait comme toujours, sans trop savoir quoi dire, et, alors que je le regardais à mon tour, levant un sourcil interrogateur, son visage s’empourpra. Il avait la même expression étrange que le conquistador blessé dans la jungle, au cœur de la Lustrie, le regard du Qhari face à une amazone.
« Je ne t'ai pas remercié de m’avoir tiré de là l’autre jour » lui dis-je pour briser le silence tandis qu’il rougissait encore plus, surpris que je lui adresse la parole pour la première fois.
« Tu viens d’où ? Et comment un gamin comme toi se retrouve-t-il sur un navire tel que l’Aslevial ? »
Modifié en dernier par [MJ] Le Roi maudit le 10 juin 2022, 16:08, modifié 1 fois.
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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par [MJ] Le Roi maudit »

"Je ne t'ai pas remercié de m’avoir tiré de là l’autre jour." lui dis l'Amazone pour briser le silence tandis qu’il rougissait encore plus, surpris qu'elle lui adresse véritablement la parole pour la première fois.
"Tu viens d’où ? Et comment un gamin comme toi se retrouve-t-il sur un navire tel que l’Aslevial ?"

"De rien. Faut bien s'rendre service." Kidd regarda le bois de la cale, à gauche, à droite, en haut, en bas, avant de vraiment se centrer sur l'Amazone. "Je viens d'nul part en fait. Comme la plupart des gens ici je pense. Et j'ai signé car je savais pas où aller. J'voulais pas me faire trouer la peau pour un connard de roi, de prince, de duc ou d'chef. Ici on est libre. Enfin façon de parler. Mais les sous qu'on m'file seront les miens. Pas la carotte qui suit le bâton."


"La liberté.." dit-elle avec un petit rire sec. "Vous êtes pourtant tous prisonnier de votre amour de l'or.. J'ai connu la vraie liberté moi, dans ma jungle, avec mes sœurs, jusqu'à ce que des Qharis en quête de liberté débarque sur des vaisseaux similaires à celui-ci pour tuer, capturer et piller mon peuple."

Elle le jaugea un instant comme il ne répondait pas. "Tu sais te servir d'un pistolet, mais sais-tu te servir d'une lame ? Quand mon bras sera remis, je pourrai t'enseigner quelques trucs, en gage de remerciements."

Il s'attardait sur les cicatrices, les blessures plus récentes et tous les attributs du corps de sa comparse. "Si on est prisonniers, et si on vous a causé tant d'tort, pourquoi tu restes ?"

Elle soupira et, portant son regard vers le large, lui répondit : "J'ai une tâche à accomplir ici. Après cela, je tenterai de rallier la terre de mes ancêtres, enfin j'imagine.."

"Quelle tâche ? Se battre avec tout ce que la mer compte de malfrats ?"

"T'es bien curieux pour un mousse. Crois-moi, va falloir que t'apprenne à pas trop te mêler des affaires des autres si tu veux rester en bonne santé longtemps."

"On m'a déjà dit ça, mais pour l'instant je pète la forme. Faut dire que j'évite de me mettre plus en danger que nécessaire. Ça tient à pas grand chose la vie. Parait que la moitié de l'équipage y est passé là."

Devant la confiance affichée par le jeune matelot, elle haussa un sourcil. "Et encore, ça aurait pu être pire. On pense toujours être le prédateur, jusqu'à ce qu'on se retrouve chassé par plus gros que nous. Tu sais ce que ça veut dire ? On va avoir une flopée de nouvelles têtes qui va débarquer dans les prochains jours et sur lesquels on saura pas si on peut compter ou non. D'ailleurs, toi, c'est qui le type qui s'est chargé de recruter un gamin à la langue si bien pendue ? D'habitude ils préfèrent les mousses qui font profil bas."

Il regarda à droite et à gauche. "Je me suis engagé tout seul. Faut dire qu'ils étaient tous en panique à cause d'un bateau d'Estaliens, le San Felicia là. Je me suis ramené, on m'a filé un balais et voilà. Puis qui en a quelque chose à faire d'un nouveau ? La moitié des mecs dont je connaissais le nom a été balancé à la flotte dans une bâche."


"Tu manques pas de cran, ni de culot ! Si le quartier maitre s'en était rendu compte, tu aurais passé un sale quart d'heure." Puis, après avoir marqué un pause. "Toi qui semble avoir les oreilles qui trainent partout, t'as entendu quoi sur le San Felicia ? On dit tellement de choses différentes à son sujet.."

"Qu'on a égorgé l'équipage comme si c'était des chiots. Qu'ils étaient au moins une dizaine pour leur forfait. Ou que c'est la momie qu'ils ont ramené du nouveau monde qui s'est relevé pour se venger d'eux."

L'air circonspect elle répondit "Oh oui.. C'est surement ça, une momie maudite qui se venge." Puis, comme son cherooth finissait de se consumer, elle enchaîna : "T'as déjà entendu parler d'un homme qui se ferait surnommer l'homme doré, ou quelques chose comme ça ?"

"Nan jamais. Puis faut être bien con. L'Or ça se voit de loin."


"C'pas faux." Conclut-elle en hochant les épaules.

Des marins passèrent avec des barils, saluant Côtes-de-fer et l'avorton qui l'avait tiré de son mauvais pas.
"Mais heu... Je voulais savoir." Il s'approcha, décidément bien curieux. "C'est vrai ce que les gens disent sur les Amazones ?"

"Ça dépend, qu'est-ce que les gens disent sur les Amazones ?"

"Tout plein de choses. Comme pour le San Felicia..." Il ajouta, entre curiosité malsaine et légère honte : "C'est vrai qu'il n'y a que des femmes ? Que vous vivez nues dans le nouveau monde ? Et surtout que vous tuez tous les étrangers ? Comme les elfes."

Méfiante dans un premier temps, elle sourit finalement devant la gêne évidente du jeune matelot :
"Je ne dirais pas qu'il n'y a que des femmes, mais ce sont bien mes sœurs et moi qui régnons sur la jungle. Pour ce qui est des vêtements, si un jour tu as le courage de t'y risquer, tu comprendra rapidement la futilité de porter des tenues complètes dans la chaleur humide qui y règne.
Bon et pour les étrangers, nous ne tuons que les pilleurs et les profanateurs, malheureusement, ils faut croire que ce sont des espèces dominantes parmi les Qharis du vieux monde.
Maintenant que t'as curiosité est satisfaite, je vais peux être enfin cesser d'avoir l'impression que tu m'observe en permanence ?"
Ajouta-t-elle avec une pointe d'ironie dans la voix.

"Ouais, ouais heu... Je t'observais pas. C'est juste qu'on finit toujours par se croiser sur un navire." Kidd se leva. "Puis ce n'est pas tous les jours qu'on rencontre une Amazone ! Au revoir Nola."

Tranquille de nouveau. À se confronter à ses doutes et à ses songes. Deux jours plus tard, l'Aslévial mouilla dans un minuscule port miteux qui faisait passer les pires quais de Sartosa pour le fronton d'or et de joyaux des temples hommes-lézards.
Les canailles du coin avaient elles aussi des trognes à faire passer le Sartosien moyen pour un gentilhomme élégant. Mais il fallait compenser les pertes et racheter du matériel.

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Ce fut comme cela que Nola, Kidd et tout le reste de l'équipage fut intronisé à la Ville-Franche de Dielterburg. Une visite des lieux s'imposait.
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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par Nola Al'Nysa »

Peu de temps après ma conversation avec Kidd, nous avions repris la mer pour nous rendre, d’après les échos que j’avais eus, dans un petit port du golf noir dénommé Dielterburg afin de refaire nos stocks de vivres et d’eau douce, ainsi que pour effectuer quelques réparations et trouver de nouveaux matelots en quête d’aventures pour notre équipage.

La veille de notre arrivée, je m’étais couchée tôt et, quand je me réveillais, la perception du bateau n’était plus là. À un moment, au cours de la nuit, nous avions dû parvenir à notre destination et jeter l’ancre sans que cela ne me réveille. J’avais finalement maîtrisé l’art de sortir d’un hamac sans faire de bruit et même dans le noir, j’y parvins assez bien. J’entendais les ronflements de certains marins endormis, et la respiration calme des autres. Je me sentais encore la tête lourde de sommeil, et je n’avais aucune idée du temps qui s’était écoulé depuis que j’avais pris congé de Syrasse pour aller me reposer. Si la lanterne de l’entrepont n’éclairait guère, elle empêchait au moins l’obscurité d’être absolue. Je cherchais mes bottes à tâtons, les enfilaient, puis les mains tendues devant moi, je trouvais l’échelle qui menait au pont. Je baillais et tâchais de me réveiller. Je me sentais lente d’esprit et engourdie. À l'horizon, il y avait une promesse de l’aube à venir. Je me frottais les yeux, tout mon corps protestant encore d’avoir été réveillé. Je me dirigeais lentement vers l’arrière du navire en évitant Saleh et le quartier maître qui, l’un à côté de l’autre, contemplaient non pas le port, mais la mer. Je me trouvais un coin tranquille près du bastingage, et j’observais Dielterburg pendant que le ciel s’éclairait.

D’aspect modeste, la petite ville ne devait pas compter plus de deux cents habitants. Les maisons, mélange de torchis, de bois et de pierre pour les bâtiments les plus imposants, y étaient blotties les unes contre les autres à l’intérieur d’une solide palissade de bois, cherchant ainsi la protection du nombre face aux dangers des terres alentours. Je sentis un arôme fugace de pain frais tandis que le soleil commençait à repousser l’ombre que les falaises environnantes faisaient peser sur la bourgade et vis plusieurs petits bateaux de pêche quitter le port. Je suivis des yeux la minuscule silhouette d’un homme, accompagné d’une carriole tirée par un âne, qui descendait des falaises entourant la crique vers le port dans lequel il n’y avait qu’un seul autre grand navire au mouillage en plus du nôtre.

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Il fallut encore quelques heures avant que l’activité ne batte son plein sur le navire et que les hommes commencent à montrer des signes d’impatience pour rejoindre la terre ferme. En fin de matinée, l’ensemble de l’équipage fut rassemblé sur le pont et le quartier-maître donna ses consignes. Tous les marins auxquels aucune mission n’avait été affectée étaient autorisés à descendre à terre pour profiter d’un quartier libre. Fait qui me parût surprenant, il insista lourdement sur l’importance de ne pas faire de vagues et de ne pas s’attirer d’ennuis durant notre court séjour en ville. Une fois qu’il eut fini de distribuer ses ordres, une activité frénétique s’empara du navire, chacun se précipitant pour préparer ses affaires avant de descendre à terre, sous l’oeil boudeur des quelques matelots s’étant vus confier les missions d’entretiens et de surveillance de l’Aslevial.
Je quittais donc le navire en compagnie des autres marins. À peine avions-nous posé le pied sur le plancher des vaches que l’ensemble de l’équipage prit la direction de ce qui semblait être le seul débit de boissons de la petite ville. J’avais pour ma part dans l’idée de trouver un guérisseur afin de récupérer quelques onguents qui apaiseraient un peu les douleurs de l’hématome sur mon flanc et ne me joignis donc pas au groupe.
« Tu viens pas avec nous Nola ? » m’interpella un des vétérans de l’équipage.
« Je vous rejoins plus tard, j’ai quelque chose à faire avant.. » lui répondis-je. Il haussa les épaules « Tu sais où nous trouver de toute façon » et il se détourna pour rattraper ses compagnons qui avançaient déjà à grandes enjambées vers la taverne.

Les laissant s’éloigner, je me tournais vers la rue principale de la bourgade. Je remontais une dernière fois mon barda d'un coup d'épaule, enfonçais fermement ma capuche sur ma tête et m'engageais d'un pas décidé dans la rue en observant chaque détail des bâtiments la bordant. Si près du front de mer, on trouvait surtout des petites boutiques de produits marins, des échoppes de fournitures pour navires et des étales de poissons bon marché pour les locaux entre lesquelles s'intercalaient quelques maisons, la taverne, des bordels et tripots et une masure ressemblant à un débit de drogues. C'était une petite ville brutale faite pour des brutaux, et cela semblait convenir à tout le monde.
Jet d'observation : 2
Tandis que je remontais la rue, je me fis la réflexion qu’une étrange ambiance semblait régner dans la ville-franche. Plusieurs bâtiments présentaient des traces de suie sur leur façade, comme si un incendie avait été maîtrisé de justesse et parmi les rares personnes que je croisais, plusieurs semblaient avoir des séquelles de blessures récentes, plus ou moins bien dissimulées. Ils avaient le visage fermé et les traits tirés et, là où habituellement l’arrivée d’un navire important comme le nôtre dans un si petit port réjouissait tout le monde de par l'activité qu’il apporte aux commerçants locaux, j’eus l’impression qu’ici la méfiance était de mise. Il y avait d’ailleurs peu d'activités dans les rues jouxtant le port, ça et là, quelques hommes étaient occupés à préparer des filets pour une sortie en mer ou à réparer une embarcation, mais dans l’ensemble, la ville semblait très, voire même trop calme.

Je finis par m’arrêter devant l’échoppe d’un poissonnier et lui demandais s’il pouvait m’indiquer l’adresse du guérisseur le plus proche. Ce dernier, concentré sur le poisson qu’il était en train de vider leva à peine les yeux de son ouvrage et m’expliqua qu’il n’y avait aucun guérisseur en ville actuellement. « Y’a bien une vieille rebouteuse la-haut » dit-il en désignant les falaises entourant la ville « mais vous en avez pour plus d’une heure de marche, et encore, si vous avez le pied sur ».
La perspective de marcher une heure ne m’effrayait nullement, mais je me rappelais ce que disaient les marins sur l’intérieur des terres dans les frontalières, et je jugeais qu’avec mon bras en écharpe, il serait peu avisé de m’aventurer seule dans une terre inconnue. Remerciant le commerçant, je pris donc le chemin de la taverne, qui, tel le phare pour les bateaux, finissait toujours par ramener à elle tous les marins aux alentours.

Massive et inébranlable, l’auberge était bâtie à l’extrémité du port de Dielterburg. Comme toutes les auberges et tavernes que l’on trouve dans un port en activité, elle avait subi des aménagements et des ajouts successifs sans jamais perdre son aspect de havre du marin. Avec son plafond bas, son ambiance plutôt bruyante et sa propreté douteuse, l’endroit avait dû voir plus d’un marin franchir sa vieille porte égratignée. En pénétrant dans l’établissement, je me dirigeais vers la partie de la salle où se tenaient les membres de mon équipage. Ils étaient tous occupés à boire et à festoyer et ils ne firent pas plus attention que cela à mon arrivée lorsque je m’installais sur une petite table un peu à l’écart du groupe, dans l’angle de la longue salle principale. Attendant qu’on vienne prendre ma commande, je prêtais distraitement l’oreille au brouhaha des conversations couvert par le tintement des assiettes et des pichets. L’air était chargé d’odeurs diverses : relents de cuisine, de bière, et de tabac. Lorsque la porte s’ouvrait, il s’y ajoutait les effluves fortes et salées du port et des bateaux au mouillage.

Une serveuse menue au visage rond avec de longs cheveux blonds, qui ne devait pas avoir vu beaucoup plus d'hiver que moi, finit par s’approcher pour prendre ma commande. Je lui demandais de quoi manger ainsi qu’une grande chope de bière et, en attendant qu’elle revienne, j’allumais mon cherooth et commençais à fumer. Quelques minutes plus tard, elle était de retour, les bras chargés de victuailles. Tandis qu’elle déposait devant moi une assiette contenant une large tranche de viande juteuse, une miche de pain datant certainement de la veille et un bol de bouillon avec quelques gros morceaux de légume, je lui attrapais le bras et lui demandais à voix basse :
« Que s’est-il passé ici ? On dirait que la ville a subi une attaque il y a peu de temps. »
Modifié en dernier par Nola Al'Nysa le 04 avr. 2024, 10:57, modifié 2 fois.
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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par [MJ] Le Roi maudit »

La viande de mouton était chargée de nerfs, mais grasse et délicieusement grillée. La bière était amer et trouble et le bouillon plusieurs fois allongé à l'eau. Mais c'était un banquet d'empereur comparé aux repas en mer et ici elle pouvait s'arroser le gosier et se remplir la panse sans penser aux asticots et aux chiures de rats.
La serveuse opina du chef à ses questions avant de s'éloigner pour servir d'autres boucaniers affamés. Quelques minutes plus tard elle revint et se laissa glisser sur le giron de l'Amazone. Pour le tout-voyant, c'était juste ce qu'une fille de taverne faisait pour soutirer à ses clients quelques cuivrées de plus. Elle vint lui glisser à l'oreille quelques mots dans son fort accent impérial :
"Pas une attaque nein. Juste Regimewechsel. Le seigneur Dotlaff est entré en guerre afec le Duc d'Ambrandt. Herr Dotlaff et ses hommes sont maintenant accrochés dans les hauteurs, par des écharpes en chanfre." Elle ajouta ensuite en regardant les impacts de fer de hache sur les murs de la taverne, "Je préfère le Duc. Mon fiancé gagné du travail à son Château. Comme bottier."

Aux interrogations de Nola sur les navires qui faisaient escale ici elle haussa les épaules et répondit, un peu moins intimement : "Par ici, tous les nafires, pirates ou marchands, sont les mêmes. Ils se saoulent ici, achètent des fifres. Et des Männer partent avec eux. Ceux qui arrivent d'ici par la terre repartent par la mer. Car il n'y a pas grand chose ici. Et je préfère ça. Les Männer sans toit ni drapeaux sont méchants. Ils n'aiment que l'Or et le vin."

Elle finit par se redresser, répondant aux invectives de ces hommes sans autre toit que le ciel et sans autre drapeau que le pavillon noir afin de leur servir un pichet de piquette.
Kidd et quelques autres nouveaux fêtaient leur premier abordage dans un angle de la taverne, plus loin elle pouvait voir que des hommes d'armes surveillaient un peu le capharnaüm qu'avait amené l'équipage. Tolérés bien plus que bienvenues. Le sort habituel des pirates.

Cette bière était décidément pas terrible. Mais bienvenue. Après tout, la prochaine ne serait peut être pas avant de longues semaines.
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Nola Al'Nysa
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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par Nola Al'Nysa »

Finalement, la serveuse n’avait pas eu beaucoup plus d’informations à me fournir et, face à mon manque d’intérêt concernant les guerres intestines qui agitaient visiblement ce territoire du vieux monde, elle s’était détachée de moi pour retourner à ses obligations. Je finis donc mon repas silencieusement en contemplant la salle principale de l’auberge. Déjà, je sentais que l’alcool commençait à faire effet sur mes compagnons, les yeux étaient plus brillants, les rires plus forts et les gestes plus démonstratifs. De l’autre côté de la salle, Kidd étaient en train de raconter avec d’autres jeunes matelots de l’équipage, ces exploits lors de son premier abordage. Je souris intérieurement, ils n’étaient tous pas beaucoup plus jeunes que moi, mais j’avais déjà connu nombre de batailles et je savais que très vite, ils perdraient le goût de ces bravades inutiles.

Mon repas englouti, je ressentis le besoin de m’isoler et de respirer de l’air frais. Dans ce nouveau monde que je découvrais encore un peu plus chaque jour, j’avais parfois l’impression d’étouffer, d’être prise dans un courant puissant et incontrôlable dont je ne pouvais me défaire. Ici, il n’y avait jamais de calme, de repos et de médiation, tout n'était que bruit, agitation, combat et fête dans une vie au rythme effréné. Dans ma jungle natale, lorsque l’on ressentait le besoin de s’isoler, il suffisait de marcher un peu sous la canopée et très vite, la densité de la végétation cachait à nos sens tout signe de vie extérieur, on savait prendre le temps de vivre, c’était reposant et cela me manquait.

Sortant de la taverne, je me dirigeais vers les abords du petit village. Arrivée à la sortie, je trouvais un petit sentier qui s’en allait en serpentant vers les falaises bordant la baie ou nous avions jeté l’ancre. J’eus soudainement l’envie de gravir la pente escarpée pour aller admirer la vue là-haut, et je me mis donc en marche sur le chemin de pierre. Je marchais d’un pas régulier, légèrement essoufflée par mon escalade après plusieurs jours de convalescence, mais l’exercice me faisait du bien. Arrivée au sommet, je me dirigeais vers le rebord de la falaise ou un impressionnant à-pic d’au moins 80 mètres m’attendait. Sur mon visage et ma poitrine, la brise était froide et vivifiante et l’air avait un goût iodé. En contrebas, les vagues venaient furieusement se jeter inlassablement contre la roche, explosant à chaque fois en un tourbillon bleu et blanc. Assise sur le rebord, les pieds dans le vide, je fermais les yeux et inspirais longuement cet air pur, profitant de n’entendre rien d’autre que le bruit du vent et le fracas des vagues, c’était apaisant et ressourçant. Je dus rester là plus de temps que je ne l’avais pensé, car lorsque, frissonnante de froid, je me décidais à redescendre, je constatais que les petits bateaux que j’avais vu partir à la pêche le matin même étaient déjà pour la plupart rentrés au port.

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Je redescendis donc prudemment le petit chemin escarpé, prenant garde à ne pas me tordre une cheville lorsque les pierres vicieuses se dérobaient sous ma semelle. Le village était un peu plus vivant à cette heure-là et, même si les locaux faisaient toujours montre de beaucoup de réserves à notre égard, l’ambiance semblait s’être légèrement réchauffée. Je me dirigeais de nouveau vers la taverne car ce soir, comme le voulait la tradition, nous allions rendre hommage à nos morts. J’arrivais devant l’établissement et je marquais un temps d’arrêt après avoir poussé la porte tandis que la lourde chaleur de la salle m’enveloppait telle une épaisse couverture. Sur la droite de l’entrée, la lueur accueillante du feu allumé dans la grande cheminée de la salle à manger donnait une ambiance chaleureuse au lieu. Sur les grandes tables à côté, un groupe de marins éméchés et quelques locaux s’attachaient à oublier les exigences de la vie en mer, reléguées derrière les solides murs du bâtiment. Dans une autre salle plus petite, j’aperçus quelques hommes d’armes du coin plongés dans un silence attentif autour de petites tables, occupaient à scruter leurs cartes et les visages de leurs partenaires de jeu. C’est à peine si l’un d’entre eux leva la tête à mon entrée.

L’après-midi finit de s’écouler ainsi dans une ambiance festive puis, alors que le soir étendait ses ombres sur Dielterburg, la morosité envahit petit à petit la salle. On évoquait, une bouteille à la main, un compagnon de longue date tombé lors du dernier combat, un camarade de quart disparu dans l’océan ou un ami ayant succombé à ses blessures. La vie de marin était une vie éprouvante, pour le corps et pour l’esprit, mais en plus, lorsque l’on vit en autarcie complète avec d’autres hommes, des liens forts finissent par se tisser, et il faut ensuite bien du courage pour surmonter la perte de ces frères que la vie vous enlève aussi soudainement qu’elle vous les a donnée. Quand un camarade tombait, c'était chaque fois la perte d'une partie de soi-même. Survivre ne consolait nullement du deuil, cela ne se pouvait jamais.

On but et on chanta longtemps ce soir-là dans la taverne de la ville-franche, et même moi qui n'avais pas prévu de boire, je me retrouvais quelques heures plus tard l’esprit embrumé par l’alcool. Sentant qu’il était plus que temps de m’arrêter, je décidais de sortir dehors pour goûter l’air frais et retourner sur le navire. Dans la cour de la taverne, je trouvais Kidd adossé contre un mur, la tête entre ses mains et le corps parcourus de spasmes. Alors qu’il finissait d’expulser le trop-plein d’alcool qu’il avait ingurgité, il remarqua ma présence. Je ne pus m’empêcher d’éclater de rire devant son regard vague et sa mine déconfite. Alors que je riais toujours, il m’affirma être totalement capable de se relever avant de me démontrer le contraire en s’affalant de tout son long la tête la première au milieu de la cour.

Après un dernier éclat de rire, je le laissais sur place à se débattre contre lui-même et pris la direction de l’Aslevial, d’un pas plus chancelant que je ne l’aurais voulu. Le gamin voulait jouer à l’homme, il fallait qu’il apprenne ses limites et je n’avais nulle envie de finir ma soirée à m’occuper d’un morceau de viande saoule, ayant moi-même largement abusée sur la boisson. Lorsque je parvins enfin au quai ou nous avions amarré notre vaisseau, je me hissais péniblement sur le pont qui à cette heure avancée de la nuit était désert. J’avais, je pense, bien trop bu pour avoir sommeil et après un court moment de réflexion, je décidais de me rendre près de mon capitaine. Je traversais donc silencieusement les couloirs de bois, parcourant les entrailles du navire jusqu’à atteindre la porte menant aux quartiers du seul maître à bord. Sans plus de cérémonie, je poussais la porte et pénétrais dans la pièce plongée dans la pénombre…
Modifié en dernier par Nola Al'Nysa le 04 avr. 2024, 10:58, modifié 2 fois.
La vie est un chemin qui se parcourt dans un seul sens. On peut choisir sa destination, réfléchir quand on arrive à une intersection, ralentir, accélérer, décider de ne plus refaire les mêmes erreurs, mais on ne revient jamais en arrière.

Nola Al’Nysa, Voie du Forban
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