[Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

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Les Zones Maritimes représentent l'ensemble des mers et océans du globe. Les mers peuvent être calmes et propices à milles découvertes, ou être traîtresses...

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[MJ] Le Roi maudit
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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par [MJ] Le Roi maudit »

“Qu’est ce que je vous veux ? Il me semble que c’est vous qui me cherchiez aujourd’hui, donc je te retourne la question. Qu’est-ce que vous me voulez ?”

Il déglutit, son regard torve était exorbité. Armant le chien à son second pas en avant, il beugla :
"T'es la putain d'amazone du putain de Syrasse et qu'faut une putain de sauvage pour faire ce putain de carnage sur le bateau ! Vous voulez quoi ? Relancer une guerre ?! J'ai vu ce que les femelles de ta race faisaient aux prisonniers dans le Nouveau Monde."

"C'est l'homme qui pille, tue et vole un peuple qui ne lui a rien fait qui demande ensuite s'il veut lancer une guerre ? Vous n'auriez jamais du voler ces reliques sacrées, tous ça pour votre foutu or, ce poison jaune causera votre perte !"

Il laissa échapper un ricanement. "Ne te fais pas passer pour une Shalléenne. Vous aimez ça aussi. Tuer. Tout le monde a peur jusqu'au jour où ils refroidissent un autre. Et là c'est un instinct du fond des tripes qui remonte. La preuve. T'es sur cette putain d'ile avec nous. Une ile de tueurs. De pirates. Car tu ne peux pas te passer de cette vie. La plus sauvage des vies."

"Sauf que contrairement à vous, je ne suis pas sur cette île par choix ! Je suis juste sortie de la route que vous et vos salauds d'amis pillards avaient tracé pour moi ! Votre joli petit plan s'est déréglé le jour ou je me suis échappé de ma prison flottante. Mais grâce à toi et tes putains d'collègues, j'ai enfin trouvé un sens à ma vie ici, punir les profanateurs !"


Jets cachés
Jet d'habilité de Nola : 4, réussite
Le pirate tir : 16, échec
Jet de force de Nola : 14, échec
Jet de force du pirate : 10, réussite
Nola est lancée à terre.
Jet pour se dégager : 16, échec
Le pirate utilise son pistolet comme arme contondante : 6, réussite, la parade de Nola échoue, tu perds 20 pv.
Nola tente de le renverser : 12, échec
Il essaye de frapper à nouveau : 13, échec
Nola essaye d'attraper son bras pour le désarmer : 15
Combat de rangs 1 🎵
Il frappe à nouveau, 5, la parade échoue encore, et 20 pv de moins
Nola essaye de l'attaquer : 18
Une attaque : 15
Nola répond : 3, Une touche ! Enfin. Il perd son arme.
Il tente de frapper avec son autre poing : 14, il se foire
Jet de force : 9, Nola le renverse.
Et elle se jeta sur lui. Une manœuvre audacieuse, féline. Se déporter, dévier son arme. Faire contrepoids. Ça marche. Ça devrait marcher, ça aurait du marcher.
La réalité fut autre. Elle se déporta certes, mais il tira pendant qu'elle attrapait le canon, la balle fusa si près au dessus de son cuir chevelu qu'elle sentit quelques mèches se racornir en puant le poil brûlé. Sauf qu'en essayant de le faire tomber, elle ne comprit que trop vite qu'une vie en mer avec une jambe foireuse, ça musclait sacrément l'autre. Et que le bougre était assez costaud sous sa veste de marin. Et dans cette mêlée, ce fut lui qui la fit rencontrer le plancher crasseux. Son crâne claqua contre le sol. Il s'assit sur elle et commença à la frapper avec la crosse de son arme. La douleur lui vrilla les tempes alors qu'il lui défonça une pommette. C'était une lutte d'ivrognes. Un corps à corps puant la sueur, le sang et d'autres fluides guère plus recommandables. Il frappa le sol à plusieurs reprises en la visant, laissant un impact sur le bois pourri. Un autre coup lui explosa le menton. Mais ce n'était pas qu'une catin qu'il corrigeait, c'était une amazone. Lorsqu'il frappa le sol une fois de trop elle lui mordit le pouce et l'index. Il hurla. Ses phalanges cagneuses craquèrent en pissant le sang. Et au gout, il les avait fourré dans une gueuse sans se rincer les doigts le vieux rat des quais. Son arme tomba, elle empoigna son bras, le tordant dans une position digne des contorsionnistes du cirque de Tobaro avant de finalement le faire basculer. Et comme la roue, la situation tourna. Elle frappa. De rage, emportée par un élan viscéral de vengeance et d’autoconservation. Ça sera lui ou elle. Et elle avait bien l'intention de vivre.
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Nola Al'Nysa
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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par Nola Al'Nysa »

Nous nous tenions là, dans un face-à-face silencieux et terrible, dans un affrontement muet et même le temps semblait s’être arrêté. L’homme tenait braquait sur ma poitrine son pistolet tandis que pour ma part, désarmée et les mains levées, j’avançais, pas après pas dans sa direction. En bas, les fêtards, ignorant tout de la scène qui se jouait au-dessus de leur tête, avaient commencé à chanter un chant populaire dans les tavernes portuaires.
Le capitaine du Port-Herbaut
Ali alo
Qui fait la pêche au cachalot
Ali ali, ali alo
Ali alo

J’avançais encore d’un pas supplémentaire vers le boiteux tout en continuant de discuter avec lui. La manière calme et froide dont je m’exprimais tranchée avec la façon enflammée dont il me répondait. Les insultes et menaces fusaient dans sa bouche, mais je me doutais qu'elles étaient exacerbées notamment par l’alcool et la peur. Après une nouvelle réponse de ma part, il déglutit difficilement, puis, alors que je faisais un pas de plus dans sa direction et que son regard torve et exorbité ne me quittait pas, il arma le chien de son pistolet. Je savais qu’à chacun de mes pas, je prenais le risque de me faire abattre à bout portant et à cette distance, nul doute que même dans son état, il ne manquerait pas de me trouer la poitrine. Cependant, je n’avais pas d’autres solutions pour me sortir de cette situation fâcheuse.

Il donne pas la goûte à ses matelots
Ali alo
Il boit le vin et nous de l'eau
Ali ali, ali alo
Ali alo

En bas, le son était fort, et à chaque fin de phrase, toute la taverne semblait s'ébranler tandis que les marins frappaient du pied sur le sol et du poing sur la table et répétant “ali ali, ali alo”. J’étais maintenant arrivée si près du pirate que son arme touchait presque ma peau. Il était rouge et son regard fou était braqué sur moi. Il beuglait ses réponses en m’insultant de tous les noms. Je savais qu’au prochain refrain, j'allais avoir une opportunité d’agir. Tout mon corps était tendu, et si je gardais sur le visage un sourire froid de façade pour perturber mon adversaire, en moi, je sentais tous mes muscles se contracter et une tension nerveuse à la limite du supportable se propager comme une vague de chaleur. Alors que je finissais de répondre à la dernière invective de mon adversaire, le chant en bas entamait une nouvelle reprise de vers à chanter en chœur..

Et son second, qu'est un salaud
Ali alo
Il a 3 filles, 3 beaux bruns d'peau
Ali ali, ali alo
Ali alo

Au moment où je terminais ma phrase, un calme immense m'envahit, il se passa une seconde durant laquelle j’inspirais profondément et qui me parût durer une éternité, et au moment où les premiers coups retentissaient en bas, faisant trembler la bâtisse, tout se déclencha.
D’un coup, je me déportais sur le côté gauche, sortant de l’axe de l’arme à feu tandis que de ma main droite, j’attrapais l’avant du canon. Avec une exclamation de surprise et un temps de retard, l’enfant de putain qui me faisait face appuya sur la détente. Le projectile passa si proche de moi que je sentis l’air qu’il déplaçait en frôlant mon crâne. Je portais ma main gauche sur le canon de l’arme et, tandis que de mes deux mains, je tordais le pistolet pour obliger mon adversaire à lâcher prise, j’envoyais un coup de pied ravageur dans le haut de sa jambe folle. Elle céda sous la puissance de mon coup et il posa un genou à terre. Cependant, il n’avait pas lâché son arme et c’est à ce moment que je commis ma première erreur. Souhaitant pousser mon avantage, j’enlevais ou de mes mains de l’arme pour envoyer un coup-de-poing dans le visage de l’homme. Mais alors que je ne tenais plus l’arme que d’une main, il se redressa avec une force bien plus importante que je ne l’aurai imaginé, et se campant sur sa jambe forte, il me fit faire un vol plané sur le côté avant de me jeter sur le sol. “Je vais te montrer comment on traite les salopes dans ton genre”.

Un bruit sourd et profond retentit lorsque je percutais le sol, l’arrière de mon crâne claqua contre le parquet et l’air sorti de mes poumons, expulsé d’un coup. Le souffle coupé, j’allais essayer de reprendre ma respiration, mais l’homme se jeta sur moi, me coupant à nouveau le souffle. Je l’aggrippais tentant de me dégager “espèce d’enculé, je vais te...” Un éclair rouge traversa mes yeux au moment où l'homme abattit sur moi la crosse de son pistolet, s’en servant comme d’une arme de corps-à-corps. Je sentis aussitôt du sang couler le long de ma pommette. Les coups pleuvaient sur moi, et j’essayais de les parer ou de les esquiver, des hoquets de douleurs m’échappaient chaque fois que ce salaud faisait mouche, et je poussais des cris furieux en me débattant pour échapper à son emprise. J’arrivais à le frapper plusieurs fois au visage, mais à chaque fois cela m'exposait et le coup que je recevais en retour était d’une violence inouïe. “Espèce de pute, j’vais t’buter tu m’entends ! J’vais t’buter et après j’vais m’amuser avec ton joli corps ! Quand ce sera finis, on te pendra au mât de misaine et on regardera les corbeaux venir te bouffer”

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Je luttais avec l’énergie furieuse du désespoir, mais mon adversaire me dominait et ma vue commençait à se brouiller à force de recevoir des coups. En moi, deux sentiments se disputaient, la surprise tout d’abord, comment une fière guerrière comme moi pouvait se retrouver en difficulté face à un sale Qharis à la jambe raide ? Et la peur car je sentais mes forces faiblir alors que ses coups eux, étaient toujours aussi violents. Au bout d’un moment, l’homme leva plus haut son bras, voulant, je pense me donner un coup final et m’exploser le crâne une bonne fois pour toutes. Ce mouvement plus long me permit d’anticiper et alors que la crosse du pistolet arrivait vers mon front, je décalais ma tête au dernier moment. L’arme heurta le vieux parquet pourri, y laissant une marque profonde. Je saisis cette occasion pour mordre à pleine dent la main de mon agresseur. Je sentis mes dents s’enfonçait jusqu’à l’os et le goût métallique du fer me couler dans la bouche. Je ne sais pas si c’est le goût du sang ou l’espoir d’inverser le cours du combat suite à cette attaque loupée de mon adversaire qui réveilla cela en moi, mais je sentis une rage animale me traverser les entrailles ! Relâchant la main de l’homme de mes crocs, je poussais un cri sauvage tandis que d’un mouvement du bassin, je libérais une de mes jambes de son emprise, puis l'envoyais vers son visage. Attrapant la main blessée du marin des deux miennes, je me servis de la prise de ma jambe sur son cou pour faire contrepoids et le faire basculer. En l’espace de quelques instants, les rôles s’inversèrent et je me retrouvais assise sur lui, la rage explosant en moi, je commençais à le frapper de mes poings, je ne maîtrisais plus ma colère et frappais de toutes mes forces. Il essaya de m'agripper à son tour pour nous refaire basculer, mais ses mains glissées sur mon ventre et mes bras nus couvert de sueur et de sang et, sous la violence de mes coups, il finit par capituler, ses bras retombant mollement le long de mes jambes. Je le frappais encore à plusieurs reprises, puis, la raison me revint juste à temps. Fouillant d’une de mes mains le corps du pirate tandis que de mon autre bras, j'exerçais une pression sur sa gorge, je finis par mettre la main sur un poignard qu’il portait à son flanc.
jet inté : 5
L’homme respirait avec difficulté et peinait à recracher le sang qui lui coulait dans la bouche quand, je lui insérais l'extrémité du poignard dans une narine et que je lui dis d’une voix douce mais le souffle court :
“Écoutes moi bien sale porc, si tu veux pas que j’te découpe le nez, tu vas répondre à mes questions sans me faire perdre plus de temps, compris ?”

- Combien de mes sœurs avez-vous arraché à notre terre ?
- Où vous êtes-vous arrêtez et où les avez-vous vendus ?
- Est-ce qu’il en reste ici, à Sartosa ?
- Quels sont les autres trésors que vous nous avez dérobés, et où sont-ils aujourd’hui ?
- Qui a commandé ce pillage ?


Du sang coulait de mon visage, tombant sur sa face meurtrie et se mêlant au sien. C’était un combat terrible et sale que nous venions de disputer, mais dans la jungle, personne ne se préoccupe de la façon dont une personne remporte un combat, la seule chose que l’on retient, c’est qui est vivant et qui est mort à la fin, c’est ça la terrible loi de la jungle..
Modifié en dernier par [MJ] Le Roi maudit le 10 juin 2022, 16:02, modifié 2 fois.
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La vie est un chemin qui se parcourt dans un seul sens. On peut choisir sa destination, réfléchir quand on arrive à une intersection, ralentir, accélérer, décider de ne plus refaire les mêmes erreurs, mais on ne revient jamais en arrière.

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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par [MJ] Le Roi maudit »

Le RP ne s'est toujours pas enjolivé depuis la dernière scène de violence. Pour éviter de lire un langage fort châtié et rappelant que la condition féminine à Sartosa n'est pas très réjouissante, lisez plutôt du rp nain.

Jet de charisme : 2, réussite
Sous Nola, une dague dans le pif, le pirate ne menait pas fier allure. Ce n'est pas pour ça qu'il fermerait sa grande gueule. On était à Sartosa oui ou merde ?

- Combien de mes sœurs avez-vous arraché à notre terre ?
- Où vous êtes-vous arrêtez et où les avez-vous vendus ?
- Est-ce qu’il en reste ici, à Sartosa ?
- Quels sont les autres trésors que vous nous avez dérobés, et où sont-ils aujourd’hui ?
- Qui a commandé ce pillage ?

"Une bonne dizaine, y en aura bien eu plus mais tes garces de comparses ont commencé à s'entretuer." Il cracha un caillot sanglant puis gloussa. "Tu ne les retrouveras jamais tu m'entends grosse pute ? Jamais. Figures toi que ça se vend comme des petits pains une fois dressée les sauvages dans ton genre. Et les dieux seuls savent comme vous êtes rétives. Mais ça a rapporté. Tant d'or qu'à côté les plaques dorées qu'on a trouvé dans vos temples ne valent pas tripette."

Elle s'apprêtait à cuisiner un peu plus le charmant perdreau pour lui faire cracher ce qu'il savait. Mais il y avait des pas précipités. Ce boucan avait finit par se faire entendre. L'Amazone déchue n'eut d'autre choix que de détaler. Un coup de dague régla la question du boiteux qui convulsa en poussant des gargouillis gras et rougeoyants. Pirate oblige, la dague et le pistolet récupérée, les deux corps allégés de leurs bourses, elle fila par la fenêtre. Par chance il y avait un tel monticule d'ordures accumulés qu'elle ne dévala que d'un mètre depuis le carreau. Nageant dans ce tas de déchets crasseux, la gueule toujours en vrac, elle finit par fuir dans la pénombre comme un chat errant jarté à coup de bottine.

Plus qu'à revenir au bateau. Et se faire arranger un peu le portrait. Parce que là elle faisait passer les catins vérolées du quai de l'homme mort pour des filles de la déesse fertile.
Une fois au bateau, l'un des marins en poste lui fit signe. "Le Capitaine est r'venu. Et il veut t'voir."

Le chemin pour accéder à la cabine de Syrasse était court. Mais chaque pas était un peu plus lourd que le précédent. Si il était son protecteur dans ce monde affreux, il restait le capitaine. Et on ne contestait pas son autorité sans précaution. Elle toqua. "Entres."

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Il était de dos. Concentré sur ses cartes marines. Inspectant les côtes de pays dont elle ne connaissait pas le nom. En s'approchant elle lui vit cet air soucieux qu'il affichait généralement. Devant mener sa barque sur la mare immense et dangereuse qu'était la mer, il n'était pas arrivé capitaine en était insouciant. En comparant avec Fabrice elle réalisa comment le temps avait déjà commencé à se graver sur ses traits, au coin de ses yeux comme sur la couleur de son poil. Il leva ses yeux bruns comme deux billes de jais vers elle.
"Alors Nola. Il semblerait qu'il y ait quelques esclandres en ville depuis notre mouillage. Que peux tu me dire à ce sujet ?"
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Nola Al'Nysa
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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par Nola Al'Nysa »

“Alors Nola. Il semblerait qu'il y ait quelques esclandres en ville depuis notre mouillage. Que peux-tu me dire à ce sujet ?”

Je pénétrais dans la cabine de mon capitaine et refermais la porte derrière moi. Il se tenait derrière son bureau encombré de cartes et d’instruments en tous genres dont je n’avais jamais compris l’utilité et avait levé les yeux à mon entrée, son regard sombre et profond se braquant sur moi. Un instant, je m’adossais à la porte, ressentant l’épuisement de ces derniers jours, et plus particulièrement de ces dernières heures. Comme toujours, la pièce était bien rangée. Le lit confortable était fait, les deux lourdes armoires fermées ne laissaient pas voir leur contenu. Un épais tapis traversé la pièce depuis la porte jusqu’au bureau et, associé aux lourdes bougies qui brulaient au plafond et sur le plan de travail, donné une confortable impression de calme et de tranquillité qui tranchait avec les récents événements que je venais de vivre.

D’un geste de la main, il me fit signe de m’avancer, et je me détachais de mon support, refusant de montrer le moindre signe de faiblesse à l’homme en face de moi. Le capitaine Thorne Syrasse avait été le premier homme dans ce nouveau monde à me tendre la main. Il m’avait arraché aux griffes de mes geôliers plusieurs mois auparavant et avait fait de moi sa protégée, sa confidente, son arme et parfois même, son amante. Nous avions noué au fil du temps une relation intime et complexe, cependant, alors que je m’avançais lentement à travers ses appartements que je connaissais assez bien pour y avoir passé du temps, nul sourire ne vint adoucir ses traits et son regard était aussi dur que sa voix était froide

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“Assieds-toi.” me dit-il alors que j’arrivais à hauteur de son bureau. Je m'exécutais tandis qu’il me servait un verre de vin. Je bus plusieurs longues gorgées et le liquide me dénoua la gorge mais réveilla la douleur dans ma mâchoire. Reposant le verre sur la table, je levais les yeux vers mon capitaine avant de lui répondre :
“J’ai été prise malgré moi dans une histoire bien compliquée Thorne. Seulement maintenant, j’ai peur que cela n’implique plus seulement moi, mais également l’ensemble de l’équipage.”
Il poussa un lent soupir en portant une main à son front “je t’écoute, reprends depuis le début...”
“Il y a trois nuits de cela, alors que nous venions de débarquer, j’ai été approché par un homme qui me disait avoir connaissance d’un trésor qu’il serait possible de subtiliser sur un navire. Tu me connais Thorne, les trésors, contrairement à tous ici ne m’intéressent pas, mais l’homme a insisté en disant qu’il s’agissait d’un trésor différent des autres et que lui en revanche m'intéresserait à coup sûr.”
“Et j’imagine donc que ce trésor se trouvait sur le San Felicia..”
“En effet, j’y suis donc allé discrètement à la faveur de la nuit. J’ai pénétré dans les entrailles du navire, puis j’ai éliminé les gardes qui me bloquaient le passage et je suis tombé sur des reliques appartenant à mon peuple ! Et ce n’est pas tout, il y avait des fers, les mêmes que ceux que tu m’as toi-même arrachés quand tu m’as sauvé ! C’est là que j’ai compris qu’une autre mission de pillage avait dû avoir lieu après mon départ forcé de ma terre natale.”
Tandis que je faisais une courte pause pour reprendre une gorgée de vin, je le vis se gratter le menton, l’air pensif. Je connaissais mon capitaine et je pouvais presque entendre ses pensées s’entrechoquer dans sa tête alors qu’il commençait déjà à calculer les conséquences de mes premières révélations.
“J’ai étais blessé pendant ma fuite” poursuivis-je en désignant du doigt mon ventre nu “et je me suis enfuie de la ville le temps de me reposer et de me soigner. Je suis restée absente le temps que le soleil et la lune traversent le ciel entièrement puis je suis revenue ce matin. Quand je suis arrivé à l’Aslevial, le vieux Gindast m’a dit que deux hommes du San Felicia étaient venus demander après moi. Ne voulant pas attirer d’ennui à l’équipage, j’ai voulu gérer le problème seule, alors je les ai pris en chasse. J’ai fini par les retrouver dans un bordel au quai de l’homme mort. Là, je leur ai soutiré quelques informations, et comme tu peux le voir, ça a dégénéré. En revanche, les deux hommes ne parleront à personne, cela je m’en suis assurée. Ce que j’ai appris, c’est qu’au moins une dizaine de mes sœurs ont bien étaient vendues à travers votre monde pour assouvir la soif d’or de ces chiens. Et aussi qu’ils avaient encore de nombreux trésors venus de chez moi en leur possession.”


“Hé bien” dit le capitaine Syrasse en se renfonçant dans son fauteuil “On peut dire Nola que le trait le plus distinctif de ton style au combat, c'est ta façon effarante d'y survivre. Je ne suis pas surpris par ce que tu me racontes, beaucoup de rumeurs parlaient en effet d’une cargaison exotique de grande valeur que les hommes du San Felicia ramenaient du nouveau monde et..”
“Tu étais au courant ?!” Je prononçais ces mots en me redressant, me tenant maintenant debout face à lui, les deux mains posées sur le rebord de son imposant bureau en bois. “Tu savez que j’avais la possibilité d’aider mon peuple et tu ne m’a rien dit ?”
“Paix Nola ! Paix.” Me dit-il en posant sa main sur l’une des miennes pour m’apaiser, mais sur un ton qui ne souffrait aucune contestation. “J’ai besoin de réfléchir à tout ce que tu viens de me raconter. Il est possible que tu aies plongé sans le vouloir l’ensemble de ce navire dans un conflit qui ne nous concerne pas. La situation est grave, et c’est entièrement ta faute. En attendant que je décide ce que je dois faire, il faut que tu te laves et que tu nettoies ces blessures.”
“Kerf !!” hurla-t-il. L’homme qui m’avait accueilli à mon arrivée sur le bateau quelques minutes plus tôt et m’avait accompagné jusqu’à la cabine ouvrit la porte et passa la tête dans l’embrasure “Vous m’avez appelé captain ?”
“Va chercher Hertzog et fait moi apporter de quoi remplir une bassine d’eau.”
Et tandis que l’homme s’en allait prestement à la recherche du médecin de l’équipage et d’eau propre, le silence s’installa dans la pièce.

Je soupirais en m’asseyant à nouveau et en posant la tête dans mes mains : "J'ai tellement de sujets de préoccupation, qui vont dans tellement de directions à la fois. J'ai parfois l'impression que si j'arrivais à me concentrer sur un seul problème, je pourrais le résoudre, avant de passer aux suivants.
Tout le monde croit ça, mais c'est faux. Règle ceux que tu peux à mesure qu'ils se présentent et au bout d'un moment tu t'accoutumeras à ceux auxquels tu ne peux rien.
Par exemple ?
Par exemple, avoir un œil mort, ou être une sauvage perdue loin de chez elle dans un monde de brutes. On s'habitue tous à des choses qu'on aurait jugées insupportables.”

L'abattement, la fatigue et la douleur se mêlaient en moi. J'avais besoin de me retrouver seule, de faire le point avec moi-même et d'établir un plan pour continuer à chercher mes sœurs. Pourtant, tout cela me semblait si compliqué, et quel serait le prix à payer ? S'il ne s'agissait que de ma vie, ce n'était rien, mais il y avait aussi les membres de l'équipage, ma nouvelle famille, et je ne voulais pas les entrainer dans une lutte meurtrière qui ne les concernait pas.
“Qu’est-ce qu'on va faire maintenant Thorne.. ?” Mais alors qu’il s'apprêtait à répondre, Kerf et Hertzog entrèrent chargé de seaux d’eau et d'ustensiles médicaux.
Modifié en dernier par [MJ] Le Roi maudit le 10 juin 2022, 16:04, modifié 1 fois.
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Nola Al’Nysa, Voie du Forban
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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par [MJ] Le Roi maudit »

"Maintenant, on s'assure de te recoudre avant que tu badigeonnes tout le pont avec ton sang. Le reste pourra attendre."

Une gorgée de rhum fort et elle passa sur le billard. La médecine de ce coté ci de l'océan avait plus à voir avec les méthodes de torture qu'utilisaient ses sœurs, mais au moins, c'était efficace.
Par contre après cela, elle en fut pour plusieurs jours à poireauter. De quoi prendre le temps de ressasser tout ce qu'elle avait vécu ces derniers jours.
Ses sœurs avaient tout comme elle été arrachés à leur jungle, revendues et probablement dispersées sur les différentes villes du continent.
Jet d'intelligence : 17
Dans la salle des cartes, le navigateur du navire essaya tant bien que mal de lui expliquer la géographie du Vieux monde mais les dessins sur le papier jauni n'avaient pas grand sens. Elle comprenait que Sartosa était l'ile nichée en bas à droite de la carte, au croisement entre différentes mers, mais à part ça.
L'Empire, l'Estalie, la Bretonnie... Que de notions flous pour des hommes flous. Des ports couverts de brume de l'autre coté du monde.

Dans sa convalescence, l'amazone pu observer ses compères revenir, penauds, au navire après la liesse du retour à quai. Un tel avait flambé son magot en filles et en bière, un autre aux paris. Certains avaient réglé des comptes, d'autres avaient rapporté aux veuves et aux mères la nouvelle de la mort d'un fils en mer. Certains n'étaient pas revenus. Les tavernes étaient dangereuses. D'autres avaient sûrement déserté pour des horizons plus bucoliques. Mais il y avait aussi toute la cargaison de nouveaux venus. De jeunes hommes en quête d'un hamac presque sec et d'une vie d'aventure comme celles de leurs pères, frères et autres héros populaires. Les accents, les aspects, les coloris se mêlaient ici.

Et pour dresser la bidasse, rien ne valait plus que de briquer le pont. Tandis que les recrues s'échinaient au soleil, Nola se décida à retrouver l'intrépide Fabrice dans les hauteurs de l'ile. Le chemin lui était désormais plus familier, même si Thorne lui avait rappelé de se faire discrète dans la cité des forbans. Sa prochaine rencontre avec les matelots du San Felicia pouvait s'avérer bien plus létale.

Figé dans le temps et l'ennui, la vallée bruissait doucement au vent d'est. Près de la masure, le blondin s'occupait de jeter le grain aux poules. Un sourire se dessina entre ses poils dorés en la voyant approcher.
"Nola. Les Dieux t'ont ramené bien plus tôt que prévu. Que viens-tu faire par ici ?"
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Nola Al'Nysa
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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par Nola Al'Nysa »

Les jours qui suivirent mon retour sur le navire passèrent avec lenteur dans une monotonie exaspérante, et paradoxalement, j'appréciais ces instants de répit et mesurais le privilège de pouvoir se plaindre de l’ennui. Hertzog s'était occupé de mes blessures la nuit de mon retour sur le navire, juste après mon entretien avec le capitaine Syrasse. Celles-ci n’étaient pas importantes, mais j’avais appris depuis mon plus jeune âge l’importance de ne négliger aucune blessure. Dans la jungle, l’humidité, les insectes et l’environnement pouvaient faire s’infecter de simples coupures, ici chez les frères de la côte, le manque d'hygiène général et les différentes tâches à accomplir avaient le même pouvoir. Hertzog était un médecin très doué mais pas réputé pour sa délicatesse et, après m’avoir fait boire quelques gorgées de rhum, il s’était occupé de nettoyer et soigner la plaie de mon ventre ainsi que mon visage tuméfié. Après cela, j’étais resté alitée quelques jours dans la cabine de mon capitaine, profitant du calme en son absence pour me reposer et de sa conversation le soir quand il avait fini de s’occuper des différentes tâches incombant à son rôle.

Un soir, alors que nous discutions depuis un moment et que j’avais, à son grand regret, remis sur la table le sujet de la libération de mes sœurs, il me fit une confidence. D’après lui, s’il devait vendre d’aussi précieuses marchandises, il se rendrait dans les principautés frontalières afin de les céder à bon prix à de riches marchands d’esclaves. Alors que ces révélations réveillaient en moi, pour la première fois depuis plusieurs jours, la flamme qui m’animait habituellement, et que je commençais déjà à élaborer plusieurs plans et stratégies, il tempéra mes ardeurs. Se saisissant de ma main, il me dit en secouant la tête : « Il n'existe pas de chemin qui mène au lendemain Nola. Le chemin, c'est le présent, il n'y a que ça et il n'y aura jamais que ça. Tu peux agir peut-être sur tes dix prochaines respirations, mais ensuite, le hasard te saisit dans sa gueule : un chargement te tombe dessus, un serpent te mord la cheville, une balle qui ne t’était pas destinée te touche au lieu de ton voisin et toutes tes belles stratégies pour gagner une bataille s'écroulent. Nous n'avons que le présent, Nola, et c'est dans le présent que nous agissons pour rester en vie ».

Je passais les jours suivants à ruminer les révélations du capitaine et sa tirade sur le fait de ne pas se projeter trop loin dans le futur au risque de ne pas assez prêter attention à ce qui se déroulait dans le présent. J’avais commencé à retourner sur le pont du navire depuis quelques jours et poursuivais ma convalescence en profitant de l’air venu du large en surveillant de mon œil valide mes différents compagnons revenir petit à petit reprendre leur poste au sein de l’équipage. Les quais auxquels nous étions amarrés étaient bâtis de gros madriers noirs qui empestaient le goudron et semblaient dater du temps où Manann avait créé cette île. Cependant, l’appontement sur lequel mes camarades chargeaient des marchandises en vue de notre projet voyage était plus récent. Fait de planches de bois clair, il était posé sur des piliers, certains en pierre, d’autres constitués de troncs d’arbres équarris. L’eau était peu profonde à cet endroit et le ressac de la mer lui donnait une couleur grise et une légère odeur aigre à cause du limon qu’il agitait.

Le plus clair de mon temps, je l'occupais dehors, à l’air libre, perchée dans le gréement, adossée au mât de misaine, j’observais le balai habituel de l’équipage. Ceux qui étaient parmi nous avant notre arrivée à Sartosa, voire même pour la plupart avant mon arrivée dans l’équipage, avaient déjà repris le rythme de la vie en mer. Après avoir dilapidé l’argent gagné lors de notre dernière excursion, dans les bordels et les tavernes de la ville, en catins, en bière et aux dés, ils étaient revenus s’occuper du navire et le préparer pour que nous puissions prendre de nouveau le large. Cependant, ceux qui m'intéressaient le plus étaient la vague de nouveaux venus qui, portés par la soif d’aventures, des rêves de richesses et nourris de d’histoires insensées qu’on se racontait à la taverne venaient grossir les rangs de notre équipage, remplaçant ceux qui n’étaient pas revenu du dernier voyage ou qui, au terme de celui-ci avaient choisis de nous quitter.

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Depuis mon perchoir, je ne perdais pas une miette de leur arrivée, les scrutant et essayant de jauger leurs aptitudes à la vie de pirate. La plupart étaient jeunes, voire même très jeunes et je souris en me faisant la réflexion qu’avec mes vingt-deux printemps, j’étais plus âgée que la plupart d’entre eux. Je savais bien que j’étais également une curiosité qui pouvait pousser un jeune matelot à s’engager sur notre navire plutôt qu’un autre, et d’ailleurs, j’en surpris plus d’un au cours des jours qui suivirent m’épiant discrètement alors que je traversais le pont, mon cheroot à la bouche, ou lorsque juché dans le gréement, je les surveillais moi-même. L’un d’eux, un gamin solidement bâti qui ne devait pas avoir plus de 16 ou 17 ans, aux cheveux d’un blond presque roux et au visage couvert de tâches de rousseur qui répondait au nom de Kidd, semblait particulièrement fasciné par moi et, à chaque fois que je le surprenais en train de m’observer, il baissait les yeux sur sa corvée, ses oreilles et ses joues rougissant comme s’il avait passé la matinée sur le pont durant une tempête d’hiver.
Une nuit, alors que je peinais à trouver le sommeil et que je sortais sur le pont pour respirer l’air nocturne, je le croisais qui descendait vers les quartiers de l’équipage pour dormir. Alors qu’il passait à ma hauteur, le visage baissé vers ses pieds, je l’agrippais brusquement par le col de sa chemise de laine grossière et le plaquais contre la paroi de bois du couloir. Me positionnant face à lui, j’approchais mon visage du sien, braquais mon œil sur lui en penchant légèrement la tête sur le côté et je plongeais dans son regard. Il était pétrifié et ne chercha pas à se débattre durant tout le long de notre échange silencieux. Je le sentis tremblant lorsque je lui soufflais une bouffée de fumée de mon cheroot au visage, mais en même temps, à la lueur de la lune qui, traversant l’écoutille menant au pont, éclairait faiblement le couloir, je lus dans ses yeux une lueur de défi qui me plût. Sans dire un mot, je relâchais ma prise sur lui et me détournais en direction du pont, le laissant reprendre son souffle en tremblant dans la pénombre.

Durant les jours qui suivirent, le quartier-maître mit les marins au boulot, notre départ approchait et il fallait que le navire soit en parfait état avant de reprendre la mer pour plusieurs mois. Comme il faisait beau, on avait ouvert les sabords et les écoutilles afin d’apporter un peu d’air et de lumière au pont inférieur et d’en chasser l’humidité. On nettoya le pont pour le débarrasser des algues et des coquillages qui s’y étaient collé, on amena les voiles afin de vérifier leur état et de les remplacer si le besoin s’en faisait sentir et on astiqua les pièces d’artillerie une par une afin de s’assurer de leur parfait fonctionnement pour le jour où nous en aurions besoin. Dans la cale, les stocks de nourriture et d’eau furent refaits ainsi que ceux de poudre et de munitions. On apporta à Hertzog des fournitures médicales fraîches. Bientôt, tous les préparatifs touchèrent à leur fin, et il ne restait plus qu’à charger au dernier moment des animaux et des aliments frais avant de reprendre la mer.
Le soir quand il faisait plus frais, nous étions plusieurs à aimer échanger quelques passes d'armes sur le pont. Ces exercices me faisaient du bien mais nous laissaient à chaque fois en sueur et les muscles courbaturés. Mes blessures s’étaient parfaitement remises grâce aux bons soins de Hertzog et à la vitalité de mon corps et je me sentais à nouveau en pleine forme. Moralement aussi, les blagues échangées entre marins durant ces entraînements et les bouteilles de rhum que nous partagions après me faisaient du bien et me sortaient de ma mélancolie. J’avais aussi, durant les chaudes après-midi, passé du temps dans la salle des cartes avec Saleh, le navigateur de l’équipage, originaire d’Arabie. Il avait tant bien que mal tenté de m’expliquer la géographie de ce nouveau monde que je ne découvrais encore qu’à peine mais j’avais beaucoup de mal à comprendre les représentations tracées à la plume sur le papier jauni. La seule certitude que j’avais en sortant de ces séances, c’est que Sartosa n’était finalement qu’un minuscule territoire perdu au milieu de l’océan à côté de terres immenses.

Un soir, alors que je savais que notre départ approchait, je me trouvais dans la cabine de Syrasse dans le but de lui soumettre une requête. Tandis que nous discutions de tout et de rien, il me dit :
- « Tu cultives ton mythe Nola.. »
- « De quoi parles-tu ? »
- « Oh de rien, je me suis laissé dire que tu faisais forte impression à nos nouvelles recrues. Apparemment, ils n’arrivent pas à te cerner et ils ne savent pas dans quelles cases te mettre par rapport au reste de l’équipage. » répondit-il avec un petit sourire entendu.
- « Ils s’attendent à voir un animal sauvage, je m’en voudrai de les décevoir ».

Tandis qu’un silence paisible s’installer dans la pièce il reprit :
- « Tu souhaitais me demander quelque chose, je me trompe ? »
- « Je voudrais descendre à terre une dernière fois avant notre départ. » il fronça les sourcils « Je t’en prie ne me demande pas pourquoi, j’ai quelques affaires à régler avant de partir, fais-moi confiance. »
Après un court instant de réflexion, il me donna son accord, non sans m’avoir mis en garde contre toutes potentielles rencontres avec des hommes du San Felicia. Je lui avais promis de me montrer prudente et de ne pas créer de nouvelles escarmouches et nous en étions restés là.

Le lendemain matin, j’avais donc quitté le navire dans un des tonneaux vides que nos hommes emmenaient afin de les remplir d’eau propre. Une fois à bonne distance des quais, l’un d’eux avait tapé deux fois sur le couvercle pour me faire signe de sortir. Remontant ma capuche sur mes cheveux et dissimulant mon visage dans son ombre, je m’étais mise en marche sans plus tarder, avec la promesse de les retrouver au même endroit avant la tombée du soir.

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Je pris la direction de la vallée où résidait Fabrice. J’avais beaucoup réfléchi durant ma convalescence et j’en étais arrivée à la conclusion que le voleur en savait peut-être plus sur le San Felicia qu’il ne l’avait laissé paraître. Le trajet se déroula sans anicroche, cela faisait du bien de se dégourdir les jambes et je marchais vite dans la tiédeur de la matinée, laissant le parfum de l’herbe et des plantes enivrer mes narines. Une légère brise faisait onduler les herbes qu’aucun mouton ne tondait, leurs épis bruissant doucement.
Lorsque j’arrivais en vue de la maison, tout était encore calme. M’appuyant de l’épaule contre un arbre, je contemplais depuis la colline où j'étais situé la petite habitation en contrebas. Au bout d’un moment, quelqu’un en sortit et je reconnus Fabrice. Il s’étira puis se dirigea vers un seau d’eau posé sur un banc et s’en aspergea le visage à plusieurs reprises. Il disparut ensuite un moment dans l'appentis derrière la masure avant d’en ressortir quelques instants plus tard avec une petite sacoche de cuir. Il s’occupa ensuite de lancer des grains aux poules, tandis que je m’avançais sur le petit sentier menant à sa maison. Il se retourna alors que je n’étais plus qu’à quelques pas de lui et son regard s’éclaira tandis qu’un franc sourire traversait son visage :
« Nola. Les dieux t'ont ramené bien plus tôt que prévu. Que viens-tu faire par ici ? ». Son regard s’assombrit néanmoins lorsque j’ôtais ma capuche et qu’il put voir les quelques traces d'hématomes subsistant encore sur ma joue gauche, là où le contact de la crosse du pistolet avait été le plus violent. « Que t'est-il arrivé ? Qui t’a fait ça ? ».
J’eus un mouvement de recul, n’ayant jamais été habitué à des démonstrations affectives, alors qu’il me serrait dans ses bras puis me laissait faire :
« Je suis venue te dire au revoir pour de bon Fabrice, je pense que nous ne tarderons pas à reprendre la mer. » puis désignant ma joue d’un doigt « Oh ça ? Je t’avais dit qu’à mon retour en ville, j’obtiendrai des réponses, eh bien c’est chose faite, du moins en partie… ».

Nous passâmes le reste de la matinée ensemble et je l’aidais dans ses divers travaux. Nous retournâmes une large parcelle de terre afin qu’il puisse, le moment venu, y planter diverses graines. Le labeur était dur mais simple et je prenais plaisir à l’exécuter en compagnie de Fabrice. Nous ne parlions que très peu, réservant notre souffle pour nos coups de bêche et lorsque le soleil approcha de son zénith et que nous eûmes enfin terminé, nous étions l’un comme l’autre couverts de sueur.
Reposant son outil, Fabrice déclara « Bien, il est temps de casser la graine » avant de s'engouffrer dans la petite maison. J’entrais à sa suite, à l’intérieur, il faisait frais et un léger courant d’air traversait la pièce. Je ne vis pas Pablo et Sigmund qui semblaient absents mais le père de Fabrice lui était bien présent. Installé dans un coin de la pièce, il semblait concentré sur sa tâche et me salua à peine, sans lever les yeux de son travail.

Fabrice prit une grosse miche de pain, du fromage, quelques fruits et deux bouteilles de vin qu’il mit dans un sac de toile et ressortit aussi sec. « Je reviens tout à l’heure Papé ! » et sur ces mots, il prit la direction du vieux lavoir.
Nous passâmes un bon moment cet après-midi-là, à profiter du calme et de la fraîcheur du lieu. Après nous être lavés et avoir partagé un nouveau moment d’intimité, bien plus doux et sensuel que le premier, plusieurs jours auparavant, nous nous étions assis au bord de l’eau pour dévorer les différentes victuailles que nous avions emmenées. Nous étions allongés dans l’herbe grasse et ma tête était posée sur la poitrine de Fabrice, ce dernier passait sa main dans mes cheveux et s’amuser à jouer avec la chaîne de ma boucle d’oreille, un petit anneau de fer avec une chaîne reliant le lobe au cartilage de l’hélix. Rompant le silence, je finis par lui demander « comment as-tu eu vent de ce que contenait la cargaison du San Felicia ? » Il se redressa légèrement et prit un moment avant de répondre « Un informateur se permet d'avoir des secrets parfois.. » Cette réponse me déplût, mais je le relançais néanmoins « Il y en a d’autres. Je veux dire, d’autres comme moi, qui ont été arraché à leur terre et éparpillées dans le monde. Je dois les retrouver, mais je ne sais par où commencer..» Il y eut un nouveau silence avant qu’il ne se décide enfin à répondre « Si j’étais toi, j’irais voir du côté de Magritta, Luccini et Frontas. C’est le maximum que je puisse faire pour t’aider Nola, mais si tu veux un conseil, oublie cette affaire.. Il est déjà trop tard pour les aider, et tu vas au devant de grands périls. » Après cela, l’après-midi continua de s’écouler et je n’abordais plus ce sujet, satisfaite des informations que j’avais obtenues et souhaitant profiter pleinement de ces derniers instants de bonheur.

Le moment de se séparer arriva finalement et, après m’avoir longuement serré contre lui, il entreprit d’enlever une des bagues qu’il portait et pour me la donner. Ne sachant que dire, je la mis à ma main gauche, l’autre étant en général toujours couverte par une mitaine de cuir, aux côtés des deux autres bagues que je portais déjà. « Vois cela comme un signe d’affection, et un porte-bonheur » me dit-il face à mon silence et mon absence de réaction. Je souris, devant son air gêné et nous nous embrassâmes une dernière fois, longuement et passionnément. Alors que je me détachais de lui, il m’attrapa la main et dis tout bas « Puisse les océans te porter là où tu le désires… et puissent-ils un jour te ramener ici » et il me lâcha la main, me laissant voguer vers mon destin.

Je fis le retour jusqu’à la ville dans un état second, trop occupée à réfléchir, je laissais mes jambes me guider d’elles-mêmes vers les faubourgs de Sartosa. Je revins à la réalité de mon existence et pénétrant à nouveau dans la crasse et puanteur de la ville pirate, toujours aussi animée et chaotique et je me dirigeais vers les docks où m’attendaient mes camarades. Je pénétrais à nouveau dans mon tonneau et, quelques instants plus tard, j’en émergeais sur le pont de l’Aslevial. Braquant mon regard vers le large, je respirai profondément, emplissant mes poumons de l’air marin. L’avenir risqué de me réserver bien des défis, mais à cet instant, je me sentais de taille à les affronter.
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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par [MJ] Le Roi maudit »

Si tôt dans la matinée, il faisait frais. Du moins lorsque l'on était habitué aux jungles moites où il régnait un perpétuel été. Perchés dans les mâtures, les gabiers intrépides s'affairaient à terminer les nœuds et à préparer les voilures pour le grand départ.
Les cales étaient pleines à craquer de vivre, une jeune recrue qui ne devait pas avoir quinze printemps au compteur avait reçu l'ingrate tâche d'attraper le plus de rats possible. Les pirates en repos dans leurs hamacs pouvaient de temps en temps entendre un couinement fugace avant que le pauvre bleu-bite ne termine l'irritant animal.
On avait nettoyé les canons, fait des stocks de boulet, de poudre, de poix et assez d'armes blanches pour empaler toute la population de l'ile dessus.
C'était la fin de la relâche. Les jeux d'argent redevenaient prohibé, et lorsque le capitaine se présenta sur le pont, tout le monde se devait d'être à son poste.

Il caressa doucement le bastingage de l'Aslevial. À pas lents il alla jusqu'à tribord. Tout en surplombant son équipage. Il avait cet air sérieux, presque aussi froid que le temps. Mais ses mots étaient bien plus chauds.

"Mes frères. On nous appelle forbans, boucaniers, pirates, voleurs, gibiers de potence. Pourtant je ne vois devant moi que des hommes libres. Aujourd'hui encore nous suivrons les pas du grand Jack en alliant les demandes de Manaan et de Ranald. Aujourd'hui encore, nous partons. Pour le golfe noir. Pour ses richesses. Pour les trésors que nous y trouverons. Aussi dissimulés soient-ils. Hardi compagnons ! Nous festoierons bientôt sur les flots !"

On célébra ces déclarations en jetant à l'eau quelques pièces pour le dieu des Océans. Les amarres furent détachées. Et le navire quitta Sartosa, voiles au vent et le regard tourné vers l'est et le soleil encore neuf dans les cieux.

La mer, on s'y faisait chier. C'était les propos d'un antique poète de Tylos dont on avait oublié le nom mais dont les adages crus étaient restés dans les mémoires. Un plat bleu à perte de vue. Pas un relief, pas une forêt, pas même un arbre. Le ciel toujours masqué par la canopée était ici omniprésent, se reflétant dans les eaux comme pour mieux la narguer. Mis à part nettoyer et renettoyer ses armes, faire trois fois le tour du bateau, et discuter, elle n'avait pas grand chose à faire.
Saleh lui expliquait la géographie de leur nouveau terrain de chasse. Ils étaient entre deux bandes de terres qui se rejoignaient au bout, le golfe était une nasse. Ou une tanière, au fond de laquelle se cachaient les Nains. Ces petits hommes taciturnes et colériques dont elle avait aperçu quelques spécimens dans les rues de Sartosa. Une des bandes était un désert, ingrat, rude, mais contrairement à l'Arabie de Saleh, les Hommes n'y tenaient aucune ville, aucun comptoir. C'était la terre des morts et des Orques. En face c'était les possessions de Luccini, une grande ville de Tilée qui n'avait que détestation pour Sartosa qu'elle considérait comme un bien accaparé par les pirates. Cela avait de quoi faire sourire. Les pirates ne volaient pas que l'or et les pierreries, ils volaient même le sol, le ciel et les iles.

Après Luccini, ce serait véritablement les Frontalières. Une terre en friche, remplie d'exilés, de pillards, de misérables fiefs arrachés à la nature que se disputaient des Hommes peu recommandables. Pas de quoi la dépayser de ses jungles d'origine. Ici aussi les hommes cupides avaient dû chasser les Amazones de leurs terres pour se disputer des miettes.

En dépit de leur position peu enviable de marge du monde "civilisé", les eaux des Principautés n'étaient pas dénués de vie. Ils croisèrent à quelques reprises des navires de pêcheurs ou de marchands. Quand ils le pouvaient, les marins lui présentaient les pavillons. Ici c'était une boutre de Copher, là une galéasse de Luccini. Un pataud bateau de commerce d'Obregon attira l’œil de rapace des matelots mais Syrasse n’intima pas l'ordre de le courser. Ils étaient encore dans des eaux trop civilisées.

Le plus grand danger était la flotte naine. Peu nombreuse, mais un seul de ces mastodontes pouvait éradiquer une escadrille entière de pirates.
"Si on en croise un, on détale. Et loin. Ils sortent pas souvent de leur boite en acier, mais quand ils le font ils nettoient le golfe jusqu'au détroit."

Encore deux jours de traversée pour pouvoir commencer à traquer. Il restait juste de trouver à quoi les occuper.
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Nola Al'Nysa
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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par Nola Al'Nysa »

Temps et marées n'attendent personne. C'est un adage vieux comme le monde. Pour les marins et les pêcheurs, il signifie simplement que les horaires d'un bateau se plient à la volonté de l'océan et non à la convenance des hommes.

Deux jours après mon retour sur le navire, nous levions enfin l’ancre et c’est avec soulagement que je regardais Sartosa s’éloigner lentement et disparaître dans le léger brouillard du matin tandis que le vent, vif et régulier jouait dans mes cheveux. Le vieux Gindast m’avait un jour dit que ceux qui prenaient la mer regardaient soit devant eux, soit derrière. Comme l'avenir qui m'attendait demeurait obscur, et que mon passé était tout aussi sombre, je me résignais à quitter mon poste d’observation pour vaquer à mes occupations.

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La matinée était bien avancée, et le soleil avait fini par percer les nuages lorsque le capitaine Syrasse fit rassembler tout le monde sur le pont. Alors que tous avaient les yeux levés vers lui et attendaient, dans une discipline surprenante pour un tel équipage, qu’il prenne la parole, il déclara enfin :
« Mes frères. On nous appelle forbans, boucaniers, pirates, voleurs, gibiers de potence. Pourtant je ne vois devant moi que des hommes libres. Aujourd'hui encore nous suivrons les pas du grand Jack en alliant les demandes de Manaan et de Ranald. Aujourd'hui encore, nous partons. Pour le golfe noir. Pour ses richesses. Pour les trésors que nous y trouverons. Aussi dissimulés soient-ils. Hardi compagnons ! Nous festoierons bientôt sur les flots ! »
Ses paroles furent accueillies par des hourras et des cris de joie. Ceux à qui il restait encore une pièce ou deux les lancèrent par-dessus bord pour attirer la bonne fortune, puis, très vite, l’ensemble de l’équipage reprit son poste et chacun s’occupa de son labeur quotidien. Je souris intérieurement en me rappelant une phrase prononcée une fois par mon capitaine lors d’une de nos conversations nocturnes :
« Connais ceux qui te suivent et fais-toi connaître d'eux. Ne leur demande pas de mourir pour un étranger » et je jugeais qu’en cela, il avait vu juste, sur ce navire, chacun était prêt à suivre Syrasse jusqu’au bout du monde.

Une fois passé l’excitation des premiers instants, la condition de marin faisait rapidement de nouveau surface. L’océan, ou plutôt la Flak comme on l’appelait dans mon peuple, on s’y ennuyait vite. J’avais grandi dans l’immensité verte de la jungle où rien ne limitait nos déplacements, pour peu que l’on soit assez courageux pour s’y aventurer. Sur un navire en mer, c’était différent. Une fois que l’on avait astiqué ses armes à plusieurs reprises, fait quelques fois le tour du pont, on tournait vite en rond. C’est d’ailleurs pour cela que le contremaître se montrait aussi intraitable sur les corvées à accomplir, car un équipage qui s'ennuie est un équipage où l’on risque de voir apparaître des bagarres et autres querelles.
Ce qui m’avait perturbé à mes débuts sur l’océan, c’était cette absence de tout relief. Ici c’était du bleu à perte de vue, que ce soit l’océan aux teintes foncées ou le ciel d’un bleu clair, il n’y avait rien d'autre que les nuages pour apporter une variation à cet environnement particulier. Moi qui n'apercevais le ciel qu’à de rares reprises avant, lorsqu’il perçait à certains endroits la canopée, j’avais découvert sur ce navire la difficulté d’être exposée aux rayons du soleil durant plusieurs journées. Ma peau avait d’ailleurs pris la teinte dorée et hâlée propre aux navigateurs et aux hommes habitués à travailler en extérieur et petit à petit, je m’étais habitué à cette nouvelle existence. Malgré le manque cruel de ma terre natale, de ma jungle et de ma vie en son sein, j’adorais la mer. J’aimais respirer cet âcre parfum de sel, j’aimais ces horizons sans fin que la voûte azurée délimitait seule. Je m’y sentais aussi minuscule que dans ma jungle, mais tout aussi libre.

Je continuais de passer du temps avec Saleh afin d’en apprendre plus sur les frontalières et les zones dans lesquelles nous allions naviguer. Je le questionnais peu sur Magritta, Luccini et Frontas, ne souhaitant pas éveiller la curiosité du navigateur. La géographie de cette partie du vieux monde ainsi que les relations entre les différents peuples qui y vivaient était complexe et je tentais, tant bien que mal, d'enregistrer toutes les nouvelles connaissances transmises par Saleh et les autres membres de l’équipage.
Je m'occupais également de mes armes, les nettoyant et les affûtant pour le jour où j'allais de nouveau devoir faire appel à elles, ce qui, au vu de l’attitude de mes compagnons à chaque fois que nous apercevions une voile, pouvait arriver à tout instant. Je m’exerçais aussi à l’entretien de ma nouvelle acquisition, le pistolet que j’avais subtilisé à l’un des deux pirates du San Felicia lors de notre rencontre sanglante, il y a plusieurs nuits de cela. C’était un pistolet à silex de bonne facture, mais son fonctionnement était nouveau pour moi. J’appris donc auprès des autres marins utilisant également ce genre d'armes à le charger, le nettoyer et faire en sorte qu’il soit toujours prêt à servir. Je n’avais pas d’affection particulière pour l’utilisation des armes à feu, mais je devais bien reconnaître que cela pourrait un jour m’être utile de savoir les utiliser.

Le soir, lors des soirées que je passais avec le capitaine Syrasse dans sa cabine, nous n’évoquions pas ma quête personnelle. L’objectif du capitaine était dans un premier temps de réaliser une ou deux belles prises dans les eaux du golfe, et ensuite il serait largement temps d’aviser. Je ne souhaitais pas le presser ou le mettre en difficulté vis-à-vis du reste de l’équipage, l’ayant déjà trouvé plus que clément suite au bordel que j’avais mis à Sartosa en l’espace de quelques jours.
La vie en mer suivait donc son cours, dans l’exaspérante routine que connaissent tous les marins avec un peu d’expérience. Le temps était bon et les vents nous étaient favorables, il ne nous manquait plus qu’une proie à prendre en chasse.. et à dépouiller.
Modifié en dernier par [MJ] Le Roi maudit le 10 juin 2022, 16:05, modifié 2 fois.
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La vie est un chemin qui se parcourt dans un seul sens. On peut choisir sa destination, réfléchir quand on arrive à une intersection, ralentir, accélérer, décider de ne plus refaire les mêmes erreurs, mais on ne revient jamais en arrière.

Nola Al’Nysa, Voie du Forban
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[MJ] Le Roi maudit
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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par [MJ] Le Roi maudit »

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"Les vestiges d'un Empire d'un temps lointain et bien meilleur au nôtre."

La tour solitaire se dressait sur son roc. Marquant les limites plus ou moins floues entre les terres de Tilée et celles des Principautés. Séparant la barbarie d'une terre encore plus déshéritée.
Mais pour les pirates, le monde libre commençait à l'Est de cette ruine érigée par des êtres depuis longtemps évanouis.

Peu de temps après la sentinelle de pierre, ce furent les quais d'une cité semblable à Sartosa que l'Amazone pu apercevoir. Myrmidens, lui expliqua-t-on. La plus grande ville des Principautés Frontalières. Et la seule à pouvoir assumer un tel nom. Comme des fruits bien mûrs, des gros navires marchands attendaient placidement devant la cité. Mais la ville pouvait se targuer d'avoir des canons. Autant chercher ailleurs. Et revendre ensuite le butin ici. Le commerce était le commerce après tout.

Le soleil commençait à pointer vers l'Ouest, la fin d'après-midi. Les esprits s'amollissaient un peu. La monotonie de la mer commençait à jouer. Jusqu'aux hurlements de la vigie. On se précipita au bastingage. Et chacun de le voir à la longue vue. Un navire approchait en grande pompe. Pas une boutre copheri, pas un galion de Lyonesse, pas une caravelle de Diamanterra. Non. C'était...

"UN KOLOSS' PEAU-VERTE !"

Elle qui regrettait le vert de la jungle, la voilà vernie. C'était un bricolage monstrueux, craquant, brinquebalant de plaques de métal, de bois pourri et autres déchets à faire passer Sartosa pour un temple en pierre taillée en comparaison. Et même d'ici, la chose était bruyante. Des machines infernales dont elle n'avait pas idée ni notion poussaient en rugissant cette monstruosité océanique. Mais la majeure partie du bruit restait celui de l'équipage.

"WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAGH"

Tout le monde se mit à son poste. On dégaina les sabres, on chargea les canons. Syrasse se plaça près de la barre.

"On garde son calme. On va essayer de les distancer. Les Peaux-vertes sont capables de couler leur navire eux-mêmes. Il faut juste éviter qu'ils ne...

Le vaisseau fit une embardée, tout le monde se retrouva à genoux. Un roc avait balayé le pont sur six pieds de large en propulsant des éclats gros comme une dague sur tous les malheureux à portée. D'autres avaient été simplement pulvérisés par le projectile qui avait plongé sans demander son reste dans l'eau écumante et rosée de sang. Des marins hurlaient à la mort. Le capitaine se redressa, remit son chapeau.
La guerre était déclarée. Et les peaux vertes ne l'emporteraient pas.
Le navire manœuvra alors. On se prépara à la riposte. Les canonniers embrasèrent les mèches. Et les déflagrations déchirèrent tympans et air. Des morceaux du navire orque s'abimèrent dans les flots en emportant avec eux des dizaines de peaux-vertes braillards. Le navire avançait vite. L'altercation au corps-à-corps et au mousquet commencerait très vite.
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Nola Al'Nysa
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Localisation : Myrmidens

Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par Nola Al'Nysa »

Après plusieurs jours de navigation sans incidents notables, hormis quelques disputes entre matelots concernant l’attribution des couchettes ou la répartition des quarts, rapidement réprimées par le quartier-maître, nous arrivâmes en vue d'une grande cité répondant au nom de Myrmidens. Je regardais d’un œil avide les gros navires au ventre rempli de marchandises qui mouillaient dans la rade à l’entrée du port, sous la protection des lourdes pièces d’artillerie disposées le long de la digue. Cependant, nous passâmes devant la ville sans nous arrêter et nous continuâmes notre route, l’idée étant plutôt d’attraper un navire isolé en mer et de revenir vendre ses marchandises directement dans la cité portuaire plus tard.

La fin d’après-midi approchait tandis que nous naviguions toujours plus à l’est, après avoir laissé Mymidens derrière nous. J’étais perchée comme bien souvent dans les cordages, fumant mon cherooth habituel et laissant mes pensées vagabonder tandis qu’une légère somnolence s’emparait de moi. La mer étincelante, d'un bleu plus foncé que le ciel, et le sillage blanc qui la traversait attiraient irrésistiblement mon attention et je mesurai le privilège de contempler ce spectacle. Je laissais mon regard errer sur le pont principal : des hommes se reposaient, bavardaient, attendant selon la coutume de voir ce que le cuisinier avait bien pu mitonner pour le dîner. D'après le panache graisseux qui s'échappait de la cambuse, je pariais pour du bœuf salé bouilli, assorti de biscuits de mer durs comme du bois, avec une poignée de flocons d'avoine plus des restes datant de la veille.

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« NAVIRE EN VUE !! C’EST UN KOLOSS' PEAU-VERTE. »
Dès que j’entendis le cri de la vigie, je me précipitais à la proue. Je fouillais du regard la forêt de mâts et de vergues entrecroisés pour voir quelle direction pointait le guetteur, puis, la main en visière, je cherchais l'attaquant. Je jurais en repérant une drôle d’embarcation armée jusqu'aux dents. « putain, c’est quoi encore ce merdier ? » me dis-je, contrariée. J'observais avec circonspection le navire ennemi en me demandant comment une telle construction pouvait bien flotter. On aurait dit un grand bâtiment fait d’assemblage aléatoire de morceaux de bois et d’acier auquel on aurait fixé une grande voile triangulaire. Ce qui me laissait le plus perplexe était les deux proéminences rondes de chaque côté du navire qui semblaient lui permettre de se propulser à vive allure en tournant dans l’eau.
Alors que l’ensemble de l’équipage accourait à son poste, commençait à dégainer les sabres et à charger les canons, le capitaine vint se placer près de la barre. J’étais quasiment arrivée à sa hauteur lorsqu’il prit la parole :
« On garde son calme. On va essayer de les distancer. Les Peaux-Vertes sont capables de couler leur navire eux-mêmes. Il faut juste éviter qu'ils ne... »

Un choc énorme se produisit et le navire fit une embardée, nous mettant tous à genoux. Un énorme bloc de pierre envoyé par le navire Peaux-Vertes nous avait heurté de plein fouet, réduisant à néant les malheureux qui s’étaient trouvés sur sa route, et projetant des éclats de bois dans toutes les directions. Je me relevais et parcourus le pont du regard, des hommes blessés ou morts gisaient par terre, poussant des cris de douleur pour ceux qui en avaient encore la force.
« Très bien, s’ils veulent la guerre, ils vont l’avoir ! TOUT LE MONDE AUX POSTES DE COMBAT » hurla le capitaine Syrasse en se relevant également. Puis s’adressant au barreur « Monsieur Smithe, virez de bord. »
Le navire se pencha alors que nous changions de cap, décrivant un long arc de cercle pour placer notre flanc en direction des assaillants et leur présenter ainsi nos canons.
- « Maintenez ce cap » ordonna Syrasse. « Laissons-les venir à nous. »
- « Vous en avez de bonnes ! Comme si je pouvais faire autrement ! Ils sont plus rapides. »
- « Gardez votre sang-froid. »
- « C'est pas pour mon sang-froid que je m'inquiète, c'est pour mes fesses ! »

À l'aide d'un foulard, je remontais mes cheveux pour les tenir en arrière et les empêcher de tomber sur mon visage puis je me dirigeais vers la cabine du capitaine pour me préparer à l'affrontement qui n’allait pas tarder et récupérer quelques affaires.
Je commençais par charger mon pistolet, il semblait être venu le jour d’inaugurer ce nouveau jouet et je comptais bien en faire bon usage. Ensuite, j’ouvris un petit pot de peinture noire et après avoir trempé deux doigts dedans, fis une ligne horizontale partant de ma tempe droite à ma tempe gauche avec le liquide. Je recommençais ensuite l’opération dans le sens inverse et laissais couler le mélange sur mes yeux et le haut de mes joues. Cela fait, je plaçais mes deux sabres dans mon dos, puis, avant de remonter sur le pont, je sortis de mes affaires un petit sachet de tissus et déversais une partie de son précieux contenu sur un coin de table. La poudre blanche tomba du sachet en petits tas compacts que je rassemblais en une fine ligne. Une fois cela fait, j’approchais ma narine et pris une grande inspiration pour ingérer l’ensemble de la précieuse substance.

Dans ma jungle natale, il était courant qu’avant de grandes batailles, nous buvions une infusion à base de feuille de koka pour nous donner de la force et du courage. J’avais découvert, non sans surprise, que cela était aussi utilisé dans le vieux monde, mais sous forme de poudre. Rangeant le reste du sachet dans mon paquetage, je pris la direction du pont supérieur. Le produit pouvait mettre plusieurs longues minutes à agir mais je savais qu’assez vite je commencerai à ressentir l’excitation et l’échauffement du corps propre à la consommation de tels produits.

C’est fin prête pour le combat à venir que je ressortais à l’air libre et me dirigeais vers la poupe d’où le capitaine n'avait pratiquement pas bougé depuis qu'était apparu le navire ennemi. Il se tenait debout et dirigeait la manœuvre d’approche. Nous étions en train d’effectuer un large demi-cercle autour du navire des peaux vertes qui, lui, fonçait droit sur nous. Avec des gestes calmes et sans élever la voix, Syrasse donnait ses consignes au barreur.
Une fois qu’il aurait aligné sa course sur celle du Koloss, il laisserait l’écart se réduire. Et, dès que l’Aslevial serait à bonne distance, à partir de mille brasses, Syrasse ouvrirait un feu continu sans cesser de laisser l’écart se réduire. Ce serait la partie la plus difficile pour l’équipage de peaux vertes. Ils devraient encaisser nos bordées jusqu’à ce que notre navire parvienne à leur propre portée.

Plus le navire ennemi approchait, plus la tension sur l’Aslevial augmentait.
« Chatouillez-leur le cul ! ordonna le capitaine Syrasse. »
J’observais depuis mon poste la gerbe d'eau que soulevait contre le Koloss’ notre premier boulet. En voyant la précision du tir, les artilleurs et les hommes qui se tenaient autour de moi poussèrent des cris d’encouragement. Ensuite, le vacarme devint assourdissant tandis que nos canonniers faisaient pleuvoir l’enfer sur les assaillants. Des morceaux entiers du vaisseau ennemi se détachèrent, emportant avec eux des dizaines de Peaux-Vertes, mais cela ne suffit pas à arrêter leur progression. Accroupis derrière le bastingage, je me tenais prête à bondir, observant à travers les nuages de fumée l’approche inexorable des créatures.

Alors qu’on faisait tourner des flasques d’alcool à tout le monde, un large sourire traversa mon visage tandis que les effets de la drogue commençaient à se faire ressentir et que l’excitation du combat s’emparait de moi, et je vis plusieurs marins me jeter un regard interloqué en me voyant si enjouée. Je pris deux grandes gorgées de rhum, puis je tendis le contenant à mon compagnon le plus proche, je n’avais maintenant plus qu’une hâte : en découdre avec ces saloperies de Peaux-Vertes !

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Modifié en dernier par [MJ] Le Roi maudit le 10 juin 2022, 16:06, modifié 1 fois.
Raison : xp : 4 / total xp : 127
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