[Dan Surcouf] Chère liberté

[[MJ] L'exhalombre]

Après cette journée pour le moins extraordinaire -et surtout épuisante, le sommeil ne tarda pas à s'emparer de Surcouf ; ce ne fut qu'une question de minutes, voire même de secondes, avant que le bordelais ne dorme à poings fermés, bercé par les interminables roulis de la coque du Rouge-Gorge. D'ailleurs, ce dernier, dorénavant entre les fines mains de Meladyr, consacra toute sa nuit à naviguer vers la cité de Marbad: une destination désormais désirable, et en effet si désirée.
Fendant les quelques vagues qui osaient se mettre sur sa route, ignorant avec la classe d'une frégate, vive comme élégante, ces marais maudits et crasseux qui se trouvaient tout prés de lui, le sloop voyagea sans coup férir ; guidé par les étoiles, progressant sous le regard bienveillant de Mannslieb, et avec la permission implicite de Manann, il servit son capitaine et son équipage du mieux qu'il put...



Des clameurs, des cris et d'autres bruits raisonnant à travers les planches: tout ceci parvient d'un coup aux oreilles du bordelais, le tirant peu à peu hors de son sommeil.
"Mais non! C'est pas vrai on est enfin arrivé! "Mais pincez-moi je rêve! On l'a fait! YEEPPEEEEE!! "On s'en est sorti putain!" "DANS MES BRAS MON POTE!! ON VA FËTER CA!" "Grâce soit rendue à Shallya!" "WOOOUUUHHOOOUUUU!! ON EST LIBRES LES GARS!!!"
Le contrebandier ouvre alors ses yeux et se relève, petit à petit ; il ne tarde pas à se rendre compte qu'il a pioncé quasiment tout seul, enveloppé dans la pénombre de la cale. A vrai dire, il n'y a que deux autres affranchis qui se trouvent à ses côtés, étalés sur le plancher, ronflant profondément, trop endormis, trop épuisés pour être dérangés par toutes ces voix qui fusaient au-dessus de sa tête.
Cependant, le bordelais entend maintenant d'autres sons qui viennent s'ajouter et même influer toute cette joyeuse cacophonie.

"Prudence keigh-mons! Nous n'avons pas encore accosté et... " "OI POTAMON E'THALDUR?
QUI VA LA? "
Le ton de cette nouvelle voix, trahissant une certaine méfiance, ne tarde pas à calmer l'ambiance à bord du sloop. Une sorte de mutisme s'installe d'un coup sur le pont. La joie des affranchis s'évanouit, laissant désormais place à un attentisme presque inquiétant.

"Euh...Il jacte quoi là?
"Mais fermes-la putain."
"POTAMAÏS MELADYR DAETHAL, ULLIOGTHA E BASHILEU...O'THEMI..."
"NAZ'SHALEMON!interrompit brusquement l'autre voix, se voulant intimidante,BENDU THURIBOS A'GAMEÏDAL!!"

Sur le Rouge-Gorge, plus personne n'ose répondre désormais. Une atmosphère tendue, lourde comme le plomb, régnait dorénavant sur le plancher du navire, imposant son silence sur toutes les lèvres, y comprit celles des plus loquaces et courageux.
C'est alors que, pour la première fois depuis son réveil, Surcouf entend des bruits de pas rapides sur le pont. Le contrebandier entend ensuite la porte de la cale qui s'ouvre, assez doucement ; s'il ne voit aucune rayon de lumière rentrer, Dan aperçoit en revanche plusieurs affranchis qui s'introduisent dans la soute, rentrant presque sur la pointe des pieds, certains tenant leurs enfants somnolents entre leurs bras. L'anxiété, voire même la peur, pouvait se lire sur leurs visages ; ils firent d'ailleurs signe à Surcouf, posant leurs indexes sur leurs bouches, l'invitant implicitement à rester tranquille et à ne pas faire de remous.

Mais est-ce que le capitaine du Rouge-Gorge allait suivre ces conseils?

[Dan Surcouf]

L'héroïque capitaine resta donc silencieux, attendant de voir la suite des événements. De toute façon, il était trop fourbu pour aller contre le destin, en ce moment précis. Et puis, si c'était pour se fourrer dans de nouvelles emmerdes, ce n'était pas la peine. Il guetta donc l'écoutille de la cale, gardant son épée près de lui, se demandant encore quelle genre de blague Ranald avait décidé de lui jouer.

[[MJ] L'exhalombre]

Une musique de fond peut-être?

Après toutes les dingueries qu'il a vécu ces derniers jours -pour ne pas dire ces dernières années, Surcouf préfère donc opter pour une attitude assez prudente ; un geste tout à fait compréhensible, face à cette situation, nébuleuse, qui se présente maintenant à lui.
Ainsi, ceux qui se trouvent sur le pont du Rouge-Gorge aperçoivent deux mains, qui, d'un coup, surgissent de la cale et prennent appui sur les rebords d'une trappe ; une tignasse brune, silencieuse, ne tarde pas à suivre, émergeant à son tour de cette écoutille.
Alors qu'une nuit noire, sans lune, plane encore sur Marienbourg, l'attention du bordelais se concentre surtout sur les quais du quartier elfique.
Une grande silhouette se tient là, sur ces pierres à l'aspect noirâtre, nichée dans les ombres, et esquivant la lueur de deux réverbères aux lanternes argentées. Ses vêtements, assez amples, semblent osciller au grès des signes qu'elle fait en direction du sloop:

"Eddu, sariouthal é'ilmonaï ? demanda la grande créature, d'une voix aigüe et de plus en plus descendante, presque aux antipodes du ton employé quelques instants plus tôt.

-Kaldoreï os'ilmathan ; o quyl-athemaith semdon, lui répondit Meladyr, cachant sa lassitude sous un air imperturbable, tandis qu'il manœuvrait le navire pour le mettre à quai.

Si les deux elfes se permettaient de discuter, atténuant le silence pesant qui régnait sur l'endroit, aucun humain sur les planches du Rouge-Gorge n'osa prononcer le moindre murmure ; leurs visages marqués par l'appréhension, cachés derrière le mat ou le bastingage du sloop, tous guettaient la situation d'un œil alerte, à l'image du contrebandier.

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Jet de perception pour Surcouf (-2 parce que c'est la nuit)

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Jet d'INT pour Meladyr: 20...

Difficile de voir et de discerner quoi que ce soit à cette heure de la nuit, où toute chose devient assombrie, incertaine, ou ensevelie dans l'obscurité. Mais même au milieu de cette atmosphère étrange, pendant que le Rouge-Gorge atteint les quais plongés dans la pénombre, Surcouf entr'aperçoit quelque chose d'assez gros sur sa gauche, un peu plus loin du côté de l'embarcadère.
La forme d'un autre navire, aux grandes voiles noirâtres, se découpe peu à peu des ténèbres ambiantes ; très vite, Dan entends d'ailleurs de petits bruits, à peine audibles, qui s'échappent de cette embarcation. Est-ce qu'il y avait des gens à bord?
Malheureusement, le bretonnien n'a pas le temps de trouver une réponse à cette question. Le sloop se retrouve désormais immobilisé le long des docks. Voilà que Meladyr s'écarte de la barre, s'empare d'un cordage et prend de l'élan, avant de sauter directement sur les berges d'Elfeville;
il finit par se réceptionner, correctement, sur les quais assombris, malgré son bras blessé et balafré:

"Marin Surcouf? fit-il, visiblement fatigué, tout en se retournant vers le Rouge-Gorge, Venez! Venez donc m'aider à attach...

-Renthir se amemon ; Palith oçe maïni laecoï,interrompit fermement la silhouette.
Un long soupir s'échappe soudain des lèvres de Meladyr.

-Kineth mequol! lâcha d'un coup la fière créature, ses longues oreilles se redressant de plus en plus.
Dan ne pouvait que le constater: sa patience elfique, malmenée par toute une journée de lutte à mort puis une nuit entière de navigation, avait visiblement atteint ses limites,
Nephistel o'simenaï e bashaelan! Toribas athomenque oï nyltaril! prononça-t'il, tendu et nerveux à l'encontre de la grande ombre, alors que ses mots se perdaient en échos dans l'obscurité.

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Jet d'1D4 : 2

Dans un mouvement de repli, la silhouette se retire un peu plus dans la pénombre, reculant pas à pas, face à l'exaspération de plus en plus agitée de son congénère. À ce stade là, les envolées verbales de Meladyr résonnaient dans la moitié d'Elfeville, et, forcément, elles finirent par retomber dans certaines oreilles...
Toujours posté à l'écoutille, le contrebandier remarque maintenant de nouvelles ombres qui surgissent sur sa droite, et rejoignent rapidement les quais ; au fur et à mesure qu'elles émergent de la pénombre, Surcouf peut distinguer de longues lances, de grands casques coniques, ainsi que plusieurs boucliers, aux motifs assombris par la nuit:

"Selame isho'maraï! annonce l'une d'entre elles avec gravité, Ando'e theasalir?"

Dés qu'elle entendit ces paroles, la silhouette face à Meladyr se raidit instantanément.
Soudain, le bordelais voit qu'elle commence à gesticuler, et à montrer du doigt la direction par laquelle ces nouveaux venus arrivent:

"Othelan...Othelanyr a'quylmen, bandu o'phalenore," fit-elle rapidement à Meladyr, son long doigt désignant plus que jamais le côté droit.

Finalement, l'elfe affranchi finit par se détacher d'elle ; soupirant fortement du nez et maugréant quelque chose entre ses dents, il s'en va sur les quais obscurs, à la rencontre des ombres casquées qui se rapprochent aussi, le bruits de leurs bottes et de leurs pas cadencés se faisant de plus en plus distincts dans les ténèbres.

C'est à cet instant que Surcouf aperçoit la silhouette, qui, couverte par la nuit, commence à partir précipitamment vers la gauche. Ses amples vêtements suivent parfaitement les mouvements de son corps, et, à chaque pas qu'elle fait, ils semblent flotter, presque magiquement, sur les pierres froides des docks.
Mais alors qu'elle passe sous la lumière d'un des lampadaires argentés, la voilà qui se fige brièvement, et jette un regard par-dessus son épaule, en direction de Meladyr et du Rouge-Gorge.



Voyant qu'elle n'est pas suivie, la grande créature reprend sa course de plus belle, retournant au sein de la pénombre, et se pressant maintenant vers le navire à la voilure sombre. Ce même navire semble d'ailleurs prendre vie en ce moment ; de nouvelles silhouettes arpentent désormais son pont, trafiquant on ne sait trop quoi.

À l'horizon, sous le ciel noir, un mince ruban clair et bleuté commence à apparaître: l'aube ne va pas tarder.
À la droite du bordelais, à peine plus loin sur les docks, un Meladyr fébrile est sur le point de rencontrer le groupe de sentinelles. À sa gauche, l'autre navire se met dorénavant en branle, et s'écarte des quais, alors que l'elfe vient tout juste d'y sauter dedans.

[Dan Surcouf]

Surcouf poussa un long soupir, n'ayant, encore une fois, aucune idée de ce qui se passait. Il était un fils de catin bordelais... pas un noble de Couronne. Il avait apprit le Jutonne en prison et il maitrisait à peine la lecture et l'écriture. L'elfique? Les skaven feraient s'écrouler la lune sur le vieux monde bien avant qu'il ne le maitrise.

Il n'était pas certain que ça soit bon signe. Mais, bon, d'un autre côté, ce n'était pas comme si il pouvait faire grand chose. L'elfette, ou du moins si il ne se trompait pas, était déjà loin de toute façon. Et il y avait plus important, avec les tractations de Meyladir avec les gardes.

Vu comment s'était passé sa dernière rencontre avec la garde d'Elfeville, il jugea préférable de rester à bonne distance et de laisser Meyladir gérer.

[[MJ] L'exhalombre]

Tandis que l'aube se levait sur la cité de Marbad, Surcouf laissa ainsi son fier compagnon s'en aller sur les quais, à la rencontre de ses congénères aux casques coniques. Restant sur le pont du Rouge-Gorge, Dan, comme le reste des rescapés, peut donc voir l'aurore, aux lueurs dorées et orangées, qui émerge peu à peu de l'horizon ; ces mêmes lumières, bien plus chaleureuses que les ombres nocturnes qui avaient régné jusque là, commencent maintenant à caresser la coque du sloop et la peau de son capitaine ; elles chassent peu à peu les ténèbres des quais comme de Marienbourg, révélant ainsi aux yeux du bordelais ce qui l'entoure ; les toitures bleutées, les grandes flèches faites de marbre, les bâtiments à l'architecture stylisée et aux façades d’albâtre, les larges avenues pavées et harmonieuses d'Elfeville: voilà tout ce que l'aube dévoile ; voilà ce que cette lueur matinale éclaire aux yeux du marin.
Mais malheureusement, il y a une chose que toutes ces lumières orangées, tous ces reflets dorés n'arrivent pas à éclairer: la situation de Surcouf, qui se trouve quelque part entre ce décor exotique, des affranchis faméliques, et des gardes intrigants aux longues-oreilles.
Au beau milieu de tout cela, le bordelais, guidé par le Souvenir et accompagné par la Prudence, préférait encore rester sur son sloop, son Rouge-Gorge qu'il ne connaissait que trop bien. Pourquoi vouloir aider un elfe à parler avec d'autres elfes? Après tout, le bon sens, la vérité et la raison sont déjà du côté de Dan, n'est-ce pas? Tout ceci serait sûrement suffisant pour éviter une nouvelle embrouille avec les sentinelles de l'enclave elfique. Non?

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Jet de charisme de Meladyr pour convaincre les gardes de ne pas agir contre Surcouf.

En parlant de tout ça, Meladyr vient justement de rencontrer les gardes sur les quais. Le contrebandier, pouvant observer la situation depuis son navire, remarque que la fière créature, passablement énervée, apostrophe ses congénères avec une colère à peine contenue, avec de grands gestes brusques, tantôt dirigés vers le Rouge-Gorge, tantôt vers les sentinelles elles-mêmes.
Ces dernières commencent alors à l'encercler, et, petit à petit, le cernent à l'aide de leurs boucliers ; certaines tentent de le calmer, tandis que d'autres, aidées par leurs voix graves et portantes, lancent plusieurs appels, qui, aux oreilles du bordelais, ressemblent désagréablement à autant d'alertes, raisonnant à travers les quartiers coquets d'une Elfeville à peine réveillée.
Soudain, voilà que plusieurs bruits de bottes se font entendre ; deux nouvelles patrouilles apparaissent sur les quais. L'une d'entre elles se porte rapidement vers le groupe de gardes où se trouve Meladyr, qui s'est enlisé dans sa "discution" tendue avec ses congénères armés ; il est d'ailleurs de plus en plus maîtrisé par ces derniers, malgré le haussement de son ton fâché et indigné. Mais de l'autre côté, une dizaine de pas cadencés et de lances aux lames brillantes se dirigent vers le Rouge-Gorge, traversant les quais à vive allure.
À cet instant, tous les affranchis présents sur le pont du sloop tournèrent leurs regards, silencieusement, vers le contrebandier.
La peur et l'incompréhension avaient posé leurs marques sur les chairs de leurs visages, tandis que leurs yeux, de plus en plus gagnés par l'angoisse, interrogeaient maintenant Surcouf avec insistance. Que faire?

[Dan Surcouf]

Surcouf soupira. Il y avait vraiment des jours où il ne fallait pas se lever. Il se décida finalement à se hisser sur le quai. Il héla alors les elfes, avant de poser délicatement l'épée, qu'il avait dérobé aux esclavagistes, sur le sol, avant de lever les mains, les paumes ouvertes. Il s'éclaircit alors la gorge.
-Bien le bonjour messieurs-dames. Bretonnien? Jutonne? Je suis le capitaine Surcouf, commandant du Rouge-gorge et, nous nous rendons, où du moins, si tel est l'objectif de toute cette débauche soldatesque.
Il baissa les bras, parce qu'il n'allait pas non plus passer la journée comme ça.
-Pourriez vous, je vous prie, cesser de malmener mon associé? Nous avons eu un périple assez harassant qui est sans doute un poil plus complexe que ce que vous pouvez imaginer. La violence n'est pas nécessaire. Après tout, ce n'est pas comme si nous pouvions subitement nous enfuir, ou même rêver de vous échapper.
Ouais. Le rouge-gorge était en lambeau, la moitié de ses passagers étaient exténués, affamés et assoiffés et, lui même n'était pas en si grande forme.
-J'ai par ailleurs une excellente proposition à vous faire.
Il fallait espérer, toutefois, que les elfes se montrent raisonnable. Il n'avait pas spécialement un très bon historique, à ce niveau.

[[MJ] L'exhalombre]

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Jet de charisme pour Surcouf afin de convaincre la garde de l'écouter (avec un bonus de +1 grâce à sa diplomatie)

Au fur et à mesure que Surcouf prononce son petit discours, le pas des gardes aux longues-oreilles ralentit ; cependant, ils poursuivent leur progression en direction du contrebandier et de son Rouge-Gorge. C'est alors que leurs longs boucliers stylisés se relèvent, petit à petit, à l'approche du navire et de son capitaine ; leurs lances s'animent également, et s'abaissent lentement, désormais toutes pointées vers le bretonnien. Dorénavant, resserrant leurs rangs et formant un arc de cercle, les grandes créatures enveloppent le marin et son sloop depuis la jetée.
Elles avancent vers lui, pas à pas, avant de se figer subitement, comme un seul homme, à deux-trois mètres de sa personne.
Tandis que l'aube dorée se lève sur Marienbourg, un début de silence semble s'installer sur les quais d'Elfeville comme sur le pont du Rouge-Gorge.
Dan peut d'ailleurs voir -et surtout sentir, qu'une dizaine de paires d'yeux en amandes l'observent, le scrutent, le fixent avec défiance:

"Tiens donc, voyez-vous cela, répond enfin une voix, dans un Jutonne à l'accent chantant, mais au ton plus qu'ironique,
"Un misérable doublé d'un criminel, qui accoste avec un rafiot rempli de pouilleux dans une zone sanctuarisée, à une heure....peu orthodoxe, pour ensuite envoyer un de nos congénères occuper la garde, tout en restant caché sur sa coquille de noix, bien évidemment...

Cela ne vous semble pas assez suspect, humain?" poursuit le chef des sentinelles, reprenant subitement un air sérieux, émergeant des rangs de la patrouille pour ensuite marcher vers Surcouf, Vous admettrez que, dans cette situation, vous tenez plus du trafiquant malchanceux que de l'honnête capitaine, continue-t'il, commençant désormais à tourner tout autour de Dan, son bouclier relevé au niveau de sa poitrine et sa main tapotant le pommeau de sa lame, Vous apprendrez également que vous avez à faire aux Gardes-Paix d'Elfeville, pas à un petit vendeur du marché aux puces: on ne négocie pas avec les Lois d'Ulthuan."

D'un geste rapide et fluide, l'elfe se baissa puis s'empara de l'épée de Dan, jetant un bref coup d'œil sur le plat et les tranchants. Gardant l'arme dans sa main et achevant son petit tour, la fière créature finit par se repositionner face à Surcouf. Il le juge désormais du regard ; il le juge d'avance:

"Mais tout ceci mis à part. Oui....Donnez-moi une raison ; donnez-moi une seule raison de ne pas vous couvrir de chaînes là, tout de suite, et de vous jeter dans une cave sordide pour y attendre votre châtiment."

[Dan Surcouf]

Surcouf loucha sur les lances des elfes. Ces types n'avaient vraiment aucune once de gentillesse ou de proportions dans leurs veines. Ils seraient parfait. Maintenant qu'ils avaient mordu à l'hameçon, tout ce qu'il avait à faire, c'était les ferrer.
-Je suis ravis que vous me le demandiez. Voyez vous, il y a, au cap des pillards, une vaste opération esclavagiste, qui était menée par un de vos congénères qui a tenté de me faire subir le même sort. La plupart des gens à bord, sont ses victimes. Nous avons réussit à nous libérer, mais leur base d'opération reste toujours active. Si vous voulez vérifier, nous avons réussit à capturer un des trafiquants en vie.
Il désigna alors le navire.
-Pour le reste, nous avons été pris dans une tempête alors que nous tentions de rallier Marienburg. Comme je vous l'ai dis, nous sommes fatigués, nous n'avons rien à cacher et la violence n'est pas nécessaire.

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Le visage de la grande créature évolua, peu à peu, au fil des explications de Surcouf ; ses traits, au départ si austères et suspicieux, se relâchèrent lentement, laissant place à une expression pâle comme froide, à l'image des dalles des quais en ce début de matinée.
À la fin des éclaircissements donnés par le bordelais, le gardien aux longues oreilles hocha légèrement de la tête, comme s'il venait à peine de comprendre, de saisir l'ampleur des paroles de Dan:

"Je vois... finit-il par répondre au capitaine, prudemment, du bout de ses fines lèvres.

Dans un mouvement vif, il serra son poing et leva son bras jusqu'à sa tête. Aussitôt, en un clin d'œil, Surcouf put à peine distinguer les gestes des sentinelles qui l'entouraient ; celles-ci mirent fin à leur posture défensive, redressant leurs lances et abaissant leurs boucliers, instantanément, se tenant désormais comme si elles étaient en faction devant un bâtiment invisible.
De suite, d'un autre geste de sa main, la fière créature qui les dirigeait fit signe envers ses congénères, qui tenaient Meladyr de l'autre côté du débarcadère, de venir à lui.
Surcouf peut alors voir le visage un peu penaud de son compagnon d'infortune, ainsi que les gardes impavides qui le ramènent vers lui, sur sa position, dans un silence presque parfait, uniquement perturbé par le son des vagues qui lèchent, sans relâche, les quais et la coque du Rouge-Gorge. Dés que les deux groupes se rejoignent, une des sentinelles elfiques s'approche de son chef, qui se détourne de Dan pour aller lui parler. D'une voix feutrée, les deux êtres s'échangent alors quelques murmures, rapides et presque inaudibles aux oreilles du contrebandier. Une fois ces messes basses terminées, le gradé adresse un regard circonspect à un Meladyr désormais bien muet ; puis ses yeux se posent à nouveau sur Surcouf:

"Bien, keigh-mon,entama-t'il, tout en retournant auprès du bretonnien, En attendant de vérifier vos dires, nous vous accordons le bénéfice du doute, pour le moment, poursuivit-il, gardant l'épée du marin entre ses longs doigts, mais abaissant légèrement son bouclier stylisé, Cependant, vous le pensez bien, nous n'en n'avons pas terminé avec votre cas.
Au nom de l'Exarchat et du Roi-Phénix, je vous demande donc d'évacuer votre navire, et de nous remettre ce fameux trafiquant que vous avez mentionné. Je vous demande également de nous suivre une fois tout ceci terminé ; nous vous escorterons à l'intérieur de notre enclave, en attendant de mettre toute cette histoire au clair, fit-il, sur un ton de plus en plus formel, comme s'il enclenchait une sorte de procédure envers Dan ; une procédure qui aurait certainement des conséquences,Il va aussi de soi que votre sloop est désormais confisqué et immobilisé, jusqu'à nouvel ordre.

Avez-vous quelque chose à dire, humain?"

[Dan Surcouf]

Surcouf arqua un sourcil et dû fortement se retenir de sourire, en entendant l'elfe lui notifier l'immobilisation du Rouge-Gorge. Comme le pauvre sloop pouvait aller où que ce soit. Il leva un doigt.
-Bien entendu, juste un instant.
Il retourna tranquillement sur le Rouge-Gorge, retournant auprès des réfugiés. Il fallait leur expliquer la situation et les rassurer.
-Mesdames et messieurs, nous descendons ici. Restez calme, les elfes vont sûrement vous poser quelques questions quand à ce qui s'est passé, je vous invite à y répondre aussi honnêtement que possible.
Il se tourna vers le prisonnier. Le pauvre type allait probablement déguster, mais c'était loin de toucher réellement le capitaine du Rouge-Gorge. Le type avait choisi son camp à la base. Même si la situation avait quelque peu changé, le type restait une saloperie d'esclavagiste. Si Surcouf devait échanger une vie contre toutes les autres, c'était bien celle de ce type.
-Quand à vous, suivez moi et ne faites rien de stupide.
Il le conduisit alors devant l'officier elfique, tandis que les réfugiés descendaient du Rouge-Gorge.

Il était impératif que tout le monde reste calme. Le moindre geste déplacé, le moindre accès de panique, et les quais deviendraient la scène d'une tragédie. Surcouf, à ce niveau, n'avait plus vraiment de contrôle. Ce serait aux rescapés, à son prisonnier et aux elfes de jouer le jeu.