Ses rayons dorés rendent l'écume des vagues scintillante, mais se reflètent aussi sur les quais d'albâtre qui ceinturent la cité de Marbad. Ce même soleil commence désormais à éclairer les planches usées de la coque et du pont du Rouge-Gorge, ainsi que les visages des rescapés, amaigris et tirés par la fatigue. Enfin.
Tout dans ce début de matinée annonçait la fin d'un voyage long et périlleux pour "l'équipage" du sloop. Un véritable périple, une si grande péripétie à travers la si petite Manannspoort Zee, ce modeste bout de mer reliant Marienbourg au reste du Monde Connu.
Oui, c'était la fin du calvaire pour Surcouf et sa bande d'affranchis, survivants des griffes de la Servitude.
Mais comment cette fin allait-elle se passer?
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Bien. Non, vraiment, elle se passa plutôt bien cette fin.
Les rescapés descendirent sur les quais, un par un, dans le plus grand des calmes, avant d'être littéralement encadrés par l'un des deux groupes de sentinelles. Ces mêmes elfes se contentèrent de les accompagner ailleurs, finissant par s'écarter des quais, et disparaissant dans les rues qui menaient vers l'intérieur de l'enclave elfique.
Puis ce fut au tour du prisonnier d'être amené aux gardes, tête baissée, marchant d'un pas machinal, sans véritable énergie.
Sous l'œil de Surcouf, celui-ci était devenu mou, apathique ; dépouillé de toute réaction ou de sentiment, il se laissa volontairement guider jusqu'au capitaine des gardes-paix.
Ce même esclavagiste qui, un jour plus tôt, avait faillit tuer le marin lors d'un combat sans merci, arborait désormais un air et un regard résignés ; ses yeux comme ses pupilles semblaient même éteints, vides de toute étincelle, de tout éclat de vie. On aurait juré que cet homme là, à cet instant, n'en n'était plus vraiment un, qu'il était devenu une sorte de marionnette désespérée, coupée de ses fils, que Dan s'empressait bien évidemment de passer aux patrouilleurs.
Il disparut dans les entrailles d'Elfeville, en compagnie de Meladyr, placé sous bonne escorte.
Enfin, le tour du bordelais arriva.
Cerné par le chef des gardes devant, et quatre autres factionnaires placés sur ses côtés ainsi que dans son dos, Surcouf fut conduit sur les quais, loin de son navire.
Toutefois, contrairement aux autres, le groupe du contrebandier ne se dirigea pas à l'intérieur de l'enclave, mais vers une grande bâtisse aux murs aveugles. À peine entré à l'intérieur, Surcouf se retrouve entraîné dans de sinueux couloirs, qui donnent alors sur des ailes plus ou moins désaffectées, voire carrément oubliées du bâtiment. Ce n'est qu'au bout de quelques instants que le bretonnien se rend compte qu'on le mène dans les souterrains d'Elfeville...