Martin [MJ Assistant]
Devant l'ignorance affichée de Lucy face à sa "maladie" les jours précédents, le Halfling ne put qu'hausser les épaules. Il trouverait la réponse à cette énigme plus tard. Un autre jour sans doute. Avant cela, il avait encore le temps de mener quelques expériences. Parmi lesquelles vérifier la véracité d'ouïe-dires concernant les vampires. Pouvaient-ils vraiment se transformer en loup ou chauve-souris ? Ressuscitaient-ils les morts ? Craignaient-ils pour vraiment le feu ? Tant de questions.
Déjà, pour commencer, avec l'accord de la non-morte, il exposa l'un de ses doigts à la flamme d'une bougie. Sur un tissu organique normal, celle-ci aurait fait roussir rapidement le cuir, voire aurait dégagé une odeur de brûlé... Que nenni pour la race supérieure ! A peine la première seconde écoulée que la courtisane eut à se mordre les lèvres de douleur ! Sa peau ne roussissait pas. Elle brûlait ! Pour de vrai ! Aussi tôt !? Si ce n'eut été la rapidité du médecin, aussi surpris qu'elle, mais néanmoins bien préparé, les dégâts auraient pu être importants. Mais ce ne fut pas le cas, celui-ci ayant repoussé au loin le feu purificateur avant de jeter à la main de la courtisane un vieux torchon mouillé d'eau de mer.
La surprise et le choc passés, il procéda alors à d'autres expertises. Déjà, l'argent. Il confia à la vampire, dans la paume de sa main une piécette étrange. De bonne qualité, les bords n'étant pas rognés mais finement cisaillés et l'impression absente de toute imperfection. Bon, par contre le pile comme la face étaient inconnus à Lucy. Mais tous ces détails sur la numismatique étaient pour le moins inutile à l'esprit de la courtisane ; celle-ci, encore une fois, eut à serrer les dents. C'était pire que la dernière fois. Là, maintenant, elle avait l'impression que de l'acide extrêmement puissant était en train de lui bouffer la chair. Celle-ci, dans un affreux chuintement, donnait l'impression de se dissoudre au contact de la pièce que la non-morte jeta rapidement au loin.
Génial. Elle ne pourrait plus se nourrir à une table de l'aristocratie. Plus de couverts d'argent, ni de coupes luxueuses, ni de pièces d'argent, tout simplement... Alors sur l'insistance du Halfling on procéda bien à quelques tests supplémentaires sur le point, comme pour voir si la réaction était toujours aussi violente avec des sous moins purs en argent, ou bien si la douleur occasionnée était la même à travers du tissu... Les dieux soient loués - où ils les auraient été si Lucy y croyait encore - la douleur était moindre dans ces cas là. Voir une grosse gêne extrêmement désagréable. Mais rien de plus. Ouf.
Ses notes prises, le physicien procéda à ce qui devait être l'un des derniers tests de la journée : voir ce qu'il en était de cette rumeur ridicule concernant l'ail et les vampires.
Et la suite le détrompa immédiatement. Parti chercher de l'ail hors du cabinet, lorsqu'il en revint se fut pour trouver une Lucy "nauséeuse", affaiblie et aux pensées encore plus désordonnées que d'ordinaire. Croyant à quelque phénomène inconnu, il s'était précipité vers la non-morte... Ce qui renforça ces symptômes chez elle. Il fallu bien cinq longues minutes, ô combien longues, pour que le médecin comprenne d'où vienne le problème et ne jette à la mer le bulbe de monocotylédone.
Il conviendrait de creuser le sujet un autre jour.
Venait enfin le dernier test de la batterie. Une question qui interrogeait l'esprit cartésien et critique du semi-homme, lui qui n'avait jamais vu de son vivant de miracle. La propagande sigmarite et les prêches dans la rue c'est très bien, mais rien ne vaut une résurrection en direct ou l'immolation divine de païens pour se faire une opinion. Malheureusement ce genre de choses ne se faisait pas sur commande. Sinon Marienburg compterait bien moins de marchands et plus de fanatiques. Quoique que les deux catégories soient parfois considérées comme interchangeables par certains excités... Ainsi donc le semi-homme exposa-t-il à Lucy une amulette de quelque lointaine divinité qu'il avait en sa possession...
L'amulette ? Une croix sigmarite ? Un crâne morrien ? Une balance vérénéenne ? Nop. Rien de tout cela. Absolument pas. Une simple boite. Une boite en bois. Grande comme une main. Pas plus épaisse que deux paumes. Dotée d'un couvercle du même matériau, sur lequel était représenté un machin vaguement cylindrique...
Si je dis : "Gloire à Phinéas, saint patron des fumées, que ses ennemis meurent étouffés", ça fait quelque chose ? demanda-t-il d'une voix plus calme, son court "prêche" terminé.
Et c'était tout pour la journée. Ou du moins aurait-ce dû l'être, puisque maître Jubilost venait maintenant de remarquer quelque chose.
C'est nouveau ces coutures ? Je suis certain que la dernière fois elles étaient pas là.
Lorsque Lucy se contenta d'évoquer un "petit" accrochage, puis de découdre son pied droit pour le passer au vampire... A là, il en avait pour son argent. La non-morte eu le plaisir mesquin de le voir sortir ses yeux de la tête pendant quelques secondes avant de se reprendre.
De là, de nouvelles questions. Comment ça se faisait que le sang ne coulait pas ? Est-ce qu'elle pouvait toujours sentir ? Bouger ? Malgré le fait que les membres soient séparés du reste du corps ?
C'est à cela qu'ils consacrèrent l'heure suivante. Et par Véréna, résoudre ces questions fut extrêmement instructif. Il y eut juste le moment où le Halfling eut à recoudre le cou de la vampire par lui même, celle-ci réalisant qu'elle était incapable, une fois "décapitée", de contrôler la moindre partie de son corps. Mais c'était quand même extrêmement instructif. Avec tout ça, le médecin avait certainement de quoi réaliser un ouvrage conséquent sur l'état de la non-mort et de nombreux détails obtenus de première main. A voir si, dans un futur lointain, il réussirait à faire reproduire son ouvrage.
Puis il y eut le maître d'équipage qui toqua à la porte. Ranald soit loué, celui-ci n'arrivait pas au pire moment. Quelques minutes plus tôt et il aurait eu sous les bras un corps en vrac. C'aurait pu prêter à confusion.
Ah quérida.... Ce serait avec plaisir, répondit-il aux avances de la courtisane, qui avait répondu aux siennes avec empressement, le tout avec cet étrange accent qu'était le sien.
Décidément le capitaine avait bien fait d'embarquer cette courtisane. La pression accumulée au cours des derniers jours avait été bien trop haute pour sa propre santé. Il avait besoin de décharger cette énergie, cette tension accumulée, quelque part. Alors quoi de mieux que dans un lit - sa couchette en l'occasion - avec une jolie fille ? Une chance, vraiment. Généralement on embarquait de filles que pour la navigation de cabotage, ou alors dans les cargos à destination du Nouveau Monde, pour les comptoirs impériaux.
Tandis que le duo finissait de monter les marches jusqu'au pont, Lucy ne put s'empêcher de stopper, une fois à l'air libre. Sa personne, bien que hautement impressionnante par sa supériorité raciale envers la masse de plébéiens qui peuplait cette terre, qui parasitait ce navire, qui était l'un des miracles de la création... Ne pouvait s'empêcher, ne fut-ce que pour un bref moment, par la vue qui s'offrait à elle. Alors oui, certes, le pont encore un peu dévasté par les éléments, le mat en moins, le pont noirci à un endroit, le cabestan à moitié arraché, le bastingage détruit à divers endroits... Oui c'était intéressant que tout cela, et ces misérables qui s'activaient pour rendre l'endroit moins imprésentable à son Auguste personne... Mais ce qui l'avait stoppée n'était absolument rien de tout cela. Non. C'était la vue.
La vue de la mer déchainée, à quelques centaines de mètres du navire, où les flots libéraient la colère et la haine de Manann, à moins que ce ne soit celle de Stormfeld. Et le navire, petite coquille de bois flottante, pouvant être submergée à tout moment par les vagues, qui se trouvait à quelques encablures de ce spectacle... Mais surtout le ciel.
Oui. La colère d'Asuryan répondait à celle du dieu de la mer. Par-delà cette frontière invisible, qui gardait le navire de la destruction, se trouvait l'océan déchainé, les cieux déchirés, par les vents, les nuées et les éclairs, perçant les nuages comme les eaux.
Et pourtant le navire se trouvait ici, dans ce calme relatif... Au soleil alors que le reste des alentours était englouti sous les nuages et l'obscurité.
Oui. Ils étaient au centre de la tempête. Dans l’œil du cyclone. Et ils étaient en vie.
Pour l'instant.
Laissant la brise qui caressait le pont, le bosco et Lucy passèrent par la dunette pour entrer dans la chambre de navigation où les attendaient le capitaine. Archibal Hammerlock. Malgré la mine assez négligée des lieux, il ne s'était pas départi d'un certain flegme, d'une certaine classe.
Assis sur une chaise, une jambe posée sur sa cuisse, l'explorateur avait levé les yeux vers ses visiteurs, laissant de côté quelques feuillets sur la grande table.
Lucy. Comment vous portez vous ? Le mal de mer vous est passé semble-t-il. On ne vous a pourtant pas vue tout à l'heure...
La réponse de la vampire fit tiquer l'homme, comme le trahit son haussement de sourcil à cette répartie. Mais bon. Elle était une complète ignare sur le sujet. Donc il pouvait laisser passer l'éponge sur ce coup là...
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Certes. Vous seriez complètement inutile. Par contre, lorsque vous entendez la cloche sonner de manière continue, c'est qu'il y a une annonce importante qui se fera et à laquelle la présence de toute personne sur le navire est tenue de se présenter. Vous auriez eu l'air fine si, un quart d'heure plus tard, une bande de druchis ou autres saloperies débarquait par surprise dans l'infirmerie. En l’occurrence, on retournera dans la tempête dans quelques neufs jours si elle ne cesse pas de sitôt.
Soupirant, il jeta un coup d’œil à sa paperasse sur la table pour jouer avec ce qui semblait un étrange objet qui traçait des cercles le long d'une règle, avant de remonter la tête.
Vous êtes encore là ? Allez. Zou. Partez d'ici j'ai à faire.
Le soir venu, Lucy vint à la cabine du quartier maître, passant par les couloirs, puis le pont, la chambre de navigation et, de là, passa par le couloir menant à la chambre du capitaine, bordé de porte s'ouvrant vers les cabines des officiers. Celle du quartier-maître était la seconde à gauche, lui avait-il dit.
Lorsqu'elle toqua au panneau de bois, l'homme lui ouvrit rapidement.
Vêtu d'une chemise de nuit, celui-ci s'écarta pour laisser entrer la courtisane et refermer la porte derrière.
L'intérieur des lieux était assez sommaire. Il y avait un lit, une petite table, un coffre, rangé sous ledit lit, un porte manteau accroché à un mur où pendait une grande veste en toile cirée... En fait, les lieux étaient encore plus petits que la cabine que Lucy devait partager avec la mage. Quant au principal intéressé, il n'était pas bien aisé à observer puisque déjà ceignait-il la vampire de ses bras poilus tout en promenant son visage dans les épaules de la fille de Nagash.
La nuit était encore jeune et pourtant il commençait déjà à la déshabiller, à tâtons dans le noir relatif du lieu, uniquement éclairé par l'une des lunes dont l'éclat verdâtre se reflétait sur l'eau de mer, lumière maudite mais qui se répercutait par un jeu de miroir jusque dans la cabine à travers la mince lucarne du lieu.
Elle pouvait sentir sur elle son souffle chaud, son désir de plus en plus ardent de laisser s'exprimer sa passion refrénée, d'exprimer le stress des derniers jours passés dans la tempête en faisant autre chose que braver les éléments pour gueuler sur quelques mousses en difficulté sous les lames du vent. Il était perdu en pleine passion et sa cible était la vampire qu'il déshabillait de plus en plus rapidement tandis que ses mains commençaient à se balader sur le corps à demi dénudé de celle-ci. En revanche, vu son degré d'excitation, il ne risquait hélas pas d'être aussi doux que les amants passés de Lucy par contre...