Martin [MJ Assistant]
Lucy avait un plan. Un plan solide. Qui avait de bonnes chances de fonctionner. Plutôt que de s'emparer par elle même d'un navire bourré de types à la gâchette facile, elle allait massacrer un quelque chose comme la moitié d'un village, passer par les armes les femmes, les hommes et les vieillards, le bétail également, pour faire bonne mesure, ça lui permettrait de se soulager les nerfs, et capturer les gamin pour s'en servir comme otages. C'était plus constructif que simplement charger et tuer dans le tas.
Maintenant il restait à mettre en application ce petit projet de vie. N'étant pas très douée dans la gestion des ressources humaines, la non morte excellait néanmoins dans celles qui étaient décédées. C'est pour cela qu'elle attendit la nuit, dissimulée dans les hautes herbes de la steppe, avec ses loups, alors que son aigle, par moment, volait au-dessus du village afin d'observer sa population, les habitations, les constructions et les champs.
Ça semblait être une communauté de pécores bouseux arriérés comme il devait y en avoir plein dans le Middenland - ou ce qu'elle s'imaginait le coin être - vêtus de peaux de bêtes et de pagnes, au lieu de chemise, manteaux et chapeaux comme en portaient les gens civilisés et urbains de Marienburg.
Ils travaillaient la terre constamment, malgré le vent et la bruine, avec des outils primitifs, tirant eux même des charrues rudimentaires - des araires - soulevant de la boue dans laquelle ils jetaient des graines. Aux alentours du village poussaient effectivement des blés et d'autres plantes.... Mais qu'est ce que Lucy en avait à foutre que des détails sur la vie pastorale ou agricole menée par les gens qu'elle allait trucider ? Absolument rien, bingo.
Aussi, la nuit venue, elle décida d'entrer dans une chaumière choisie au hasard. Le plan était d'aller égorger les adultes dans leur sommeil et capturer les gamins.
Sauf que la non morte fut heurtée par un petit soucis. La demeure qu'elle comptait repeindre de sang était fermée. Par de fenêtres de verre à briser - on était pas à Marienburg, c'était dur et couteux à fabriquer que ce matériau de luxe par ici - ni de loquets ou serrures à crocheter ; que du stupide bois de merde solidement fixé. Pas possible de briser des volets en bois avec ses dagues. Quand aux portes, il allait falloir y aller à la hache ou au pied de biche. C'était du solide chêne qui faisait les portes. Foutus sauvages.
Mais la non morte décida de ne pas se décourager et, dans son génie macabre, eut la brillante idée de ne pas entrer chez ces gens par la porte ou la fenêtre mais la cheminée.
S'assurant que nul feu ne traînait dans l'âtre pour lui cuir le poil des fesses, la vampire, à la manière du nain de Nowel des légendes racontées aux enfants pas sages, contorsionniste experte, se glissa dans l'étroit conduit de pierre de granite pour se laisser tomber dans un tas de cendres et de braises presque éteintes, datant certainement du repas.
Le lieu dans lequel elle avait atterrie était pauvre. C'était la première chose à sauter aux yeux lorsque l'on voyait la pauvreté du mobilier. Des teintures et peintures sur bois, une étagère où se trouvait une bassine en métal, quelques bols et cuillers... Et un lit de bois à quatre pieds, sur lequel dormaient, sous des peaux de bêtes, une famille : un homme, une femme, et quatre enfants d'âges divers dont un adolescent.
Clairement, on était pas à Tylos. Loin de là. C'était spartiate même.
Son aigle et ses loups dehors, Lucy prit la décision d'égorger les poids morts en premier. Aussi, ses deux dagues en main, fixa-t-elle la gorge battante du jeunot, qui, sous la lumière faible, tamisée, semblait appétissante.... et de lui planter violemment une dague dans la gorge et une autre au ventre pour faire bonne mesure !
Normalement, la suite aurait été simple. Encore assoupis, les autres dormeurs n'auraient pas eu le temps de sentir couler contre eux le liquide chaux et poisseux qui s'échappait des plaies du gamin, que leurs gorges à eux mêmes auraient été proprement coupée, taillant sur leurs corps un second sourire.
Sauf que tout tourna au désastre immédiatement.
Lucy avait effectivement bien tailladée la gorge de l'adolescent, et planté sa dague dans la poitrine de celui ci... Mais elle avait manquée la carotide, ou bien n'avait pas ouverte celle ci assez profondément - une erreur de débutant, elle se ferait la main avec le temps - et également manquée le cœur de quelques pouces seulement.
Alors certes, avec pareilles blessures et le niveau actuel et ambiant de la médecine, l'adoleschiant était complètement foutu... Mais pas envoyé faire la bise à Morr avant de faire profiter à tous de sa magnifique voix. Et d'entonner, en se tenant la gorge, quelques versets en langue gutturale, assez forts, bien que hachés par moment par du sang craché, pour réveiller un mort. Ou tout un village.
Et tout un village, effectivement, se réveilla.
Tous les dormeurs ouvrirent les yeux en alerte, tandis que par l'intermédiaire de son aigle géant qui survolait la communauté, Lucy pouvait percevoir des volets et portes qui s'ouvraient, des lumières qui s'allumaient, illuminant alors le paysage nocturne comme de multiples lucioles.
Lucy venait de donner un coup de pied dans la ruche, et les ouvrières en sortaient, armes à la main, pour lui régler son compte...
Mais avant ça, toute cette charmante foule allait à avoir à passer sur le corps de ses deux louveteaux chéris, et de son aigle géant aux serres et bec si aiguisés
Et tandis qu'en extérieurs les indigènes étaient déchirés par les armes de son piaf, que ses carnivores venaient de lourdement percuter la porte de chêne de la chaumière dans laquelle elle était désormais coincée, pour bêtement rebondir contre le matériau, elle, venait de violemment mettre à mort l'homme.
Celui ci, encore dans son lit, à moitié réveillé, complètement dans le noir, n'avait rien vu venir ni pu faire. Aussi fut il brusquement mis à mort, de violentes stries venant lui arracher de la peau au torse, et des organes bien à lui voyaient pour la première fois de leur existence l'air libre.
Il était blessé au bas ventre. C'était foutu pour lui. Hurlant de douleur alors que son estomac était abimé par une lame, une seconde vint lui crever la gorge, mettant fin à ses jours et hurlement de douleurs.
Loin d'être diminuée par l'absence de lumière, la créature toute animée de dhar était désormais à l’abri de tout danger immédiat, n'étant plus piégée avec les autochtones, mais ceux ci étant piégés avec elle. Confidente dans ses capacités à massacrer allègrement la femelle devant ses petits, la non morte ne vit rien venir du tout.
Issue d'une culture où la place des femmes était à la cuisine, et certainement pas dans le métier des armes, la vampire, malgré sa condition supérieure, et sans doute un peu à cause de la perte de ses pieds manquants qui rendaient tout appui extrêmement compliqué, fut plaquée au sol violemment, sur le ventre, tandis que la femelle lui avait saisie les bras et, de tout son poids, lui pesait sur le dos, tout en utilisant ses propres jambes pour se maintenir dans cette position et ne pas être malmenée par les coups désordonnés que Lucy donnait dans le vide.
Profitant de cette distraction, les gamins, eux, s'étaient réfugiés sous le lit... Sauf un, qui avait sorti de dessous celui ci une grosse hache à deux mains. C'était pas avec ses minables muscles qu'il allait pouvoir soulever celle ci et la fracasser contre le crâne de la non morte par vrai ?
Nop. Il se manqua effectivement, et vint au contraire frapper le plat de celle ci contre le crane de la pouilleuse qui lui bloquait les ailes par sa masse.
Mais grâce soit donnée à Ranald, Lucy, malgré sa faiblesse, malgré la position dominante de la fille de race inférieure qui la bloquait, parvint à se dégager et, de ses dagues, à trancher... L'air. L'indigène, malgré le coup de hache sur le crâne, avait encore toute sa tête pour ce qui était de combattre. Et elle était bien décidée à ne pas se faire ouvrir l'aine comme son mari, bien au contraire.
Se tournant l'une autour de l'autre, la fille de la nuit pu apercevoir, du coin de l’œil, que le petit qui avait amené la hache, celle ci traînant au sol, désormais abandonnée, pile entre les deux combattantes, était en train de s'affairer, tirant une grosse barre de bois qui bloquait la lourde porte que ses loups avaient échoués à défoncer.
Et, une fois le bois poussé, la non morte de voir de l'autre côté, une foule de faces hostiles, barbues, barbares, armées, qui taillaient en pièce ses pauvres créatures innocentes !!!
En effet, son ost, sa fierté, avait mordue la poussière, percée de traits, les os brisés, la chair éclatée au sol, tandis que des hordes de primitifs fixaient désormais la marienburgeoise de leurs yeux d'animaux sauvages, enivrés par le sang.
Un, puis deux, puis trois, et davantage encore s’engouffrèrent, armes à la main, dans la chaumière et se mirent à écraser la non morte de leurs poids. Ces tas de viandes, ces lourdauds, semblaient décidés à écraser de leur masse la fine et délicate silhouette de la non morte, et de transformer la jolie fleur qu'elle était en immonde crêpe vulgaire.
Saisie de tous les côtés, frappée au ventre, à la tête... Tout ça ne faisait rien à Lucy, ayant depuis longtemps dépassée sa simple condition d'humaine, mais par contre ça abîmait son crâne, l'os prenait cher...
Puis le tabassage en règle cessa, on lui enfila un sac en macramé sur la tête, on lui ficela les jambes, les poignets et les bras, très solidement, au point de lui écraser les ailes qui, Vanesh merci, ne semblaient pas avoir été découvertes par les indigènes. Bien moins sympa néanmoins, on lui avait également foutue dans la bouche un torchon, l'empêchant d'émettre tout son. Eusse un humain vivant eu ça dans le palais qu'il eut été prit de grandes difficultés à respirer. Visiblement on voulait qu'elle souffre.
Ranald seul savait ce que ceux là feraient s'ils venaient à découvrir celles ci. Les couper ? Les briser ? Les manger ? Le tout à la fois ? On était jamais sûr avec les primitifs. Encore plus s'ils venaient de coins arriérés comme la Bretonnie. Le mois avant de prendre la mer, il y avait eu un article dans la gazette de Marienburg sur un bretonnien arrêté par les coiffes noires alors qu'il s'apprêtait à manger des gamins. On n'était jamais trop prudents avec cette engeance sous-humaine...
Bien ficelée, Lucy n'allait néanmoins pas être rôtie et consommée, mais jetée.... Du haut d'une falaise ? Sur les cailloux ? La non morte ressentie clairement la chute, le vide dans lequel elle s'engouffrait.... Et la saccade violente qui lui fit se mordre la langue... Ou se serait mordue la langue sans le chiffon. Une petite frayeur... Et un grand inconfort : celui que d'être suspendue dans le vide, la tête vers le bas, les pieds vers le haut.
Elle avait été pendue ? Sous une arche ? Mais elle n'avait pas vue d'arche dans le village. Pas plus que de pilier ou fosse.... Ah. Si. Il y avait un puits. Et, à percevoir le bruit de gouttelettes s'écoulant issues de la bruine, la non morte pu percevoir qu'il y avait de l'eau pas loin de sa tête. Un ou deux mètres ?
Elle était donc suspendue la tête en bas, pas loin d'une réserve d'eau. Que quelqu'un vienne couper la corde et elle se noierait certainement. Si elle était humaine.
Ainsi suspendue, sans pouvoir s'exprimer et séduire par le son de sa douce voix quelque geôlier ou sentinelle, sans pouvoir se mouvoir, incanter, prier, chanter... Privée de toute liberté. Pour toujours et à jamais ?
Mais pas seule. Oh non. Ça ne serait pas drôle sinon. Lucy avait une colocataire sur laquelle elle pouvait compter pour l'aider lorsqu'elle se trouvait dans des situations difficiles, des passes où la vie lui mettait le nez dans la merde et la maintenait dans celle ci en lui brisant le cou.
Et aider, Yen, cette merveilleuse colocataire, était toujours partante pour. Pour le bon prix, en digne "marchande de tapis" qu'elle était. Oh ça allait rester ça. Et de se foutre de la gueule de la vampire pour s'être faite plaquer et aplatir comme une crêpe. Et de ne pas avoir suivie ses recommandations lorsqu'elle lui en faisaient. Et de pas avoir saignée le mage lorsqu'elle en avait eu l'occasion l'autre jour.... Bref. Yen était partante pour aider, mais jamais gratuitement, et en cas de refus c'était une longue diatribe qui venait remplir ses oreilles sur ô combien Lucy était chanceuse de l'avoir comme compagne de voyage, et ô combien elle même était mal tombée en ayant Lucy comme hôte, ô combien c'étaient d'occasions manquées de s'amuser à cause d'une méfiance qui n'était que mal placée à son égard... Pendant une heure, avant qu'elle ne se lasse.
Ainsi la vampire passa toute la nuit ainsi suspendue, la tête à l'envers, elle fut remontée le lendemain, en milieu de journée, après avoir à subir plusieurs jets de pierres depuis sa position inconfortable. Au vu des sons qu'elle parvenait à percevoir depuis son endroit, la vie avait repris son rythme naturel, les indigènes vacant à leurs occupations, et quelques uns d'entre eux ricanaient à ses dépends - ou autre chose - tandis qu'on tirait sur la corde par à-coup, son visage frappant par moment la pierre qui composait les bords du puits. Enfin, lorsque tirée de la sombre et humide prison où elle avait été jetée, elle perçue, à travers quelques petits trous dans le sac de macramé qui était sur sa tête, qu'on avait réunit du monde. Il devait bien y avoir une dizaine de personnes dans le coin, autour d'elle.
Sans doute considérée comme un corps dénué de vie, puisqu'ayant passée plusieurs heures la tête à l'envers, il eut été normal pour tout être vivant de décéder, le sang ayant monté à la tête jusqu'à causer la mort dans d'atroces douleurs, Lucy fut trainée par terre, quelqu'un tirant sur une corde, et aucun égard ne lui fut accordée.
D'autres jets de pierres, sans doute lancés par des enfants ceux ci, vu la faiblesse des coups reçus, coups de pieds occasionnels, crachats... La totale. On désacralisait au possible son corps. A un moment elle reçut même une baquet d'eau sur le corps... De l'eau jaune, bien odorante. De l'urine en fait. On lui avait balancée de l'urine. On était loin des rituels respectueux effectués par les dévots de Morr. Peut être eut il mieux valu pour elle de se pointer dans une contrée où les jardiniers du dormeur officiaient. C'étaient des cons de moralisateurs mais au moins son corps n'aurait pas été aussi mal traité... Peut être.
Quoiqu'il en soit, la non morte, après avoir été trainée une dizaine de minutes sans aucun égard à son corps, le tout sous le traitement décrit plus haut, dans un orchestre de cris et d'insultes, fut finalement laissée à terre.
Ou plutôt à bois, puisque la texture de ce qui était sous ses fesses ressemblait à du bois plus qu'autre chose.
"Bon. C'est pas tout ça qu'est ça mais ce serait le bon moment pour me passer le contrôle là... Vite, si tu veux pas crever dans d'atroces souffrances. Y'a ces abrutis qui pensent que tu es morte, que tu as été possédée par un esprit vengeur et qu'il faut te brûler pour te faire rejoindre les dieux où des conneries du genre. Et là ils ont juste à foutre le feu au bois sur lequel tu es."